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JE VOTE SPORT PROGRAMMES | GOUVERNANCE | STATUT | COMMUNICATION | INTERNATIONAL BILAN Le constat du Ministère des Sports RÉFORME Le statut du sportif professionnel BREXIT Une aubaine ou un problème ? SPORT

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J E VOTE SPORTPROGRAMMES | GOUVERNANCE | STATUT | COMMUNICATION | INTERNATIONAL

BILANLe constat du

Ministère des Sports

RÉFORMELe statut du sportif

professionnel

BREXITUne aubaine ou

un problème ?

SPORT

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Marion CoroyerRédactrice en Chef

Le mal-aiméAvec plus de 15 millions de licenciés, le sport pourrait être le premier parti de France. Pourtant, à quelques mois de l’élection présidentielle, son poids politique est toujours inexistant. À l’exception de la candidature de Paris pour les Jeux 2024 et quelques appa-ritions au Stade de France, la thématique du sport ne trouve pas vraiment l’écho espéré par les athlètes et le milieu sportif dans les débats politiques.

Notre pays a une longue histoire avec le sport et l’Olympisme, mais les pouvoirs sportifs et politiques semblent entretenir des relations étroites seulement quand l’enjeu d’une grande échéance sportive se met en marche : candidatures aux JO, Coupe du monde ou Championnat d’Europe.

Baladé de ministère de plein droit à ministère élargi, ou bien traité uniquement en Secré-tariat d’État, le portefeuille du sport est relayé au second plan et marqué d’une instabilité profonde, sans vraie ambition stratégique pour notre pays. Alors pourquoi cette mise au placard ? Car la France a fondamentalement besoin du sport et d’une « réelle » politique sportive. Celle-ci ne peut être bâtie sur des mesures « électoralistes » à court terme. Il faut rassembler indépendamment de tout programme politique pour que le sport soit au centre d’un projet gouvernemental. Les Français aiment consommer et faire du sport pour se distraire, s’épanouir et entretenir leur santé. Si les gens font du sport, c’est donc autant d’économies pour la santé, l’éducation, le lien social ou encore l’intégration. Et tout ça n’a pas de prix.

L’objectif du sport n’est-il pas de réunir les gens autour de valeurs saines et ainsi inspirer notre société et surtout la jeunesse ? En ces temps difficiles, la France en a grandement besoin. La prise de conscience des politiques aura-t-elle lieu ? Seulement quatrième na-tion du sport dans le monde, espérons juste que notre pays ne rétrograde pas plus dans ce classement et que la mise au placard ne dure pas trop longtemps…

JE VOTE SPORT | JANVIER 2017

Édito

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ProgrammesSport : le grand oublié de 2017 ?...................................................................................................5

GouvernanceLa France est-elle un pays de Sport?..........................................................................................6Un quinquennat inégal pour le Ministère des Sports............................................................7Stratégie du ministère des Sports : vers le modèle anglo-saxon ?..................................8Quels sont les dommages collatéraux des lois sur le sport français ?............................10La loi affecte-t-elle NOTRe sport ?..............................................................................................11

StatutLe point sur la réforme du statut des sportifs de haut niveau............................................12L’après-carrière sportive : petite mort ou seconde vie ?.....................................................13

CommunicationLe sport, un coup de com’ politique comme les autres ?....................................................14Zone mixte...........................................................................................................................................15Prise de position politique par les sportifs..............................................................................16

InternationalBrexit : conséquences et impacts sur le sport français........................................................17La stratégie d’influence sportive française est-elle la bonne ?.........................................18Les investisseurs étrangers servent-il le sport français ?....................................................19

Directeur des MBA ESG Alain KRUGERResponsables pédagogiques du MBA Management du Sport Jean-Claude SORGE & Vincent ROTACoordination Arnaud BUTTICAZRédactrice en chef Marion COROYERSecrétaire de rédaction Thierry JULLIENMaquettiste Benjamin VASSELON

RédactionThierry BARISEEL ([email protected]), Marion COROYER ([email protected]),Sylvain DEMOULIN ([email protected]), Thierry JULLIEN ([email protected]),Julien LAGARIGUE ([email protected]), Pierre MANGAS ([email protected]) etBenjamin VASSELON ([email protected])

Ce magazine a été réalisé en partenariat avec la Société des Pétroles Shell

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Sommaire

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Sport : le grand oubliéde 2017 ?

A l’heure des primaires et à moins de six mois de l’investiture du prochain Président de la République, quelle est la place du sport dans le débat des élections présidentielles ?

Deux sur dix-sept. Actuellement, entre les différentes primaires commencées (les Républicains, les Verts) ou non (la gauche) et les partis à candidat unique, il y a en tout dix-sept personnes déclarées à la présidence, avec un programme présidentiel plus ou moins détaillé. Les deux seuls avec des propositions pour le sport sont François Fillon et Bruno Le Maire.

Les différentes propositions

L’objectif de François Fillon pour le sport français, c’est de main-tenir la France parmi les grandes nations sportives. Pour cela, il propose d’abord de revoir le fi-nancement du sport : l’Etat ne s’occupe plus que du sport de haut niveau, et les collectivités du sport pour tous. Il souhaite également la création d’un sta-tut du sportif de haut niveau, permettant la préparation, le soutien et surtout la reconver-sion des champions. Proposition qui ne sera qu’un complément de la loi sur le statut du sportif votée en novembre 2015.

Bruno Le Maire est le seul can-didat avec des propositions plus que détaillées et les solutions pour les mettre en place. Lui aussi veut maintenir le sport français à son niveau. Pour cela, il envisage de créer une agence indépen-dante du sport de haut niveau. Il souhaite également revoir la gouvernance du sport français

avec comme sugges-tion principale d’assou-plir et de professionna-liser le fonctionnement et le processus déci-sionnel des fédérations sportives. Pour le sport professionnel, il veut lui donner les armes de la compétition inter-nationale en aidant les clubs à être proprié-taire de leurs enceintes, ou encore en facilitant la diversification des revenus et son accès aux financements. En cette période propice aux pro-messes électorales (tenues ou non) même dans ce domaine, le sport est plus qu’oublié par les politiciens.

Bilan du dernier quinquennat

Hormis la taxe à 75 %, à l’heure où le quinquennat de François Hollande se termine, que faut-il retenir de l’action des divers gouvernements en matière de sport ? Grâce à la modernisation de la loi santé, il est désormais possible pour les médecins de prescrire des séances d’activités sportives, dispensées par des or-ganismes labellisés. Le sport sur ordonnance concerne en prio-rité les dix millions de Français atteints d’une maladie de longue durée reconnue par l’assurance maladie.

Dans la réforme des rythmes scolaires, le sport a une place

importante, puisque chaque en-fant se voit offrir la possibilité de pratiquer un sport en dehors des heures scolaires. La qua-si-totalité des communes a mis en place ce projet mais déjà plus d’un tiers a renoncé à la gratuité des activités. Par contre, Fran-çois Hollande n’aura pas réussi à créer son grand ministère conte-nant l’éducation, la jeunesse et les sports. Ce grand barnum de-vait garantir la pratique du sport pour tous les jeunes, en situation de handicap ou non, en club ou en association.

Au vu du bilan de ce mandat et des maigres propositions des futurs candidats en matière de sport, et avec ce qu’il apporte en matière de cohésion sociale mais également ce qu’il rapporte, tout simplement, à la France, le sport devrait avoir une part bien plus importante dans le débat poli-tique. Peut mieux faire…

Pierre Mangas

François Hollande avec de jeunes concitoyens - ©PHILIPPE WOJAZER

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Programmes

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La France est-elleun pays de sport ?

Lors des dernières éditions des JO, la France a régulièrement terminé dans le Top 10. Une position qui reste très éloignée des leaders mondiaux. Alors oui, sta-tistiquement, il y a plus de chance de sortir des talents bruts en Chine ou aux Etats-Unis, car ces pays font partie des nations développées ayant le nombre le plus élevé de population. Mais est-ce vraiment la seule et unique raison ?

Septième ! C’est le classement de la France lors des Jeux Olym-piques de Rio 2016. La France, portée par ses équipes collec-tives, peut être fière de celles-ci. À Rio, elle a pu compter sur la présence de neuf équipes enga-gées sur seize possibles (6ème nation la plus représentée dans les sports collectifs). D’autant plus que beaucoup d’entre elles ont fait le voyage jusqu’au Brésil avec de réelles chances de reve-nir à Paris avec une médaille au-tour du cou. Cette réussite vient de la politique d’État qui favorise les sports collectifs au détriment des sports individuels, qui fe-raient gagner pourtant plus de médailles lors des compétitions olympiques.

La France n’a pas la culture de la compétition

Qui, à part les sports collec-tifs, peut assurer à la France de

rapporter des médailles lors de Jeux Olympiques ? Hormis Ted-dy Riner au judo, le tableau reste bien sombre. Le judoka français, reconnu pour sa haine de la dé-faite, a souvent critiqué la men-talité des sportifs hexagonaux. Tout comme le Brésilien Léonar-do, qui quelques mois après son retour au Paris Saint-Germain en tant que Directeur Sportif, a lui aussi jeté un pavé dans la marre en indiquant « qu’il n’y a pas de culture de la gagne en France. Le niveau de préparation des joueurs et des entraîneurs est vraiment bas ».

Il a pourtant essayé de faire bouger les codes, tout comme Carlo Ancelotti, Marcelo Bielsa ou Unaï Emery en apportant de nouvelles techniques (vidéos, analyses de données…), mais les Français semblent réticents à ces changements. Par exemple, quand un sportif russe ou ja-ponais fait des « efforts » pour atteindre une performance, un sportif français parlera quant à lui de « sacrifices ». Les sportifs nationaux ont de larges faillites mentales dues à la culture fran-çaise.

Le sport pour l’épanouissement personnel

L’historique du portefeuille du sport est confié suivant les quin-quennats à un ministère de plein droit ou bien regroupé au sein

d’un ministère élargi (Jeunesse, Education, de la Ville, de la San-té…) et peut être aussi traité en tant que secrétariat d’Etat. Au-tant de risques d’instabilité pour son développement alors même que le Comité Olympique fran-çais en a toujours été l’interlocu-teur privilégié vis-à-vis des asso-ciations sportives.

Le tissu associatif sportif compte pas moins de 170 000 clubs en France (loin devant le Royaume-Uni par exemple : 106 000 clubs). Un tissu associatif qui encadre et favorise la pra-tique : un Français sur quatre pratique un sport dans un club et 50 % de la population a une activité sportive au moins une fois par semaine. Des chiffres qui placent la France parmi les meil-leurs pays mondiaux. En 2016, la France a organisé onze Cham-pionnats du monde ou d’Europe (plus grand organisateur avec les États-Unis et l’Allemagne). D’après une étude réalisée par Havas en 2012, la France serait même la quatrième nation de sport dans le monde. Les Fran-çais aiment consommer et faire du sport pour se distraire, s’épa-nouir et entretenir leur santé. De là à ce que le sport soit plus une affaire de loisir que de compéti-tion…

Benjamin Vasselon

Encore une désilLusion pour la génération de Tony Parker - ©L’EXPRESS

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Pays de sport

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Un quinquennat inégal pour le ministère des Sports

Selon la structure du gouvernement, la responsabilité de la politique du sport se par-tage au sein d’un ministère aux multiples dimensions.

SI la responsabilité de la poli-tique du sport a été partagée tantôt avec celle de la jeunesse ou de la santé ou encore de l’éducation, elle est aujourd’hui partie intégrante du ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Valérie Fourneyron en a été la ministre de mai 2012 à mars 2014. Patrick Kanner lui a succédé le 26 août 2014, précé-dé peu avant par un secrétaire d’Etat, Thierry Braillard. Le déve-loppement du sport et les mul-tiples dimensions qu’il recouvre nécessite d’engager l’action des pouvoirs publics…

Sport pour tous

Valérie Fourneyron, de formation médecin généraliste et médecin du sport, initie au début du quin-quennat de François Hollande le programme ministériel pour une promotion du sport de masse, du sport pour tous. Le pro-gramme ministériel se décline alors en plans nationaux sur les thématiques du « sport au fémi-nin », de « l’éducation et de l’in-sertion », du « sport et handicaps » et du « sport santé bien-être »,

qui forment une identité unitaire de « sport fac-teur d’inclusion sociale ».

Un des premiers plans pluri an-nuel est celui de la lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion so-ciale, adopté en 2013. Il intègre

par ailleurs une mesure spéci-fique visant à faciliter « l’accès aux sports et aux loisirs », par-tie-prenante d’une démarche qui ambitionne plus largement de favoriser l’accès aux publics les plus vulnérables ou engagés dans un processus d’intégration. Valérie Fourneyron et le mi-nistre délégué chargé de la Ville, François Lamy signent eux, le 4 avril 2013 à Rouen, la première convention triennale d’objectifs pour les quartiers populaires. Les deux ministres s’engagent à réduire les inégalités d’accès à la pratique sportive, que ce soit en matière d’équipements, de diversité des sports proposés et d’accès aux clubs.

L’influence de Paris 2024

En avril 2014, Thierry Braillard devient secrétaire d’Etat char-gé de sports et Patrick Kanner devient quelques mois plus tard le ministre de la Ville, de la Jeu-nesse et des Sports. Ce dernier lance les états généraux du sport de haut niveau dans le contexte olympique et paralympique de

la candidature de Paris 2024. Dans la continuité des Jeux de Rio, Thierry Braillard a souhaité engager une réflexion collective afin de préparer la génération 2024.

Dans le cadre du Projet de Loi de Finance, Patrick Kanner a présenté début novembre un budget de 521 M€ pour le sport, avec notamment l’impulsion d’une dynamique autour de l’héritage de la candidature de Paris aux Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, la mise en œuvre du plan de dévelop-pement des équipements spor-tifs dans les territoires ultrama-rins et en Corse, le maintien du même niveau de subventions aux fédérations sportives, et en-fin une hausse de 9 % des cré-dits versés à l’Agence Française de Lutte contre le Dopage. Soit un budget total pour le sport de 1,41 Md€, incluant le Centre Na-tional pour le Développement du Sport. Les actions du pro-gramme ministériel initiées par Valérie Fourneyron perdurent, mais la candidature de Paris 2024 lui a donné une toute nou-velle dimension. Qu’en sera-t-il après les élections présiden-tielles de 2017 ?

Thierry Jullien

Patrick Kanner rêve des JO 2024 pour la ville de Paris - ©PUREPEOPLE

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Rétrospective

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Stratégie du ministère des Sports : vers le modèle anglo-saxon ?

Au lendemain des Jeux Olympiques de Rio, chaque pays tire son propre bilan. Le Royaume-Uni, l’une des nations phares de ces Jeux, a grandement augmenté ses perfor-mances grâce à la refonte de sa stratégie d’intervention. De là à inspirer le modèle français ?

Deuxième ! C’est le classement de la Grande-Bretagne au ta-bleau des médailles olympiques des Jeux de Rio 2016, avec un total de 67, dont 27 en or. La transformation du mouvement sportif britannique est specta-culaire. Sa stratégie en matière de sport a beaucoup évolué ces dernières années afin de maximiser les résultats sportifs. Avec une politique de « prime à la performance » qui favorise les disciplines les plus pourvoyeuses de mé-dailles, l’Etat a réorienté l’attribution des moyens. La privatisation de l’offre sportive revient au centre des débats.

Le modèle anglais, réfé-rence en Europe

En 1996, aux JO d’Atlan-ta, la Grande-Bretagne termine à la 36ème place avec une seule médaille d’or. Face à ce fiasco, la gouvernance du sport anglais va profondément changer. Les moyens financiers alloués au sport vont forte-ment s’accroître, passant de 76 M€ en 1996 à 340 M€ en 2012, mais seront très ciblés. Les ré-sultats sont impressionnants, jusqu’à terminer deuxième vingt ans plus tard. Néanmoins, le pays reste un modèle de légis-lation non interventionniste. Il n’y a aucun cadre législatif pour le sport. Si les priorités straté-giques sont définies par le cabi-

net des sports, le gouvernement délègue le développement et le financement du sport à des agences indépendantes (Sport England, UK sport,…). Ce man-dat, semblable à la privatisation, vise à respecter l’autonomie complète du mouvement spor-tif anglais. Cette politique non interventionniste est également reprise en Allemagne, seconde nation sportive européenne.

L’exception française

En France, l’interventionnisme de l’Etat fait du sport un service public à part entière. Là où les pratiques des grandes nations européennes se caractérisent par une absence de tutelle sur les fédérations (autonomie ad-ministrative et réglementaire to-tale), la France a toujours opté pour un système contraire, fruit d’une construction historique datant de l’après-guerre. Ce mo-dèle de législation du sport va jusqu’à la censure des activités

non délégataires.

Contrairement au modèle an-glais, principalement financé par la loterie et le mécénat, le finan-cement du sport français pro-vient essentiellement du budget de l’Etat. Dans ce contexte, le ministère du Budget qui a ré-cemment été chargé de trouver des sources d’économies, s’est intéressé au sport. Sa conclusion : le potentiel d’économie est de

250 M€, en préconisant notamment de diviser par deux le nombre de fédérations subvention-nées au titre du sport de haut niveau. Une réforme plusieurs fois envisagée reviendrait à subvention-ner moins de champions et donner plus à ceux qui gagnent, comme en Angleterre. Premières organisations visées, les

disciplines qui ne gagnent pas. Ces coupes budgétaires impac-teraient directement les actions sociétales, pourtant chères à l’Etat. Indubitablement, s’inspirer du modèle anglais sans accepter de se séparer des vieilles tradi-tions interventionnistes risque de pénaliser l’ensemble du sport français.

Julien Lagarigue

Le modèle anglo-saxon de gouvernance a performé aux JO de Rio 2016 ©Graham Whatson

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Stratégie

Page 9: Magazine Je Vote Sport

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JE VOTE SPORT | JANVIER 2017

Page 10: Magazine Je Vote Sport

Quels sont les dommages collatéraux des lois sur le sport français ?

Outre les règles du jeu régies par les différentes instances sportives, le sport français est souvent impacté par des lois visant d’autres secteurs d’activités. Petit tour d’horizon

des principaux décrets mis en vigueur au cours des dernières années.

L’état d’urgence, ça change quoi ? Rien ! Enfin, pas en termes de procédure. Dans le cadre du plan Vigipirate mis en place sur l’en-semble du territoire français, les organisateurs doivent toujours soumettre une demande à la préfecture, qui autorise ou non l’événement. Si certains d’entre eux se voient annulés, beaucoup continuent de recevoir le feu vert de l’administration. Cependant, les mesures de sécurité ont aug-menté de niveau et le budget sécurité peut être multiplié par trois, ce qui contraint à certaines annulations. Et au contraire des annulations pour cause d’intem-péries, qui sont prises en charge par les assurances, ces dernières ne remboursent pas les organi-sateurs en cas d’attentat. Sale temps pour l’événementiel…

Le sport pour tous

La loi n°2005-102 du 11 février 2005 ne touche pas uniquement les lieux touristiques, mais éga-lement tous les sites sportifs. Et c’est précisément par le décret n° 2006-555 que l’accessibili-té des établissements recevant du public a été rendue possible pour les handicapés moteurs. Une installation réputée comme accessible aux personnes en si-tuation de handicap doit per-mettre, depuis le 1er janvier 2015, aux individus se déplaçant en fauteuil roulant, la possibilité d’entrer, y circuler, en sortir et d’obtenir les mêmes prestations qu’un public valide. Dans l’Orne par exemple, l’Etat et la Région ont injecté près de 3,8 M€ pour la mise en œuvre des travaux (restructuration des parkings, cheminements, signalétique, sa-

nitaires, tribunes, douches, ves-tiaires, etc.). Autant de projets coûteux que nécessaires au bon développement des enceintes sportives.

Les bienfaits de la loi Évin ?

Qui a dit que les lois sont faites pour les industries au détriment de la population ? Ce n’est pas le cas de la loi Evin. Celle-ci a été introduite en 1991 par celui qui porte son nom, et a pour but de lutter contre le tabagisme et l’al-coolisme. La loi interdit donc de fumer et boire de l’alcool dans les lieux publics afin de protéger les plus jeunes. Par conséquent, les spectateurs peuvent enfin respirer à plein poumons dans les tribunes des stades. Mais si la vente de d’alcool dans les stades a diminué, les recettes des clubs et organisateurs d’évé-nements également. Lors de l’Euro 2016, aucune boisson al-coolisée n’a été vendue dans les stades, alors que certains sup-porters n’étaient pas habitués à cela. Bien d’autres exemples dé-montrent les effets « négatifs » sur le sponsoring sportif de cette loi, qui a pour but initial de pro-téger la santé de tout le monde. Malgré un assouplissement ces dernières années, plusieurs ac-teurs sont encore pénalisés et souhaiteraient une révision de la loi. De quoi mettre un peu d’eau dans Evin ?

Benjamin VasselonLa vente d’alcool est autorisée dans beaucoup de stades à travers le monde - ©HAPPYBEERTIME

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Législation

Page 11: Magazine Je Vote Sport

La loi affecte-t-elle NOTRe sport ?La France est passée de 22 à 13 régions. Cela soulève évidemment

beaucoup de questions sur les conséquences de cette situation sur le plan sportif. CREPS, CNOSF, fédérations et clubs, tous sont impactés

par le sujet.

Mille-feuille territorial. Au-jourd’hui, la France compte quatre échelons administratifs locaux qui se partagent des compétences : Commune, In-tercommunalité, Département et Région. C’est par volonté de simplification qu’a été promul-guée la loi portant sur la Nou-velle Organisation Territoriale de la République (NOTRe). Pour le domaine sportif, cela reste une compétence partagée entre les différents niveaux de collectivi-tés. Malgré tout, certains chan-gements en résulteront.

Qui fait quoi ?

Principal amendement, le trans-fert du titre de propriété du Centre de Ressources, d’Exper-tise et de Performance Spor-tives (CREPS). Les Régions de-viendront compétentes pour l’investissement et le fonction-nement des CREPS. L’objec-tif vise à conforter un réseau d’établissements répondant aux

besoins des terri-toires en matière d’animation spor-tive régionale. Dorénavant, les Régions assure-ront l’accueil et l ’accompagne-ment des spor-tifs régionaux, auront en charge les dépenses d’investissement (co n s t r u c t i o n , extension d’in-frastructures…), les équipements,

la maintenance, le fonction-nement et la rémunération du personnel. Le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) va automatiquement enclencher une diminution du nombre de ses Comités Régio-naux (CROS), qui impliquera un remodelage des Comités Dé-partementaux (CDOS) et Ter-ritoriaux (CTOS). On peut dès lors anticiper une future réduc-tion budgétaire impactant les fédérations affiliées au CNOSF puisque les budgets des CROS « fusionnés » ne seront pas réal-loués.

Ensemble, plus fort !

Cette réforme soulève égale-ment des problématiques di-rectes pour les ligues, districts et clubs. La gouvernance, les ressources humaines mais aus-si les organisations internes, ju-ridiques, techniques, sportives et bien entendu financières

seront des domaines à repen-ser dans un avenir très proche. Pour bon nombre d’acteurs, la solution à ces problèmes ré-side en partie dans l’Intercom-munalité : « Financièrement, ce modèle d’organisation devrait éviter de disperser les subven-tions et d’optimiser les frais de fonctionnement des différentes instances. Il est certain qu’à ce jour, une municipalité ne suf-fit plus lorsqu’il s’agit d’investir plusieurs millions d’euros », dé-clare A. Jauny, ex vice-président d’Amiens métropole, en charge des sports. Le risque de boule-verser le paysage sportif existe et un système « d’Intercommu-nalité » des clubs devrait ap-paraître. La révolution est en marche, la Fédération Française de Basket-Ball a, par exemple, réussi le pari de regrouper 400 clubs (sur les 4 500 affiliés) en trois ans.

D’importants changements dans le monde du sport sont donc à prévoir d’ici au 31 dé-cembre 2017, date d’application de la réforme. A la lecture de la loi, on peut regretter que les modalités de partage des com-pétences ne soient toujours pas définies à l’égard du sport. C’est pourquoi le risque est grand de voir chaque collectivité interve-nir comme bon lui semble. Une façon comme une autre de revi-siter la recette du célèbre mille-feuille.

Sylvain Demoulin

11JE VOTE SPORT | JANVIER 2017JE VOTE SPORT | JANVIER 2017

Législation

Page 12: Magazine Je Vote Sport

Le point sur la réforme du statut des sportifs de haut niveau

L’évolution nécessaire du statut des sportifs professionnels et de haut niveau était listée dans les « 30 engagements pour le sport » du programme 2012

de François Hollande. Engagement tenu !

On a encore tous en tête les images des exploits des équipes de France lors des derniers Jeux Olympiques de Rio. Mais une fois les projecteurs éteints, qu’en est-il du quotidien des sportifs en matière de protection juri-dique et sociale ? Conscient qu’il était nécessaire de faire évoluer leur statut, l‘actuel gouverne-ment souhaitait mettre en œuvre cette réforme, notamment avec la candidature de Paris 2024 en ligne de mire.

Une réforme me-née en 15 mois

M i - s e p t e m b r e 2014, une mis-sion sur le sta-tut des sportifs est confiée par Thierry Braillard, secrétaire d’État aux Sports à Jean-Pierre Ka-raquillo, professeur de droit et Président-fondateur du Centre de Droit et d’Économie du Sport. Les préconisations faites ont permis de formuler une propo-sition de loi avec deux objectifs : assurer une meilleure protection des sportifs et sécuriser leur si-tuation juridique et sociale. Dé-battue au Parlement entre avril et septembre 2015, la loi est dé-finitivement adoptée à l’unani-mité le 17 novembre dernier pour entrer en vigueur dans la foulée.

Des axes de progrès majeurs

En préambule, l’article 1er de la loi reconnaît officiellement l’apport des sportifs professionnels et de haut-niveau au rayonnement de la France. Mais en pratique, les principaux apports se trouvent du côté de leur protection juri-dique et sociale. La création d’un

Contrat de travail à Durée Déter-minée spécifique aux sportifs et entraîneurs, ainsi que la prise en charge par l’État d’un dispositif d’assurance « accident du tra-vail-maladies professionnelles » constituent les deux avancées majeures. À cela s’ajoute l’obli-gation faite aux fédérations de souscrire un contrat d’assurance « accident » pour leurs sportifs de haut niveau.De nouveaux dispositifs d’ac-compagnement des sportifs sont également prévus en ma-

tière d’aménagement scolaire et universitaire, et de facilité d’ac-cès à des formations à distance. Enfin, la loi désigne le Comité Paralympique et Sportif Fran-çais (CPSF) comme l’organe représentatif des sportifs en si-tuation de handicap au niveau international.

Un message du gouvernement vers le monde sportif

Cette loi était at-tendue. Elle maté-rialise l’application d’une volonté po-litique permettant de répondre aux attentes exprimées par les sportifs pro-fessionnels en ma-tière de protection juridique et sociale. Plus généralement, la loi s’inscrit dans le cadre du dévelop-

pement du sport en France. À n’en pas douter, les prochaines échéances européennes, mon-diales ou olympiques permet-tront de mesurer si cette ré-forme aura été bénéfique.

Thierry Bariseel

Thierry Braillard et Manuel Valls entourés de sportifs de haut niveau - ©AFP

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Statut

Page 13: Magazine Je Vote Sport

L’après-carrière sportive : petite mort ou seconde vie ?

La retraite à moins de 40 ans est un fantasme pour beaucoup de monde, mais pour les sportifs de haut niveau, ce rêve peut vite se transformer en cauchemar si

la reconversion n’a pas été anticipée.

Ne penser qu’à ça, ne centrer sa vie que sur ça, n’avoir que cet objectif en tête, voilà en subs-tance à quoi peuvent ressembler les mantras des athlètes durant leur carrière sportive. Malheu-reusement, cette obsession de résultat ne laisse que peu de temps et de place à la prépara-tion de l’après-carrière.Les sports-études et les centres de formation permettent de continuer une scolarité jusqu’au bac, voire un peu plus, mais tout au long de la carrière il n’y a pas de réel suivi ou de poursuite de la formation académique. Or, il est pourtant évident que les choix de formation arrêtés au plus jeune âge ne sont pas né-cessairement les mêmes que les envies de “l’après”.

Spécificité selon les sports

Chaque sport a des exigences et des attentes différentes en-vers ses pratiquants, ce qui in-flue aussi sur le temps pour les études et également sur l’âge de la reconversion. «Il n’y a pas un sport, mais des sports, avec des réalités différentes, avertit Thierry Maudet de l’Institut Na-tional du Sport, de l’Expertise et de la Performance (Insep) dans leFigaro.fr. Le problème actuel est qu’on a cloné le même mode d’organisation pour toutes les disciplines. Une gymnaste a donc un volume d’entraînement égal voire supérieur à celui d’un footballeur, pour évoluer dans

un sport au mo-dèle éco-nomique i n e x i s -tant ! « En plus de ce p r o -b l è m e p r o f e s -sionnel, il faut aussi ra jouter pour de nombreux sportifs le côté psy-chologique de la fin d’une car-rière de haut niveau. En effet, de nombreux «retraités» souffrent de dépression par la perte d’at-tention des médias mais égale-ment par la fin de leur unique but et leitmotiv : le sport.

La convention d’insertion pro-fessionnelle

L’Etat a mis en place une pre-mière aide vers la reconversion de ces Sportifs de Haut Niveau (SHN) via la Convention d’In-sertion Professionnelle (CIP). La CIP est un contrat annuel pas-sé entre une entreprise privée ou publique et l’Etat par lequel l’employeur s’engage à prendre en compte la pratique sportive de haut niveau de son employé (CDI à temps plein) en le libérant lors des épreuves et stages dé-finis par le Directeur Technique National (DTN) de la fédération. En contrepartie, l’État dédom-

mage financièrement l’entre-prise des efforts qu’elle consent à faire. À l’heure actuelle, seule-ment 750 sur les 7 000 SHN bé-néficient d’une CIP. Pour éviter les trop nombreuses dépressions post-carrière comme en témoigne le livre de Raphaël Poulain (ancien rugby-man du Stade Français) Quand j’étais Superman, il faudrait, au moins dans les structures pro-fessionnelles, mettre en place un suivi de la reconversion des sportifs (aussi bien sur le plan universitaire que psychologique) avec un rendez-vous trimestriel pour construire et accompagner avec le SHN son projet post-car-rière. Une idée qui pourrait être lancée dans le débat actuel des présidentielles…

Pierre Mangas

À vos marques, prêts, reconversions ! - ©DR

13JE VOTE SPORT | JANVIER 2017JE VOTE SPORT | JANVIER 2017

Reconversion

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Le sport, un coup de com’politique comme les autres ?

Le 23 août 2016, François Hollande, souriant et fier, pose avec les médaillés olympiques français de Rio dans les jardins de l’Elysée. Les images du Président de la République, aux côtés des champions, feront l’ouverture de tous les journaux télévisés ce jour-là. Simple coup de com’ ou réelle volonté de l’homme politique de célébrer le sport ?

L’image est devenue des plus classiques : un Président de la République serrant la main à des sportifs après la victoire. Nico-las Sarkozy, Jacques Chirac ou le Général de Gaulle, tous ont un point commun : celui d’avoir compris que le sport pouvait ser-vir leur image. Et François Hol-lande n’échappe pas à la règle. Quelques semaines avant les JO de Rio 2016, c’est aux côtés des footballeurs français, finalistes de l’Euro UEFA, que le locataire de l’Elysée pose. Ce dernier n’a jamais caché sa passion pour le ballon rond, qu’il a pratiqué dans sa jeunesse. Depuis son élection en 2012, il se rend régulièrement aux rencontres de l’équipe de France, comme pour la demi-fi-nale de l’Euro. L’image du Pré-sident saluant la foule, écharpe tricolore autour du cou, fait la Une des journaux, donnant l’image d’un homme presque « ordinaire », supporter des Bleus.

Quand les politiques s’em-parent des événements sportifs

Bien avant François Hollande, c’est le Général de Gaulle qui a sans le savoir lancé la ten-

dance. 1967, finale de la Coupe de France entre Sochaux et Lyon. Un joueur de l’OL dégage le ballon jusque dans la tribune présidentielle et les mains du Général. Amusé, il se lève et re-lance le ballon sur le terrain, sous les applaudissements du public. Une séquence qui lui permet de donner l’image d’un homme plus accessible. Cette action sponta-née marque le début de l’utilisa-tion du sport par les politiques pour leur image.

Et le véritable tournant a lieu en 2007 avec Nicolas Sarkozy. Au lendemain de son élection, il donne le ton en effectuant son footing matinal devant les ca-méras. Déjà, avant de devenir Président de la République, il ne cachait pas son amour pour le sport. De nombreuses images de lui célébrant des champions ou faisant du sport suivent tout au long de son quinquennat. Et même en 2012, lorsqu’au len-demain de sa défaite contre François Hollande, il est surpris en train de courir dans le bois de Boulogne, c’est l’image d’un homme toujours combatif que l’on découvre. Car c’est bien

aussi ce que le sport permet de véhiculer comme image pour les politiques. Celui d’homme com-batif, ayant le goût de l’effort.

L’ « effet Euro ou Mondial »

Avant l’Euro 2016, François Hol-lande est au plus bas dans les sondages. Post-compétition et malgré la défaite des Bleus en fi-nale, il enregistre une hausse de popularité de sept points. C’est l’« effet Euro ». Tout comme l’« effet Mondial », qui avait béné-ficié à Jacques Chirac en 1998. Pourtant, avant son élection, celui qui était alors maire de Pa-ris, ne mettait pas en scène son amour du ballon rond.C’est avec la Coupe du monde de football 1998 que la love sto-ry a commencé. Et ce jusqu’au soir de la finale. Jacques Chirac, présent dans les tribunes, reste dans les mémoires comme le plus grand supporter des Bleus, aimant la Ola et fêtant la victoire dans les vestiaires. Spectacle dont les médias du monde en-tier se sont régalés. Mais l’image de l’homme politique sportif ou soutenant ses champions peut-elle prendre le pas sur l’image attendue d’un Président cher-chant à améliorer la vie de ses compatriotes ? Probablement pas. Pourtant, il est à parier que l’on devrait revoir François Hol-lande dans un stade ou sur le perron de l’Elysée d’ici mai 2017.

Marion Coroyer

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Le gouvernement entouré des sportifs médaillés à Rio - ©Reuters

14 JE VOTE SPORT | JANVIER 2017

Communication

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15JE VOTE SPORT | JANVIER 2017JE VOTE SPORT | JANVIER 2017

Zone mixte

Emmanuel veut mener la barque.

François est hors-jeu.

Nicolas rejoint la voiture-balai.Manuel fait front,

haka la candidature.

François dans la course.

Alain a manqué de punch.

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Prise de position politique par les sportifs : « je t’aime moi non plus »

Sport et politique, quelle relation ? Si pour les partis politiques, il s’agit de donner une image d’ouverture, quel est l’intérêt pour les sportifs de s’engager en politique ?

D’abord, il s’agit rarement de simples sportifs, mais bien de sportifs de haut niveau, de champions qui jouissent d’une visibilité médiatique et d’une certaine popularité. Pour eux, il peut s’agir d’une opportunité, notamment dans le cadre de leur reconversion. Mais une re-conversion en politique n’est pas évidente. D’abord, parce qu’il s’agit d’un métier à part entière, qui a ses codes et nécessite un apprentissage : ce n’est pas parce qu’on est champion sur un tatami qu’on va être bon sur le terrain politique. Et d’autre part, parce que bien souvent, leur en-gagement politique peut leur faire perdre une grosse part de leur popularité.

Des JO aux partis politiques

Les médaillés olympiques sont des faire-valoir très convoités des hommes politiques qui aiment s’afficher en leur compagnie… Mais l’inverse est aussi vrai : cer-tains athlètes ont su faire de leur médaille olympique un sésame pour une carrière en politique.

La fonction de ministre des Sports ou de secrétaire d’État aux Sports a souvent été occu-pée par des sportifs, comme par exemple Roger Bambuck (ath-létisme), le premier d’entre eux en 1988, ou le plus illustre, Da-vid Douillet (judo) en 2011, sans oublier Guy Drut, Jean-Fran-cois Lamour ou encore Bernard Laporte. Les sportifs sont aussi de plus en plus présents sur les listes électorales pour les régio-nales ou les municipales, comme par le patineur lyonnais Gwendal Peizerat, qui s’est engagé dans la bataille aux côtés du président de sa Région, la nageuse Roxana Mariceanu, qui a porté son enga-gement dans les Hauts de Seine, ou encore le tennisman en fau-teuil Michaël Jeremiasz, présent sur la liste parisienne du PS me-née par Anne Hidalgo.

La natation pourrait être le pro-chain vivier de la politique fran-çaise. Frédérick Bousquet, mé-daillé d’argent à Pékin 2008 est élu en 2014 sur la liste munici-pale de Jean-Claude Gaudin à Marseille. La pêche miraculeuse de la droite dans le sud de la France pourrait continuer avec le nageur Yannick Agnel, qui ne cache pas son intérêt pour la politique.

Du militant au sportif engagé

Certains sportifs n’hésitent pas à prendre position publiquement sur le terrain du politique utili-

sant ainsi leur image médiatique et leur notoriété. Une occasion pour eux de remettre le feu des projecteurs sur leur carrière sportive et de réévaluer leur va-leur marchande auprès des an-nonceurs. À ce jeu-là, certaines têtes sont bien connues. On pense à Yannick Noah, qui n’est pas le dernier lorsqu’il s’agit de donner son avis. Le vainqueur de Roland Garros 1983 possède un franc-parler qui fait le bon-heur du PS, lui qui a soutenu Ségolène Royal en 2007 puis François Hollande en 2012. Lilian Thuram n’a, lui non plus, pas sa langue dans sa poche. En 2009, Nicolas Sarkozy lui avait même proposé un poste au gouverne-ment, chose qu’il refusa. L’an-cien Président a tout de même pu compter sur le soutien de sportifs tel Christophe Dominici.

Aujourd’hui le sportif doit savoir y faire autant que faire savoir. Il a la charge de la performance et doit soutenir le buzz. Il ne sera jamais demandé à un sportif de gouverner une nation et il ne sera jamais demandé à un po-liticien de courir le 100 mètres en mois de 10’’ ou de gagner Roland Garros, mais une équipe regroupant leurs compétences aura de fortes chances de ga-gner les formidables enjeux du développement du sport et d’en doper l’économie nationale et internationale.

Thierry Jullien

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Prise de position

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Brexit : conséquences et impacts sur le sport français

Par référendum, les Britanniques ont décidé le 23 juin 2016 de quitter l’Union européenne (UE). La victoire du « leave » aura des conséquences à plusieurs niveaux et le sport n’y échappera pas : analyse des probables ré-percussions sur le sport français, notamment sur le football et le rugby.

To be or not to be. Être ou ne pas être dans l’Union euro-péenne. La célèbre citation d’Hamlet trouve ici tout son sens. Les Britanniques ont dé-cidé de quitter l’UE et cela a eu comme première conséquence la dévaluation de la livre sterling. Elle devient une monnaie faible qui impacte le sport et le foot-ball en particulier. La puissance financière des clubs anglais est menacée et, dans ce contexte, la pru-dence sera de mise pour les mercatos à venir. Un contrecoup serait alors porté aux clubs de l’Hexagone, premier pays euro-péen exportateur de joueurs en Angleterre, lorsque l’on sait que nos clubs sont « mer-cato dépendants » fi-nancièrement parlant.

Dieu et mon droit

La devise de la mo-narchie du Royaume-Uni est suf-fisamment explicite, la loi est et restera au centre des débats. Un des principes fondateurs posés par le traité de Rome concerne la libre circulation des travailleurs dans l’UE. Suite au Brexit, cette règle n’existe plus et les ressor-tissants des états membres de l’UE seront considérés comme ceux des pays hors UE. Les sportifs seraient de facto regar-dés comme des compétiteurs

étrangers. Conséquence immé-diate sur les joueurs de football français « intermédiaires », d’un bon niveau mais non interna-tionaux, qui n’intéresseraient alors plus les clubs anglais pour laisser place aux locaux. Les « Froggies » risqueraient ainsi de partir moins jeunes, pour le plus grand bonheur de la Ligue 1. Sur le même registre, les Anglais s’exposeraient à l’interdiction de

recruter un joueur de football étranger mineur. La limite de la FIFA est fixée à 18 ans sur le plan international, 16 ans pour les Eu-ropéens. Vu de l’Hexagone, cela aurait pour effet de protéger certains clubs formateurs face à l’appétit féroce des clubs anglais devant les «très jeunes » pépites « made in France ».

Halfpenny, Flood et Davies, as-sis en tribune ?

Le monde de l’Ovalie ne serait pas non plus épargné. À l’excep-tion du fait que cette fois-ci, ce sont les joueurs britanniques, étiquetés « joueurs extracom-munautaires » qui poseraient problème. La saison dernière, sept Gallois, six Anglais, quatre Nord Irlandais et trois Ecossais

ont foulé les pelouses du Top 14. Face au nombre déjà consé-quent de joueurs ex-tracommunautaires (en provenance de l’Australie, Nouvelle Zélande) dans les ef-fectifs des clubs, il sera nécessaire de revoir la politique de recrutement, notam-ment pour les clubs engagés en coupe d’Europe… Le sujet du Brexit est complexe, la prudence reste de mise. Il faudra certai-

nement attendre plusieurs an-nées avant de savoir si ce réfé-rendum aura des conséquences sportives aussi majeures que le séisme politique qu’il a engen-dré. Combien de temps exacte-ment ? That is the question !

Sylvain Demoulin

That is the question - ©DR

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Brexit

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Une stratégie d’influence sportive à quitte ou double

Les grandes compétitions sportives internationales sont un enjeu majeur sur les plans culturel, économique et politique. Chaque procédure d’attribution d’un événe-ment d’envergure (Jeux Olympiques, Coupe du monde de football…) est le théâtre d’un lobbying intense destiné à affirmer l’influence géopolitique de chaque can-didat. Cet aspect a malheureusement été trop souvent sous estimé par la France.

2024. C’est l’objectif du mou-vement sportif français. La pro-clamation des résultats du vote d’attribution des Jeux Olym-piques 2012 a été un véritable traumatisme pour le sport hexa-gonal. Cet échec a poussé la France à revoir sa stratégie d’in-fluence sportive pour rivaliser à l’avenir avec les pays les plus dynamiques en matière de lob-bying.

L’échiquier international

Certaines nations sont particu-lièrement virulentes en matière d’influence. Au premier rang de celles-ci, les Etats-Unis ont depuis longtemps assumé la « diplomatie sportive ». Ils ne se focalisent pas sur les grands évé-nements mais ciblent directe-ment certaines populations pour les sensibiliser à leur culture via les activités sportives. L’enjeu est autant d’obtenir certaines compétitions que d’approfondir des relations diplomatiques. Dans un autre registre, le Qatar

est très présent depuis quelques temps. Sa stratégie est basée sur des investissements sportifs de masse très ciblés à travers le monde (sponsoring d’un congrès de la confédération africaine de football, assistance financière à la fédération de football d’Ar-gentine, multiples rachats de clubs sportifs…) qui contribuent à développer cette présence dans le domaine sportif. Résul-

tat : l’attribution de la Coupe du monde FIFA 2022 au Qatar, qui restera le premier pays du monde arabe à obtenir un tel événe-ment. Moins élaborée, la stratégie anglaise pour les Jeux Olym-piques de Londres n’en a pas été moins efficace pour autant. Alors que la France misait sur la qualité

du dossier et certains membres perçus comme stratégiques, le premier ministre britannique a organisé des réunions indivi-duelles avec tous les membres votants.

Un objectif unique… et risqué

Et alors que le vote du CIO a attri-bué les Jeux à Londres pour seu-lement trois voix de différence, toute l’influence française dans le sport international est remise en cause. La France a des atouts indéniables mais ne sait pas les mettre en valeur. L’expérience

française en matière d’organi-sation n’est plus à démontrer. Il s’agit donc bien d’une carence en matière de lobbying sportif. Des leçons ont été tirées, la no-mination d’un « ambassadeur du sport » en est un exemple. Mais à l’origine, les initiatives n’étaient pas concentrées uniquement sur la candidature olympique.

Or aujourd’hui, tous les efforts sont cristallisés autour de Paris 2024. Cette focalisation sur la candidature parisienne empêche de développer des actions plus générales à long terme. Ce revi-rement stratégique représente un vrai risque. Et pour cause, si Paris 2024 subit un nouvel échec, la France aura perdu bien plus qu’une candidature. Car il faut se rappeler que le rayon-nement sportif ne se limite pas aux JO. La France doit réfléchir à un lobbying sportif durable. Des actions exportées, basées sur les valeurs de la France, per-mettraient de rétablir l’attractivi-té du pays ou encore d’amélio-rer les relations avec les autres peuples au-delà du sport. Pour cela, la stratégie française doit voir bien plus loin que 2024.

Julien Lagarigue

Chacun place ses pions - ©DR

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Lobbying

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Principaux investissements étrangers dans le football français à fin Octobre 2016

Les investisseurs étrangers servent-il le sport français ?

Déjà cinq ans que le PSG est passé sous pavillon qatari. Mais il n’est pas un cas à part dans le paysage sportif français : tour d’horizon et premier bilan.

Et de dix ! Les annonces de vente récentes de l’AJ Auxerre et de l’Olympique de Marseille portent à dix le nombre de clubs de foot-ball français détenus, pour tout ou partie, par des investisseurs étrangers. Les pelouses hexago-nales accueillent un match serré que Qataris, Américains, Russes et Chinois se livrent sur le terrain de la mondialisation. Et le mou-vement ne devrait pas s’arrêter : potentiellement tous les clubs de Ligue 1 sont à vendre.

Nos voisins européens sont éga-lement concernés. La moitié des clubs de Premier League an-glaise appartiennent à des fonds étrangers. Suivent l’Espagne et l’Italie dans de moindres propor-tions. En revanche, l’Allemagne reste une exception, une règle interdisant que plus de 49 % des parts d’un club soient déte-

nus par des fonds pri-vés.Le football, mais pas seulementM o u r a d Boudjellal, propriétaire du Rugby Club Tou-l o n n a i s , i n d i q u a i t avoir ré-c e m m e n t d é c l i n é deux offres de rachat d’investis-

seurs étrangers estimées à 15-20 millions d’euros. En basket, la Rocca team, club de la Princi-pauté de Monaco, survole la Pro A depuis deux saisons. L’appui financier de son président ukrai-nien lui a permis d’enchaîner deux montées consécutives. En-fin, le PSG handball, également propriété du Qatar, vise aussi la victoire en Ligue des Cham-pions. Avec le football, il pourrait constituer les fondations d’un club omnisport dans la capitale.

Quelles logiques derrière ces investissements ?

Officiellement, l’amour du sport est toujours mis en avant et les résultats suivent : à défaut de titre européen, la salle des tro-phées du PSG s’est considéra-blement garnie ces dernières an-

nées en championnat de France. Et comme pour tout investisse-ment, une logique de rentabilité s’impose : le PSG a ainsi multiplié ses recettes par cinq, devenant le dixième club le plus valorisé d’Europe.

Mais les repreneurs ont d’autres objectifs. Le Qatar et la Chine sont dans une logique de « di-plomatie sportive » pour amélio-rer leur image à l’international, et cherchent des synergies en ma-tière de formation pour que leurs sélections respectives brillent en compétition, et si possible à domicile. Le Qatar accueillera la Coupe du monde FIFA 2022, et la Chine est un probable candi-dat pour 2026 ou 2030.

Un bilan positif… pour lemoment

Ces investissements ont per-mis aux championnats français de progresser saison après sai-son. Des joueurs de renom re-joignent les clubs apportant ain-si une plus forte attractivité qui se monnayera tôt ou tard par une augmentation des droits TV. Mais combien de temps ces investisseurs s’impliqueront-ils une fois leurs objectifs atteints ?

Thierry Bariseel

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FP

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Investisseurs

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La vie est un sport magnifique

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