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26/08/01 1 UniversitĂ© Paris 8 APPROCHE formation de la PEDAGOGIE des adultes et de l’ ACTE de formation. AgnĂšs PrĂ©vost 1 Module DUFA de l’ axe 1 : la pĂ©dagogie des adultes. La FORMATION Pourquoi, pour qui, par qui et comment ? Former n’est pas un acte innocent, ce n’est pas un acte “scolaire” ; c’est amener Ă  rĂ©flĂ©chir sur les origines et les buts de la formation, donc sur “l’Entreprise” elle-mĂȘme, sur le travail, les conditions de travail. le management, etc. Lorsqu’on se livre aux Ă©tudes prĂ©alables et de critique constructive que prĂ©conise le B. A - BA, on se rend souvent compte que dans tel ou tel cas, ce n’est pas de la formation qu’il faut donner au personnel, c’est de la communication, c’est des motivations... ou bien alors on se rend compte que ce n’est pas dans tel service de production, de prestation... , que la formation est nĂ©cessaire, mais en amont, lĂ  oĂč l’on conçoit le “produit”. Etre pĂ©dagogue ? Etre pĂ©dagogue est une maniĂšre d’ĂȘtre, et les trucs et recettes ont peu de poids par rapport Ă  l’expĂ©rience... qui par nature est intransmissible. J’aurai l’occasion de redire plus loin que la communication est un sport. En tant que telle, la pĂ©dagogie s’apprend moins dans les livres qu’à l’entraĂźnement... Cependant, la maniĂšre d’ĂȘtre peut utilement donner lieu Ă  rĂ©flexion. Ainsi, il est possible de faire rĂ©flĂ©chir le lecteur sur son comportement. 2 Sommaire. Les savoirs et le monde adulte. L‘adulte, les savoirs et les compĂ©tences. La formation et les compĂ©tences. La formation : ses rapports aux savoirs. Le formateur : ses rĂŽles. Le formateur : son rapport aux savoirs. L’acte de formation. Les savoir-faire du formateur. Les conditions d’apprentissage. Les mĂ©thodes pĂ©dagogiques. Les supports de mĂ©tier. L’acteur apprenant : le systĂšme cognitif, les reprĂ©sentations et l’apprentissage de concepts 1 Concepteur-consultante en formation au Centre de Formation de l’Administration du MinistĂšre de l’Education Nationale (C.D.F.A.) : dĂ©partement de l’IngĂ©niĂ©rie et du dĂ©veloppement de la formation. AgnĂšs PrĂ©vost est dĂ©cĂ©dĂ©e subitement Ă  l’ñge de 45 ans en fĂ©vrier 1997. Pendant plusieurs annĂ©es elle a communiquĂ© aux stagiaires du DiplĂŽme Universitaire de Formateurs d’Adultes (DUFA) de l’universitĂ© Paris 8, une rĂ©flexion pĂ©dagogique directement engendrĂ©e par son activitĂ© de formatrice. Nous lui rendons ici hommage en publiant un texte qu’elle donnait aux Ă©tudiants. 2 A. G. Vilquin.

APPROCHE formation de la PEDAGOGIE des adultes et de l

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26/08/01 1

Université Paris 8

APPROCHE formationde la PEDAGOGIE des adultes et de l’ ACTE de formation.

AgnÚs Prévost 1

Module DUFA de l’ axe 1 : la pĂ©dagogie des adultes.

La FORMATION Pourquoi, pour qui, par qui et comment ?

Former n’est pas un acte innocent, ce n’est pas un acte “scolaire” ; c’est amener Ă rĂ©flĂ©chir sur les origines et les buts de la formation, donc sur “l’Entreprise” elle-mĂȘme,sur le travail, les conditions de travail. le management, etc. Lorsqu’on se livre aux Ă©tudesprĂ©alables et de critique constructive que prĂ©conise le B. A - BA, on se rend souventcompte que dans tel ou tel cas, ce n’est pas de la formation qu’il faut donner au personnel,c’est de la communication, c’est des motivations... ou bien alors on se rend compte que cen’est pas dans tel service de production, de prestation... , que la formation est nĂ©cessaire,mais en amont, lĂ  oĂč l’on conçoit le “produit”.

Etre pédagogue ?

Etre pĂ©dagogue est une maniĂšre d’ĂȘtre, et les trucs et recettes ont peu de poids parrapport Ă  l’expĂ©rience... qui par nature est intransmissible. J’aurai l’occasion de redireplus loin que la communication est un sport. En tant que telle, la pĂ©dagogie s’apprendmoins dans les livres qu’à l’entraĂźnement... Cependant, la maniĂšre d’ĂȘtre peut utilementdonner lieu Ă  rĂ©flexion. Ainsi, il est possible de faire rĂ©flĂ©chir le lecteur sur soncomportement. 2

Sommaire.

Les savoirs et le monde adulte.L‘adulte, les savoirs et les compĂ©tences.La formation et les compĂ©tences.La formation : ses rapports aux savoirs.Le formateur : ses rĂŽles.

Le formateur : son rapport aux savoirs.

L’acte de formation.Les savoir-faire du formateur.Les conditions d’apprentissage.Les mĂ©thodes pĂ©dagogiques. Les supports de mĂ©tier.L’acteur apprenant : le systĂšme cognitif, les reprĂ©sentations et l’apprentissage de concepts

1 Concepteur-consultante en formation au Centre de Formation de l’Administration du Ministùre de

l’Education Nationale (C.D.F.A.) : dĂ©partement de l’IngĂ©niĂ©rie et du dĂ©veloppement de la formation. AgnĂšsPrĂ©vost est dĂ©cĂ©dĂ©e subitement Ă  l’ñge de 45 ans en fĂ©vrier 1997. Pendant plusieurs annĂ©es elle a communiquĂ© auxstagiaires du DiplĂŽme Universitaire de Formateurs d’Adultes (DUFA) de l’universitĂ© Paris 8, une rĂ©flexionpĂ©dagogique directement engendrĂ©e par son activitĂ© de formatrice. Nous lui rendons ici hommage en publiant untexte qu’elle donnait aux Ă©tudiants.

2 A. G. Vilquin.

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Les acteurs du “systùme formation” : Comment se situer ?

Les savoirs et le monde adulteLe Savoir est “colorĂ©â€ par l’environnement, les institutions et les pratiques (1)

L’adulte, les savoirs et les compĂ©tencesCe chapitre concerne aussi le champ de la formation et ses mĂ©tiers

Quelques caratĂ©ristiques des savoirs sont Ă  dĂ©gager pour comprendre toute situationformative qu’elle soit informelle, formelle ou institutionnalisĂ©e.Une situation formative peut ĂȘtre une rencontre, un vĂ©cu, une pratique, un acte programmĂ©.

La construction des savoirs participe Ă  la constitution de la personnalitĂ© 3, au processusidentitaire, Ă  l’intĂ©gration socioculturelle et professionnelle 4 de l’individu.La structuration des savoirs est permanente et mouvante : plus ou moins active, passive,fortuite, rĂ©active. Elle se fait au fur et Ă  mesure de son existence entre l’hĂ©ritage,l’accumulation, la rĂ©colte, l’opportunitĂ©, la quĂȘte, la rĂ©volte, les ruptures, la crise 5, l’usure,l’oubli, tel un “assemblage singulier” 6 .

L’ensemble des individus ont un Savoir Ă©clatĂ©, morcellĂ©, parcelĂ©, spĂ©cialisĂ©, sĂ©lectionnĂ© ethiĂ©rarchisĂ©...7. Ceci est plus particuliĂšrement observable dans les situationsprofessionnelles puisque le savoir est tributaire :

- des moyens et des conditions d’exercice de ces savoirs puisqu’il s’agit de leursapplications pour qu’il y ait des rĂ©sultats ;- de l’organisation mĂȘme du travail, c’est Ă  dire de la coordination et de la rĂ©gulationdes dimensions fonctionnelle et collective du travail en cours et de la lĂ©gislation s’yrapportant (conformitĂ© rĂ©glementaire liĂ©e Ă  la gestion du travail, au personnel et Ă  lasĂ©curitĂ©).

Nous pouvons entrevoir que si toute organisation est orientĂ©e par les rĂ©sultats, cesrĂ©sultats sont aussi tributaires et â€œĂ©valuĂ©s” en fonction d’un marchĂ© qui dĂ©passe lecadre-mĂȘme oĂč ils ont Ă©tĂ© produits.

Ces savoirs conditionnĂ©s par la culture, les actes, les usages internes du travail, lesconditions matĂ©rielles et techniques, participent Ă  la production ou au service Ă  rendre. Lesavoir sous-tend les pratiques professionnelles : les savoir-faire, les savoirs procĂ©duraux, lessavoirs en usage et les savoir-ĂȘtre.Par contre, pour des raisons d’organisation, de gestion, de production (et de productivitĂ©),de sĂ©curitĂ©... la plupart des savoirs professionnels sont Ă©noncĂ©s, codifiĂ©s et rĂ©glementĂ©s. Ilsfont l’objet d’études 8 de nĂ©gociations 9 .

3 Se reporter Ă  l’ouvrage d’Alex Mucchielli, “L’identitĂ©â€, PUF, coll Que sais-je ? n° 2288.4 DUBAR Claude, La socialisation : construction des identitĂ©s sociales et professionnelles, Paris,

A.Colin, 19915 En rĂ©fĂ©rence Ă  l’ouvrage collectif sous la direction de RenĂ© KaĂ«s “Crise, rupture et dĂ©passement”, Ă©ditions

Dunod.6 “Assemblage singulier” en rĂ©fĂ©rence au concept d’étayage de RenĂ© KaĂ«s.7 Nous entendons par savoir morcelĂ©, les savoir-faire, les savoir-ĂȘtre, les savoirs attendre et devenir, les

connaissances... ceux des “professionnels” en posture de stagiaires.8 Etudes et analyses (Ă©conomique, juridique, sociologique, technique, ergonomique...) pour aussi produire de

nouveaux savoirs.

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En ce sens le Savoir est un savoir(s) appliqué(s) et adapté(s).

Le savoir est donc ni isolĂ©, ni neutre. Il est neutralisĂ©, dĂ©limitĂ©, rĂ©parti en fonctiond’objectifs concrets et du personnel. Les savoirs sont organisĂ©s dans une perspective derĂ©sultats bien dĂ©finis et dans un contexte prĂ©cis et datĂ©.

Les savoirs sont Ă  la fois fonctionnels, individuels et collectifs. De nombreux critĂšresdĂ©terminent les modes opĂ©rationnels et les techniques (pratiques) d’application de cessavoirs. Ces critĂšres varient en fonction de facteurs internes (situations professionnelles)et de facteurs externes (situations : Ă©conomique, culturelle, historique ; Ă©volutions :technologique, sociale, politique, etc).

La dimension plurielle de la notion de compétence 10 .

C’est en partie pourquoi les milieux professionnels de la production et de la formationparlent des savoirs en termes de compĂ©tences 11 . Ils ont introduit (prĂ©fĂšrent) le terme decompĂ©tence depuis peu parce qu’il dĂ©signe des savoirs en acte se rĂ©fĂ©rant Ă  des capacitĂ©sou des aptitudes, autrement dit Ă  un savoir mobiliser et Ă  un savoir agir et rĂ©agir dans unesituation donnĂ©e (savoirs relationnels opportuns et adĂ©quates).

Si l’apprentissage des savoirs peut ĂȘtre individuel, l’approche des savoirs en ce quiconcerne les compĂ©tences, suppose de prendre en compte les aspects et la dimensioncollective du travail . Il s’agit donc des rapports et des relations dans le travail.

L’approche compĂ©tence se rĂ©fĂšre a des attitudes, des conduites, des phĂ©nomĂšnes et des

9 NĂ©gociations et procĂ©dures de concertation (professionnelles, sociales, syndicales...) : se reporter Ă  l’ouvrage

prĂ©citĂ© de Claude Dubar.10 Ouvrages de rĂ©fĂ©rence sur les questions de compĂ©tences professionnelles et de formation- De la compĂ©tence, essai sur un attracteur Ă©trange, Guy LE BOTERF, les Ă©ditions d’organisation, Paris

1994. Livre Ă  multiple rĂ©fĂ©rences thĂ©oriques oĂč l’auteur discerne (enfin) la compĂ©tence de la performence. Laperformence se rapporte Ă  l’évaluation des rĂ©sultats selon des critĂšres dĂ©finis et choisis. De plus, deux types decompĂ©tence collective sont dĂ©veloppĂ©s. Par ailleurs sont dĂ©crits plusieurs modĂšles et usages des reprĂ©sentations entant que mĂ©canismes mentaux et relationnels Ă  visĂ©e pĂ©dagogique et Ă  portĂ©e didactique : modĂšle dĂ©monstratif pourproblĂ©matiser, mode projettĂ© ou Ă  diagnostiquer lors de la rĂ©solution d’un problĂšme, modĂšle projectif pour anticiperet conduire un projet .

- Sociologie de la compĂ©tence professionnelle, Jean Yves TREPOS, Ă©ditions PUF Nancy, 1992. Se reporterparticuliĂšrement aux chapitres : l’imaginaire de la compĂ©tence; la construction de la compĂ©tence professionnelle.

- Comment investir en formation, ouvrage collectif sous la direction de Guy LE BOTERF, Ă©ditionsd’organisation, 199O. Il souligne le caractĂšre contextualisĂ© et pluriel de la compĂ©tence professionnelle. Sousforme de fiches-ressources il dĂ©cline, dĂ©finit ses composantes et dĂ©veloppe une stratĂ©gie pĂ©dagogique de transfert.

- L’audit de la formation professionnelle, ouvrage collectif sous la direction de Guy LE BOTERF, Ă©ditionsd’organisation, 1985. Il nous est rappelĂ© que la compĂ©tence est avant tout finalisĂ©e au contexte et Ă  la situationprofessionnelle, avant d’ĂȘtre fonctionnelle.

11 La notion de compĂ©tence est Ă  l’origine un terme juridique : les notions de droit et de lĂ©gitimitĂ© sontprĂ©sentes. Par dĂ©clinaison sont implicitement inclues les notions d’autoritĂ©, responsabilitĂ©, pouvoir et territoire.Ce terme a Ă©tĂ© dĂ©ployĂ© au pluriel dans les domaines de l’expertise professionnelle. Maintenant il est utilisĂ©indistinctement dans les champs de la formation et de la production d’oĂč une confusion ou un flou des aspectsqu’il recouvre, voire une Ă©quivalence “entretenue” entre la compĂ©tence et la performence. Cette Ă©quivalence rapidenous semble rĂ©sulter de l’illusion ou de la croyance Ă  penser la formation continuĂ©e professionnelle comme(moyen) capable de rĂ©pondre Ă  tout problĂšme et au mythe des annĂ©es 85-90 de l’entreprise Ă©ducatrice - oĂč sont omisvoire dĂ©niĂ©s, les facteurs dominants et agissant tels la concurrence, l’économie libĂ©rale, le marchĂ© de l’emploi etses finalitĂ©s de productivitĂ©. Pour plus de prĂ©cison, se reporter Ă  l’ouvrage rĂ©cent de Guy Le Boterf, citĂ© ci-avant.

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mĂ©canismes : processus Ă©tudiĂ©s par les diffĂ©rentes disciplines issues de la psychologiesociale et du travail (dynamique et relations dans des groupes restreints, ergonomie, etc) etde la sociologie sociale et du travail (sociologies des organisations, de l’action, del’expĂ©rience).

Ces savoirs dĂ©jĂ  construits - nĂ©cessaires pour aborder les compĂ©tences - sont Ă  la fois desoutils conceptuels, le formateur peut alors lire les situations en question suivant plusieursperspectives et, ces savoirs, lorsqu’ils sont prĂ©sents dans une situation (les savoir-faire et lessavoir-vivre des personnes en situation), ces savoirs sont alors des opĂ©rateurs relationnelsnatuels Ă  saisir afin d’apprĂ©hender ceux qui ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme des “besoins” oudes “manques” pour les traduire en tant qu’écarts ou dysfonctions. Cette traduction n’estautre que des savoirs professionnels ou des pratiques professionnelles obsvervĂ©s etanalysĂ©s par l’intervenant afin qu’il anticipe un ou plusieurs modĂšles de conduitessouhaitĂ©es et qu’il repĂšre les savoirs nĂ©cessaires pour construire (concevoir)l’apprentissage en question. L’intervenant-formateur s’appuie sur (ou repĂšre) cesphĂ©nomĂšnes humains - ceux-lĂ  mĂȘmes - qui induisent, favorisent ou non ce qui entendu etattendu par compĂ©tence 12 souhaitĂ©es. Il s’agit bien d’étude pour qu’il y ait conseil ouprĂ©conisations de l’intervenant. Mais les prĂ©conisations peuvent faire ou pas l’objet d’unapprentissage des personnels concernĂ©s. Les compĂ©tences seront Ă  dĂ©velopper souscertaines conditions ; la principale Ă©tant, quel que soit la formulation, la reconnaissance etl’élucidation de ce qui se joue avec ou sans programme de formation.

Si les phĂ©nomĂšnes, les conduites et/ou les contraintes Ă  intĂ©grer, nous pouvons les qualifierde facteurs, de conditions, de composants des rĂ©alitĂ©s professionnelles, il est nĂ©cessaire deles apprĂ©hender et/ou les dĂ©crire comme tels mais suivant certaines formules, lors de l’étude(rapport oral et Ă©crit). Ceux qu’ils recouvrent sont bien des notions, des concepts et destermes prĂ©cis Ă  acquĂ©rir au cours de notre carriĂšre de formateur, mĂȘme si nous ne sommespas consulant.

En effet, que fait le formateur de ces savoirs dits thĂ©oriques, abstraits et qui existent ou sontobservĂ©s comme des manquants ou des dysfonctions dans une situation ?- Ces “rĂ©fĂ©rents” font l’objet de dĂ©clinaisons techniques en savoir-faire, savoir ĂȘtre et enpratiques professionnelles qui les incluent, et qu’il faut repĂ©rer et mesurer lors de son Ă©tudeou de son observation.- Ces connaissances dĂšs lors que le formateur conçoit un module, une session de formation,sont ou seront des “contenus” Ă  Ă©laborer en termes de traitements didactiques, font l’objetd’une formalisation en termes d’objectifs ou verbes d’action co-observable dans un groupe,lors de l’apprentissage et lors de l’évaluation.- De mĂȘme lorsque le formateur fait une prestation, le face Ă  face pĂ©dagogique est de faitune situation potentiellement imprĂ©visible qui demande au formateur d’ĂȘtre“spontanĂ©mment” rĂ©actif (aptitude de dĂ©centration et de souplesse pour passer sur unautre registre...). Autrement dit, le formateur doit ĂȘtre en mesure de complĂ©ter ou dedĂ©programmmer partiellement une sĂ©quence afin de faire un apport pertinent ou ĂȘtre encapacitĂ© d’improviser en fonction de ce qui se passe.

Constat est que la plupart des notions et des concepts Ă©voquĂ©es implicitement dans cedĂ©veloppement, sont des savoirs mĂ©connus, qualifiĂ©s d’abstraits et non opĂ©rationnels, voiretabous dans les milieux concernĂ©s.Illustrons notre remarque par une Ă©numĂ©ration sommaire et questionnante des termessuivants : pourriez-vous expliquer en termes simples ces notions ou mots, et en quoi ils

12 En ce sens, si la compétence est définie commme de multiples savoirs mobilisés - en acte - présentement,

les compĂ©tences Ă©voquĂ©es signifient l’ensemble des savoir-faire redistribuĂ©s suivant une logique organisationnelledes rĂŽles et des statuts - conditions d’exercice ou de rĂ©ussite de celles-ci. Les notions dĂ©clinĂ©es sont alors desfacteurs humains Ă©tudiĂ©s en autre par Michel Crozier. Ces phĂ©nomĂšnes sont : les diffĂ©rents jeux des acteursprofessionnels, les stratĂ©gies face au partenaire, les rĂšgles et les zones d’incertitude . Se reporter Ă  l’ouvrage“L’acteur et le systĂšme”.

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sont opĂ©ratoires ou ont un intĂ©rĂȘt dans le champ de l’Education des adultes ? - La socialisation et la problĂ©matique identitaire - Les reprĂ©sentations - L’estime de soi, lavalorisation, l’autonomie - L’acteur et l’actant, la responsabilitĂ©, la dĂ©lĂ©gation,l’interdĂ©pendance et la dĂ©pendance, les rapports de pouvoir, la rĂ©ification, la mobilisation,les jeux, la zone d’incertitude, les rĂšgles, les logiques - le systĂšme, l’interaction, latransversalitĂ©, etc.

Les compĂ©tences interrogent les domaines de l’organisation matĂ©rielle, humaine ettechnique ; autrement dit, les moyens d’agir, les conditions pour agir, les modes decollaboration, les mĂ©thodes de travail et les rapports humains socioprofessionnels.

Les compĂ©tences actuelles sur et quel qu’il soit le site de travail, ont donc recours, rĂ©sultentou s’inscrivent dans ce qui est appelĂ© des “phĂ©nomĂšnes” formels (instituĂ©s), desphĂ©nomĂšnes informels (non rĂ©glementĂ©s) et instituants (non conformes aux us et coutumesdu site. Ils peuvent ĂȘtres contestataires, marginaux, oppositionnels mais ils peuvent ĂȘtreconformes et apprĂ©ciĂ©s ou valorisĂ©s suivant les normes d’un autre site).

Analyser des documents tels un organigramme, un plan de carriĂšre, des rĂšgles, observer desprocĂ©dures, des mĂ©canismes, des processus lors d’une activitĂ© de travail (poste, un atelier,un service, une rĂ©union), s’entretenir avec une personne pour qu’elle dĂ©crive ses pratiques,sont des maniĂšres d’apprĂ©hender les pouvoirs et les influences, comprendre lesappartenances, leurs interactions en rĂ©seau.Au cours des Ă©changes, ces phĂ©nomĂšnes sont plus Ă©voquĂ©s en termes de cause, de produitou d’effet. Parfois ils sont exprimĂ©s en termes de difficultĂ©s, de contradiction, de conflit, deparadoxe et d’implication, mais ces mots “communs” recouvrent des “nuances” par ceuxqui les utilisent.

Mais suivant le cas, la personne qui le relate, la culture, l’ambiance et l’idĂ©ologie du lieu oudu moment, le jargon professionnel et l’objet de cet Ă©change, l’emploi des termes diffĂšre, ilss’habillent : Quelques exemples :- les conditions “optimumes” de rĂ©alisation, de rĂ©ussite, la performence, le changement, lamodernisation...- un sujet qualifiĂ© de dĂ©licat voire de difficile Ă  aborder parce qu’il est question d’unepersonne prĂ©cise ou qu’implicitement le terme a une connotation psychologique ou“pathologique ” pour la personne qui l’entend.- d’autres formules sont plus utilisĂ©es lorsqu’il s’agit du domaine rĂ©servĂ© ou non Ă  lapolitique de la structure : le stratĂ©gique, les procĂ©dures, la nĂ©gociation, la rĂ©gulation,l’évalution, un bilan, un audit, la validation...

Pourtant, lorsqu’il s’agit d’acquĂ©rir ou de dĂ©velopper des compĂ©tences - objet mĂȘme de lademande d’un employeur, du choix de prescrire une formation sur un site de travail,d’interroger la pertinence des prestations parce que les prĂ©occupations sont celles dutransfert et des effets de la formation - peut-on faire l’économie des questions relatives Ă l’organisation de ce site - quid de l’étymologie mĂȘme du terme politique, c’est Ă  dire del’organisation de la citĂ© ?

L’illusion de travailler sur le changement, sur la finalitĂ©, sur les modes de collaboration, peutporter Ă  croire qu’une rĂ©ponse formation aide et l’accompagnera. Mais pourra-t-elle fairel’impasse sur les intĂ©rĂȘts multiples en prĂ©sence ou les conflits latants - qui sont les sourcesdes attentes, des besoins ou les origines de ces Ă©carts ? Toute rĂ©ponse formation qui se veuten “extĂ©rioritĂ©â€, refuse de concidĂ©rer les effets inhĂ©rents de pertubation, occulte lesintentions, les positions, les freins, les contradictions, les rapports de force et de violence, nepourra Ă©viter le travail sur le sens de ces changements. Par contre si les craintes et le sens deces changements n e sont ni Ă©voquĂ©s, ni exprimĂ©s, c’est que le changement n’est pas demĂȘme nature. Il y a de grande “chance” pour que celui-ci soit unilatĂ©ral et qu’il soitconquis ou extorquĂ© de maniĂšre plus qu’habile !

DĂšs lors qu’il s’agit de compĂ©tences, l’apprentissage passe par une dĂ©limitation des

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contraintes et des possibilitĂ©s d’action pour qu’il y ait une rĂ©elle application des savoirs enusage et les savoirs utiles. L’acte de formation y remplit en partie ce rĂŽle.

Nous sommes dans la dimension adaptative des adultes et des situations de travail. LacompĂ©tence dĂ©place en quelque sorte l’acquisition des savoir-faire et les procĂ©dureshabituelles de la formation. Il s’agit alors de prendre plus en compte et d’intĂ©grer au mieuxl’ensemble du contexte pour cerner les conditions et les maniĂšres dont ces savoirs actuelssont exercĂ©s, d’apprĂ©hender les freins et ce que recouvre le “Changement”. Autrement dit,la dĂ©marche de contextualisation passe par des procĂ©dĂ©s d’analyse de la situation de travail,bien au delĂ  de la procĂ©dure - premiĂšre et classique - utilisĂ©e en formation dont l’intitulĂ©gĂ©nĂ©rique est : l’analyse des besoins.

Nous entrons dans les mĂ©thodes et les savoir-faire des Ă©tudes 13 . Si cette dĂ©marche passepar une Ă©tude plus approfondie, c’est avant tout pour se donner les moyens de cerner lescompĂ©tences et les conditions 14 nĂ©cessaires pour que les compĂ©tences Ă  acquĂ©rir puissents’exercer aprĂšs la formation. L’analyse du contexte ne se rĂ©duit pas Ă  une traduction “decontenus et de didactique” que recouvre une rĂ©ponse 15 ou un acte de formation.L’étude, mĂȘme courte, a pour objet de comprendre les situations professionnelles, c’est Ă dire d’inclure l’ensemble des donnĂ©s qui interagissent sur les conditions de travail et parmices Ă©lĂ©ments, ceux qui infĂšrent sur le transfert des savoirs dĂ©clinĂ©s en compĂ©tencessouhaitĂ©es et l’exercice de l’activitĂ© professionnelle. Les attentes, les demandes et les

13 Par études, nous entendons inclure toute instrumentalisation, procédure et méthodologie des recherches

appliquĂ©es issues des disciplines techniques et humaines et qui seront retenus en fonction de l’objet Ă  Ă©tudier, de lacommande et des dĂ©cisions Ă  prendre.

14 Si les conditions sont des moyens d’exercice au travail, matĂ©riels, techniques, organisationnels... ellessont aussi les difficultĂ©s et les limites qui doivent ĂȘtre repĂ©rĂ©es voire soulignĂ©es, discutĂ©es, nĂ©gociĂ©es. En effetl’ensemble de “ces conditions” impliquent les agents et ceux de la formation puisqu’elles soulignent les multiplesaspects liĂ©s au monde professionnel. De fait il est question de la politique de l’entreprise. Les aspectsĂ©conomiques, socioprofessionnels et culturels sur la touche relĂšvent des domaines de gestion de l’entreprise et nondu champ de la formation et, le rĂŽle d’interface de la formation est toujours ambigu . La lĂ©gitimitĂ© des actions,le statut de celle-ci ainsi que de ses acteurs se posent gĂ©nĂ©ralement en termes de place(s) dans le systĂšme dedĂ©cision et de reconnaissance(s). Par exemple, les aspects financiers sont considĂ©rĂ©s en premier comme desdĂ©penses d’ EQUPEMENT (humain, technique et matĂ©riel) et sont perçus comme des dĂ©penses obligĂ©es y comprispour celles qui concernent la formation. Suivant l’optique de l’organisation et le facteur temps, il peut ĂȘtredĂ©montrĂ© que les dĂ©penses sont le plus souvent un investissement matĂ©riel et immatĂ©riel (Guy Le Boterf)puisqu’il s’agit alors de la politique des ressources (humaines et matĂ©rielles) de l’entreprise. Au delĂ  des aspectsjuridiques et techniques, les gestions sont en quelque sorte des marges de manoeuvre d’un Ă©quilibre dialectique entreles consĂ©quences et les limites liĂ©es Ă  la Production (la production de l’entreprise et le contexte gĂ©nĂ©ralĂ©conomique) et les conditions de travail. Pour l’entreprise il s’agit de profit tout en se maintenant sur le marchĂ©.En fonction de la conjoncture, il peut ĂȘtre question de dĂ©veloppement, de modernisation, de changement, derĂ©duction de ses activitĂ©s et suivant le cas, les effets et les consĂ©quences sont prĂ©vibles. Leur traduction pour lespersonnels sont des attentes telles que la reconnaissance des acquis, une promotion ; ainsi qu’ une sĂ©ried’interrogations sur la (rĂ©)organisation du travail et les conditions de travail : les compĂ©tences Ă  actualiser ou Ă acquĂ©rir. Les changements opĂ©rĂ©s peuvent aller d’une ouverture de carriĂšre Ă  une reconversion, dans la variĂ©tĂ© desconsĂ©quences et des conditions, celles vĂ©cues et celles accordĂ©es : opportunitĂ©, contrainte, obligation, moyens oulimites ? Si la formation est une des composantes, un des moyens d’y rĂ©pondre, suivant les exemples Ă©noncĂ©s etl’ampleur du traitement, l’organisation, la place de la formation et les procĂ©dures pour les garantir seront diffĂ©rentesde celles communĂ©ment en usage.

15 Bien que les ouvrages actuels sur la formation s’accordent Ă  dĂ©finir les besoins de formation comme des

Ă©carts repĂ©rĂ©s face Ă  un problĂšme rĂ©el ou posĂ©, les manuels techniques du formateur donnent peu d’explication ni deprocĂ©dures et mĂ©thodes sur les traitements de ces Ă©carts. Il faut aller les chercher dans les ouvrages dits thĂ©oriques”.Les difficultĂ©s de l’édition et les modes sur les publications, hĂ©las ne laissent plus de place Ă  ces auteurs quiconservaient des cas, des observations en illustration. Par contre, la rĂ©ponse formation dĂ©clinĂ©e en catĂ©gories(public cible, objectifs formalisĂ©s, contenus, mĂ©thodes pĂ©dagogiques, etc) reste l’objet essentiel des publications detypes manuel, fiches ressources etc .

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compétences sont en quelque sorte des résultantes de ces interactions.

Pour un formateur, la connaissance de ces facteurs “internes” au travail sont nonnĂ©gligeables, mais il n’est pas toujours facile ni souhaitable, voire coĂ»teux, d’engager unetelle dĂ©marche. Tout dĂ©pend de la commande, des pratiques de son employeur, du statut, descapacitĂ©s, du rĂŽle qui lui est attribuĂ© et du contexte de la prestation.Nos remarques se bordent Ă  mettre en garde le formateur dĂšs lors que dans son cahier descharges, il est inscrit le terme de compĂ©tences sans que celles-ci soient clairement dĂ©finiesou dĂ©crites sur un support quelconque sur lequel il peut s’appuyer : un rĂ©pertoire decompĂ©tences, rapport d’étude, un rĂ©fĂ©rentiel mĂ©tier ou diplĂŽme, etc.Dans le cas oĂč le formateur n’a pas un de ces supports de rĂ©fĂ©rence, outil indispensablepour qu’il soit en capacitĂ© de travailler correctement sur les compĂ©tences ; celui-ci seraamenĂ© Ă  questionner, Ă  faire formaliser avec prĂ©cision tout ce qui semble ĂȘtre des allant desoi pour ces partenaires, ĂȘtre en recherche d’information, de supports, etc. Il peut mĂȘmeenvisager d’autres approches. Mais dans le cas oĂč il se retrouve sans outil prĂ©alable, il estprĂ©fĂ©rable de prĂ©venir le commanditaire ou l’employeur, de l’inconfort de la situation, de laprĂ©caritĂ© des outils face Ă  une dĂ©marche que l’on peut, en tant que professionnel de laformation, qualifier de tĂ©mĂ©raire ou “d’ambitieuse”

DĂšs les premiers contacts, il est possible de demander des prĂ©cisions ou de se renseignerdiscrĂštement. Les donnĂ©s et les divers documents sur et de l’organisme de formation (sonemployeur) ou ceux du site oĂč travaillent les stagiaires, l’analyse des besoins qui prĂ©cĂšde aucontrat, peuvent ĂȘtre des matĂ©riaux Ă  examiner, des “indicateurs” utiles.Par ailleurs le temps (la durĂ©e et la frĂ©quence de ses prestations) est aussi un Ă©lĂ©ment Ă prendre compte. Le formateur peut faire usage de certaines procĂ©dures d’enquĂȘte etd’évaluation auprĂšs des stagiaires comme des supports d’apprentissage et d’animation(expression) pour se rapprocher des situations de travail des apprenants. Ces donnĂ©s et cesrenseignements sont des moyens complĂ©mentaires ou stratĂ©giques d’étudier collectivementl’aspect concret des situations de travail et pour le formateur d’envisager des conditionsd’animation des sessions dans une perspective de transfert de ces savoirs Ă  transmettre ou Ă complĂ©ter.

Autrement dit le processus acquisition-application des savoirs et les maniĂšres de letraiter supposent une pĂ©dagogie et des modalitĂ©s appropriĂ©es qui tiennent compte de laculture ambiante, des intĂ©rĂȘts et des contenus de l’apprenant mis en posture de“travailleur” . Celui-ci sera plus en capacitĂ© de dĂ©couvrir, de reproduire et de mobiliser cequ’il est venu chercher. Il est ici question du premier niveau de transfert des savoirs ouniveau pĂ©dagogique

L’ensemble du processus transformation-transfert suppose donc qu’on puisse le retrouveren filigrane dans le programme de l’action puisque la finalitĂ© Ă©noncĂ©e des compĂ©tences Ă acquĂ©rir est l’intitulĂ© de l’offre de formation, le titre de la fiche technique d’animation oud’un exercice. L’objet d’une transmission thĂ©matique opĂ©rationnelle est l’animation ou lamise en acte de contenus thĂ©oriques, techniques, pratiques.

Au delĂ  de la session de formation, le savoir acquis doit ĂȘtre ensuite utilisĂ© en tempsopportun. Il est ici question du pouvoir et de la capacitĂ© de transformation du savoir encompĂ©tence que la personne est censĂ©e opĂ©rer sur le site professionnel.DeuxiĂšme Ă©tape du transfert, celui du professionnel ex-stagiaire, de pouvoir faire seul lerepĂ©rage, la dĂ©limitation et l’ouverture de ses pratiques, activitĂ©s. Il s’agit donc pour lapersonne de comprendre les (et ses) limites, les possibilitĂ©s, les diffĂ©rences dans lesapplications opĂ©ratoires et suivant les situations concrĂštes d’apprĂ©hender les variablesd’action.

La plupart du temps les compétences acquises en formation sont en grande partie cellesreconnues comme utiles (admises et utilisées) sur le site de travail.

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Par contre les compétences acquises en formation peuvent demander certaines conditions :matériel autre, modification organisationnelle, changement de conduite ou de statut de lapersonne, légitimité et/ou reconnaissance de la compétence et de la personne, etc.

Nous soulevons les questions trĂšs actuelles telles que :

- La cohĂ©rence d’une action de formation.Exemple : une formation oĂč des conditions indispensables n’ont pas Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es ounĂ©gociĂ©es (niveau ou nombre de stagiaires, le programme pa rapport au but...)

- L’opportunitĂ© d’une action de formation.Deux exemples : le premier est une action programmĂ©e trop tĂŽt et qui pose le dĂ©lai, ladurĂ©e, le rythme entre l’acquisition en formation et l’application sur le site de travail.L’autre est celui d’une formation informatique qui rĂ©clame que les stagiaires aientl’outil utilisĂ© en apprentissage sur leur lieu de travail.

- L’évaluation des effets de la formation.

- Les modalités de validation (contrÎle, diplÎme, certificat) et la reconnaissance etle suivi des acquis (fiche de suivi des stages, prise en compte dans la carriÚre : salaire,statut, etc).

Par ailleurs l’environnement professionnel direct de l’apprenant est non nĂ©gligeable.Les collĂšgues et le personnel d’encadrement ont un rĂŽle plus ou moins formatif, sont desfacteurs de freins, de transfert ou de dĂ©veloppement des compĂ©tences.Cet ensemble situationnel dĂ©termine les habitudes, les rĂšgles, les conditions de travail et decultures de travail (sous-cultures) et qui participent Ă  la construction et dĂ©construction desreprĂ©sentations ; reprĂ©sentation (s) que chacun peut se faire des savoirs, des compĂ©tencesprofessionnelles, de l’autre et de ce que “l’on espĂšre” de la formation.

La caractĂ©ristique principale de la compĂ©tence est d’ĂȘtre Ă  la fois multiple et multiformepuisque la compĂ©tence fait appel au contexte et Ă  la notion de capacitĂ© comprise comme des“moyens” variĂ©s et mobilisĂ©s pour sa mise en oeuvre et en application.

Ce qui est observable et le plus souvent attendu de la compĂ©tence c’est la dimensionfonctionnelle de celle-ci. Les compĂ©tences ont une fonction opĂ©ratoire pour celui qui lesmobilise. Les compĂ©tences s’intĂšgrent ou doivent s’intĂ©grer aux fonctions de celui qui veutles acquĂ©rir.

Mais les compĂ©tences ont aussi une finalitĂ© puisqu’elles s’exercent sur un site spĂ©cifique.Le processus de professionnalisation est la mise en acte de compĂ©tences organisĂ©es etorientĂ©es vers une finalitĂ©.C’est le repĂ©rage de l’ensemble de fonctions finalisĂ©es des compĂ©tences qui dĂ©terminentun processus de professionnalisation de la personne.

Si les compĂ©tences doivent ĂȘtre traitĂ©es dans leur dimension fonctionnelle, force est deconstater que les finalitĂ©s - soit de l’acte professionnel, soit des compĂ©tences, soit des effetset non des rĂ©sultats - sont des questions rarement abordĂ©es.Pourtant des compĂ©tences repĂ©rĂ©es identiques sont exercĂ©es diffĂ©remment suivant le site.L’habitude ou l’évidence de l’acte pour certains ne l’est pas pour d’autres. Une apparencequi fait l’objet d’un traitement ou d’une mise en application particuliĂšre ou singuliĂšre descompĂ©tences montre des caractĂšres spĂ©cifiques de la profession exercĂ©e ou des rĂ©sultatsattendus.

Pour illustrer nos propos, prenons l’exemple des mĂ©tiers de l’entretien suivi de deux casrĂ©els, sĂ©lectionnĂ©s par leur caractĂšre dramatique afin d’attirer l’intention du lecteur sur unsujet “sans intĂ©rĂȘt” puisque ces mĂ©tiers sont le plus souvent qualifiĂ©s d’ordinaire,

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subalternes et d’exĂ©cussion. GĂ©nĂ©ralement le nettoyage repose sur des notions de propretĂ© de l’objet et de ses aspects. ConcrĂštement il s’agit de l’entretien d’un objet et des “maniĂšres” pour y parvenir dans uncontexte donnĂ© : l’ usage de l’objet, les procĂ©dĂ©s du manipulateur, les rĂ©sultats et danscertains cas, la rĂšglementation. Une kyrielle de questions sont alors soulevĂ©es. * Lorsqu’il s’agit de nettoyer, est-il question de propretĂ©, d’hygiĂšne, de conservation, deprotection ou de pĂ©nibilitĂ© ?* La pratique de nettoyage est-elle une combinatoire de plusieurs objectifs dont les rĂ©sultatsrecouvrent (certains) des domaines citĂ©s ci avant ?* Quels sont alors les critĂšres retenus pour chacun d’eux afin d’évaluer au mieux lesrĂ©sultats et les usages en cours ?* Pour effectuer le nettoyage, parle-t-on de produit nettoyant (la connaissance de dosages) ?D’outil Ă  manipuler (machine, instrument) ? Ou de mĂ©thode (mode d’emploi, posturecorporelle, procĂ©dure paticuliĂšre) ?* Ces gestes exigent-ils une aptitude naturelle-ordinaire , une aptitude spĂ©cifique tellesl’agilitĂ© (souplesse), une habilitĂ© (prĂ©cision+acuitĂ© ou une capacitĂ© gestuelle d’agilitĂ©) quialors demande soit un physique particulier (ĂȘtre petit, fin, robuste, grand, etc) soit d’acquĂ©rir cette habiletĂ© ?* Les procĂ©dures de nettoyage s’appuient-elles sur un Ă©quipement spĂ©cifique ? DesprĂ©conisations d’usage ou une technicitĂ© particuliĂšre ? RĂ©clament-elles des conditions desĂ©curitĂ© pour l’agent, de contrĂŽle pour l’acte, de protection pour l’objet ?

Autrement dit la propretĂ© et le nettoyage diffĂšrent lorsqu’il s’agit d’un verre de cantine, unverre doseur de laboratoire ou un gobelet de l’égypte antique. Ces interrogations portĂ©essur des actes professionnels si quotidiens et parfois tellement simples, peuvent vousapparaĂźtre tatillonnes voire obsessionnelles... et pourtant !

Un article du Monde paru en 1995, nous faisait part de la triste dĂ©couverte d’unconservateur d’un musĂ©e de province. Une toile de maĂźtre du 18 Ăšme siĂšcle, fleuron de cemusĂ©e, pĂąlissait. L’enquĂȘte mit Ă  jour l’entretien rĂ©gulier de l’oeuvre avec un produit utilisĂ©pour les sols, ceci pendant prĂšs de deux annĂ©es. Personne ne s’était posĂ© de question sur lechangement d’organisation du travail liĂ©e Ă  une restriction des postes, Ă  la prĂ©sence depersonnels sous contrat emploi-solidaritĂ© (CES) et la venue d’une entreprise privĂ©e Ă  chargedu nettoyage des salles d’exposition. Celle-ci entreposait les produits dans un placardproche du tableau. En l’absence de formation des agents CES et parce que de nombreusesremarques sur l’état indĂ©sirĂ© des locaux Ă©taient formulĂ©es par tous, y compris par lesvisiteurs ; un des agents sous prolongation de contrat et soucieux de la dignitĂ© du lieu, avaitpris l’initiative de le dĂ©poussiĂ©rer comme il se doit, les oeuvres d’art exposĂ©es.

Que dire de l’expĂ©rience relatĂ©e par une professeur brĂ©silienne du dĂ©partement d’Educationde l’universitĂ© de San Paolo. Dans le cadre d’une recherche sur les logiquesd’apprentissage des adultes illettrĂ©s, elle met en place deux ateliers, l’un d’expressionorale et Ă©crite et l’autre sur les notions de calcul, cei avec des personnels volontaires denettoyage de cette universitĂ© et un groupe d’étudiants en didactique. Le dispositif derecherche-formation Ă©tait conçu sur le principe de la rĂ©ciprocitĂ© afin de faire bĂ©nĂ©ficier tousles participants des effets de formation et la dynamique des Ă©changes Ă©tait basĂ©e sur la viequotidienne professionnelle et familiale de chacun. Ils ont dĂ©voilĂ©s au grand jour les Ă  prioriet la maniĂšre dont travaillaient les personnels en toute Ă©vidence - non qualifiĂ©s, ni encadrĂ©s. Trois d’entre eux nettoyaient, sans gants ni consignes, avec des chiffons lavĂ©s lorsqu’ilsĂ©taient trop sales, des laboratoires oĂč s’effectuaient des manipulations de dĂ©chetsnuclĂ©aires. Les allers retours entre les laboratoires, les couloirs, les salles de cours et leurlieu d’habitation (favella) duraient depuis de nombreuses annĂ©es. Cette enseignantecatastrophĂ©e a alertĂ© l’administration surprise et exigĂ© l’achat de gants. Rapidement legroupe, Ă©tudiants et stagaires-agents, s’est rĂ©uni pour rĂ©flĂ©chir sur les problĂšmesprofessionnels de sĂ©curitĂ© et de contrĂŽle et sur les gestes prĂ©cis Ă  acquĂ©rir. GrĂące aumicroscope empruntĂ©, les personnels ont dĂ©couvert un monde vivant invisible Ă  l’oeil,impossible Ă  imaginer. Ce dispositif improvisĂ© permit de sensibiliser durablement les

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personnels aux risques encourrus et Ă  l’incontournable besoin d’acquĂ©rir des gestestechniques et des mĂ©thodes de travail plus compliquĂ©es. Cette approche dĂ©boucha surl’attrait certains des agents pour les sciences naturelles et une demande de leur part deprolonger leur formation dans cette direction.Si l’histoire a une fin pĂ©dagogique heureuse, qu’elle dĂ©bouche en plus sur une activitĂ© detype formation professionnelle pour ces personnels et sur une ouverture vers la culturegĂ©nĂ©rale, les faits dĂ©montrent l’irresponsabilitĂ© de la structure, l’état des systĂšmes socio-Ă©ducatifs du pays, la colĂšre et l’indignation des participants du groupe de recherche. Orl’ironie en quelque sorte de cette aventure est qu’elle s’est dĂ©roulĂ©e en mĂȘme temps que lecongrĂ© international sur les problĂšmes Ă©cologiques, tenu Ă  Rio de Janero.Mais il est probable aujourd’hui, dans ce pays comme ailleurs, que si nous regardions deplus prĂšs, nous rencontriions des situations similaires.

La formation et les compétences.

Dans le cadre d’un dispositif de formation, d’un acte de formation 16 : la demande etl’analyse des besoins c’est Ă  dire prĂ©sentement les Ă©carts entre le rĂ©el-situationnel etl’attendu de la formation 17 , sont le plus souvent prĂ©dĂ©terminĂ©s et dĂ©finis lors de lacommande donc bien en amont des actes de formation.Leurs traductions sont en quelque sorte intĂ©grĂ©es dans les propositions de formation :programme, catalogue, convention... les procĂ©dures et les modalitĂ©s de la formation.

Les modalitĂ©s 18 ou la conception d’un module ou d’un dispositif, induit un type

16 Dans le meilleur des cas la commande rĂ©sulte des demandes et d’une analyse des besoins qui ont Ă©tĂ©clarifiĂ©es, nĂ©gociĂ©es et formalisĂ©es par Ă©crit : contrat, convention et (traduction en) plan de formation etprogrammes, etc. DiffĂ©rentes modalitĂ©s de contractualisation sont proposĂ©es dans l’ouvrage “Comment investir enformation” citĂ© ci-avant.

17 Depuis ces cinq derniĂšres annĂ©es, l’analyse des besoins est dĂ©finie dans les publications comme des Ă©cartsqui nĂ©cessitent des rĂ©fĂ©rents pour ĂȘtre mesurer : nous discernons les attentes, les dĂ©sirs et les besoins. Mais le“rĂ©el professionnel” et l’attendu de la formation supposent de distinguer aussi les intĂ©rĂȘts qui ne sont pas demĂȘme nature suivant les diffĂ©rents acteurs qui participent ou sont concernĂ©s par les rĂ©sultats ou les consĂ©quences.

Pour la formation, la traduction se fait en termes d’objectifs visibles, contrĂŽlables par une progression“nourrie” d’une multitude de savoirs dĂ©clinĂ©s et animĂ©e par une “stratĂ©gie” et des supports pĂ©dagogiques.

Il nous apparait important de faire la distinction entre le rĂ©el professionnel et le rĂ©el situationnel oĂč laprofession s’exerce. Au delĂ  des effets de mode et de commerce sur les rĂ©fĂ©rentiels (mĂ©tier, diplĂŽme, compĂ©tenceset autres), un rĂ©fĂ©rentiel est le listage pour mesurer des Ă©carts entre ce qu’il faut savoir et (savoir) faire, voiresavoir-ĂȘtre qui intĂšgrent les savoirs en usage conformes et souhaitĂ©s. Ainsi le rĂ©fĂ©rentiel dĂ©termine en grandepartie, les savoirs Ă  transmettre et les modes d’application. Il profile les types de pĂ©dagogie, de pratiques et deformateur(s). Les premiĂšres Ă©tapes de transfert sont alors celles oĂč le stagiaire s’approprie et applique les savoirsdispensĂ©s en formation. La prestation peut ĂȘtre de qualitĂ© c’est Ă  dire rĂ©pondre aux attentes des diffĂ©rents acteurs.

Mais discerner le rĂ©el professionnel et le rĂ©el situationnel oĂč s’exerce la profession, le mĂ©tier, l’activitĂ© ...comme nous cherchons Ă  le faire, c’est interroger la transfĂ©rabilitĂ© des compĂ©tences acquises en formation surle lieu professionnel au delĂ  de l’acte pĂ©dagogique. Il est parfois opportun, en amont de l’acte de formation, deposer les cadres, les modes, les conditions et les relations de travail comme des facteurs conditionnant lespratiques professionnelles donc les compĂ©tences.

- C’est d’une part et si possible : de rĂ©flĂ©chir sur des modalitĂ©s de formation plus appropriĂ©es, attirerl’attention sur des conditions nĂ©cessaires pour faciliter ce transfert.

- C’est d’autre part : favoriser le transfert sur le lieu professionnel en conseillant d’autres types d’action.Exemples, rĂ©union d’information, action de sensibilisation..etc ou en ciblant un autre type de public.

18 La demande comme la commande et l’analyse des besoins sont tout d’abord les “inducteurs” de l’acte deformation. Elles sont aussi des actes diffĂ©rents d’ acteurs qui en amont ont des intĂ©rĂȘts autres. C’est en celĂ  quel’analyse de la commande est particuliĂšrement conseillĂ©e (tout comme la place du commanditaire) lors d’audit oud’intervention. La prĂ©conisation de l’analyse des propositions de formation que font les “auditeurs” prestataires sefait “trĂšs” rarement par les commanditaires. Est-ce parce que les consultants sont “reconnus” ou considĂ©rĂ©s(reprĂ©sentation) comme des experts qu’ils seraient dĂ©nouĂ©s d’intention(s) ou d’intĂ©rĂȘts ? Recherche et Ă©tude : si ilest de plus en plus question de l’analyse de l’implication du chercheur pour garantir en quelque sorte la

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d’animation, de pĂ©dagogie plutĂŽt qu’un autre. Le traĂźtement des compĂ©tences Ă  acquĂ©rirs’avĂšre dĂ©licat et complexe pour les formateurs qui de fait ignorent, le plus souvent, lestractations ou le milieu professionnel des stagiaires. La question du transfert des savoirsdĂ©passe largement les questions pĂ©dagogiques d’appropriation des savoirs.

Si la transfĂ©rabilitĂ© est un processus, il nĂ©cessite un dĂ©placement des pratiquesd’apprentissage vers les pratiques professionnelles. Parfois l’action de formation sedĂ©roule sur le site de travail. Autrement dit, la formation attendue implique pour ĂȘtre“rĂ©ussie” des conditions de transfert. Par nature, l’adaptabilitĂ© est un processus dialectiquede changement (concept d’altĂ©ritĂ©). Or l’adaptabilitĂ© interroge ou non (implicitement,indirectement ou dans la mĂ©connaissance des acteurs) les rapports au savoir.

En effet les compétences repérées sont le plus souvent décontextualisées. Elles sontprises dans leurs caractÚres individuels et non dans une dimension collective et un contexteprécis.

La formation : ses rapports aux savoirs.

Nous retrouvons encore ce mĂȘme phĂ©nomĂšne de dĂ©contextualisation ou de “neutralitĂ©â€ ausujet du stage de formation19 oĂč les savoirs, les objectifs et les exercices de support sontpar nature centrĂ©s essentiellement sur l’apprenant et ses rĂ©sultats, mĂȘme si l’acte deformation est tributaire de la commande et des moyens accordĂ©s.

Alain Meignant prĂ©cise que la formation est Ă  la fois un acte qui consiste Ă  placer lapersonne dans une situation lui permettant l’apprentissage d’un certain nombre de savoirset de comportements nouveaux. Elle est aussi une institution puisqu’inscrite dans unensemble de rĂšgles, de procĂ©dures et d’acteurs dans l’énoncĂ© de finalitĂ©s et d’objectifs quilui sont propres. Cet ensemble dĂ©finit un systĂšme spĂ©cifique et singulier en interaction plusou moins Ă©troite et cohĂ©rente avec d’autres systĂšmes.De ce fait, pour l’organisation d’un stage 20, le formateur doit tenir compte non seulement

scientificitĂ© et l’objectivitĂ© de ses recherches, la dĂ©marche nous semble concerner tout autant celle des implicationsd’un consultant et des organismes d’appartenance ou de tutelle lors d’une Ă©tude et de ses consĂ©quences.

19 Article “L’offre et de la demande d’audit de formation”, Alain Meignant, revue Education permanenteN°91, dĂ©cembre 19987.

20 Il nous semble important de rappeler sommairement l’histoire de la fo rmation des adultes.

A l’ origine la formation professionnelle s’est structurĂ©e autour de la notion de stage en rĂ©fĂ©rence au modĂšlescolaire, tant au niveau de son organisation (groupe / classe) que dans l’élaboration des contenus (la logique deprogramme). Le terme de “stagification” de Jacques Guigou souvent repris par Guy Jobert dans plusieurs articlessur l’évolution de la formation pour rappeler cette Ă©poque, nous semble actuellement une vision conceptuellerestreinte de la formation. De multiples modĂšles depuis lors se sont dĂ©veloppĂ©s. NĂ©anmoins le stage reste uneforme pertinente.

Dans le cadre de l’évolution de la formation, des modalitĂ©s de formation et des logiques, l’acte pĂ©dagogiquedans un “groupe/individu/formateur” peut s’apparenter au stage pour le formateur, mais la situation ne peut plusĂȘtre considĂ©rĂ©e comme le stage des annĂ©es I971. La prestation pĂ©dagogique du formateur doit s’appuyer sur lesystĂšme auquel il est insĂ©rĂ© avec les apprenants.

Deux exemples diamĂ©tralement opposĂ©s, celui d’une prestation dans un dispositif de formation-action et l’autredans un dispositif de formation individualisĂ©e vous ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s pour expliciter le propos et les principes quisous-tendent ces deux formes de dispositif de formation.

Pour complĂ©ter l’information sur la diversitĂ© des dispositifs actuels et de plus en plus complexes, se reporterau chapitre 2 de l’ouvrage collectif “DĂ©velopper de nouvelles formes de formation : les systĂšmes flexibles”, JeanKuperholc, Alain Mor et François Piettre, Ă©dit : EL Ă©ditions liaisons, I993.

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d’un certain nombre de facteurs mais doit prendre en considĂ©ration les diffĂ©rents acteursqui sont directement ou indirectement impliquĂ©s par la formation.

Nous pouvons parler ici de savoirs impliquĂ©s. Les savoirs s’organisent autour de troispĂŽles quelle que soit l’institution de tutelle ou d’appartenance 21 qui exerce ou produit laformation.La structure de formation doit dĂ©finir ses activitĂ©s, ses relations avec l’environnement, sesprogrammes et les types de formation qu’elle propose. Elle choisit ses formateurs, sesintervenants... autour de trois pĂŽles de formation qui intĂšgre les prĂ©occupationsprofessionnelles.Les savoirs s’organisent autour de trois pĂŽles

* le pĂŽle des sciences : savoirs, techniques, disciplines....

* le pÎle professionnel : les métiers, les professions, les pratiques auxquelles laformation prépare directement ou indirectement.

* le pĂŽle pĂ©dagogique : c’est Ă  dire les mĂ©thodes et les supports d’appropriation etde mĂ©diation des savoirs.

Suivant la structure de formation, ces Ă©lĂ©ments sont toujours prĂ©sents mais Ă  des degrĂ©sdiffĂ©rents. Ces composantes cernent le type d’institution et de formations qu’elle proposeainsi que l’autoritĂ© de tutuelle sur laquelle elle repose. Il en est de mĂȘme des formes(styles) de formation, des dispositfs (modalitĂ©s et pratiques) de formation que nous avonsĂ©voquĂ©es.

Le formateur, ses rĂŽles.

Nous avons vu que la formation est tributaire d’un bon nombre de facteurs internes et /ouexternes Ă  l’acte pĂ©dagogique. L’évolution mĂȘme de la conception de la formation et lescoĂ»ts croissants obligĂ©s22 positionnent la formation comme un des moyens ou une desvariables d’action pour rĂ©pondre Ă  ces facteurs.D’oĂč peut ĂȘtre les rĂ©flexes simplicateurs voire simplistes de penser et de parler de laformation en termes de “rĂ©ponse-formation” Ă  toute difficultĂ© ou manque.

Sur le plan social et Ă©conomique, la fontion rĂ©gulatrice de la formation ne peut ĂȘtre niĂ©e.

Tout en Ă©tant agent de transmission des savoirs le formateur a un rĂŽle fondamental socio-professionnel. Deux exemples pour illustrer l’implication du formateur dans le champsocial et Ă©conomique du monde du travail.

Le rĂŽle socioprofessionnel du formateur.

Premier exemple.Dans le cadre de l’évolution technologique et sur un plan Ă©conomique, une masseimportante d’adultes sont en dĂ©calage. Beaucoup ont acquis un mĂ©tier en contact direct avecle matĂ©riau. Or l’évolution technologique et les facteurs de concurrence et de rentabilitĂ© ontamenĂ© du matĂ©riel sophistiquĂ© : contrĂŽle et commandes numĂ©riques d’une machine de pĂąteĂ  papier ou de pĂąte Ă  pain.....

21 L’institution ou l’organisme de tutelle : la formation continue, professionnelle, organisme public, privĂ©,

association loi 1901, les services du personnel ou des ressources humaines ... 22 En référence à la loi de 1971 sur la formation.

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Dans ces cas prĂ©cis les savoir-faire manuels sont remplacĂ©s par d’autres types de savoir.Pour utiliser ces nouvelles machines une transposition des repĂšres et un travaild’abstraction doivent s’opĂ©rer bien au-delĂ  d’une accumulation des savoirs repĂ©rĂ©s etdĂ©clinĂ©s en objectifs. La formation doit en tenir compte.

Du sensitif c’est Ă  dire du visuel et tactile de sentir la pĂąte/temps/chaleur/couleurs... auxschĂšmes abstraits des opĂ©rations de comprĂ©hension et d’anticipation ainsi que l’utilisationde la machine numĂ©rique demandent Ă  l’apprenant des facultĂ©s intellectuelles et des savoirstechniques correspondants.

Au delĂ  des apprentissages indispensables et des connaissances classĂ©es sous appelation“culture gĂ©nĂ©rale”, l’apport du formateur tournera autour de la curiositĂ© et de la ludicitĂ©des pertes en termes : de sensiblitĂ©, de repĂšres, etc. Certes pour ne pas dĂ©courager tout enpermettant l’expression des rĂ©sistances mais aussi pour conserver la rĂ©alitĂ© de la situationc’est Ă  dire celle des questions qui se posent au sujet des intĂ©rĂȘts et du sens de cesĂ©volutions.

Le changement radical qui s’opĂšre implique intimement les professions de la boulangerie,pĂąpĂ©terie...etc, monde culturel et social en mutation y compris celle des identitĂ©sprofessionnelles et personnelles. Une souffrance peut ĂȘtre ressentie et les effets de lamodernisation ont des consĂ©quences multiples au-delĂ  des discours idĂ©ologiques.23

DeuxiĂšme exemple.Nous pouvons constater un Ă©cart entre les compĂ©tences spĂ©cialisĂ©es, techniques et, laconnaissance des rapports humains nĂ©cessaires pour remplir des fonctions de cadreresponsable d’une Ă©quipe ou d’un service.

Les relations humaines celles difficiles et celles hiĂ©rarchiques de surordination et desubordination sont inĂ©vitables. Les problĂšmes de communication, de responsabilisation, derĂ©tention d’information sont partout prĂ©sents.

Quels que soient le public et le type de formation ces questions sont latentes. Parfois il estnĂ©cessaire de sensibiliser les stagiaires sur les phĂ©nomĂšnes relationnels et les conduitessocioprofessionnelles. Le formateur doit donc crĂ©er un climat de confiance pour permettrel’expression de chacun, prendre un temps propice ou adapter un exercice dans cettedirection.

Le rÎle pédagogique du formateur.

Dans l’acte de formation, le formateur a des savoirs Ă  transmettre. Sinon nous nepourrions pas parler de situation pĂ©dagogique ni de savoirs impliquĂ©s. Le formateur a unrĂŽle Ă©ducatif d’instructeur. Les rapports au savoir sont des dĂ©terminants importants dansl’acte de formation y compris pour le formateur.

Quatre axes sont en interaction à des degrés divers, dans toute situation pédagogique.

23 Dans ces propos, en aucun cas je minimise l’importance du politique dans son sens Ă©tymologique de gĂ©rer

la citĂ© en incluant les dimensions Ă©conomique et philosophique. Si ces aspects nous amĂšnent Ă  nous positionnerpersonnellement voire Ă  agir en consĂ©quence, la question reste celle de ne pas se tromper de rĂŽle ni deterrain d’action , de mesurer les consĂ©quences pour aprĂšs soit proposer une mĂ©thode plus appropriĂ©e, engagerdes procĂ©dures qui permettent de garantir en quelque sorte ; soit simplement refuser un contrat, une participation,etc.

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Les 4 axes sont en interaction dans toute situation pédagogique.

SAVOIR

l’organisation 24

FORMATEUR détermine la nature des relations GROUPE

Le rapport que le formateur a les rapports que le groupe aau savoir : conviction, message, au savoir : attentes, représentationsattitudes motivations

Pour se faire, le formateur doit clarifier certains points et chercher Ă  complĂ©terl’information. Le cahier des charges est Ă  la fois une garantie et un instrument decontractualisation qui permet une formalisation des objectifs, des moyens et des modalitĂ©sde formation. La demande doit ĂȘtre explicite. La construction d’un module passe par desprocĂ©dures d’explicitation. Le programme peut alors s’élaborer en partie avec le cahier descharges.

Le formateur dans son organisation de stage doit donc s’interroger ou interroger.

Les questions :

- Qui est le commanditaire et quel est son statut ?- Qui sont les financeurs ?- Dans quel contexte la formation a Ă©tĂ© ressentie comme nĂ©cessaire ?- Qui rĂ©clame le stage ? Pour quelle mission ?- Quels sont les niveaux d’écarts ? Quel est le constat ? Quelles sont les contraintes ?Peuvent-elles ĂȘtre formulĂ©es ?

24 L’organisation de la formation est fonction de l’organisme de tutelle et/ou de la structure d’appartenance.

Exemples : institut privĂ©, association, institutions publiques (AFPA, CAFOC...), service des ressources humainesde l’entreprise.... et formations continue (professionnelle, universitaire). L’organisation conditionne les modalitĂ©set les finalitĂ©s de l’acte de formation.

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- Qui est le public cible et quelles sont les personnes concernées ?- Quels sont les objectifs visés ? Quelles sont les modalités de contrÎle ?- Qui sont les intervenants ?- Quelles sont les formalités du contrat de travail ?

Le formateur : son rapport aux savoirs et l’acte de formation.

Trois dimensions sont Ă  prendre en compte dĂšs lors que nous sommes en statut deformateur. Il est alors plus facile d’apprĂ©hender les diffĂ©rents rĂŽles qu’on attend de lui.Nous abordons les rapports au savoir et les rapports dans l’acte de formation (dans lesavoir).

La premiĂšre dimension est tout d’abord celle des motivations du formateur dans son rĂŽlede formateur.Pour se faire le formateur doit ĂȘtre en Ă©veil de ce qu’il doit faire mais aussi de ce qu’il peutfaire en fonction des demandes, des interpellations, des situations. Etre attentif, curieux,s’informer, oser dire : Je ne comprends pas. Pouvez-vous rĂ©pĂ©ter. Faire reformuler pourqu’il y ait une explication voire une explicitation ou je ne sais pas, peut-ĂȘtre quelqu’un saitet peut nous expliquer ?

Ces dĂ©marches de sollicitation dans un rapport d’authenticitĂ© et de rĂ©ciprocitĂ©permettent de replacer le statut des savoirs dans l’acte de formation des diffĂ©rents acteurs.D’une part les rapports au savoir sont aussi ceux du formateur et d’autre part, ces rapportsau savoir passent par le statut et les rĂŽles que le formateur “pense ĂȘtre et faire”.Il en est de mĂȘme pour les stagiaires et pour l’institution ou l’organisme de tutelle. Nousl’avons vu en illustration ci-avant. En pĂ©dagogie ces phĂ©nomĂšnes sont appelĂ©s lesreprĂ©sentations (reprĂ©sentation sur les savoirs, reprĂ©sentation sur les rĂŽles).

Quelques exemples.

Lorsque le formateur ne sait pas bien les finalitĂ©s du stage ou qu’il est un formateurdĂ©butant. La plupart du temps les rĂ©actions ou ses comportements sont : chercher “àprouver” ses compĂ©tences, son savoir Ă  peine acquis, Ă  conserver quoi qu’il arrive sonprogramme, se positionner comme “le” spĂ©cialiste...

Or dans la situation ce qu’il faut envisager c’est de rĂ©duire cette diffĂ©rence de situation, decirconstance, de connaissance. Le formateur doit ĂȘtre curieux, disponible, en formationconstante, en recherche sur le “terrain” ou il se forme en complĂ©ment Ă  l’extĂ©rieur.Il est donc nĂ©cessaire d’apprendre Ă  se connaĂźtre et Ă  chercher ses points forts et ses pointsfaibles pour y remĂ©dier. Le formateur doit particuliĂšrement dĂ©velopper et travailler seslacunes.

La deuxiùme dimension est collective et interactive.C’est à dire entre le formateur et le groupe des stagiaires ou entre deux personnes commeentrevue ci-dessus.

Nous abordons ici les phénomÚnes relationnels nécessairement dynamiques et réactivésdans les actes de formation :

la condition collective,l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des personnes, des attentes, des intĂ©rĂȘts,les reprĂ©sentations, les rapports et les enjeux liĂ©s au Savoir... etc.

L’animation met en oeuvre le jeu des positionnements : un objectif ou un but et les rùgles,les places, les rîles, les statuts, etc.Tout se joue et se vit en interaction dans une dimension collective

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- 1 - La dimension interindividuelle.

* La relation duale, le formateur et le formĂ©.Les savoirs de chacun c’est Ă  dire les acquis et les prĂ©requis -positions d’entrĂ©e -, lesystĂšme de rĂ©fĂ©rence, les reprĂ©sentations et le systĂšme cognitif de chacun, lesrapports au savoir et la relation pĂ©dagogique.

* La relation entre deux stagiaires.La relation duale d’affinitĂ© sous diverses formes ou celle contraire qualifiĂ©e derĂ©pulsion c’est Ă  dire de conduites duelles (antipathie, rivalitĂ©, etc). Elles peuvent ĂȘtreconsĂ©quentes d’une interaction avec d’autres personnes, d’une situation antĂ©rieure Ă celle prĂ©sente (reprĂ©sentation, projection, etc).

Que doit , dans la situation précise, faire le formateur ?

Nous ne pouvons donner dans la gĂ©nĂ©ralitĂ© de la question un comportement exact.Par contre deux domaines d’action sont possibles et /ou Ă  combiner en terme deconduite du formateur.* Recentrer sur la situation de formation : donner une mĂ©thode opĂ©ratoire, participercomme apprenant, clarifier l’objectif, proposer un changement d’organisation...* Intervenir dans la relation : sur le moment, en diffĂ©rĂ© c’est Ă  dire hors prĂ©sence del’un deux ou en appartĂ© ailleurs pour les raisons suivantes : ne pas gĂ©ner, prendre dutemps, faire intervenir la personne adĂ©quate par rapport au problĂšme...

La seconde dimension est groupale 25 .Il est question des interactions et des interelations dans le groupe. De maniĂšresmouvantes, elles interrogent la place et les intĂ©rĂȘts de chacun : la personnalitĂ© dechacun en rapport aux attitudes et aux comportements des autres et des rĂŽles qui s’yjouent. Une dynamique s’engage (processus).

Le sentiment d’appartenance au groupe est plus ou moins fort. Il dĂ©pend de lasubjectivitĂ© de chaque membre (personnalitĂ© + expĂ©riences antĂ©rieures) de ladynamique du groupe dans ses composantes relationnelles, auto organisationnelleet imaginaire (groupe objet et groupe sujet de FĂ©lix Guattari), du climatenvironnant.

La troisiĂšme dimension est organisationnelle et concerne les rĂŽles de chacun.Inscrits dans un temps donnĂ©, la dimension organisationnelle est un processusinteractif des conduites individuelles par rapport Ă  un objet (savoir) un objectif(exercice de traitement ou d’acquisition), un but (rĂ©sultat).

Les attitudes et les conduites sont par exemple : les déplacements, les évitements, le refus,

25 De nombreux textes fondamentaux concernant la dynamique des groupes et les conduites collectives.Quelques rĂ©fĂ©rences suivant l’approche ou l’objet d’étude Ă  titre d’exemples : La dynamique des groupes, J.Maisonneuve, PUF, Que sais-je ? n° 1306. La vie affective des groupes: esquisse d'une thĂ©orie de la relationhumaine, M. PagĂšs Max, Paris, Dunod, 1984. Le groupe et l’inconscient, Didier Anzieu, Ă©ditions Dunod.Fantasmes et formation, D. Anzieu zt R. KaĂ«s, Dunod. Psycho-sociologie des affinitĂ©s, Jean Maisonneuve,PUF, 1966. L’intervention pesychosociologique, Dubost, PUF, 1987. L'emprise de l'organisation , M. PagĂšs,M. Bonetti, V. De Gaulejac Vincent, D. Descendre, Paris, PUF, 1979. Les minoritĂ©s actives, Serge Moscovici,PUF, 1979. Inconscient collectif et changement social, M. PagĂšs, Bulletin de psychologie, Paris, XXVI/17-18, n°308, pp. 928-940. La psychologie sociale, J. Maisonneuve, PUF, Que sais-je ? n° 458.

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l’agressivitĂ©, la sĂ©duction, le jugement, le pouvoir et les rapports au(x) pouvoir(s)....Les phĂ©nomĂšnes sous-jacents sont : le transfert et le contre-transfert, la projection, unereprĂ©sentation de, le dĂ©ni, le principe de plaisir, la puissance de dĂ©struction ou dedomination...

Le formateur doit non seulement en tenir compte mais travailler avec.

Illustration de rapports au savoir dans le cadre d’une dynamique collective.Nous savons par expĂ©rience que la passion ou l’émotion 26 sont des composantes durapport au savoir.

1 - Le cas d’un stagiaire qui est ou se positionne en spĂ©cialiste.

Le stagiaire Ă©nonce les savoirs en question. La place du formateur s’apparente plus Ă  une“posture” de stagiaire.* Comment le formateur rĂ©agira-t-il au savoir du participant ? Sera-t-il agacĂ© ? Se sentira-t-il remis en cause ? Donnera-t-il le temps d’un savoir partagĂ© ? Ecourtera-t-il les propos decelui-ci si sa motivation, sa connaissance dĂ©borde largement le sujet, qu’il monopolise letemps ou la parole d’un autre, que de toute Ă©vidence il s’agit d’une autre raison pluspersonnelle que celle du savoir en question ?* L’agacement sera-t-il celui d’un autre participant qui ne supporte pas ou se met encompĂ©tition ?* Le groupe se sentira-t-il â€œĂ©crasĂ© ou Ă©cartĂ©â€ de la situation ? De l’indiffĂ©rence ou del’agressivitĂ© latente est ressentie. S’agit-il d’une rĂ©action liĂ©e Ă  perte de temps, Ă  uneconduite ressentie comme une imposition, Ă  l’effet de brillance du savoir Ă©noncĂ© produitvolontairement ou non par celui qui monopolise la parole ? Serait-ce la parole premiĂšred’un timide, une tentative de sĂ©duire quelqu’un ou de crĂ©er un rapport de force avec leformateur ? Est-ce une rĂ©sultante d’un caractĂšre Ă©goiste ou celle d’une posture Ă©gocentrĂ©edu participant ? Ou alors la rĂ©surgence de besoins affectifs, d’une dĂ©pendance antĂ©rieure,rĂ©activĂ©s en quelque sorte par la similitude relative avec la scĂšne pĂ©dagogique, actuelle ?Or suivant la situation et le cas, c’est Ă  dire le public, les objectifs de formation, le climat, lephĂ©nomĂšne observĂ©, etc) : le doute, l’incertitude ou la difficultĂ© Ă©noncĂ©e s’installe.Le phĂ©nomĂšne explicitĂ© ou retraduit, le non-savoir “reconnu”, partagĂ© ou complĂ©tĂ©,dĂ©montrent concrĂštement des situations pĂ©dagogiques oĂč le rapport de rĂ©ciprocitĂ© estprĂ©sent, sans pour autant gommer les rĂŽles et places de chacun et tout en Ă©nonçant sinĂ©cessaire, des rĂšgles de conduite, les contraintes du temps et du programme.

Parfois, l’attitude du formateur de laisser la parole, de partager son rĂŽle, de prendre la placede..., la reconnaissance formulĂ©e qu’il ne sait pas, peuvent avoir un “cĂŽtĂ© rassurant” pourdes stagiaires, ĂȘtre une nĂ©cessitĂ© de comprĂ©hension pour la poursuite de l’exercice, uneillustration ou un complĂ©ment du sujet concret Ă  aborder.

Le formateur peut clairement expliciter la difficultĂ© contextuelle comme un phĂ©nomĂšne qui,dans la dimension groupale, la dĂ©cuple ou oeuvre dans sa pente naturelle. Celui-ci peut toutaussi bien proposer une participation, une aide des stagiaires comme une “constructioncollective” et Ă©laborer une rĂšgle, ĂȘtre covigilanT, etc.La simplicitĂ©, la souplesse, la rĂ©flexivitĂ© dans les propos pour dĂ©montrer les rapports enprĂ©sence peut soit ĂȘtre un message implicite en acte qui illustre des rapports au savoir, desrapports de pouvoir, des modĂšles et des reprĂ©sentations exprimĂ©s des rĂŽles, des conduites,des places, de soi, des autres et du formateurs. Soit elle est une application de la dĂ©marchepĂ©dagogique de rĂ©ciprocitĂ©.

26 Se reporter au Que sais-je ? n° 238O, Les émotions , Robert Dantzer, et plus particuliÚrement aux chapitres

2 et 5 : expressions des Ă©motions (pp 17/31) et facteurs de variations dans l’expression des Ă©motions (pp 89/111).Trace ou sens - le systĂšme Ă©motionnel, M. pagĂšs, Paris Hommes et groupes ,1986. Les systĂšmes socio-mentaux,M. PagĂšs, universitĂ© de Paris VII, UER sciences humaines cliniques, novembre 1980 , Bulletin de Psychologie,T. XXXIV, n° 350, 1981.

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* Le savoir est grand et le non-savoir est immense.* Le formateur n’est pas un sur-homme (femme).* Peut-on ĂȘtre coproducteurs de ce qui se joue ? Maintenant comment faire (ensuivant les objectifs) pour construire, dĂ©passer, rĂ©guler ? .

Ici nous abordons sommairement les questions des interactions dans un groupe et desrelations interindividuelles c’est Ă  dire des comportements, des rĂŽles suivant deux typesd’objectifs et ces omposantes dynamiques dĂ©terminent les rĂŽles ponctuels de chacun et laplace du formateur.

* S’agit-il d’objectifs opĂ©rtoires pour produire, pour qu’il y ait rĂ©sultat ? Noussommes dans les situations d’apprentissage ou d’exercice. Le rĂŽle du formateur estde rĂ©guler, d’énoncer seul ou ensemble la rĂšgle pour continuer.

* Ou s’agit-il d’objectifs pĂ©dagogiques pour qu’il y ait des conditions detransmission ? Le contenu est-il suffisant ? A-t-il Ă  voir avec les conduites humainesprĂ©sentes et ainsi ĂȘtre interrogĂ© voir ĂȘtre complĂ©tĂ© par un des aspects de ce casconcret.

2 - Le cas oĂč le sujet abordĂ© se rĂ©vĂšle ĂȘtre un point clĂ© pour l’apprenant ou un point“sensible” en tant que personne.

La situation soit met l’individu dans un rapport de “fragilitĂ©â€, soit la personne est dans unmoment d’insight ou en relation directe avec un Ă©vĂ©nement personnel antĂ©rieur. SituationsoĂč les Ă©motions Ă©mergent.Les Ă©motions sont dĂ©monstatives, peu acceptĂ©es. dans la rĂ©alitĂ© sociale. Il suffit deconsulter les traitĂ©s de pĂ©dagogie pour comprendre le peu d’intĂ©rĂȘt sur les sujets del’émotion et des sentiments. Leurs caractĂšres intimes et de dĂ©bordement rapide pour lapersonne en question et/ou pour les autres. Les situations fortes d’émotion crĂ©ent desphĂ©nomĂšnes de gĂšne, d’agacement, de jugement, porteurs des processus Ă©pidĂ©mique, dedĂ©structuration ou de destruction. Chacun aimerait Ă©viter ces dĂ©rangements par la magie dusilence, du dĂ©ni, de l’évitement hĂ©las maladroit ou tardif et qui l’accentue inĂ©vitablement.

Que fait lorsqu’on est formateur ?Suivant les circonstances - le contexte - et non les faits seuls.

Le formateur doit rĂ©agir et non feindre, autrement dire faire semblant de ne pas voir ou dene pas comprendre ; d’autant plus que le groupe n’est pas une identitĂ©-personne pour s’ens’apercevoir et que l’ensemble des personnes qui le compose est dans la mĂ©connaissancede ce qui se joue. Mais, malgrĂ© tout chacun est dĂ©rangĂ© voire atteint.

Par contre si les Ă©motions ont un caractĂšre de dĂ©bordement, l’expression Ă©motionnelle peutĂȘtre parfois la rĂ©sultante d’un dĂ©passement inĂ©vitable et nĂ©cessaire pour la personne.Le formateur utilise un signe 27 (rĂ©confort, reconnaissance), des techniques de rĂ©gulation(le contrat entre deux personnes, etc). Il peut aussi faire rĂ©fĂ©rence Ă  un auteur pour que lapersonne soit conviĂ©e Ă  approfondir le sujet.

27 En rĂ©fĂ©rence aux microsignes, se reporter Ă  L’analyse transactionnelle, G. Chandezon et A. Lancestre,

Puf Que sais-je ? n° 1936, et plus particuliÚrement aux chapitres 5 et 6: les signes de reconnaissance (pp54/59) etles différentes formes de sentiments (pp 60/74).

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La troisiĂšme dimension est institutionnelle 28 .Par son statut professionnel le formateur est placĂ© dans une position d’autoritĂ©.

Il faut accepter ce rĂŽle comme l’autoritĂ© reconnue d’ĂȘtre un professionnel qui apportequelque chose, qui contribue Ă ... qui est le garant de...

Mais cette autoritĂ© de statut (par le statut) n’est pas Ă  confondre avec :- l’autoritĂ© c’est Ă  dire la consistance, la fermetĂ© que peut avoir le formateur ; ni avec- l’autoritĂ© reconnue de la compĂ©tence voire de la spĂ©cialitĂ© du formateur, celle d’unespĂ©cificitĂ© d’approche ou celle de l’expertise et qui le place dans une positiond’intervention (les divers modes d’intervention) ; encore moins avec- les autres aspects de l’autoritĂ© : celui hiĂ©rarchique dans une relation de subordination,celui institutionnel (sans corrĂ©lation statutaire) dont le rĂŽle est d‘ĂȘtre un responsable de.. (enresponsabilitĂ©),- avec l’aspect plus caractĂ©riel en prenant l’exemple d’une personne autoritaire ou celuiplus comportemental par illustration de l’autocrate.

Cette confusion gĂ©nĂ©ralisĂ©e des notions d’autoritĂ©, fait du formateur une figure de pouvoir.Elle peut ĂȘtre celle que le formateur se reprĂ©sente ou ce qu’il croit devoir ĂȘtre : lesreprĂ©sentations du rĂŽle du formateur, le caractĂšre du formateur ou les styles de formateurc’est Ă  dire celui idĂ©alement “adoptĂ©â€ par le formateur sans tenir compte de la situation oude ce qu’il est 29 .

De plus, par sa place dans l’organisation ou par rapport Ă  l’organisme demandeur (commanditaire ou client de la formation) font que le formateur est pris souvent pour “leresponsable” de l’organisation, de l’entreprise. Il peut en ĂȘtre ainsi de tout partenaire 30 dusystĂšme formation.

Nous abordons les formes d’autoritĂ© et les rapports Ă  l’autoritĂ© ainsi que les formes depouvoir et les rapports au pouvoir dans les rapports au savoir. Etre formateur et le statut deformateur induisent ces diffĂ©rentes formes et rapports Ă  des niveaux multiples.

Les notions d’AutoritĂ© et de Pouvoir ne sont pas Ă  occulter, bien au contraire. Elles sontdans le registre des connaissances que le formateur doit s’approprier 31.

28 Quelques outils, supports thĂ©oriques et disciplines d’appui pour analyser les situations institutionnelles et

les jeux des acteurs : l’analyse institutionnelle, l’éthnomĂ©thodologie, la sociologie des organisations, lesphĂ©nomĂšnes bureaucratiques, etc.

29 Nous faisons rĂ©fĂ©rence Ă  trois auteurs qui chacun Ă  leur maniĂšre nous interrogent sur nos conduites en tantque formateur. L’article “La petite galerie des portraits de formateurs” oĂč EugĂšne Enriquez avec beaucoup d’humouramĂšne une rĂ©flexion Ă  partir d’une typologie de formateurs en quĂȘte de modĂšles ; les “identitĂ©s de façade”dĂ©montrĂ©es par Alex Mucchielli dans “L’identitĂ©â€ (rĂ©fĂ©rence citĂ©e) ; et plus particuliĂšrement Ă  l’attitude rogĂ©rienneĂ©rigĂ©e en mythe dans le milieu de la formation. Figure mythique du bon formateur, dĂ»e en partie Ă  :

- une confusion entre l’attitude, le rĂŽle et les prestations du formateur, - une incomprĂ©hension de l’oeuvre ou des pratiques de Carl Rogers, - une mĂ©connaissance de ce qui se joue au niveau du formateur dans la situation.

30 Tout partenaire de la formation peut entretenir cette confusion. Il s’agit aussi bien des stagiaires que desacteurs directes et indirectes que nous Ă©nonçons au long de cet exposĂ©.

31 De nombreux ouvrages thĂ©oriques et techniques traitent des rapports de pouvoir et des notions d’autoritĂ©.Pour une approche pluridisciplinaire de leurs aspects, nous vous proposons deux rĂ©fĂ©rences qui nous semblentĂȘtre complĂ©mentaires :

- “Les thĂ©ories du pouvoir”, Jacqueline Russ, Le livre de poche rĂ©fĂ©rences, 1994.- “L’autoritĂ©, Maurice Marsal, PUF, Ă©ditions Que sais-je ? n° 793, 1982.

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Il est nĂ©cessaire d’apprendre Ă  les connaitre, les reconnaitre, les nuancer et nous connaitre.Nous avons constamment Ă  Ă©lucider ces rapports entre pouvoirs, autoritĂ©s et savoirs.

L’acte de formation.

Les savoir-faire du formateur et les “supports” de mĂ©tier.

Les savoir-faire du formateur sont les dĂ©marches, les attitudes et les mĂ©thodesd’appropriation, de mĂ©diation et de dynamisation des savoirs qu’il propose et met en oeuvredans l’acte de formation. Sa pĂ©dagogie est en Ă©troite relation avec les objectifs fixĂ©s,l’animation et le public concernĂ©.

Les registres perceptifs.

Les registres perceptifs sont les premiĂšres courroies de transmission des savoirs.Pour se faire, le formateur intĂšgrent (si possible) dans ses pratiques et ses prestations, lestrois registes de perception : le visuel, l’auditif et le kinesthĂ©sique 32 .

Les perceptions ont une importance capitale dans les rapports au savoir 33 . Prenons deuxexemples pour illustrer l’intĂ©rĂȘt de ces registres pour transmettre que nous qualifionspremiĂšres et nos “primaires” courroies de transmission des savoirs.

1- Les savoirs cumulĂ©s.Prenons l’image de l’apprentissage “arrosoir” oĂč les savoirs sont dĂ©posĂ©s et le stagiaire seles approprie. Le formateur a la possibilitĂ© de faire :- dĂ©couvrir par un des sens telle odeur, couleur...,- de faire expĂ©rimenter par manipulation de produits telle rĂ©action chimique.Les pĂ©dagogies actives utilisent des mĂ©thodes qui mettent en oeuvre ces registes. L’accĂšsdes dĂ©marches pĂ©dagogiques passe par l’animation de...L’approche a des effets ludiques, d’étonnement et des consĂ©quences de vĂ©rification, derĂ©pĂ©tition qui permettent une plus grande mĂ©morisation des savoirs ou des savoirsprocĂ©duraux, objectifs d’apprentissage.Nous parlons des savoirs exogĂšnes Ă  transmettre.

2 - Un apprentissage comportemental.La formation s’appuie et/ou implique fortement certains registres perceptifs.Les savoir-faire et ĂȘtre passent par des exercices oĂč le corporel, l’affectif et les difficultĂ©s selaissent Ă  voir. Les perceptions, les Ă©motions sont intenses. Elles renforcent les “mises enjeu” souvent vĂ©cues comme une atteinte Ă  l’image du corps, de soi, ou est une confrontationavec ses reprĂ©sentations.Des sentiments d’insĂ©curitĂ© voire de peur peuvent ĂȘtre ressentis par les participants.Cet “ensemble perceptif” se traduit et explique en partie les sensations exprimĂ©es entermes de dĂ©structuration, de fissuration.34

32 Par kinesthésique nous entendons les registres affectif et corporel.

33 Actuellement de nombreuses recherches en sciences cognitives portent ces questions et ont tout intĂ©rĂȘtd’ĂȘtre connues des pĂ©dagogues.

34 Nous faisons référence au concept de dissonance cognitive de Festinger (Dissonance cognitive, culturelle etsociale) et aux expériences décrites dans des ouvrages collectifs sous la direction de René Kaës.

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Le changement ne se dĂ©crĂšte pas. Il n’est pas non plus un objet “extĂ©rieur” que l’onapporte ou que l’on pourrait emporter.Travailler sur le savoir-ĂȘtre comme sur le changementc’est travailler sur les rĂ©sitances et les mĂ©canismes dĂ©fensifs liĂ©s au changement.Le mĂ©canisme en jeu est celui d’une rĂ©duction des tensions internes.

Festinger dans sa thĂ©orie de la dissonance cognitive montre que le systĂšme deconnaissances, de croyances et des reprĂ©sentations d’une personne intervient sur lesperceptions et les conduites, pour rĂ©duire les dĂ©saccords logiques.Les principaux rĂ©sultats des expĂ©riences sur la dissonance soulignent que la nĂ©gation pureet simple d’une connaissance ou de ce qui se passe, peuvent se produire par le fait mĂȘmeque la personne est dans une impossibilitĂ© de l’entendre ou alors l’interprĂ©tation qu’elle enfait pour se l’expliquer ou se prĂ©server est tendancieuse : dĂ©ni, refus, dĂ©placement, etc.Le systĂšme cognitif Ă©volue en quelque sorte de maniĂšre “la plus” Ă©conomique pour lapersonne dans le but d’intĂ©grer le facteur de perturbation virtuelle (ou non) et atteindre unĂ©quilibre. L’individu dans ce cas n’est pas prĂȘt intellectuellement ou psychologiquement.

Dans ce type de formation ou de situation, les apports du formateur “extĂ©rieurs” Ă l’apprenant, servent d’explicitation et d’élucidation : de savoir ce qui se passe et se joue ;d’engager un processus d’intĂ©gration et d’intĂ©riorisation de ces savoirs.

La thĂ©orie de la dissonance cognitive s’applique Ă  la structure cognitive. Elle peut ĂȘtretransposĂ©e au systĂšme culturel et Ă  la mentalitĂ©. Ces dissonances identitaires existent aussibien dans le systĂšme culturel que le systĂšme cognitif individuel... Dans de tels systĂšmes ilne peut subsister sans tensions des Ă©lĂ©ments antagonistes. Les conflits internes ainsi crĂ©Ă©ssont plus ou moins supportables et l’identitĂ© en subit des contrecoups plus ou moinssĂ©rieux. 35

Nous disons que ces savoirs sont endogĂšnes : les savoir-ĂȘtre intĂ©grĂ©s, des comportementsen consĂ©quence, un travail personnel de sa conduite professionnelle, qui participent Ă  laconstruction de son identitĂ©, processus permanent .

Nous pouvons rencontrer des phĂ©nomĂšnes similaires dans d’autres circonstances,conditions et situations diffĂ©rentes :- les formations de longue durĂ©e et de frĂ©quentations intenses, mĂȘmes lieu et participants.- les formations de reconversion professionnelle,- les formations dites de dĂ©veloppement personnel,- les sĂ©minaires en rĂ©sidentiel.

Pour le formateur il sera nĂ©cessaire de partir, si possible, sur des exercices d’action etd’application afin d’entretenir l’effort et permettre cette mĂ©diation entre la difficultĂ© etl’estime de soi (estime de soi du stagiaire) : l’encouragement par un travail d’équipe, ladynamisation et l’explicitation des difficultĂ©s et des rĂ©sultats mĂȘme s’ils sont partiels et lareformulation parfois questionnante, explicative, synoptique ou synthĂ©tique du formateur, ladifficultĂ© soulignĂ©e ou la prise de risque reconnue et remerciĂ©e, l’humour (et non lesinisme), le tact......

Les conditions d’apprentissage

Les conditions seront en grande partie dĂ©terminĂ©es par les moyens mis Ă  disposition et les“supports” proposĂ©s ou conseillĂ©s. (formateur, stagiaires, organisme..)

Quelles sont les conditions d’apprentissage des adultes ?

Si nous voulons bien ĂȘtre attentif et mieux Ă©couter les stagiaires, sans chercher Ă  imiter voirereproduire nos souvenirs et/ou nos expĂ©riences passĂ©es, nous pouvons dĂ©gager une petite

35 p 92, “L’identitĂ©â€, Alex Mucchielli.

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dizaine de conditions et autant de questions pour trouver des dispositifs, des stratégies(modalités, supports, démarches, etc) qui répondraient en partie à ces conditions.

Pour qu’il y ait apprentissage, il faudrait ...

L’existence d’un dĂ©sir d’apprendre.Le postulat du volontariat et le principe de base de la demande personnelle du stagiaire, nesont ni des indicateurs suffisants, ni des garanties.

Le dĂ©sir apparait quand on sait Ă  quoi va servir ce que nous apprenons ou lorsque nous yavons des intĂ©rĂȘts : promotion, diplĂŽme, gratification, aĂ©ration, intĂ©rĂȘts intellectuels...Les intĂ©rĂȘts comme les dĂ©sirs, les manques et la “dynamique” sont des facteurs demotivation. Rares sont les stagiaires qui ont un intĂ©rĂȘt unique.Pour illustrer nos propos prenons l’exemple de l’intĂ©rĂȘt intellectuel unique.Il est plus facilement Ă©noncĂ© puisque :- cohĂ©rent, conforme, Ă  la dĂ©marche de se former,- convenable socialement,- avouable sans restriction ni risque de se sentir jugĂ©.Les sources et les structures d’information des savoirs sont nombreuses et variĂ©es : livres,bibliothĂšques, vidĂ©othĂšques, musĂ©es, confĂ©rences.... Les savoirs dĂ©jĂ  construits sontdisponibles et les infrastructures ont Ă©tĂ© largement dĂ©veloppĂ©es par les services publiques.Ils sont Ă  la portĂ©e de chacun en termes de prĂȘt face Ă  des dĂ©penses personnelles ou Ă  unbudget restreint. Ils rĂ©pondent aux besoins et Ă  la “curiositĂ©â€ intellectuels.La diffusion tout comme la mise Ă  disposition sont opĂ©ratoires lors d’apprentissage ; ceci Ă condition que la personne ait acquis une autonomie ou ne soit pas dans une reprĂ©sentationd’un interdit, social ou culturel 36 !Si notre exemple fait appel aux diverses notions et dimensions d’autonomie - celles-ci sontrĂ©duites voire minimisĂ©es alors mĂȘmes qu’elles demandent d’ĂȘtre et en permanenceexplorĂ©es et que formateur ne peut les ignorer.

En formation, l’autonomie est une donnĂ©e plus considĂ©rĂ©e comme une des conditions, unecomposante ou un facteur pour dĂ©finir des choix, des supports et des modalitĂ©sd’apprentissage. La diversification et le dĂ©veloppement des techniques pĂ©dagogiques,l’introduction de certains supports comme les logiciels informatiques et l’apparition deprofessionnalitĂ©s dans le mĂ©tier de la formation, ont permis d’engager des programmesplus intensifs, de concevoir la formation en dipositif(s) plus complexe et dans une logiquecombinatoire (rythme, durĂ©e, lieu, supports et personnels de formation).

Conception de la formation au-delĂ  de l’acte pĂ©dagogique et qui demande un savoirorganiser, coordonner et rĂ©guler (piloter). Ceci nous amĂšne Ă  une vision architecturale ettechnique de la formation d’oĂč l’apparition des notions d’ingĂ©nieries 37 et d’un nouveaumĂ©tier : l’ingĂ©nierie de formation est une conception de la formation avec ses propresprocĂ©dures et un mĂ©tier celui d’ingĂ©nieur de formation avec des savoirs ceux dĂ©clinĂ©s ciavant. Par contre l’ingĂ©nierie pĂ©dagogique est plus une organisation entre les pĂ©dagogues etune compĂ©tence de se centrer sur les difficultĂ©s d’apprentissage de chaque stagiaire :

36 En rĂ©fĂ©rence Ă  la nĂ©vrose de classe, Vincent de Gaulejac.37 C’est dans une conception d’ingĂ©nierie que les dimensions d’autonomie apparaissent le plus comme une

condition premiĂšre ou un des facteurs pour dĂ©terminer des modalitĂ©s. Pour exemples :- En ingĂ©nierie de formation, les degrĂ©s d’autonomie sont apprĂ©hendĂ©s et mesurĂ©s sous formes de contrat et de

tests de niveau lors de dispositifs d’individualisation.- En ingĂ©niĂ©rie pĂ©dagogique, les processus d’autonomisation participent Ă  l’axe “stratĂ©gique” : animation,

rythmes, supports et apports...- Pour les supports didactiques en informatique, il est prĂ©supposĂ© que l’appropriation des savoirs passe par le

principe d’autonomie du manipulateur et la comprĂ©hension des apports par la programmation pĂ©dagogique deslogiciels .

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aptitude de travailler en équipe pour permettre de varier les situations et une utilisationmultiple de techniques et de supports pédagogiques.

Dans l’axe pĂ©dagogique, l’autonomie est plus abordĂ©e sur l’angle du savoir Ă  prendre et Ă comprendre : le processus d’appropriation des savoirs, ceci Ă  l’exception des publicsdĂ©favorisĂ©s et des jeunes en difficultĂ©s.D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale l’autonomie semble aller de soi puisque nous avons affaire Ă  desadultes ! Or si l’autonomie nous semble ĂȘtre une prĂ©occupation majeure pour l’éducationdes jeunes enfants et pĂ©dagogique pour la formation initiale, elle est tout autant importantedĂšs qu’il s’agit de former des adultes ; des adultes qui ont acquis l’autonomie physique,civique et financiĂšre. Alors quels sont les autres aspects de l’autonomie que le formateurpeut inclure, quelle que soit la prestation de formation, ceci en termes de dĂ©veloppementpersonnel, de conduites sociales et affectives, d’aptitude intellectuelle de l’apprenantstagiaire ?Il est regrĂ©table que les orientations actuelles de la formation rĂ©duisent l’autonomie Ă l’usage stricto sensus des procĂ©dĂ©s pĂ©dagogiques : des maniĂšres de transmettre unapprentissage de savoirs exogĂšnes. Ou alors l’autonomie est classĂ©e dans deux registres :les formations personnelles et celles approfondies ou techniques rĂ©servĂ©es Ă  certainescatĂ©gories socioprofessionnelles. Leurs intitulĂ©s sont pour illustrer nos propos : la gestiondu temps, du stress, des ressources humaines, les techniques crĂ©ativitĂ©s, etc.

Pourtant l’autonomie dĂ©clarĂ©e ĂȘtre une compĂ©tence, reste le parent pauvre, peu considĂ©rĂ©eni dĂ©veloppĂ©e dans les milieux d’adultes et plus particuliĂšrement dans le champ de laformation pour concerver sa visĂ©e Ă©ducative 38 . L’autonomie est Ă  faire (re) connaitrecomme une des compĂ©tences professionnelles et personnelles Ă  acquĂ©rir, au mĂȘme titre queles savoirs thĂ©oriques, techniques, les savoir-faire ... programmĂ©s.

38 Si la formation a une fonction adaptative et qu’elle est fortement tributaire des facteurs socioĂ©conomiques

et budgĂ©taires, ces raisons ne peuvent pas expliquer pour autant la presque quasi disparition du terme Ă©ducationdans les textes officiels et les articles actuels sur la formation des adultes. Quant Ă  la mission Ă©ducative de laformation professionnelle et malgrĂ© les nombreuses dĂ©clarations, dispositifs formation et propositions financiĂšresengagĂ©s depuis les annĂ©es 85 pour que les entreprises remplissent ce rĂŽle, la fonction Ă©ducative de la formationsemble bien compromise. Le livre “L’entreprise tutrice” et en particulier le titre est un bel exemplaire des discoursincantatoires et des revendications des entrepreneurs qui occupent le marchĂ© de la formation. Il est Ă  soulignerque si les milieux de la production jouent un rĂŽle de plus en plus important, ils ne revendiquent plus aujourd’hui lavocation d’éduquer tel qu’il est entendu encore dans les milieux de la formation. C’est Ă  dire d’une Ă©ducation quise voudrait gĂ©nĂ©reuse tout en restant lucrative pour beaucoup, bĂ©nĂ©vole pour certaines associations, “neutre”pour les partisans de la dĂ©mocratie voire critique pour les libres penseurs ou ceux qui dĂ©veloppent cette capacitĂ©intellectuelle afin de permettre aux “stagiaires” de rester des sujets. Or si le : nous sommes dans l’ùre dus’adapter Ă  toute conjoncture , force est de constater que clarifier ce qui se joue et comprendre comment s’yprendre demande avant tout l’utilitĂ© de la capacitĂ© critique.

La situation prĂ©sente posĂ©e par la rĂ©duction des moyens et par consĂ©quent ceux pour se former, nous apparaitavoir toujours Ă©tĂ© le cas dĂšs l’origine des besoins de transmission des savoirs appliquĂ©s dans le monde du travail etde son organisation. C’est en ce sens que certains parlent de rĂ©gression ou de pertes des acquis sociaux. Elle nousramĂšne (dĂ©voile) ou rappelle les liens Ă©troits qui ont toujours existĂ©s entre le monde du travail, celui de laformation et l’histoire des institutions Ă©ducatives et sociales (ex : la famille, l’école, associations culturelles, etc)ainsi que les luttes politiques pour obtenir des protections et des garanties sociales et culturelles : une Ă©ducationsans sĂ©lective et Ă©loignĂ©e des contraintes Ă©conomiques ou patronales. Or le lien le plus Ă©vident est celui desconditions premiĂšres qui rĂ©gissent le droit Ă  formation : il faut ĂȘtre en statut de travailleur pour dĂ©poser un congĂ©formation ou que celle-ci soit financĂ©e. Le droit Ă  la formation est donc un corollaire du droit au travail.

L’oubli de ces liens peuvent s’expliquer en partie par la loi de 71 qui participait Ă  l’essor de la formation Ă une pĂ©riode Ă©conomique encore favorable pour penser investir. Les annĂ©es 80 et une succession de crises ontdĂ©veloppĂ© pour ainsi dire la fonction plus sociale de la formation afin de tenter d’endiguer un chĂŽmage croissantou de rĂ©guler une situation sociale et Ă©conomique , ceci en accordant des allĂšgements, des crĂ©dits, des dispositifs deformation ou des statuts juridiques particuliers (exemple le CES) pour de nombreux et divers publics “hors”travail.

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C’est dans les formations dites de dĂ©veloppement personnel que nous retrouvons la notiond’autonomie. Elle est alors la compĂ©tence induite ou Ă  travailler collectivement dans legroupe (dynamique de groupe) ou lors d’exercice. Son apprentissage passe parl’expression de... et l’élucidation â€œĂ©clairĂ©e” (apports thĂ©oriques et techniques) descomportements et des phĂ©nomĂšnes de groupe. Nous parlons alors d’autorisation 39 et dematuration 40 .

Mais comment tenir compte des situations “limites” oĂč la nĂ©cessitĂ© voire les urgences etcontraintes extĂ©rieures aux apprenants font que : l’autonomie, le dĂ©sir, les besoins deformation sont vĂ©cus comme Ă©tant le “luxe des autres” ?Certes l’incertitude, l’angoisse du licenciement, la marginalisation... sont des peurs et dessouffrances qui peuvent l’emporter sur les Ă©tats d’ĂȘtre et d’ñme. Si le : On n’a pas le choix semble ĂȘtre une rĂ©ponse de (la) raison rationnelle ou un processus de soumission(victimation) plus qu’une motivation. La situation est dĂ©licate et plus complexe que leslogiques et les discours formels. Que fait-on en tant que formateur du : J’ai besoinseulement du papier signĂ© pour recevoir mes assĂ©dic ?

Les effets dits secondaires de la peur de l’exclusion, d’ĂȘtre diffĂ©rent, de la galĂšre ou de ladĂ©rive suivant l’ñge de la personne... peuvent crĂ©er des phĂ©nomĂšnes de dĂ©mobilisation, deparalysie, d’agressivitĂ©, de rationalisation, de discours multiples.LĂ  plus que jamais apparaissent les nĂ©cessitĂ©s d’exprimer et d’apprĂ©hender ce qui se passeet de faire simplement et progessivement des liens.

- Le lien.Les liens sont nombreux et de nature diffĂ©rente.Les liens participent aux critĂšres de cohĂ©rence dans l’acte de formation.Nous retrouvons la problĂ©matique du lien dans l’approche du concept de reliance de MarcelBĂŽle de Bale et la notion de lien dans le thĂ©orie de la motivation de J. Nuttin ainsidĂ©veloppĂ©e pour comprendre les facteurs et les variables de motivation et de dĂ©sird’apprendre. Les mises en situation (action) ou en exercice Ă  plusieurs permettent dedĂ©velopper des sentiments de solidaritĂ© : un aspect social du lien.Si la solidaritĂ© est un des liens puissants qui a des effets de levier et de bien ĂȘtre,actuellement le formateur ne peut guĂšre compter sur le hors formation pour que lesstagiaires aient ces rĂ©flexes de partage, de stimulation et d’encouragement ou soientaffectivement Ă©paulĂ©s par l’ùre ambiant 41 .

Une disciplinaire unique pour comprendre les liens entre la formation, les savoirs et lamotivation nous semble plus que restrictive. Le dĂ©sir, le plaisir par empreints de conceptsdes thĂ©ories psychanalytiques comme produits du manque, de la frustration, de la libido, dela sublimation etc, en termes de sexualitĂ© ou de dĂ©fenses, nous apparaissent une approcheinsuffisante pour comprendre les aspects pĂ©dagogiques des situations (dĂ©)formativesprĂ©sentemment exposĂ©s.Si des liens entre les savoirs peuvent “solidifier” les connaissances et restructurer lessavoirs morcelĂ©s, parfois, les rapports possibles entre l’Histoire, les expĂ©riences du stagiaireet des autres stagiaires sont les liens bien venus. Ceux de la situation de formation parrapport Ă  la situation professionnelle et/ou les autres situations sont aussi des liaisonspossibles.

39 S’autoriser : concept de Jacque Ardoino, dĂ©veloppĂ© par Rolande Robin (DEA).

40 Maturation, notion développée par Bernard Honoré (processus de maturation, réflexivité et formativité) etAlex Mucchielli (identité mature), dans deux ouvrages présentement référencés.

41 Nous faisons ici allusion au post-modernisme avec ses consĂ©quences: l’individualisme, le systĂšme D desnotions de stratĂ©gies du vainqueur ainsi que les ambiguitĂ©s et les malaises actuels relatĂ©s dans La misĂšre dumonde sous la direction de Pierre Bourdieu, Ă©ditions Seuil.

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Le stagiaire est co-acteur voire auteur 42 de sa formation.Pour qu’il y ait appropriation et/ ou confrontation, il faut que les stagiaires aient quelqueschoses Ă  rĂ©aliser : c’est en faisant que l’on apprend.C’est en se heurtant Ă  une difficultĂ© que le stagiaire appelle la connaissance ou qu’il sent unappel de connaissance qui rĂ©ponde Ă  un besoin : thĂ©orique, technique, pratique ouexplicatif.

L’apprentissage procure un sentiment de libertĂ©, d’autonomie voire de dĂ©passement. Unprogramme trop acadĂ©mique, trop rigide le permet rarement. Il est nĂ©cessaire de rĂ©flĂ©chir aurythme, aux supports, aux conditions entre les sessions. Exemples : Que faisons-nous de lafatigue de la troisĂšme heure, de la “sieste intellectuelle” de l’aprĂšs-dĂ©jeĂ»ner, d’unesaturation du thĂ©orique ?

Le travail, l’exercice, le support d’apprentissage... doit procurer un certain plaisir pourcelui qui apprend.Ceci nĂ©cessite une programmation parfois la construction de l’exercice, d’un outil : uneaide, une mĂ©thode opĂ©ratoire intermĂ©diaire expliquĂ©e, une gestion du temps et aussi unealternative dans les exercices, les modalitĂ©s, pour qu’il y ait choix des stagiares.

Nous abordons la question des stimulations entretenues.Par exemple pour des rĂ©sultats opĂ©ratoires intermĂ©diaires lors d’une “oeuvre”, d’unmĂ©moire. Les mĂ©hodes, les supports, des personnes ... toute modalitĂ© existante peut ĂȘtreproposĂ©e ou inventĂ©e.

Sauf exception, l’apprenant ne doit pas ĂȘtre “seul” dans une situation d’apprentissage.Mais la situation groupale est Ă  gĂ©rer. Si la situation collective permet de ne pas ĂȘtre isolĂ©,elle peut aussi favoriser des rĂ©actions d’isolement : les phĂ©nomĂšnes d’évitement et deretranchement.Le formateur doit avoir de bonnes expĂ©riences des dynamiques et des phĂ©nomĂšnes degroupe, ĂȘtre vigilent et crĂ©er un climat de confiance. Des rĂ©gulations, mĂȘme nonprogrammĂ©es peuvent ĂȘtre nĂ©cessaires. Le formateur doit dĂ©velopper des solidaritĂ©s (lien etsoutien) parmi les stagiaires.Que faire des exercices lorsqu’ils renforcent des phĂ©nomĂšnes de rivalitĂ© ou de compĂ©titionqui “naturellement” ont Ă©mergĂ©s ?

Un accĂšs Ă  des sources d’information diversifiĂ©es.Si nous avons un enseignement ou un programme uniquement basĂ© sur un typed’information, il y a de grandes chances que les sources uniques ne conviennent pas Ă  tous.Peut-on parler d’autonomie, de rapports au savoir...?

Les diverses conditions matĂ©rielles que nous n’énonceront pas ici, influencent aussi l’acteet l’animation d’une formation.43

Les méthodes pédagogiques.

42 Etre auteur dans une perspective de formation, revient Ă  dire se coformer en incluant trois aspects :

l’autonomie, la dimension collective (s’autoriser) et celle organisationnelle en tant que co acteur. Alors lesquestions sur l’engagement tridimensionnel sont posĂ©es : les responsabilitĂ©s et la responsabilisation Ă  tout niveau(personnalitĂ©, potentialitĂ©, motivation et intĂ©rĂȘts, place, rĂŽle, objectifs...).

43 1- Les conditions matĂ©rielles : de l’environnement Ă  l’architecture des locaux, du petit matĂ©riel Ă  ladisposition de la salle, des petites pauses fumeur-boisson Ă  une salle de dĂ©tente....

2- Les modalitĂ©s d’un dispositif de formation conditionnent aussi l’acte pĂ©dagogique. Pour exemples :l’individualisation, le modulaire, l’ alternance, les recherche-formation, recherche-action, formation-action...

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Les méthodes sont le plus souvent classées en trois grands types de caractéristiques.

- Les mĂ©thodes actives permettent que le stagiaire retienne mieux ce qu’il fait lui-mĂȘme.Les Ă©tudes de cas font partis de la classification “active” des mĂ©thodes. Celles qui sontproposĂ©es par un stagiaire ou qui relĂšvent d’un cas concrĂȘt du travail sont plussignificatives pour lui. Alors la transfĂ©rabilitĂ© des savoirs peut ĂȘtre envisagĂ©e.

- Les mĂ©thodes interrogatives oĂč le stagiaire dĂ©couvre selon un “itinĂ©raire” prĂ©vu parl’animateur.

-Les méthodes affirmatives sont ou expositives (le stagiaire reçoit) ou démonstratives(le stagiaire reçoit et agit).

Les mĂ©thodes peuvent requĂ©rir une dĂ©marche dĂ©ductive oĂč la rĂšgle, le principe, le savoir est exposĂ© puis appliquĂ©.Par contre la dĂ©marche inductive est celle oĂč nous procĂ©dons par tatonnement etessais/erreurs, la rĂšgle est ensuite exposĂ©e.La dĂ©marche comparative peut ĂȘtre un dĂ©veloppement en “dialogue”, une lecture multipled’un sujet ou d’une progression des connaissances. Exemple : le thĂšme de la famille peutĂȘtre abordĂ© Ă  partir d’exemples familiaux de plusieurs sociĂ©tĂ©s, sur le plan juridique,historique, sociologique avec les aspects Ă©conomiques...

B - Les supports de métier 44

L’exposĂ©, la dĂ©monstration, la confĂ©rence :Postulat : nous sommes dans les savoirs exogĂšnes, extĂ©rieurs Ă  l’apprenant.

Principes. Qu’il s’agisse de savoirs scientifique, technique, de savoirs en pratique(expĂ©riences relatĂ©es) ou d’information - ces savoirs sont considĂ©rĂ©s comme la “base”indispensable ou incontournable des savoirs existants, dĂ©jĂ  construits et qui, dans lasituation prĂ©sente de la formation, sont les manquants (les Ă©carts).Nous sommes dans les contenus qu’il est nĂ©cessaire d’énoncer.

Trois types de contenus exposĂ©s demandent Ă  ĂȘtre discerner pour comprendre les niveauxde formation de ceux qui sont en situation “d’écoutant”.

- les apports thĂ©oriques : scientifiques, techniques, sociaux- les apports informatifs : messages, consignes, orientations, expĂ©riences d’unpraticien, des actualitĂ©s...- la confĂ©rence cultuelle : une oeuvre, un pays, une Ă©conomie, un auteur...

Les contenus peuvent prendre diverses formes en termes de traitement et de développement.

44 La classification proposée dans ce sous chapitre pour présenter les moyens et les modalités de transmission

des savoirs, a un caractĂšre rĂ©ducteur et volontairement partial, comme toute classification et typologie. Le choix decette prĂ©sentation a l’avantage d’ĂȘtre une dĂ©marche de traitement donc une mĂ©thode pour “ cerner ce qui peut ĂȘtrecernable” dans la confusion des intitulĂ©s et des appelations “vagues”, ou par les mixages (combinatoire) demĂ©thodes, de supports tels que nous les trouvons dans le champs de la formation.

Remarques. D’une part les appelations imprĂ©cises ou sans rigueur, pour dĂ©signer des modalitĂ©s de formation etd’autre part les “toilettages” et les nombreuses adaptations pĂ©dagogiques confĂšrent en partie ce caractĂšre nĂ©buleuxdes pratiques de formation pour toute personne peu expĂ©rimentĂ©e Ă  ce milieux.

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ModalitĂ©s. ConfĂ©rence, symposium, cours magistral, intervention d’un spĂ©cialiste, d’expert,un “tĂ©nor” seul ou en table-ronde, prĂ©sentation d’un collĂšgue, d’un hiĂ©rarchiqueinstitutionnel ou autre, dĂ©monstration seule ou commentĂ©e.

Dans le cadre du sĂ©minaire ou d’une modalitĂ© “informative ou formative” dont on veutpartculiĂšrement marquer le caractĂšre officiel ou Ă©vĂ©nementiel, l’ouverture de sĂ©ance prendraun ou plusieurs attributs Ă©noncĂ©s ci-avant.

Les supports d’accompagnement suivent l’exposĂ© (illustration aprĂšs) ou servent Ă  exposerc’est Ă  dire comme illustration immĂ©diate.Exemples de supports : diapositives, transparents, schĂ©mas projetĂ©s ou distribuĂ©s pourillustrer, vidĂ©o ou film, dĂ©monstration “rĂ©elle” simultanĂ©ment enregistrĂ©e et projetĂ©e, avecune cartographie, tableaux ....etc.

IntĂ©rĂȘts.Les supports comme les exposĂ©s sont des “renforçateurs” de la dĂ©marche pĂ©dagogique,des “facilitateurs” d’apprentissage : meilleures mĂ©morisation, visibilitĂ©, comprĂ©hension.Ils sont aussi des moyens de rentabilitĂ© en temps, en Ă©conomie (finances et Ă©nergie)La qualitĂ© d’illustration permet Ă  l’exposĂ© d’ĂȘtre plus attractif, plus vivant. Ils peuvent ĂȘtredes entractes et des moyens de dynamisation : effets d’aĂ©ration, d’activation, de curiositĂ©,face Ă  l’usure, la passivitĂ© ou l’isolation.

Les stratĂ©gies de l’exposĂ©.Soit en dĂ©but d’une session pour impliquer ou marquer le stage, ou par nĂ©cessitĂ©pĂ©dagogique avant des exercices.Soit aprĂšs un exercice afin de faire un effet d’appel du savoirs en complĂ©mentaritĂ©, oulorsque l’apprenant semble “bloquĂ©â€.Pour dĂ©montrer, illustrer ou Ă©clairer ce qui a Ă©tĂ© fait antĂ©rieurement : exercice, expĂ©riences,etc.C’est donc une question de stratĂ©gique pĂ©dagogique ou d’animation en relation Ă  : la“culture environnante” qui prĂ©fĂšre ou aime le discours, l’abstrait, la brillance de... uncertain dĂ©corum du prestige ou du spectacle, suivant le public qui attend du pragmatique,d’ĂȘtre animĂ©, en fonction du contenu, des objectifs, des conditions et contraintes diverses.Exemples : une programmation aprĂšs le dĂ©jeuner, une formation trĂšs acadĂ©mique, unformateur dĂ©butant... Se reporter au chapitre les mĂ©thodes pour choisir la forme (le traitement du contenu) devotre exposĂ© et de ce que vous chercher Ă  dĂ©montrer.

Nous retrouvons ici l’art de l’exposĂ© dont les formes et les techniques font l’objet denombreux manuels. Cette compĂ©tence s’acquiĂšre essentiellement par expĂ©riences rĂ©pĂ©tĂ©es.L’apprentissage progressif passe d’une demi-heure Ă  trois heures d’exposĂ©.Comment s’aider ?

- en préparant un plan le plus synoptique possible avec des sous-points commerepÚres en forme de points clés.

- en s’appropriation des contenus bien dĂ©limitĂ©s, en variant les traĂźtements et lesdĂ©veloppements Ă  partir d’un mĂȘme contenu, par un choix de la mĂ©thode suivant lethĂšme, les contenus, les publics, les moments des exposĂ©s et les effets pĂ©dagogiquesescomptĂ©s (inductif, dĂ©ductif, comparatif, chronologique...),

- en choisissant l’heure si c’est possible : la difficultĂ© des heures est de fait uneprĂ©occupation de tous (rythmes, progression, dĂ©veloppement, etc)

- en s’exerçant, par simulation et rĂ©pĂ©tition, par traces enregistrĂ©es pour s’amĂ©liorer(magnĂ©tophone et vidĂ©o... voir jeu de rĂŽle, autoscopie), par la formalisation orale,Ă©crite.

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MĂȘme si de par nature, vous ĂȘtes un formateur ou une formatrice des mĂ©thodes actives ...!

Les exercices.Postulat : faire faire des exercices.

Principes.Nous sommes dans l’appropriation, l’application des savoirs par l’exercice et dans la miseĂ  l’épreuve du stagiaire.Les exercices sont des supports Ă©crits ou des “rĂšgles et des consignes” orales.Dans les deux cas, les consignes doivent ĂȘtre clairement Ă©noncĂ©es voire explicitĂ©es avantl’exercice. Les exercices oraux sont plus frĂ©quement utilisĂ©s pour des raisons de rapiditĂ© oulorsque l’objectif est la fluiditĂ© orale. Ils sont recommandĂ©s pour les publics bloquĂ©s parl’écrit ou en saturation des Ă©crits. Le passage de l’oral Ă  l’écrit progressif est une stratĂ©giepĂ©dagogique pour les publics en difficultĂ©s : “B.N.Q” (bas niveaux de qualification),publics de langue Ă©trangĂšre, fragilisĂ©, illettrisme...

ModalitĂ©s et supports.Les exercices sont Ă  construire d’avance. Parfois il est nĂ©cessaire d’ avoir plusieurs typesd’exercices pour laisser un choix aux stagiaires, pour gĂ©rer l’imprĂ©visible suivant lanĂ©cessitĂ© du moment. Parfois un stagiaire suggĂšre une modification ou propose unexercice. Vous pouvez aussi vous trouver dans la situation de modifier un exercice, uneconsigne, au dernier moment. Cela peut aller jusqu’à un changement radical dans votreprogramme : annulation, temps plus long pour l’exercice, regroupement d’exercices...Il faut savoir s’adapter et utiliser l’opportunitĂ© ou la pertinence des situations.

* L’exercice peut ĂȘtre : individuel ou collectif (petits groupes) ou un “mixage”(individuel/collectif). Il peut correspondre Ă  des Ă©tapes d’une mĂ©thodologie (addition demĂ©thodes) ou Ă  des objectifs pĂ©dagogiques par effets : didactique, dynamisation,valorisation, activation, implication..

* Si l’objectif principal est le rĂ©sultat, il est question d’efficacitĂ© : par Ă©noncĂ© de consignesou de rĂšgles, par explicitation d’une mĂ©thodologie si nĂ©cessaire, afin d’aider au bondĂ©roulement de l’exercice et du groupe en exercice. Les Ă©tapes/objectifs intermĂ©diairesformalisĂ©s oralement ou par Ă©crit au paper-board servent de points de repĂšre. Si le groupedoit trouver les mĂ©thodes de traitement, il s’agit alors de faire dĂ©couvrir des savoirsprocĂ©duraux par tatonnement et interroger les comment et formaliser les difficultĂ©s pourextraire la mĂ©thode sous jacente. SI l’exercice est une application de savoirs procĂ©duraux, lerecours Ă  des exemples et des contre exemples peut ĂȘtre l’illustration didactique desdiffĂ©rences qui amĂšnent l’usage de telle mĂ©thode plutĂŽt qu’une autre.

* Le rĂ©sultat peut ĂȘtre remis en commun : pour expliquer la mĂ©thode utilisĂ©e, pour traĂźter le“sujet” abordĂ© : procĂ©dures, analyse.., pour expliquer : “oĂč on en est” et les difficultĂ©srencontrĂ©es (pĂ©dagogie de l’obstacle).

* Dans le cas de petits groupes (groupes de tĂąche), il faut de prĂ©fĂ©rence et Ă  l’avancedonner la consigne d’un rapporteur et/ou d’un secrĂ©taire : appentissage du travail collectif.

IntĂ©rĂȘts et stratĂ©gie des groupes de tĂąche.Le savoir abordĂ© est mis en application et Ă  l’épreuve par diffĂ©rents exercices permettant,suivant la construction des exercices, d’exploiter d’une maniĂšre plus approfondie le thĂšme.La mise en commun est alors un apport complĂ©mentaire pour les autres stagiaires, mĂȘme siceux-ci n’ont pas fait l’ exercice.D’autre part, le “choix” des stagiaires lors de la constitution des groupes, permet auformateur d’observer les “intĂȘrets de chacun”. Ces interĂȘts peuvent ĂȘtre de naturediffĂ©rente.* Le thĂšme : par rapport Ă  la dĂ©couverte ou la difficultĂ©, Ă  sa ludicitĂ© ...Nous sommes dansles rapports au savoir.

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* Les phĂ©nomĂšnes relationnels liĂ©s Ă  la construction d’un groupe de travail 45 :la constitution de groupe faite au hasard, ex : la proximitĂ© directe, est plus observĂ©e au dĂ©butd’une formation.* Le choix des partenaires par rapport aux comportements et aux relations entre lesstagiaires. Exemples : sympathie/antipathie, attraction/Ă©vitement, affinitĂ©s, valeurs partagĂ©esou pas, etc.* Par rapport Ă  “l’efficacitĂ©â€ de production dans le groupe. Exemples : choix despartenaires pour la complĂ©mentaritĂ© des compĂ©tences observĂ©es, les prĂ©occupationsorganisationnelles des membres (rappel de rĂšgles ou demande d’élaborer une mĂ©thodecommune, etc).

La discussion de groupe et la conduite de rĂ©union .Postulat : pratiques collectives, modalitĂ©s d’échange et phĂ©nomĂšnes communicationnellesinteractifs.

Principes.Ces deux modalitĂ©s d’échange n’ont pas les mĂȘmes objectifs. Les procĂ©dures decommunication pour organiser les Ă©changes sont fonction des objectifs Ă©noncĂ©s ouescomptĂ©s. Il en est de mĂȘme pour l’aide aux dĂ©cisions.

ModalitĂ©s.L’animation doit ĂȘtre menĂ©e par le formateur. Les diverses “techniques” de discussion etles procĂ©dures de conduite sont largement diffusĂ©es. Elles s’approprient essentiellement enles pratiquant et par expĂ©riences. Des connaissances issues des sciences humaines, enparticulier de la psychosociologie, associĂ©es Ă  une bonne Ă©coute et observation,“nourrissent” et complĂštent la comprĂ©hension par une lecture “plurielle” desphĂ©nomĂšnes. Ces pratiques de groupe passent par un travail et/ou une connaissance de soi(travail comportemental, de crĂ©ation, d’analyse : jeux de rĂŽle, improvisation, psychodrame,groupe Balint... )

Les jeux de rĂŽle, les mises en situation et les simulations.Postulat : des apprentissages grandeur nature.

Principes : mise en situation rĂ©elle, simulĂ©e ou fictive.Cet “outil”, ces supports, le formateur doit savoir les manier.

ModalitĂ©s et intĂ©rĂȘts.Pour ces types de modalitĂ© et de support, l’apprentissage est plus de l’ordre ducomportemental des savoir-faire, ĂȘtre et vivre. Il suppose des conditions et des rĂšglesparticuliĂšres Ă©noncĂ©es voire nĂ©gociĂ©es, dĂšs le dĂ©but et parfois au cours des sessions. Lerespect et un climat de confiance sont Ă  crĂ©er, Ă  construire collectivement. Le formateur doitĂȘtre vigilent, il est le garant.

Les supports d’accompagnement.De plus en plus ces modalitĂ©s de formation sont accompagnĂ©es voire complĂ©mentĂ©es pard’autres supports techniques. Dans des cas trĂšs prĂ©cis la complĂ©mentaritĂ© est indipensable.Exemple des formations dites approfondies ou de perfectionnement : le recours Ă  la vidĂ©oou magnĂ©tophone pour enregistrer les traces de travail, faits interactifs, microsignes,intonnations, les expressions, etc. Ce qui permet des arrĂȘts et retours sur images ou desfeedback.D’autres outils d’accompagnement sont possibles : le(s) observateur(s) suivant certainesrĂšgles, les diapositives, etc.

Les utilisations pĂ©dagogiques, les intĂ©rĂȘts et les limites.

45 En références aux travaux de J. L. Moreno et le sociogramme.

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L’apprentissage de certains mĂ©tiers demande de jouer le rĂŽle ou de se mettre dans la peaude l’autre pour cerner, comprendre ou intĂ©grer ; les diffĂ©rences, les diffĂ©rents (ceci sans jeude mots)t ou la logique de l’autre.Exemple de l’apprentissage des techniques de vente : un vendeur et des clients virtuels misen scĂšne pour vivre diffĂ©rentes situations et ses variables afin d’acquĂ©rir des savoirscomportementaux.D’autres objectifs de formation aux conduites professionnelles: les fonctions d’acceuilphysique ou tĂ©lĂ©phonique, la conduite de rĂ©union, etc.

Pour illustrer un apport thĂ©orique ou stimuler des Ă©changes (“rompre la glace”) : faireexprimer les points de vue entre stagiaires....Dans ces cas le jeu de rĂŽle est “l’espace possible mĂ©diateur”, la similitude est une “rĂ©alitĂ©proche, approchĂ©e, vĂ©cue. Le formateur doit ĂȘtre le garant d’un code Ă©thique et de conserver“l’intĂ©gritĂ©â€ des personnes.

Dans le cadre de la simulation d’une situation ou pour une “rĂ©pĂ©tition” de gestes avecappui. La cassette vidĂ©o oĂč est enregistrĂ©e une “rĂ©elle” situation, Ă©coute (bande) de sons, images de synthĂšse, manipulation d’outils....La simulation est une condition de repĂ©rage et de rĂ©pĂ©tition indispensable Ă  l’apprentissage.En effet certaines professions demandent un apprentissage grandeur nature ou sur le vif,dont les consĂ©quences de l’apprenti seraient “coĂ»teuses”, dangereuses voire dramatiques.

Actuellement se dĂ©veloppent des formations interactives entre stagiaires, le formateur etdes stagiaires ou entre un animateur et des participants, ceci par les moyens decommunication non-directes tels que l’ordinateur, le tĂ©lĂ©phone, la tĂ©lĂ©copie...Exemples.

- Une formation Ă  l’accueil tĂ©lĂ©phonique : la conception du dispositif interactif tĂ©lĂ©phoniqueest animĂ© par un moniteur, le suivi est complĂ©tĂ© par des supports papier (apports thĂ©oriques,mĂ©thodes, programmes, explications “appels”....) - sans rencontres physiques.

- Une Ă©mission suivie d’un dĂ©bat formatif ou informatif par rĂ©seau tĂ©lĂ©phonique, tĂ©lĂ©visuelou informatique.

- Un atelier d’écriture “savoir rĂ©diger des articles” dont la conception est une formationalternĂ©e de sĂ©ances groupĂ©es pour stimiler, rĂ©flĂ©chir et faire des apports techniques,d’accompagnement individuel par tĂ©lĂ©phone (stimilation et explications) et de correctionspar tĂ©lĂ©copie des Ă©crits personnels.

Parfois le jeu de rĂŽle peut apparaĂźtre comme un simulacre, une manipulation pouvant allerjusqu’à un sentiment de rĂ©duire, d’infantiliser voire de caricaturer.Il est prĂ©fĂ©rable de mettre en oeuvre une situation directe, “rĂ©elle” avec les stagiaires Ă partir de leurs suggestions sous forme d’énoncĂ© d’une situation vĂ©cue.Si l’exercice est un rĂ©cit expĂ©rientiel Ă  exploiter, le formateur doit avoir â€œĂ©tabli” un climatde confiance et un contrat “moral” avec le groupe, sur la base du volontariat et par laconstruction de rĂšgles : la confidentialitĂ©, le non-jugement et l’exploration (questionnante)avec des possibilitĂ©s Ă©noncĂ©es - sans obligation de se justifier - de ne pas rĂ©pondre, del’arrĂȘt du rĂ©cit, de la prise en compte des Ă©motions ou du risque.

Les mĂ©thodes de cas.Postulat : l’étude de cas est “une dĂ©marche et une logique inverses de l’exposĂ©â€.

Principes.Le problĂšme est un cas concrĂȘt ou proche de la rĂ©alitĂ©.

- L’étude pour comprendre, recherche d’ Ă©vĂ©nements, de savoirs, dĂ©couvrir lessavoirs nĂ©cessaires, d’hypothĂšses....

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- La rĂ©solution du problĂšme : appliquer pour traĂźter le “problĂšme”, vĂ©rifier lesmĂ©thodes utilisĂ©es et les rĂ©sultats. Mesurer les Ă©carts et aller chercher les savoirsmanquants.

L’étude de cas part du principe d’adaptabilitĂ© : des savoirs adaptĂ©s et Ă  adapterconcrĂštement, de l’application des savoirs et des mĂ©thodes par le stagiaire pour rĂ©soudre lecas. L’étude de cas se veut une appropriation de fait oĂč les questions de transfert dessavoirs sont induits par le traĂźtement.

ModalitĂ©s.Il est nĂ©cessaire de construire ou de prendre des cas appropriĂ©s. Les stagiaires peuventapporter leur expĂ©rience, leur cas. Nous sommes au plus prĂšs des rĂ©alitĂ©s du terrain, dessituations professionnelles, facilitant ainsi une meilleure comprĂ©hension des apportsthĂ©oriques pour les stagiaires ainsi qu’une implication de ceux-ci.Il faut alors traĂźter les cas d’une façon rigoureuse et connaitre parfaitement les procĂ©dureset mĂ©thodes de cas. il faut aussi faire l’exploitation concrĂštement.

StratĂ©gie pĂ©dagogique et intĂ©rĂȘts et limites.Ce sont des questions de dynamique du groupe, du “meilleur” traĂźtement d’un sujet, ducontexte de la formation programmĂ©e : besoin de valorisation, dynamisation, de la“culture” ou la “tempĂ©rature” environnante...du public. TrĂšs souvent les stagiairesprĂ©fĂšrent le concrĂȘt, se “disent des pragmatiques”, ont une “allergie” du discours ou duthĂ©orique.

Les démarches et les techniques de créativité.

Deux principes et leurs intĂ©rĂȘts :

*Soit les dĂ©marches ou techniques ont pour visĂ©es l’exploration, l’innovation, le“changement”, le dĂ©passement :rĂ©vĂ©ler, Ă©veiller, rechercher, “changer”, passer d’une logique Ă  une autre, d’un registre Ă  unautre, changer de paradigme.

*Soit les exercices ont pour objectifs de dynamiser : animer, dĂ©bloquer, Ă©chauffer,permettre un lĂącher-prise, dĂ©velopper l’intuition, la flexibilitĂ© d’ĂȘtre et de penser, sesfacultĂ©s d’improvisation par l’apprentissage de l’insolite, du “non-connu”, du “ditrisque” d’ĂȘtre avec les autres pour explorer l’autorisation, l’authenticitĂ©, le faux self. Laconfiance en soi, l’estime de soi pour ne citer que ces notions, demandent de s’exercer dansune dimension collective face aux autres.

ModalitĂ©s, supports et stratĂ©gie pĂ©dagogique.Elles s’appuient sur l’action ou la production, rĂ©clament une “bien veillance” del’ensemble du groupe en acte. Il est Ă  conseiller pour les raisons Ă©voquĂ©es ci-avant, d’unepart, que les sĂ©ances se fassent dans le mĂȘme lieu (et choisi suivant les exigeances destechniques utilisĂ©es), d’autre part il est nĂ©cessaire de rĂ©flĂ©chir sur l’usage ultĂ©rieur et laprotection en cas de production (s)46 .

Ces techniques utilisent les modes (mĂ©thodes, matĂ©riaux) d’expression issues plus souventdes disciplines artistiques et de “l’esthĂ©tique” dans son sens le plus large (poĂ©sie,musique, arts dramatiques, plastiques, visuels, audio, corporels,...). Elles empruntent des

46C Comme les produits personnels, les productions collectives posent parfois des questions d’attribution, de

protection et d’exploitation des crĂ©ations. MĂȘme quand celles-ci sont issues d’un travail individuel, elles sont lefruit d’un rĂ©sultat en commun. La question qui est l’auteur ? est parfois dĂ©licat. L’exploitation peut demander unanonymat ou Ă  l’opposĂ©, un partage des bĂ©nĂ©fices, l’identification des auteurs, d’un organisme.... Des rĂšgles decontrat, de procĂ©dures ou des conditions, doivent ĂȘtre Ă©noncĂ©es clairement de prĂ©fĂ©rence au dĂ©but.

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approches de la gestalt, du dĂ©veloppement de la personne, de la bio-Ă©nergie et s’appuientsur le kinesthĂ©sique (corps et sensibilitĂ©)

Elles ont élaboré des procédés et des théories tels le brainstorming, le concassage, la penséedivergeante.

Les techniques et les outils d’évaluation.

Postulat.En ce qui nous concerne, il faut faire la distinction entre :

- les évaluations sommatives (contrÎle, conformité), certes sont nécessaires voireinstructives, formatives pour le formateur mais beaucoup moins pour les apprenants.

- les modalitĂ©s formatives d’évaluation que le formateur propose aux stagiaires pourqu’il y ait bilan et progression.

Principes.Ce qui nous interresse dans le cadre de l’approche dĂ©crite sont les dĂ©marches et lessupports d’évaluation qui ont un caractĂšre pĂ©dagogique pour les stagiaires. Ils entrent dansune logique d’appropriation rĂ©capitulative des savoirs et des mĂ©thodes utilisĂ©es, au-delĂ et en complĂ©mentaritĂ© des objectifs d’acquisition.

Modalités et stratégie pédagogique.La reformulation et/ou la formalisation des moyens et des procédures, servent de :

- repĂšres et de bilan lors d’ objectifs intermĂ©diaires

- mĂ©thodes opĂ©ratoires acquises comme savoirs, ceci en termes d’énonciation desvariables et des possibles pour atteindre un mĂȘme rĂ©sultat et des logiques deraisonnement, de programmation, de stimulation, de comprĂ©hension rĂ©capitualitivedes dĂ©calages incontournables dans un processus d’apprentissage, dereconnaissance.

Les jeux et les supports “clĂ© en main” .

Il ne faudrait pas oublier les jeux 47 pĂ©dagogiques ou non, d’autant plus qu’ils sont ennombre restreint et d’utilisation peu frĂ©quente. C’est un secteur de la formation peuexplorĂ© voire “non dĂ©veloppĂ©â€et qui demanderait certainement qu’on s’y investisse.

Pourtant des jeux spĂ©cifiques peuvent ĂȘtre crĂ©Ă©s pour les actions dites quantitatives “àgrande Ă©chelle”. Nous trouvons des jeux ou l’usage de jeux dans les sessions deremĂ©diation cognitive. Par contre certains jeux familiaux et dits “intellectuels”et de cultureautre 48, peuvent ĂȘtre utilisĂ©s dans le cadre de la formation des adultes 49 .

47Jeux et usage de jeu : objets de formes et de matériaux divers, y compris des dessins et jeux sur papier. Les

modalitĂ©s d’usage varient en fonction des rĂšgles, des obstacles et du but Ă  atteindre. L’objectif commun est de“faire-faire”. Nous pouvons distinguer les jeux collectifs et les individuels.

48 Il est Ă  remarquer que l’usage frĂ©quent voire quotidien des jeux sans distinction des usagers est unerĂ©sultante culturelle. Exemples : les cultures anciennes et celles d’origines orientale, africaine, sudamĂ©ricaine....etc. Les cultures occidentales et industrielles connotent et classifient les jeux en fonction des publicset des usages. La fabrication voire les choix, dĂ©veloppement, l’intĂ©gration des jeux dĂ©pendent en grande partie deces facteurs.

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Les didactitiels et les jeux informatiques sont en plein essor.Leur conception permet l’introduction d’un usage individuel, formatif sur le site de travail,d’une progression pĂ©dagogique programmĂ©e et d’une autonomie et un coĂ»t Ă©conomiquequi “semble” plus restreint .50

Parmi les supports “clĂ© en main” de formation, nous trouvons en autres lesphotolangages et les photo-montages construits ou Ă  construire. Ceux sont des outilsd’expression et en mĂȘme temps des supports symboliques de projection exploitable ounon.

Les supports audio et visuels : les diapositives, des films, une Ă©mission enregistrĂ©e, unalbum photos, dessins....sont de trĂšs bons supports d’animation. Le choix varie suivant lethĂšme et l’objectif retenu.Ils sont objet d’illustration, d’échange critique, de dĂ©bat... ou ils sont sujet d’expressioncomme produit qu’il faut traiter : les langages audio-visuels, de l’auteur, ou ses idĂ©es ...

Les visites ont les mĂȘmes objectifs. Elles sont en plus des occasions : un partage“l’activitĂ©s-rencontre-extĂ©rieure” dans le groupe, la rencontre”rĂ©elle” (autres pratiques,site), une ponctuation de la formation (ouverture ou fin d’une session, vĂ©cu commun pourcrĂ©er une ambiance..)

L’introduction de ce type de supports dans une formation, demande une rĂ©flexion surl’utilitĂ©, l’usage et l’animation de la sĂ©ance 51.Ils demandent certaines conditions et touteune stratĂ©gie de la part du formateur.Il faut parfois attendre ou saisir le moment opportun 52. Le formateur doit savoir

49 RepĂ©rer, constituer, un inventaire-guide ou un stock de supports de ce type pour un centre formation oude ressources, permettrait d’élargir l’éventail des pratiques pĂ©dagogiques des adultes. Peu de livres de formationdes adultes parlent des intĂ©rĂȘts de ce type de support. Dans son livre “Le jeu et les supports ludiques enformation d’adultes”, les Ă©ditions d’organisation, 1993, Chantal BarthĂ©lĂ©my-Ruiz y inclut deux index informatifset pratiques Ă  ce sujet : des organismes, institutions, entreprises constructeurs et utilisateurs de jeux et des adressesde rĂ©fĂ©rence.

50 La conception et l’essor des supports informatiques sont liĂ©s Ă  notre culture qui valorise la modernisationdes moyens, dĂ©veloppe la consommation et les usages individualisĂ©s et un imaginaire sur le technologique, celuidu “magique” de la science moderne au service “miracle” du pĂ©dagogique.

L’introduction de ces supports dans la formation est en partie expliquĂ©e par le contexte et leurs nombreuxavantages. Mais ils ont aussi des limites et des effets qu’il faudrait examiner. Se reporter au point “Lesconditions” du texte. Certes nous avons spĂ©cifiĂ© que l’accĂšs aux sources diversifiĂ©es est prĂ©fĂ©rable, mais nousavons aussi notĂ© que, sauf exception, l’apprenant ne doit pas ĂȘtre seul dans une situation d’apprentissage.

51 En formation comme dans d’autres circonstances, l’utilisation d’un jeu demande parfois que l’usage et lesrĂšgles soient dĂ©tournĂ©s de sa conception d’origine.

D’autre part nous sommes plusieurs Ă  constater que les jeux Ă©trangers sont mieux accueillis. La dimensionexotique, l’écart et la dĂ©couverte culturels, leur aspect physique, esthĂ©tique, comme l’objet (matĂ©riaux, originalitĂ©,rusticitĂ©, symbolisme...) facilitent l’introduction et l’intĂ©gration du jeu en formation. Ils sont l’occasion, au-delĂ des objectifs de la formation et de leurs fonctions mĂ©diatrices, d’une rencontre Ă©ducative en quelque sorte sur lesreprĂ©sentationsque nous nous faisons des us et des coutumes et des pratiques en prĂ©sence, ceci Ă  plusieurs degrĂ©sde comprĂ©hension.

52 Mon expĂ©rience des milieux de la formation et des divers publics font que j’introduis ce type de support etdes pratiques crĂ©atrices avec beaucoup de prĂ©cautions. Pour exemple, je ne propose jamais d’emblĂ©e l’utilisation deces deux types lors d’un premier Ă©change mĂȘme si la demande Ă©mane de la connaissance de mes compĂ©tences deplasticienne et de praticienne d’éducation crĂ©atrice. Pour qu’il y ait de bonnes conditions d’utilisation et des effets“rĂ©els” d’usage et de pratiques, un processus d’adaptabilitĂ© rĂ©ciproque est indispensable. Il passe nĂ©cessairement parla connaissance de chacun, du contexte, des intĂ©rĂȘts Ă  tout niveau.

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argumenter les intĂ©rĂȘts, mĂȘme si le jeu se justifie et qu’il est bien accueilli. Tout comme lespratiques de crĂ©ativitĂ©, ce type de support provoque une multitude de rĂ©actions : del’enthousiasme Ă  l’oubli, du rejet au refus 53 . Pourtant les recherches et des Ă©tudes issuesde divers champs thĂ©oriques et d’intervention54 sont connues des milieux professionnelsde l’éducation. Elles parlent implicitement en faveur de l’utilitĂ© des jeux qu’elles dĂ©criventcomme des moyens de mĂ©diation, de rĂ©paration et de dĂ©passement, comme des “espaces”de transaction, de transition et de construction 55 .

SynthÚse des savoir-faire et des supports de métier.

Les savoirs en usage dans le milieu de la formateur ainsi que les supports de métier seréfÚrent aux trois dimensions exposées.

La formation.

Nous voyons que les conditions rĂ©elles ou Ă  crĂ©er, les supports et les techniquesd’animation sont intĂ©grĂ©s dans la stratĂ©gie pĂ©dagogique du formateur. D’autre part laformation est Ă  la fois un systĂšme et un produit issu d’un processus des actes de formation.

L’acte de former.

Ce processus peut ĂȘtre dĂ©crit comme suit : les besoins, les attentes, les objectifs, lescontenus, une animation, des pratiques (exercices et apports thĂ©oriques, techniques) uneprogrammation et des Ă©valuations. Il s’inscrit dans le temps, suivant des rythmes, dessituations et des publics.

Le formateur.

Tout au long de l’exposĂ© se dĂ©gagent des savoirs et des rapports au savoir de deux types.Ils orientent les propositions et les prestations que nous pouvons faire Ă  une structure deformation ainsi que la recherche de l’organisme employeur ou client plutĂŽt qu’un autre.S’il est possible de “deviner” le cursus d’origine du formateur, cerner l’élaboration qu’ilfera de son curriculum vitae est une question de stratĂ©gies de la complĂ©mentaritĂ© entre lesoffres sur le marchĂ© de l’emploi en tant que salariĂ© de la formation, les expĂ©riencesprofessionnelles et le marchĂ© de la formation (les produits, les besoins et les conditions deformation).

Il est Ă  noter actuellement que les valeurs “ambiantes” d’efficience et d’efficacitĂ© nous font oublier ou ne

facilitent pas les pratiques de jeu, de crĂ©ativitĂ© et les visites. Elles font figures de luxe, d’oisivetĂ© voire de pratiques“dĂ©modĂ©es”. Tendance qui pourrait (pourquoi pas ?) aller jusqu’à interroger les fondements de la formation et lerĂŽle du formateur.

53 Il est Ă  souligner que le type “jeux” de notre classification comme les pratiques de crĂ©ativitĂ© “subissent” deseffets de mode et de contre mode, parfois “d’exagĂ©rations” dans les mĂ©thodes et usages. Ils sont l’objet de rĂ©actionsvives qui dĂ©passent “l’intĂ©rĂȘt de ces outils”.

54 Sciences de l’éducation, psychologie et psychologie du travail, psychanalyse, sociologie et sociologie dutravail, des organisations...

55 “Espaces” en rĂ©fĂ©rence aux recherches suivantes : espaces de transaction pour K. Lewin ; espacestransitionnels pour D.W. Winnicott ; espaces de constructions identitaires pour R. Sainsaulieu et C. Dubard.

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Ainsi une orientation générale de formateurs se laisse à voir.

- Le formateur dans ses savoirs à transmettre des savoirs :capacités relationnelles + appropriation de savoir-faire pédagogiques + connaissancedes savoirs en question.

- Le formateur dans ses savoirs “d’animer” :connaissances psychosociales + capacitĂ©s relationnelle et d’analyse + appropriationdes techniques (d’émergence, d’éveil, de rĂ©solution de problĂšme, aide Ă  lanĂ©gociation, etc.

Or ces compétences relÚvent de savoirs, de pratiques et de champs disciplinaires différents.

Si ces deux types de formateur par la distinction des compétences est trÚs nette et actuelle;les évolutions de la formation et la situation professionnelle des formateurs demandent deplus en plus ces deux compétences, quels que soient leur statut professionnel 56 la fonctionexercée et les savoirs utilisés et ceux spécifiques à transmettre.

Les acteurs en acte.

Nous avons vu les acteurs directes de la formation : le formateur, le stagiaire et le groupe,sans pour autant dĂ©contextualisĂ© l’acte de formation de l’environnement; c’est Ă  dire ducontexte oĂč se situe le formateur et les contextes qui conditionnent la formation et lesdemandes de formation.

L’acteur apprenant, le systĂšme cognitif, les reprĂ©sentations et les concepts.

Maitenant nous allons centrer notre rĂ©flexion sur l’acteur premier : l’apprenant 57 quifonde le statut professionnel du formateur.

Chacun a des savoirs, des relations au savoir, des rapports au savoir et des approchesvariĂ©es pour les traiter et les organiser. Il est question de l’individu et de son systĂšmecognitif comme Ă©tant un noyau identitaire dans un systĂšme culturel donnĂ© (sociĂ©tĂ© ougroupe).

Les activitĂ©s cognitives sont les processus internes par lesquelles le psychisme organisetoutes les informations pour qu’il y ait cohĂ©rence. Or les courroies de transmission et lescircuits de traitement sont des opĂ©rations peu fiables ou peu repĂ©rables. L’évocation de laboite noire est l’illustation des prĂ©occupations de nombreux (spycho) pĂ©dagogues..Ces informations internes sont diverses et de nature diffĂ©rente : sensations corporelles,sentiments et Ă©motions, perceptions.. Une partie de ce savoir sur l’extĂ©rieur se rapporte Ă soi-mĂȘme. Ce savoir cohĂ©rent interne ou systĂšme cognitif a Ă©tĂ© abordĂ© par de trĂšs nombreuxpsychologues (psychopĂ©dagogues) qui ont fait l’objet d’autant de dĂ©finition. Les diversesĂ©coles s’accordent sur le fait que les expĂ©riences affectives de l’existence marquentl’individu, laissent des traces dans le psychisme et qu’elles interviennent dans la perceptiondu monde et ses conduites.

Le systĂšme cognitif est une conception empirique, culturaliste et structuraliste qu’ AlexMucchielli rĂ©sume ainsi. Parce qu’elle offre les avantages de la simplicitĂ©, de la cohĂ©rence,

56 Pour un repĂ©rage des fonctions et une typologie des compĂ©tences du formateur, lire : “les mĂ©tiers de la

formation” de François Viallet.57 Apprenant : terme quĂ©bĂ©quois utilisĂ© en formation des adultes.

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de l’utilitĂ© et sans doute d’une grande part de la rĂ©alitĂ©. 58

La dĂ©finition sommaire est : un systĂšme affectif-perceptif et comportemental, une structurede la personnalitĂ© sous-tendant tous les actes de l’individu

Nous vous proposons plus particuliĂšrement cette dĂ©finition du systĂšme cognitif puisquenous sommes partis du postulat suivant : l’adulte a des savoirs et une personnalitĂ©fortement construite (et non une forte personnalitĂ©).

Le formateur d’adultes quels que soient la formation, son rĂŽle et ce qu’il a Ă  transmettrelors d’un apprentissage ... trois types de situation peuvent se prĂ©senter.

* Les savoirs sont des complĂ©ments pour la personne.Les savoirs doivent ĂȘtre stocker dans son logiciel mental ou faire l’objet de nouveaux gestesqui ne dĂ©rangent pas son ordre ni le processus mental de traitement. Dans ce cadre,l’apprenant et le formateur n’auront pas de difficultĂ©. Les questions d’apprentissageporteront sur l’appropriation et l’animation : les motivations, les intĂ©rĂȘts, la comprĂ©hension,la rĂ©pĂ©tition ou la reproduction, la traduction, la reformulation, la mĂ©morisation, la rapiditĂ©, lajoie d’apprendre ou de refaire....etc.

* Les savoirs heurtent les donnĂ©s de l’apprenant.Soit parce que l’information le dĂ©range (opinion : c’est ridicule, sans intĂ©rĂȘt, inutile), heurteses valeurs (rĂ©actions : c’est inacceptable, un silence, une Ă©vasion de l’esprit, etc), necorrespond pas aux reprĂ©sentations qu’il s’en faisait : l’information ne sera pas entendueou retenue, l’inutilitĂ© ressentie du savoir, du but ou de s’engager dans un exercice. 59

* Les savoirs Ă  acquĂ©rir sont ou des savoirs abstraits ou des savoirs procĂ©duraux.Ils dĂ©passent le savoir information et qui demandent Ă  l’apprenant un autre systĂšme detraitement que ceux habituels 60 . Les opĂ©rations mentales sont complexes dĂ©licates etlongues Ă  acquĂ©rir : plusieurs registres sont exigĂ©s. Les opĂ©rations mentales dĂ©montrentqu’il y a une carence de connexion ou d’abstraction par lacune de certains savoirs qu’il estnĂ©cessaire de repĂ©rer et d’acquĂ©rir. La phase des donnĂ©s de l’exercice montre que lestagiaire connait le sujet mais il ne peut organiser une cohĂ©rence (discerner les donnĂ©s,dĂ©gager une logique, extraire les principes, construire un schĂ©madirecteur...).L’apprentissage passe par une sĂ©rie d’exercices diffĂ©rents pour qu’ils’approprie les procĂ©dures de traitement (savoirs procĂ©duraux) nouveaux. La reformulationet la schĂ©matisation sont des mĂ©thodes d’appropriation Ă  l’abstraction.

Nous avons mis en évidence les caractéristiques des situations de formation et les positionsdes différents acteurs associés. En ce qui nous concerne, former des adultes revient à direque nous avons affaire à des adultes qui viennent en formation pour apprendre.

Nous allons partir sur les trois principes basiques de l’adulte en formation. La personnevient en situation formative :

- avec des motivations.

58Approche du systĂšme cognitif comme le noyau identitaire individuel : “L’identitĂ©â€, Alex Muchielli, PUFcoll Que sais-je ? n° 2288.

59 Le sujet que nous Ă©voquons prĂ©sentement (formation, systĂšme cognitif et dissonance cognitive) n’est pascelui de l’information erronĂ©e ou Ă  actualiser qu’il suffit de vĂ©rifier, de rectifier. L’information non conforme peutvenir du formateur ou du formĂ©.Nous ne parlons pas non plus du cas oĂč le stagiaire sait dĂ©jĂ . La situation devraĂȘtre regardĂ©e de plus prĂšs afin d’envisager une solution adĂ©quate (Est-il le seul dans cette situation ? Un exercicediffĂ©rent. Le sujet a-t-il dĂ©jĂ  Ă©tĂ© traitĂ© dans la formation et de la mĂȘme maniĂšre ? Est-ce une situation rĂ©pĂ©tĂ©e pourle stagiaire ? La question de son choix pour cette formation ou de sa place)..

60 Approche du systĂšme cognitif pour comprendre comment le systĂšme mental procĂšde, ceci Ă  des fins deformation : “Enseigner Ă  des Adultes”, GĂ©rard Malglaive, Edilig.

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- avec des représentations.

- pour apprendre.

Mais qu’est-ce qu’une reprĂ©sentation ?

La notion de reprĂ©sentation a fait l’objet de nombreuses dĂ©finitions. Chaque disciplineissue des sciences humaines a donnĂ© sa propre dĂ©finition. Le noyau commun desdĂ©finitions sur la reprĂ©sentation peut ĂȘtre formulĂ© comme suit.

La reprĂ©sentation est une image de quelque chose ou de quelqu’un. Une image mentale ouune vision personnelle qui est plus ou moins prĂ©cise, exacte ou non.La reprĂ©sentation se construit Ă  partir du systĂšme de rĂ©fĂ©rences de la personne :construction par simplification et par classification de la chose rencontrĂ©e en rĂ©fĂ©rence dudĂ©jĂ  vĂ©cu ou connu par l’individu.

La fonction essentielle de la reprĂ©sentation est, pour toute personne, de se donner une idĂ©ede la chose ou un sens Ă  la situation qu’elle rencontre.La reprĂ©sentation condense unensemble de significations qui dĂ©pendent de la subjectivitĂ© de la personne. C’est unemaniĂšre de voir ou de vouloir comprendre : une traduction gĂ©nĂ©rale d’une perceptionpartielle (voire parfois partiale) de la rĂ©alitĂ©.

La spĂ©cificitĂ© des reprĂ©sentations est de se trouver Ă  l’articulation du social et dupsychologique. Autrement dit la reprĂ©sentation se construit et s’alimente par un doublemouvement interne/externe.Toute personne a des expĂ©riences et une structure psychique (une personnalitĂ©) quiconditionnent sa façon d’apprĂ©hender les situations et toute reprĂ©sentation se situe dans uncontexte de reprĂ©sentations sociales 61.

Les caractĂ©ristiques de la reprĂ©sentation sont bien connues des milieux de la formation et dusocial. La reprĂ©sentation est, en quelque sorte un liant (ou un Ă©cran) entre la mĂ©moire et leprĂ©sent, un Ă©lĂ©ment dynamique qui peut ĂȘtre moteur mais aussi source de confusion, decontreverse et de rĂ©sistance. Rappelons-nous la formule suivante.

La reprĂ©sentation peut ĂȘtre une image juste de quelque chose ou celle imprĂ©cise ouinexacte de la chose rĂ©elle.

Vouloir Ă©viter ou supprimer celles “imparfaites” au nom de la rationalitĂ©, du pragmatique,du changement ou toute autre bonne raison est une opĂ©ration impossible. C’est d’une partmĂ©connaitre l’utilitĂ© et l’intĂ©rĂȘt des fonctions de la reprĂ©sentation et par ailleurs c’est croiremagiquement ou refuser son existance. La reprĂ©sentation est la prĂ©sence en quelque sortede chaque individu. Par contre dans le cadre d’une Ă©volution, d’un apprentissage dĂ©sirĂ©s...une reprĂ©sentation peut rĂ©sister, se dĂ©placer, se modifier ou la personne peut en construireune autre.

Le repĂ©rage des reprĂ©sentations, les siennes et celles d’autrui est fondamental dans unprocessus de changement. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale chacun entretient une relation “d’allant desoi” avec ses propres reprĂ©sentations. La rencontre avec une personne ou une autreinstitution qui ne produit pas les mĂȘmes reprĂ©sentations peut provoquer un dialogue de

61 De mĂȘme l’imaginaire social a fait l’objet de multiples recherches et ouvrages. Pour complĂ©ter l’approche

de la reprĂ©sentation dans le cadre de la formation, il est intĂ©ressant de retenir la briĂšve formulation de CorrnĂ©liusCastoriadis : l’imaginaire social est un systĂšme d’interprĂ©tation de l’environnement historiquement datĂ© et quiconstitue une contrainte pour l’individu. Et l’imaginaire individuel est nĂ©cessairement en interaction avecl’imaginaire social.

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sourd, des incohérences, des conflits et des résistances, au pire le déni.

Lorsqu’un adulte vient en formation, trois types de reprĂ©sentation sont en jeu.

Des reprĂ©sentations de l’ordre des savoirs qu’il voudrait acquĂ©rir.Des reprĂ©sentations sur les maniĂšres de les acquĂ©rir.Des reprĂ©sentations Ă©mergent de la dynamique collective, celles qu’il se fait des relationshumaines et des personnes qui constituent le groupe ou qui participent au cours.

Les représentations aux savoirs.

La caractĂ©ristique essentielle de l’adulte en formation est que celui-ci a presque toujoursune expĂ©rience (limitĂ©e ou non) des connaisances, exactes ou non, en rapport avec le sujetsur lequel il va travailler. Il a une image plus ou moins prĂ©cise, plus ou moins exacte. LespĂ©dagogues disent qu’il a sur ce sujet des REPRESENTATIONS.

Le formateur s’attachera plus particuliĂšrement aux reprĂ©sentations prĂ©-scientifiques dustagiaires.Il est indispensable de les repĂ©rer pour pouvoir transmettre des conceptsscientifiques quels qu’ils soient. Si nous ne le faisons pas, le stagiaire risque de neconserver des savoirs apportĂ©s que ce qui correspond aux idĂ©es qu’il a dĂ©jĂ  sur le sujettraitĂ© par le formateur.

Les représentations pré-scientifiques.

L’adulte possĂšde toujours une vision personnelle (une reprĂ©sentation) des notions qu’ilvient dĂ©couvrir en formation. MĂȘme s’il s’agit de notions scientifiques, il sait dĂ©jĂ  quelquechose : ces reprĂ©sentions personnelles, parcellaires sont appelĂ©es des reprĂ©sentations prĂ©-scientifiques.

Les caractéristiques des représentations pré-scientifiques.

- Ce sont des ilots de connaissances, sans liens cohĂ©rents entre elles.- Elles dĂ©pendent de la subjectivitĂ© des individus.- Elles rĂ©sistent au changement.- Elles sont surtout faites d’images mentales : c’est la traduction en termes gĂ©nĂ©rauxd’une percetion partielle de la rĂ©alitĂ©.

Selon la qualité de cette perception partielle, nous pouvons distinguer trois types dereprésentations pré-scientifiques :

Les trois types de représentations pré-scientifiques.

1 - Les représentations simplement descriptives :

Le stagiaire se contente de dĂ©crire quelques produits, appareils, Ă©tats ou caractĂ©ristiquesvisibles du phĂ©nomĂšne observĂ©, sans forcĂ©ment chercher Ă  lier ces Ă©lĂ©ments entre eux ou Ă fournir une explication.Dans cette dĂ©marche, le stagiaire n’explique pas, il fait des constatations.Nous pouvons formuler ainsi ce premier type de reprĂ©sentation prĂ©-scientifique.ReprĂ©sentation = collection d’images partielles (attributs, qualitĂ©s ...).

2 - Les représentations instrumentales :

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Le stagiaire fait rĂ©fĂ©rence Ă  des opĂ©rations qu’il a vu faire ou qu’il a eu Ă  faire, Ă  desinstruments qu’il a eu Ă  manipuler, Ă  des phĂ©nomĂšnes qu’il a observĂ©s. Il dĂ©crit desrapports entre ces opĂ©rations, des fonctions jouĂ©es par ces instruments, des effetsobservĂ©s sur les phĂ©nomĂšnes. Pour exemples : l’acide est ce qui fait virer le tournesol aurouge et ça pique et le quartz a les mĂȘmes fonctions que le rubis des montres.Nous pouvons formuler ainsi ce deuxiĂšme type de reprĂ©sentation prĂ©-scientifique.ReprĂ©sentation = images + actions + buts (fonctions...)

3 - Les représentations rationnelles (pseudo rationnelles)

Le stagiaire cherche Ă  s’expliquer les processus sous-jacents aux phĂ©nomĂšnes dĂ©crits ouobservĂ©s, par l’utilisation de variables, la recherche d’interactions causales entre cesvariables.Ce type de reprĂ©sentation est le plus proche de l’explication scientifique mais en resteĂ©loignĂ©e. Pour exemple “dans un avion, le volume d’air est complĂ©tement isolĂ© del’extĂ©rieur”.Nous pouvons formuler ainsi ce troisiĂšme type de reprĂ©sentation prĂ©-scientifique.ReprĂ©sentation = causes et effets (relations.. et tentatives d’explication.)

Les représentations de la et sa formation.

L’adulte a aussi des reprĂ©sentations sur les façons dont il devrait apprendre et comment çadevrait se passer. Nous pouvons dire que chaque adulte a des reprĂ©sentations sociale,culturelle et affective sur la formation puisqu’il a des vĂ©cus formatifs et des rapports ausavoir.

Le stagiaire en formation se fait aussi une idĂ©e de la relation pĂ©dagogique qui n’est pastoujours “allĂ©chante”, ni conforme Ă  celle que vous voulez susciter. Il a de la formation une“reprĂ©sentation” personnelle qui s’est peu Ă  peu construite avec des souvenirs (l’école,l’armĂ©e, une institution religieuse, la famille ... ou une autre session de formation (par unedĂ©marche de corrĂ©lation ou de comparaison) et des expĂ©riences plus ou moins formatives(lectures, auto-Ă©cole, cours par correspondance, collĂšgues de travail et/ou leurs dires d’uneou sur votre formation).Ainsi un adulte, mĂȘme s’il vient Ă  son premier stage, se fait une idĂ©e (vraie ou fausse) de cequi va se passer.Cette reprĂ©sentation de la formation peut ĂȘtre une source de malentendus voire deblocages62 . Ce n’est pas un hasard d’entendre de nombreux formateurs dirent que lesstagiaires attendaient surtout des recettes ou des ficelles. C’est tout aussi intĂ©ressantd’entendre un formateur ou un des stagiaires parler de bon groupe ou de mauvaiseĂ©quipe.

Les représentations et la dynamique groupale.

Chaque stagiaire a une idĂ©e minimale de la formation oĂč il s’est inscrit ceci Ă  partir del’intitulĂ©, du programme et de l’objectif final Ă©noncĂ©, les conditions gĂ©nĂ©rales exigĂ©es. De lĂ se construit une reprĂ©sentation imprĂ©cise de ce que sera sa formation, reprĂ©sentationscommunes Ă  tous les stagiaires.

Suivant l’organisme et l’objectif final de la formation, la formation peut ĂȘtre plus ou moinslongue, plus ou moins contraignante : travail personnel au delĂ  des temps instituĂ©s, une

62 Pour les blocages dans le cadre d’une action de formation, se reporter au chapütre 3 : approche des

motivations (pp 33/104), “Les motivations” Alex Mucchielli, PUF coll Que sais-je ? n° 1949.

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participation active, une implication plus personnelle, un engagement fort dansl’organisation en fonction des mĂ©thodes pĂ©dagogiques utilisĂ©es ... tels des composantsformatifs du programme.De plus, l’environnement gĂ©ographique et culturel, le contexte sociopolitique, les conditionspĂ©dagogiques, matĂ©rielles... sont des facteurs non nĂ©gligeables de toute situation Ă  la foiscollective et qui s’inscrit dans la durĂ©e.

Si chaque participant a construit son code de conduites en fonction de son Ă©ducation maisaussi des idĂ©es qu’il a du savoir vivre en sociĂ©tĂ©, des reprĂ©sentations qu’il se fait de laMotivation, de l’Effort, d’ĂȘtre ou ne pas ĂȘtre Adulte. La rĂ©alitĂ© des rencontres et du (devoir)vivre ensemble est toute autre. Sans organisateur-animateur du groupe comme dans un clubde vacances, un centre culturel ou lors d’une formation de dynamique de groupe dĂ©crite endĂ©tail dans les ouvrages Ă  ce sujet. Sans Ă©lective ni exclusive entre les stagiaires, il faut (co)gĂ©rer, rĂ©guler, nĂ©gocier : vivre la dynamique coproduite chaque jour dans la rĂ©alitĂ© d’uneformation universitaire et en tirer son apprentissage.Chacun entretient en gĂ©nĂ©ral un rapport de mĂ©connaissance avec son imaginaire.

Prenons pour exemple les exercices en petits groupes.

Les contenus des exercices portent sur le formateur ou la formation, la constuction d’unmodule. Le temps est de courte durĂ©e, juste pour permettre Ă  chaque groupe de travail des’organiser et d’élaborer un schĂ©ma directeur.L’implication personnelle est forte puisqu’elle correspond Ă  l’objet mĂȘme de la formationet de votre prĂ©sence (de vos intĂ©rĂȘts). Les exercices font appel Ă  vos expĂ©riences en tantqu’adulte et Ă  votre connaissance que vous avez du sujet. La mĂ©thode de travail proposĂ©eau-dela des consignes, demande que l’organisation se fasse Ă  plusieurs.Si le nombre des participants permet une connaissance plus complĂšte du sujet abordĂ©, il nepermet pas d’approfondir ou de peaufiner le contenu, d’entrer dans les dĂ©tails techniques.Par contre l’exercice porte sur les dĂ©marches de traitement, de mĂ©diation et les procĂ©duresde participation et de nĂ©gociation pour atteindre un rĂ©sultat satisfaisant pour chacun.

Dans le cadre prĂ©cis de stimuler une rĂ©flexion sur les reprĂ©sentations et les conduitescollectives en formation et plus particuliĂšrement celles qui vous concernent c’est Ă  dire votreformation de formateur : les exercices proposĂ©s vont au-delĂ  d’un souci d’animation oud’un objectif d’application d’une mĂ©thode active.

L’objectif final est que chacun puisse tirer de cette expĂ©rience une observation de ce qui sejoue et une rĂ©flexion puis une recherche explicative sur les difficultĂ©s rencontĂ©es et qui voussemble ĂȘtre importante pour votre formation personnelle ou celle en cours.

Lors des mises en commun ce n’est pas tant les rĂ©sultats qui comptent. Ils ont uneimportance relative puisqu’ils peuvent faire l’objet de rectificatifs. C’est principalement lamaniĂšre dont s’est dĂ©roulĂ© l’exercice qui est l’objectif de la formation : les procĂ©duresutilisĂ©es et les obstacles de natures diffĂ©rentes. Les rĂ©ponses aux questions comment vousvous y ĂȘtes pris, sont plus de l’ordre des difficultĂ©s organisationnelles.Ceci correspond aupremier objectif de traiter, d’oĂč la nĂ©cesssitĂ© de comprendre les mĂ©canismes et les principesqui ont amenĂ© au produit. La synthĂšse questionnante et la reformulation participent aulaisser voir des logiques des auteurs et du systĂšme cognitif qui s’est mis en place lors dutraitement collectif. Par contre l’exposĂ© de la façon dont le groupe de tĂąche a travaillĂ© prendrarement en compte les difficultĂ©s relationnelles et les conduites individuelles qui ontoeuvrĂ©es. La plupart du temps ce travail semble inutile puisque pour l’ensemble des co-auteurs, le dĂ©roulement du traitement et de l’organisation “c’est bien passĂ©â€ et “lesrĂ©sultats sont corrects” . Qu’en est-il lorsque la difficultĂ© est plus forte, que des tensionsse font jour, quelle dynamique s’est engagĂ©e, quelles sont les conduites de chacun, les rĂŽleset les places qui ont Ă©tĂ© prises pour qu’il y ait mĂ©diation, que la nĂ©gociation porte ou pas surles objectifs de l’exercice Ă  tenir ?

Quelques soient les degrés et la nature des difficultés des situations, celles-ci sont

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caractĂ©ristiques et ainsi pourraient ĂȘtre qualifiĂ©es de rĂ©solution de problĂšmes : intellectuels,organisationels et relationnels. Rares sont les participants qui s’engagent dans une rĂ©flexionou un questionnement collectif sur ces sujets abstraits ou subjectifs.La principale raison est celle vĂ©cue comme un risque d’apprĂ©hender les conduites mentalesquelles qu’elles soient face Ă  d’autres qui sont sensĂ©s connaitre ou les avoir dĂ©passĂ©es.Il est vrai que la part concrĂšte de la pratique est plus facile Ă  exposer. La pratique visiblepermet ainsi de prĂ©server la personne de la part plus subjective ou intime qui pourrait ladĂ©voiler. C’est en quelque sorte celle qui lui semble la plus prĂ©sentable face Ă  la conformitĂ©des valeurs ambiantes, la plus proche des reprĂ©sentations du bon formateur qui seconstruisent au cours de la formation et des discussions formelles ou non. LesreprĂ©sentations du devoir ĂȘtre sont alimentĂ©es par les scĂšnes pĂ©dagogiques et lescompĂ©tences observĂ©es lors des interventions qui dĂ©clanchent, au delĂ  des apportsthĂ©oriques, techniques et pratiques, un processus d’identification inĂ©vitable. Chaquestagiaire, futur formateur, en fonction des divers intervenants, des Ă©changes et des diresopĂšre des modĂšles et de contre modĂšles. De plus, il peut arriver qu’il y ait contradictionentre les reprĂ©sentations Ă©laborĂ©es par une personne et celles alimentĂ©es par l’imaginairecollectif. Dans ces cas, les conduites rĂ©actives de l’individu sont fonction des enjeux qu’ilpriviligie : retrait pour prĂ©server une paix, Ă©vitement dĂ» Ă  une peur d‘un conflit Ă©ventuel,d’ĂȘtre jugĂ©, l’objet d’une remarque dĂ©sobligeante ou des regards trop nombreux,l’optention du diplĂŽme, dĂ©fendre son intĂ©gritĂ©, ses valeurs, proclamer des valeurs contrairespour montrer sa diffĂ©rence, son insatisfaction, sa puissance, se marginaliser....

Réfléchir sur les pratiques revient à faire un travail plus personnel sur soi à partir de sesexpériences professionnelles en tant que praticien dans un contexte précis et historique,afin de dégager de nouvelles connaissances et du sens. 63

L’imaginaire collectif est la base de la liaison et de la dĂ©liaison des groupe constituĂ©s. Ladimension fonctionnnelle de tout groupe ou organisation est conditionnĂ©e par la dimensionimaginaire. Il est possible de lire dans l’organisation, qui est une sĂ©rie de construits sociauxet techniques de la dimension fonctionnelle, la dimension imaginaire des groupes de travail.

Pour travailler avec pertinence dans une situation collective il est nécessaire de mettre enlumiÚre ses propres représentations, conscientiser son propre schéma culturel de penséeavant de vouloir comprendre ou intervenir sur ce qui lui est étranger.

D’une part chaque groupe construit une mentalitĂ© (une identitĂ© groupale) spĂ©cifique qui selaisse Ă  voir et qui n’est pas la somme des personnalitĂ©s des individus qui le composent.

Et suivant les conditions de la formation, comme dans toute dimension collective de la vie,les représentations individuelles alimentent un imaginaire collectif.

L’adulte vient apprendre quoi ?“ Pour nous apprendre c’est former et enrichir des concepts” 64

Apprendre, c’est s’approprier des savoirs mais c’est aussi mettre Ă  l’épreuve sesreprĂ©sentations.Les reprĂ©sentations peuvent gĂ©ner ou au contraire faciliter l’acquisition des conceptsscientifiques. Elles peuvent aussi ĂȘtre source de malentendus. Le formateur doitparticulierement repĂ©rer les reprĂ©sentations. Elles servent de point d’ancrage lors de

63 Le concept de formativitĂ© de Bernard HonorĂ© nous semble ĂȘtre un des concepts de base trĂšs opĂ©ratoire

pour tout acte de formation en direction des adultes. Se reporter Ă  son ouvrage “Pour une pratique de la formationLa rĂ©flexion sur les pratiques” , Bernard HonorĂ©, Paris, Payot, 1980.

64 L’ensemble de cette partie est trĂšs largement inspirĂ©e du livre de Dominique Beau “1OO fiches depĂ©dagogie”, Ă©ditions d’organisation.

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l’apprentissage. Pour ce faire chaque fois que c’est nĂ©cessaire vous pouvez les savoir-fairedu formateur.

Faciliter l’expression des stagiaires :- N’apporter pas vous-mĂȘme de rĂ©ponse aux questions que vous avez posĂ©es.- Ne vous contentez pas de rĂ©ponses ponctuelles : faites expliciter complĂštement lesraisonnements, faites justifier toutes les affirmations.- Faites leur dĂ©crire des expĂ©riences qu’ils ont vĂ©cues, celles qui ont une relation avec lesujet traitĂ©.

A partir d’une expĂ©rience commune :L’étude d’un cas, le travail sur un jeu pĂ©dagogique, une visite peuvent fournir un “terrain”de discussion, commun Ă  tous et sur lequel chacun “projette” sa propre expĂ©rience,exprime sa propre vision des choses.

Ecouter au sens strict du terme :Quand un ou des stagiaires s’expriment, le signe que vous les Ă©coutez sera qu’ils puissentse reconnaitre dans la reformulation que vous proposez de ce qu’ils ont dit.Vous pouvezmettre en Ă©vidence ce que les expĂ©riences de chacun ont de semblable et de spĂ©cifique.

Pour les reprĂ©sentations prĂ©-scientifiques.Quand il s’agit de transmettre des notions scientifiques, il devient important de bien repĂ©rerleurs reprĂ©sentations prĂ©-scientifiques, c’est Ă  dire ce qu’ils savent dĂ©jĂ .

Mais qu’est-ce qu’un concept ? 65

En premiĂšre approche, le concept scientifique est une idĂ©e directrice qui permet decomprendre et d’organiser une rĂ©alitĂ© nouvelle et complexe.C’est une reconstruction symbolique et abstraite que fait l’homme de la rĂ©alitĂ©.Reconstruction qui se veut : objective, susceptible de gĂ©nĂ©ralisation, permanente dans letemps.

Le concept scientifique permet de passer d’une logique basĂ©e sur des attributs et desqualitĂ©s comme l’exemple de l’acide ou un corps tombe parce qu’il est lourd, Ă  unelogique des relations et des rapports comme le corps tombe parce qu’il est soumis Ă  unensemble de forces.Le concept scientifique met en jeu des opĂ©rations mentales : par gĂ©nĂ©ralisation et pardiscrimination.

Les concepts scientifiques ne sont pas des ilots de connaissances. Ils sont reliĂ©s entre euxselon des liens logiques : ils forment des corps de concepts, des systĂšmes dans lesquelstout nouveau concept vient s’insĂ©rer. Ce qui facile sa comprĂ©hension par le stagiaire. Ilsoffrent ainsi un canevas, un rĂ©seau de relations structurĂ©es qui Ă©conomise la pensĂ©e etfacilite l’apprentissage.Le concept est l’unitĂ© de base de la connaissance scientifique. A ce titre c’est Ă  la fois :

- l’outil du chercheur : un concept n’est pas figĂ©. Il n’existe que pour ĂȘtre prĂ©cisĂ©,rectifiĂ©, diversifiĂ©...

- l’outil du formateur qui veut transmettre cette connaissance.

Un exemple pour permettre de mieux cerner en quoi un concept scientifique est un outil detravail de base pour celui qui veut apprendre.

65 Voir l’article “les reprĂ©sentations prĂ©-scientifiques et l’utilisation des connaissances” de François

VIALLET, revue POUR : n° 49 juin 1976.

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Quand on se promĂšne pour la premiĂšre fois dans une grande ville. On est perdu, on necomprend rien Ă  cette ville : l’abondance du bruit, des automobiles, des piĂ©tons, des ruesajoute Ă  la confusion. Il faut trouver un schĂ©ma organisateur de la ville : repĂ©rer lesaxes principaux et leurs caractĂ©ristiques : les quartiers d’affaires, les quartiersuniversitaires, ceux d’habitation, etc. Ensuite il est nĂ©cessaire de repĂ©rer les axes quirelient ces quartiers entre eux et les conditions d’accĂšs.

Un concept est une idĂ©e gĂ©nĂ©rale et abstraite construite par l’esprit, soit Ă  partir del’expĂ©rience soit Ă  partir d’un contenu innĂ©.

Comment se forment les concepts ?

1- Par discrimination :L’abondance des exemples et surtout des contre-exemples contribue Ă  faciliterl’acquisition d’un concept nouveau par le stagiaire qui peut ainsi plus facilement rapprocherdes phĂ©nomĂšnes apparentĂ©s et distinguer des phĂ©nomĂšnes qui ne le sont pas : lesdiscriminer.

2- Par gĂ©nĂ©ralisation :Entre les faits d’expĂ©riences Ă©pars ou des idĂ©es Ă©parses que rien Ă  priori ne permettra derapprocher, on Ă©tablit une relation, un lien abstrait que le nomme. On gĂ©nĂ©ralise.

Comment se forme et s’enrichit un concept ?Un concept s’enrichit quand on l’utilise, particuliĂšrement quand on l’applique Ă  desdomaines diffĂ©rents. Ainsi le concept de marchĂ© s’enrichit quand on l’utilise pour Ă©tudierdes domaines aussi diffĂ©rents que le marchĂ© du travail, le marchĂ© des matiĂšres premiĂšres, lemarchĂ© des oeuvres d’art, le marchĂ© de la formation, etc.

Comment passer de la représentation au concept ?

1Ăšre phase : Un repĂ©rage des reprĂ©sentations des stagiaires.Comme indiquĂ© ci-avant, vous pouvez faire exprimĂ© un stagiaire sur ce qu’il sait dĂ©jĂ , touten prenant garde de ne pas porter de jugement sur les erreurs que vous avez relevĂ©es.- Les stagiaires n’oseraient plus dire ce qu’ils ont en tĂȘte. Or il vous faut absolumentconnaitre le terrain sur lequel vous travaillez.- Ils risqueraient d’apprendre ce que vous leur prĂ©sentez sans le confronter Ă  ce qu’ilssavent dĂ©jĂ  et qu’ils conserveraient de toute maniĂšre.

2Ăšme phase : Une dĂ©monstration d’application pratique.En gĂ©nĂ©ral, il veut mieux procĂ©der ainsi avant de prĂ©senter une thĂ©orie. Montrez (ou mieux,faites dĂ©couvrir) en vous appuyant sur les cas fournis par les stagiaires.- Ce qui est en commun aux “exemples”, pour permettre la “gĂ©nĂ©ralisation”.- Les indices qui ne peuvent pas ĂȘtre trouvĂ©s dans les contre-exemples, pour permettre la“discrimination”.

3Ăšme phase : La prĂ©sentation des concepts et leur manipulation.C’est la phase appelĂ©e classiquement l’exposĂ© ou le cours mais rĂ©duit Ă  sa simpleexpression si possible.

4ùme phase : L’utilisation du nouveau concept.L’objectif est double : d’une part de transmettre une connaissance et d’autre part permettre

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que les stagiaires dĂ©veloppent des processus de pensĂ©e qui les rendent Ă  mĂȘme de l’utiliser,puis de le dĂ©passer ces connaissances. C’est le recours aux exercices d’application.

5Ăšme phase : Retour case dĂ©part.Faites exprimer voire porter un jugement par les stagiaires eux-mĂȘmes sur les explicationsqu’ils avaient donnĂ©es au dĂ©part. C’est lĂ  que vous vous apercevrez si les concepts quevous avez prĂ©sentĂ©s sont bien venus. Si nĂ©cessaire remplacer les reprĂ©sentations.

Les acteurs dans le systĂšme formationles : comment se situer ?

La formation est Ă  la fois causes et consĂ©quences, c’est Ă  dire qu’elle est tributaire d’uncertain nombre de facteurs externes et internes de l’acte pĂ©dagogique.

Un ensemble d’acteurs sont prĂ©sents dĂšs lors que nous pensons la formation comme unsystĂšme. Ces acteurs contribuent ou interviennent, ceci Ă  diffĂ©rents niveaux sur la qualitĂ©du processus de formation : la demande de formation, la gestion de la formation, laprogrammation, les modalitĂ©s et l’animation de formation.

Nous avons vu les acteurs directes de l’acte pĂ©dagogique. Ces acteurs dans l’approche de lapĂ©dagogie d’adulte que nous dĂ©veloppons, sont co-auteurs de la formation etcoproducteurs des rapports qui s’établissent dans les actes d’apprentissage, d’oĂč lecaractĂšre interactif de la formation et de ses rĂ©sultats. Nous ne minimisons pas le rĂŽleimportant du formateur. Bien au contraire, nous voulons souligner les contraintes et lesressources inhĂ©rentes Ă  la dimension collective et les stratĂ©gies qui doivent ĂȘtre mis enoeuvre pour que s’établissent des processus de collaboration et de mobilisation.Sansoublier que des modalitĂ©s d’intervention ponctuelles peuvent ĂȘtre envisagĂ©es, encomplĂ©ment.

Il en est de mĂȘme pour les acteurs indirectes Ă  l’acte pĂ©dagogique qui participent ausystĂšme de formation : les responsables, gestionnaires, administratifs, les financeurs (organisme, subventions, demandeur-payeur, financeur et employeur du stagaire, etc).Guy Le Boterf nomme cet ensemble d’acteurs la chaĂźne des clients du formateur.

Ce concept opĂ©ratoire permet de raisonner la formation en termes de systĂšme d’acteurspour poser les notions de qualitĂ© des prestations, de(s) fonction (s) et des responsabilitĂ©sdes acteurs de la formation. Sa conception en systĂšme-client avec la pluralitĂ© des acteurs,oriente le formateur dans une dialectique des “attentes” et des rĂŽles oĂč le Client n’est pasun acteur unique. 66

Ceci nous parait particuliÚrement pertinent dans le contexte idéologique et socio-économique actuel. Le formateur, au delà de son statut et de ses convictions, peut sepositionner en fonction des limites, des contraintes, des ressources et des possibles : desplus-ajoutés en termes de propositions, de suggestions et de prestations ; un refus aprÚsavoir mesurer les risques et les inconvénients.

D’autres personnes peuvent aussi ĂȘtre appelĂ©es acteurs extĂ©rieurs Ă  la formateur. Ellessont parfois des facteurs de (dĂ©)motivation : Je peux aider mon fils dans ses devoirs. Monmari pense que je perds mon temps. Vous avez senti le changement...et je peux vousconfier les raisons : j’ai rencontrĂ© ce qui est appelĂ© l’homme de ma vie !Partenaires du stagiaires, ces personnes ont une grande influence sur les rapports ou lesconditions de formation. Par exemples, beaucoup d’organismes programment peu de

66 “Comment manager la qualitĂ© de la formation”, ouvrage collectif sous la direction de Guy LE BOTERF,

les Ă©ditions d’organisation, I992.

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formation les mercredis ; pour les pĂ©riodes de vacances scolaires ce peut ĂȘtre la pĂ©riodecreuse de rĂ©organisation et de prĂ©paration ou le contraire le plein rendement.

Ils sont dans les champs professionnel et affectifs des stagiaires et du formateur.