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ÉDITION GABON HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 51 e année • N° 2627 • du 15 au 21 mai 2011 jeuneafrique.com France 3,50 • Algérie 170 DA • Allemagne 4,50 • Autriche 4,50 • Belgique 3,50 • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 Espagne 4 • Éthiopie 65 Birr • Finlande 4,50 • Grèce 4,50 • Italie 4 • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 Portugal cont. 4 • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285 Croissance, agriculture, mines, forêt, énergie, protection de l’environnement… Le pays d’Ali Bongo Ondimba peut-il relever le défi de l’économie verte ? Spécial 30 pages À la poursuite du Gabon vert CÔTE D’IVOIRE ANNÉE ZÉRO SAHEL AQMI SANS BEN LADEN AFRIQUE APRÈS LA CHINE, L’INDE FOOTBALL HAYATOU-ANOUMA: SCANDALE À LA CAF ?

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Page 1: JA 2627 DU 15 AU 21 MAI 2011 uniquement le Gabon

ÉDITION GABON

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 51e année • N° 2627 • du 15 au 21 mai 2011 jeuneafrique.com

France 3,50 € • Algérie 170 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 €Espagne 4 € • Éthiopie 65 Birr • Finlande 4,50 € • Grèce 4,50 € • Italie 4 € • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 €Portugal cont. 4€ • RDCongo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285

Croissance, agriculture, mines, forêt, énergie, protection del’environnement… Le pays d’Ali Bongo Ondimba peut-il relever

le défi de l’économie verte? Spécial 30 pages

À la poursuitedu Gabon vert

CÔTE D’IVOIRE ANNÉE ZÉRO

SAHELAQMI SANSBEN LADEN

AFRIQUEAPRÈS LA CHINE,L’INDE

FOOTBALLHAYATOU-ANOUMA:SCANDALE À LA CAF?

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À la poursuitedu Gabon vert

MICHAEL

NICHOLS

/NATIONALGEO

GRAPHIC

STOCK

PANORAMA Le pari de l’écologieBOIS La filière sort de l’ornièreINVESTISSEMENT Liaisons dangereuses?INTERVIEWS, TRIBUNE Étienne Massard,Alexandre Barro Chambrier, Marc Ona Essangui

LE PLUSde Jeune Afrique

JEUNE AFRIQUE No 2627 • DU 15 AU 21 MAI 2011

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PANORAMALe pari de l’écologie p. 66

INTERVIEWÉtienne Massard p. 69

BOISLa filière sort de l’ornière

p. 76

TRIBUNEAux arbres citoyens!Marc Ona Essangui p. 77

INVESTISSEMENTLiaisons dangereuses?

p. 80

SÉCURITÉ ALIMENTAIREUn nouveau modèleagricole en germe p. 82

CONFIDENCES DEAlexandre BarroChambrier p. 87

INDUSTRIESEXTRACTIVESLa pollution minièremise en accusation p. 88

ÉNERGIEL’émergenceau fil de l’eau p. 95

MINORITÉSPygmées blues p. 99

PORTRAITLee White, chercheurblanc, cœur vert p. 102

ÉCOTOURISMELa Mecque de la natureen quête de pèlerins

p. 106

CAPE TOWN, Afrique du Sud,début mai. LeWorld EconomicForum organise une grandeconférence sur l’avenir de l’Afri-

que réunissant chefs d’État, experts, opé-rateurs économiques et responsablespolitiques. Gouvernance et démocratie,compétitivité, relations avec les paysriches : la liste des thèmes abordés estlongue. Ali Bongo Ondimba, lui, a faitle choix de participer à un débat sur…la croissance verte, aux côtés du prési-dent mozambicain Armando Guebuza,d’un homme d’affaires indien et d’unAméricainà la tête d’unegrosse entreprised’agroalimentaire. Au cœur du débat :comment passer de la parole aux acteset mettre en pratique les aspirations audéveloppement durable et à la protectionde l’environnement dans des régions oùles priorités peuvent sembler se trouverailleurs. Vaste défi…

L’économie verte, aujourd’hui surtoutes les lèvres, ressemble parfois àunelubie dedirigeants soucieuxde renouveler leur offreélectorale et d’apparaîtrecomme des hommes poli-tiquesmodernes, en phaseavec leur temps. C’est pour-tant, à n’en pas douter, après les révolu-tions agricole et industrielle, la prochainemutation économique d’envergure.À vraidire, cette révolution est déjà enmarche,dans tous les secteurs. Énergie, agricul-ture, construction, exploitation forestière,transport, distribution, automobile…Les voyants sont au vert, partout dans lemonde. L’Afrique, elle, reste pour l’instantà la traîne. Le continent, dont on peutpenser qu’il amille autres chats à fouetter,doit-il donner la priorité à cette nouvellemarotte internationale ? Oui, pour de

multiples raisons. La première est qu’il estdésormais impossible, pour ne pas diresuicidaire, en Afrique comme ailleurs, dedéconnecter développement et environ-nement, donc ressources. L’exploitationrationnelle de ces dernières constitueun enjeu capital. Ensuite, parce que laprotection de l’environnement, et doncde la planète, est un devoir et un combatglobal, qui doit être partagé, pour ne pasêtre vain, par toutes les nations qui lacomposent. Enfin, parce que le continentsubit d’ores et déjà les conséquences duréchauffement climatique (désertifica-tion, érosion des côtes, etc.) et demeureextrêmement fragile face aux catastrophesauxquelles il peut être exposé.Mieux vautprévenir que guérir…

Au-delà du phénomène de modequ’elle représente et des discours hypo-crites tenus au Nord pour se donnerbonne conscience tout en demandantau Sudde faire des sacrifices auxquels lui-même ne consent pas, l’économie verte

est aussi une aubaine pour l’Afrique. Sonpotentiel en la matière est immense. Etlà, nous quittons les rivages incertains etlointains du futur, guère motivants pourdes populations en proie àmille difficul-tés quotidiennes. L’économie verte, c’estle présent, un moteur insoupçonné decroissance, la promesse d’importantescréations d’emplois. Des pays commele Gabon ou le Maroc, entre autres, l’ontcompris. Il est grand temps que cette« ruée » vers l’or vert concerne toutel’Afrique. ●

À la poursuitedu Gabon vert

LE PLUSde Jeune Afrique

Une responsabilitéet une opportunité

PréludeMarwane Ben Yahmed

Le Plus de Jeune Afrique

Le continent doit-il donner lapriorité au développement durable,cette marotte internationale? Oui.

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la Terre de Johannesburg, en août 2002, OmarBongoOndimbaannoncequ’il offre à l’humanité11 % de la superficie du pays en créant 13 parcsnationaux et demande un retour financier pource geste en faveur de l’équilibre de la planète.

Poursuivant ce virage écologiste, le Gabonratifie en 2005 le protocole de Kyoto, qui pré-voit le versement par les pays développés de

Entre les peuples du Gabon et laforêt, une histoire multimillénaired’amour et de crainte s’est tissée.L’atmosphère mystérieuse dela jungle, peuplée de bons et demauvais génies, a inspiré toutes

sortes de légendes, rapportées par le conteurAndré Raponda-Walker. Sa nature luxurianteet extraordinairement variée a abrité, nourriet soigné les hommes. Son ombre a protégé lesecret des sociétés initiatiques et des syncrétis-mes autochtones, entre le son des tam-tams etles incantations du Bwiti, lesmasquesOsso et leculte des ancêtres. Fascinantemais oppressante,la forêt est repoussée, incendiée et pillée. Aunom du développement, les colonisateurs puisle Gabon indépendant ont prélevé et commer-cialisé ses essences. Pourtant, aussi prédatricesqu’elles paraissent, l’exploitation forestière etl’agriculture sur brûlis n’ont fait qu’égratignerla superficie boisée qui s’étend sur 220000 km2,soit 82 % du territoire.

L’émergence des grandes questions environ-nementales a changé le regard porté sur cetécosystème. La préservation de la forêt – seulecapable, avec les océans, de capter le CO

2– est

devenueunenjeuplanétaire, et lespaysdubassinforestier et hydrographique du Congo ont étépropulsés aux avant-postes de la lutte.

Le Gabon veut relever le défi, sans oublierd’en percevoir les bénéfices. Lors du Sommet de

Le pari deLe pari de l’l’ écologie

GEORGES DOUGUELI, envoyé spécial

L’État compte bien gagner son statutde pays émergent grâce à sa fibre verte.

Dès le début de son mandat,Ali Bongo Ondimba a intégré

l’environnement à l’ensembledes politiques sectorielles.Beaucoup ont cru à un gadget.

Dix-huit mois plus tard, dans tousles secteurs, on se met au diapason.

GABON

ATT

ILA

KISBEN

EDEK

/AFP

PHOTO

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Le Plus deJeune Afrique

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’ écologiel’ écologie

compensations pour leurs émissionsde carbone.« Un marché de dupes, selon un cadre de l’ad-ministration, car les Occidentaux continuent depolluer chez eux et nous demandent de com-penser en préservant la forêt, sans rien payer. »En effet, la rente que les dirigeants espéraientcapter en laissant les arbres sur pied se fait atten-dre. Les conférences des Nations unies sur

SUPERFICIE

267 667 km2

dont

220 000 km2

de forêt tropicale(82 % du territoire),qui représentent 11 %de la superficie boiséedu bassin du Congo

29 400 km2

d’aires protégées au seindes 13 parcs nationaux(11 % du territoire)

10 000 km2

de plans d’eau, lacsou lagunes

885 km de littoral

Le pays en bref…

POPULATION

1,55 milliond’habitants, dont plus de80 % vivent en ville

CROISSANCEDÉMOGRAPHIQUE

2 %

INDICEDEDÉVELOPPEMENTHUMAIN (IDH)

0,648(93e rang sur 169 paysclassés, 5e en Afrique)

INDICEDEPERFORMANCEENVIRONNEMENTALE (IPE)

56,4(95e rang sur 163 paysclassés, 9e en Afrique)

� Le présidentà la tribune de laCONFÉRENCE DES

NATIONS UNIES SUR

LE CHANGEMENT

CLIMATIQUE, àCopenhague, endécembre 2009.

● ● ●

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le changement climatique, à Bali en 2007,Copenhague endécembre 2009, puis Cancún endécembre 2010, ont abouti à une promesse dedonsde 4milliards dedollars (3milliards d’eurosd’alors) à distribuer sous forme d’aide publiqueaudéveloppement oude crédit carbone auxpaysparvenant à freiner la déforestation.Mais, pourl’instant, aucun paiement n’a été effectué.

Pourtant, les autorités gabonaises gardent lecap, dans le sillage du chef de l’État, particulière-ment impliqué.AliBongoOndimba(ABO)présidelui-même le Conseil climat, créé en mai 2010,dont lamission est d’élaborer la politiquedupaysenmatière de changement climatique. Parmi lesdécisions envisagées, l’obligation pour chaqueprojet, public ou privé, demettre en perspectivele coût financier, le nombred’emplois créés,maisaussi l’empreinte carbone. Le code de l’envi-ronnement a en outre été toiletté par le cabinetfrançais spécialisé Huglo Lepage et Associés, àl’œuvre sur ce texte depuis 2008. Achevé il y aquelques semaines, le document attend d’êtrevalidé par le Conseil d’État.

CARCAN. A priori, rien n’obligeait ce pays envoie de développement à s’astreindre au respectdes règles environnementales. Le Gabon estle quatrième producteur de pétrole d’Afriquesubsaharienne. Les hydrocarbures, le bois et lemanganèse représentent 95%de ses exportationset contribuentpourmoitiéà sonPIB.Or,personnen’en doute, l’or vert ne peut pas remplacer l’ornoir. Gabon vert n’est-il pas un obstacle pourGabon industriel, autre pilier du projet prési-dentiel d’ABO, élu en 2009? « Je ne crois pas qu’ilexiste une contradiction fondamentale entre lanotion de croissance et celle de développementdurable », soutient Léandre Ebobola, directeurde l’Environnement et de la Protection de lanature auministère de l’Écologie. «Cette forêt est

indispensable pour ceux qui la possèdent avantde l’être pour le reste de l’humanité », argumenteÉtienne Massard, conseiller du chef de l’État etprésident du comité de gestion de l’ANPN (lireinterview ci-contre).

Un équilibre à trouver. Ainsi, l’interdiction,depuis le 15 mai 2010, d’exporter le bois engrumes a conduit beaucoupd’entreprises à licen-cier et a généré un manque à gagner estimé à137,1 milliards de F CFA (209millions d’euros).Mais à moyen terme, le développement d’untissu industriel de transformation va compenserces pertes, faire naître de nouveaux métiers etcréer des emplois. Reste à construire des routes

et des infrastructures, notamment dans les parcsnationaux, encoremal desservis. Et à continuerde prendre des mesures plus ponctuelles maistout aussi essentielles, comme l’interdiction,en juillet 2010, des sacs plastique au profit desemballages biodégradables.

CHAMPION RÉGIONAL. Le pays veut se poseren pionnier de l’économie verte, dans uneAfrique centrale traditionnellement orientéevers l’exploitation pétrolière et minière. Lorsde la première Conférence panafricaine surla biodiversité, qui s’est tenue début septem-bre 2010 àLibreville, ABOa été investi championrégional.Mi-septembre, il représentait ses pairsà New York, à la 65e Assemblée générale del’ONU consacrée au climat et à la biodiversité,avant de se rendre, en octobre, à Nagoya, auJapon, défendre les positions communes adop-tées par les chefs d’État du continent lors de la10eConférence des parties de la Convention surla diversité biologique. Le Gabon tente, depuis,de favoriser une convergence de vues entre paysforestiers pour parler d’une seule voix dans lesnégociations internationales. Il va encore plaidercette cause lors du Sommet des trois bassinsforestiers tropicaux, qui doit réunir, du 31 maiau 3 juin 2011, à Brazzaville, des chefs d’État etde gouvernementd’Afrique centrale, d’Amazonieet du Mékong. ●

Libreville

AKANDA MONTSDE CRISTAL

PONGARA

Wonga-Wongué

Ogooué

Rabi-Ndogo

LOPÉ

MAYUMBA

WAKA

LOANGO MOUKALABA-DOUDOU

BIROUGOU

PLATEAUX BATÉKÉ

IVINDO

MWAGNA

MINKÉBÉ

Oyem

Makokou

Lastoursville

Mouila

Tchibanga

LambarénéPort-Gentil

GUINÉEÉQUATORIALE

CAMEROUN

CONGO

Koulamoutou Franceville(Masuku)

50 km

Parcs nationaux

Océan Atlantique

Zones protégées

Principaux indicateurséconomiques 2010

À New York et Nagoya, ABO,investi champion régional,a parlé au nom de ses pairs.

PIB

13,2milliards de dollars(7,5 milliardshors pétrole)

CROISSANCE

+ 5,4 %(+ 5,8 % hors pétrole)

PIB PAR SECTEURprimaire : 55,5 %secondaire : 8 %tertiaire : 28,5 %servicesnon marchands : 8 %

PRODUCTIONPÉTROLIÈRE

234 000 b/jqui représentent80 % des exportationsdu pays, 40 % du PIBet 60 % des recettes del’État (37e producteurmondial)

SOURCES

:INS,

MINISTÈ

REDEL’ÉC

ONOMIE

ETDES

FINANCES

,FMI,PNUD,IPEYA

LE

11 % du territoire sont « sanctuarisés »● ● ●

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JEUNE AFRIQUE: Qu’est-ce qui justifiel’engagement gabonais pour les ques-tions d’environnement et de climat?

ÉTIENNEMASSARD: Il se fonde sur unconstat.Notrepaysestdéjà touchépar leschangementsclimatiques: iln’yaqu’àvoirl’érosionquitouchelelittoral, lamontéeduniveaude lamerest réelle.C’estgrave, carlaquasi-totalitédesactivitéséconomiquesdenotrepayssont localiséessur le littoral,entre Libreville et Port-Gentil. Les cher-cheursduCentrenationaldesdonnéesetde l’information océanographiques ontmontré que le trait de côte dans la zonede Mandji, près de Port-Gentil, a reculéde plus de 200mètres en cinquante ans,avecunenetteaccélérationcesdernièresannées.Demonbureau [à laprésidence,NDLR], vous pouvez voir que la route dubord demer est déjà sous la pression del’avancéedeseaux.Répareroudéménagerva coûter très cher.

Le président ne veut donc pas se fairesurprendreet, faceàceconstat,demandeànotre paysdemettre enplaceune stra-tégie. C’est ce qui l’a poussé à créer le

Conseil climat, qu’il préside, et auquel ila fixé des objectifs, dont celui d’intégrerl’empreinte carbone dans tout projetréalisé sur notre territoire.

Peut-on se préoccuper de la pollutionquand on ne mange pas à sa faim?

Il y a un cercle vicieux entre la dégra-dation de l’environnement et la pau-vreté. Est-ce parce que l’environnements’est dégradé que les gens sont devenus

pauvres ou est-ce parce que les genssont pauvres que l’environnement s’estdégradé ? Faut-il commencer par lut-ter contre la pauvreté pour stopper ladégradation de l’environnement, ou lecontraire ? Personne d’autre que nous,les Africains, n’apportera de solution à

ce problème. Au regard de tout cela, lacrainte est aussi que ce développement,que nous voulons très rapide, ne nousconduise à utiliser nos ressources demanière irrationnelle.

Gabon vert ne visait donc pas que lesfonds de l’hypothétiquemarché du car-bone (lire p. 103)?

Aucune loi de finances de notre paysn’a été élaborée avec des prévisions de

recettes portant sur cemarché.Nous nesommes pas allés jusqu’à ce point.

Parce que les pays développés n’ontpas tenu leurs promesses?

Non, et, très sincèrement, ceproblèmemedésole. LesAfricains se sont fait avoir.Je crois que ces promesses non tenuesdécoulent d’une stratégiedespaysdéve-loppés à l’égard des nôtres. Ils voulaientsimplement nous pousser à freiner ladéforestation en nous faisant miroiterl’argent que l’on pourrait engranger enprotégeant nos forêts et n’ont jamaisvoulucompenser lemanqueàgagnerdûà l’arrêt de l’exploitation forestière.

Voulez-vous dire que, dès le départ, ils’agissait d’un marché de dupes?

La solution est-elle de dire : «Ne tou-chez pas à vos forêts et vous aurez del’argentenéchange»,oudedire:«Lapré-servation des forêts est nécessaire, alorscomment apporte-t-on des alternatives

Étienne Massard« Les Africainsse sont fait avoir »Le conseiller spécial du présidentréaffirme l’engagement des autoritésen faveur de la préservation de la nature,mais accuse les pays développés d’avoirfait de fausses promesses d’aide financière.

DES

IREY

MINKO

HPOURJ.A.

POUR L’ANCIEN ÐDIRECTEUR DE

L’ENVIRONNEMENT,l’idée de ne

pas toucher àla forêt estune utopie.

Notre continent paie le plus lourdtribut dans ces changements climatiques.

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aux activités qui menacent de les fairedisparaître? » Voilà la vraie question.

C’est la même problématique qui sepose s’agissant de l’immigration : quandquelqu’un n’a plus rien àmanger dansson pays, il le quitte et s’en va cher-cher fortune ailleurs. Aucun obstacled’aucune sorte n’a jamais pu arrêterl’immigration.

Alors, quel mur va-t-on construireautour des forêts pour empêcher queles gens viennent les exploiter, s’ils n’ontpas de quoi se nourrir en dehors de laforêt ?

Pour vous, le problème était donc malposé…

L’idée de ne pas toucher à la forêt estuneutopie.Comment a-t-onosé réduirelesmystères, la vie qu’il y a dans la forêt,à une vulgaire question de carbone ?Cette hérésie a fait perdre la tête à plusd’une personne.

Cesdysfonctionnementsontdoncpousséle Gabon à réajuster sa politique?

En effet. Dans le Plan climat national,il s’agirad’identifier les causesde ladéfo-restation, de déterminer son ampleuret d’apporter des solutions alternatives.La meilleure façon de préserver la forêtn’est pas d’ériger desmurs ni de donnerde l’argent, mais d’améliorer l’efficacitédes activités, notamment agricoles, pourqu’elles soientmoins dévoreuses de ter-res et, donc,moins destructrices pour laforêt. Si avant onavait besoinde10hadeterre pour produire 100 kg d’ignames, ilfaut pouvoir produire à l’avenir lamêmequantité sur 1 ha et en économiser 9.

La protection de l’environnement est-elle une nouveauté en Afrique?

Nos ancêtres savaient concilier leursactivitésavec lapréservationde lanature.C’était une question de survie. Quandils sanctuarisaient des cours d’eau etdes forêts, c’était tout simplement pourprotéger la vie qui s’y écoulait. Les forêtsdevenaient sacréesparcequ’endépeçant

legibierqu’ils yavaientchassé, ils consta-taientqu’il s’agissaitde femellesgestantes,tuées sur une zone de reproduction, etque legibierétaitmoinsabondant l’annéed’après. Donc on y mettait des fétichespour rendre ces zones inviolables. Idempour les cours d’eau. Je crois d’ailleursqu’un pays africain a eu recours à ceslois traditionnelles pour protéger unemangrove et pallier l’inefficacité des loismodernes.

Pourquoi, selon vous, la protection del’environnement est-elle souvent consi-dérée comme un luxe pour les payspauvres?

Nousavonsratifié leprotocoledeKyotoet sommes conscients que notre payspossède un patrimoine important, quinous oblige à avoir des devoirs à l’égardde la planète. Si aujourd’hui nos forêtspermettentdecontribuerà ladiminutiondes gaz à effet de serre, nous allons lespréserver.

Mais avant de penser aux générationsfutures, il faut penser aux générationsactuelles. Sansprésent, nousn’avonspasde futur. Comment peut-ondemander àdes gens qui vivent dans la pauvreté depenser aux générations futures?

Parailleurs, aujourd’hui, tout lemondecroitque ledéveloppementéconomique,souvent porteur d’activités polluantes,n’est pas compatible avec lapréservationde l’environnement. Ce n’est pas juste.L’un a besoin de l’autre. Les deux sontindispensables. Et cen’est queparcequeles générations actuelles auront satisfaità leursbesoinsde façon raisonnablequel’on vapouvoir envisager sereinement lavie des générations futures. Au bout ducompte, nous devons nécessairementintégrer ladimensionenvironnementaledans les projets de développement.

Cette vision est-elle partagée par lesautres pays africains?

Notre continent paie le tribut le pluslourddansceschangementsclimatiques.Non pas que les phénomènes extrêmesaient lieu en Afrique, mais parce quenotre continent n’a pas les moyens defaire face aux catastrophes liées à cesbouleversements.Nousdevonsdoncnousaccorder sur lamanièredenégocier avecnos partenaires, dont la responsabilitéhistorique est reconnue dans les émis-sions des gaz à effet de serre. ●

Propos recueillis à Libreville par

GEORGES DOUGUELI

Lameilleurefaçon de préserver laforêt est d’améliorerl’efficacité des activités.

J usqu’àprésent,desagencessimilairesn’existaientqu’enAlgérie, en Afrique du Sud

et au Kenya. La première stationde traitement d’images satellitesd’Afrique subsaharienne franco-phonevas’implanterdanslaZoneéconomique spéciale de Nkok(lirepp. 80-81), prèsdeLibreville.«Questiondecommodités»,selonÉtienne Massard, qui va en êtrele patron. Créée en février 2010avec la collaboration de l’Institutde recherche pour le développe-ment(IRD) françaisetde l’Institutde recherche spatiale brésilien(INPE), l’Agencegabonaised’étu-des et d’observation spatiales(Ageos) va couvrir un rayon de2800 km, soit une vingtaine depaysducontinent.L’idéededépartétait de suivre le couvert forestierdu bassin duCongo, «mais nousavons fini par décider d’aller au-delà, explique Étienne Massard.On est en train de développer unprojetdesurveillanceenvironne-mentaleassistéparsatellite.Nousscruterons non seulement lesforêts, mais aussi les cours d’eaude tout le golfe de Guinée poursurveiller l’érosion côtière ».

CARTOGRAPHIE.L’Ageosvaéga-lements’intéresseraudéveloppe-ment urbain, doter le Gabon (etles pays qui le souhaiteront) denouvelles cartes géodésiques etmettre en place un outil de trai-tement informatiquedesdonnéesgéographiques qui permettra demieuxmaîtriser l’utilisationduter-ritoire.D’autresapplicationsper-mettrontd’assurer la surveillancedesmaladiesendémiques,commele paludisme, car des études ontmontrédescorrélationsentredesépisodes de paludisme et la sur-venance d’inondations. ●

G.D.

Vu du cielLe pays crée une agenced’études et d’observationspatiales, sous la directiond’Étienne Massard.

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70 Le Plus de J.A.

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PUBLI-INFORM

ATION

PUBLI-INFO

RMAT

ION

MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE, DE L’ÉLEVAGE,DE LA PÊCHE ET DU DÉVELOPPEMENT RURAL

LEGABONVERTPILIER DUGABONÉMERGENT

A vecplusde20millionsd’hectaresdeterresarablesinexploitéeset un climat adapté aux cultures, le Gabon a les moyens dedévelopper et promouvoir une agriculture permettant à la

fois denourrir sapopulationet d’exporter.Unobjectif que s’est fixélePrésidentAli BongoOndimba commeconditionde l’accessionduGabonaustatutdepaysémergent,etqueleMinistèredel’Agriculture,de l’Élevage, de la Pêche et du Développement rural déploie.

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Les enjeux dusecteur agricole

PUBLI-INFO

RMAT

ION

A ctuellement le secteur agricoleemploie environ 95 % de lapopulation gabonaise, alors

qu’il ne contribue qu’à 5 % du PIB.Plus de 20 millions d’hectares deterres arables restent inexploités.Il existe donc un potentiel majeurpour développer ce secteur et fourniraux populations une source à la fois

Le Président Ali Bongo On-dimba a choisi de réinstaurerl’agriculture au rang des prio-

rités en attribuant 90,5 milliards deF CFA sur cinq ans au secteur. Il aélaboré un programme ambitieuxpour favoriser l’essor de l’agricul-ture : le Programme agricole desécurité alimentaire de croissan-ce (PASAC). Destiné à conduirele Gabon à l’émergence, le PASACnécessite de nouveaux objectifs, stra-tégies et outils. RaymondNdongSima,Ministre gabonais de l’Agriculture, del’Élevage, de la Pêche et du Dévelop-pement rural, s’est engagé dans l’ins-tauration de cet ambitieux plan, quis’inscrit dans unprogrammeglobal decroissance de 8 % sous la contraintede la sécurité alimentaire. Un défi à lahauteur de l’engagement du Ministrepuisque qu’en 2009 près de 80 %des produits alimentaires étaientimportés, représentant pour l’Étatune facture de 250milliards de F CFA.Une situation à laquelle il convient deremédier sachant le potentiel du paysen terres arables et en ressources hu-maines investies dans le secteur.

Au cœurdu dispositif,la sécuritéalimentaire

Des objectifs déterminés…Le PASAC comprend trois objectifsmajeurs :• Mettre en œuvre un programmenational de sécurité alimentaire(PNSA),• Soutenir la réhabilitation des expor-tations agricoles en difficulté (PREA),• Initieret conduireunprogrammeagri-cole de production intensive (PAPI).

…dotésd’axesdedéploiement…Ces objectifs seront atteints grâce à ladéfinition et à l’application concrètede six axes stratégiques :

• Information et communication surle PASAC,• Renforcement des capacités des ac-teurs et appui à la recherche agricole,•Largedisponibilitéetdiffusiondelama-tière végétale, animale et halieutique,• Promotion de pôles de productionintensive,•Soutienà l’organisationde la collecteet de la commercialisationdesproduits,• Appui à l’accès au financement desactivités agricoles.

d’autosuffisance alimentaire et derentabilité financière.L’objectif du gouvernement est deporter la contribution de l’agricultureà 20% du PIB, pour attendre un tauxde croissance de 8%, synonymed’ac-cession au statut de pays émergent,un défi que les rentes pétrolières nepeuvent assumer seules.

…pour des résultats attendusÀ tout programme d’envergure, desrésultats concrets doivent être déter-minés en amont afin de tracer la voieà suivre. Pour le PASAC, le MinistreRaymond Ndong Sima, sous l’égidela Présidence de la République, en adéterminé six à atteindre :• Renforcement des structures et descapacitésopérationnellesdes servicessur tout le territoire,• Augmentation des capacités derendement des matières végétales ethalieutiques,• Aménagement de 3 sites de produc-tion intensive,• Réhabilitation des cultures de renteet bassins piscicoles,• Intensification des cultures vivrières.

Loin d’être une lettre d’intention, cePASAC a bénéficié en 2010 d’un bud-get de 38,4 milliards de F CFA, dontles trois quarts étaient engagés pourl’investissement global.

MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE,DE L’ÉLEVAGE, DE LA PÊCHEET DU DÉVELOPPEMENT RURAL

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PUBLI-INFORM

ATION

Depuis le 12 février dernier,le Ministre de l’Agriculture,de l’Élevage, de la Pêche et

du Développement rural, RaymondNdong Sima, a entrepris une tournéedans les neuf provinces du Gabonafin de procéder au lancement duPASAC. « Il n’est pas raisonnable quel’essentiel de ce que les Gabonaisconsomment vienne de l’extérieur »,a-t-il estimé dès la première étape,à Lambaréné, dans la province duMoyen-Ogooué. Et de poursuivre :« Le pays doit prendre la responsabi-lité de produire les aliments de basedont il a besoin. » Selon le Minis-tre, un seul pilier, celui de l’industriedu pétrole, ne peut pas porter seul

Mise en placedu PASAC

les ambitions d’émergence du pays,d’autant qu’il « ne crée pas trop d’em-plois. L’effort global suppose quetoutes les composantes participentau développement. »

Informer les populationsLa quantité de nouvelles terres misesen culture ne sera pas déterminante.L’élément majeur restera la haussedes rendements ce qui implique unemécanisation de l’agriculture. Avec95 % des Gabonais travaillant dansce secteur, une agriculturemoderne etrentable ne tardera pas à produire desrésultats probants. Ces interventionsde terrain conduites par leMinistre enpersonne sont indispensables pourfaireprendre conscienceauxGabonaisde l’importance que le Président AliBongoOndimba et son gouvernementmettent dans l’accession à la sécuritéalimentaire. Avec le concours de tousles citoyens, l’objectif de réduire de5 % chaque année la quantité d’ali-ments de base importés que sont lemanioc, le riz, la banane, la viandeet les légumes, pourra être atteint endéveloppant une agriculture entre-preunariale de type privé. Laquelleparticipera à mettre le Gabon sur lavoie de l’émergence.

Résultats encourageantsLes premiers résultats de la miseen œuvre du PASAC par le MinistreRaymond Ndong Sima, et plus globa-lement des trois piliers pour l’Emer-gence duGabon, sont très concluants.Fin 2010, le cabinet de consultingOxford Consulting group a publié sonrapport annuel sur les performanceséconomiques du pays. L’attentionportée à tout ce qui ne touche pas aupétrole a porté ses fruits puisque leFMI a évalué la croissance du Gabon-hors pétrole- à 5,4 % pour 2011, alorsque l’on s’attendait à une croissanceglobale de 5 %.

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DIFCO

M/D

F-P

HOTO

S:D

R

Pour parvenir aux objectifs fixéspar lePrésidentde laRépubliqueAli Bongo Ondimba, le Ministre

de l’Agriculture Raymond Ndong Simaadû rapidementprendredes initiativespour faciliter la sécurité alimentaire.Parmi les réalisations emblématiquesd’ores et déjà décidées, on peut citer :

Six fermes agropastoralesSix fermes agropastorales serontcréées pour garantir la sécurité ali-mentaire et réduire la dépendancealimentaire du Gabon vis-à-vis del’extérieur. Ce projet périurbain per-mettra une plus grande disponibilitédes produits sur le marché et unebaisse notable de leurs prix. En outre,elles promouvront des techniquesmodernes d’élevage et d’agricultureafin d’optimiser leur rendement. Pource faire, formation et encadrementadaptés seront offerts aux exploi-tants. Ces fermes représentent éga-lement l’occasion de construire desvillages modernes, dotés de centressociaux, d’écoles et de centres médi-caux, pour un bénéfice global à toutela population environnante.

Le Projet de développementAgricole et Rural (PDAR)L’objectif du PDAR, réalisé en collabo-

Premièresinitiativesconcrètes

ration avec la FIDA, est de réduire lapauvreté en milieu rural par la diversi-fication et l’augmentation des revenusdes populations, et l’amélioration deleurs conditionsdevie. Leprojet facilitel’accès des groupes cibles aux filièresagricoles qui bénéficient de marchésporteurs dans la Province du WoleuNtem,àsavoir les racineset tubercules,les bananes et l’arachide. Ces filièresont de plus un fort potentiel d’impactsur les femmes et les jeunes.

Dans le détail, les objectifs sont donc de :• Développer les filières porteusesprioritaires au bénéfice de groupescibles du projet• Renforcer les capacités des acteursdes filières prioritaires et de leursorganisations• Renforcer les capacités institution-nelles enmatière de services d’appuiau monde rural.

Pour les atteindre, le projet intervientà travers trois composantes :• Promotion des filières agricoles• Renforcement des capacités desacteurs• Coordination, suivi et évaluationdu projet

Ce projet est prévu pour durer 6 ans,depuis 2008 jusqu’en 2014.

L’inventaire conduit par le Codex Ali-mentarius a permis de déterminer quele système national de contrôle de lasécurité sanitairedesalimentsest inef-ficace. Le Comité a donc tenu un grandnombre de réunions pendant ses sixmoisd’activitéen2010poury remédier.Un atelier sur la réforme du systèmenational de contrôle de la sécurité sa-nitaire des aliments a été organisé le19 novembre 2010 avec l’appui de laFAO, aboutissant au choix d’un mo-dèle d’organisation : l’agence unique.Pour 2011, les travaux porteront sur laparticipationàdes réunionsnationaleset internationales ainsi quesur lapour-suite des réformes et l’élaboration dutexte sur la réorganisation du ComitéNational du Codex Alimentarius.

CODEX ALIMENTARIUSLe Codex Alimentarius est essentielle-ment chargé de :

> DE RÉVISER les textes et proposerune réforme,

> D’INVENTORIER les textes natio-nauxet internationaux traitantdesques-tions de sécurité sanitaire des aliments,

>D’IDENTIFIER les acteurs su secteur,

>D’ÉVALUER lesbesoinsen formationetenéquipementdusystèmedecontrôlede la qualité des denrées alimentaires,

>DEFORMULER les réponsesdupaysaux propositions de la Commission,

> DE DÉSIGNER les délégués pourreprésenter le pays,

> DE CONSEILLER le gouvernementsur les meilleures décisions à prendreen ce qui concerne les normes,

> DE PROPOSER des sous comitéstechniques selon les besoins.

MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE,DE L’ÉLEVAGE, DE LA PÊCHEET DU DÉVELOPPEMENT RURAL

PUBLI-INFO

RMAT

ION

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L’ or vert n’aime pas le bruit, etla filière gabonaise du bois nedéroge pas à la règle.Deuxièmeemployeur du pays derrière

la fonction publique, avec près de30000 emplois, elle représente 4 % duproduit intérieur brut (PIB, 6 % horspétrole), mais suscite souvent les criti-quespour sonmanquede transparence.Ni le gouvernement ni les exploitantsforestiers ne communiquent sur les acti-vités de la filière.

On sait néanmoins que la compagnieBordamur, détenuepar le groupemalaisRimbunanHijau, est citée commeétantle plus grand concessionnaire du pays.Elleexploiteplusdeunmilliond’hectares,situésprincipalementdans lenord-ouestdu pays. Comme d’autres compa-gnies malaises, telles que Foboet Bonus Harvest, elle est leporte-étendard d’une pré-sence asiatique de plus enplus soutenue. Ces dernièresannéessesont implantés lesin-gapourienOlam (lire pp. 80-81),les chinois Sunly, HTG, TBNI ouencoreShengyang,qui a racheté le fran-çaisGabonExport Bois pour 68millionsd’euros en août 2010.

EUROPECONTREASIE.L’entrée en forcedes groupes orientaux dans cet espaceoccupé depuis le début de l’exploitationforestière, en 1899, par les compagnieseuropéennesetmajoritairement françai-ses, est une conséquencede l’augmenta-tion de la demande asiatique. Il est loinle temps où la Société duHaut-Ogooué(SHO) exploitait les deux cinquièmesdu territoire gabonais.

Certes soumises à une rude concur-rence, les compagnies européennes oucontrôlées par des capitaux européensdétiennent encore des concessionsimportantes. C’est le cas des françaisRougier (près de 690000 ha), Thanry-

CEB (505 000 ha), SHM-Interwood(300 000 ha) ou de l’italienne Basso

Timber Industries (450000 ha).

UNE RENTE. Conçue pourattirer les investisseurs, lalégislation a favorisé la pré-pondérance des capitauxétrangers dans le secteur.

Dans la plupart des cas, lesunités d’exploitation réservées

aux Gabonais par le code forestierde décembre 2001 sont sous-traitées à

des sociétés étrangères. En signant cescontrats de « fermage » avec de grandescompagnies, les détenteurs de permisperçoiventd’importants loyersetpeuvents’assurer une rente sans courir le risqued’investir dans leurs concessions.

Même laSociéténationaledesbois duGabon (SNBG) est détenue à 51 % parl’État et à 49% par des sociétés étrangè-res. Elle fixe notamment les quotas decoupede l’okouméetde l’ozigo, deuxdesessences majeures de la filière. ●

GEORGES DOUGUELI

PATRIMOINE

Qui exploitela forêt?L’État a commencé à fairele ménage parmi les titulairesde permis forestiers. Pas simple.

NYT/REA

� SUR 12 MILLIONS D’HECTARES (120000 KM2) EXPLOITABLES, 9 millions, dont près de1,9 million certifiés, sont placés sous aménagement durable.

POUSSANT ABONDAMMENT dans la forêt gabonaise, le Tabernantheiboga, arbuste de la famille des apocynacées, n’a pas encore livré tousses secrets. Les vertus de sa racine sont connues depuis longtempsdans les ethnies Mitsogos (Centre) et Fangs (Nord) du pays et du suddu Cameroun, qui l’utilisent dans des rituels traditionnels.Depuis la fin des années 1990, l’industrie pharmaceutique et leschercheurs la considèrent avec un vif intérêt, tandis que les amateursde chamanisme entretiennent des filières d’exportation clandestines.Psychostimulant et hallucinogène, l’iboga est classé comme stupéfiantet interdit à la consommation en France depuis 2007, alors que le Gabonl’a inscrit sur la liste du patrimoine national et des produits stratégiques.Selon un responsable du ministère gabonais de l’Environnement, le payscompte s’appuyer sur le protocole de Nagoya, signé le 29 octobre dernier,qui régit l’accès et le partage des avantages liés à l’utilisation desressources génétiques, pour protéger l’iboga. ● G.D.

LA CONTROVERSE DE L’IBOGA

0,5%le taux annuel

de déboisement auGabon est inférieur àla moyenne des paystropicaux, selon

la FAO

JEUNE AFRIQUE No 2627 • DU 15 AU 21 MAI 2011

À la poursuite du Gabon vert 75

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Repousséedu1er janvierau15mai2010 à la demande des opé-rateurs pris de court par sonentrée en vigueur « brutale »,

l’interdiction d’exporter le bois en gru-mesporte sespremiers fruits. Lenombred’unités de transformation a augmentéde 13,4 %, avec93 usines fin 2010contre 82 en 2009,les capacités indus-trielles passant de1,6 million de m3 à1,625million dem3

(+ 1,5 %).Du côté du fran-

çaisRougier, l’undesprincipaux opérateurs du secteur, «unebatterie de solutions a rapidement étémiseenœuvre, expliquePaul-EmmanuelHuet, responsable environnemental etsociétaldugroupe.Àdéfautdepouvoir lesexporter, nous avons développé la ventedegrumesd’okouméauGabon, l’essenceétant désormais bien valorisée par lesindustriels locaux.Nous l’avons coupléeà la valorisationde lacertification,qui estun plus incontestable pour la vente desproduits, notamment en Europe ». Avec688000 hectares labellisés, Rougier estl’une des trois entreprises ayant obtenu

pour leurs exploitations gabonaises lacertificationdebonne gestion forestièreForestStewardshipCouncil (FSC), garan-tissant le respect des volets environne-mentaux et socioéconomiques.

RÉACTION RAPIDE. Rougier Gabon,qui dispose d’une usine

de contreplaqué àOwendo (près deLibreville) et dedeux scieries, àMbouma Oyali(sud-est du pays)etMévang (Ouest),

a dans le mêmetemps accéléré l’évo-

lution de son outil industriel. La capa-cité de l’usine de Mévang sera doubléeà partir du deuxième semestre 2011,

grâceàunedeuxièmelignedeproductionconsacréeauxboisdivers (horsokoumé),et une nouvelle scierie sera opération-nelle avant la fin de l’été 2011 à Ivindo(Nord-Est). «Ces évolutions de RougierGabon, dont les effectifs sont d’environ1500 personnes, devraient générer unecentaine d’emplois supplémentaires »,précise Paul-Emmanuel Huet.

Autre acteurdepoids, la Sociéténatio-nale des bois duGabon (SNBG), jusqu’àprésent spécialiséedans la commerciali-sationdesgrumes,aégalement investi, enpartenariat avec l’italienCremona, dansla constructiond’uncomplexe industrield’une capacité de 250000m3/an. Établià Owendo, il sera opérationnel avant lafin de l’année.

REPRISE DE PLYSOROL.Quant à LeroyGabonetPogab, les filialesdePlysorol, ilsreviennentde loin.Après le verdict rendupar la cour de cassation de Librevillefin janvier, le groupe libanais JohnBitar & Co. en a repris le contrôle auchinoisGuohuaZhang. L’investissementprévu en 2011-2012 pour restructurer lefabriquant de contreplaqué et ses deuxfiliales gabonaises s’élève à 25millionsd’euros.

Auparavant traités en France, lescontreplaqués en okoumé seront désor-mais fabriquésdirectementauGabonparPogab, dont le groupeenvisagedeporterles effectifs de 275 à 1000 employés – cequi pourrait permettre la réintégrationdes salariés licenciés. Côté exploita-tion, Leroy Gabon, qui dispose d’unpermis d’exploitation pour 600000 had’okoumé, doit reconstruire des routes,des ponts et réorganiser sa logistique.L’entreprise prévoit de mettre en placeun plan d’aménagement pour certifierle bois. ●

CÉCILE MANCIAUX

BOIS

La filière sort de l’ornièreUn an tout juste après l’entrée en vigueur de l’interdiction d’exporterles grumes, décidée pour favoriser la transformation locale,les forestiers et les industriels se sont réorganisés.

WITT/SIPA

FIN JANVIER, L’ÉTAT A PRIS LA DÉCISION de s’approprier au boutd’un délai de six mois « le bois coupé abandonné dans la nature ».Entendez par là tout tronc d’arbre abattu, ébranché, étêté, tronçonnéou scié, délaissé à la lisière des chantiers forestiers ou dans des parcsà bois. De quoi faire réfléchir certains exploitants indélicats dontla très mauvaise habitude est de laisser traîner des monceaux de grumesqui finissent par pourrir sous la pluie. Quand on y pense, le délaide six mois est, somme toute, généreux. ● C.M.

PRIÈRE DE NE PAS LAISSER TRAÎNER

représente 72 %des exportations

de bois, sur400 essences

d’arbresrépertoriéesdans le pays

L’okoumé

Ý L’USINE DE DÉROULAGE ET CONTREPLAQUÉ

de Rougier Gabon à Owendo,près de Libreville.

BIOSPHOTO

No 2627 • DU 15 AU 21 MAI 2011 JEUNE AFRIQUE

Le Plus de J.A.76

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ÀL’INSTAR D’AUTRES PAYS DU BASSINDUCONGO, leGabon s’est engagé dansdes négociations avec l’Union euro-péenne (UE) afin d’aboutir à la signature

d’unAccord de partenariat volontaire (APV) dansle cadre du processus Forest Law Enforcement,Governance andTrade (FLEGT), législation euro-péenne visant à interdire les importations de boisbrut ou transformé produit illégalement.

Après deux ans de correspondance et plusieursrencontres, en novembre 2009, le Premierministregabonais a officiellement demandé l’ouverturedes négociations au commissaire européen encharge du Développement. Un Comité techniquede coordination (CTC) a été créé, qui regroupe lesreprésentants des trois collèges parties prenantesdu débat sur la gouvernance forestière et le FLEGTauGabon: l’administration (ensemble desministè-res concernés par la gestion des forêts), la sociétécivile et les opérateurs privés du secteur.

Sous l’autorité deSylvainNzeNguema, directeurgénéral adjoint des eaux et forêts et président ducomité de négociation, le CTC est chargé de lapréparation technique des sessions de négociationentre le délégué européen et leministre des Eauxet Forêts, représentant la partie gabonaise. Ilconstitue le cadre des discussions techniquesentre les trois collèges, la règle étant de recueillirles points de vue dechacun jusqu’à abou-tir à des positionscommunes. Ce sontces dernières, résultatd ’une démarcheconcertée du pays pour la définition de sa légalitéforestière, qui font l’objet de négociations avecl’Union européenne.

Pour nous aider à relever les défis d’unemeilleure gouvernance du secteur forestier,satisfaire les attentes de la communauté inter-nationale enmatière de lutte contre l’exploitationillégale du bois etmobiliser les différents acteurs,des appuis ont été mis en place par d’autrespartenaires tels que l’Organisation des Nationsunies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO),l’ONG Fern, l’European Forest Institute (EFI) etl’Association interafricaine des industries fores-tières (Ifia).

Brainforest, tête de pont du collège de lasociété civile aux négociations de l’APV entrel’Union européenne et le Gabon, est chargé,

sous la houlette de son chef de projet, RichelieuZue Obame, de coordonner la participation destrente-six organisations de défense de l’environ-nement qui forment ce collège. Après deuxannées de travail intensif, les résultats sontconcluants.

Un programme d’analyse des textes réglemen-taires gabonais relatifs à la forêt et à l’environ-nement a été réalisé à son initiative, dont le rapportfinal est consultable en ligne sur le site deBrainforest (www.brain-forest.org).

Le but était de permettre à l’ensemble desparties prenantes aux discussions sur l’amélio-ration de la gouvernance forestière d’avoir uneconnaissance aussi précise que possible desfailles du système réglementaire, lesquelles consti-tuent des poches d’inhibition à la progression duGabon vers une gestion et une gouvernanceaméliorées de cette ressource naturellestratégique.

La connaissance des faiblesses du cadre régle-mentaire devait donc contribuer à orienter lesdiscussions sur des points d’intérêtsmajeurs afind’aboutir à des solutions concrètes.

Dans le cadre de sa participation à l’améliorationde la gouvernance forestière, la société civilegabonaise a par ailleurs engagé depuis un an unprogramme de renforcement des capacités.

L’objectif est de faciliter chez les acteurs de lagestion forestière la compréhension des conceptset thématiques techniques liés au FLEGT et àl’APV, ainsi que les thématiques connexes de lagestion forestière que sont la Réduction desémissions de gaz à effet de serre liées à la défo-restation et à la dégradation des forêts (REDD+)et les Mécanismes de développement propre(MDP).

Enfin, en 2011 et pour les années à venir, l’actionde la société civile va se concentrer sur la miseen place d’unmécanisme d’appui à l’administra-tion forestière dans l’exercice de sa mission desuivi de la légalité sur le terrain. Ce processusdevra se dérouler dans le cadre d’un observatoireindépendant des activités forestières animé parla société civile, en partenariat étroit avec l’ad-ministration et le secteur privé. ●

Marc OnaEssangui

Président-fondateur de l’ONGBrainforest

TRIBUNE

Aux arbres citoyens!

L’objectif est d’aboutir à une législationeuropéenne qui interdise les importations

de bois brut ou transformé produit illégalement.

VINCEN

TFO

URNIER/J.A

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JEUNE AFRIQUE No 2627 • DU 15 AU 21 MAI 2011

À la poursuite du Gabon vert 77

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À 50 ans révolus, la BanqueGabonaise de Développement(BGD) entreprend une nouvellephase de progrès et inscrit sonaction dans la politique nationaledu Gabon.

Du développementà l’émergence

Créée en 1960, la Banque Gabonaise deDéveloppement (BGD) est aujourd’hui enAfrique subsaharienne l’une des dernièresbanques de développement qui respecteses missions originelles : le financement dudéveloppement économique et de la luttecontre la pauvreté. Ses consœurs ont dis-paru ou sont devenues des banques com-merciales. La BGD, pour sa part, a réussi àmaintenir et accroître ses activités dans dif-férents secteurs de l’économie et de prêtsciblés aux particuliers et aux entreprises.Le soutien de l’État, qui détient 69 % ducapital, et ceux de ses autres actionnaires,parmi lesquels la Banque des États d’Afri-que centrale (BEAC), l’Agence française dedéveloppement (AFD) ou encore son ho-mologue allemande (DEG) ne lui ont jamaisfait défaut.

Forte de cette confiance, la BGD inscritaujourd’hui son action dans le droit fil de

Banque Gabonaise de Développement

Ci-contre, le siège social de la BGD, à Libreville.

De haut en bas, les agences de Franceville,

Lambaréné et Mouila.

Le réseau couvre

l’ensemble

du pays.

Renforcement des actions

auprès des collectivités

locales et des PME

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Roger Owono MbaAdministrateur Directeur GénéralNommé début 2011 à la tête de la BGD, venant duministère de l’Économie, où il était Directeur généralde l’industrie et de la compétitivité. Il a notammentgéré la réorganisation de la Chambre de commerceet d’industrie, désormais intégralement dirigée par lesecteur privé, et la réforme de l’Agence de promo-

tion des investissements privés (Apip). Roger Owono Mba était aupara-vant Directeur général adjoint de la première banque privée du Gabon.

Banque Gabonaisede Développement

BP 5 – rue Alfred Marche,Libreville, GabonTél. : (241) 76 24 29Fax : (241) 74 26 99www.bgd-gabon.com

la politique du « Gabon émergent »,lancée par le présidentAli Bongo On-dimba dès la campagne électorale quil’a mené à la magistrature suprême, le30 août 2009.Tout en maintenant sesactivités historiques, la Banque Gabo-naise de Développement accentue sastratégie en faveur de deux types declientèles : les collectivités locales etles entreprises. Pour les premières, ils’agit d’appuyer le montage financierde leurs projets structurants (routes,logements, équipements…). Quantaux secondes, qui représentent déjàun tiers de son portefeuille de prêts,la BGD entend étendre son dispositifafin d’intervenir auprès d’un nom-bre croissant de Petites et moyen-nes entreprises (PME), dont l’essorest souvent freiné par l’absence deconsidération de la part des circuitsbancaires traditionnels. Afin d’ap-puyer son action auprès des PME,l’État gabonais a transmis à la BGDla gestion de deux fonds d’investisse-ment publics : le Fonds d’expansiondes PME (Fodex) et le Fonds de ga-rantie et d’aide (Faga).

Pour mener à bien ses nouvellesmissions, la BGD peut compter surle professionnalisme de ses équipes.Celles-ci disposent d’un réel savoir-faire en matière de financement desPME. Elles ont démontré leur capaci-té à les conseiller sur l’élaboration dudossier de prêt et à les accompagnerquand le financement se met en place.Ces compétences seront renforcées,tout comme l’appui aux collectivitéslocales. La BGD, qui est déjà un inter-locuteur apprécié par les institutionsfinancières internationales, dont cer-taines sont ses actionnaires, est enposition centrale pour élaborer, avecles municipalités ou les régions, desmontages financiers innovants.

Publique, la BGD n’en est pas moinsune banque au sens strict et modernedu terme. Comme ses homologuesdans le pays,sa gestion et ses procédu-res observent la règlementation inter-

nationale, appliquée au plan régionalpar la Cobac (Commission bancaired’Afrique centrale). Elle est même laseule banque gabonaise à s’être sou-mise à la notation de ses engagementspar l’un des organismes internatio-naux les plus en vue, Fitch Rating, quil’a qualifiéeAB+ pour le long terme etAB pour le court terme.

La BGD peut également s’appuyersur une présence effective sur le ter-ritoire gabonais grâce à un réseau de8 agences et 1 bureau qui couvrentles 9 provinces du pays, y comprisdeux d’entre elles où aucune autrebanque n’est implantée. Ce maillagefait de la BGD l’interlocuteur dechoix des PME et des collectivités lo-cales dans l’ensemble du pays.

Capitalisant sur son expérience etsa position originale dans le paysagebancaire, la Banque Gabonaise deDéveloppement apporte une nou-velle fois, plus de 50 ans après sacréation, sa contribution à l’avenir duGabon.

Une banque unique

en son genre

Au cœur du développement...C

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Page 19: JA 2627 DU 15 AU 21 MAI 2011 uniquement le Gabon

À Nkok,unebourgadeforestièresituée à 27 km de Libreville,sur la nationale 1, on n’en-tendpluschanter lesoiseaux.

Depuis juin2010, lesvolatileseffarouchéssontallés chercher la tranquillité ailleurs,loin des 220 engins lourds de travauxpublics et dumillier d’ouvriers venus detous lescontinents.Cesdernierss’activentà repousser la forêt, raboter les collinescaillouteuses, construire les bureaux etinfrastructures de la Zone économiquespéciale (ZES) plurisectorielle que l’Étatgabonais a décidé d’y implanter.

Ici, la langue de travail, c’est l’anglais,car lepromoteuretpartenaire techniqueduprojet,Olam International, est anglo-phone. Sous lahoulettedeGaganGupta,le directeur général de Gabon Advance,sa filiale locale, le géant singapouriendel’agroalimentaire a conçu et financé laZES et embauché neuf entreprises pourréaliser les travaux de cette enclave géo-graphique destinée au développementdes activités de traitement et de trans-formation du bois.

RESPECT!Si seshomologueseuropéensde la filière bois ont tendance à regarderdehaut l’affableGaganGupta,cedernierasuse faireapprécierdesautorités locales.« Les Singapouriens sont différents ; ilsn’ont pas l’arrogance des Occidentaux,explique un cadre gabonais de Gabon

Advance.Ce sontdespartenairesdont lesensdu respect de l’autre est plusprochedu nôtre », ajoute-t-il, enthousiaste.

Le site de Nkok a été choisi pour saproximité avec les voies de communica-tion. Il se situe à 12 kmde la route natio-nale 1, à 14 km de la gare ferroviaire deNtoum (Estuaire), il profitera aussi de lavoie fluviale de l’Ikoy Komo, qui rejointl’Océan atlantique au port d’Owendo.Autre avantage, le futur aéroport deLibreville sortira de terre à quelquesencablures de la zone…

Les travaux de la première phase duprojetcouvrentunesuperficiede400hec-tares sur les 1 126 ha prévus, pour uninvestissement de 200 millions de dol-lars (143 millions d’euros). Cette ZESdoit permettre auxopérateurs économi-ques de la filière bois de créer, à terme,6000emploisdirectset indirects.Logique,puisque la décision gouvernementalede la construire fait suite à l’interdictiond’exporter du bois en grumes (effectivedepuis le15mai2010)de façonà favoriserl’émergence d’un tissu industriel localcréateur d’emplois. « Les ouvrages sontcalibrés pour accueillir soixante-deuxsociétés », explique-t-on chezOlam. Lesinvestisseurs bénéficieront de mesuresfiscales incitatives, notamment d’uneexonérationtotalede l’impôt sur lesbéné-fices industrielset commerciauxpendantdixansàcompterde lapremièreventede

l’entreprise. Après cette période initialed’exonération, les entreprises admisesau régime de la ZES seront assujetties àcette taxeau tauxde10%(au lieude35%)pour cinq ans. Elles pourront librementrapatrier leurs profits et bénéficier d’uneplus grande flexibilité pour recruter dupersonnel non gabonais.

PLUS ET AFFINITÉS. L’histoire d’amourentre Singapouriens etGabonais ne s’ar-rête pas là. Un nouveau chapitre s’estouvert en novembre dernier quand, aucoursdesa tournéeasiatique, leprésidentgabonais Ali Bongo Ondimba a signéavec Olam International un contrat deprès de 1,54 milliard de dollars pour ledéveloppementde la culturedupalmierà huile. L’accord prévoit que 30 % despalmeraiesplantées soientdétenuespardes agriculteurs locaux, afin de garantirl’emploi d’unemajorité de Gabonais ausein des structures internationales pré-sentes sur le territoire.

Lapremièrephased’investissementduprojet, piloté par Olam Palm Gabon, lanouvelle filiale dugroupe, démarrera enoctobre,avec laplantationde50000hadepalmeraiesdans la régiondeLambaréné(Moyen-Ogooué) et de 8000 ha dans larégiondeKango(Estuaire),àunecentainedekilomètresdeLibreville.C’estàKangoque legroupevaétablir sapremièreusined’huile de palme dans le pays. Elle sera

INVESTISSEMENT ÉTRANGER

Liaisons dangereuses?Construction d’une zone d’activités, d’une usine d’engrais, plantationde palmiers à huile… En moins d’un an, le géant singapourien Olamest passé de l’approche tactique au grand jeu.

DES

IREY

MINKO

HPOURJ.A.

PRÉSENT DANS PLUS DE SOIXANTE PAYS, dont vingt sur le continent, lesingapourien Olam International conforte sa position de leader dansl’agrobusiness africain, où il a réalisé un chiffre d’affaires de 900 millionsd’euros en 2010. Grand importateur de denrées sur le continent, le groupe ycultive aussi, il y construit et acquiert des unités de transformation decacao, d’huile de palme, des raffineries de sucre ou encore des minoteries(notamment avec le rachat, en 2010, du nigérian Crown Flour Mills et dughanéenWheat Mill). Depuis 2003, le groupe a engagé un pland’investissements à long terme sur les marchés de bois certifiés. Il anotamment acquis des filiales au Ghana, en Côte d’Ivoire (où, depuis 2008,il est associé avec le groupe ivoirien Sifca, au sein de sa filiale Palmci, pourl’exploitation de palmeraies et la production d’huile de palme), ainsi qu’enRD Congo et, désormais, au Congo et au Gabon. ● C.M.

TROPISME AFRICAIN

No 2627 • DU 15 AU 21 MAI 2011 JEUNE AFRIQUE

Le Plus de J.A.80

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DES

IREY

MINKO

HPOURJ.A.

CRÉD

ITPHOTO

opérationnelledans trois ans et demi, endécembre2014, le tempsque lespalmiersarriventàmaturité. L’investissementglo-bal de cette première phase est estimé àprèsde630millionsd’euros,pourunepro-duction, à terme, de 1million de tonnesd’huile de palme par an (280000 t pourcommencer) et, selonShyamPonnappa,directeurd’OlamPalmGabon, lacréationde700à800emplois. Ladeuxièmephased’investissement, estiméeà450millionsd’euros,devraitêtreengagéeen2013.Elle

porte sur laplantationde150000hadansle Sud, à Tchibanga, Mayumba (dans leNyanga) et Mouila (Ngounié).

« CLIP » QUALITÉ. Si l’État lui a attribué19000 ha de forêt dans le départementde Komo-Kango, Olam Palm Gabon aannoncé qu’il n’en utiliserait que 8000afinde limiter l’impactdesesactivités surla biodiversité du bloc forestier, riche encoursd’eau, zonesdepêcheartisanale etlieuxde reproductionpour les oiseauxetles poissons. En attendant la saison desplantations, les dirigeants d’Olam PalmGabon règlent les derniers détails de laconcertationavec lespopulations riverai-nes sur les questions de propriété et decogestion, afin de finaliser la procédurede Consentement libre informé préala-ble (Clip), qui fait partie de la démarchequalitéd’OlamPalmGabonetsans lequelaucun engin ne pourra entrer en forêt.

Étant donné que la production de safuture usine sera entièrement destinéeà l’export, Olamn’a de toute façon guèred’autrechoixquederespecter lesnormessocialeset environnementales si elle veutobtenir la certification internationaleRSPO(RoundtableonSubstainablePalmOil, Table ronde sur l’huile de palmedurable), désormais indispensablepourexporter.

La convention signée en novembreentre le gouvernement gabonais etOlam

comprend également la constructiond’une usine d’engrais ammoniac-uréedans la toutenouvellezonefranchedel’îleMandji, un projet auquel s’est associée,mi-avril, la branche chimie du conglo-mérat indien Tata.

La coentreprise, dotée de plus de900millionsd’euros, est doncdésormaisdétenueparOlam(62,9%), Tata (25,1%)et l’État gabonais (12%). Le complexede120 ha, dont la construction démarre cemois-ci, doit être livré dans le courantdu premier semestre 2014. Il aura unecapacité de production totale de 2200 td’ammoniac et 3 850 t d’urée par jour(soit uneproduction totalede1,3millionde tonnes d’urée par an). Le chantier del’usine va employer 4000 personnes etplus de 300 emplois directs seront crééslorsque l’unité sera opérationnelle.

ENALERTE.Cependant, lesONGetdéfen-seurs de l’environnement sont en alerte.Lesplantationsdepalmiers àhuile étanttrès gourmandes eneauet enpesticides,lesvillagesquiviventàproximiténevont-ilspasensouffrir?Quantà l’implantationd’uneunité ammoniac-urée àquelquesencabluresdePort-Gentil,de l’îleMandji,de ses oiseaux et tortues luth…

BienquenouveauvenuauGabon,Olamy ade grandes ambitions. Et ne perdpasde tempspourpasserà l’acte.À lami-jan-vier, le groupeaeneffet acquisunpermisd’exploitation sur 300000 ha de forêt enrachetantTTTimber International, filiale

du danois Dalhoff Larsen & Horneman(DLH), pour 29,6 millions d’euros. Uneopérationqui faitdubruitdans lesmilieuxforestiersde la régionpuisqu’ellepermetau Singapourien d’acquérir du mêmecoup 1,3million d’hectares de forêt tro-picale dans le nord du Congo voisin,ainsi que le numéro un de son secteurforestier, la Congolaise industrielle dubois (CIB).

Les premiers pas d’Olam dans leBassin du Congo sont décidément despas de géant… dont les militants éco-logistes ne vont pas manquer de suivrel’empreinte. ●

GEORGES DOUGUELI et CÉCILE MANCIAUX

Des premiers pas degéant dont les militantsécologistes ne vontpas manquer de suivrel’empreinte.

� GAGAN GUPTA, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE

GabonAdvance, filiale locale d’Olam.

� LE PARC INDUSTRIEL

INTÉGRÉ DE NKOK seraprincipalementconsacré auxopérateurs de lafilière bois.

JEUNE AFRIQUE No 2627 • DU 15 AU 21 MAI 2011

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A vecprèsde15mil-lions d’hectaresdeterresagricolesnoncultivées, età

la faveurduclimatéquatorial,le Gabon dispose d’un réelpotentiel. Pourtant, le paysreste largement dépendantde l’extérieurpoursesbesoinsalimentaires : il importe plusde85%desdenrées consom-méespar ses1,5milliond’ha-bitants, ce qui lui a coûté labagatelle de 250milliards deF CFA (plus de 380 millionsd’euros) en 2010.Une factureen hausse constante, à l’ins-tar du coût du panier de laménagère.

Pour y remédier, l’État alancéunProgrammeagricolede sécurité alimentaire et decroissance (Pasac), auquel ila affecté un budget de 38,4 milliards deF CFA pour l’exercice 2010. Priorité estdonnée à la réorganisation et au déve-loppementde l’agricultureetde lapêche,secteurdont lapartdans lePIBestpasséede 15%dans les années 1960 àmoinsde5 % aujourd’hui. L’objectif : porter cettecontributionà20%duPIBenprivilégiantles cultures vivrières, de façon à réduirede5%paran les importationsdeproduits

alimentaires debase (manioc, riz, bana-nes, viandes et légumes notamment).Un fonds de garantie de 900millions deFCFAdestiné aux exploitants agricoles aégalement été créé en début d’année.

« Il n’estpas raisonnableque l’essentielde ce que les Gabonais consommentviennede l’extérieur », résumait leminis-trede l’Agriculture et duDéveloppementrural,RaymondNdongSima, le15 février,

àTchibanga (Nyanga) en lan-çant le Pasac. Ses trois voletsprincipaux portent sur lasécurisation des approvi-sionnements – avec un pro-gramme quinquennal desécurité alimentaire (PNSA2010-2014) et la création del’Agence gabonaise de sécu-rité alimentaire (Agasa) –, laréhabilitation des exploita-tions agricoles en difficultéet l’augmentationdes capaci-tés de rendement agricole ethalieutique.Cedernier pointpasse par le développementdepôlesdeproduction inten-sive concernant principale-ment des cultures vivrières,comme le riz, dont l’essentielde ce qui est consommé estimporté de Thaïlande ou duVietnam. L’objectif étant deproduire plus en utilisant lemoins d’espace possible.

ÀLAMODEISRAÉLIENNE.Finavril, RaymondNgongSimaasigné une convention avec lasociété israélienneLRGrouppour ledéveloppement, via safilialeMori Investments,desixfermes agropastorales. D’un

coût global de près de 9,5 milliards deF CFA, entièrement pris en charge parl’État, leprojetdoitpermettredesatisfairelesbesoinsenvolailleseten légumesavecdes produits locaux, disponibles à desprix bien moins élevés que les denréesimportées.

Sans compter qu’il participera à laformationde lanouvelle générationd’ex-ploitants, avec l’implantationde fermes-écolesàproximitédes sixétablissements.« Nous avons déjà réalisé ce genre deprojet. Nous commençons aujourd’huiavec six fermes; après, nousallons conti-nueravecdesvillagesmodernes, commenous l’avons fait auNigeria », a expliquéà la presse Victor Tiroch, le directeur dudéveloppement commercial de MoriInvestments, qui estimait à l’occasiondela signature du contrat que, «dansunanmaximum, le pays pourra stopper l’im-portation de légumes et de volailles ». ●

STÉPHANE BALLONG

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Un nouveau modèle agricole en germeL’État veut relancerles cultures vivrières.Objectif : augmenter lesrendements à l’hectarepour produire plus…Et mobiliser moinsde terres.

TIPHAINESA

INT-CRIQ

� SUR LES MARCHÉS DE LIBREVILLE, les fruits et légumes de base,en grande partie importés, restent trop chers.

UN PROJET DE DÉVELOPPEMENT et d’investissement agricoleau Gabon (Prodiag) vient d’être lancé par l’Institut gabonais d’appuiau développement, chargé de l’encadrement technique des créateursde PME agricoles. Disposant d’un budget de plus de 19 millions d’eurossur cinq ans (2011-2015), financé à hauteur de 79 % par un prêt de l’Agencefrançaise de développement et de 21 % par l’État gabonais, le Prodiag vapermettre de renforcer les capacités des acteurs privés et associatifs. Plusde la moitié des financements sont consacrés à l’appui aux producteurs, lereste se répartit entre l’aide à la structuration professionnelle, la formation,la transformation agroalimentaire et la recherche de partenaires. ● C.M.

COUP DE POUCE AUX PME

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Dans un peu moins de neuf mois, le 21 janvier 2012, se jouera lematch d’ouverture de la Coupe d’Afrique des Nations de Footballà Malabo. La finale aura lieu un mois plus tard à Libreville.

Evénement sportif majeur du continent, la CAN 2012 est co-organiséepar le Gabon et la Guinée Équatoriale. Une première pour le Gabon,qui, avec la réception de cet événement et en relevant tous les défisinhérents, illustre là encore combien il est sur la Voie de l’Émergence.

Ministère de la Jeunesse et des Sports chargé des Loisirs

ans un peu moins de neuf moiiss, le 21 janvierrrr 2222222220012, se jouera lematch d’ouverture de la Coupe dddddddddd’Afriqqqqqqqqque dddddddddddeeeeeeeeeess NNations de Footballà Malabo. La finale aura lieu uunn mmoiis plus tard à Libreville.

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MESSAGE ● I / IV

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GABON-CAN2012Le Haut Commissariat à l’organisationde la 28e Coupe d’Afrique des Nationsde FootballDevant la nécessité de garantir sans le moindre doutela réalisation de tous les chantiers nécessaires avant ledébut de la CAN 2012, le Conseil des Ministres endate du 2 février 2011 a décidé la création d’un HautCommissariat à l’organisation de la CAN. Sous l’auto-rité du Président de la République, le Haut Commissariatest un service public chargé d’une mission temporaire.À sa tête, Jules Marius Ogouebandja, ancien Ministredélégué et ancien international de football lui-même, estépaulé par deux adjoints :• Henri Claude Oyima, Haut commissaire adjoint encharge des finances et Président directeur général dela BGFI Bank,• Christian Kerangall, Haut commissaire adjoint encharge de l’organisation.

Le Haut Commissariat coiffe le Cocan,le comité d’organisation de la Couped’Afrique des NationsLe Cocan a pour missions de définir et d’exécuter lesbudgets nécessaires à l’organisation de la prochaineCAN, ainsi que de définir et arrêter la liste des projetsd’infrastructures à construire et à moderniser, tout en dé-terminant leur coût.

Il doit élaborer un agendade réalisation des investisse-ments et veiller au respect deson exécution, tout en assu-mant l’harmonisation entre le

Gabon et la Guinée Équatoriale, les deux pays coorga-nisateurs de la CAN 2012, dans le respect des statutset du cahier des charges de la Confédération Africainede Football (CAF).

Le Cocan nouvelle version comprend un Comité Directeur,organe délibérant, et des Commissions :• La commission Communication et Marketing, auxcompétences élargies avec le tourisme et les loisirs. Elleest chargée d’assurer la communication et le marketingde l’événement avant et pendant la compétition, ainsique la bonne couverture médiatique nationale et inter-nationale, de vendre le label CAN 2012 et de veillerà l’organisation des activités touristiques et des loisirsautour de la CAN.

• La commission Transport est en charge de la partielogistique. Elle devra assurer déplacements et stationne-ments en optimisant les flux de transport, ainsi que, encollaboration avec les services de l’État, la sécurité despersonnes transportées. Enfin, en collaboration avectoutes les autres commissions, elle assurera la couver-ture de tous les besoins logistiques.

Une première…

Pour le Gabon, qui accueille la plus

grande manifestation sportive africaine

pour la première fois, il s’agit d’une

source incontestable de motivation et

d’énergie. Pour le Ministère de la Jeu-

nesse et des Sports chargé des loisirs,

une fierté de participer à l’organisation

d’un tel événement. Il s’agit également

d’une occasion d’entreprendre quel-

ques grands travaux de réfection ou de

construction des routes, des structures

hôtelières, et, bien sûr, des stades. Sour-

ce d’emplois et moteur de croissance, la

CAN 2012 est en outre un formidable

coup de projecteur sur le Gabon qui

sera ainsi visible des millions de spec-

tateurs et téléspectateurs africains et

internationaux.

…qui sera un succès

Ali Bongo Ondimba, Président de la

République et l’ensemble du gouverne-

ment unissent leurs efforts pour faire de

cet événement un succès pour l’épreuve

sportive et une fête pour tous les Gabo-

nais, réunis derrière leur équipe natio-

nale, Les Panthères.

Les défis sont nombreux pour le Ga-

bon : amener les infrastructures spor-

tives au niveau requis par la Confé-

dération Africaine de Football (CAF) ,

construire de nouvelles structures hôte-

lières et, bien sûr, donner aux Panthères

les moyens et l’envie de se dépasser

pour représenter fièrement leur nation,

avec l’aide de Gernot Rohr, entraîneur

du Onze gabonais depuis presque

quatorze mois.

DE MULTIPLESMISSIONSÀ MENER À BIEN

MESSAGE ● II / IV

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• Les commissions Hébergement et Res-tauration sont réunies en une. Elle estchargée d’évaluer les capacités d’ac-cueil, de recenser le nombre exact depersonnes accréditées, de procéderaux affectations, de produire un guidedu logement et de la restauration, des’assurer de la qualité nutritive offerteet d’assurer la restauration de tous lesbénévoles du COCAN et de tous les in-vités pris en charge.

• Le COCAN Gabon dans sa nouvelleformule s’est par-dessus tout vu dotéd’une nouvelle commission « Infrastruc-tures ». Cette dernière est notammentchargée de suivre l’avancement et labonne exécution technique de tous lesgrands travaux de construction et demodernisation des infrastructures initiéspour la CAN 2012. Ainsi réorganisées,les structures en charge de l’organisa-

tion de la CAN 2012 se sont vues insuf-fler une nouvelle dynamique produisantdes résultats tout à fait à la hauteur desattentes de la CAF.

Le satisfecit de la CAFLa dernière visite d’inspection de l’ensem-ble des chantiers de l’organisation de laCAN 2012 (stades de compétition, d’en-traînement, structures sanitaires, hôteliè-res et communicationnelles) a remportéun satisfecit du chef de la délégation dela CAF, Almamy Kabélé Camara, qui adéclaré « repartir totalement satisfait auregard de l’avancée à pas de géant destravaux sur tous les chantiers ».

Prêt dans les tempsLa CAF a notamment apprécié l’implica-tion du gouvernement pour l’impulsionapportée dans la réalisation des travaux

tout en respectant les normes sécuritaires.Les inspecteurs de la CAF ont souligné,lors de leur entretien avec le Ministrede la Jeunesse et des Sports chargé desloisirs, René Ndemezo’o Obiang, quesi, quelques mois en amont, ils avaient« quelques doutes quant à l’organisa-tion de la CAN dans le pays », ceux-ciavaient fait place à une « pleine certitudeque tous les chantiers à tous les niveaux(stades de compétitions et autres infras-tructures de Libreville, Franceville, Bon-goville, Ngouoni et Moanda),évoluaientà un rythme tout à fait satisfaisant ». Ilssont reparti convaincus que les délaisseraient tenus.

Poursuivre les effortsLa CAF a félicité le Gabon quant à laqualité de son plateau technique exis-tant dans les différentes structures hos-pitalières de Libreville et Franceville. Leministre de la Jeunesse et des Sportschargé des loisirs a souligné que « nouspensons surtout que la CAF nous inviteà ne pas relâcher nos efforts pour quenous puissions tenir les délais. La CANa lieu dans un an. Nous ne pouvons pasralentir le rythme actuel des travaux,nous devons même l’accélérer. » Etd’ajouter que « les efforts doivent êtrepoursuivis, notamment sur le plan del’hébergement. »

L’ÉquipeL’ÉquipeDidier OVONO EBANG (Le Mans - France),

Anthony MEZUI (FC Metz - France)

Moïse BROU APANGA (Brest - France),

Bruno ECUELE MANGA (Lorient),

Jean Pierre BAMBA (FC 105),

Rodrigue MOUNDOUNGA

(Esperence de Bedja - D1 Tunisie),

Yessi ACHY AMAN (AS Pélican),

Emmanuel NDONG MBA (Sogéa FC),

Georges AMBOUROUET (Roumanie),

Alassane EDOU YEBE (Mangasport - Gabon)

Cédric BOUSSOUGOU (Mangasport - Gabon)

Selim HAROUN NZE

(Valenciennes FC, D1 France),

Alain DJISSIKADIE (US Bitam),

Thierry ISSIEMOU (US Monastir - D1 Tunisie),

Zita MBANANGOYE (Sivasspor - D1 Turquie),

Stéphane NGUEMA (PSG - France),

Fabrice DO MARCOLINO (Laval - France),

Romaric ROGOMBE (Vita Club – RD Congo),

Daniel COUSIN (Larissa - L1 Grèce),

Willy AUBAMEYANG (Milan AC - D1 - Italie),

Emerick AUBAMEYANG (Monaco)

Roguy MEYE (Ankaragucu – D1 Turquie),

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Depuis votre arrivée à la têtedes Panthères, quelles sont vosimpressions ?Je suis arrivé à la tête de cette équi-pe il y a treize mois et demi. J’aiune bonne impression. Nos deuxderniers matchs se sont soldés pardes victoires sans encaisser le moin-dre but. Il y a du dynamisme et unbon état d’esprit. C’est une vraieéquipe, avec une bonne base dé-fensive. Il y a de nouveaux joueurs,jeunes, qui trouvent leur place. J’aide bons gardiens, un bon défen-seur central, et je viens d’identifierun milieu de terrain avec un profiltrès intéressant. Les Panthères dis-posent également d’attaquants ra-pides. L’équipe prend forme.

Comment définiriez-vous l’étatd’esprit du groupe ?J’ai voulu instaurer rigueur et dis-cipline. Cela a porté ses fruits, lesgarçons sont à l’heure, habilléscomme ils doivent l’être.Au sein du groupe, un lien existe.D’abord entre ceux qui évoluenten France, et entre les jeunes quiévoluent au Gabon. Mais commeces jeunes jouent dans des clubsoù jouaient auparavant les « an-ciens », cela crée un lien fort entreeux. Cela n’a pas été facile au dé-but, notamment pour une question

de niveau entre le championnatfrançais et gabonais. Mais celane se voit plus. Cela se passe trèsbien.

Quel est votre objectif pourla CAN ?La demi-finale. Ce qui signifie quenous devons sortir du groupe etpasser encore un tour. Cela ne serapas facile, cela n’est pas arrivé de-puis 25 ans. Mais avec l’aide dessupporters, nous pouvons le faire.

Le public aura un rôleimportant à jouer ?Les Gabonais sont de fervents sup-porters. Ils aiment le foot et leuréquipe nationale. Mais ils ne voientpas assez les Panthères car nousjouons tout le temps à l’extérieur enraison d’infrastructures trop petites,jusqu’à maintenant. Nous mettronsun terme à ce phénomène le 3 juinprochain en jouant au Gabon, enprovince.

Qu’attendez-vous de la CAN ?Je fais pleinement confiance auxautorités. Je souhaite que celasoit la fête du football, dans unpays qui aime énormément lefoot.

GABON-CAN2012

Interviewde GernotRohr,entraîneurdesPanthèresdu Gabon

« Je la sens biencette équipe »

LES PANTHÈRES À LA RENCONTRE DU PUBLICLe 3 juin prochain sera un jour de fête au Gabon. Pour la première fois depuis trèslongtemps et à 6 mois du coup d’envoi de la CAN, les Panthères se produiront auGabon, à l’initiative du Ministre de la Jeunesse et des Sports chargé des loisirs qui asouhaité cet événement. Libérés de leurs championnats respectifs qui seront terminés,les joueurs évoluant en Europe aborderont cette rencontre sans stress inutile. Les Pan-thères auront tout le loisir d’aller à la rencontre de leurs supporters, et les supportersà la rencontre de leur équipe, afin de créer une émulation forte en vue de la CAN.

Dans l’objectif que cet événement majeur se déroulant pour la première fois au Gabon soit une fête etl’expression du lien très fort qui unit les Panthères au public. Un public qui aidera, à n’en pas douter, leOnze national à aller le plus loin possible dans la compétition et à porter haut les couleurs du Gabon.

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JEUNEAFRIQUE: Comment conciliez-vous exploitation pétrolière et déve-loppement durable?ALEXANDRE BARROCHAMBRIER: Lanotion de développement durable esttrès importante dans le secteur. Noussommes très vigilants quant à l’appli-cation des textes qui interdisent letorchage, une pratique qui nous alongtemps fait perdre une importantequantité d’énergie et a aussi été sourcedepollution.Nousmettonsnotammentun point d’honneur à appliquer le prin-cipe du « pollueur-payeur ». Un autreaspect concerne la protection des tra-vailleurs, avec de rigoureux critèresde sécurité et d’hygiène.

Avez-vous déjà sanctionné un opéra-teur pour non-respect des normesenvironnementales?

Bien sûr. Les pénalités prévues parles textes en vigueur s’appliquentsouvent. En tant qu’ancien parlemen-taire, je tiens à préciser que ce sujetest suivi d’extrêmement près par lesélus. De leur côté, les opérateurs évo-luent.Total Gabon a obtenu la certifi-cation ISO 14001 pour son terminalde Cap Lopez en 2006 et pour toutesses activités dans le pays en 2009.D’autres, commeShell et Perenco, ontsuivi le mouvement.

Ces normes ne sont-elles pas perçuescomme un frein à l’activité?

Non. Pour l’exploitation pétrolière,comme pour l’exploitation forestière,le tout est d’accorder la nécessitéd’exploitation rationnelle des ressour-ces et celle de préservation de la bio-diversité, en prenant soin desauvegarder des réserves suffisantes

pour les générations à venir. Nousdevons tout faire pour ne pas leurléguer n’importe quoi.

Certains permis miniers chevauchentdes aires protégées. Comment est-cepossible?

Lorsque c’est le cas, il est décidéque le périmètre du parc ou de laréserve soit étendu proportionnelle-ment à celui de la zone d’exploitation.La loi donne aussi la possibilité dedéclasser un parc, à condition de clas-ser une autre zone dans les mêmesproportions.Toutes les administrationsconcernées travaillent en étroite col-laboration et nous essayons d’éviter

ces superpositionsenamont.Au nord de Libreville, parexemple, une zone d’exploi-tation de carrières va bientôtêtre interdite car elle jouxteun parc national.

Sur le gisement de fer de Belinga,la China Machinery EngineeringCorporation a pris beaucoup deretard: y aura-t-il un nouvel appeld’offres? Et va-t-on devoir déclas-ser une partie du parc voisin?

Nous déciderons de laconduite à tenir lorsque vien-dra la phase d’exploitation.Elle était prévue pour ledébut de cette année,mais un projet structu-rant d’une telle enver-gure nécessite descapitaux, du savoir-faire et, sachant queles réserves de fersontdeprèsdeunmil-liard de tonnes, il estévident qu’on essaied’harmoniser lesdifférentsaspects ! Nous avonsdéjà un partenairefiable et, même si

beaucoup d’autres s’intéressent à cegisement, pour l’instant, c’est la ChinaMachinery Engineering Corporationqui en est adjudicataire.

Quant à l’impact environnemen-tal, il y a eu un travail technique derecadrage et d’approfondissement,l’État a redimensionné le projet et lesdiscussions se poursuivent avec nospartenaires chinois. Nous attendonsune réévaluation du projet. Bientôt, leschoses vont évoluer et les Gabonaisseront agréablement surpris. ●

Propos recueillis à Libreville par

GEORGES DOUGUELI

Ð Les activités extractives ont forcément un impact environnemental

Ð Certaines concessions sont sur le périmètre de zones protégées

« Un sujet suivi d’extrêmementprès par les élus »

CONFIDENCES DE | Alexandre Barro Chambrier Ministre des Mines, du Pétrole et des Hydrocarbures

Il faut tout faire pour nepas léguer n’importe

quoi aux générations à venir.

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JEUNE AFRIQUE No 2627 • DU 15 AU 21 MAI 2011

À la poursuite du Gabon vert 87

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Étrangedestinqueceluide lavilledeMoanda.Cellequi somnolaità700kmausud-estdeLibrevilleet n’était qu’une bourgade per-

due dans le paysage montagneux duHaut-Ogooué a vu son destin basculerau lendemain de la Seconde Guerremondiale,quandleBureauderecherchesgéologiquesetminières (BRGM)adécou-vert dans ses entrailles un importantgisement àhaute teneur enmanganèse(45 % à 50 %), un minerai classé parmiles meilleurs du monde.

Dès 1962, la Compagnie minière del’Ogooué (Comilog), filiale du groupefrançaisEramet, yexploiteunemineàcielouvert.Depuis,desmilliersde travailleursont afflué vers Moanda, parmi lesquelsd’anciensmineursvenusdelavillevoisinedeMounanaaprès l’arrêt des activitésdela Compagnie des mines d’uranium deFranceville (Comuf, lirep. 90)en1999.Encinquante ans, lapopulationdeMoandaest passée de 500 à 40000 âmes.

Avec son parcours de golf à dix-huittrous, le quartier résidentiel cossu quiabrite ses cadres expatriés, sans oublierl’avion privé de son directeur général,Marcel Abéké, la Comilog rayonne deprospérité. La compagnie, qui a enregis-tréuneproductionde3,2millionsde tonnes de manganèse en2010 (en hausse de 61 % parrapport à 2009), prévoit uneproduction de 3,6 millionsde tonnes en 2011 et de4 millions en 2012. Elle faitd’Eramet l’heureuxdeuxièmeproducteurmondialdecemétaldetransition,principalementutilisépouraugmenter la résistancedesalliages,notamment d’acier et de bronze.

PAYSAGE LUNAIRE. Sur le plateauBangombé, la mine a de faux airs depaysage lunairebalayépardesdraglines,ces impressionnants engins qui pel-lettent l’écorce des vastes étendues de

terrenoirâtre. Leminerai brut est chargédans de non moins impressionnants

camions, puis concasséet convoyé jusqu’à lalaverie. Là, dans unvacarme assourdis-sant, des jets d’eau àtrès haute pression éli-minent les particulesargileuses pour épurerle minerai, avant sontransport vers les airesde stockageou le termi-

nal ferroviaire minéralier.

C’ESTDUPROPRE.Leproblème est que,depuis 1962, l’opérateurminier déverseallègrement les eaux usées de sa laveriedans le lit de la rivièreMoulili. Conscientdesdégâts causéspar ses activitésminiè-res,Erametdécideen2008destoppercesrejetset adopteunsplanderéhabilitationde la rivière, qui prévoit de valoriser lessédiments qui y sont déposés. Mais,en 2009, une partie du projet est gelée.Les travaux nécessaires pourmettre finà l’évacuation des eaux usées dans lecours d’eau ont été terminés en 2010 :selon l’entreprise, la laverie fonctionnedésormais « avec zéro rejet ». Les sédi-ments, eux, devront attendre la relancedu plan, prévue fin 2011…

Dopée par la reprise de la demandemondiale, laComilog a fait construire en2001, pour près de 80 millions d’euros,au bord de la même rivière Moulili, leComplexe industriel deMoanda (CIM),comprenant une nouvelle unité d’en-richissement de manganèse pauvreet une usine de production de man-ganèse aggloméré d’une capacité de600 000 t/an. Plusieurs décennies de

déversements industriels dansles cours d’eaux et dedépôt depoussières chargées d’agentschimiques ont contaminél’environnement.

REQUÊTE.L’affaireprenduneautre tournurequanddesélus

locaux soupçonnent un liendecause à effet entre l’exposition aux

agents chimiques issus de l’exploitationminière et la forte prévalence, au seindela population de la région de Moanda– à commencer par les travailleurs de laComilog–,demaladiescardiovasculaires,d’infections pulmonaires et de cancers.Ce que souligne un rapport relatif auximpacts de l’exploitationminière sur les

INDUSTRIES EXTRACTIVES

La pollution minièremise en accusationÉlu et habitants de la région de Moanda demandent réparationà la Comilog pour l’impact environnemental de ses activités deproduction de manganèse. La filiale d’Eramet affiche ses « réservessur le fondement » de cette plainte collective, la première du pays.

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UITOUS/HUTC

HISON

Ý SUR LE

PLATEAU DU

BANGOMBÉ,d’énormesengins,chargent,concassentet charrientle mineraihors dugisement àciel ouvert.

3,2millionsde tonnes produites en2010 par la compagnie,qui fait d’Eramet le2e producteurmondial demanganèse

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88 Le Plus de J.A.

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populations locales et l’environnementdans le Haut-Ogooué, publié en aoûtdernier par l’ONG Brainforest de MarcOna Essangui (lire p. 77).

Soutenu par un collectif de 350 habi-tants et quatreONG, dont Brainforest, ledéputé Jean-ValentinLeyamaa introduitune requêtedevantun jugedeLibreville.Sonobjectif : faire condamner laComilogàpayer 490milliards de FCFA (747mil-lions d’euros) au titre de dommages etintérêts, notamment pour dégradationde l’environnement et violation desdroits de l’homme, en l’occurrence, despopulations de Moanda et du plateauBangombé.

DOMMAGES. Portée par l’avocategabonaise Paulette Oyane Ondo (lireci-contre), la requête décrit dans lesdétails la pollution attribuée à l’entre-prise minière.

Par l’effet du ruissellement, c’est toutle réseauhydrographique local qui a étéaffecté. À cause des dépôts industriels,la rivière Massa s’est transformée enmarécage. Selondes analyses effectuéespar le laboratoire duministère gabonaisdes Mines, elle présente une teneur enmanganèse estimée à 0,16milligramme

par litre, alors que la norme internatio-naledéfiniepar l’Organisationmondialede la santé (OMS) est de 0,05 mg/l. Saconcentration en fer est aussi anorma-lement élevée.

Les plaignants dénoncent en outre lacontaminationdes sourcesd’eaupotableaumercure, la formationde «nombreuxlacs artificiels résultant du blocage desécoulements par les déblais miniers »,la destruction de la faune et de la florealentour, la fin de la pêche, etc.

L’opérateurminier a émisdes réservessur « le fondement et le sérieux » d’uneaction en justice et souligné que, dansses activités et ses investissements, lesaspects de santé, de sécurité et d’envi-ronnement « sont pris en compte demanière responsable ». L’affaire, qui estla première class action gabonaise, seraexaminée àpartir du 26 juin au tribunalde première instance de Libreville. ●

GEORGES DOUGUELI

Par l’effet du ruissellement,la totalité du réseauhydrographique seraitdésormais affectée.

CERTAINS PRÉDISENT quele combat est perdud’avance. Pas elle, qui croitpouvoir tenir tête au géantEramet. Avocate formée

en France, à l’universitéde Paris-II, PauletteOyane Ondo s’estforgé une réputationde forte tête.

À seulement 45 ans, la parlemen-taire – et déjà ex-ministre déléguéeauprès duministre du Commerce, en2006, et auprès duministre de l’Agri-culture, en 2007 – fait les gros titresdes journaux pour avoir été, avec soncollègueChristopheOwonoNguéma,la seuledéputéeduParti démocratiquegabonais (PDG, au pouvoir) à refuserde voter pour la révision constitution-nelle initiée par le parti d’Ali BongoOndimba en octobre 2010.Traduits enconseil de discipline par le parti pré-sidentiel le 4 janvier dernier, les deuxélus ont écopé d’une suspension quel’énergique juriste ne digère pas.

Cette fille de pasteur au rigorismeprotestant a engagé plusieurs actionsen justice contre les procéduresqu’elle estime abusives dans cetteaffaire. « Il n’est pas question d’ac-cepter tous les archaïsmes sans bron-cher », jure-t-elle.

Elle s’est même payé le luxe, finavril, d’envoyer, par voie d’huissier,au président dugroupeparlementairedu PDG unemise en demeure de luiverser 52,5 millions de F CFA(80 000 euros) au titre des fondsalloués chaque année aux députésde la formation, et qui ne lui ont pasété payés en 2009 et 2010.

Début avril, elle est par ailleursmontée au créneau, avec succès, pourdéfendre les habitants du bidonvillelibrevillois de Sotega, obtenant poureuxun répit, alors qu’ils sontmenacésd’expropriation par un projet immo-bilier soutenu par le gouvernement.Mais face au puissant groupeminier,qui emploie 15000 personnes dansune vingtaine de pays avec, en 2010,un chiffre d’affaires de près de 3,6mil-liards d’euros, la partie s’annonceardue. ● G.D.

Ð La députée et ex-ministre s’est forgé une réputation de forte tête

Ð Elle représente les plaignants face au géant minier

Contre Goliath,David est une femme…

PROFIL | Paulette Oyane Ondo Avocate au barreau du Gabon

TIPHAINESA

INTCRIQ

POURJ.A.

JEUNE AFRIQUE No 2627 • DU 15 AU 21 MAI 2011

À la poursuite du Gabon vert 89

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À Mounana, dans le Haut-Ogooué (Sud-Es t ) , l aCompagnie des minesd’uranium de Franceville

(Comuf ), filiale à 68,4 % du françaisAreva, a exploité des gisements d’ura-nium pendant près de quarante ans,jusqu’à la cessation de ses activités, en1999. Abandonnant 3 000 ex-mineursaux risques sanitaires liés à leur travailau contact du minerai, et laissant leshabitants vivre dans l’angoisse des effetsinduits par les résidus radioactifs sur lasanté et l’environnement. Il aura falludix ans et la ténacité d’associations loca-les, soutenues par diverses ONG, pourque les inquiétudes de cette populationsoient prises en compte.

PSYCHOSERADIOACTIVE.Non-respectdes zones de restriction correspondantauxdifférentssitesde l’usinedémantelée,tauxderadiationrelevésnettementsupé-rieurs à la normale (de 2 à 50 fois) aussibien en plein air que sur les bâtiments(supermarchés, logements), absencede prise en charge du suivimédical par

l’industriel oupar l’État…Après la publi-cation de plusieurs rapports alarmants,la psychose s’est installée.

Celui produit endécembre 2009par laCommissionde recherche et d’informa-tion indépendantes sur la radioactivité(Criirad), une associationfrançaise, révèle desmesu-res radiamétriques, effec-tuées en mai 2009, selonlesquelles certaines citéshébergeant les cadres etles ouvriers de la Comuf auraient étéconstruites avec desmatériaux radioac-tifs. Les auteurs du rapport estiment àplusde2millionsdetonnes laquantitéderésidus radioactifs directementdéversésdans la rivière. La conclusion soulignequedes résidusd’extractionde l’uraniumontcontaminé les solsde la forêt environ-nante et que les déchets radioactifs sonttoujours présents dans l’environnementaccessible à la population.

ACCORD. Mis devant ses responsabi-lités et face à la menace de poursuitesjudiciaires, en septembre dernier, Areva

a réagi et trouvé un accord avec l’Étatgabonais et le Collectif des anciens tra-vailleurs etminiers deComuf-Mounana(Catram). Ce texte a notamment abouti

à la création, en par-tenariat avec lesONGSherpa et Médecinsdu monde, d’obser-vatoires de la santéchargés d’assurer lasurveillancemédicaledes anciensmineurset de la populationlocale.

Pourmettreenplace ledispositif,Arevaa fait établir un relevéde toutes lesmala-dies soignées à l’hôpital de Mounanadepuis les années 1950 : « Nous avonsrecensé les gens qui ont été accueillis,les traitements qui ont été prescrits etce qu’il est advenu de ces patients »,explique ledocteurAlainAcker,directeurmédical d’Areva. Par ailleurs, les équipesdes observatoires ont répertorié tousles anciens mineurs encore en vie, soitplus de 1000 personnes, en indiquantl’exposition à laquelle ils ont été soumiset leur habitat.

« J’étais le 10 avril à Mounana et j’aipu visiter le site de la Comuf, où d’im-portants travaux sont réalisés, constateAlexandre Barro Chambrier, le minis-tre gabonais des Mines, du Pétrole etdes Hydrocarbures. On y construit desdigues pour canaliser et traiter l’eau,on reconstitue les paysages, on a érigédes observatoires de la santé où l’onpratique une surveillance médicale dela population. » Et de conclure : « C’est

vrai qu’on intervient a posteriori et qu’ilauraitmieux valuprévoir pour éviter cesdégâts. Mais l’État assume pleinementses responsabilités. »

Reste à espérer que, dans le contextede relance des investissementsminiers,il fera bon usage de cette expérience etque, au-delà des études d’impact et descahiers des charges sur la réhabilitationdes sites désormais imposés en amontdesprojets, l’État exigeradescompagniescandidates à l’exploitation de l’uraniumsur son territoire qu’elles créent desobservatoires de ce type. ●

GEORGES DOUGUELI

L’APRÈS-URANIUM

Aux bons soins d’ArevaPlus de dix ans après l’arrêt de ses activités dans le sud-estdu pays, la Comuf, filiale du leader mondial du secteur, prendses responsabilités pour assurer le suivi médical de la populationet tenter de réparer les torts causés à l’environnement.

COUMBA

SYLL

A/A

FP

« C’est vrai, il aurait mieux valuprévoir pour éviter ces dégâts. »

A. BARRO CHAMBRIER, ministre des Mines

Ý L’ACCÈS À

L’ANCIENNE USINE

DE LA COMUF

est interditdepuisl’annonce, fin2009, de ladécouverte de« substancestoxiques ».

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E stiméentre70%et83%selon lessources, le tauxgabonaisd’accèsà l’électricité est l’un des plusélevésd’Afriquesubsaharienne.

Mais, en dépit d’une capacité de pro-duction de 374MW, le pays souffre d’undéficiténergétiquequipourrait contrarierses objectifs d’émergence. En effet, lesmesures telles que l’interdiction d’ex-porter le bois en grumes devraient setraduire paruneaugmentationdunom-bre d’unités industrielles gourmandesen énergie électrique. Une hausse de lademande potentiellement probléma-tique. « Le déficit d’électricité pourraitentraver la réalisation du projet Gabonindustriel », craint leministrede l’Énergieet des Ressources hydrauliques, RégisImmongault.Legouvernementestimequelademandedepointepourrait atteindre1039MW en 2020.

Maispasquestionde résorber cedésé-quilibreàn’importequelprix.Lepaysveutrelever son offre d’électricité en tablantsur des sources d’énergies propres.

GRANDS PROJETS EN COURS. Selon leplanétabli, l’hydroélectricité(leGabonestdotéd’unpotentiel de6000MW)devraitreprésenter80%desapprovisionnements.Elleprésentedeuxavantagesmajeurs:defaiblescoûtsd’exploitationetpeud’émis-sions de gaz à effet de serre.

Les travaux de l’un des projets pha-res, le barrage deMitzic (Woleu-Ntem),devraient commencer en juinprochain;la livraisonestprévuecourant 2013. Il estle fruitd’unpartenariatpublic-privéavecl’entreprise Coder. Il devrait augmenterla capacité de production de 42 MW,avec une puissance garantie de 36MW.D’autres projets sont en phase de réali-sation, comme le barrage Impératrice àFougamou (Ngounié). Les travaux n’ontpasencoreétélancés,mais ilsnedevraientpas tarderpuisque legouvernement table

sur une livraison courant 2013. Dans larégionduHaut-Ogooué, la constructionde l’ouvrage de Grand Poubara (dont lecalendrier n’est pas encore déterminé)fournira 160 MW de puissance supplé-mentaire au réseau national.

CONTEXTEDIFFICILE.Entre1987et1997,legouvernementavaitarrêtédeconstruiredesbarrages.Ce retour aux «grandspro-jetsstructurants»s’opèredansuncontextedifficile. Excédé par des interruptionsprolongées et répétées de la distributiond’électricité dans la capitale gabonaise

depuis février2007, legouvernementavaitdécidé, le 4décembre2009,de réviser lesaccords liant l’Étatà laSociétéd’énergieetd’eauduGabon (Seeg), concessionnaireen situationdemonopoledepuis 1997etdont le contrat court jusqu’en 2017. Decette décision avait découlé l’audit de laSeeg, lancé le26avril2010.«Dès ledépart,nousaurionsdûgarderunœil sur leschoixde la Seeg enmatière de sources énergé-tiques », déplore Immongault. La filialede Veolia a massivement investi dans laconstruction ou la location de centralesthermiques au fioul, au gasoil ou au gaz,quiont engendréunrenchérissementducoûtde l’électricitésans juguler lapénurie.« Aujourd’hui à Port-Gentil, la capitaleéconomique, on est sur le fil du rasoir. Ilfaut investir », martèle le ministre.

Privilégiant des sourcesd’énergienonpolluantes, le gouvernement acommandité à une entreprisecanadienne une évaluation dupotentiel éoliendupays. « Il estmalheureusement très faible »,regrette Immongault.Quoiqu’il

ensoit, assure-t-il, lesparcsnatio-naux seront essentiellement équi-

pésde systèmes solaires ouéoliens.Uneexpériencesur labiomasseestégalementenvisagée,àpartirdesdéchetsde l’indus-triedubois.Dans les zones lagunairesdel’Ogooué-Maritime, de l’Ogooué-Ivindoetde laNyanga, tropéloignéesdu réseauinterconnecté,des systèmesphotovoltaï-ques seront installés. ●

GEORGES DOUGUELI

ÉNERGIE

L’émergenceau fil de l’eauLe déficit en électricité entrave ledéveloppement. Pour augmentersa capacité de production,le pays mise sur l’hydraulique.

PH.G

UIGNARD/A

IR-IMAGES

.NET

�LE COMPLEXE

HYDROÉLECTRIQUE DE

POUBARA, près deFranceville, sur lefleuve Ogooué.

Tchad

Niger

Mali

Burkina

Togo

Bénin

Congo

Sénégal

Cameroun

Côte d'Iv.

Gabon

SOUR

CE:DSR

PET

IZF

1

7

14

17

18

23

28

30

46

60

70 à 83

Urbains et peu nombreux,les Gabonais sont bien desservis

(en % de la population ayantaccès à l'électricité)

ToToToTogogogogogogo

BéBéBéBéBéBénininininininnn

Congo

1118888

22222223333333

28

JEUNE AFRIQUE No 2627 • DU 15 AU 21 MAI 2011

À la poursuite du Gabon vert 95

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POUR ACCÉLÉRER l’aménage-ment du territoire, le chef del’État a créé l’an dernier uneAgence nationale des grands

travaux (ANGT). L’originalité est qu’ila décidé d’en confier la gestion, dansun premier temps, à des experts inter-nationaux « qui ont fait leurs preu-ves ». En l’occurrence ceux de Bechtel,l’un des leadersmondiaux enmatièred’ingénierie, de constructionet de gestion de projets.

JEUNEAFRIQUE: Quelles mis-sions vous ont été confiées parl’accord d’assistance que vousavez signé en septembre avecle gouvernement?

JIM DUTTON: Le rôle qu’asouhaité nous donner le chefde l’État est de lui permettre demener à bien sa vision du«Gabonémergent » en assurantl’élaboration et la conduite duplan directeur national d’infras-tructures, de façon à ce que cesdernières se concrétisent etsoient en cohérence avec l’en-gagement du pays pour le déve-loppement durable. Il s’agitd’identifier les priorités en ter-mes d’investissements et dedéveloppement, et de program-mer lesprojets, pour aujourd’huiet pour de très nombreusesannées.

L’autre objectif de notre missionconcerne la structuration de l’ANGT,qui sera chargée de mettre en œuvrele plan national.

Compte tenu de la nature de nostravaux et de l’implication de nosexperts dans la conception et le suivides projets, comme dans l’accompa-gnement des cadres gabonais quiprendront le relais, ce partenariat estappelé à durer.

Quels types de projets et « grandstravaux » préparez-vous?

Dans un premier temps, nous scru-tons, partout, en zone urbaine etpériurbaine principalement, et danstoutes les régions, ce qui existe et cedont le pays a besoin en termes delogements, de services de base, deroutes, de transports publics, d’infras-tructures portuaires, aéroportuaires,

ferroviaires, etc., de façon à élaborerun plan intégré qui prenne en comptetous les paramètres du développe-ment socioéconomique.

Les plus grands projets commen-cent à petite échelle… Nous allons leplus vite possible mais consciencieu-sement, de façon à identifier l’endroitet le moment le plus opportun pourprogrammer tel ou tel projet, et faireen sorte qu’il réponde de manièrepertinente aux besoins à court et à

long terme des habitants, de l’écono-mie et de l’État.

Avez-vousvotremot àdire sur les chan-tiers déjà engagés?

C’est le cas des infrastructures spor-tives et d’accueil de la Coupe d’Afriquedes nations (CAN) 2012. Les chantierssont avancés,mais nous y contribuonsdésormais, surtout concernant l’amé-

lioration des dispositifs de sécu-rité dans les stades et l’utilisationqui sera faite des équipementsune fois la CAN passée.

Vos équipes développementdurable et environnement sontsollicitées dans lemonde entier.Quels sont les défis spécifiquesà relever au Gabon?

Compte tenu de son patri-moine naturel et de sonengagement en matière d’en-vironnement – et sachant quec’est là notre cœur de métier –,il est évident que notre activitéau Gabon mobilise et motiveparticulièrement nos collabora-teurs. Quant à savoir si l’on peutaménager et développerunpayssansmodifier l’environnement…AuGabon comme ailleurs, lors-que l’on construit une route, celaimplique forcément que, pen-dant un temps, il va y avoir des

engins, du bruit, bref, du chantier. Etéventuellement que l’on va devoirdéplacer et reloger des riverains. C’esten intégrant la concertation, le respectdes impératifs de durabilité et les plushautes exigences de qualité très enamont des projets que l’on parvientà sortir le meilleur projet pour leshabitants, les élus locaux et l’État,en dérangeant le moins possiblel’environnement. ●

Propos recueillis par CÉCILE MANCIAUX

Ð Le chef de l’État a confié la gestion du plan directeur national d’infrastructures à des experts américains

Ð Leur spécialité : les projets complexes et le développement durable

« Les grands travauxcommencent à petite échelle »

D.R.

CONFIDENCES DE | JIM DUTTON Responsable pays et directeur de programme de Bechtel Gabon

Logements, routes,ports… pour le moment,

nous scrutons tout ce qui existe.

No 2627 • DU 15 AU 21 MAI 2011 JEUNE AFRIQUE

96 Le Plus de J.A.

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C’ est une course contre lamontre queLibreville s’in-terdit de perdre. En dépitdes inquiétudes liées au

retard enregistré dans les préparatifs dela compétition, le Gabon devra être finprêt en janvier 2012 pour accueillir la28e édition de la Coupe d’Afrique desnations(CAN)defootball,qu’ilcoorganiseavec laGuinéeéquatoriale.Si ledéfiestdelivrer les infrastructures à temps, il s’agitaussi de lesmettre en cohérence avec lapolitique de développement durable.

Le cœur du pays bat à la cadence deschantiers. Les plus importants concer-nent le stadede l’Amitié-sino-gabonaise

d’Angondjéet le stadeomnisportsOmar-Bongo, à Libreville, qui devrait abriterla finale de la compétition. Deux hôtelspavillonnaires de cinquante chambreschacun sont également en cours deréalisation, ainsi que des échangeurs,qui permettront de décongestionner lacirculation dans la capitale.

Dans leHaut-Ogooué (Sud-Est), outrelaconstructiondustadede laRénovationàFranceville, dustaded’entraînementdeMoandaetduvillagesportifdeBongoville,les autorités ont décidé d’accélérer l’im-plantation de transports en commun.De son côté, la Société d’exploitationduTransgabonais (Setrag) a annoncédébut

mai qu’elle allait investir 20milliards deFCFA(prèsde30,5millionsd’euros)dansl’achatde six locomotives et dedix ramesde voyageurs.

SALUBRITÉ. L’objectif est aussi d’offrirun environnement salubre aux délé-gations étrangères qui fouleront le solgabonais. Construite par l’électricienisraélien Telemenia à Alénakiri, dans lacommuned’Owendo,ausuddeLibreville,unecentrale thermiqued’unecapacitéde35MWestprêteàproduireune «énergiepropre» (généréepardeuxmoteurs fonc-tionnant au gaz naturel) pour alimenterles nouveaux quartiers de la capitaleet la future Zone économique spécialede Nkok (lire pp. 80-81). Une secondephase est d’ores et déjà envisagée, quiportera la puissance installée de la cen-trale à 70 MW. Et permettra d’attendrela construction denouveaux complexeshydroélectriques.

L’État a également consacréuneenve-loppede 800millionsdeFCFAau finan-cementd’uneopérationd’assainissementurbain dans la capitale. Le curage descaniveaux a déjà commencé, de mêmeque le nettoyage des drains et l’élimi-nation desmauvaises herbes. Lamairiede Libreville a reçu 94millions de FCFApour financer l’enlèvement des épavesde voitures, ainsi que la capture ou l’éli-mination des animaux errants.

Sur les seize équipesqui participerontà la CAN 2012, huit seront accueilliespar la Guinée équatoriale et huit par leGabon. Ces dernières seront répartiesdans les deux villes d’accueil du pays,Libreville et Franceville, tout comme lesmilliers de supporteurs : 80000 person-nes sont attendues. Un autre défi serade limiter l’impact environnemental decette affluence. ● GEORGES DOUGUELI

FOOTBALL

À pas comptés vers la CANÀ huit mois de la 28e Coupe d’Afrique des nations, le pays s’activepour livrer les chantiers dans les délais. Et faire place nette.

TIPHAINESA

INTCRIQ

POURJ.A.

� LE STADE DE L’AMITIÉ-SINO-GABONAISE, à Angondjé, près de Libreville.

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À la poursuite du Gabon vert 97

Page 37: JA 2627 DU 15 AU 21 MAI 2011 uniquement le Gabon

É lue maire d’Oyem (Woleu-Ntem, nord du pays) en 2008,quatrième ville du Gabon parsapopulation(60000habitants),

cette professeure de lycée de 57 ans est,avecJeanneMbagou,àOwendo(Estuaire),et Chantal Myboto, à Mounana (Haut-Ogooué), l’une des trois femmes mairesduGabon.«Nousavons l’undessystèmesd’assainissement les plus efficaces dupays», se féliciteRoseAllogoMengara,quiaplacé ledéveloppementdes infrastruc-tures de base au cœur de ses priorités.

SERVICES.Depuis 2006,Oyem, situéà lajonctiondes frontièresduCamerounetdelaGuinéeéquatoriale,est jumeléeà lavillefrançaise de Clermont-Ferrand. Dans lecadredecettecoopérationdécentralisée,la commune auvergnate a offert quatrebennesde ramassagedesorduresména-gères. Le plus difficile, à en croire RoseAllogoMengara, « c’est de sensibiliser et

éduquer lescitoyensaurespectdes règlesd’hygiène ». Elle envisage désormais lacréation d’une décharge loin du centreurbain,qui soit aménagéede façonàévi-ter tout risque de pollution de la nappephréatique.

Grâceà sacoopérationavecClermont-Ferrand, lacommuneaéga-lement pu construire desbornes-fontaines pour despopulations qui n’ont pasaccès à l’eau courante.

Présidentede l’ONGAgirpour ledéveloppement,qui incitenotam-ment les populations à s’organiser encoopérativespour investir dans l’agricul-ture,Mme lemaire est aussi agricultrice.Peuaprès sonélection, en2008, elle jouede son carnet d’adresses et parvient àinviter, pour un mois, des étudiants del’Écolenationaled’ingénieursdes travauxagricole de Clermont-Ferrand (Enitac),très enthousiastes à l’idée de venir sur

le continent échanger sur les nouvellestechniques de rendement et de délimi-tation des parcelles.

PETITS MOYENS.Pourtant, RoseAllogoMengara travaille avec des moyens trèslimités. À son arrivée, le budget annuelde la commune s’élevait à 225 millionsde F CFA (343000 euros). Trop peu pourrelever le défi de l’aménagement d’unmeilleur espace collectif dans sa ville.

Denouvelles taxesontétécréées,mêmesi « le recouvrement reste difficile », et,cette année, l’enveloppe a été portée à352millionsdeFCFA.«Cequi reste insuf-fisant pour améliorer de façon notableles services de base et le quotidien denos administrés, explique-t-elle. Il nousfaudraitunbudgetd’aumoins1milliarddeFCFA.»Lebudgetd’Oyemn’aeneffet rienàvoiravecceluideLibreville (19milliardsdeFCFA),dePort-Gentil (11milliards) etd’Owendo (1,3milliard).

Malgré cehandicapqu’elle espère sur-monter au cours de son mandat, RoseAllogo Mengara rêve à d’autres projets :créerune rocadepourcontourner la villeet, surtout,profiterde lapositiongéostra-tégiqued’Oyempourmettreenplaceunezone franche industrielle.

RÉSOLUE.Onpeut lui faireconfiancepourparvenirà ses fins.Anciennesyndicaliste,ex-députée suppléante et ex-conseillèretechnique du ministre de l’Agriculture,elle s’est présentéeauxmunicipales sousla bannière du Rassemblement pour leGabon (RPG) de Paul Mba Abessole, unparti associéauPartidémocratiquegabo-nais (PDG, au pouvoir), et a dû batailler

contre les préjugés sexistes pour être lacandidate du RPG àOyem.

Plutôtqued’accepterdevoirunefemmeauxcommandes,sonconcurrentapréféréquitter leparti.RoseAllogoMengararem-porte le scrutin, mais il est annulé par laCourconstitutionnelle.Ellegagnerahautla main lors des municipales partiellesqui s’ensuivront, arrivant en tête dans27 bureaux sur 28. ● GEORGES DOUGUELI

DÉVELOPPEMENT LOCAL

Oyem, la capitale du Nord, s’assainitDepuis son élection à la tête de la quatrième ville du pays, Rose AllogoMengara a fait du développement des services de base sa priorité.

VINCEN

TFO

URNIER/J.A

.

� MME LE MAIRE a besoin d’un budget de 1,5 million d’eurospour améliorer de façon notable la vie des Oyémois.

Pour ne pas voir une femmeaux commandes, son concurrentà la candidature a quitté le parti.

No 2627 • DU 15 AU 21 MAI 2011 JEUNE AFRIQUE

Le Plus de J.A.98

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A ucœurdesdébats duForuminternational sur les peuplesautochtones d’Afrique cen-trale(Fipac)organiséenmars

à Impfondo, au Congo-Brazzaville : lasituationdecescommunautéset leur rôledans laprotectionde l’environnement,deplus en plus menacés. Les experts sontarrivés au même constat amer que lesautochtones : cesderniers sontmargina-lisés, dans tous les pays où ils vivent.

Qu’ils soient Babongos, Barimbas,Baghamas, Bakouyis, Akoas, Bakoyas,Bakas, les Pygmées sont présents surl’ensemble du territoire gabonais. Selonl’Association pour le développementde la communauté pygmée du Gabon,ils seraient environ 18000, alors qu’unrecensement publié cette année à lademande du patron des parcs natio-naux,LeeWhite (lirepp.102-103), évoque7000 individus.

D’aprèsPaulinKialo,directeurde l’Ob-servatoire sur les dynamiques socia-les à Libreville et chercheur à l’Institutde recherches en sciences humaines(IRSH), rattachéauCentrenational de larecherche scientifique et technologique(Cenarest), « la situation des autoch-tones est préoccupante ». Absence de

documents d’état civil, manque d’accèsaux centres de santé, à l’éducation…Certains Pygmées sédentarisés sontscolarisés, quelques-uns vont jusqu’enterminale, mais le taux d’échec scolairedemeure trèsélevé, constatePaulinKialo.Très peu d’entre eux vivent en milieuurbain, et laplupartdeceuxquiont sautéle pas résident à Libreville, la seule villeoù ils ne sont pas stigmatisés.

Sur le plan économique, la situationdesautochtonesest loind’êtreplus relui-

sante. Ils continuentde travaillerpourdesBantus (activités de chasse, de débrous-saillage, de portage), qui continuent deles payer en nature, avec des boissonsalcoolisées de mauvaise qualité ou desvêtements usagés.

Les rapports entre les autochtonespygmées et les autres Gabonais sontambivalents. « Ils sont valorisés quandon a besoin de leurs services, notam-ment dans le domaine de la médecinetraditionnelle ou de l’occultisme, mais,

auquotidien, ils sontmoqués,matraquésaussi bien physiquement que psycho-logiquement », explique Paulin Kialo.Beaucoup sombrent dans l’alcoolisme.Et on ne leur accorde pas plus de créditni de prérogatives en ce qui concerne laprotection de la nature en général et dela forêt en particulier.

MARGINALISÉS.Unparadoxe,car il s’agitde leur habitat naturel, avec lequel ilssont réputés entretenir un rapport derespect et sur lequel ils possèdent unsavoir incontesté.Maisendépitdesdirec-tivesde laBanquemondiale, qui, depuis2005, finance le Projet sectoriel forêt etenvironnement (PSFE), aucun rôle en

lamatièrene leur est reconnuofficiellement,qu’il s’agissedel’exploitation forestièreoudesparcs nationaux.

PaulinKialo résumeainsi lasituation : « Les autochtones

subissentdeuxsortesdemarginalisation.Celle de l’État, à travers l’attribution despermis forestiers tous azimuts, et celledes Bantus, qui ne leur reconnaissentpas de droits sur les terres. » Lorsque lesexploitants forestiers lesemploient, ils leurversentdes salairesdérisoires. LeGabonn’aeneffettoujourspassignélaconvention169 de l’Organisation internationale dutravail (OIT)relativeauxdroitsdespeuplestribaux, qui date pourtant de 1989. ●

TSHITENGE LUBABU M.K.

MINORITÉS

Pygmées bluesGrâce à leur savoir et à leurs traditions séculaires, les peuplesautochtones sont les mieux armés pour protéger les écosystèmesdu bassin du Congo. Encore faut-il leur en donner l’opportunité.

Étrangement, on ne leur confèreni rôle officiel ni prérogative enmatière de protection de la forêt.

�AUTOCHTONES BAKAS DANS LEUR CAMP

D’ORPAILLAGE, dans le parc deMinkébé (nord-est du pays).

MICHEL

GUNTH

ER/B

IOSP

HOTO

JEUNE AFRIQUE No 2627 • DU 15 AU 21 MAI 2011

99

Page 39: JA 2627 DU 15 AU 21 MAI 2011 uniquement le Gabon

modernisationde plus de 2.000 kmde routes

installation d’un réseaunational hydroélectriquede 1.200 Méga-Watts

construction de plus de 300 kmde lignes ferroviaires nouvelleset la réhabilitation de près de700 km de voies ferrées

Terre de possibilités.Le Gabon

Page 40: JA 2627 DU 15 AU 21 MAI 2011 uniquement le Gabon

Riche en ressources.Prêts à travailler.

Vous êtes investisseur, entrepreneur ou hommed’affaires : le Gabon et l’ANGT vous invitentà nous aider dans l’œuvre de construction et deréhabilitation de notre pays.

Qui sommes-nous ?L’ANGT - Agence Nationale des Grands Travaux - est une nouvelleagence gouvernementale qui fournit des services de gestion pourles grands travaux d’infrastructure. Nous mobilisons l’expérience etl’expertise internationale afin d’atteindre et de maintenir des normesde classe mondiale sur tous nos projets. Nous construisons etreconstruction le Gabon aux plus hautes normes de sécurité,de qualité et de durabilité. Contact : [email protected].

ANGT-Gabon-et vous.Mieux travailler ensemble.

Page 41: JA 2627 DU 15 AU 21 MAI 2011 uniquement le Gabon

De quel bois est donc fait LeeWhite ? Depuis qu’il a éténommé, en octobre 2009, à latête de l’Agence nationale des

parcs nationaux (ANPN), le chercheurassociéde l’Institut de rechercheenéco-logie tropicale (Iret)duGabonestdevenula cible préféréed’unepartie de l’establi-shment. Il n’en a cure, mais sait que lesvilenies dont ses détracteurs l’accablentsont légion. On voit en lui le gourou quia inoculé le virus de l’environnement àBongo père et, plus tard, à son fils Ali.On lui reproche d’avoir fait de faussespromesses sur le marché du carbone etses mécanismes compensatoires (lire

encadré).Onluiattribueuneguérillalarvéecontre lesministèresenchargedesForêtsetdel’Écologie:« Il refusedetravaillersousla tutellede l’undecesdeuxministères »,déploreunanciencadrede l’ANPN,souli-gnantque,pour l’heure, l’Agencedépendde la seule présidence de la République.Érigéeenquerelled’egopar lesuns, cetteliaison directe avec le Palais du bord demerne tientpourd’autresqu’au tropismeécologiste du chef de l’État.

INITIÉ?Certains reprochentàLeeWhited’avoir été nommé àdehautes fonctionsalors qu’« il n’est pas d’ici », la rumeurvoulantaussiqu’il soitaméricain.Cequi le

fait rire.Britanniquedepuis sanaissance,il ya45ans, il est aussi gabonaisdepuis sanaturalisation, en 2008. L’une des ques-tionsqui lui est leplus souventposéeest :« Êtes-vous initié? » (sous-entendu: auxrituels de la religion traditionnelle duBwiti). Quand on l’interroge à ce sujet, ilfinit parmettreenavant, d’unepirouette,sa légitimité fondée sur vingt-cinq ansd’expérience: « Je suis initiéà la forêt afri-caine. J’ai regardé le gorille àdos argentédans les yeux, à 30 cm; l’éléphant fâchéà 1 m. J’ai des jumelles qui m’aident àvoir de loin. Et, non, je ne suis pas initiéau Bwiti. »

Le regard plein de malice, il confirmeêtrenéàManchester, dans lenord-ouestde l’Angleterre. Il n’y a vécuquependanttrois ans. Le temps pour son scientifiquedepèredes’envolerpour l’Ougandad’IdiAmin Dada, où la famille s’installe pourplusieursannées.RetourauRoyaume-Unipour l’entrée au collège, puis, en 1984, àla fin de son premier cycle à l’UniversitédeLondres, LeeWhitepartpour laSierraLeone,où ilprendsonpremierposted’as-sistantderecherche,enpréparantsamaî-trise en zoologie. Quelques années plustard, il s’engageen tantqueconservateurau fin fondd’uneréservedusud-ouestduNigeria, près de Benin City.

D’ÉDIMBOURG À LA LOPÉ. En jan-vier 1989, le jeune chercheur, qui pré-pare son doctorat, pose « par hasard »ses bagages au Gabon. C’est le tournantde savie. Jusqu’enaoût 1991, il étudie leseffets de l’exploitation forestière sur lafaune et la flore de la réserve de la Lopé-Okanga, avant de regagner l’universitéd’Édimbourg,où ilpassesathèse.Diplôméen 1992, il convainc l’ONG américaineWildlifeConservationSociety (WCS),quiavait financéses travaux–etdont il sera lereprésentant localpendantseizeans–, deluiconfierunpostedescientifiqueassociépour la conservationafinqu’il poursuiveses recherchesà laLopé.Cetteaireproté-gée de quelque 5000 km2, en plein cœurdu pays, abrite une station de recherchequi suit les impacts des changementsclimatiques sur les écosystèmes, ainsique la dynamique d’accumulation et deperte des stocks de carbone.

LeeWhiteprenddoncsesquartiers,avecsa femme, pour cinq ans à la Lopé.Deuxde ses trois enfants vont y naître. Il n’estpaspeufierd’avoirvécusurunsite témoindeschangementsclimatiques:«C’étaitunrêvedegamin. J’avais leplusbeauboulot

PORTRAIT

LeeWhiteChercheur blanc, cœur vertS’il garde son humour et son flegme tout britanniques,le secrétaire exécutif de l’Agence nationale des parcs nationauxa déjà passé la moitié de sa vie au service de la forêt tropicale.

ROBER

TJ.ROSS

Æ Depuis qu’il y aposé ses bagagesen 1989, il n’a plusquitté le pays. Il sedéfinit comme « UN

OKANGAIS, UNGABONAIS DE LA LOPÉ ».

No 2627 • DU 15 AU 21 MAI 2011 JEUNE AFRIQUE

102

Page 42: JA 2627 DU 15 AU 21 MAI 2011 uniquement le Gabon

D.R.

« J’ai regardé le gorille à dosargenté dans les yeux à 30 cmet l’éléphant fâché à 1 m. »

dumonde.Quantàmesenfants, je lesvoisencorecourirderrièredeséléphantsdanscesitevieuxdeplusieursmillénaires,classéau Patrimoine mondial de l’Unesco… »,se remémore-t-il, ému.

En 1997, il est nommé à la directiongénérale deWCSGabon et à la tête d’unprogramme régional (Gabon, Congo,Cameroun, RD Congo, Guinée équa-toriale, Nigeria) pour les inventaireset la formation. Sa principale charge :solliciter et gérer les financements desbailleurs internationaux.Missionaccom-plie puisque sous sa direction, en dixans, le Gabon est devenu le plus grosprogramme de WCS dans le monde,avec 150 à 200 salariés et des dotationsannuelles d’environ4millionsdedollars(2,7 millions d’euros).

Parallèlement, àpartir de 2002, annéede la création des parcs nationaux parOmarBongoOndimba,LeeWhitedevientconseiller au cabinet de la présidencede la République sur les questions liéesaux changements climatiques, auxparcsnationaux et à l’écotourisme. Il quitte

d’ailleurs le WCS en 2008 afin, dit-il, depouvoir se focaliser sur ces questions. Ilacquiert lanationalitégabonaiseet rejointle cabinet de Georgette Koko, vice-Pre-mierministre en charge de l’Environne-ment, où il retrouveÉtienneMassard (lirepp.69-70), alorsdirecteurgénéralde l’En-vironnement, promu depuis conseillerspéciald’AliBongoOndimbapour leplanclimat et égalementprésidentduconseild’administration de l’ANPN.

Tout n’est pas rose pour autant dansl’univers du Dr White, qui ne décolèrepasde la tournureprisepar lemarchéducarbone. Suivant le principeprévupar leprotocole deKyoto (la possibilité offerteauxpaysdéveloppésdecompenser leursémissions en finançant des réductionsdans les pays endéveloppement), avantlacréationdesparcsnationauxet la tenue

du sommet de la Terre de Johannesburgen2002, le gouvernement gabonais avaitannulé des dizaines de permis d’exploi-tation forestière. Un effort qui a permisde stopper 10 % des émissions de gazcarbonique que la déforestation auraitfait subir à la planète chaque année,soit 1million de tonnes deCO

2. Depuis,

aucune compensation financière n’estvenue.

DÉSILLUSIONS. « Les pays développésfontdespromessesde financementqu’ilsne tiennent pas.ÀOslo, enmai 2010, ilsont annoncéqu’ils allaientporteràenvi-ron4milliardsdedollars lesaidespour lalutte contre la déforestationd’ici à 2012,soit 500 millions de dollars de plus quelemontant promis àCopenhague. On amêmeparlé d’un fonds qui irait jusqu’à100millionsdedollarsparan…Mais rienne s’est passé. » Et le Gabon attend tou-joursun retourpour sonactionen faveurde l’équilibre de la planète. « Je pensemalheureusementquecela faitpartiedesillusions qu’on vend à nos dirigeants »,soupire Marc Ona Essangui, présidentde l’ONG Brainforest (lire p. 77). Pourlui, le marché du carbone « n’est qu’unmécanisme expérimental dont aucunpays n’a encore reçu les dividendes ».

Le Dr White ne se décourage pas. S’iltravaille désormais dansles bureaux climatisés del’ANPN et part moins sou-vent en forêt à travers lesparcs, c’est pour mieuxfinancer leur protection…

Avec un budget passé de 524 millionsde F CFA en 2009 à 4milliards de F CFAen 2011 (de 800000 euros à 6 millionsd’euros), il jouit de la confiance dupou-voir et excelle toujours à mobiliser lesconcoursdesespartenaires,enparticulieranglo-saxons. L’écogarde en chef Whiteveille au grain. ●

GEORGES DOUGUELI

ENTANT QUE SCIENTIFIQUE en chef pour lesnégociations menées par le Gabon dans le cadre de laConvention-Cadre des Nations unies sur le changementclimatique, LeeWhite a accompagné Ali Bongo Ondimbaau sommet de Copenhague de décembre 2009. Il asurtout participé aux négociations sur le mécanisme deRéduction des émissions liées à la déforestation et à ladégradation des forêts (REDD+), qui vise à apporter unecompensation aux pays en développement agissant ence sens. Selon la cartographie des stocks de carbone

établie par l’Institut de recherche en écologie tropicale(Iret) de Libreville en partenariat avec des équipesbritanniques et américaines, chaque hectare de la forêtgabonaise retient 2 tonnes de CO2 par an. Compte tenude la proposition faite en 2010 de fixer le prix de la tonnede CO2 à 17 euros, ses 22 millions d’hectares de forêtpourraient donc rapporter au Gabon près de 750 millionsd’euros. Soit environ le quart de son budget annuel.Est-ce réaliste, est-ce « soutenable »? Pour le moment,aucun fonds ne s’est matérialisé. ● C.M.

UNE BANQUE DE CO2 SANS DIVIDENDES

� LE ZOOLOGISTE et l’un de ses trois enfants, « au bureau ».

JEUNE AFRIQUE No 2627 • DU 15 AU 21 MAI 2011

À la poursuite du Gabon vert 103

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«Notre infrastructure de transport doit être mise à ni-

veau afin que le Gabon puisse se positionner comme

un “hub” régional de référence. » L’objectif fixé par

le président Ali BONGO ONDIMBA pour les routes, aéroports et

voies ferrées s’applique évidemment à l’OPRAG (Office des ports

et rades du Gabon), entité publique chargée du développement

des grands ports commerciaux. Un enjeu de taille, compte tenu

de l’importance des activités portuaires (90% des échanges éco-

nomiques du pays). L’équipe mise en place par Rigobert IKAM-

BOUAYAT NDEKA, Directeur général, est parfaitement consciente

qu’elle inscrit son action dans la stratégie nationale de hisser le

Gabon au rang des pays émergents.

La visionstratégiquede l’OPRAG

En charge des activités portuaires du Gabon, quireprésentent 90%des échanges, l’Office des portset rades du Gabon occupe une position stratégiquedans la nouvelle politique économique du pays.

Afin de mieux répondre à la demande, le quai du port d’Owendo sera allongé de 300 mètres.L’extension des capacités de stockage estune priorité à Owendo et à Port-Gentil.

OPRAGOffice des ports et rades

du GabonB.P. 1051 – Libreville

(Gabon)Tél. : +241 70 17 98

www.ports-gabon.com

Page 44: JA 2627 DU 15 AU 21 MAI 2011 uniquement le Gabon

Sur la voie de l’émergenceEn charge, notamment, des ports d’Owendo, près de Libreville, et dePort-Gentil, capitale économique du pays, l’OPRAG a élaboré dès lafin de 2009 une vision stratégique en cinq axes :

n renforcer le rôle de l’État en matière de gestion portuaire,

n répondre aux exigences du commerce maritime international,

n mettre à la disposition des opérateurs économiques des ports modernes,compétitifs et en parfaite conformité avec les exigences environnementales,

n maintenir et développer les infrastructures en vue d’offrir aux usagers unenvironnement propice au développement des affaires,

n développer un esprit d’équipe fondé sur la compétence, l’excellence, laperformance, la créativité et la responsabilité.

Des projets prioritairesDès la mise en œuvre du plan stratégique, un vaste programme detravaux a été lancé. À moyen-terme, seront réalisés :

n l’extension du port de Libreville-Owendo par la construction de nou-veaux quais,

n la construction à Owendo d’une capitainerie moderne dotée d’informa-tique moderne pour la gestion du trafic,

n l’accroissement de la capacité de stockage par la construction de han-gars, de terre-pleins et de zones logistiques à Owendo et Port-Gentil,

n la modernisation et la construction d’un quai au port-môle de Port-Gentil.

L’allongement de 300 mètres des quais d’Owendo (450 mètres aujourd’hui),permettra au port d’être aux standards maritimes internationaux en 2013.Dès cette année, l’OPRAG a pris une mesure pour accélérer le chargementet le déchargement des navires : l’entrée en service de deux grues mobilesd’une capacité de levage de 100 tonnes chacune.

À plus long terme, sont prévus :

n la construction de quais destinés au transport maritime urbain à Libreville,

n l’aménagement d’une marina au port-môle de Libreville,

n l’implantation et l’équipement d’un port à Mayumba, à l’extrémité suddu pays,

n la construction d’une capitainerie moderne à Port-Gentil.

Partenariat internationalPour être dans les meilleures conditions de réussir son pari, l’OPRAG asigné un accord de coopération avec son homologue singapourien JurongPort, qui gère l’un des plus importants ports du monde avec ceux de Shan-ghai (Chine) et de Rotterdam (Pays Bas). Un partenariat fondamental pourl’OPRAG et pour sa stratégie de renforcement des capacités des ports duGabon et de leur positionnement dans la sous-région et en Afrique.

Face à l’accroissement du trafic, deux gruesmobiles entreront en service cette année.

La vision stratégique de l’OPRAG

OPRAGOffice des ports et rades

du GabonB.P. 1051 – Libreville

(Gabon)Tél. : +241 70 17 98

www.ports-gabon.com

Com

mun

iqué

Page 45: JA 2627 DU 15 AU 21 MAI 2011 uniquement le Gabon

Partir en randonnée pour pisterles chimpanzés (64 000 indi-vidus), les gorilles (35 000) etles éléphants de forêt (85000).

S’amuser des cercopithèques (petitssinges) à la tête bariolée, des potamo-chères (cochons sauvages) et des sita-tungas (antilopes). Pêcher sportivementle barracuda au large de lalaguned’Iguela.Taquiner lacrevette dans la mangroveduparc dePongara (Nord-Ouest).Se lancerenpirogueà la découverte des tortuesluth, compter leshippopotames, admirerles sauts périlleux des dauphins à bosseet la chorégraphie des baleines rorqual.S’extasier devant des arbres hauts de70mètres et dater les essencesde la forêtde 10000 ans d’âge du parc de la Lopé(Ogooué-Ivindo), le tout bercé par le

chant des crapauds, à la faveur de quel-ques plantes hallucinogènes et arbres àfièvre…Lanature a été généreuse avec leGabon.Mais,pour lemoment, l’or vertnefait pas recette auprès des touristes.

Ici, pas question d’un Kenya bis, oùles vacanciers déferlent à longueurd’année. L’aventure reste réservée à

moins de 1 500 éco-explorateurs paran. Confidentialité volontaire ? Oucontrainte?

Encréant les treizeparcsnationauxen2002,sanctuarisantainsi11%duterritoirenational,OmarBongoOndimbadéclaraitque le Gabon serait « La Mecque de la

nature » et posait les jalons du tourismedurable.Dixansplustard, lesrésultatssontmitigés, mais, désormais, l’État comptemettre lesmoyenspourque l’écotourismedevienne rapidement un moteur de lastratégie de développement durable.

FRILOSITÉ.Sur les 15000entréesde visi-teurs enregistrées par an depuis 2007,moinsde10%concernent l’écotourisme.«Nous n’accueillons chaque année que1 000 à 1 500 personnes qui viennentavec pour seul but de visiter les parcs »,regrette Lee White (lire pp. 102-103),patron de l’Agence nationale des parcsnationaux (ANPN).

La faute à l’absence d’infrastructuresd’accueil (lodges, camps, refuges) et aumanqued’accessibilité (voiesdecommu-nicationpeufiables).Depuis l’annoncedeleurcréation,en2002, jusqu’à la formationde l’ANPN, en 2007, les parcs nationauxn’ont pas bénéficié des investissementsnécessairesaudéveloppementdel’activitétouristique,qu’ils soientpublicsouprivés.«Les investisseurs admirent le potentiel,mais hésitent à s’engager », constate uncadre duministère du Tourisme.

Une frilosité qui s’explique en partiepar leur profil. La plupart de ces inves-tisseurs sont anglo-saxons, originairesd’Afrique australe ou d’Afrique de l’Est ;ils sont habitués à travailler dans des

ÉCOTOURISME

La Mecque de la natureen quête de pèlerinsLe pays veut devenir la destination phare des vacanciers soucieuxde l’environnement. Pour que son trésor chlorophyllienet sa biodiversité fassent recette, encore faut-il que les opérateurssoient au rendez-vous.

ROBER

TJ.ROSS

/PET

ERARNOLD

/BIO

SPHÈR

E

Chaque année, seulement 1000à 1500 personnes viennent avecl’unique but de visiter les parcs.

Ý PROMENADE AU

COUCHER DU SOLEIL,une heure propiceà l’observationdes animaux.

No 2627 • DU 15 AU 21 MAI 2011 JEUNE AFRIQUE

106 Le Plus de J.A.

Page 46: JA 2627 DU 15 AU 21 MAI 2011 uniquement le Gabon

DAVIDESC

AGLIOLA

/ANA

DAVIDESC

AGLIOLA

/ANA

zones de savane et craignent les aléasde la forêt équatoriale, un écosystèmequi leur est étranger. Pour lesopérateurs,s’installer auGabon imposede repenserleurmodèle pour l’adapter, notamment,aux intempéries du bassin du Congo età une nature plus hostile.

UNE AFFAIRE D’ÉTAT. L’ANPN, si elleveut séduire les profession-nels de l’écotourisme, doitimpérativement maîtriserses parcs. «Comment lesinvestisseurspourraient-ils venir s’ils découvrentque nos écogardes fontdu stop pour se dépla-cer ? » note Lee White.Les gardes forestiers man-quent de moyens ; pourtant,leur tâche est ardue. En 2010, ilsontdémantelédouzeexploitations fores-tières clandestines et une trentaine debraconniersprofessionnelsontétéarrêtéset écroués…Lacréation, enavril dernier,d’uneunitémilitaire spéciale (lire p. 109)va permettre de faire un grand pas enavant dans la sécurisation des parcs.

Les opérateurs anglo-saxons pointentplusieurs freins au développement del’activité,dont lesbarrières linguistiquesetculturelles–notammentlaconsommationdeviandedebrousse,quichoque leséco-touristes–, leprixélevédesbilletsd’avion,ladifficultéàobtenirdesvisastouristiques,l’accueil dans les aéroports et les hôtelsdu pays qui devrait être amélioré, le

manqued’accessibilitédessites…Ils attendent par ailleurs desautorités un assouplisse-ment de la législation dutravail, visantparticulière-ment le fameux contrat àdurée indéterminé(CDI),jugé peu incitatif.D’autresobstacles,struc-

turels, entravent la progres-sionde l’écotourisme, comme

lemontre la cessationdesactivitésdu principal opérateur du pays dans cedomaine (lire p. 108).

NOUVEAUX PARTENAIRES. Installédepuis dix ans dans le parc de Loango,Africa’s Eden SA s’est retiré en septem-bre dernier à la suite d’un différend

15000touristes par anactuellement

et un objectif de

150000par an

à l’horizon 2020.

Ð LA LAGUNE D’IGUELA,au nord de laréserve dePetit-Loango.

� LE GORILLE D’AFRIQUE CENTRALE

fait partie des espèces protégées« en danger critique d’extinction ».

● ● ●

JEUNE AFRIQUE No 2627 • DU 15 AU 21 MAI 2011

À la poursuite du Gabon vert 107

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opposant sa filiale, SCDAviation, auxautorités de l’aviation civile gabonaise.«Nous sommes sur lepoint de signerdesaccords avec trois investisseurs impor-tants, dédramatise-t-on à l’ANPN. Enjuin prochain, au plus tard, va com-mencer la construction de dix lodgeshaut de gamme, qui vont nous aider àlancer la destination Gabon », chacunde ces hébergements étant appelé àgénérer entre 100 et 200 emplois, selonles prévisions.

En janvier, la société sud-africaineSustainableForestryManagementAfrica(SFM Africa) s’est en effet associée augouvernement gabonais pour la réali-sation d’un projet de développementdurable axé sur une meilleure gestiondu patrimoine forestier et sur la créa-tion d’infrastructures touristiques,notamment dans la régiondeMayumba(Sud). Le projet prévoit la construc-tion de lodges de luxe dans plusieursparcs nationaux, en coordination avecl’ANPNet les administrationsgabonaisescompétentes. ●

GEORGES DOUGUELI

A frica’s Eden à Loango, c’estfini. Depuis septembre der-nier, le principal opérateurdu

secteur au Gabon a abandonné sesactivités au sein du plus emblémati-que des parcs du pays, à la suite del’échecdesnégociations avec l’Agencenationale de l’aviation civile (Anac).Estimant que SCD Aviation, la filialed’Africa’s Eden SA qui transportait lestouristes de la capitale au parc, ne seconformait pas aux normes de sécu-rité, l’Anac a refusé de renouveler soncertificat de transporteur aérien, ren-dant le parc quasiment inaccessible.« L’interdiction d’opérer nos avions ahandicapé financièrementnotre orga-nisation, nenous laissantd’autre choixquedeprendrecettemesuredrastique.Nous sommes profondément déçus »,expliqueRobertSwanborn, le fondateurd’Africa’s Eden.

Tout avait commencé en 2001 avecl’OpérationLoango, unprojet privédeconservationetdedéveloppementlancépar ce Néerlandais, fils d’un anciendirigeant de Shell qui fit fortune enbrevetant un procédé de séparationdubrut. Robert SwanborncréeAfrica’sEdenSAdans lebutdemettre enprati-que à Loango, unpetit coin de paradisàquaranteminutesdevol et 250kmausuddeLibreville, leconceptselonlequel

« le tourismepaiepour la conservationdu patrimoine naturel ».

Dotéed’un lodgeprincipal de grandluxe surplombant la lagune et de cinqcamps satellites, auplusprèsdesdiffé-rentsécosystèmesduparc(savane, forêttropicale, prairie humide…), l’entre-prise est devenueunmodèle dugenre.En neuf ans, elle a investi 15 millionsd’eurosdans laconstructiondes infras-tructures et plus de 3 millions d’eurosdans la recherche, la conservation etl’éducationauseinduparc,quiaccueilledenombreusesétudesscientifiques.Elleanotamment financéunprojetpionnierde sanctuaire pour les gorilles.

RECHERCHE. Pour le moment, lesprojets de conservation de la natureà Loango subsistent malgré le retraitde l’opérateur. Ils comprennent destravauxderecherchesur lesbaleines, leslamantins, les crocodiles et les tortues,conduits par la Wildlife ConservationSociety (WCS)et leWorldWildlifeFund(WWF), et, dans le nord du parc, desétudessur lesgorilleset leschimpanzés.Africa’s Eden s’en est allé, quant à lui,poursuivre sesactivitésécotouristiquesdans l’archipel de SãoToméePríncipeet dans la réserve de Dzanga-Sangha,en Centrafrique. ●

CÉCILE MANCIAUX

Paradis perdu…À la suite d’un désaccord avec l’Agence nationale de l’aviationcivile, Africa’s Eden, pionnier du tourisme durable et principalopérateur du parc de Loango, a mis la clef sous la porte.

� PLAGE DU CAP ESTERIAS,près de Libreville.

GUEN

AYULU

TUNCOK/LAIF-R

EA

YANN

DOEL

AN/H

EMIS.FR

� UN LODGE PRINCIPAL DE GRAND LUXE surplombant la lagune.

● ● ●

No 2627 • DU 15 AU 21 MAI 2011 JEUNE AFRIQUE

108 Le Plus de J.A.

Page 48: JA 2627 DU 15 AU 21 MAI 2011 uniquement le Gabon

Acheté40€ aux braconniersdans les villages gabonais…

… le kilo est revendu120€par les trafiquants au Cameroun…

… puisse négocie entre

1500et3000€sur les marchés

asiatiques

UN TRAFIC LUCRATIF

L e Gabon avait pris, en mars, ladécisionde classer l’éléphant deforêt comme espèce « intégrale-ment protégée » en raison d’un

niveaudebraconnage jamaisatteintdansl’histoiredupays.Mi-avril, leprésidentAliBongoOndimbaestmonté lui-mêmeaucréneaupourdéclarer la guerre aux trafi-quants d’ivoire enannonçant la créationd’une unité militaire de 240 hommesau sein de l’Agence nationaledes parcs nationaux (ANPN),avec ordre de mise en placeopérationnelle immédiate.Baptisée « brigade de lajungle », l’unité a pourmission de sécuriser lesparcs du pays.

MASSACRE.C’est ladécou-verte, début avril, d’une tren-taine de carcasses de pachydermes lorsd’un survol du parc national de WongaWongué, à 100 km au sud de Libreville,quiamis le feuauxpoudres.«Nousavonsdécouvert un corps, puis un autre, etencore un autre. En quelques minutes,nousavons réaliséquequelquechosedegrave s’était passé », raconte Mike Fay,le directeur technique de l’ANPN. Lebiologiste américain a étéundes acteursclésde la créationdesparcsnationauxen

2002, après avoir acquis une renomméemondiale avecMegatransect, le récit del’équipéepédestrequ’il amenéeà traversla forêt équatoriale, duCongoauGabon,avecNickNichols, reporter photographeauNationalGeographic. «Enàpeineuneheure, nous avons compté 28 carcasses,

continue Mike Fay. La réserve étant engrandepartiecouvertedeforêt,onnepeutpas savoir le nombre exact d’éléphants

tués,maisnoussommescertains que ce niveaude braconnage est sansprécédentdans l’histoiredu Gabon. » Des tracesde carnages similairesont été observées cesderniers mois dans lesparcs de Minkébé, deMwagna et d’Ivindo.

Dans la réserve de Minkébé, située àl’extrême nord-est du Gabon et fronta-lière avec leCameroun, lesdeuxpaysontd’ailleurs lancé, également en avril, unplan conjoint pour lutter contre la recru-descence du braconnage. Desmissionstransfrontalières de quinze jours vontêtredésormaisorganisée chaque trimes-tre, alternativement dans les deux pays.Elles seront conduitespardespatrouillespédestres, fluviales et mobiles, afin demettre unmaximumdepression sur lesbraconniers et les trafiquants.

AU KALACHNIKOV. Reconnu commeune espèce biologique distincte de soncousin des savanes, l’éléphant de forêtse caractérise par unepeauplus foncée,des oreilles plus petites et plus circulai-res, des défenses plus minces et plusdroites, dont l’ivoire, légèrement rosé,présente un grain de meilleure qualitéqueceluide l’éléphantdes savanes…Uneseule défense se négocie actuellement30 000 euros aumarché noir.

Ce trafic de plus en plus lucratif estopéré par des réseaux criminels orga-nisés qui n’hésitent plus à s’immiscerdans les forêts lesplus reculées, armésdekalachnikovs, et à s’allier aux villageois.« La plupart des braconniers viennentde l’extérieur du Gabon et sont équipésde nombreuses armes. Nos gardes, eux,sont en sous-effectif et sous-armés »,expliqueLeeWhite, le secrétaire exécutifde l’ANPN.

Incapables de vivre hors de la jungleprimaire, désorientés par les forestiers,pourchasséspar les braconniers, les der-niers éléphants de forêt se rapprochentde plus en plus des villages, inquiétantleurshabitants, alorsque lesparcsnatio-naux ont justement été créés pour les enéloigner et leur réserver des sanctuaires.Il était temps de les mettre sous bonnegarde. ●

CÉCILE MANCIAUX

SAUVEGARDE

Brigade d’élite pour la jungleLa bataille pour la survie des éléphants de forêt, braconnés à traverstout le pays pour leur ivoire, a nécessité la mise en place d’une unitémilitaire de 240 hommes pour sécuriser les parcs.

STÈP

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BONNEA

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HOTO

Ý PLUS DIFFICILES

À ÉTUDIER

ET À PROTÉGER

que leurscousins dessavanes,ils ne sontplus quequelquesdizaines demilliers.

JEUNE AFRIQUE No 2627 • DU 15 AU 21 MAI 2011

À la poursuite du Gabon vert 109

JEUNE AFRIQUE

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Moins de deux ans auront suffi pour redresser laSogatra, société gabonaise de transport crééeen 1997. Après de nombreuses années degestion hasardeuse, les bus ne roulaient plus

et les employés ne bénéficiaient que d’une protection socialeminime. Devenue l’une des priorités du président Ali BongoOndimba dans le cadre du « Gabon émergent », la Sogatraa développé son parc et emploie aujourd’hui 450 personnes.L’amélioration des conditions de vie et de travail, commecelle du confort et de la régularité du transport sont un souciconstant de Pierrette Djouassa, président du Conseil d’admi-nistration, et d’Aloïse Bekale Ntoutoume, Directeur général,qui dresse un premier bilan des progrès réalisés.

Comment a évolué la Sogatra en 2010 ?

Aloïse Bekale Ntoutoume : La Sogatra a largementétendu son réseau et ses capacités de transport grâce ausoutien des pouvoirs publics. Nous disposons désormaisd’une centaine de bus. Nous exploitons régulièrementune trentaine de lignes à Libreville et nous étendons pro-gressivement le réseau à l’extérieur de la capitale. Depuisjuillet dernier, notamment, la Sogatra assure des liaisonsquotidiennes, à horaires précis et au minimum deux fois parjour, avec Lambaréné. Les usagers peuvent faire l’aller-retourdans la journée dans de bonnes conditions de confort et decoût. Nous avons ouvert trois agences, dont deux situéessur le parcours, et créé des emplois.

Combien d’employés aujourd’hui ?

A.B.N. : La Sogatra emploie 450 personnes dont 70 %de personnel d’exploitation, pour le nettoyage et la main-tenance des équipements ainsi que la vente de billets et lacomptabilité quotidienne des recettes, qui sont un élémentvital du redressement de la société. Un bus, c’est un peucomme un avion. L’avion rapporte de l’argent quand il vole.Quand il est cloué au sol, il ne sert à rien et représenteun coût. Les équipes de la Sogatra doivent chaque jourmettre le maximum de bus à la disposition du réseau etdes passagers.

Quelle était la situation quand vous êtes arrivé ?

A.B.N. : La société ne comptait que huit bus en état defonctionnement, ce qui représentait, au mieux 500 000 FCFA de recettes d’exploitation par jour. J’ai fait réparer huitvéhicules et nous en avons acheté dix à notre homologueen Côte d’Ivoire, la Sotra. Au début de l’année suivante,avec ces seize bus, les recettes avaient plus que doublé, à1,2 million de F CFA par jour. À la fin de 2010, la Sogatradisposait de 80 bus et les recettes d’exploitation quoti-diennes atteignaient 4,5 millions de F CFA à 5 millionsde F CFA.

« Notre réseau ira bien au-delà de Libreville »

TRANSPORT PUBLIC

Aloïse Bekale NtoutoumeDirecteur général de la Sogatra

Pierrette DjouassaPrésident du Conseil d’admi-nistration de la Sogatra

Partie de huit bus en 2009, la Sogatra enopère aujourd’hui une centaine et ambitionned’étendre ses services à de nouvelles villes endehors de la capitale du Gabon.

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Avec Lambaréné, vous desservez quatrevilles de l’intérieur du pays. Y en aura-t-ild’autres ?

A.B.N. : La Sogatra s’approprie progressivement leconcept de voyage, en concurrence avec des transpor-teurs privés face auxquels, fidèle à sa mission de servicepublic, elle pratique des tarifs environ 40 % moins élevés.Notre arrivée à Lambaréné a marqué les autorités aupoint qu’elles souhaitent que nous assurions aussi unservice local. Nous avons également des demandes de lapart d’autres provinces, qui revendiquent le droit d’êtredesservies par la Sogatra. Et même un reproche : pour-quoi ouvrir des dessertes hors de Libreville alors que lademande à Libreville même n’est pas encore convenable-ment satisfaite.Tout est une question de moyens.

Avez-vous le soutien de l’État ?

A.B.N. : Si l’objectif est d’atteindre l’autonomie finan-cière à terme, nous n’y sommes pas encore. L’accroisse-ment des moyens doit permettre d’assurer deux prioritésimmédiates. D’abord les transpor ts lors de la Couped’Afrique des nations de football, la CAN, en 2012, etnotre implantation dans quatre villes décidées par le gou-

vernement : Port Gentil, Oyem, Mouila et Franceville. Lesétudes sont achevées mais nous n’y parviendrons pas sansune augmentation des subventions. Si nous devons aller àl’intérieur du pays, en fonction du nombre de villes desser-vies, 200 à 400 nouveaux bus sont nécessaires.

Votre dossier est prioritaire...

A.B.N. : Notre démarche est appuyée par notre pré-sident du Conseil d’administration, Madame PierretteDjouassa. La Sogatra peine à faire face à ses charges d’ex-ploitation et, heureusement, elle bénéficie pleinementdu soutien de l’État pour poursuivre sa mission et sonexpansion. Dès sa campagne électorale, le chef de l’État amis l’accent sur la nécessité pour le pays de disposer detransports publics performants et il a particulièrement faitde la Sogatra un cheval de bataille. Dès son accession àla Présidence de la République, il a tenu ses engagements.Toutes les dotations publiques que nous avons obtenuesen 2010, ainsi que celles que nous avons reçues de la partdes collectivités locales, résultent de la volonté du chefde l’État. Nous entendons bien ne pas le décevoir, notam-ment à l’occasion de la CAN. Le transport est un maillonessentiel du « Gabon des services » défini dans la politiquenationale d’émergence.

« Le transport est un maillon essentiel du Gabon des services »

SOGATRA

Société Gabonaise de Transport

B.P. 8575 – Libreville (Gabon)

Tél. : +241 76 20 09

www.sogatra.net

SOGATRAD

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COMMUNIQUÉ