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LA GUERRE DES MISS! Dette En faisant de NKM sa porte-parole de campagne au détriment de la très populaire Nadine, Nicolas Sarkozy attise les rivalités au sein de sa majorité... NADINE MORANO VS NKM Témoignages Go home ! Le cri des étudiants anglais Vingt milliards d’économies tout de suite ! C’est possible. Enquête DSK ILS ONT FAIT L’ALGERIE 3:HIKLRB=XUWZUZ:?l@i@a@n@a; M 01713 - 1803 - F: 2,50 E BEL : 2,90 € - CH : 5,50 CHF - CAN : 8 CAD – A : 3,60 € - D : 3,70 € - ESP : 3,20 € – GR : 3,20 € - ITA : 3,20 € – LUX : 2,90 € – NL : 3,30 € - PORT.CONT. : 3,20 € – DOM : Avion : 4 € – MAY : 5,50 € – Maroc : 30 DH – Tunisie : 4.2 TND - Zone CFA Avion : 3 200 XAF - Zone CFP Avion : 1 000 XPF 2,50 € N° 1803 - DU 15 AU 21 MARS 2012

VSD 1803

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du 15 au 21 mars 2012

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LA GUERRE DES MISS !

Dette

En faisant de NKM sa

porte-parole de campagne

au détriment de la très

populaire Nadine, Nicolas

Sarkozy attise les rivalités au

sein de sa majorité...

NADINE MORANO VS NKM

Témoignages

Go home !Le cri des étudiants

anglais

Vingt milliards d’économies tout de suite !

C’est possible.

Enquête

DSK

ILS ONT FAIT L’ALGERIE

3:HIKLRB=XUWZUZ:?l@i@a@n@a;M 01713 - 1803 - F: 2,50 E

BEL

: 2,

90 €

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5,50

CH

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: 3,

60 €

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Page 2: VSD 1803

DSKGO HOME !

Époque Les gens

C.

CO

UR

T/A

FP

L’EX-PATRON DU FMI EST VENU MALGRÉ LA POLÉMIQUE. INVITÉ À S’EXPRIMER SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE DEVANT DES ÉTUDIANTS DE L’UNIVERSITÉ DE CAMBRIDGE, LE CONFÉRENCIER A ÉTÉ RATTRAPÉ PAR LES SCANDALES.

P A R A M A N D I N E B R I A N D

Très entouré Pas moinsde six gardes du corps aident l’ex-

directeur général du FMI à se frayer un chemin jusqu’à la salle

de conférences. Il est l’invitéde la Cambridge Union Society

au sein de la prestigieuseuniversité britannique.

VSD1803D016S018.indd 16-17 12/03/12 18:10

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DSKGO HOME !

Époque Les gens

C.

CO

UR

T/A

FP

L’EX-PATRON DU FMI EST VENU MALGRÉ LA POLÉMIQUE. INVITÉ À S’EXPRIMER SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE DEVANT DES ÉTUDIANTS DE L’UNIVERSITÉ DE CAMBRIDGE, LE CONFÉRENCIER A ÉTÉ RATTRAPÉ PAR LES SCANDALES.

P A R A M A N D I N E B R I A N D

Très entouré Pas moinsde six gardes du corps aident l’ex-

directeur général du FMI à se frayer un chemin jusqu’à la salle

de conférences. Il est l’invitéde la Cambridge Union Society

au sein de la prestigieuseuniversité britannique.

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LA GUERREDES MISS

NKM/MORANO

Époque Politique

L’une est popu, l’autre pas D’un côté, Nadine Morano affi che un look très H&M ; de l’autre, Nathalie Kosciusko-Morizet opte, avec

ses stilettos, pour une ligne plus bourgeoise. L’ex-ministre de l’Écologie a beau être chargée de séduire un électorat d’entre-deux-tours,

les grognards de la sarkozie préfèrent la première.

DEPUIS QUE NATHALIEKOSCIUSKO-MORIZET A ÉTÉ

NOMMÉE PORTE-PAROLE DU PRÉSIDENT-CANDIDAT,

NADINE MORANO ADISPARU DES RADARS. ET

SI, EN SE PRIVANT DE SON ATOUT POPULAIRE,

NICOLAS SARKOZY AVAIT FAIT UNE ERREUR ?

P A R C H R I S T E L L E B E R T R A N D

PH

OTO

S :

FE

FE

BE

RG

/AFP

VSD1803D020-022.indd 20-21 12/03/12 16:43

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LA GUERREDES MISS

NKM/MORANO

Époque Politique

L’une est popu, l’autre pas D’un côté, Nadine Morano affi che un look très H&M ; de l’autre, Nathalie Kosciusko-Morizet opte, avec

ses stilettos, pour une ligne plus bourgeoise. L’ex-ministre de l’Écologie a beau être chargée de séduire un électorat d’entre-deux-tours,

les grognards de la sarkozie préfèrent la première.

DEPUIS QUE NATHALIEKOSCIUSKO-MORIZET A ÉTÉ

NOMMÉE PORTE-PAROLE DU PRÉSIDENT-CANDIDAT,

NADINE MORANO ADISPARU DES RADARS. ET

SI, EN SE PRIVANT DE SON ATOUT POPULAIRE,

NICOLAS SARKOZY AVAIT FAIT UNE ERREUR ?

P A R C H R I S T E L L E B E R T R A N D

PH

OTO

S :

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RG

/AFP

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Époque Enquête

P A R P A U L I N E G R A N D D ’ E S N O N – P H O T O : J E A N P I C A R D / V S D

Aujourd’hui À 58 ans, Évelyne fuit les regards. Son médecin a

tenté de réparer les dégâts avec force injections

de corticoïdes, réduisant temporairement les

boursoufl ures. Mais les effets secondaires ont teinté

les granulomes d’une couleurviolacée et provoqué une

terrible prise de poids.

ÉTUDES CLINIQUES FUMEUSES,

PRATIQUES MAL ENCADRÉES, FLOU

JURIDIQUE, « VSD » A ENQUÊTÉ SUR LES INJECTIONS

DURABLES, CAUSES D’IRRÉMÉDIABLES

DÉGÂTS.

DEFIGUREEPAR LA MEDECINE ESTHETIQUE

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Époque Enquête

P A R P A U L I N E G R A N D D ’ E S N O N – P H O T O : J E A N P I C A R D / V S D

Aujourd’hui À 58 ans, Évelyne fuit les regards. Son médecin a

tenté de réparer les dégâts avec force injections

de corticoïdes, réduisant temporairement les

boursoufl ures. Mais les effets secondaires ont teinté

les granulomes d’une couleurviolacée et provoqué une

terrible prise de poids.

ÉTUDES CLINIQUES FUMEUSES,

PRATIQUES MAL ENCADRÉES, FLOU

JURIDIQUE, « VSD » A ENQUÊTÉ SUR LES INJECTIONS

DURABLES, CAUSES D’IRRÉMÉDIABLES

DÉGÂTS.

DEFIGUREEPAR LA MEDECINE ESTHETIQUE

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Longtemps, ils sont restés les vétérans

d’une guerre qui n’en avait pas le nom.

Ces soldats voient pourtant leur

service au sein de l’armée française enfi n

reconnu. Ils ne sont plus ses engagés

invisibles des « événements » d’Algérie.

Georges Muniglia est l’un d’eux. Il ne

cherche aucunement à être représentatif

de ce qu’ont vécu ces compagnons.

Né français en Tunisie, d’un père italien

et d’une mère française, le jeune garçon

se destinait à une carrière de boucher.

L’année 1956 en

décida autrement. À

20 ans, il s’attendait

comme beaucoup à être

appelé sous les

drapeaux. Après avoir

effectué ses quatre

mois de classes à

Montpellier, il fait

son retour en Tunisie,

plus précisément le long de la

frontière algérienne. « Cela a duré

deux mois », précise-t-il. La suite,

ce sont de « multiples embuscades,

malheureusement meurtrières »

Puis direction l’Algérie, au plus près

du feu. « Notre camp se trouvait dans

le Constantinois. Notre quotidien était

celui de combats de plus en plus

dangereux. Et la mort de compagnons.

Nous avons toutefois poursuivi

notre mission, nous serrant les coudes, nous

partageant les colis. On essayait d’éviter

de penser à toutes ces atrocités en

plaisantant entre nous. » Son quotidien fut

pourtant bouleversé le jour où, remplaçant

un éclaireur, il posa le pied sur une mine.

« C’était en juillet 1958. Souffrant de

graves blessures, j’ai rapidement été transféré

dans un hôpital de Constantine, puis à

Versailles où je suis resté seize mois. Un

mal pour un bien », dit-il, car c’en était

fi ni pour lui de la guerre d’Algérie. � S. D.

Notre quotidien : des combats de plus en plus dangereux, et bien sûr la mort de nos compagnons

Époque Témoignages

GEORGES MUNIGLIA, 76 ANSAppelé du contingentLa Toussaint rouge Le

confl it commence le 1er novembre 1954, année où le Front de

libération nationale (FLN) se lance dans des actions de lutte armée. L’armée française multiplie alors

les opérations en Kabylie, comme ici, en 1955.

PH

OTO

S : M

. D

ESJA

RD

INS/R

AP

HO

/GA

MM

A –

H. LEQ

UEU

X P

OU

R V

SD

– D

. R

.

ILS ONT FAITL’ ALGERIE...

LE 18 MARS 1962, LES ACCORDS D’ÉVIAN METTAIENT FIN À CETTE GUERRE SANS NOM.

CINQUANTE ANS PLUS TARD, ALORS QUE LES PLAIES SONT TOUJOURS VIVES, RETOUR SUR CE

CONFLIT AVEC DES ACTEURS DE L’ÉPOQUE.P A R S É B A S T I E N D E S L A N D E S E T C H R I S T O P H E G A U T I E R

APPELES, OAS, FLN, HARKIS

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Longtemps, ils sont restés les vétérans

d’une guerre qui n’en avait pas le nom.

Ces soldats voient pourtant leur

service au sein de l’armée française enfi n

reconnu. Ils ne sont plus ses engagés

invisibles des « événements » d’Algérie.

Georges Muniglia est l’un d’eux. Il ne

cherche aucunement à être représentatif

de ce qu’ont vécu ces compagnons.

Né français en Tunisie, d’un père italien

et d’une mère française, le jeune garçon

se destinait à une carrière de boucher.

L’année 1956 en

décida autrement. À

20 ans, il s’attendait

comme beaucoup à être

appelé sous les

drapeaux. Après avoir

effectué ses quatre

mois de classes à

Montpellier, il fait

son retour en Tunisie,

plus précisément le long de la

frontière algérienne. « Cela a duré

deux mois », précise-t-il. La suite,

ce sont de « multiples embuscades,

malheureusement meurtrières »

Puis direction l’Algérie, au plus près

du feu. « Notre camp se trouvait dans

le Constantinois. Notre quotidien était

celui de combats de plus en plus

dangereux. Et la mort de compagnons.

Nous avons toutefois poursuivi

notre mission, nous serrant les coudes, nous

partageant les colis. On essayait d’éviter

de penser à toutes ces atrocités en

plaisantant entre nous. » Son quotidien fut

pourtant bouleversé le jour où, remplaçant

un éclaireur, il posa le pied sur une mine.

« C’était en juillet 1958. Souffrant de

graves blessures, j’ai rapidement été transféré

dans un hôpital de Constantine, puis à

Versailles où je suis resté seize mois. Un

mal pour un bien », dit-il, car c’en était

fi ni pour lui de la guerre d’Algérie. � S. D.

Notre quotidien : des combats de plus en plus dangereux, et bien sûr la mort de nos compagnons

Époque Témoignages

GEORGES MUNIGLIA, 76 ANSAppelé du contingentLa Toussaint rouge Le

confl it commence le 1er novembre 1954, année où le Front de

libération nationale (FLN) se lance dans des actions de lutte armée. L’armée française multiplie alors

les opérations en Kabylie, comme ici, en 1955.

PH

OTO

S : M

. D

ESJA

RD

INS/R

AP

HO

/GA

MM

A –

H. LEQ

UEU

X P

OU

R V

SD

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. R

.

ILS ONT FAITL’ ALGERIE...

LE 18 MARS 1962, LES ACCORDS D’ÉVIAN METTAIENT FIN À CETTE GUERRE SANS NOM.

CINQUANTE ANS PLUS TARD, ALORS QUE LES PLAIES SONT TOUJOURS VIVES, RETOUR SUR CE

CONFLIT AVEC DES ACTEURS DE L’ÉPOQUE.P A R S É B A S T I E N D E S L A N D E S E T C H R I S T O P H E G A U T I E R

APPELES, OAS, FLN, HARKIS

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Époque Reportage

LibanLE TERRIBLE EXODEDES SYRIENS

PLUSIEURS FAMILLES ONT FRANCHI LA FRONTIÈRE, AU RISQUE

DE LEUR VIE, POUR S’INSTALLER DANS DES VILLAGES LIBANAIS. NOUS

LES AVONS RENCONTRÉES. ELLES RACONTENT LES HORREURS

DE LA GUERRE CIVILE.

P A R J A C Q U E S D U P L E S S Y . P H O T O S : S T E V E N S W A S S E N A A R P O U R V S D

A20 mètres de la frontière syrienne en territoire liba-nais, dans la zone d’Al-Qaa, Hassan, Naama et leurs neuf enfants, âgés de 1 à 17 ans, ont trouvé une rela-tive sécurité. Dans cette sorte de no man’s land ver-rouillé par la gendarmerie où habitent seulement quelques agriculteurs et des Bédouins, ils logent dans une baraque en parpaings de deux pièces prêtée par des amis depuis la mi-décembre. Originaires de Ni-zarié, un village de quatre mille cinq cents habitants distant de 3 kilomètres de la frontière, ils ont fui les

combats et les exactions de l’armée syrienne. « Quand les militaires sont entrés dans le village, on s’est terrés chez nous. Puis ils ont fouillé les maisons. Ils nous ont fait sortir. Mon voisin, Adelhouwach, a eu peur. Au lieu de ne pas bouger, il est allé vers eux en implorant : “Je vous en prie, ne me tuez pas !” Les soldats l’ont abattu. J’étais à 30 mètres, im-puissant. Nous avons eu peur et nous avons décidé de partir. » Ils sont entrés illégalement au Liban à pied par des chemins détournés en évi-tant les champs de mines.

Hassan, horticulteur, n’a pas l’autorisation de travailler. « J’avais des économies quand je suis arrivé. Mais elles sont épuisées. Désor-mais, je survis avec l’aide humanitaire. » Leur situation est très pré-caire. La baraque est insalubre. L’odeur d’humidité est tenace. Une pièce sert de cuisine ; ils s’entasse à onze dans la seconde. Il n’y a pas l’eau et le puits est à 1 kilomètre. « Il faut faire avec, soupire Naama. Nous n’avons nulle part où aller. » La famille ne cache pas sa sympa-thie pour les opposants au régime de Bachar al-Assad. En Syrie, ils ont participé à des manifestations dans la ville voisine d’Al-Qusayr, contrôlée en partie par l’opposition, et vu l’armée tirer. « Les militaires ont allongé les cadavres sur la route avant de passer dessus avec leurs véhicules. Pour faire souffrir davantage leur famille. » Hassan réclame à cor et à cri une intervention de la communauté internationale. « Qu’est-ce qu’attendent la France et l’Otan ? Il faut faire vite. Les ca-davres s’empilent. On égorge dans mon pays. » Il a appris, il y a quatre jours, la mort d’une famille d’amis, les Zorbe, des habitants du quar-tier de Bab Amr, à Homs. « Ils ont tous été tués à coup de couteau.

Hospitalité Ces Syriens sont hébergés dans une maison

en construction à Al-Fakha, dans la vallée de

la Beqaa, au Liban. Ce village de 5 000 habitants

accueille 200 réfugiés.

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Époque Reportage

LibanLE TERRIBLE EXODEDES SYRIENS

PLUSIEURS FAMILLES ONT FRANCHI LA FRONTIÈRE, AU RISQUE

DE LEUR VIE, POUR S’INSTALLER DANS DES VILLAGES LIBANAIS. NOUS

LES AVONS RENCONTRÉES. ELLES RACONTENT LES HORREURS

DE LA GUERRE CIVILE.

P A R J A C Q U E S D U P L E S S Y . P H O T O S : S T E V E N S W A S S E N A A R P O U R V S D

A20 mètres de la frontière syrienne en territoire liba-nais, dans la zone d’Al-Qaa, Hassan, Naama et leurs neuf enfants, âgés de 1 à 17 ans, ont trouvé une rela-tive sécurité. Dans cette sorte de no man’s land ver-rouillé par la gendarmerie où habitent seulement quelques agriculteurs et des Bédouins, ils logent dans une baraque en parpaings de deux pièces prêtée par des amis depuis la mi-décembre. Originaires de Ni-zarié, un village de quatre mille cinq cents habitants distant de 3 kilomètres de la frontière, ils ont fui les

combats et les exactions de l’armée syrienne. « Quand les militaires sont entrés dans le village, on s’est terrés chez nous. Puis ils ont fouillé les maisons. Ils nous ont fait sortir. Mon voisin, Adelhouwach, a eu peur. Au lieu de ne pas bouger, il est allé vers eux en implorant : “Je vous en prie, ne me tuez pas !” Les soldats l’ont abattu. J’étais à 30 mètres, im-puissant. Nous avons eu peur et nous avons décidé de partir. » Ils sont entrés illégalement au Liban à pied par des chemins détournés en évi-tant les champs de mines.

Hassan, horticulteur, n’a pas l’autorisation de travailler. « J’avais des économies quand je suis arrivé. Mais elles sont épuisées. Désor-mais, je survis avec l’aide humanitaire. » Leur situation est très pré-caire. La baraque est insalubre. L’odeur d’humidité est tenace. Une pièce sert de cuisine ; ils s’entasse à onze dans la seconde. Il n’y a pas l’eau et le puits est à 1 kilomètre. « Il faut faire avec, soupire Naama. Nous n’avons nulle part où aller. » La famille ne cache pas sa sympa-thie pour les opposants au régime de Bachar al-Assad. En Syrie, ils ont participé à des manifestations dans la ville voisine d’Al-Qusayr, contrôlée en partie par l’opposition, et vu l’armée tirer. « Les militaires ont allongé les cadavres sur la route avant de passer dessus avec leurs véhicules. Pour faire souffrir davantage leur famille. » Hassan réclame à cor et à cri une intervention de la communauté internationale. « Qu’est-ce qu’attendent la France et l’Otan ? Il faut faire vite. Les ca-davres s’empilent. On égorge dans mon pays. » Il a appris, il y a quatre jours, la mort d’une famille d’amis, les Zorbe, des habitants du quar-tier de Bab Amr, à Homs. « Ils ont tous été tués à coup de couteau.

Hospitalité Ces Syriens sont hébergés dans une maison

en construction à Al-Fakha, dans la vallée de

la Beqaa, au Liban. Ce village de 5 000 habitants

accueille 200 réfugiés.

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Page 12: VSD 1803

Self-service L’accès à ces milliers d’AK-47, FN

FAL, mortiers, missiles et bombes aériennes, ici à Lubumbashi, en République

démocratique du Congo, est quasi libre. Une chaîne

cadenassée, parfois un soldat en protègent l’accès.

Sans sécurité, sans gestion des stocks, la tentation de les

vendre est grande pour des soldats sous-payés.

L'AFRIQUE MALADE DE SES ARMESLA CATASTROPHE DE BRAZZAVILLE, DÉBUT MARS, AU CONGO, RAPPELLE QUE LES ARMES TUENT ENCORE, MÊME APRÈS LA FIN DES CONFLITS.

P A R C A R O L I N E S I X . P H O T O S : G W E N N D U B O U R T H O U M I E U

Tout en images Monde

VSD1803D044.indd 44-45 12/03/12 15:19

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Self-service L’accès à ces milliers d’AK-47, FN

FAL, mortiers, missiles et bombes aériennes, ici à Lubumbashi, en République

démocratique du Congo, est quasi libre. Une chaîne

cadenassée, parfois un soldat en protègent l’accès.

Sans sécurité, sans gestion des stocks, la tentation de les

vendre est grande pour des soldats sous-payés.

L'AFRIQUE MALADE DE SES ARMESLA CATASTROPHE DE BRAZZAVILLE, DÉBUT MARS, AU CONGO, RAPPELLE QUE LES ARMES TUENT ENCORE, MÊME APRÈS LA FIN DES CONFLITS.

P A R C A R O L I N E S I X . P H O T O S : G W E N N D U B O U R T H O U M I E U

Tout en images Monde

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V O T R E G U I D E D U W E E K - E N D

Culture InéditM

ELC

HER

/DA

LM

AS/S

IPA

Entre juin 1959 et janvier 1960, le caporal Presley, basé en Allemagne, profi ta de

trois permissions pour venir faire la bringue à Paris. Lors de son ultime séjour, le King chanta

pour l’unique fois de sa carrière hors de l’Amérique.

P A R F R A N Ç O I S J U L I E N & C H R I S T I A N E U D E L I N E

LE JOUR

OU ELVISCHANTA

A PARIS

Nostalgie

Premier contact Au sortir de sa conférence de presse

à l’hôtel Prince-de-Galles, Elvisfait du gringue à Micheline Sandrel,

journaliste à l’ORTF, qu’il salue d’un élégant baise-main avant de

partir se balader au volant d’uneCadillac décapotable.

VSD1803D052.indd 52-53 12/03/12 12:28

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V O T R E G U I D E D U W E E K - E N D

Culture Inédit

MELC

HER

/DA

LM

AS/S

IPA

Entre juin 1959 et janvier 1960, le caporal Presley, basé en Allemagne, profi ta de

trois permissions pour venir faire la bringue à Paris. Lors de son ultime séjour, le King chanta

pour l’unique fois de sa carrière hors de l’Amérique.

P A R F R A N Ç O I S J U L I E N & C H R I S T I A N E U D E L I N E

LE JOUR

OU ELVISCHANTA

A PARIS

Nostalgie

Premier contact Au sortir de sa conférence de presse

à l’hôtel Prince-de-Galles, Elvisfait du gringue à Micheline Sandrel,

journaliste à l’ORTF, qu’il salue d’un élégant baise-main avant de

partir se balader au volant d’uneCadillac décapotable.

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Culture CinémaV O T R E G U I D E D U W E E K - E N D

Dans la peau du petit magicien dix ans durant, l’acteur anglais cherche à s’émanciper. Première étape de cette ambition,

un fi lm fantastique, “La Dame en noir”. Rencontre.P A R O L I V I E R B O U S Q U E T

Daniel Radcliffe

Un homme en noir Après dix ans de bons et loyaux

services dans la saga qui l’a rendu célèbre, Daniel Radcliffe

incarne Arthur Kipps, un jeune notaire, pas très éloigné

du Jonathan Harker aux prises avec Dracula dans le chef-

d’œuvre de Bram Stoker.

Avec La Dame en noir*, son premier grand rôle post-Harry Potter, Daniel Radcliffe

continue de creuser le sillon fantastique. « Mais cela n’a rien à voir, assure-t-il. Dans ce fi lm, j’incarne un personnage

vraiment adulte, dont les tourments intimes possèdent des résonances universelles. » Soit un jeune notaire précocement veuf, envoyé dans la campagne anglaise pour régler la succession d’une richissime cliente dont la mort enclenche une série de phénomènes surnaturels. Omniprésent, très investi, peut-être un peu jeune pour le rôle, il anime un récit d’épouvante très soigné. Spectaculaire. � B. A.(*) Sortie le 14 mars. 1 h 35.

Un peu jeune pour le rôle, Daniel Radcliffe convainc pourtant dans cette histoire gothique.

Pas si loin d’AzkabanÀ notre avis

“Prouver que je suis un comédien et non

un personnage”

PHO

TOS

: D. R

.

C’est comme un cousin éloigné dont on prendrait, de temps en temps, des nouvelles. Rencontré en 2003 sur le tournage du Prisonnier d’Azkaban, puis en 2009 sur celui du dernier épisode de la saga Harry Potter, Daniel Radcliffe a bien changé. Ce n’est pas seulement une histoire de barbe de trois jours,

mais le sentiment de rencontrer enfin un adulte, conscient de l’importance que représente La Dame en noir, drame gothique dont il tient la tête d’affi che. En octobre dernier à New York, le comédien de 22 ans semblait aussi excité par la promotion du fi lm que par les derniers résultats de l’équipe britannique de cricket et la reformation annoncée des Stone Roses, l’un de ses groupes favoris. VSD. Heureux d’être enfi n devenu adulte ?Daniel Radcliffe. Dans La Dame en noir, je joue un jeune père. Dans ma tête, je ne suis pas sûr de l’être à 100 %. De toute façon, l’idée de la paternité me taraude. Pas tout de suite, mais je sais, au fond de moi, qu’un jour j’aurai un enfant. VSD. Vous avez l’air bien seul, sur votre canapé.D. R. Sans le cirque Potter autour de moi, vous voulez dire ? Croyez-moi ou non, je ressens beaucoup plus

de pression aujourd’hui à pro-mouvoir ce fi lm que lors de ces dix dernières années. Je suis très attentif à tous les détails parce que j’ai vraiment envie qu’il

marche. La Dame en noir marque la première étape d’une ambition, celle de prouver aux spectateurs que je suis un comédien, et non un personnage. Je sais que le chemin sera long, mais je n’ai rien à perdre. Avec Harry Potter, il n’y avait pas de problème. Les fi lms étaient destinés à être des succès, quoi qu’on dise ou fasse. VSD. En 2003, vous évoquiez en souriant votre crainte de subir le même sort que Mark Hamill, qui avait sombré dans l’oubli, après avoir connu la gloire dans « Star Wars ».D. R. Ce n’est pas gentil de se moquer, je le concède. Aujourd’hui, je ne me pose plus la question. Je sais que je ne connaîtrai plus jamais un succès tel que celui que j’ai eu. Du coup, je n’ai aucune pression. Je peux passer le reste de ma vie à jouer dans des fi lms indé-pendants ou faire un one-man-show dans un café-théâtre parisien devant cinq personnes.VSD. En attendant, vous triomphez à Broadway dans une comédie musicale. C’est un test pour vous ?D. R. Tout à fait. Sur une scène, tu remets tout en question quotidiennement. Certains soirs, tu joues devant une salle à moitié pleine qui ne réagit pas, tu entends ta voix résonner dans le vide et tu dois puiser en toi la conviction de continuer comme au premier jour. Ces soirs-là, le petit magicien est bien loin.VSD. Si jamais votre carrière d’acteur ne décolle pas, vous pourrez toujours faire de la politique. Il paraît que vous aimez ça.D. R. Je m’y intéresse en tant que citoyen. Mais je ne profiterai pas de mon statut pour imposer mes opinions politiques à d’autres. Si on me pose la ques-tion, comme je suis un garçon poli, je réponds. Mais je ne fais pas de prosélytisme. Un jour, lors de repé-rages dans une université, nous sommes entrés dans une salle où se tenait une conférence sur l’homo-sexualité en Ouganda. Et l’intervenant m’a demandé mon avis sur la question ! Comme je suis connu, je suis censé être omniscient. Mais j’ai déjà assez de mal à comprendre les règles du cricket. �

Daniel Radcliffe

LA VIE APRES HARRY POTTER

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Culture CinémaV O T R E G U I D E D U W E E K - E N D

Dans la peau du petit magicien dix ans durant, l’acteur anglais cherche à s’émanciper. Première étape de cette ambition,

un fi lm fantastique, “La Dame en noir”. Rencontre.P A R O L I V I E R B O U S Q U E T

Daniel Radcliffe

Un homme en noir Après dix ans de bons et loyaux

services dans la saga qui l’a rendu célèbre, Daniel Radcliffe

incarne Arthur Kipps, un jeune notaire, pas très éloigné

du Jonathan Harker aux prises avec Dracula dans le chef-

d’œuvre de Bram Stoker.

Avec La Dame en noir*, son premier grand rôle post-Harry Potter, Daniel Radcliffe

continue de creuser le sillon fantastique. « Mais cela n’a rien à voir, assure-t-il. Dans ce fi lm, j’incarne un personnage

vraiment adulte, dont les tourments intimes possèdent des résonances universelles. » Soit un jeune notaire précocement veuf, envoyé dans la campagne anglaise pour régler la succession d’une richissime cliente dont la mort enclenche une série de phénomènes surnaturels. Omniprésent, très investi, peut-être un peu jeune pour le rôle, il anime un récit d’épouvante très soigné. Spectaculaire. � B. A.(*) Sortie le 14 mars. 1 h 35.

Un peu jeune pour le rôle, Daniel Radcliffe convainc pourtant dans cette histoire gothique.

Pas si loin d’AzkabanÀ notre avis

“Prouver que je suis un comédien et non

un personnage”

PHO

TOS

: D. R

.

C’est comme un cousin éloigné dont on prendrait, de temps en temps, des nouvelles. Rencontré en 2003 sur le tournage du Prisonnier d’Azkaban, puis en 2009 sur celui du dernier épisode de la saga Harry Potter, Daniel Radcliffe a bien changé. Ce n’est pas seulement une histoire de barbe de trois jours,

mais le sentiment de rencontrer enfin un adulte, conscient de l’importance que représente La Dame en noir, drame gothique dont il tient la tête d’affi che. En octobre dernier à New York, le comédien de 22 ans semblait aussi excité par la promotion du fi lm que par les derniers résultats de l’équipe britannique de cricket et la reformation annoncée des Stone Roses, l’un de ses groupes favoris. VSD. Heureux d’être enfi n devenu adulte ?Daniel Radcliffe. Dans La Dame en noir, je joue un jeune père. Dans ma tête, je ne suis pas sûr de l’être à 100 %. De toute façon, l’idée de la paternité me taraude. Pas tout de suite, mais je sais, au fond de moi, qu’un jour j’aurai un enfant. VSD. Vous avez l’air bien seul, sur votre canapé.D. R. Sans le cirque Potter autour de moi, vous voulez dire ? Croyez-moi ou non, je ressens beaucoup plus

de pression aujourd’hui à pro-mouvoir ce fi lm que lors de ces dix dernières années. Je suis très attentif à tous les détails parce que j’ai vraiment envie qu’il

marche. La Dame en noir marque la première étape d’une ambition, celle de prouver aux spectateurs que je suis un comédien, et non un personnage. Je sais que le chemin sera long, mais je n’ai rien à perdre. Avec Harry Potter, il n’y avait pas de problème. Les fi lms étaient destinés à être des succès, quoi qu’on dise ou fasse. VSD. En 2003, vous évoquiez en souriant votre crainte de subir le même sort que Mark Hamill, qui avait sombré dans l’oubli, après avoir connu la gloire dans « Star Wars ».D. R. Ce n’est pas gentil de se moquer, je le concède. Aujourd’hui, je ne me pose plus la question. Je sais que je ne connaîtrai plus jamais un succès tel que celui que j’ai eu. Du coup, je n’ai aucune pression. Je peux passer le reste de ma vie à jouer dans des fi lms indé-pendants ou faire un one-man-show dans un café-théâtre parisien devant cinq personnes.VSD. En attendant, vous triomphez à Broadway dans une comédie musicale. C’est un test pour vous ?D. R. Tout à fait. Sur une scène, tu remets tout en question quotidiennement. Certains soirs, tu joues devant une salle à moitié pleine qui ne réagit pas, tu entends ta voix résonner dans le vide et tu dois puiser en toi la conviction de continuer comme au premier jour. Ces soirs-là, le petit magicien est bien loin.VSD. Si jamais votre carrière d’acteur ne décolle pas, vous pourrez toujours faire de la politique. Il paraît que vous aimez ça.D. R. Je m’y intéresse en tant que citoyen. Mais je ne profiterai pas de mon statut pour imposer mes opinions politiques à d’autres. Si on me pose la ques-tion, comme je suis un garçon poli, je réponds. Mais je ne fais pas de prosélytisme. Un jour, lors de repé-rages dans une université, nous sommes entrés dans une salle où se tenait une conférence sur l’homo-sexualité en Ouganda. Et l’intervenant m’a demandé mon avis sur la question ! Comme je suis connu, je suis censé être omniscient. Mais j’ai déjà assez de mal à comprendre les règles du cricket. �

Daniel Radcliffe

LA VIE APRES HARRY POTTER

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ÉvasionVSDV O T R E G U I D E D U W E E K - E N D

Grand angle

Destination Brésil

CHAMANEREVE DE

Partager les savoirs et la culture de son peuple, c’était le but de Muru, grand

chamane amazonien. Pari réussi avec l’initiation d’un ethnobotaniste

français aux secrets de la forêt la plus riche du monde.

T E X T E E T P H O T O S : A N O U K G A R C I A E T A L E X A N D R E B O U C H E T

Force de la nature Le samauma (« Ceiba pentandra gaertn ») est l’un des

plus grands arbres de la forêt. Il représente « l’axe du monde » et abrite

de puissants esprits. « C’est grâce à lui que les hommes sont descendus sur la Terre », racontait Muru, le vieil Huni Kuin.

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CHAMANEREVE DE

Partager les savoirs et la culture de son peuple, c’était le but de Muru, grand

chamane amazonien. Pari réussi avec l’initiation d’un ethnobotaniste

français aux secrets de la forêt la plus riche du monde.

T E X T E E T P H O T O S : A N O U K G A R C I A E T A L E X A N D R E B O U C H E T

Force de la nature Le samauma (« Ceiba pentandra gaertn ») est l’un des

plus grands arbres de la forêt. Il représente « l’axe du monde » et abrite

de puissants esprits. « C’est grâce à lui que les hommes sont descendus sur la Terre », racontait Muru, le vieil Huni Kuin.

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