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Ahmed Bennis, directeur de développement de l'AMDI Un commercial d'élite pour promouvoir les investissements français au Maroc Lauréat de HEC Bruxelles, il a vendu PC et logiciels en Europe et en Asie. En 2009, il crée une entreprise de produits cosmétiques qu'il finit par revendre, faute de pouvoir financer une croissance trop rapide. Basé à Paris, il incite depuis deux ans les opérateurs français à venir investir au Maro c. P our les hauts cadres maro - cains, la ligne de démarcation entre une carrière dans le pu- blic ou dans le privé semble de plus en plus ténue. Durant ces der- nières années, beaucoup d'hommes et de femmes sont passés d' un bord à l'autre (voir galerie des portraits sur www.lavieeco.com), souvent pour des motivations personnelles, mai s aussi parce que la fonction publique a lar- gement commencé à adopter les dé- marches de l'entreprise privée. La car- rière d'Ahmed Bennis, actuell ement directeur de développement de l'Agen- ce marocaine de développ ement des investissements (AMDI), confirme la tendance de nombre de cadres à se laisser séduire par la fonction publique, ne serait-ce que pour une partie de leur trajectoire. Bien entendu, il gagne beaucoup moins que ce qu'il aurait pu percevoir dans le privé, mais, à l'en croire, il n'a pas hésité à accepter la proposition de Fathallah Sijilmassi, DG de l'agence. Toujours tenté par les challenges Ahmed Bennis est né Cas ablan ca en 1978 et sa fam ill e a s'acco m- moder d'une forme de transh uman- ce, au gré des postes de son père, haut cadre commercial pour différentes en- treprises, basées au Maroc, en Bel- gique, en France et en Espagne. Néan- moins, il n'a pas perdu au change et a acquis rapidement un grand sens de l'autonomie. Après un bac <1sciences math•> au ly- cée Moulay Abdallah en 1995, il s'ins- crit à HEC Bruxelles. Il effectue son stage de fin d tudes chez NEC com- puters international qui lui propose di- rectement une embauche . Nous sommes en 200 1. Ahmed Benni s ne laisse pas passer sa chance. Il se voit of- frir rapidement un poste de <l develop- ment managen> pour l'Europe de l'Est et le Moyen-Orient. C'est que le construct eur japonais venait de lan- cer une .nouvelle gamme de PC et vou- lait percer dans des marchés, nouveaux pour lui. Il a la charge de recruter des distributeurs, de faire un diagnostic des contraintes locales et de s'assurer un positionnement, notamment en Ara- bie Saoudite. La chance semble lui sou- rire car au cours de la seule année 2002, il arrive à assurer une présence de Nec sur 13 pays et réalise un chiffre d'affaires de 1,5 million de dollars (12 mil- lions de DH actuel- lement), en dépit de la concurrence fé- roce de HP , Com- paq, à l'époque, et Dell ... Ses patrons sont satisfaits de lui, mai s voilà que FlexFi- nance, filiale d'Oracle, spé- cialisée dans les logiciels, lui propo e en 2003 de prendre en charge les grands comptes pour ses produits de la haut e fi- nance. Il ac- cepte l'offre. Mais il doit s' adapter à de nou- ve aux défi s car le pro- duit qu ' il a à gérer so nt de s soluti ons extrêmement coûteuses (entre 2 et 5 millions de dollar s entre licence et solutio ns adaptées) . Le cycle de ve nte n'a rien à voir avec de simples PC (entre 12 et 18 mois par solution). Il fonce et s'at- taque à un marché large qui le mène- ra jusqu'en Asie. C 'es t d'ailleurs à Hong Kong qu'il réalise son premier gros contrat avec la banque I CBC pour un montant de 2,5 millions de dollars. Son employeur re- voit sa politique et va scinder ses sol utions en modules pour pouvoir maintenir le cap. En de d'affaires de 8 millions de dollars. Toujours tent é par les challenges, il répond à l'appel de Reut ers financial en 2006. Le domaine d'activité toujour s le monde des logiciels (consulting financier) et des solutions globales, mais pour le monde des fi- nanc es cette fois-ci. Après une for- mation à Londres, il se voit confier un poste de directeur régional basé à Du- baï et Djeddah. Là, son employeur est bien positionné avec 80% de parts de marché, mais les temp s so nt dur s en raison de la crise. Il doit alors faire avec des annulations et des reports. Ahmed Bennis réussit néanmoins à placer des li cenc es pour un montant global de 8 millions de dollars. En 2009, il rentre en Belgique, son pays d 'attache, pour créer sa propre entreprise avec son épouse, mais pas dans le domaine in- formatiq ue il a jusque-là exercé. Son ouverture à plusieurs cultures est un atout Il investit quelque 250 000 euros (2, 7 MDH) dans un e entreprise spé- cialisée dans la cosmétique biologique et le développement durable. Les af- faires démarrent sur les chapeaux de roues et l'effectif atteint 20 personnes dès le premier exercice. La croissan- ce est tellement rapide qu' il n'a pas les moyens de dévelo pper l'e ntreprise . Alors quand le laboratoire qui fabri- quait ses produi ts lui propose , en 2010, de racheter l'affaire, il est contraint et forcé d'accepter et même de sortir compl è tem ent du capital comme l'exigeait le repreneur . C'est au moment prend fin cet- te expérience que vient la prop osi- tion de Fathallah Sijilmassi. Il prend à coeur sa mission et déploie son ta- lent de commercial d'élite, tout en s'appuyant sur son ouverture à plu- sieurs cultures, pour convaincre les investisseurs, français notamment, à s'in taller au Maroc. ll était jus- tement au Maroc il a accom- pagné des hommes d'affaires venus explorer les opportunités qui s'of- frent dans les zones offshores comme Technopolis et Casanearshore, entre autres, aussitôt a près avoir parti cipé à la mission organisée, le 29 septembre, à Lyon. Il y a encore un énorme po- tentiel d'investissement de la part d es PME de provinces qui ne demandent qu'à être exploité. Encore un gros chal- lenge pour Ahmed Bennis • MOHAMED EL MAAROUFI 34 La Vie éco -Vendredi 14 octobre 2011 L"info contrrwc sw lavieeco.com

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Page 1: Ahmed Bennis, directeur de développement de l'AMDI Un

~COI OIDÏ~ Ahmed Bennis, directeur de développement de l'AMDI

Un commercial d'élite pour promouvoir les investissements français au Maroc

• Lauréat de HEC Bruxelles, il a vendu PC et logiciels en Europe et en Asie.

• En 2009, il crée une entreprise de produits cosmétiques qu'il finit par revendre, faute de pouvoir financer une croissance trop rapide.

• Basé à Paris, il incite depuis deux ans les opérateurs français à venir investir au Maroc.

Pour les hauts cadres maro­cains, la ligne de démarcation entre une carrière dans le pu­blic ou dans le privé semble

de plus en plus ténue. Durant ces der­nières années, beaucoup d'hommes et de femmes sont passés d 'un bord à l'autre (voir galerie des portraits sur www.lavieeco.com), souvent pour des motivations personnelles, mais aussi parce que la fonction publique a lar­gement commencé à adopter les dé­marches de l'entreprise privée. La car­rière d'Ahmed Bennis, actuellement directeur de développement de l'Agen­ce marocaine de développement des investissements (AMDI), confirme la tendance de nombre de cadres à se laisser séduire par la fonction publique, ne serait-ce que pour une partie de leur trajectoire. Bien entendu, il gagne beaucoup moins que ce qu'il aurait pu percevoir dans le privé, mais, à l'en croire, il n 'a pas hésité à accepter la proposition de Fathallah Sijilmassi, DG de l'agence.

Toujours tenté par les challenges

Ahm ed Bennis est né Casablanca en 1978 et sa famille a dû s'accom­moder d'une forme de transhuman­ce, au gré des postes de son père, haut cadre commercial pour différentes en­treprises, basées au M aroc, en Bel­gique, en France et en Espagne. Néan­moins, il n 'a pas perdu au change et a acquis rapidement un grand sens de l'autonomie.

Après un bac <1sciences math•> au ly­cée Moulay Abdallah en 1995, il s'ins­crit à HEC Bruxelles. Il effectue son stage de fin d'études chez NEC com­puters international qui lui propose di­rectement une embauche. Nous sommes en 200 1. Ahmed Bennis ne laisse pas passer sa chance. Il se voit of­frir rapidement un poste de <ldevelop­ment managen> pour l'Europe de l'Est et le Moyen-Orient. C'est que le constructeur japonais venait de lan­cer une .nouvelle gamme de PC et vou­lait percer dans des marchés, nouveaux pour lui. Il a la charge de recruter des distributeurs, de faire un diagnostic des contraintes locales et de s'assurer un positionnement, notamment en Ara­bie Saoudite. La chance semble lui sou­rire car au cours de la seule année 2002, il arrive à assurer une présence de Nec sur 13 pays et réalise un chiffre d 'affaires de 1,5 million de dollars (12 mil­lions de DH actuel­lement), en dépit de la concurrence fé­roce de HP, Com­paq, à l'époque, et D ell ...

Ses patrons sont satisfaits de lui, mais voilà que FlexFi­nance, filiale d'Oracle, spé­cialisée dans les logiciels, lui propo e en 2003 de prendre en charge les grands comptes pour ses produits de la haute fi­nance. Il ac­cepte l'offre. Mais il doit s'adapter à de nou­veaux défis car le pro­duit qu'il a à gérer sont des solutions extrêmement coûteuses (entre 2 et 5 millions de dollars entre licence et solutions adaptées) . Le cycle de vente n ' a rien à

voir avec de simples PC (entre 12 et 18 mois par solution). Il fonce et s'at­taque à un marché large qui le mène­ra jusqu'en Asie . C 'est d ' ailleurs à Hong Kong qu'il réalise son premier gros contrat avec la banque ICBC pour un montant de 2,5 millions de dollars.

Son employeur re­voit sa politique

et va scinder ses solutions en modules pour pouvoir maintenir le cap. En

de

d 'affaires de 8 millions de dollars. Toujours tenté par les challenges, il

répond à l'appel de Reuters financial en 2006. Le domaine d 'activité r~ste toujours le monde des logiciels (consulting financier) et des solutions globales, mais pour le monde des fi­nances cette fois-ci. Après une for­mation à Londres, il se voit confier un poste de directeur régional basé à Du­baï et Djeddah. Là, son employeur est bien positionné avec 80% de parts de marché, mais les temps sont durs en raison de la crise. Il doit alors faire avec des annulations et des reports. Ahmed Bennis réussit néanmoins à placer des licences pour un montant global de 8 millions de dollars. En 2009, il rentre en Belgique, son pays d'attache, pour créer sa propre entreprise avec son épouse, mais pas dans le domaine in­formatique où il a jusque-là exercé.

Son ouverture à plusieurs cultures est un atout

Il investit quelque 250 000 euros (2, 7 MDH) dans une entreprise spé­cialisée dans la cosmétique biologique et le développement durable. Les af­faires démarrent sur les chapeaux de roues et l'effectif atteint 20 personnes dès le premier exercice. La croissan­ce est tellement rapide qu'il n 'a pas les moyens de développer l'entreprise . Alors quand le laboratoire qui fabri­quait ses produits lui propose, en 2010, de racheter l'affaire, il est contraint et forcé d 'accepter et même de sortir complètement du capital comme l'exigeait le repreneur.

C'est au moment où prend fin cet­te expérience que vient la proposi­tion de Fathallah Sijilmassi. Il prend à cœur sa mission et déploie son ta-lent de commercial d'élite, tout en s'appuyant sur son ouverture à plu­sieurs cultures, pour convaincre les

investisseurs, français notamment, à s'in taller au Maroc. ll était jus­tement au Maroc où il a accom­

pagné des hommes d 'affaires venus explorer les opportunités qui s'of-

frent dans les zones offshores comme Technopolis et Casanearshore, entre autres, aussitôt après avoir participé à la mission organisée, le 29 septembre, à Lyon. Il y a encore un énorme po­tentiel d 'investissement de la part des PME de provinces qui ne demandent qu'à être exploité. Encore un gros chal­lenge pour Ahmed Bennis •

MOHAMED EL MAAROUFI

34 La Vie éco -Vendredi 14 octobre 2011 L"info contrrwc sw lavieeco.com

Madad
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