Cours - Droit de L_homme

Embed Size (px)

Citation preview

  • UNIVERSITE HASSAN II

    Facult des sciences juridiques

    Economiques et Sociales

    AINCHOCK CASABLANCA.

    FILIERE : DROIT EN FRANAIS

    SEMESTRE 4.

    MODULE : DROITS HUMAINS.

    ELEMENT DE MODULE :

    DROIT DE LHOMME.

    Professeur : BENSLIMANE,

    Ralis par : El Mehdi El Moufid,

    ANNEE UNIVERSITAIRE : 2013-2014.

  • PLAN :

    CHAPITRE I : La formation des droits de lhomme.

    SECTION I : Linexistence des droits de lhomme dans les Etats traditionnels.

    PARAGRAPHE 1 : Labsence des droits de lhomme en raison de la hirarchisation des relations sociales.

    PARAGRAPHE 2 : Labsence des droits de lhomme en raison de la prvalence du pouvoir absolutiste de lEtat.

    SECTION II : Lmergence des droits de lhomme dans le cadre des Etats modernes.

    PARAGRAPHE 1 : Modernit et droits de lhomme.

    PARAGRAPHE 2 : Lmergence des droits de lhomme dans les pays anglo-saxons.

    PARAGRAPHE 3 : Lmergence des droits de lhomme en France.

    SECTION III : Le dveloppement des droits de lhomme.

    CHAPITRE II : Luniversalisation des droits de lhomme.

    SECTION I : Le difficile chemin vers luniversalisation des droits de lhomme.

    PARAGRAPHE 1 : Les entraves historiques luniversalisation des droits de lhomme.

    PARAGRAPHE 2 : Le caractre tardif de lmergence des droits de lhomme.

    SECTION II : Luniversalisation des droits de lhomme dans le cadre des Nations Unies.

    SECTION III : Luniversalisation des droits de lhomme par leur formation et leur dveloppement lchelle rgionale.

  • CHAPITRE III : Le rgime juridique des droits de lhomme.

    SECTION I : Le contenu des droits de lhomme.

    PARAGRAPHE 1 : Les droits civils et politiques.

    PARAGRAPHE 2 : Les droits conomiques, sociaux et culturels.

    PARAGRAPHE 3 : Le droit de solidarit

    SECTION II : La protection des droits de lhomme.

    PARAGRAPHE 1 : La protection des droits de lhomme sur le plan interne.

    PARAGRAPHE 2 : La protection des droits de lhomme sur le plan universel.

  • INTRODUCTION :Les Droits de lHomme ont en lespace de quelques dcennies acquis une importance cruciale dans la vie

    des hommes. Ils sont devenus la rfrence thique pour juger la conduite des tats lgard de leurs citoyens. Ainsi, le dveloppement des Etats ne se mesure plus uniquement en terme conomique, mais aussi en termes de progrs dans la promotion des droits de lhomme et de la traduction effective de ces derniers dans le comportement des Etats dans leurs relations avec leurs citoyens. Cest pour cette raison que lon parle plus de dveloppement conomique mais plutt de dveloppement humain des Etats. La prminence accorde aux droitsde lhomme a aussi suscit lapparition de grands nombres de mouvements et dorganisations non-gouvernementales (O.N.G) en vue de promouvoir et dfendre ces droits. Elle a galement pousse une utilisation frquente dun concept de droits de lhomme, non seulement par les juristes, mais aussi par les hommespolitiques et les diffrents acteurs sociaux. Enfin, et surtout les individus o quils se trouvent et quel que soit leursstatuts dans la socit, ont conscience aujourdhui quils ont des droits en tant qutre humains, droit que leurs Etats sont tenus de respecter.

    Mais quest ce quon entend par droit de lhomme ? Ce que lon peut constater, cest quil nexiste pas un accord gnral sur la dfinition des droits de lhomme. Ainsi, pour Ren Cassin : les droits de lhomme sont les droits et les facults qui sont ncessaires a lpanouissement de la personnalit de chaque tre humain. .

    Yves Madiot a quant lui pu considrer que : les droits de lhomme sont les droits qui assurent la libert et la dignit de la personne humaine. .

    Enfin, pour Jack Donnely : les droits de lhomme sont des droits que lon a parce que lon est untre humain . Cette dernire dfinition est plus intressante car elle montre que les droits de lhomme sont inhrents la personne humaine, ide laquelle semble adhrer une grande partie de la doctrine. Elle implique de ce fait que les droits de lhomme appartiennent tous les hommes quels que soit leurs origines, condition sociale, et que ces droits sont universels, intangibles, et identiques pour tous.

    Lexpression, droits de lhomme est parfois conteste, pour lui substituer dautres expressions telles que droits fondamentaux, droits humains, etc. Mais lexpression la plus frquemment utilise reste celle des droits de lhomme. On rencontre aussi parfois, en particulier en France, et dans le monde francophone, lexpression libertspubliques que certains auteurs tendent confondre avec celle des droits de lhomme. Il est vrai que les droits de lhomme englobent tous les droits et liberts dont jouissent les individus dans une socit donne. Nanmoins, les premiers sont ainsi que lon avons vu inhrents la qualit de lhomme alors que les liberts publiques sont fixes par le droit positif, car leurs jouissances supposent lintervention effective de lEtat qui peut en largir, ou rduire la porte selon le contexte sociopolitique du moment, et qui peuvent varier dun pays lautre.

    Les droits de lhomme ont leurs origines dans les trois religions monothistes, ainsi que dans les grandes philosophies. Nanmoins, ils nont commenc prendre forme et traduire dans les faits quand le cadre de lEtat moderne aux termes dun long combat men par les hommes contre larbitraire de lEtat. Ce combat sest chelonn sur plusieurs sicles, et a aboutit une extension tant matrielle que spatiales de ces droits. Ainsi, forme dans le cadre de lEtat moderne, les droits de lhomme ne stendent au reste du monde que depuis la cration des Nations Unies, et lmancipation des peuples de la domination coloniale. Cette extension sest faite par un processus duniversalisation et de rgionalisation des droits de lhomme. Nanmoins, si un corpus impressionnant de principes et de rgles sest ainsi constitu dans les dernires dcennies, et que lon peut mme

  • parler de lexistence dun rgime juridique des droits de lhomme, il reste que le respect des droits de lhomme mme sil a connu des progrs notables, dans un nombre grandissant de pays, il nest pas gnral.

    La promotion des droits de lhomme et leurs respects requirent une vigilance quotidienne mme dans les pays les plus avancs en termes de dmocratie et de droits de lhomme. Cest cette dynamique des droits de lhomme que nous tudierons par lanalyse de la formation des droits de lhomme, et de leurs universalisations (Chapitre I), et de leurs incorporations et unifications en un systme juridique qui vise assurer leurs protections (Chapitre II).

  • CHAPITRE I : LA FORMATION DES DROITS DE LHOMME.Les droits de lhomme nont pas pu exister dans les Etats traditionnels et pr-modernes. Il faut

    attendre lapparition de lEtat moderne pour voir merger ces droits. Assez limits au dpart, les droits de lhomme vont se dvelopper progressivement au fut et mesure que se consolide lEtat de droit et la dmocratie. Nous analyserons ainsi trois questions :

    - Linexistence des droits de lhomme dans les Etats traditionnels (Section I).

    - Lmergence des droits de lhomme dans le cade des Etats modernes (Section II).

    - Le dveloppement des droits de lhomme (Section III).

    SECTION I : LINEXISTENCE DES DROITS DE LHOMME DANS LES ETATS TRADITIONNELS.

    Cette inexistence est due deux facteurs :

    - La hirarchisation des relations sociales (Paragraphe 1).

    - La nature absolutiste du pouvoir tatique (Paragraphe 2).

    PARAGRAPHE 1 : LABSENCE DES DROITS DE LHOMME EN RAISON DE LA HIERARCHISATION DES RELATIONS SOCIALES.

    Les droits de lhomme nont pas pu merger dans les socits commerciales, car celles-ci ont t gnralement fondes sur des relations hirarchises entre les hommes, et les groupes sociaux qui les composaient.

    La structure hirarchise des relations sociales tait perue comme naturelle, du fait dune vision de lunivers que lon se reprsentait comme tant galement hirarchique. Les relations entre les hommes obissaient ainsi des statuts diffrencis, en fonction de la catgorie sociale laquelle ils appartenaient. Il est vrai que des situations dgalit ont pu parfois exister mais celles-ci ne concernes pas tous les membres de la socit. On sait que lgalit et la dmocratie ont pu prvaloir dans les cits-Etats de la Grce antique, en particulier Athnes. Mais en fait, lgalit ne profitait qu une partie extrmement limite de la population dans la mesure o la socittait divise en groupes distincts comprenant au sommet de la hirarchie, llite. Dans une situation intermdiaire les mtques, et au bas de lchelle, les esclaves.

    On retrouve le mme phnomne de stratification sociale dans la Rome antique ou lgalit ne prvalait quentre une catgorie de personnes ; les citoyens romains, lesquels seuls bnficiaient de lapplication du droit civil alors que les esclaves qui reprsentaient 40% de la population taient considres comme des choses.

    La stratification sociale {la stratification sociale est un schma d'organisation sociale, conomique et politique de la socit civile en catgories sociales, groupes prsentant une homognit en leur sein, mais distincts les uns des autres et hirarchiss} et la hirarchisation des statuts vont continuer prvaloir et saccentuer en Europe dans le cadre de la fodalit, en dpit de ladhsion du Christianisme lide issue du Judasme que lhomme a t cre limage de Dieu, et de sa proclamation de lgalit, lunit et la fraternit humaine. Nanmoins, bien que le Christianisme ait proclame lide dgalit entre les Hommes, celle-ci ne sincarnait pas dans les faits, car les diffrences hirarchiques de

  • statuts continuaient prvaloir entre les hommes. On a pu noter que parmi les obstacles qui ont empch les principes moraux du christianisme en droits de lhomme, il y avait en particulier le maintien de lesclavage, la persistance dune vie du monde fonde sur la hirarchie, lacceptation des hirarchies lgales et sociales, le rejet deshrtiques, juifs, infidles, etc. . Ce sont ces obstacles qui expliquent que les principes dgalit et de libert resteront des principes abstraits, et que lglise ne cessera de sopposer aux droits de lhomme et cela jusquau milieu du 20me sicle.

    Fonde sur lide dingalit, les cits-Etats empires europens ont projet cette mme ide dans leurs relations avec le monde externe. En effet, depuis la cit grecque, lhistoire de lEurope a t celle de la domination des autres peuples qui sont perus comme barbares , non-civiliss , infrieurs .

    On invoque parfois la thologie chrtienne, en particulier lespagnole pour affirmer que celle-ci a ds le 16me sicle donne naissance aux droits de lhomme, puisquelle dit que cest une ide naturelle venant de Dieu etc.En fait, les uvres de Las Casas, Vitoria, Suarez, ont eu pour seuls objectifs de lgitimer la colonisation par une interprtation assez pernicieuse (dangereuse) des principes moraux issus des droits naturels.

    PARAGRAPHE 2 : LABSENCE DES DROITS DE LHOMME EN RAISON DE LA PREVALENCE DU POUVOIR ABSOLUTISTE DE LETAT.

    Contrairement au monde occidental, le monde musulman na pas connu de stratification ni de hirarchisation des statuts. Le Coran a fond les relations humaines sur lgalit, ne se contenant pas de proclamation gnrale, le Coran a cherch organiser la vie dans la cit musulmane sur la base de lgalit, celle-ci sest constamment traduite dans les faits mme dans les rapports du monde musulman avec les peuples trangers. Mais comme le judasme et le christianisme, lIslam a aussi honor lhomme, le Coran insiste a plusieurs reprises sur la dignit de lhomme. Dieu a fait de lhomme une crature lue, suprieure toutes les autres cratures. Il en amme fait son lieutenant sur terre, et a demand aux anges de sagenouiller devant lui. Mais en dpit de la proclamation par lIslam de la dignit de la personne humaine, et son insistance sur lgalit entre les hommes, les droits de lhomme nont pas pu prendre corps dans le monde musulman.

    La raison en est la nature absolutiste du pouvoir, qui a prvalu aprs la premire re de lEtat islamique, quicommence avec le prophte, et sachve avec la fin du rgne de Ali et qui reste aux yeux des musulmans comme une priode exceptionnelle de leur histoire, parce quelle tait fonde sur la recherche du consensus dans le cadre du respect des prceptes de lIslam.

    Il est quasi-unanimement admis que depuis la fin du rgne dAli, le monde musulman a constamment vcuen dehors de rares exceptions sous le carcan dun pouvoir absolutiste et rpressif. Le monde musulman ne commencera sintresser aux droits de lhomme du reste dune faon assez timide, qu la fin du 20me sicle. Ainsi, la stratification de la socit et la nature absolutiste du pouvoir tatique ont empch les religions dexercer un impact important sur le dveloppement des droits de lhomme.

    Nanmoins, si les droits de lhomme nont pas pu spanouir dans les Etats traditionnels, ou pr-modernes, il reste que les principales religions insistant sur la ncessit de la prservation de la vie, du respect de la dignit humaine, et de lamour des autres vont tre lorigine de valeurs, et principes moraux qui constitueront plus tard le fondement et la source dinspiration des droits de lhomme, dans le cadre des Etats-modernes.

  • SECTION II : LEMERGENCE DES DROITS DE LHOMME DANS LE CADRE DES ETATS MODERNES.

    Lmergence des droits de lhomme est fondamentalement lie la notion de modernit, laquelle est a son tour la consquence de lapparition du dveloppement du capitalisme dabord en Angleterre, puis aux tats-Unis, et en France. Il est ds lors important danalyser en premier lieu le lien entre la modernit et les droits de lhomme. Ensuite, lmergence des droits de lhomme dans les pays anglo-saxons. Et enfin, leurs apparitions en France.

    PARAGRAPHE 1 : MODERNITE ET DROITS DE LHOMME.

    Les droits de lhomme apparaissent dans le cadre de lEtat moderne, qui se met graduellement en place partir du 15me sicle, et qui natteint sa pleine maturit quau 19me sicle. LEtat en tant que forme dorganisation des socits humaines est apparu en fait, il y a des millnaires et cela dans diffrentes rgions du monde. Du point de vue formel, lEtat moderne ne se distingue pas de lEtat traditionnel, ils disposent tous les deux des mmes lments constitutifs, et jouissent galement dun attribut fondamental qui est la souverainet. Mais ce qui distingue lEtat moderne de lEtat traditionnel est la nature des rapports quil maintient avec la socit. Alors que lEtat traditionnel montrait une certaine indiffrence lgard de cette dernire, en se contentant de prlever le tribut sur les populations, dans le cadre de relations sociales ingalitaires. LEtat moderne aprs avoir tabli un contrle effectif sur son territoire, ce qui na jamais pu tre le cas pour lEtat traditionnel, va chercher faonner la socit de manire rpondre aux besoins du capitalisme qui il doit sa naissance.

    Le capitalisme a besoin pour spanouir, de rompre avec les statuts ingalitaires qui prvalaient dans la socit fodale, et de librer lindividu de toutes les entraves sociales. Pour ce faire, lEtat moderne va semployer remettre en cause les structures fodales de la socit, qui comme on le sait taient fond sur un systme hirarchis, mais en faisant appel un nouveau concept, celui de la modernit.

    La modernit peut tre dfinie comme une forme dorganisation de la socit, qui vise dans le cadre de lconomie du march raliser le progrs conomique, et social grce aux vertus de la science et au rgne de la raison, ltablissement dun Etat de droit qui va remplacer larbitraire de lEtat, et loctroi lindividu dune position centrale dans la socit, en en faisant un homme libre. Mais, limprgnation des socits occidentales par la modernit ne sest pas faite du jour au lendemain. Initie au 16me sicle, elle ne commence sincarner dans les faits quavec le dveloppement du capitalisme pendant les sicles quivont suivre, notamment les 17me et 18me sicles, grce en particulier limpact culturel et politique du sicle des lumires et la substitution de la dmocratie labsolutisme.

    Cest dans ce contexte historique et social qui va merg les droits de lhomme.

    PARAGRAPHE 2 : LEMERGENCE DES DROITS DE LHOMME DANS LES PAYS ANGLO-SAXONS.

    En Angleterre, lapparition des prmices des droits de lhomme est trs prcoce. Elle est le rsultat des luttes menes, dabord par la noblesse, puis plus tard par la bourgeoisie naissante afin de limiter les prrogatives duRoi. Ces luttes ont abouti en 1215 ladoption de la Grande Charte ou Magna Carta qui impose des limites aux prrogatives du Roi dans ses relations avec lglise et les seigneurs fodaux.

  • La Grande Charte est reste clbre dans le monde Anglo-saxon, parce quelle est la premire avoir envisage des garanties relatives la protection de la libert individuelle, dont en particulier celle de ne pas tre emprisonn sans jugement pralable. Elle dclare cet effet dans son article 39 que : aucun homme libre ne sera arrt ou emprisonn ou dpouill ou mis hors la loi, ou exil, et il ne lui sera fait aucun dommage si ce nest en vertu du jugement lgal de ses pairs, ou en vertu de la loi du pays . Dautres textes seront imposs par la suite aux Rois dAngleterre en vue de proclamer et renforcer les droits individuels. Il y a en particulier, la ptition des droits PETITION OF RIGHTS, 1628 par laquelle le Parlement impose Charles I, le respect des prrogativesdu mme Parlement, notamment en matire dimpts, et renforce la libert des personnes par linterdiction des arrestations abusives et des excutions sommaires, ladmission du droit de se dfendre dans une procdure rgulire.

    En 1679 sous Charles II, le Parlement adopte une loi par laquelle il renforce lacte dHabeas Corpus qui empche les arrestations arbitraires, garantis les droits de linculp (du dtenu), et impose lobligation aux autorits publiques damener corporellement devant le juge toute personne dtenue afin de se prononcer sur la lgalit de sadtention. Ladoption de la loi sur lHabeas Corpus est considre comme un tournant dcisif dans lhistoire des droits de lhomme. Ladoption de la loi vers 17me sicle fait de lAngleterre le pays de la libert civile .

    Enfin, en 1689, ladoption par le Parlement du Bill of Rights, Dclaration de droits qui limite les pouvoirs de la couronne et loblige gouverner avec le Parlement qui est dsormais considr comme le reprsentant de la nation anglaise. Bien quelle numre un certain nombre de droits, cette dclaration vise essentiellement renforcer les pouvoirs du Parlement, notamment par la proclamation de libert des lections, le renouvellement dumme Parlement et de son droit dadopter les lois et dautoriser le prlvement des impts etc. ().

    Si elle napporte rien de nouveau en matire des droits de lhomme, elle les confirme, cest parce que ces derniers avaient dj connu un grand dveloppement. A lpoque, le niveau de protection des droits individuels des anglais, ceux relatifs la vie, libert, et aux biens, est tel quil est rapport lpoque dans un catalogue non-officiel des droits des anglais que : le peuple dAngleterre jouit de libert et dattributs hrditaires, et fondamentaux bien plus que les sujets de nimporte quel autre monarque en ce monde .

    Lexprience anglaise en matire de droit de lhomme exercera une grande influence en Amrique du Nord.

    La particularit de cette dernire est que les liberts et droits fondamentaux de lhomme y sont dj appliqus avant la cration des tats-Unis, car les colons sont avant tout des ressortissants anglais. Nanmoins, le besoin va se faire sentir dapprofondir ces droits et liberts loccasion de la lutte contre le pouvoir de la mtropole qui tendait devenir excessif. Le renforcement des liberts et droits de lhomme sera la consquence dela lutte pour ltablissement dun systme dmocratique permettant aux colons de grer eux-mmes leurs propres affaires et de se dbarrasser de la tutelle de la mtropole.

    Cest dans ce contexte que la Virginie adopte en 12 juin 1776 une Dclaration de Droits, dans laquelle il estsolennellement proclam que : tous les Hommes sont ns galement libres, et indpendants et quils ont certainsdroits inhrents, tels que le droit la vie, et la libert, le droit de proprit dont ils ne peuvent tre privs , il y est aussi proclam que tout pouvoir mane du peuple, et que le gouvernement doit tre institu pour lavantage commun, la protection et la scurit du peuple, nation ou de la communaut Et que les pouvoirs lgislatifs et excutifs de lEtat doivent tre spars et distincts de lautorit judiciaire . La dclaration procde ensuite lnumration dun certain nombre de droits et liberts, parmi ceux-l, il y a le droit de tout homme de demander la cause et la nature de laccusation qui psent sur lui, dtre confront ses accusateurs et aux tmoins, de

  • produire des tmoignages et des preuves en sa faveur et dobtenir dtre promptement jug par un tribunal impartial de son voisinage. Il y a aussi le droit gal de tous les hommes au libre exercice de la religion, libert de presse qui considre comme lune des plus puissants bastions de la libert, et qui ne peut en aucun cas tre restreinte.

    La Dclaration des Droits en Virginie, inspirera dautres dclarations faites par diffrentes colonies, ainsi que les dix premiers amendements de la Constitution fdrale des Etats-Unis de 1787 adopte en 1791, et qui comporte la Bill of Rights, o sont numrs les Droits fondamentaux. Mais sur le moment, elle inspire treize colonies, dont les reprsentants adoptent le 4 juillet 1776 Philadelphie, la Dclaration dIndpendance qui proclame la naissance des tats-Unis.

    La Dclaration de Philadelphie ne se contente pas de proclamer lindpendance des tats-Unis, elle cherche aussi la justifier. Cest l en fait, un aspect fondamental de la Dclaration, car ainsi que cela a t rappel,les colons anglais en Amrique jouissaient dj des mmes liberts et droits de lhomme que les anglais en Angleterre.

    Nanmoins, ils leur manquaient un lment crucial, la libert de disposer deux-mmes et de sautogouverner . En dautres termes, les droits du peuple la souverainet qui constitue aussi leurs yeux le fondement de toutes les liberts et droits de lhomme.

    La Dclaration dIndpendance est ainsi le premier texte de droit positif qui tabli clairement le lien entre la dmocratie et les droits de lhomme. Elle ne manquera pas avec la Dclaration de Virginie dexercer un grand impact sur la Dclaration Franaise des Droits de lHomme et des Citoyens (DDHC) adopte le 26 juin 1789. Mais le rayonnement de cette dernire sera plus grand, car elle est la consquence dune rvolution (la rvolution franaise) qui, contrairement aux rvolutions anglaise et amricaine, sera radicale dans la mesure o elle aura simultanment pour effet doprer une rupture du reste violente avec lordre ancien, pour lui substituer un nouvel ordre politique, et aussi de proclamer son adhsion aux liberts et droits de lhomme, dont elle effectue une numration plus dtaille et plus claire que cela navait t le cas pour les Dclarations anglaises et amricaines.

    PARAGRAPHE 3 : LEMERGENCE DES DROITS DE LHOMME EN FRANCE.

    La Rvolution franaise de 1789, va aboutir la destruction des corps et ordre privilgis qui reposaient sur des statuts hirarchiss, pour faire passer la socit franaise dune socit aristocratique une socit dmocratique fonde sur lgalit entre tous les citoyens. Se faisant lcho de la Rvolution franaise, la Dclarationde 1789 conue pour constituer le prambule de la future Constitution, proclame lgalit des droits de tous les citoyens, elle reprend son compte mais pour lapprofondir, et lui donner plus de solennit, la proclamation faite par les dclarations amricaines des droits de lhomme, que la qualit dhomme appartient tous les tres humains,et en tire la conclusion que les Hommes doivent sans aucune discrimination se voir accorder des droits gaux. Cesdroits sont naturels et inns lhomme ; il suffit dtre un humain pour les possder, ils sont de ce fait inalinables,imprescriptibles, et universels, appartiennent tous les hommes o quils se trouvent. Cest aussi cette proclamation de lidentit et de lunit du genre humain qui va faire la force et la clbrit de la dclaration franaise des droits de lhomme et des citoyens, et en faire un instrument majeur dans lhistoire des droits de lhomme.

    La Dclaration franaise commence par proclamer que : les hommes naissent libre et demeurent libres etgaux en droit , et procde ensuite une numration dtaille des droits de lhomme, parmi ceux-l, il y a en

  • premier la libert qui consiste pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas autrui. Elle consiste aussi dans la libert de conscience et dopinion, ainsi que dans la libert dexpression. On y trouve galement le droit de rsistance loppression, le droit de ne pas tre emprisonn arbitrairement, la prsomption dinnocence. Il y a aussi le droit la proprit qui est inviolable et sacr. En vue de mettre fin aux privilges de lancien rgime, elle proclame lgalit devant la loi, galit dans laccs aux emplois publics, galit devant limpt, etc. ().

    Enfin, afin que ces droits aient une rsonance (cho, retentissement) dans la ralit concrte, elle veille fonderun systme dmocratique en proclamant que la souverainet nationale rside dans la nation, que le systme de gouvernement doit tre reprsentatif, et que les pouvoirs doivent tre spars.

    La Dclaration cherche ainsi tout en mnageant la monarchie qui continue dexister contraindre celle-ci au respect des liberts et droits individuels, mais si la dclaration franaise est reste un symbole de la libert, elle aaussi parfois t critique. On lui a dabord reproch davoir une porte limite dans la mesure o la jouissance desdroits de lhomme est rserve aux citoyens, cest--dire aux seuls nationaux franais. Cest l en fait une caractristique gnrale de toutes les dclarations et instruments nationaux des droits de lhomme qui seront adopts au 19me sicle, et qui reconnaissent lapplication des droits de lhomme en faveur uniquement des nationaux des pays concerns. Il convient de noter aussi que ces dclarations et instruments nempcheront pas non plus les puissances europennes de poursuivre leurs conqutes coloniales et de continuer pratiquer lesclavage. On a galement reproch la Dclaration franaise de navoir pas accord aux femmes ainsi que lgalit de leurs statuts civils tout de suite aprs 1789, et de navoir pas aboli lesclavage, ce qui ne sera fait quen 1848, on a enfin et surtout reproch la Dclaration franaise de stre content de proclamer des droits et liberts formels, sans prvoir les moyens et garanties permettant tout le monde den jouir dune manire effective. Sans garanties tangibles, lgalit des droits ne pouvait fonctionner, quen faveur de ceux qui avaient les moyens den jouir, cest--dire les riches. On sait aussi que la dclaration franaise a t svrement critique par les marxistes qui lui reprochent davoir occult lingalit conomique et sociale, et permis de favoriser lmergence dune socit de classe domine par la bourgeoisie, cest ce travers de la dclaration franaise et des autres instruments des droits de lhomme qui seront adopts par la suite par dautres pays occidentaux que les gouvernements, sous la pression des luttes ouvrires, chercheront graduellement corriger, ce qui favorisera le dveloppement de ces mmes droits.

    SECTION III : LE DEVELOPPEMENT DES DROITS DE LHOMME.

    Les rvolutions anglaises, amricaines, et franaises ont t des rvolutions bourgeoises. Certes, elles ont librs les hommes en les dclarants gaux en droit, mais en proclamant leurs attachements lindividualisme libral, elles ont livrs les hommes la domination du capital.

    En proclamant les principes de lgalit et de la libert, les premires Dclarations des droits de lhomme, ont en fait, fait triompher les valeurs de la responsabilit individuelle, cest--dire que les hommes sont seuls responsables de ce qui leurs arrive et labstention de ltat dans la sphre sociale. Il est vrai aussi quainsi quon la vu prcdemment, lEtat moderne sest donn comme rle principal de faonner la socit, pour en faire une socit homogne, en cherchant liminer les relations hirarchises fodales, et la suite des rvolution librales, il a impos un statut juridique gal pour tous, mais ce faisant, il a fragilis les couches les plus faibles de la socit, en les livrant la domination du capitalisme au nom de la libert et de lgalit des droits, surtout la suite de lmergence et du dveloppement de la socit industrielle partir de la 2me moiti du 19me sicle.

  • Le phnomne de lindustrialisation qui merge et se dveloppe, dabord en Angleterre, et se propage par la suite dans les autres pays occidentaux, va jeter plusieurs couches de la socit dans la misre, et soumettre la classe ouvrire naissante de rudes conditions de travail et dexploitation. Il sen suit quau fur et mesure du dveloppement de lindustrialisation, lcart entre lgalit juridique qui est prne et lingalit conomique et sociale devient criante. Des revendications se font leurs jours, en particulier, des travailleurs se mobilisent contre les conditions inhumaines qui leurs sont imposes et rclament notamment le droit au travail, des garanties contre le chmage, protection contre la maladie et la vieillesse, rduction de la dure du travail, la fixation dun salaire minimum, le droit au logement et transport, etc. (), mais les bourgeoisies en place refusent au nom de la responsabilit individuelle, toute intervention de ltat en faveur des classes ouvrires et des pauvres. A lheure du dveloppement du capitalisme sauvage o les entrepreneurs se croient tout permis sur le plan social, tiraient le maximum de profits de la situations privilgie que la notion dgalit et libert leurs accordes.

    Depuis ladoption des premires dclarations des droits de lhomme jusquau mi 19me sicle, les tat ne font rien pour corriger les ingalits sociales engendres par lexpansion du capitalisme. Ils estiment cet gard que les pauvres nont aucune crance lgale contre la socit, ils abandonnent leurs responsabilits et contentent de recommande la charit. Or, celle-ci va avoir pour effet daccrotre la pauvret, et dentraner de graves consquences sociales. Parmi celle-ci, il y a lapparition dune mentalit assiste, la baisse de productivit etc. Do ladoption de lAngleterre, puis dans dautres pays, des lois interdisant la mendicit, et rgulant la bienfaisance sociale qui ne doit tre accorde quaux seuls pauvres mritants, cest--dire, ceux qui ne peuvent travailler, dans lincapacit de travailler. Les tats refusent aussi dintervenir pour amliorer les conditions sociales des travailleurs.

    Un dbut de changement se produit en France, lorsqu la suite du soulvement des ouvriers, la Constitution de 1848, admet pour la premire fois lexistence des droits conomiques et sociaux. Elle dclare cet effet, dans son prambule que ltat doit favoriser et dvelopper linstruction et lemploi, procurer du travail dans les limites de ses ressources, et aider les citoyens ncessiteux qui ne peuvent pas travailler. La Constitution admet galement un certain nombre de droits, dont celui de la gratuit de lenseignement primaire.

    En fait, cest en Allemagne sous Bismarck que connat la 2me gnration des droits de lhomme (droits conomiques et sociaux), dont une bonne partie est faite de droits de crance, appels ainsi, parce quils requirent lintervention de lEtat. Afin de satisfaire ces droits, ltat allemand mobilise dimportants moyens, et met en place un rgime dassurance sociale obligatoire, en faveur des ouvriers, comprenant, la loi sur lassurance maladie, 1883 , la loi sur lassurance des accidents de travail, 1884 , la loi sur lassurance invalidit vieillesse, 1889 .

    Cette lgislation va inspirer les autres pays occidentaux, comme ltape premire et dcisive de la naissance de ltat providence qui vise corriger les ingalits cres par le dveloppement du capitalisme. Rompant avec la doctrine classique de laisser faire, ltat tendra depuis lors devenir un tat social qui soccupe du bien tre de sescitoyens. La protection sociale ne se limite plus aux travailleurs, elle couvre dsormais tous les citoyens. Ltat assure par le biais dun certain nombre de moyens, dont en particulier, la cration dun systme de scurit sociale, ou dassistance grce la redistribution dune partie des richesses vers les couches sociales dfavorises, la crationdes services publics offrant des prestations gratuites ou des proches trs rduits par rapport ceux du march (hpitaux, coles). Avec ltat providence, les droits de lhomme revtent une autre dimension qui de politique, devient sociale, en visant dsormais des tres concrets, et non plus abstrait. La nouvelle conception des droits de lhomme remet en cause les fondements de lordre libral, issu des rvolutions bourgeoisies du 17me et 18me sicle.Elle permet ltat providence de se dvelopper dune faon considrable, surtout aprs la deuxime Guerre Mondiale.

  • Le constat a t fait par un certain nombre dauteurs que ltat social, ne se contente pas dtre un tat protecteur, cest galement un tat distributeur, et un tat stabilisateur des rapports sociaux, dans la mesure o il cherche rduire les ingalits sociales par la redistribution de surplus national. Cessant dtre abstrait, les droits de lhomme connaissant ainsi un dveloppement sans prcdent dans lhistoire de lhumanit, mais la jouissance de ces droits reste limite au monde occidental, do la prise de conscience de la communaut internationale de lesuniversaliser.

  • CHAPITRE II : LUNIVERSALISATION DES DROITS DE LHOMME.

    Luniversalit des droits de lhomme, signifie que ces derniers appartiennent du fait de leur inhrence la nature humaine tous les hommes, o quils se trouvent, et quelque soit leur origine ou religion ou classe sociale. Les droits de lhomme sont ainsi applicables tous les hommes, aucune catgorie sociale ne peut de ce fait prtendre en bnficier lexclusion des autres.

    Nanmoins, les droits de lhomme sont rests pendant longtemps le privilge des pays occidentaux, car ils ont refus leurs extensions aux pays du reste du monde quils avaient russi placer sous leurs domination. Cela avait pour consquence que lingalit du statut juridique qui frappait les pays de la priphrie, se refltait ainsi sur leurs ressortissants.

    Lide que les droits de lhomme sont universels, ne va simposer qu partir du moment o sinstaure lgalit juridique entre tous les pays de la plante. Lide dgalit est relativement rcente, elle apparat en 1945 avec ladoption de la Charte des Nations Unies. Aussi, cest partir de cette date quun long processus va tre engag en vue de lapplication des droits de lhomme tous les hommes de la plante.

    Ce sont les Nations Unies qui vont engager et encadrer ce processus, elles seront soutenues par la suite, par les organisations rgionales qui favoriseront lexpansion et le dveloppement des droits de lhomme dans leurs zones dactions respectives.

    Trois questions requirent ds lors dtre tudies :

    - Le difficile chemin vers luniversalisation des droits de lhomme (Section I).

    - Luniversalisation desdroits de lhomme dans le cadre des Nations Unies (Section II).

    - Luniversalisation desdroits de lhomme par leurs promotions et dveloppement lchelle rgionale (Section III).

    SECTION I : LE DIFFICILE CHEMIN VERS LUNIVERSALISATION DES DROITS DE LHOMME.

    Les droits de lhomme sont apparus il y a plusieurs sicles dans lordre interne de certains pays, mais ils onttard simposer sur le plan international. Des entraves historiques expliquent ce retard.

    PARAGRAPHE 1 : LES ENTRAVES HISTORIQUES A LUNIVERSALISATION DES DROITS DE LHOMME.

    Ces entraves ont t successivement dresses. Dabord par les pays europens, puis par les pays du bloc de lEst, ensuite par un grand nombre des pays du tiers monde, et enfin par un certain nombre de pays musulman.

    A) En Europe :

  • Lmergence des droits de lhomme est associe lapparition de lEtat moderne, et cette dernire va initialement carter lapplication de ces droits dans ses relations avec le reste du monde. Au contraire, elle va satteler partir du 16me sicle imposer sa domination aux pays non-europens. Le capitalisme naissant, qui a besoin pour son dveloppement des matires premires et dun march plus large. Cette domination seffectue directement par la conqute coloniale, ou bien lorsque cela savre difficile, indirectement par limposition daccords ingaux.

    LEurope justifie sa domination au nom de ce quelle appelle le devoir de civilisation , des peuples trangers considrs comme barbares, infidles, et infrieurs. Les premiers thoriciens du droit naturel auront pourtche, dasseoir les bases idologiques dune conception du monde fonde sur une prtendue ingalit naturelle entre les peuples europens et les peuples trangers. Considrs comme des tres infrieurs par lidologie coloniale occidentale qui prvaloir jusqu mi 20me sicle. Les peuples trangers ne peuvent tre levs la dignit de lhomme et leur sort est la domination et la colonisation. Une telle situation va prvaloir jusquau moment o loccident ralise que ses liens tant devenus structurels avec les pays de la priphrie, il peut dsormais les dominer, non plus par la colonisation mais dans le cadre des relations fondes sur lgalit, conues sur le mme modle, qui a permis la bourgeoisie europenne de dominer, au nom de lgalit et la libert le proltariat la suite des rvolutions qui ont abouties ladoption des premires dclarations des droits de lhomme, do la proclamation de la Charte des Nations Unies, du droit lauto-dtermination des pays du tiers monde, et le dclenchement du mouvement de lindpendance partir des annes 50, do aussi la proclamation de luniversalit des droits de lhomme, ainsi que ladoption par la suite dinstruments juridiques importants, do en particulier la Dclarations des Droits de lHomme et des Citoyens 1948.

    B) Les Pays de lEst :

    Historiquement, la rsistance luniversalisation des droits de lhomme, a t le fait de la thorie marxiste qui considre que les droits de lhomme, tels que consacrs par la Dclaration 1789, et les Dclarations qui lont prcdes, sont des droits formels, cest--dire abstraits et illusoires. Selon la thorie marxiste, ces droits sont lexpression de la domination de la bourgeoisie. Pour elle seule compte les droits concrets, en particuliers les droitsconomiques et sociaux. Cest au nom dune telle conception que lU.R.S.S et les pays de lEurope de lest, se sont lorigine opposs luniversalisation des droits de lhomme. Mais, depuis la chute du mur de Berlin en 1989, ces pays ont connus de profondes transformations, notamment travers linitiation dun processus de dmocratisationde leurs systmes politiques, et libralisation de leurs conomies, ce qui les amnera ne plus sopposer luniversalisation des droits de lhomme. Seul un nombre limit de pays, dont la Chine, (etc.) () continuent montrer une rsistance assez ferme luniversalisation des droits de lhomme.

    C) Les pays du tiers monde :

    La rsistance luniversalisation des droits de lhomme a t ensuite le fait dun grand nombre de pays du tiers monde, une fois devenus indpendants. Ces derniers, ont leur tour rcuss lide duniversalisation des droits de lhomme, qui sont leurs yeux des droits formels, et constituent un handicap au dveloppement. Ces derniers, disait-on, doivent se focaliser sur la promotion des droits concrets, droits conomiques, et ce nest quunefois que ces derniers raliss que les droits et liberts formelles pourraient trouver une place dans la socit.

    On sait ce qui est advenu de la plupart des pays du tiers monde, o au lieu du dveloppement conomique,cest la pauvret et la misre qui se sont souvent installs, accompagnes par des violations flagrantes et massives des droits de lhomme, par des rgimes autoritaires et rpressifs Mais aujourdhui, les pays du tiers monde ont

  • pour la plupart, cess de sopposer luniversalisation des droits de lhomme, du moins au niveau des discours, soumis pendant des sicles la domination coloniale, et depuis un demi sicle un rgime autoritaire.

    D) Les pays musulman :

    Enfin, lide duniversalisation des droits de lhomme a t rcuse par un certain nombre de pays musulmans, qui ont cherch faire prvaloir lide que lIslam avait sa propre conception des droits de lhomme, qui est base sur la Charia. Cest cette conception qui est notamment la base de la Dclaration des droits de lhomme en Islam, adopte au Caire le 5 aout 1990, par lOrganisation de la Confrence Islamique, dont les dispositions sur certaines questions, par exemple, la limitation de la libert de conscience, statut juridique de la femme (), qui sont incompatibles avec les standards internationaux qui se sont imposs en la matire depuis plus dun demi sicle, et qui sont notamment contenues dans la Dclaration universelle des droits de lhomme.

    Depuis ladoption de la Dclaration du Caire, les pays musulmans vont se trouver de plus en plus isols parrapport au reste des pays de la plante, qui ont une conception universalisante des droits de lhomme. Cest dailleurs cette conception qui simpose clairement la Confrence Mondiale sur les Droits de lHomme, qui runit Vienne du 14 mai au 25 juin 1993, adopte une Dclaration, dans laquelle elle raffirme le caractre universel, et incontestable des droits de lhomme, et des liberts fondamentales, et proclament quils sont inhrents tous les tres humains.

    Aujourdhui, il devient de plus en plus difficile pour un pays dtre en retrait par rapport au mouvement duniversalisation des droits de lhomme. Il en est ainsi, parce quil y a une forte demande de part des hommes et des femmes o quils se trouvent, que ce soit dans des dmocraties occidentales, ou ailleurs, pour que leurs droits en tant qutre humains soit respects. D aussi aux fortes pressions exerces par les Nations Unies, la socit civile mondiale. Cest ce qui explique ladhsion des pays musulmans aux instruments juridiques universels, en matire des droits de lhomme. Bien que celle-ci ait souvent accompagne de rserves sur des dispositions, que leurs paraissaient incompatibles avec leurs conceptions de la religion musulmane. Mais mme ces rserves ont tendances aujourdhui diminuer ou disparaitre sous des pressions internes et externes.

    Luniversalisation des droits de lhomme a donc ds le dpart fait lobjet dun certain nombre dobstacles, cest ce qui explique le caractre tardif de lmergence des droits de lhomme sur le plan international.

    PARAGRAPHE 2 : LE CARACTERE TARDIF DE LEMERGENCE DES DROITS DE LHOMME.

    Sur le plan international, peu dinitiatives ont t prise en matire des droits de lhomme. Parmi celle-ci, nous en citerons deux, du reste, assez timide qui vise protger certaines catgories vulnrables dindividus.

    La premire de ces initiatives est la Dclaration sur labolition du commerce des esclaves adopte par la Confrence de Paix runit Vienne le 8 fvrier 1815, mais comme on peut le remarquer, cest le commerce des esclaves qui est interdit, pas lesclavage en lui-mme. En outre, cette interdiction ntait pas dicte par des motivations humaines, mais plutt par des considrations politiques, dans la mesure o lAngleterre qui tait derrire cette initiative, cherchait affaiblir les Etats-Unis dAmrique, dont une bonne partie de lconomie reposait sur lexploitation des esclaves, situation qui ne prendra fin quavec la Guerre de scession (1861 1865).

  • La seconde initiative, plus importante, a t celle prise par la Suisse (Jean Henri Dunant) en faveur de ladoption des rgles concernant les personnes blesses durant les conflits arms. Horrifi par les pertes humaines durant la Bataille de Solferino (1859), mene dans le cadre de la lutte pour la runification de lItalie qui, selon lui aurait pu tre limite si les blesss avaient pu tre secourus. Il prit linitiative de runir une Confrence Genve en 1863, qui sera suivit par une deuxime Confrence en 1864. Celle-ci adoptera la Convention de Genve sur la protection des blesss en temps de guerre. Elle constituera un jalon important dans la formation du droit humanitaire (droit des conflits arms) et qui vise rguler le droulement des hostilits, et leurs impacts sur les maladeet blesss de guerre, les prisonniers de guerres, et les victimes civiles.

    Un certain nombre de traits contribueront la formation du droit humanitaire {les conventions de la Haye de 1899, 1907, et surtout les quatre conventions de Genve de 1949, ainsi que les deux protocoles additionnels de 1977}.

    Les horreurs de la premire guerre mondiale auraient pu convaincre les grandes puissances dadopter une attitude plus positive lgard de la reconnaissance des droits de lhomme. Mais il nen a t rien, car ce qui intresse les puissances occidentales qui ont gagnes la guerre, cest la poursuite de la commination coloniale, et cest cela qui les poussent rejeter lide dgalit entre les nations.

    Lors de la Confrence de Paris 1919 (fin de la premire guerre mondiale) qui va aboutir sur ladoption du pacte de la Socit des Nations. Le Japon a suggr que le futur pacte proclame lgalit entre les nations et les races, mais sa demande va tre rejete par les puissances occidentales. Ce refus trouve son explication, dans le fait que lgalit entre les nations aurait implique la condamnation de la colonisation, et par contrecoup, la reconnaissancede lide de luniversalit des droits de lhomme.

    Quant lgalit entre les races, celle-ci aurait implique la fin du racisme et de la discrimination raciale qui prvalait dans certains pays comme les tats-Unis. Ainsi donc, le pacte de la S.D.N ne comporte aucune rfrence aux droits de lhomme, cela na pas empch par la suite la SDN de contribuer la ralisation dun certain progrs en matire dexpansion des droits de lhomme sur le plan international, notamment par ladoption de la Dclaration sur les droits de enfants de 1924, qui vise protger les enfants et permettre leur panouissement, ainsi de ladoption de la Convention Internationale sur lesclavage en 1926, par laquelle les Etats sengagent prvenir et rprimer la traitre des esclaves, et poursuivre la suppression complte de lesclavage sous toutes ses formes de manire progressive et aussitt que possible.

    Nanmoins, si lide duniversalisation des droits de lhomme tait absente chez les grandes puissances occidentales, elles avaient commenc merger dans leurs socits civiles, notamment chez certains auteurs, ainsi que dans certains cercles acadmiques.

    Ainsi, linstitut de droit international va adopter en 1929, la Dclaration des droits internationaux de lhomme, dans laquelle il affirme notamment que il importe dtendre au monde entier la reconnaissance internationale des droits de lhomme et quil est du devoir de tout Etat de reconnatre tout individu le droit gal la vie, la libert, la proprit, et daccorder tous sur son territoire, la pleine et entire protection de ce droit sans distinction de nationalit, sexe, race, langue ou de religion .

    Cette Dclaration est salue lpoque comme un acte rvolutionnaire, qui pourra exercer une grande influence sur le dveloppement et la promotion des droits de lhomme sur plan international. Mais il faudra attendre la Charte des Nations Unies, pour voir enfin consacre lide duniversalit des droits de lhomme.

  • SECTION II : LUNIVERSALISATION DES DROITS DE LHOMME DANS LECADRE DES NATIONS UNIES.

    Cest dans la Charte des Nations Unies que lon trouve les fondements dune vision globale et universalisante des droits de lhomme. Cette vision sera approfondie par la suite en adoptant la Dclaration universelle des droits de lhomme, deux pactes internationaux et un certain nombre dinstruments internationaux, envisageant la situation de catgories dindividus qui require une protection spciale.

    A) La Charte des Nations Unies :

    Elle fait des droits de lhomme lun de ses objectifs essentiels, elle proclame aussi dans son prambule : sa foi dans les droits fondamentaux de lhomme, dans la dignit et la valeur de la personne humaine,dans lgalit des droits des hommes et des femmes . Elle accorde lassemble gnrale la possibilit de faire desrecommandations dans le but de faciliter pour tous, sans distinction de race, sexe, langue et de religion, la jouissance des droits de lhomme et de libert fondamentale .Elle admet cet gard que le respect universel effectif de des droits de lhomme, passe par la coopration internationale, elle charge cet effet le Conseil Economique et Social (C.E.S) de faire des recommandations, et lhabilite crer en cas de besoin, des commissions pour faciliter sa tche. Ainsi donc, comme nous pouvons le constater, la charte ne comporte pas de dispositions contraignantes, elle se contente de recommander, en des termes assez vagues la coopration entre les Etats, en vue de promouvoir les droits de lhomme. Afin de faciliter cette coopration, le Conseil Economique et Social a cr en 1947, la commission des droits de lhomme, dont lune des premires tches va tre dlaborer la Dclaration Universelle des Droits de lHomme. Celle-ci sera adopte par lassemble gnrale des Nations Unies, une anne plus tard.

    B) La Dclaration Universelle des Droits de lHomme :

    Ladoption de la Dclaration Universelle des Droits de lHomme du 10 dcembre 1948 constitue une dterminante dans le dveloppement des droits de lhomme. Sa force est davoir proclame luniversalit des droitslhomme. Elle nonce solennellement cet gard que tous les tres humains naissent libres et gaux en dignit eten droit {art. 1}. Les droits de lhomme constituent selon elle, le fondement de la libert, de la justice et de la paix dans le monde. Aspirant devenir lidal commun atteindre par tous les peuples et toutes les nations , la dclaration va en jetant les bases morales, philosophiques, et juridiques des droits de lhomme, et en faisant dfinitivement des droits universels appartenant tous les tres humains, devenir la rfrence essentielle en matire des droits de lhomme. Certains, lui reproche dtre dinspiration occidentale, cela est en partie vrai, parce

  • que les droits de lhomme se sont, comme on la vu, panouis en occident, et que cest ce dernier qui va tre derrire lide dadoption dune Dclaration caractre universel.

    Nanmoins, il convient de noter que celle-ci a t rdige par un comit compos de juristes de diffrentesnationalits, et quaucun pays na vot contre son adoption par lAssemble Gnrale. Il faut noter aussi cet gard, que parmi les pays qui ont vot en sa faveur, les 2/3 taient des pays non occidentaux. Seuls huit pays staient abstenus de voter en sa faveur ; six pays de lEurope de lest qui auraient souhaits une plus grande insistance sur les Droits Economiques et Sociaux ; lAfrique du Sud qui allait sengageait dans sa politique dapartheid ; et lArabie Saoudite qui sopposait larticle 16 relatif au droit de se marier et de fonder une famille {nonant lgalit entre les poux} et larticle 18 relatif la libert de religion.

    Les pays qui taient initialement opposs la Dclaration ont cherchs attnuer son impact, en estimant quelle ntait pas dote de force juridique, obligatoire, parce quelle a t adopte par une simple rsolution de lAssemble Gnrale des Nations Unies. Une telle remarque pouvait lorigine avoir une certaine pertinence, mais la Dclaration a t dune manire ou dune autre, endosse par pratiquement tous les Etats de la plante. Elle a aussi t tellement invoque et applique, par plus pays et organisations gouvernementales et non-gouvernementales que lon peut dire quelle a avec le temps, acquis le caractre dune norme coutumire qui simpose tous les Etats, mme ceux qui nont pas adopts linstrument.

    La Dclaration comporte une trentaine darticles qui rappellent un certain nombre de principes, numrentet dveloppement les droits civils et politiques, conomiques et sociaux. Ces dispositions vont tre clarifies, et approfondies par les deux pactes de 1966, portant lun sur les droits civils et politique, et lautre sur les droits conomiques, sociaux et culturels. {La Charte des Nations Unies ; La Dclaration}

    C) Les deux Pactes Internationaux de 1966 :

    A lorigine, il ne devait y avoir quun seul pacte englobant les deux catgories de droits, tel tait le vu de lAssemble Gnrale qui a prit linitiative des 1948, et cela dans le but daboutir ladoption dun trait unique, qui serait obligatoire pour les Etats qui y adhrent, mais lide va simposer par la suite de sparer le pacte, en deuxinstruments indpendants. Cependant, il faut attendre 1966 pour quenfin les pactes voient le jour.

    Les deux pactes comportent un prambule commun qui rappelle lobligation des Etats de promouvoir le respect des droits et liberts de lhomme .

    Le Pacte International sur les Droits Civils et Politique a pour objectif dassurer la protection des droits et liberts individuelles, et de permettre la participation des citoyens aux affaires publiques dans un cadre dmocratique. Aprs avoir numr et clarifi ces droits et liberts, il cre un Comit des Droits de lHomme, dontla tche est de veiller la bonne application du pacte et des deux protocoles qui sy rapportent.

    Quant au Pacte International sur les Droits Economique et Sociaux et Culturels, il formule les principes devant permettre damliorer les conditions dexistence, de travail, dducation et de culture.

    On a reproch lAssemble Gnrale davoir par ladoption des deux pactes spars, affaibli la porte des droits de lhomme qui ne peuvent tre diviss en droits civils et politique dune part, et en droit conomiques, sociaux, et culturels dautre part, ce qui a pu tre mis profit par certains Etats pour ne ratifier que lun des deux pactes. Nanmoins, il reste aujourdhui plus de 149 Etats qui font partie du Pacte des droits civils et politiques, et 145 pour le Pacte des droits conomique, sociaux, et culturels.

  • La Dclaration des Droits de lHomme et des deux pactes de 1966 constitue la Charte Internationale des Droits de lHomme {La Charte des Nations Unies}.

    D) Les Instruments Internationaux concernant les catgories particulires :

    Alors que les instruments nous venons de voir sappliquent tous les humains sans aucune distinction, il existe dautres instruments internationaux qui concernent des catgories particulires dindividus, qui se voient ainsi accord une attention spciale, en raison de leurs vulnrabilit.

    - la prvention et la rpression des crimes de gnocide de 1948 ;

    - les quatre conventions de Genve de 1949, et qui portent sur la protection des personnes en temps de guerre, la convention sur la traite des tres humains, et la prostitution en 1950, la convention relative au statut de rfugis en 1951 ;

    - La convention sur labolition de lesclavage en 1956 ;

    - La convention sur llimination de toutes les formes de discrimination raciales en 1965 ;

    - La convention sur llimination de toutes les formes de discrimination lgard des femmes en 1979 ;

    - La convention sur la lutte contre la torture et autres peine, ou traitements inhumains dgradants en 1984 ;

    - La convention sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants, et des membres de leurs familles en 1990 ;

    - La convention relative aux droits des personnes handicaps en 2006 ;

    - La convention internationale sur la protection de toutes les personnes contre les disparitions forces en 2010, etc.

    Enfin, les deux dernires dcennies ont vu le dveloppement du droit pnal international, qui vise a rprim des crimes trs graves {crimes de gnocide, humanit, crime de guerre}. La communaut internationale a cre cette fin des tribunaux pnaux, comme le tribunal pnal internationale pour lex-Yougoslavie {1993}, et pour le Rwanda {1994}, la Cour pnale internationale qui est permanente {1998}, charge de juger une personne prsume responsable de crimes contre lhumanit.

    Luniversalisation des droits de lhomme sest ainsi faite par ladoption dinstruments internationaux, ayant une porte gnrale, dans la mesure o ils touchent tous les tres humains, o quils se trouvent de part le monde, mais luniversalisation a aussi t renforce par ladoption dinstruments rgionaux, qui visent promouvoir et dvelopper les droits de lhomme lchelle dune rgion donne.

    SECTION III : LUNIVERSALISATION DES DROITS DE LHOMME PAR LEURS FORMATIONS ET LEURS DEVELOPPEMENT A LECHELLE REGIONALE.

    Luniversalisation des droits de lhomme lchelle mondiale a t renforce par la protection et la dissmination de ces droits une chelle rgionale, il en est rsult une dynamique de renforcement de ces droits,

  • mais celle-ci a concerne essentiellement lEurope, et dans une certaine mesure lAmrique, bien que des progrs limits laspect juridique et institutionnel aient t aussi accomplis, en Afrique et dans le monde Arabe.

    1) LEurope :

    En Europe, la tradition dmocratique et lenracinement prcoce des droits de lhomme dans la ralit concrte, ont favoriss lmergence dun systme rgional trs dvelopp de protection de ces droits. Ce systme a t mis en place par le Conseil dEurope {cre en 1949} lorigine, ce dernier a commenc tre une organisation politique regroupant les pays occidentaux, et dont le but tant de crer une barrire contre lexpansion du communisme en Europe de lOuest, mais il va graduellement se transformer en organisation charge de promouvoir la dmocratie, les droits de lhomme, lEtat de droit en Europe {mme les Etats-Unis en font partie}. Son rayonnement est tel qu la suite de la chute du mur de Berlin, tous les pays ex-communistes de lEurope de lEst vont en faire partie, il regroupe aujourdhui 47 pays.

    La pice maitresse du systme juridique de la protection des droits de lhomme du Conseil de lEurope est la Convention Europenne des Droits de lHomme (C.E.D.H), adopte le 4 novembre 1950, complte par la Charte Sociale Europenne du 18 octobre 1961, qui porte essentiellement sur les droits conomiques et sociaux, et 14 protocoles qui ont viss renforcer le mcanisme de protection des droits de lhomme et ajouter de nouveaux droits la liste des droits protgs.

    La C.E.D.H reprend les dispositions de la dclaration des droits de lhomme, mais pour mieux les dfinir et les prciser, ngligeant les droits conomiques et sociaux, elle porte essentiellement sur les droits civils et politiques : droit la vie ; droit la libert, et la suret ; interdiction de la torture et des traitements inhumains dgradants ; la libert de conscience et de religion ; la libert dexpression ; le respect du droit de proprit ; la libert syndicale ; le droit des lections libres etc. ().

    Elle opre aussi une avance notable en disposant que les titulaires des droits de lhomme sont non seulement les nationaux, et les pays concerns, mais aussi les non-ressortissants qui se trouvent sur leur territoire. Enfin, et surtout elle cre un systme de garantie, en permettant toute personne qui se plaint dune violation de ses droits par lEtat o elle se trouve de sadresser des organes de surveillance des droits de lhomme {la commission E.D.H 1954 1999 ; la Cour E.D.H}. Cest l, en fait la caractristique la plus importante du systme europen des droits de lhomme, qui vise moins numrer les droits, qui trs souvent ont t consacrs par les Constitutions et les lgislations des pays europens, qu prvoir leurs mcanismes de garanties.

    En Europe, lOrganisation pour la scurit et la coopration en Europe (OSCE), en plus de son rle en faveur de la prservation de la paix, et de la scurit, elle sintressait la promotion des droits de lhomme, surtout parmi les pays dEurope centrale et de lest. Elle a cherche accomplir cette tche, en faisant simultanment la promotion de la dmocratie, et de lEtat de droit. Elle a surtout concentre ses efforts sur la protection des minorits.

    2) LAmrique :

    En Amrique, la Charte qui a donne naissance en 1984 lOrganisation des Etats amricains, comporte comme la Charte des Nations Unies, des dispositions gnrales sur les droits de lhomme, ces dispositions ont t clarifies par la Dclaration amricaine des droits et devoirs de lHomme, adopte lors de la cration de lorganisation des Etats amricains. Celle-ci a inspire la Dclaration Universelle, bien quelle sen distingue lgrement, dans la mesure o elle ne se contente pas dnoncer des droits, mais prvoit aussi des devoirs la

  • charge des hommes, dont notamment le devoir de servir la communaut et la nation, devoir dobir la loi, recevoir linstruction de payer les taxes, voter

    Les Etats amricains ont aussi adopts en 1969, la Convention amricaine relative aux droits de lhomme (aussi appele Pacte de San Jos), elle est entre en vigueur le 18 juillet 1978, mais ni les Etats-Unis, ni le Canada nen font partie {sur 35 Etats membres de lOrganisation des Etats amricain (OEA), seuls 25 y ont adhrs}, elle a t complte par le Protocole de San Salvador en 1999 qui porte sur les droits conomiques, sociaux et culturels.

    La Convention amricaine ressemble beaucoup la Convention europenne relative aux droits de lhomme. Les Etats amricains ont galement adopts des conventions internationales complmentaires sur des questions particulires des droits de lhomme, comme par exemple la disparition force des personnes, la prvention et la punition de la torture, abolition de la peine de mort, radication de la violence contre les femmes (1994) etc.

    On retrouve donc en Amrique, bien qu un moindre degr, la mme tendance quen Europe a focalis sur le systme de garantie et de protection rgionale des droits de lhomme. Ainsi, des recours peuvent tre effectus auprs de la commission interamricaine en cas de violation des droits de lhomme, selon des procduresqui, ainsi que nous le verrons ne sont pas trs diffrentes de celles quon trouve en Europe.

    3) En Afrique :

    En Afrique, la Charte africaine des droits de lhomme et des peuples, appele communment la Charte de Banjul, adopte dans le cadre de lOrganisation de lunit africaine (OUA), elle comporte deux particularits :

    - 1er caractre : le seul instrument qui rfre la fois aux droits civils et politiques.

    - 2me caractre : elle contient cot des dispositions habituelles sur les droits individuels, un certain nombre de dispositions sur les droits des peuples qui sont en fait, des droits de lEtat. Droit lautodtermination et la libre disposition des ressources naturelles, droit au dveloppement, droit la paix

    - 3me caractre : elle accorde une importance particulire aux devoirs des individus envers la famille et lEtat (art. 25 et 29) (exemples : devoir de prserver le dveloppement harmonieux de la famille, en faveur de la cohsion et respect de cette famille, devoir de respecter tout moment ses parents, les nourrir, les assister en cas de ncessit, devoir de servirsa communaut nationale ne mettant ses capacits physiques et intellectuelles son service, devoir de ne pas compromettre la scurit de lEtat dont il est national ou rsident etc.)

    De faon gnrale, la Charte de Banjul semble ainsi tre trs gnreuse, mais celle-ci a t critique parce que ses dispositions sont trs vagues, parce que les Etats jouissent dune grande discrtion pour retirer aux individus la jouissance dun certain nombre de droit (art. 5 12) relatif linterdiction de la torture, et des traitements cruels, inhumains et dgradants, droit la libert et la scurit de la personne, droit un procs

  • quitable, libert de conscience, droit linformation et libert dexpression, libert dexpression, runion, mouvement, etc.

    La Charte de Banjul a prvue la cration dune commission des droits de lhomme et des peuples, charge de promouvoir les droits de lhomme et dexaminer les plaintes formules par des Etats, et des communications prsentes par les individus. Cependant, ce mcanisme de garantie des droits de lhomme est faible et reste soumis la discrtion des Etats, en dpit de la cration en 1998 dune Cour africaine des droits de lhomme et des peuples,qui va dailleurs disparaitre en 2008 pour devenir une simple chambre dune nouvelle Cour appele la Cour africaine de justice et des droits de lhomme.

    4) Le monde arabe :

    Le processus de promotion et dveloppement des droits de lhomme a t trs problmatique, cest pour cette raison quil na pas abouti jusqu prsent ladoption dun ensemble appropri des rgles juridiques, et encore moins un systme de protection efficace des droits de lhomme.

    Dans le Pacte de la Ligue des Etats Arabes, adopt en 1945, on ne trouve aucune rfrence aux droits de lhomme. Il a fallu attendre 1968 pour que la Ligue Arabe, sur invitation du secrtaire gnral aux Nations Unies, cre une commission permanente des droits de lhomme, mais celle-ci est reste pratiquement inactive. Certes, la commission parvient aux des annes 70 laborer un projet de charte arabe des droits de lhomme, mais ce dernier na aboutit quen 1994. Les Etats montrent un peu denthousiasme lexaminer, jug incompatible avec lesstandards internationaux prvalant en la matire, ce projet de charte subira de grandes transformations avant dtre adopt en 2004, la Charte arabe des droits de lhomme entre en vigueur le 15 janvier 2008.

    La Charte arabe des droits de lhomme proclame sont attachement aussi bien la Dclaration universelle, et aux deux pactes de 1966, qu la Dclaration du Caire sur les droits de lhomme en Islam adopte en 1990 par lOrganisation de la confrence islamique, elle est fonde charia, considrant ainsi que les droits de lhomme doivent tre envisags dans leurs universalit et leurs complmentarit. Comme la Charte africaine des droits de lhomme, elle comporte plusieurs articles sur les droits collectifs, droit lautodtermination, souverainet nationale sur les ressources naturelles, etc. Elle comporte aussi une approche des droits individuels, comparables celles des deux pactes de 1966. Enfin, elle prvoit la cration dun comit dexpert charg dexaminer les rapports soumis par les Etats tous les trois ans.

    La Charte arabe des droits de lhomme a t critique sur certains points importants, par le Haut Commissariat aux droits de lhomme, ainsi que par des Organisations de dfense des droits de lhomme, trangres et arabes qui reprochent en particulier, de ne pas adhrer totalement lide duniversalit, dans la mesure o le statut de la femme, dtermin par la charia, et rclame notamment une position plus claire sur lgalit entre les hommes et femmes, interdiction de la peine de mort pour les personnes mineures, et atteinte dune quelconque forme de maladie mentale, mise en place dune meilleure protection des minorits, amlioration des droits des trangers, largissement des comptences du Comit arabe des droits de lhomme, en particulier pour lui permettre de faire des enqutes, recevoir des plaintes manant des Etats, individus, et les ONG.

    La position des pays arabes, concernant les droits de lhomme a connu un certain changement ces derniersdcennies, les pays arabes affichent de moins en moins leur opposition lgard de la Dclaration Universelle des droits de lhomme, de nombreux Etats ont aussi adhrer au Pacte International de 1966. Cependant, la quasi-totalit des pays arabes nont pas volus sur certaines questions dtermines par la charia.

  • On note galement un certain dcalage entre les discours et la ralit, bien quau niveau du discours, on assiste une sorte de ralliement la conception universaliste des droits de lhomme, leur respect encore problmatique, labsence dun Etat de droit et de la dmocratie demeure une entrave essentielle leur dveloppement, et donc au dveloppement de ces droits. En dfinitive, il y a ainsi quon aura pu le constater un grand cart, entre les diffrentes rgions du monde pour ce qui est de lattachement aux droits de lhomme. Cet cart, apparait plus clairement lorsquon analyse leur rgime juridique.

    CHAPITRE III : LE REGIME JURIDIQUE DES DROITS DE LHOMME.

    Contenu de ces droits, et les moyens pour assurer leur protection.

    SECTION I : LE CONTENU DES DROITS DE LHOMME.

    Lexpansion des droits de lhomme dans le monde a t tel que depuis la fin de la 2me guerre mondiale, quelon peut admettre quil y aujourdhui des standards internationaux auxquels des Etats sont invits ce conformer. Ces standards se refltent dans les grands instruments internationaux, dont en particulier la Dclaration universelle des droits de lhomme, et les deux pactes internationaux de 1966.

    Aussi, cest dabord ces instruments que lon doit se rfrer si lon veut avoir une ide gnrale du contenu des droits de lhomme, cest--dire de cet ensemble de rgles et de standards internationaux, auxquels un Etat doit au minimum se conformer, notamment par ladoption dune lgislation adapte ces standards, et par la mise en place de mcanismes appropris, pour les mettre en uvre.

    - Droits civils et politiques {1re gnration} (Paragraphe 1)

    - Droits conomiques, sociaux et culturels {2me gnration} (Paragraphe 2).

    - Droits de solidarit {3me gnration} (Paragraphe 3).

    PARAGRAPHE 1 : LES DROITS CIVILS ET POLITIQUES.

  • Proclams par la Dclaration universelle, ces droits on t prciss et approfondis par le Pacte Internationale sur les Droits Civils et Politiques de 1966, ces droits seront prsents ci-aprs tels quils ont t formuls par le Pacte.

    1) Les Droits civils :

    Sagissant dabord des droits civils, la Dclaration Universelle nonce que tout individu a droit la vie, la libert et la suret de sa personne (art. 3). Ces droits sont prciss et dtaills par le Pacte.

    Le pacte prcise que le droit la vie est inhrent la personne humaine, que ce doit tre protg par la loi, que nul ne peut tre arbitrairement priv de la vie.

    Dans les pays o la peine de mort na pas t abolie, une sentence de mort ne peut tre prononce que pour les crimes les plus graves, et ne peut tre applique quen vertu dun jugement dfinitif rendu par un tribunal comptent. Toutefois, une sentence de mort ne peut tre impose pour des crimes commis par des personnes ges de moins de 18 ans, ne peut tre excute contre des femmes enceintes. Selon le pacte, nul ne sera soumis la torture ni des peines ou traitements cruels, inhumains, dgradants (art. 7). Le pacte interdit lesclavage et traite des esclaves sous toutes leurs formes.

    Le pacte proclame aussi que tout individu a droit la libert et la scurit de sa personne, il prcise cet gard, que nul ne peut faire lobjet dune arrestation ou dune dtention arbitraire, ni tre priv de sa libert, si ce nest pour des motifs clairement tablis et conformment des procdures tablies par la loi. Il prvoit aussi que tout individu victime darrestation et de dtention illgale a droit des rparations (art. 9). Toute personne se trouvant lgalement sur le territoire dun Etat a le droit dy circuler librement et dy choisir librement sa rsidence. Toute personne est aussi libre de quitter nimporte quel pays, y compris le sien.

    Ces droits ne peuvent tre lobjet de restrictions, que si celles-ci sont prvues par la loi, ncessaire pour protger la scurit nationale, sant ou moralit publique, ou les droits et liberts dautrui, et compatible avec les autres droits reconnus par le prsent pacte.

    Le pacte dispose aussi, que nul ne peut tre arbitrairement priv du droit dentrer dans son propre pays. Il ajoute aussi quun tranger se trouvant lgalement sur le territoire dun Etat, partie au pacte, ne peut tre expuls quen excution dune dcision prise conformment la loi, moins que des raisons imprieuses de scurit ne syopposent.

    Le pacte consacre ensuite lgalit devant les tribunaux, et les cours de justice, il proclame aussi que toute personne accuse dune infraction pnale est prsum innocente, jusqu ce que sa culpabilit ait t lgalement tablie, il prcise cet gard que toute personne accuse dune infraction pnale, a droit en pleine galit un certain nombre de garanties. Le pacte prvoit aussi, que toute personne dclare coupable dune infraction, a le droit de faire examiner par une juridiction suprieure {la dclaration de culpabilit et la condamnation conformment la loi}, il dispose galement que lorsquune condamnation pnale dfinitive est ultrieurement annule, ou lorsque la grce est accorde, car un fait nouveau prouve quil sest produit une erreur judiciaire, la personne qui a subit une peine en raison de cette condamnation sera indemnise conformment la loi, le pacte proclame galement son attachement au principe de la non-rtroactivit de la loi, le pacte prcise galement le contenu du droit au respect de la vie priv et familiale, il reconnait aussi que toute personne a droit la libert de pens, de conscience, et de religion.

  • Le pacte interdit toute sorte de discrimination en proclamant que toutes les personnes sont gales devant la loi, et en droit, sans discrimination une gale protection de la loi, il comporte cet effet des dcisions interdisant toute discrimination, notamment contre les femmes et les minoritaires. Sagissant du mariage, il admet que le droit de se marier et de fonder une famille est reconnu lhomme et la femme, partir de lge nubile, et que nul mariage ne peut tre conclu sans le libre de plein consentement des futurs poux, concernant la protectiondes enfants contre toute discrimination, le pacte dispose que tout enfant sans discrimination aucune, a droit de la part de sa famille, la socit, et de lEtat, en mesure de protection quexige sa condition de mineur. Quant la protection des minorits nationales contre toute discrimination, le pacte dispose que dans les Etats o ils existent des minorits ethniques, religieuses ou linguistiques, les personnes appartenant ces minorits ne peuvent tre prives du droit davoir en commun avec les autres membres de leur groupe, leur propre vie culturelle, de professer et de pratiquer leurs propre religions, et demployer leurs propre langues.

    2) Les Droits politiques :

    Le pacte reconnat que tout citoyen a le droit et la possibilit de prendre part la direction des affaires publiques, soit directement, soit par lintermdiaire des reprsentants librement choisis {droit de voter, et tre lu}, droit honnte au suffrage universel gale, et au scrutin secret assurant lexpression libre de la volont des lecteurs, et daccder dans des conditions gnrales dgalit au fonctions publiques de son pays. A ct de cette disposition, le pacte comporte des dispositions sur des droits qui ne sont pas proprement politiques, mais sans lesquelles aucune activit politique ne peut tre exerce dans un pays dmocratique, parmi ces droits, il y a la libert dexpression, et la libert de runion, ainsi il admet dabord que nul ne peut tre acquitt pour ses opinions et que toute personne a droit la libert dexpression. Le pacte reconnat ensuite la libert de runion, et dispose que lexercice de ce droit ne peut faire lobjet que des seuls restrictions imposes conformment la loi, et qui sont ncessaires dans une socit dmocratique. Enfin, il reconnat la libert dassociation, en admettant que toute personne a le droit de sassocier librement avec les autres, y compris le droit de constituer des syndicats et dy adhrer pour la protection de ses intrts.

    Le pacte donne une vision complte des droits civiles et politiques, mais lide de ltre humain libre, jouissant des liberts civiles et politiques ne peut tre ralise que si elles sont cres les conditions permettant chacun de jouir de ses droits conomiques sociaux et culturels.

    PARAGRAPHE 2 : LES DROITS ECONOMIQUES, SOCIAUX ET CULTURELS.

    A lorigine ngligs, rcuss sur le plan international, notamment par les pays riches, ces droits ont acquis aujourdhui une importance cruciale, du fait notamment de limpact de la mondialisation qui accrot les ingalits conomiques et sociales, cette importance est devenue telle, que les organisations de dfense des droits de lhomme qui ont pendant longtemps confins leur activits la promotion et la dfense des seuls droits civils et politiques, en viennent conclure les droits conomiques, sociaux et culturels dans leurs agendas.

    Formuls initialement par la Dclaration Universelle, les droits conomiques, sociaux et culturels ont t prciss par le Pacte International relatif aux droits conomiques, sociaux et culturels adopt le 16 dcembre 1966.En ralit, le Pacte se borne fixer des objectifs et non les engagements prcis et contraignants. Nanmoins, il oblige les Etats qui en font partie agir au maximum de leurs ressources, en vue dassurer progressivement le plein exercice des droits qui sont reconnus, et cela par tous les moyens appropris par ladoption des mesures lgislatives, et cela sans discrimination.

  • Parmi les droits reconnus par le pacte, il y a dabord le droit de travail, qui comprend le droit a toute personne dobtenir, la possibilit de gagner sa vie par un travail librement choisi, ou accept en vue dassurer le plein exercice de ce droit, les Etats sengagent prendre des mesures quid doivent inclure lorientation et la formation technique des professionnels, llaboration de programmes, de politiques et des techniques propre assurer un dveloppement conomique, social et culturel constant, et un plein emploi productif, dans les conditions qui sauvegarderai aux individus la jouissance des liberts politiques et conomiques fondamentales. LesEtats partis sengagent aussi permettre toute personne de jouir des conditions de travail justes et favorables, qui assurent notamment un salaire quitable, et une rmunration gale pour un travail de valeur gale, sans discrimination aucune de jouir de la scurit et de lhygine de travail, davoir la possibilit dtre (.) par leurs emploi, en fonction de la dure des services accomplis et de leurs aptitudes, et de bnficier du repos, loisirs, limitation raisonnable de la dure du travail, et des congs priodiques, ainsi que de la rmunration des jours fris.

    Le Pacte reconnat ensuite le droit de toute personne de former avec les autres des syndicats et saffiler auxsyndicats de son choix, il reconnat aussi le droit de grve qui doit tre exerc conformment aux lois de chaque pays. Il reconnat aussi le droit de toute personne la scurit sociale, les assurances sociales, et dclare quune protection et une assistance aussi large que possible doit tre accorde la famille, aux mres pendant une priode de temps raisonnable avant et aprs la naissance des enfants, aux enfants et adolescent qui doivent tre protgs contre lexploitation conomique et sociale, ainsi que contre leur emploi dans des travaux de nature compromettreleurs moralit et leurs sant, mettre leurs vies en danger, ou nuire leurs dveloppement normal. Le Pacte reconnat le droit de toute personne un niveau de vie suffisant pour elle-mme et sa famille (nourriture, vtements etun logement dcent), ainsi qu lamlioration constante de ses conditions dexister. Le droit de jouir de meilleure tat de sant et mentale quelle soit possible datteindre, le droit dducation, le droit de participer la vie culturelleet de bnficier du progrs scientifique. Aux termes de cette prsentation des droits civils et politiques, ainsi que des droits conomiques.

    Il apparait bien que les deux Pactes comportent une approche complmentaire de ces deux catgories de droit, qui sont en fait interdpendants et indissociables, dans la mesure o la jouissance des droits requirent la satisfaction des autres, mais aujourdhui, on estime que cela ne suffit pas car leffectivit de ces deux catgories de droit dpend de la ralisation de la troisime catgorie de droits qui sont les droits de solidarit et les droits de troisime gnration

    PARAGRAPHE 3 : LE DROIT DE SOLIDARITE.

    Lide de droit de solidarit est rcente, elle est fonde sur le constat que les droits aussi bien civiques que conomiques resteraient un vu pieu si lordre international demeurait marqu par la prvalence dun certain nombre de phnomnes, tels que les trs fortes ingalits conomiques et sociales entre les pays, la frquence des guerres civiles et les interventions trangres, la dgradation de lenvironnement naturel

    A la fin des annes 1970 que lon prend conscience que la jouissance des droits de lhomme, ne peut devenir fruitive que si lordre international est fond sur des valeurs communes, dont en particulier la solidarit universelle, laquelle doit trouver son expression dans la proclamation dun certain nombre de droits collectifs, comme le droit au dveloppement, le droit la paix, et le droit un environnement sain. Partant de l, un certain nombre dinitiatives vont tre adopts afin de promouvoir ces droits. Sagissant du droit au dveloppement, il vise amliorer le bien-tre de lensemble de la population, et de tous les individus dans les pays pauvres, et rduire les ingalits de dveloppement entre ces pays, et les pays riches. La jouissance de ce droit suppose ltablissement

  • dun ordre conomique juste et quitable, ainsi que la reconnaissance au profit des pays pauvres de leur droit la souverainet sur leurs richesses naturelles.

    Le droit au dveloppement a t voqu dans un certain nombre de rsolutions de lassemble gnrale des Nations Unies, en particulier, la Dclaration sur le droit au dveloppement adopte en 1986, qui proclame que le droit au dveloppement est un droit inalinable de lhomme. La Confrence internationale des droits de lhomme runit Vienne en 1993, a apporte son soutien la notion de droit au dveloppement en affirmant aussique ce dernier est un droit universel, inalinable, qui fait partie intgrante des droits fondamentaux de la personne humaine.

    Le droit a un environnement sain est une ide rcente qui date aussi des annes 70. Il est apparu dabord dans le droit interne des pays dvelopps, la suite de la prise de conscience des dangers que constituent pour la sant, la dgradation de lenvironnement par le monde capitaliste du dveloppement industriel, ce nest que par la suite que lon a cherch le transposer sur le plan international, mais alors que sur le plan interne, il a fait lobjet dune rglementation contraignante, et qui est en constante progression, il en est de mme sur le plan international, o il reste encore un vu pieux, bien que les dfis qui sont poss lenvironnement mondiale. Notamment par le changement climatique soit norme, le principal obstacle la conscration effective sur le plan international du droit un environnement sain rside dans la divergence des intrts entre les Etats.

    La particularit du droit lenvironnement sain est dtre un droit qui concerne aussi bien les gnrations prsentes que les gnrations futures, entre lesquelles il sert de pont en obligeant les hommes protger et amliorer lenvironnement non seulement pour leurs propres bnfices, mais aussi celui des gnrations futures.

    La notion de droit lenvironnement sain est lie celle du dveloppement durable, cette dernire notion est apparue en raction lide que le droit un environnement sain peut constituer un frein au dveloppement conomique. Cette ide est aujourdhui soutenu par un certain nombre de pays dont en particulier les Etats-Unis, les pays mergents comme la Chine qui chercheront exploiter outrance les ressources naturelles, afin dimposerleur leadership dans lconomie mondiale. Or, il a t tabli que la protection de lenvironnement nest pas (). En outre, cette protection ncessaire si lon veut prserver les meilleures conditions de vie pour les gnrations futurs, cest la conclusion laquelle a aboutit le fameux rapport BRUNDTLAND labor en1987 par la Commission mondiale sur lenvironnement et le dveloppement et repris par son compte par la Dclaration de Rio de Janeiro 1992 (sommet de Rio) adopte par la Confrence des Nations Unies sur lenvironnement et le dveloppement qui sest tenu du 3 au 14 juin 1992. Ce droit a t aussi proclam par la Dclaration de lenvironnement de Stockholm 1972.

    Au Maroc, la nouvelle Constitution oblige lEtat, les tablissements publics et les collectivits territoriales mobiliser tous les moyens leur disposition, pour faciliter lgal accs des citoyennes et citoyens, en conditions leur permettant de jouir du droit un environnement sain.

    Enfin, le droit la paix, ce droit suppose la renonciation lusage de la force, et le rglement des conflits internationaux par des moyens pacifiques, le droit la paix est considr comme le droit le plus important, car sans lui, les hommes ne peuvent pas jouir effectivement de tous les autres droits, y compris les droits civils, conomiques, politiques, culturels. Cest ce qua pu rappeler la Commission des droits de lhomme, qui a admis que labsence de guerre au niveau interne est une condition primordiale de la prosprit matrielle, et le progrs des Etats, ainsi que la ralisation complte des droits et liberts fondamentales de lhomme.

  • Le droit la paix a t solennellement proclam par lassemble gnrale des Nations Unies dans sa Dclaration sur la prparation des socits vivre dans la paix (15 dcembre 1978), lassemble a ritre sa position par la Dclaration sur les droits des peuples la paix (14 novembre 1984) dans laquelle o est proclam solennellement que les peuples de la terre un droit sacr la paix.

    Bien que refltent les aspirations dans un grand nombre de pays de la plante, a des relations internationales plus justes et quitables, permettant chacun dassurer son propre dveloppement et de vivre en paix dans un monde o sont prservs les grands quilibres cologiques. Les droits de solidarit en vue de leur caractre juridique contest par une grande partie de la doctrine. On a ainsi reproch au droit de solidarit de ne pas tre un vrai droit, dans la mesure o il est difficile de dterminer aussi bien au titulaire qu la communaut la jouissance de ces droits, autrement dit, sont-ils des droits aux individus ou aux Etats, ou est- ce que la communaut internationale dbiteur, ou sa totalit ? Que leur substance, en raison de leur caractre pas trop gnral. On a aussi reproch le droit de la 3me gnration leur excs et irralisme, car il est trs difficile si ce nest impossible de les appliquer dans la ralit concrte, dans la mesure ou les Etats mmes les plus riches, ne disposent pas des moyens financiers et matriels ncessaires cet effet, mais sil est peu probable que les droits de la 3me gnration peuvent simposer assez rapidement comme des normes de droit positif, en raison de lgosme des pays riches qui sest accentu par la mondialisation, et de la perte dinfluence des pays tiers monde, depuis la guerre froide, il reste que ces droits pour le moment peuvent tre considrs comme des objectifs que la communaut internationale doit chercher atteindre, en vue dassurer le bientre de toute lhumanit.

    Enfin, il y a lieu de constater que les droits de la 3me gnration, ne sont pas encore consacrs par le droit positif, que certains parlent dj de droits de 4me gnration, mais sans tre tous daccord sur leur contenu qui nest pas clair, ainsi certains auteurs associent ces droits, la ncessit dattnuer les effets ngatifs de la mondialisation (droit de partage des bnfices). Alors que dautres voquent le droit des personnes vulnrables,or la multiplication des catgories des droits de lhomme qui relvent plus de la rhtorique du droit positif, risque de dvaloriser la notion mme des droits de lhomme, qui deviendrait ainsi une caisse de rsonance de revendications irralistes et interminables.

    Nanmoins, il reste que de nouveaux droits de lhomme ont t consacrs par le droit interne de certains pays, il concerne principalement deux domaines. Dun part le domaine de la nouvelle technologie, et dautre part, de prodigieux progrs en biologie et en mdecine. Ces droits qui sont lis lavance des sciences et techniques, sont ns de besoins nouveaux qui exigent une protection approprie de la personne humaine, parmi ces nouveaux droits, il y a les droits biothique, qui sont gnrs par le progrs de la gntique et qui visent notamment protger les hommes, contre les manipulations gntiques tout en leur permettant de profiter de ce progrs, les droits lis aux communications, tels ceux visant protger les usagers de linternet etc. ().

    Ainsi que nous venons de constater la conscration des dits droits de lhomme ne sest pas fait faite en difficult, seul leur protection vont tre plus difficile.

    SECTION II : LA PROTECTION DES DROITS DE LHOMME.La proclamation des droits de lhomme ne suffit pas elle seule en assurer le respect et la bonne

    application, elle require lexistence dun systme de garanties permettant tout individu dobtenir la ralisation effective de ses droits, ce systme doit tre mis en place par lEtat, car cest lui seul, en tant que souverain territorial quincombe le devoir dassurer la bonne application des droits de lhomme, mais comme il arrive frquemment que les Etats soient souponns de ne pas tenir leurs engagements en la matire, des mcanismes

  • subsidiaires ont t conues lchelle universelle et rgionale pour les amener respecter leurs obligations en matire des droits de lhomme.

    PARAGRAPHE 1 : LA PROTECTION DES DROITS DE LHOMME SUR LE PLAN INTERNE.

    Afin de satisfaire son obligation de protger les droits de lhomme, lEtat est tenu de mettre en place les garanties ncessaires cet effet. Mais la pratique a montre que cela pouvait ne pas suffire, car cest lEtat lui-mme qui est souvent responsable de la violation des droits de lhomme, do la aussi le recours des moyens complmentaires, afin de pousser assurer lapplication effective des droits de lhomme, ces moyens sont essentiellement reprsents par les Institutions Nationales des droits de lhomme (I.N.D.H).

    A) Les garanties tatiques dapplication des droits de lhomme :

    La jouissance effective des droits de lhomme require que lEtat veille ce que les conditions essentielles soient ralises, cest la primaut des instruments juridiques, interventions relatifs aux droits de lhomme sur le droitinterne, le bon fonctionnement de la jouissance, sagissant de la premire condition, celle de la supriorit des instruments juridiques, elle simpose