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Livre d'histoire
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Rsum
Le but de cette tude est de dcrire, transmettre, conserver et perptuer
l'atmosphre, les coutumes, l'uvre potique des communauts juives du Talalet,
en mettant l'accent sur les communauts du Sud dsignes par l'ancien nom
de Sijilmassa, tel qu'il tait inscrit dans les actes de mariage et de divorce jusque
vers 1950. La ville de Talalet, connue aussi sous le nom de Rissani, fut le centre
spirituel de toutes les communauts juives de la rgion, notamment Erfoud, fonde
en 1918, et Colomb-Bchar en Algrie, fonde en 1903 et dont la majorit des
habitants sont originaires de Talalet ainsi que d'autres petites localits de la rgion
du Sud comme Shifa, Jorf, Mazguida, Guirlan, Bouzmalla, El-Rarfa et Irara. Cet
ouvrage traite galement des coutumes dautres communauts du Talalet : Ksar
Esouk, Rich, Gourrama, Talsint et Goulmima.
Ce volume est consacr aux crmonies, aux coutumes, aux exgses et aux
pomes lis au cycle de la vie de l'homme, de la naissance au dcs, dans les
communauts du Talalet. Il contient dix chapitres : 1. Le mariage. 2. Le contrat
de mariage et de dot. 3. Le lvirat. 4. La naissance et la circoncision (brit mila). 5.
Les noces enfantines. 6. La bar mitsva. 7. L'inauguration du Sefer Tora. 8. Le jene
hebdomadaire de six jours. 9. Le hadrat zekenime (fte marquant le soixantime
anniversaire). 10. Le dcs.
Cette tude est base sur des sources orales : entrevues, rencontres et
conversations tlphoniques, ainsi que sur des sources crites, comme dtaill plus
loin. La description du mariage et de son contrat repose sur le livre Melitz tov de
Rabbi Shalom Abehssera et sur une varit de contrats de mariage et de dot. Le
chapitre traitant de la circoncision est fond sur plusieurs manuscrits de pomes
du Talalet ; le chapitre sur la bar mitsva, principalement sur des pomes et des
exgses qui gurent, en partie, dans Yagel Ya'akov de Rabbi Ya'akov Abehssera et
Ani Ledodi de Rabbi Yihia Dahan, ainsi que dans des manuscrits publis ici pour
la premire fois. Le chapitre portant sur l'inauguration du Sefer Tora contient des
pomes importants extraits de Yagel Ya'akov dits ici, ainsi que des opinions
exprimes dans les uvres de Rabbi Ya'akov Abehssera. Le chapitre du jene
hebdomadaire repose sur di#rentes sources comme les crits de Rabbi Mena'hem
Les communauts de Talalet / Sijilmassa6
Azaria de Fano, Michnat 'Hassidim de Rabbi Emmanuel 'Ha Riki et des pomes
composs pour l'occasion. A propos du dcs, la partie traitant des rites de deuil
sinspire de Melitz Tov de Rabbi Shalom Abehssera, et la partie des exgses et des
lgies, sur des ouvrages de sages de Talalet.
Chaque chapitre dbute par un avant-propos et sachve par un rsum. Une liste
bibliographique gure la n du livre.
Nous remercions ici tous nos informateurs et toutes les personnes qui nous ont
communiqu des livres, des documents, des actes et des manuscrits. Leurs noms
gurent la n de louvrage dans la liste des informateurs, ainsi qu la n de
l'introduction.
Nous exprimons galement notre reconnaissance aux Institutions nationales
Jrusalem qui nous ont transmis manuscrits et documents, la Bibliothque
Nationale Universitaire, l'Institut Ben-Zvi, au Muse d'Isral et aux Archives
Centrales de l'histoire du peuple juif.
1-2. Le mariageLes contrats de mariage (ketouba) et de dotLes noces, qui constituent le principal vnement familial, durent environ un
mois, soit quatre chabbatot de fte : trois avant le mariage : le Sbat Lfal (le chabbat
de l'annonce) et le sbat larta (le chabbat de l'omelette) les deux se droulant au
domicile du anc. Elles sont suivies du chabbat kala (chabbat de la ance). Entre
chaque chabbat, ont lieu des vnements secondaires, tels que la crmonie du
trou'h zra ou etsyer (dpt de grains de bl), symbole de fcondit tenue le jeudi
suivant le chabbat de l'annonce. La deuxime semaine a lieu le henn le lundi soir au
domicile de la ance, suivi le lendemain matin par la procession des cadeaux vers
la maison de la ance. Le lundi soir, une semaine avant le mariage, a lieu la soire
de la Sil'ha chez la ance. Aprs le chabbat kala, commencent les rjouissances de
la semaine du mariage : la rdaction du contrat de dot au domicile de la ance
le dimanche soir et la fte du henn la nuit chez le anc. Le lendemain a lieu la
remise de la dot au domicile du anc et la procession de la ance aux bains. Le
droulement du mariage, le lundi soir, est particulier : d'abord a lieu le repas de
noces pendant la journe chez la ance, puis la procession du anc vers la maison
d'une proche de la ance et, nalement, la crmonie des noces au domicile du
anc. Aprs le mariage a lieu le chabbat 'hatan. Dans le Talalet, contrairement
la coutume juive habituelle, les cheva berakhot (ou sept bndictions), prononces
au cours de la crmonie, ne sont formules aucun repas, pas mme en prsence
de nouveaux invits, lexception de la sortie du chabbat o l'on prononce les sheva
berakhot en prenant une lgre collation.
Rsum 7
Le contrat de ketouba des anciennes communauts du Talalet est particulier.
Sa formulation est courte et ne comporte ni clauses nancires, ni garanties de
paiement, ni conditions de la ketouba, notamment le serment du mari de ne pas
pouser une autre femme. Cependant, toutes les clauses manquantes restent en
vigueur et le mari s'y engage comme il se doit. Deux autres dtails caractrisent ce
contrat : le jour du mariage est le "le troisime jour du chabbat" (autrement dit le
lundi soir) et le lieu des noces n'est pas mentionn au nom de la localit mais au
nom du district de Sijilmassa, l'ancien nom de Talalet : kan bmata Sijilmassa d'al
nehar Ziz motava ("Ici en la ville de Sijilmassa, sur le =euve Ziz"). Une exception :
Colomb-Bchar et Boudnib dont les noms taient inscrits dans la ketouba.
Paralllement la ketouba tait galement rdig un contrat de dot appel "Na'hla",
comportant le dtail des biens apports par la ance et qui tait accompagn de
garanties et de la signature de tmoins. De ce point de vue, le contrat de dot, avec
ses garanties et ses tmoins, complte la ketouba.
A partir de 1948, des changements interviennent dans les coutumes du mariage
comme cest le cas Erfoud et Colomb-Bchar : la rduction du nombre de
garons d'honneur, des cadeaux de anailles et des crmonies ; la suppression des
crmonies du "dpt de gerbes de bl" et du "chabbat kala". D'autres nouveauts
font leur apparition, comme l'lvation de l'ge du mariage et la permission des
autorits de clbrer le mariage, ainsi que la ncessit du consentement de la jeune
lle au mariage. A Colomb-Bchar, les ancs se rencontrent la mme table de
anailles, le mariage se dplace de la maison la synagogue et la piste de danse
devient mixte. Des changements interviennent galement dans la formulation du
contrat de mariage : mention du nom de la localit comme kan bemata Erfoud ('Ici
en la ville d'Erfoud'), le jour de la semaine est dplac du mardi au jeudi, le contrat
de mariage s'allonge et contient des paragraphes portant sur des clauses nancires
dtailles assorties de garanties, de la signature des tmoins et de la validation du
contrat par le juge de la ville, avec tampon du beth-din (le tribunal rabbinique) et
cachet du gouvernement en place. Dans ce chapitre, sont prsents des exemples de
contrats de mariage et de dot de l'ancienne poque et de la nouvelle.
3. Le lviratLe lvirat est une coutume de la Tora qui contraint un homme pouser la femme
de son frre dfunt an de perptuer son souvenir. A lenfant n de cette union est
donn le nom du frre dfunt. Cette coutume est voque dans le Deutronome
25, 5-6 : Si des frres demeurent ensemble et que l'un d'eux vienne mourir sans
postrit, la veuve ne pourra se marier au dehors un tranger ; c'est son beau-frre
Les communauts de Talalet / Sijilmassa8
qui doit s'unir elle. Il la prendra donc pour femme , exerant le lvirat son gard.
Et le premier 'ls qu'elle enfantera sera dsign par le nom du frre mort, a'n que son
nom ne prisse pas en Isral. Le lvirat tait pratiqu dans toutes les communauts
de Sijilmassa et de Talalet, en gnral de faon temporaire. Le frre consacrait sa
belle-sur sous le dais nuptial et par les kiddoushin, et ne restait avec elle que trois
jours. Le beth-din (tribunal rabbinique) s'assurait qu'il y avait eu consommation
susceptible de donner une descendance au frre dfunt. Dans ce chapitre, des
exemples de la coutume du lvirat dans les communauts de Sijilmassa et de
Talalet au XXe sicle sont fournis par des informateurs, ainsi que des dtails sur
ces beaux-frres et belles-surs. De mme, sont fournis des exemples de ketoubot
remises des veuves de Talalet/Sijilmassa au cours des annes 1838, 1916 et
1943. Toutefois, dans certains cas, le lvirat ne fut pas simplement temporaire mais
dnitif, une descendance ayant t donne au frre dfunt. Le lvirat complet a t
appliqu vraisemblablement aussi dans d'autres communauts du Maroc. La preuve
en est le pome indit Yedidi sim'hat sessonay, compos par Rabbi Yaakov Berdugo
de Mekns en l'honneur du beau-frre et de la belle-sur, que nous citons ici, et
qui est assorti dun avant-propos, de sources et de commentaires.
4. La naissance : brit mila et rjouissancesAu terme de sept mois mois de grossesse les parents de la jeune marie font une
fte familiale appele en arabe kliya (torrfaction, friture) qui comprend des fruits
secs grills et des mets frits, tels des beignets qui, disposs sur des plateaux ronds
de cuivre ou d'argent appels swana, taient transports en n d'aprs-midi chez les
parents du jeune mari en procession festive de femmes et de jeunes lles, les reliefs
tant distribus aux connaissances et aux voisins. Cette fte est une action de grce
Dieu pour l'annonce de la grossesse et de la naissance prochaine. Le lendemain
matin, c'tait au tour des parents du mari de rendre grce Dieu. A loccasion tait
prpare une ptisserie appele lh'ebz di lidam (pain de graisse), sorte de pizza
la viande de recette lalienne. Entre deux couches de pte taient disposs de ns
morceaux de graisse et des oignons mincs. Ce plat, appel aussi sedaka, tait
destin aux jeunes lves. Dans les derniers mois de la grossesse, la jeune marie
bncie de toute lattention de son entourage, de mets et de vtements censs lui
viter une fausse-couche. L'accouchement a lieu chez la future maman en prsence
de sages-femmes juives locales. Parfois, lorsque l'accouchement tait long et di@cile,
il tait accompagn de cris et d'appels de la parturiente aux tsadikim (justes) pour
quils apaisent ses sou#rances. Non loin du lieu de l'accouchement, les proches se
runissaient, lisaient des Psaumes et rptaient plusieurs fois le Psaume 20 Ya'anh'a
Rsum 9
Hachem beyom tsara (Que Dieu te rponde les jours de peine). A la sortie de la
tte du nouveau-n du ventre de sa mre, les hommes chantaient en cur le chant
connu de la Akeda : et shaarei ratson lehipata'h (Au moment o les portes de la grce
s'ouvrent). Au son des cris du nouveau-n, on arrtait de chanter la Akeda et les
cris de joie fusaient de partout. L'annonce de la bonne nouvelle prenait son envol
et la maison se transformait en lieu de visite de femmes qui venaient prsenter
leurs vux et souhaiter la famille bark massou'd. Le jour-mme on appelait le
hazan pour rdiger des talismans, et le soir-mme on prononait les actions de
grce appeles Nuits de Bar-Yoha, du nom du chant Bar Yoha nimsha'hta ashreh'a
(Bar Yoha heureux sois-tu d'avoir t choisi). Les six premires soires suivant la
naissance, les membres de la famille venaient aprs la prire darvit (la prire du
soir) se joindre au chant des pomes qui tait accompagn de th et d'amandes. Ces
nuits-l on chantait d'autres pomes dits dans ce chapitre, assortis dun avant-
propos et de sources. La nuit prcdant la circoncision, trs joyeuse, tait appele lilt
l'hadka, du nom du paragraphe lu cette occasion, lequel commenait en arabe et
nissait en hbreu, sur le thme de la prire pour le nouveau-n et la jeune maman.
Le jour de la ciconcision on priait chaharit (la prire du matin) chez le jeune pre et
les dles de toutes les synagogues de la ville se rassemblaient pour assister la brit
mila. Avant la crmonie de la circoncision, on chantait une srie de pomes dits
ici pour la premire fois. Puis l'o@ciant bnissait l'assemble (mi cheberah), aprs
quoi se droulait la circoncision au terme de laquelle tait o#erte aux invits une
collation traditionnelle, suivie, midi, par un repas. Si le nouveau-n circoncis tait
lan, on organisait la crmonie du pidion haben (rachat du premier-n) le matin
de son trentime jour, qui tait accompagne d'un repas. La naissance d'une lle
tait marque le troisime jour par une crmonie appele tsmiah (nomination),
analogue au zeved habat en hbreu.
5. Les noces enfantines Le troisime vnement marquant du cycle de la vie de l'homme lalien est appel
al-kttab. Il survenait lorsque l'enfant atteignait l'ge de cinq ans et quil entrait au
'heder (cole), comme il est crit dans les Maximes des Pres 5,21 : ben 'hamech
chanim lamikra ( l'ge de cinq ans on commence la lecture de la Tora). Cet
vnement tait accompagn d'une noce enfantine symbolique, au cours de laquelle
tait anc le garon de cinq ans une llette du mme ge. Cette crmonie
traditionnelle tait pratiqu dans toutes les communauts de Talalet et par la
plupart des familles. Le chapitre traitant de la signication idologique de la noce
enfantine et de ses sources, propose des explications du phnomne, la fois en
Les communauts de Talalet / Sijilmassa10
tant qu'acte symbolique concrtisant le lien entre l'enfant et la Tora, conformment
la description du lien conjugal entre Isral et la Tora tel qu'il est voqu dans
di#rentes sources, ainsi quen tant que vertu destine endiguer la mortalit
de ancs et ances avant leur mariage, ou encore comme acte symbolique
garantissant la clbration des noces ds l'ge de 18 ans. De toutes les explications
cites, la meilleure, celle de la vertu endiguant la mortalit, est fonde sur le fait
que la coutume des noces enfantines ne s'est pas propage dans toutes les familles
mais qu'elle a t adopte uniquement dans les familles qui avaient pti du =au
de la mortalit infantile. Pour ce qui est de l'anciennet de cette coutume et de
ses sources, il s'avre, sur la base de documents de communauts et de responsa
de sages, que celle-ci tait trs ancienne au Talalet. La coutume tait connue
Sefrou au moins depuis l'anne 1735 et Fs ds 1688. Les sources relatives aux
noces enfantines ont pour origine le dbat du Talmud de Babylone, gurant dans
le trait Sota 12b, qui voque le dais nuptial symbolique rig par Myriam Mose
sur son berceau et son explication : Chema lo ezke le'houpato (Peut-tre n'aurai-je
pas le privilge dassister son mariage). Mose se trouvait alors en danger de mort
sur l'ordre de Pharaon qui avait proclam : kol haben hayilod hayeora tashli'houhou
(Que tout garon soit jet au Nil, Exode 1, 22). La mre de Mose n'tant pas sre
dassister au mariage de son ls, elle anticipa la crmonie de mariage de ce dernier
par un acte symbolique pour compenser son dpit ou marquer son espoir. En n de
compte, Mose fut sauv et se maria. Ce sont donc ces premires noces enfantines
qui ont inspir cette coutume. Le chapitre traite aussi de la signication symbolique
des coutumes du kttab et de ses sources, comme la procession des enfants au bord
du =euve, le jet de pommes l'eau, l'criture des lettres hbraques laide de miel
et la signication de l'ge de cinq ans. Le chapitre se termine par la description du
Kttab sans noces enfantines dans la communaut de Gardaya en Algrie, ainsi que
par des pomes et des exgses composs cette occasion.
6. Les festivits de bar-mitsvaJusqu'en 1940, la clbration de la majorit religieuse dans les communauts de
Talalet se droulait lors de deux crmonies distinctes : une fte en l'honneur
du port du talith (chle de prire) pour la premire fois l'ge de 6-10 ans, une
autre en l'honneur de la pose des te'lin (phylactres) 13 ans. La fte du tsitsit
tait tout aussi importante. Elle dbutait le jeudi soir avec la crmonie du henn
destine aux garons et aux lles, suivie par un repas familial. La crmonie
principale se droulait toujours le chabbat. Le matin la prire de cha'harit, tait
prononce par une assemble d'hommes runis au domicile du hatan bar-
Rsum 11
mitsva qui l'accompagnaient ensuite la synagogue en procession en chantant le
pome Yigdal Elohim 'Ha. A la synagogue, la prire tait ponctue de chants, en
lhonneur du jeune garon et de la profession de foi de son daroush (discours). A
la n de la prire, on distribuait aux dles une lgre collation aprs laquelle on
raccompagnait le garon en chantant jusqu son domicile, o des tables taient
dresses pour le repas. A l'ge de 13 ans, se droulait la fte des te'lin le lundi ou
le jeudi. La majorit se contentait dhumbles rceptions, seuls ceux qui en avaient
les moyens faisaient de grandes ftes, le chabbat et le jour de la pose des te'lin,
qui taient accompagnes d'un repas et d'un daroush prononc par le garon
pour l'occasion. La fte de bar-mitsva, unie aprs 1940, comportait donc deux
vnements proches et restreints, et une crmonie plus solennelle. Le chabbat
prcdant cette dernire, le jeune garon s'enveloppait du talith, en souvenir de
l'ancienne coutume. La veille du lundi se droulait le henn et, le lendemain matin,
la crmonie de la pose des te'lin la synagogue. Aprs la prire, un apritif tait
o#ert et le soir avait lieu le repas de mitsva. Dans ce chapitre, gurent toutes les
exgses relatives aux tsitsit et te'lin dans deux versions : la version originelle en
judo-arabe, et celle en aramen et hbreu, suivies de l'exgse dite en traduction
hbraque et assortie dun avant-propos, de sources et de commentaires. Figurent
galement des pomes pour les tsitsit et les te'lin.
7. L'inauguration du Sefer Tora L'origine des clbrations du Sefer Tora la n de sa copie remonte la fte donne
en l'honneur du transfert de l'Arche d'Alliance de la maison de Oved Edom le
Guittite vers la Cit de David (I Chroniques 15-16). La clbration de l'inauguration
du Sefer Tora dans les communauts de Talalet durait du jeudi soir la n du
chabbat le samedi soir, et se droulait chez le propritaire du Sefer, chez qui l'on
se runissait pour prier ces jours-l. Un grand repas tait donn le jour du chabbat
aprs la prire de moussaf, se poursuivait jusqu' min'ha et tait accompagn
de chants, de citations bibliques et de commentaires. Le jeudi soir et le vendredi
soir, certains restaient veills en l'honneur du Sefer Tora et psalmodiaient des
bakachot (pomes liturgiques). En gnral, la fte de l'inauguration du Sefer Tora
tait fusionne avec une autre crmonie familiale, notamment un mariage ou la
commmoration du souvenir dun proche dcd. Dans certaines familles la mitsva
de la copie d'un Sefer Tora se transmettait de gnration en gnration, le grand-
pre, le ls et le petit-ls crivant l'un aprs l'autre chacun leur Sefer Tora. Pour
la circonstance, furent composs des pomes par des rudits de Talalet, qui sont
publis ici et assortis dun avant-propos, de sources et de commentaires dtaills
Les communauts de Talalet / Sijilmassa12
sur divers sujets, notamment la description de la relation Isral-Tora illustre par
des noces ; la triple saintet du Sefer Tora et de la Tora ; les dix saintets du Sefer
Tora ; enn la description des lettres du Sefer Tora comme des rois, et des signes de
cantilation comme des couronnes.
8. Le jene hebdomadaireCe chapitre souvre sur une liste de personnalits des communauts de Talalet
ayant observ plusieurs reprises un jene hebdomadaire de six jours et six nuits
conscutifs : Rabbi Ya'akov Abehssera, son ls Rabbi David, son petit-ls Rabbi
Isral - le Baba Sal, qui a observ son premier jene hebdomadaire 13 ans, et
Rabbi Yihia Dahan, le petit-ls maternel de Rabbi Ya'akov Abehssera, qui observa
ce jene plus de cent fois dans sa vie. Dans ce chapitre est mentionne une liste
partielle d'hommes et de femmes des communauts de Talalet qui pratiquaient ce
jene toute l'anne.
L'heure de la n du jene hebdomadaire, la veille de chabbat, tait empreinte
de beaucoup daura et de saintet. Nombreux taient ceux qui venaient la veille de
chabbat juste avant min'ha recevoir, ce moment tenu pour propice (chaat ratson),
une bndiction de la personne qui jenait ; ces visites rallongeaient la dure du
jene et aggravaient ltat de sant du jeneur, ce qui poussa Rabbi Isral Abehssera
prescrire la rupture du jene avant l'entre du chabbat. L'heure de l'interruption
du jene tait un moment de fte accompagn dun repas de mitsva. Le chapitre
traite des sources du jene hebdomadaire : les crits de Rabbi Mena'hem Azaria
de Fano (1548-1620) ; le livre Mishnat 'Hassidim de Rabbi Emmanuel 'Ha Riki
(Ferrare, 1688, Italie 1743) ; Hemdat Hayamim ; les ouvrages Seder Hafsaka
Guedola et Kountress Haye'hili. Dans ce chapitre est inclus le pome Ma tov nam
de Rabbi Ya'akov Abehssera paru dans Yagel Ya'akov et assorti dun avant-propos,
de sources et de commentaires, y compris sur les vertus du jene. Des mentions
supplmentaires du jene hebdomadaire gurent dans di#rentes sources
halakhiques (lgales) cites dans ce chapitre. Un suivi sur l'anciennet du jene
hebdomadaire nous a conduit la premire personne ayant pratiqu ce jene, qui
n'est autre que Mose comme il est crit dans la Tora : Vayichkon Kevod Hachem
'al Har Sina vaye'hassehou he'anan cheshet yamim (Et la majest divine se xa
sur le mont Sina et la nue le recouvrit pendant six jours, Exode 24, 16). Rabbi
Nathan dit : Pourquoi Mose s'est attard pendant tous les six jours et ne s'est pas
manifeste sur lui la Parole divine ? An qu'il se purie de tout aliment et de toute
boisson qui taient dans ses intestins, jusqu'au moment o il soit sancti, et qu'il
soit comme les anges.
Rsum 13
9. Le Hadrat ZekenimeIl s'agit d'une coutume connue, au cours de laquelle les hommes pieux font un
repas de fte et prononcent la bndiction Chh'hyanou, quand ils atteignent
l'ge de 60 ans. Cet vnement est appel Hadrat Zekenime. Ce nom est driv des
versets du Lvitique 19,32 : Devant la vieillesse tu te lveras et tu honoreras la face
de l'homme g et du livre des Proverbes 20,29 : La gloire des jeunes hommes est leur
force et l'honneur des vieux est la blancheur de leurs cheveux. Cette coutume tait
connue aussi des communauts de Talalet, surtout parmi les Talmidei 'Hakhamim
(les rudits). L'ge de 60 ans est l'ge de la vieillesse, comme il est dit dans les
Maximes des Pres 5,21 : A 60 ans la vieillesse, 70 la blancheur. Selon des sources
talmudiques, celui qui est dcd l'ge de 50 ans est considr comme kareth,
c'est dire retranch du monde avant son temps, alors que l'ge moyen de dcs
est de 60 ans. Selon Job (5, 24-26) l'ge de 60 ans est l'ge espr, auquel l'homme
a accompli sa vie au niveau familial et conomique : Veyad'ata ki chalom ohalekha
ufakadta navekha velo te'heta veyad'ata ki rav zar'ekha vetseetsaekha k'esev haaretz
tavo bekhela'h elei kaver ka'alot gadish be'ito. ("Tu verras le bonheur x dans ta
demeure, tu inspecteras ta maison et tu ne trouveras rien en dfaut. Tu verras
s'accrotre le nombre de tes enfants, et tes rejetons se multiplier comme l'herbe de
la terre. Tu entreras dans la tombe au terme extrme de la vieillesse, comme s'lve
une meule de bl dans la saison voulue."). La valeur numrique de Bh'hela'h est de
60. L'ge de 60 ans reprsente la bndiction et la vie, lge o l'homme approche de
la tombe, bien quil soit encore vivant. C'est en un sens une double expression de
joie : pour le fait que l'homme est arriv l'ge de 60 ans et pour la suite de sa vie
ici-bas. L'ordre de ltude pour cette occasion festive gure dans di#rentes versions
du hadrat zekenime.
10. Le dcs, rites de deuil et lgies au dfuntLe dcs, sujet de ce chapitre, se caractrise par certaines coutumes spciques
aux communauts de Talalet. Une partie de ces coutumes survient l'approche
du dcs, telle la bndiction prononce par une personne ge et tenue pour
propice (cha'at ratson), ou la coutume de lire le Cantique des Cantiques au moment
de l'agonie, que lun des commentateurs interprte comme le dialogue entre l'me
et son crateur. D'autres coutumes spciques prcdant les funrailles sont le jet
d'eau autour de la maison du dfunt ; l'ablution du corps du dfunt dans sa maison,
et les pleurs et loges funbres des femmes. La procession funraire se faisait
entirement pied de la maison du dfunt jusqu'au cimetire. Les femmes n'avaient
pas l'habitude d'assister aux funrailles conformment la coutume de Safed, et les
Les communauts de Talalet / Sijilmassa14
ls ne parcouraient pas le chemin du cimetire derrire la dpouille de leur pre
selon la coutume de Jrusalem. Pour le commun des mortels on faisait la procession
traditionnelle, durant laquelle on lisait et rptait Vihi noam (Que soit sur nous la
grce de Dieu) et Yoshev besseter elyion (Assis sous l'abri suprme, Psaumes 91-92).
Si le dfunt tait membre de la 'Hevra Kadisha (Confrrie sainte), on entonnait le
chant de Bar Yo'ha, et pour celui qui avait joui dune longue vie et dune bonne
rputation, on faisait une procession funraire spciale qui dbutait par des cris
de joie pousss par les femmes au moment o l'on sortait le cercueil, suivi de la
rcitation de Ranenou Tsadikim (Psaumes 33) comme lors de la procession du
jeune mari vers le dais nuptial, et l'on faisait en lhonneur du dfunt des rondes
accompagnes de la sonnerie du chofar.
Dans ce chapitre sont prsentes aussi des coutumes spciques suivant le
dcs et les sept jours de deuil : l'allumage d'un lampion d'eau et d'huile avant la
prire de arbit, la rcitation du Psaume 49 Shim'ou zot kol ha'amim aprs Alenou
lechabea'h, la pose d'une stle tsiyoun lanefesh le troisime jour de deuil et la
coutume de L'hboura prvoyant la distribution de pain et de fves ce jour-l ; les
endeuills ne changeaient pas de place la synagogue le chabbat et consommaient
de la viande et du vin partir du septime jour de deuil, aprs le lavage des mains
et des pieds. Cinq commmorations taient faites pendant la premire anne : la
premire le septime jour de deuil, la deuxime trois semaines aprs le dcs, la
troisime la n du mois, la quatrime au terme de onze mois pour les hommes
et de neuf mois pour les femmes, la cinquime la n de l'anne. Dans chacune
des commmorations, les proches du dfunt se rendaient au cimetire en n de
journe. Les femmes y faisaient des loges et des lgies funbres et un rabbin
prononait des paroles de Tora ainsi que la prire de la hashkaba pour le repos du
dfunt. Le soir, on prononait les prires de minha et arbit, on lisait la Idra Zouta
et on consommait un repas. Les femmes de Talalet avaient l'habitude de porter
des vtements blancs en signe de deuil, particulirement pour une personne juste
et qui vcut longtemps, en symbole de la croyance dans le monde futur. Dans ce
chapitre, sont aussi prsents des recueils d'loges funbres crits par les sages de
Talalet, dont trois sont dits en tant que modles. Le chapitre se termine par cinq
lgies funbres crites par des potes de Talalet, dites ici et assorties dun avant-
propos, de sources et de commentaires.