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DICTIONNAIRE ICONOLOGIQÇE, EMBLEMES, DEVISES, &c. Avec des Descriptions tirées des Poètes anciens ct modernes. PAR M. DE PREZEL. Nouvelle édition , revue ct confidérabhmtnt augmentée. TOME SECOND. A P A R I S, Chez HARDOUIN, Libraire, rue des Prêtres St. Germain-l'Auxerrois, vis-à-vis l'Église. M. DCC. LXXIX. Avec Approbation & Privilège du Roi.

DICTIONNAIRE - Furet

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DICTIONNAIREICONOLOGIQÇE,

EMBLEMES, DEVISES, &c.Avec des Descriptions tirées des Poètes anciens

ct modernes.

PAR M. DE PREZEL.Nouvelle édition

, revue ct confidérabhmtntaugmentée.

TOME SECOND.

A P A R I S,Chez HARDOUIN, Libraire, rue des Prêtres

St. Germain-l'Auxerrois,vis-à-vis l'Église.

M. DCC. LXXIX.Avec Approbation & Privilège du Roi.

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DICTIONNAIREICONOLOGIQÇE,

EMBLEMES, DEVISES, &c.Avec des Descriptions tirées des Poètes anciens

ct modernes.

PAR M. DE PREZEL.Nouvelle édition

, revue ct confidérabhmtntaugmentée.

TOME SECOND.

A P A R I S,Chez HARDOUIN, Libraire, rue des Prêtres

St. Germain-l'Auxerrois,vis-à-vis l'Église.

M. DCC. LXXIX.Avec Approbation & Privilège du Roi.

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DICTIONNAIREICONOLOGIQÇE,

EMBLEMES, DEVISES, &c.Avec des Descriptions tirées des Poètes anciens

ct modernes.

PAR M. DE PREZEL.Nouvelle édition

, revue ct confidérabhmtntaugmentée.

TOME SECOND.

A P A R I S,Chez HARDOUIN, Libraire, rue des Prêtres

St. Germain-l'Auxerrois,vis-à-vis l'Église.

M. DCC. LXXIX.Avec Approbation & Privilège du Roi.

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DICTIONNAIREICONOLOGIQUE,

ouINTRODUCTION

A LA CONNOISSANCED x s

PEINTURES, SCULPTURES, ESTAMPES,MÉDAILLES, DEVISES, &c.

J A.

JACTANCE. Louange de soi-même, faite parvlnité & sans fondement. Son but est des1 elever & non de rabaisser les autres ; c'estpourquoi on se contente de caractériser ce lan-gage de la vanité

, par une femme ornée deplumes de paon, tenant d'une main une troni-.pctte, 8c de l'autre un pipier où sont écritsC:es vers à sa louange ,

qu'elle s'efforce de pu-blier

Page 6: DICTIONNAIRE - Furet

Cet hieroglyphe peut convenir à certainsPoètes illustres de l'antiquité & de notre siecle,qui n'ont pas toujours été exempts de la vanitéde parler avantageusement d'eux-mêmes. Cedéfaut est aussi commun aux Orateurs

, auxEcrivains, aux Artistes, & aux Guerriers quiaiment volontiers à exagérer leurs prouesses.

La Ja&ance militaire peut être cara&ériieeplus particulièrement,par l'habit guerrier ornéde plumes de paon qu'elle porte. Sa trompettesemble répandre quelques rayons de lumiere,mais obscurcis par un peu de fumée. Cette der-niere pensée est de M. Cochin

,Dessinateur

& Graveur de l'Académie Royale de Pein-ture.

JALOUSIE. Vif sentiment de crainte, qui

accompagne la poursuite d'un bien qu'on nousdispute

?ou la jouissance de celui qu'on veut

nous enlever. Ce sentiment est un aveu forcé

que le Jaloux fait intérieurement du méritequi lui manque ; c'est ce que la figure allé-gorique de la Jalousie doit exprimer par soufront ride, les sourdis abattus & fronces»

La s01nbr'è Jalousie, au teint pâle & livide,

Sait d'un pas chancelant le soupçon qui la guide.Henriade, Chant ncuviemt.

Comme cette passion est fort semblable parsa nature & ses effets

,à l'envie dont elle est

seurs on lui donne les mêmes symboles. VoyetENVIE.

JALOUSIE EN AMOUR; c'eO: ordinairementla folie des vieillard^, qui. avouent leur

:|k

Page 7: DICTIONNAIRE - Furet

sance. On la caraâéiise par une vieille femme,dont la robe est parsemée d'yeux & d'oreilles.Son attitude annonce les soucis qui la tour-mentent ; elle prête l'oreille pour entendrece qui se dit d'un côté, tandis qu'elle regardeattentivement ce quise passe de l'autre. On luidonne pour attribut un coq ,

oiseau vigilant Bejaloux.

JANVIER. Les Romains regardoient Junoncomme la Divinité ttttélaire de Janvier , demois cependant étoit consacré à Janus. Ils lepersonnïfkjient par un Consul qui jette sur lefoyer d'un Autel des grains d'encens en l'hon-neur de Janus & des Lares. Lorsque l'on a misun coq près de l'Autel, c'est pour marquer quele sacrifice s'est fait le matin du premier jourde Janvier.

**Ce mois

,dit Ausone

3est conïk-

» cré à Janus : voyez comme l'encens brûle» sur les Autels pour honorer les Dieux Lares ;lu

c'est le commencement de l'année & des fié-» clés. En ce mois, les hommes que la pourpré*>

distingue, font écrits dans les fastes ». LesConsuls, comme l'on sait, entroient en Ma-gi11rature au commencement de Janvier.

Ce mois a encore été représentésous la figuréjaillis

, avec deux vilages, dont l'un,

quiâgé

,désigne l'année éboulée, & l'autre,

est jeune, l'année commençante.Les lcoh"ologifles ont revêtu le mois d'e Jan-

vier d'une robe blanche, pour désigner la neigedont, pendant sa durée

,la terre est presque tou-

Jours couverte. Le brasier allumé qui est à côtédl' lui, 8c la fourrure dont il cherche à s'en-

Page 8: DICTIONNAIRE - Furet

velopper, annoncent que pendant ce mois lefroid se fait sentir avec le plus de rigueur.

Le signe du Verseau sur lequel il s'appuie,pu qui est à côté de lui, est entouré de gla-çons. Voyer Mois.

JANUS. Nom propre d'un Roi d'Italie,dont les Anciens firent un Dieu. Suivant la

Fable,

il étoit fils d'Apollon 8c d'une Nym-phela appellée Creiise. Lorsque Saturne fuyoita colere de Jupiter son fils

,Janus le re^ut

dans ses Etats ; il partagea même avec lui le

gouvernement de ion Royaume ; le tems de

ce regne fut si heureux,

qu'on le nomma l'âgedor

,si célébré par les Poètes.

Janus étoit un Prince sage & prudent,

quiavoit une connoissance exacte du passé

,& sa-

voit prévoir l'avenir. C'est pour marquer cestalens qu'on l'a représenté avec une tête à deuxvisages. Il tient une clef d'une main

,& un

bâton derautre, parce qu'il présidoit aux portes& aux chemins.

Numa lui bâtit un Temple à Rome, dontles portes étoient fermées pendant la paix

,&

ouvertes pendant la guerre : d'où efi: venuecette ipfcriptiol1 qui le voit au revers deplu-sieurs Médailles de Néron, avec le Templede Janus : Pace terra marique parta Janumclufit.

Quelques-uns ont cru que Janus étoit leSoleil, & au lieu de deux visages, ils lui enont donné quatre , pour désigner les quatrefaisons de l'année , ou les quatre parties dumonde.

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JEUNESSE. Les Grecs adoroient la Jeu-nesTe sous le nom d'Hébé, 8c les Romains ,fous celui de Juventas. Voyel HÉBÉ.

Cette Divinité reçut long-tems un culte dansle Capitole. Elle étoit honorée particulierementpar les jeunes" gens qui avoient pris la robe ap-pellée Prétexte Ils lui offroient des sacrificesd'encens, la premiere fois qu'ils se faisoientraser.

Sur une Médaille de Marc-Aurele, la Jeu-nesse est représentée debout

, tenant de la maingauche une patere, & de la droite des grainsd'encens qu'elle répand sur un Autel eç forme

;de trépied.

Sur une autre Médaille de Caracalla, quiporte pour inscription Juventas, la Déesse ouplutôt l'Empereur lui-même en habit militaire ,s'appuie de la main gauche sur une haste 6csur un bouclier posé à terre, & de la droiteporte un globe surmonté d une petite Viétoire.On voit à ses pieds un captif tout nu. A-t-onvoulu désigner par cet emblème, la.Jeunessede l'Empire

, comme si cet Empire venoitd'acquérir de' nouvelles forces, & une nouvellesplendeur par les vertus militaires du jeuneAuguste ? Voyez. AGES. 1

.JEUX. Les Jeux des Anciens, qui étoilentdes spe&acles

,des représentations publiques

,sont désignés sur les Médailles, par des boë- '

tes mises sur une table,

& par des urnes d'où|ùl s'éleve des palmes quelquefois on* a joint

auæ palmes des couronnes avec le sympule.*

vVoyez SYMPULE.

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Sur plusieurs pierres gravées antiques,

lesprincipaux Jeux de l'antiquité sont représentéspar des Amours. Cinq couples luttent ensem-ble

, pour marquer les cinq exercices gymnai-tiques des Jeux publics de la Grece. Un autreAmour fait rouler le Trochiis ; c'étoit un cer-cle de bronze, orné d'anneaux autour ,

& mêmede grelots

, que les enfans s'amusoient à fairerouler ; un autre Atnour court avec la palme& la couronne ; un autre se frotte 1e corpsd'huile auprès d'un grand vase ; deux autresenfin font la. fonB:iol1 d'Agonothetes, ou deMaîtres & de Directeurs d'es Jeux. ^

En Peinture 8c en Sculpture,

les Jeux sontdésignés, ainu que les ris & les plaiiîrs, pardes enfans qui ont des ailes de papillon. 011'leur donne différens attributs, lelon les dif-férens Jeux que l'on veut représenter.

*La. Muse qui préside aux Jeux de la Foire,

a été cara£T:érifée dans un Ballet Pantomime,par une Nymphe coëffée d'une manière bur-

tesque*y

elle étoit habillée depuis la ceinturejusqu'en bas en Danseuse de corde

,du relie

à la Romaine, avec une queue traînante &

un mouchoir à la main, ce qui faisoit allu-fion aux Parodies

, genre de pieces qui ne con-vient qu'à des Spectacles de Foire.

JOIE. Sur les Médailles, la Joie ( Hylaritas )est couronnée de guirlandes de fleurs, & tientdans ses mains une branche d'olivier, heureuxsymbole qui fait naître la Joie dans nos cœurs.Souvent elle paroît présenter plusieurs cou-ronnes de fleurs. C'étoit la coutume chez les

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Anciens de se couronner de fleurs pendant lefjours de Fêtes.

Sur une Médaille de Faustine,

la Joie estreprésentée tenant de la main droite une corned'abondance remplie de fleurs 8c de fruits, 8(de la gauche une haste ornée de guirlandes defleurs.

Sur une autre Médaille Romaine, la Joie1lœtitia

, porte d'une main une couronne , onplutôt un diadème

,& de la gauche un ancre f

pour faire entendre que cette Joie est ferme& durable. L'ancre , comme on l'a dit, est unsymbole de fermeté & de fiabilité. Voye{ANCRE.

On a exprimé la même pensée sur une Mé-daille de Crispine, en donnant à la figure sym-bolique

,qui représente la Joie

, un gouver-nail pour attribut : l'inscription porte lœtitiafUTldata.

La Joie publique , lœtitia temporum, estexprimée par les Jeux publics, les courses deschevaux

,les combats des animaux

,& tous

les spectacles que l'on donnoit au peuple ensigue de Joie. Voyel ALLÉGRESSE.

JOURDAIN. Fleuve célebre de la Judée.M. d'André Bardon

,l'a symbolisé par un vieil-

lard à barbe limoneuse,

appuyé sur un lionà moitié tapi dans des roseaux. L'antiquité n'apoint assigné des attributs au Jourdain, commeelle en a donnés au Nil, au Tibre, & à plu-sieurs autres fleuves. M. d'André a cru en con-lcquencepouvoir le désigner parun lion, d'aprèsle témoignage des voyageurs

3qui rapportent

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que les lions se retirent pendant l'été dans lesarbres & les joncs qui croissènt le long duJourdain. On Rourroit" suivant le même L,ci-i- i-vain, ajouter a cet attribut la fgure du veaud'or. Cette statue ,

bien connue dans l'histoiredu peuple Hébreux, seroit ici d'autant mieux

lacée, que la réunion du petit Jourdain avec

e grand,

se fait au-dessous du Temple du

veau d'or, ou du bœuf d'or.

JOUR. Apollon sur son char, qui parcourtle Zodiaque

,représente le Jour.

*Il est plus diss"cile de bien caractériser les

quatre parties du Jour ; on voit cependantplusieurs tableaux qui les représentent ; mais

ces tableaux sont plutôt des images poétiquesdu matin & des autres parties d e la journée, quedes symboles.

On peut cependantcaraâériserleMatin, parune Nymphe qui a une étoile sur la tête, &tient une corbeille de fleurs qu'elle répand surla terre ; ou par un Cupidon

,qui porte un

flambeau allumé,

image de l'étoile du matinfort brillante au point du jour. Voyel AURORE.

Le Midi a été symbolise, par une Vénus quiembrasse l'Amour ; mais ce symbole elt équi-voque il sera mieux exprimé par un Apollondans son char

,tiré par des chevaux fougueux,

qui chassent les nuages devant eux , pour ysubstituer une lumiere éblouisiante. Des om-bres courtes annonceront encore le tems dumidi

, tems auquel le Soleil darde ses rayonspresque perpendiculairement.

On représentera le Soir, par une Diane sur*

1 J

Page 13: DICTIONNAIRE - Furet

son char & qui va chassèr dans les forêts,

parce que le Soir ell le teins le plus favorableaux chaleurs.

La figure symbolique de la Nuit aura ungrand manteau noir étoile, 8c des pavots. Voyel'ftUlT.

Les Jours de la semaine sont désignés par le$planetes dont ils portent le nom.

JUDEE. Sur les anciennes Médailles,

la Ju..dée est représentée en robe, & appuyée contreun palmier. On a donné cet attribut à la Ju-dée

, comme faisant partie de la Phénicie, àqui proprement appartient le palmier, & dontelle a pris son nom.

Sur une Médaille de Vespasien,

la Judéesubjuguée

,Judœa devicla

,est caraâ'ériséè

par une femme voilée,

& qui est auprès d'unpalnrier. Elle a les bras pendans

,image de sa

fbiblefïç.JUGEMENT. Faculté adive de l'esprit

,qui compare les idées & en tire des consélt,

quences. Le Jugement se forme par la ré-flexion j c'est pourquoi il est caractérisé par unhomme d'un âge mûr, qui a auprès de lui unerègle, un compas , un niveau & des livres. Labonté du Jugement, en effet, dépend des con-noiflances, de l'expérience & du soin que l'onprend de mesurer

,de comparer.

JUILLET. Jupiter étoit la Divinité tutélairede ce mois. Ausone l'a caraé1:éri[é par unhomme tout nu ,

qui montre ses membres ha-lés par le Soleil : il a les cheveux roux ,

liés detiges Se d'épis

,& porte dans un panier,des

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mûres, fruit qui vient sous le' sîgne du Cancer.La draperie dont il est couvert est jaune

,&

cette couleur désigne celle des bleds qui mù-rissent alors. Le Lion est le signe qu'on luidonne. Voye£ Mois. 11

JUIN. Les Romains l'avoient mis sous laprotection de Mercure. Juin va tout nu ,

il

nous montre du doigt une horloge solaire, pournous faire entendre que le Soleil commenceen ce mois à descendre. Il porte une torcheardente

,symbole des chaleurs de la saison.

Derriere lui est une faucille, parce que l'on

commence en ce mois à se disposer aux mois-sons. C'est l'image symbolique qu'Ausone nousa donnée de ce mois. Les Iconologistes l'ont ha-bille d'une draperie d'un verd jauni/Tant, &ils lui ont donné une couronne formée d'épisencore verds. Le signe de l'Ecrevisse

,qu'il

tient dans ses mains, ou sur lequel il s'appuie,est son attribut le plus caraé1érisiique. Voyet

Mois.JUNON. Nom propre d'une Divinité des

anciens Payens, Reine des Dieux,

femme deJupiter

,& fille de Saturne & de Rhée. 'fo.

Elle étoit Déessè des Royaumes & des Em-pires

,sou') le nom de Junon ; des richesses &

desmariages, sous celui de Lucine. VoyetLv.CINE.

^

On représente Junon telle qu'une Reine, lediadème sur la tète

,le sceptre en main

,&

assise sur un trône supporté par des nuages ]mais c'est principalement à un air de gran-deur & de majesté

,à une noble fierté, rap-'

Page 15: DICTIONNAIRE - Furet

panage du haut rang, que l'on doit reconnoîtrel'épouse du maître du tonnerre. Ses grandsyeux, bien fendus & voûtés

,donnent à ses

regards toute la majesté de ceux d'une Reinequi veut inspirer également l'amour & le res-pect. La ville Ludoviri nous offre de cetteDéesse une très-belle tête de grandeur colos-

^tle.Le Paon lui étoit particulièrement consacré.

Cet oiseau elt toujours placé à ses côtés :sou-

vent même elle est dépeinte traversant les airs,portée sur un char traîné par des paons quis'élancent dans le vague de l'air. Iris

,sa Melïa-

gtTe fidele,

l'accompagne ordinairement.Les Poëtes ont aussi donné à Junon un char

attelé de deux chevaux, pour combattre sur

terre. Voxe{ JUNON MARTIALE.Les Anciens adoroient Junon comme la Di~>

vimté qui présidoit à la propreté & aux orne-mens. Pltifieurs de ses statues la représententayant les cheveux frisés & arrangés avec soin.la peinture que fait Homere de la toilette de Ju-non ,

lorsque cette Déesse, fiere & impérieuse ,s'arme de tous ses attraits pour réduire Jupiter-;ldl le tableau le plus agréable en ce genre.

Sur son front rafraîchi par un bain d'ambrofleElle verse des flots d'une cffence choisie ;Ec la douce vapeur du parfum précieux 3

Embaume au loin la terre & le Palais des Dieux.cheveux ondoyans qu'avec art elle tresse,

Vielle teint d'ambrolie, & que l'Amour caresse ,&épandcnrautour d'elle une divine odeur,

Page 16: DICTIONNAIRE - Furet

Qui des tendres desirs renouvelle l'ardeur.Le feu des diamans sur sa tête étincelle ;Sa ceinture lui donne une grace nouvelle :Une agraffe superbe attache sur son sein

Le voile que Minerve a tissu de sa main.Elle met sur son sront un puissant Diadème ,Attribut de son rang & du pouvoir supreme

»

L'éclat qu'elle en xeçoit ajoute à sa beauté ,LcL Soleil qui se feve a moins de majesté ;

Er- les liens galans qui forment sa chaussure ,De l'auguste Déesse achevent la parure.

M. L. F.

JUNON CONSERVATRICE. Cette Junon a.

jour symbole la biche aux cornes d'or,

qu'ellesauva de la poursuite de Diane dans les plainesdé Thessalie.

~JUNON MARTIALE. Les Poètes anciens re-

gardoient Junon,

ainsi que PaUas, comme uneDivinité guerriere. C'est pour cette raifftn

,sans doute, que sur les anciens monumens

elle est quelquefois représentée .ayant uneRique en main.

Suivant Plutarque, on a donné une piquè àJunon, parce que les Dames Romaines révé-roient cette Déesse comme leur patrone, sousle nom de Curis ou Curites

, qui, en langueSabine

,signifie pique.

On voit une Junon Martiale sur l'autelétrusque' de la .ville Borghese

,qui tient des

deux mains une grande tenaille. Les Grecs luidonnoient quelquefois le même attribut, qui

Page 17: DICTIONNAIRE - Furet

pouvait désigner un certain ordre de bataillenommé tenaille (forceps ). Souvent une armées'ouvroit en combattant

, pour faire entrerl'ennemi & le serrer ensuite des deux côtés ;c'est ce qu'on appelloit combatre en tenaille( forcipe & ferra praliari ). L'armée pouvoitfaire une pareille ouverture ,

soit de front ,soit en arriere,

selon que l'ennemi îe présen-toit à elle.*• JUPITER. Nom propre d'un Dieu de l'An-tiquité Payenne , que les Anciens regardoientcomme le Roi des autres Dieux ; il étoit fils deSaturne & de Rhée. Les Payens n'ont point euhonte de lui donner une infinité de concubi-nes ,

dont il abusa en employant différentesformes. Il se changea en Satyre, pour sur-prendre Antiope ; en nuée, pour jouir dlo ;en pluie d'or, pour vaincre Danaé

,enfermée

dans une tour ; en taureau , pour enlever Eu-rope. Il prit la figure d'un Cigne

, pour trom-per Leda ; celle d'Amphitrion

, pour avoir lesfaveurs d'Alcmene : il se métamorphosa enAigle, pour enlever Ganiméde, qui lui versale Nectar à la place d'Hébé, &c.

C'est sous ces différentes métamorphosesqu'on le voit représenté.

Les Payens, qui le regardoient comme lemaître absolu de toutes choses

,le peignoient

le plus souvent un foudre à la main.Sur les anciens Monumens

,c'est un vieillard

dont la figure est majestueuse , 8c qui est assissur un trône ; de la main droite il tient la fou-dre

,& de l'autre une Victoire ; il a la partie

Page 18: DICTIONNAIRE - Furet

supérieure du corps nue , & la partie infeneuriicouverte. A ses pieds on voit un Aigle avec liailes éployées. On a donné l'aigle au Maître,des Dieux pour attribut, parce que cet oiseai(

a toujours été regardé comme supérieur à toujjles autres oiseaux ; & l'on sait que chaque DM

vinité devoit avoir son oiseau favori." Lorsque l'on a représenté la Justice à côtlde Jupiter, & que l'on y a joint les Graces Sf|

les Heures, on a voulu nous faire entendeque la Divinité rend justice à tout le monde

,& qu'elle la rend en tout tems ,& gracieu-

sement.La statue de Jupiter Olympien

, ouvrage ducélebre Phidias

,Sculpteur d'Athenes

,étoit

d'or & d'ivoire. Ce Dieu paroissoit assis sur tiqtrône

,le tête couronnée de feuilles d'olivier

,tenant de la main droite une Victoire

,& de la

gauche un sceptre, sur le bout duquel reposoitun Aigle. Aux quatre coins du trône

,l'Artiste

avoit placé quatre Victoires, qui sembloient sedonner la main pour danser, & deux autresaux pieds de Jupiter. On voyoit aussi à l'endroitle plus élevé du trône

,d'un côté les Graces J

Se de l'autre les Heures,

les unes & les autrecomme filles du Dieu. Tout étoit achevé danice grouppe • mais ce fut principalement par ieJ

sublime répandu dans l'air de tête de Jupiter à

que le Sculpteur s'attira l'admiration de l'antiquité. Cette image d'Homère : « Jupiter fit uflj

» figne de ses noirs sourcils.;3

ses sacrés chcH*> veux furent agités sur sa tête immortelle>}

& il ébranla l'Olympe»> J

fournit à Phidias £

Page 19: DICTIONNAIRE - Furet

au rapport des Anciens,

le beau caractère desou Jupiter. L'enthousiasme du Poëte se com-muniqua à l'Artiste ; il transporta sur la figurequ'il travailloit, tous les grands traits de soumodele. Ceci est encore un avertissement pourles Artistes

,de ne point négliger la lecture des

Poètes. C'est un moyen de faire naître en euxce sentiment vif& soudain qui produit le grand& le sublime.

Le chêne étoit consacré à Jupiter, parcequ'à l'exemple de Saturne, il apprit aux hom--pies à se nourrir de glands.

" JUPITER FULMINATEUR. Surnom donnépar les Anciens à Jupiter armé de la foudre.On voit un Jupiter Fulminateur sur une pierregravée antique du Cabinet de Florence. L'Ar-tiste a représenté ce Dieu dans l'attitude dumouvement. Il est nu, debout & a la main droitelevée 8c armée de la foudre. A ses pieds est lastatue de Cybele ou de la terre , parce qu'ilétoit regardé comme le souverain dominateurde la terre.

JUPITER PLUVIEUX. Les Romains invo-auoient Jupiter fous ce nom dans les grandessécheresses. L'armée de Trajan, consumée parla sois, ayant obtenu par ses prieres une pluieabondante, les Romains

, pour conserver cetévénement, firent représenter dans la suite,sur la Colonne Trajane

,la figure de Jupiter

Pluvieux, où pour cara&ériser le fait, les sol-dats paroissent recevoir de l'eau dans le creu*de leurs boucliers. Ce Dieu s'y voit sous la sigured'un vieillard à longue barbe, qui a des ailes j

Page 20: DICTIONNAIRE - Furet

il tient les deux bras étendus, oc la main droiteun peu élevée ; l'eau sort à grands flots de sesbras & de sa barbe. *-

Dans les bas-reliefs de la Colonne Antonine,

;le Sculpteur ayant à exprimer une pluie que laLégion Chrétienne avoit obtenue par ses prie-

; Tes, se sert du même langage pour rendre sa,pensée : il introduit parmi les soldatsun JupiterPluvieux, la barb.e & les cheveux inondés del'eau qui en coule avec abondance. *-

JUPITER STATOR. Le surnom de Stator,qui vient de flare

,demeurer, ou de sistere

,arrêter, fut donné à Jupiter, parce qu'il avoitarrêté la fuite des Romains

,poursuivis par les

Sabins,

qui s'étoient déjà emparés du Capi-tole. Romulus lui fit bâtir au bas du Mont Pa-latin un Temple sous ce titre de Jupiter Sta-tor. La statue de ce Dieu le représentoit de-bout

, tenant une pique de la main droite, &.la foudre de la gauche. 1*

JURISDICI ION. Autorité nécessaire pourjuger. On donne aussi ce nom au Tribunal re-vêtu de cette autorité

, que les Iconologillesont symbolisé par une femme d'un maintien*,grave ,

vêtue d'une robe de couleur pourpre,& assise dans un tribunal. Elle s'appuie sur lefaisceau consulaire

,8c tient un sceptre. On

lui voit au col une chaîne d'or,

à laquelle eitattaché un cachet ou un sceau de Justice. -P

m**JUSTICE. Cette vertu, qui consiste à rendre

à chacun ce qui lui est dû,

étoit adorée parles Anciens sous le nom de Thémis. Voycz.THÉMIS.

• Les

Page 21: DICTIONNAIRE - Furet

Les attributs ordinaires d'e la Justice sont labalance & l'épée

, ou un faisceau de hachesJentouré de verges ,

symbole de l'autorité chezles Romains. Voyez. FAISCEAUX.

Une main au bout d'un sceptre est encoreun attribut de la Justice, parce que c'est avecla main qu'on prête serment. Quelquefois onmet un bandeau sur les yeux de la Justice, pourfaire entendre que les Juges ne doivent con-noître ni favoriser personne.

Sur les Médailles d'Adrien &: d'Antonin,cette De"eslè est représentée assise

, ayant desmesures à ses côtés, tenant un sceptre d'unemain

,& de l'autre une paterre , pour dési-

gner que la Justice est d'institution divine.C'cH: aussi pour marquer son origine céleste,

que le Brun l'a représentée ayant une étoilesur la tête.

La Justice a été peinte par Raphaël dans laChambre de la Signature au Vatican

,sous le

symbole d'une femme vénérable, assise sur desnues. Sa tête est ornée d'une riche couronnede: perles

:elLe regarde en bas, & semble aver-

tir les mortels d'obéir aux Loix. D'une mainelle tient la balance pour peser les actions deshommes

,& de l'autre l'épée pour le châti-

ment des coupables. Elle est vêtue d'un man-teau verd & d'une robe violette. A ses côtésiont quatre petits enfans ; deux tiennent descartons : on lit dessus

,Jus suum cuique tri-

l'uens ; elle rend à chacun ce qui lui est dû.M. Amédée Vanloo nous a ,

dans un Tableau^'fforique

.donné cet autre emblème de la

Page 22: DICTIONNAIRE - Furet

Justice. Divine main elle tient une balance ; del'autre, une épée nue. Elle est appuyée sur unlion, pour nous faire entendre qu'il faut qu'ellesoit secondée de la force. Un masque qui estsur la tête du lion, annonce que la Justice lait<îémafquer le vice & le punir. Des faiseeauxfont placés sous le lion

, pour exprimer,Tac-croisement de puissance qui résulte de l'ac-cord de la force & de la Justice. On voit réunià ce symbole une corne d'abondance

, pour in-diquer que tout prospere dans un Etat olt regnela Justice.

Dans le Péristyle de l'Eglise S. Sulpice àParis

,la figure symbolique de la Justice, rc-

présentée en bas-relief, tient la balance,s'appuie sur le Livre des Loix. Son glaive cfc

soutenu par un Ange.

I.ICONOLOGIE. Science qui nous donne Ilconnoissance des attributs, symboles

, ou hic-roglyphes nécessaires pour caractériser les

vertus ,les vices, les pallions

,& personni'icr

différens êtres intellectuels. Voyez. le Difcourspréliminaire.

Un Artiste qui a une connoissance éclairs ede l'Iconologie

,& sait employer l'allégorie

comme un voile transparent qui couvre k-sidées sans les cacher

, pourra s'écarter avecsuccès des sentiers battus de l'Histoire ou de laFable. Ses paysages même , traités dans le

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style allégorique ou poétique, offriront à l'ef-prit du Spectateur quelque chose de plus quece qui fràppe d'abord leurs yeux. Voy'e{ AL-LÉGORIE.

Comme les Egyptiens sont les premiers quiaient fait usage de l'écriture siguree

, ou ,si

l'on veut, de l'écriture pantomime & hiérogly-phique

, on peut donner à la figure symboliquede l'Içonoiogie un vêtement Egyptien. Elletient une plume ou un crayon , avec lequelelle trace différentes sigures allégoriques

,d'a-

près dès monumens antiques. On voit autourd'elle les attributs des Sciences, des Arts

,des

Vertus,

sec. & éliè paroît examinér des me-dailles

,pierres gravées

,sculptures antiques

& les compositions allégoriques des grandsMaîtres

,qui sont des autorités nécessaires pour

les descriptions que l'Iconologie nous donne.IDOLATRIE. Culte rendu aux Idoles. L'I-

dolâtrie ëst représentéè aveugle, un encènsoîr

à la main,

éc prolternée devant une statué d'orou d'argent.

Les Peintres ont quelquefois désigné l'Idolâ-trie par les Israélites dansant autour du veaud'or. Cette dernière allégorie peut être rangéeau nombre des èrhblè111es histôriquës. Voyc£EMBLÈME.

M. d'André Bardon, dans son Histoire uni-t,ersellé relative aux Arts

,propose à la Sculp-

ture cette composition allégorique,

dont lè lu-jet est l'origine dë l'Idolâtrie. « Ce përforinâge*»

allégorique, nous dit-il

,désigné par une

1, femrhé'. dui tieiif rîUilîeur's Simulacres eû

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» main, est représenté à demi-nu, s'appuyant

j) sur le bras de la Superstition, & sortant d'un

« antre environné de brouillards. La Superlti-

J>tion est figurée par une jeune fille

, ayant un« bandeau sur les yeux. Elle tient le flambeau

» de la raison renversé & éteint sous ses

» pieds : la fumée qui s'en éleve,

forme une» source de nouveauxbrouillards. Cegrouppe» traité en demi-bosse

,est sur le second pLtn

» du bas-relief. Sur le premier parort le genre" humain

,caraétérisé par une figure symbo-

» lique; elle réunit trois têtes,

de femme,

de

9%jeune homme

,de vieillard, coëffées de di-

» verses chevelures, mais ceintes d'un même

» bandeau. Son habit est composé d'une tuni-» que courte ,

& d'un manteau traînant. Le

» genre humain s'incline devant l'Idolâtrie, &

J»agite deux encensoirs fumans. La partie Ii

st plus saillante de la figure est tout-a-fait de

a ronde-bosse,

& se détache nettement sur les

» brouillards,

légerement tracés dans le fond ;les autres figures

,de demi-bosse

, y sont

» amenées par la médiation des divers reliefs

» des autels,

trépieds,statues de toute espece,

» que l'Idolâtrie désigne au genre humain,

&

l' que l'art a distribués sur différens sîtes, avecJ) l'intelligence qui convient à l'harmonie de

» l'ouvrage ».IGNORANCE. Privation d'idées oudecon-

jioiflànces. La figure symbolique de l'Ignorancedoit donc être représentée aveugle ou ayantles yeux couverts d'un bandeau. Elle a desoreilles d'âne , & marche à tâton dans un seu-

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1er semé de ronces 8c d'épines. On pourroitni donner pour attribut le quadrupede de l'A-nérique & du Ceylan, que les Naturalistes ap-pellent le parejscux ; car la paresse est une des->rincipales causes de l'Ignorance.

Si on ne donne point à l'Ignorance des)reilles d'âne

, on représente du moins cet ani-nal couché à ses côtés. Il étoit chez les Egyp-

tiens le symbole de l'Ignorance.Un ancien bas-relief en marbre nous fait

7oir la Fortune qui enrichit l'Ignorance. Ces19ures allégoriques sont représentées par deux?nfans ; l'un monté sur un âne, qui foule auxlieds les attributs des Sciences 8c des Arts ,léfigne l'Ignorance. La Fortune est carade"riséepar un enfant ailé

,dont les yeux sont cou-

/erts d'un bandeau. Il tient deux bourses ; il:enverse l'une

,8c présente l'autre à l'Igno-

rance.IMAGINATION. Quoique l'Imagination

prenne toutes sortes de formes,

elle est plusordinairement caractérisée par une jeune Nym-phe ornée de guirlandes de fleurs ; son sceptre;st de crystal ; sa couronne de plumes de. dissé-

»rentes couleurs. * ^

*' On a aussi désigné l'Imagination par uneNymphe qui a des ailerons à la tête, & une

flamme qui s'éleve au-dessus d'elle.« L'Imagination prend le panache; ses che-

» veux dorés, 8c garnis de fleurs, flottent dans,les airs ; sa robe

,parsemée de mille cou-

» leurs,

étincelle de brillans. Errante à pasV perdus

,8c toujours égarée dans son vol in-