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FRANCE Catholique FRANCE Catholique ISSN 0015-9506 Visite au séminaire de La Castille dans le Var Séminaristes et apprentis missionnaires pages 8 à 12 n Les chrétiens en Terre Sainte pages 18 à 20 n Le rabbin et le cardinal Philippe Barbarin et Gilles Bernheim pages 25-26 84 e année - Hebdomadaire n°3115 - 18 avril 2008 www.france-catholique.fr 2,90 FRANCE Catholique

FRANCE FRANCE Catholique Catholique · aux otages malades a été rappelée de Colombie le 8 avril après le rejet de sa mission par les Farc. AutRiChE: Le ... SomAliE: L’équipage

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Visite au séminairede La Castille dans le Var

Séminaristeset apprentismissionnaires

pages 8 à 12

n Les chrétiensen Terre Sainte pages 18 à 20

n Le rabbinet le cardinalPhilippe Barbarin et Gilles Bernheim pages 25-26

84e année - Hebdomadaire n°3115 - 18 avril 2008 www.france-catholique.fr 2,90€

FRANCECatholique

BRÈVES

2 FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008

FRANCEPARlEmENt : La motion de censure pré-sentée par la gauche le 8 avril a recueilli 227 voix, score insuffisant pour son adoption. Le projet de loi sur les OGM a été voté le 9 avril par l’Assemblée natio-nale à une courte majorité de 249 voix contre 228 ; 10 députés UMP ont voté contre et 31 se sont abstenus, révélant le malaise de la majorité sur la question. Selon un sondage Ifop pour Le Journal du Dimanche, près de huit Français sur dix (78% et 67% au sein des sympathisants UMP) donnent raison à la secrétaire d'État à l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui s'était désolidarisée, devant le Parlement, de l'engagement pro-OGM de son ministre de tutelle.ENtREPRiSES : Eurotunnel a présenté le 8 avril, pour la première fois de son histoire, un résultat bénéficiaire d’un million d’euros en 2007.EmPloi : Après avoir confirmé la sup-pression de 575 emplois à Gandrange (Moselle), le groupe Arcelor Mittal a an noncé le 7 avril, un investissement de 30 millions d’euros et la création de 124 nouveaux em plois sur le même site.Selon l’enquête de l’Unedic publiée le 9 avril, les entreprises envisagent 1,3 mil-lion d’embauches en 2008, soit 6% de plus qu’en 2007.ChômAgE : Le gouvernement a entamé le 17 avril des consultations avec les syndicats sur la réforme de l’assurance – chômage ; le projet prévoit qu’au bout de six mois le chômeur devrait accepter tout emploi exigeant moins de deux heures de transport par jour et rémunéré au moins 70% de son salaire antérieur.PRix : Après les 4% de janvier, le prix du gaz devrait augmenter de 5,5% en avril.SANté PuBliquE : Le sénateur UMP Gérard Larcher a remis le 10 avril au pré-sident de la République un rapport sur la réorganisation de l’hôpital qui préconise la création de « communautés hospita-lières de territoire » ayant des compé-tences en matière d’investissements et d’organisation des services médicaux.JuStiCE : L’ancien président de l’Union des industries métallurgiques, Daniel Dewavrin, a été placé en garde à vue à la brigade financière de Paris le 9 avril dans le cadre de l’enquête sur les retraits de fonds en liquide dans les caisses de l’organisation patronale.FoNCtioN PuBliquE : Le gouvernement a

présenté le 9 avril sa loi de « mobilité » ; un agent sans affectation qui refusera plus de trois postes correspondant à ses compétences sera placé en disponibilité et privé de salaire.SyNdiCAtS : Patronat et syndicats ont adopté le 10 avril une position commune sur la représentativité, le dialogue social et le financement des syndicats.PRoFANAtioN : Nouvelle profanation dans le cimetière de Marville (Meuse) où 28 tombes chrétiennes ont été endom-magées le 12 avril.téléViSioN : La suppression de la publi-cité sur les chaînes publiques pourrait intervenir progressivement pour aboutir en 2011 ; la première étape consisterait à supprimer en 2009 la publicité après 19 h.CyCliSmE : La course Paris-Roubaix a été remportée le 13 avril par le Belge Tom Boonen, déjà vainqueur en 2005.JACquES ChiRAC : L'ancien président de la République, 75 ans, s'est fait poser un stimulateur car diaque (pacemaker), le 10 avril.

moNdEPéNuRiES : à la suite des émeutes déclen-chées en Afrique et en Amérique latine par la hausse des prix des denrées ali-mentaires, la Banque mondiale a appelé les pays de l’OCDE à apporter 500 millions de dollars au Programme alimentaire des Nations Unies ; elle considère que 33 États dans le monde sont menacés de troubles sociaux par l’augmentation des prix agricoles et énergétiques ; à Haïti, le Premier ministre a été renversé le 12 avril après des « émeutes de la faim » qui ont fait plusieurs victimes.CRiSE : La crise économique et finan-cière internationale a été au cœur de la réunion des ministres des Finances du G7 les 11 et 12 avril à Washington ; les mi nistres ont donné cent jours aux banques pour annoncer l’ampleur des pertes résultant de leurs créances à risque ; ces pertes sont évaluées à 1 000 milliards de dollars par le Fonds moné-taire international (FMI).iRAN : L’Iran a commencé à installer le 8 avril 6 000 centrifugeuses supplémen-taires dans son usine de Natanz. Une explosion a fait 12 morts le 12 avril dans une mosquée de Shiraz, au sud du pays ; la piste criminelle semble écartée.

ColomBiE : La mission médicale chargée de venir en aide à Ingrid Bétancourt et aux otages malades a été rappelée de Colombie le 8 avril après le rejet de sa mission par les Farc.AutRiChE : Le Parlement a ratifié le 9 avril à une large majorité le traité européen de Lisbonne qui doit entrer en vigueur en 2009.JAPoN : A l’occasion de la visite du Premier ministre François Fillon, la France et le Japon ont conclu le 11 avril un accord de coopération sur le change-ment climatique et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.NéPAl : Le processus d’abolition de la monarchie, vieille de 240 ans, a franchi une nouvelle étape le 10 avril avec l’élec-tion d’une Assemblée constituante char-gée de proclamer la République.SomAliE : L’équipage du voilier « Le Ponant » pris en otage au large de la Somalie a été libéré le 11 avril sans inter-vention armée ; mais les forces fran-çaises ont réussi à appréhender plusieurs pirates et à récupérer une partie de la rançon versée par l’armateur. François Fillon a demandé le 12 avril la création d’une force internationale contre la pira-terie sous contrôle de l'Onu.RoumANiE : Après trois semaines de conflit, les ouvriers de l’usine de Dacia, filiale de Renault, ont repris le travail le 11 avril ; ils ont obtenu une hausse de salaire de 28%.AFghANiStAN : Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, s’est rendu les 12 et 13 avril à Kaboul pour préparer la conférence internationale prévue en juin prochain à Paris.itAliE : Le chef de la droite, Silvio Ber-lusconi, était donné favori face à l’ancien maire de Rome, Walter Veltroni, candidat de centre–gauche, pour les élections générales des 13 et 14 avril.ESPAgNE : José Luis Zapatero a prêté serment le 12 avril à la tête d’un nouveau gouvernement qui compte une majorité de femmes.KENyA : Le 13 avril, le président Mwai Kibaki a nommé premier ministre Raila Odinga, son adversaire malheureux lors de la présidentielle du 27 décembre, qui va tenter de diriger un gouvernement de partage du pouvoir dans une situation politique et sociale largement incontrô-lable.

J.L.(voir aussi page 7)

SOMMAIRE

ACTUALITé 4 OTAn Fracture à droite Alice Tulle

5 éTATS-UnIS Pope Benedict XVI Marie-Jo York

6 FAMILLE Un piteux déraillement Tugdual Derville

7 ACTUALITéS Coup de crayon Emmanuel Chaunu

DOSSIER 8 SEMInAIRE DE LA CASTILLE Que Dieu soit avec eux ! Père Ludovic Lécuru

égLISE 13 MéMOIRE DES jOURS Le Père Michel Maret Robert Masson 14 LECTURES 5e dimanche de Pâques Père Michel Gitton

15 ECCLéSIA Sous le signe des martyrs VIS 17 AED BOSnIE Un avenir incertain Marc Fromager 18 ORIEnT Chrétiens en Terre Sainte Mgr Philippe Brizard / Pr Peter Wirtz

21 COURRIER Maladie incurable, Romans scouts 22 LIVRES Le combat spirituel Christian Poirier / Anne Kurian

MAgAzInE 25 IDéES Le rabbin et le cardinal Gérard Leclerc

27 BD Sac au dos sans trêve (27/40) A. de Palmaert / Palmar

28 EXPOSITIOnS Pierre Paulin Alain Solari

30 ChAnSOn Chanter pour Dieu Jean-Bernard Calixte / Anne Kurian

32 MUSIQUE Requiem romantique François-Xavier Lacroux

33 CInéMA "Shine a light", "Passe-passe","Les chroniques de Spiderwick"

"Sans arme, ni haine, ni violence" Marie-Christine Renaud d’André

34 ThéÂTRE "jean harlow contre Billy the Kid"

Pierre François

35 TéLéVISIOn "nos voisins les hommes", "je préfère qu'on reste amis", "Mitterrand à Vichy" M.-Ch. Renaud d’André/ M.-L. Roussel

36 TéLéVISIOn Votre début de soiréeM.-Ch. R. d’A.

38 BLOC-nOTES Vie associative et d’église Brigitte Pondaven

Couverture © PERE LuDoVIC LECuRu

éDITORIAL

FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008 3

Drôle de début de troisième millénaire ! on nous prédisait la paix universelle grâce au règne d'un droit planétaire, une prospérité généralisée grâce à la toute puissance du marché. Nous en sommes aux émeutes de la faim. Les populations se soulèvent à Haïti, en Égypte, au Burkina-

Faso, au Bangladesh pour demander à manger ! Et la situation n'a rien de « conjoncturel ». Les organisations internationales, comme le fonds monétaire ou la FAo, avertissent que le phénomène va s'aggraver en s'étendant plus largement à travers les continents, notamment l'Asie, et que la guerre pourrait en résulter. Les causes du renchérissement des produits alimentaires de base tiennent à plusieurs facteurs qui, en s'ajoutant, créent une tendance à l'emballement des plus préoccupantes. Le développement des biocarburants s'opère au détriment des surfaces cultivables vouées à la production alimentaire. Le réchauffement du climat crée des situations contrastées - sécheresse en Australie et en Asie centrale, inondations et ouragans en d'autres zones, hiver prolongé en Chine. L'évolution des modes de vie, avec l'émergence de pays nouvel-lement industrialisés, aboutit à un bouleverse-ment de la demande avec un accroissement de la consommation de viande au détriment des plus pauvres. Pour couronner le tout, la spéculation s'est emparée du soja, du blé et du maïs qui sont devenus les nouvelles valeurs refuges au point d'augmenter de 10% le prix des denrées. Nous sommes en pleine folie.

un sentiment élémentaire de solidarité humaine devrait contraindre les dirigeants de la planète de s'entendre au plus vite afin de maîtriser des phénomènes qui, pour beaucoup, relèvent de la responsabilité des politiques et des grands décideurs de l'écono-mie. Et puis la sagesse doit répondre à la folie. Le développement considérable des échanges qui s'explique en grande partie par la financiarisation de l'économie trouve d'évidence ses limites dans les désastres présents. N'a-t-on pas, de plus, sous-estimé l'impor-tance de l'agriculture, notamment en Europe, en donnant crédit au mythe d'un paysan jardinier à l'encontre d'un paysan nourricier ? Les encycliques des papes depuis Jean XXIII et Paul VI avaient pourtant sensibilisé l'opinion internationale aux vraies questions du dévelop-pement. on attend prochainement une encyclique de Benoît XVI en matière sociale. Elle est la bienvenue, pour rendre aux hommes et aux femmes de bonne volonté le sens des finalités de l'économie et de la plus urgente solidarité avec les peuples de la faim. n

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, chaque semaine sur :

La menacede la famine

par Gérard LECLERC

Comme prévu , la mo tion de censure défendue le 8 avril à l’Assem­blée nationale par

l’opposition de gauche a été rejetée à la suite d’un débat sans surprise. Entre François Fillon et François Hollande, la confrontation a été rude mais sans excès et selon un argumentaire prévisible.

Avec une pointe de malice, le Premier ministre a rappelé à la gauche que la SFIO avait déposé en 1966 une motion de censure contre le gouver­nement sur des questions mili taires. Mais c’était pour protester contre le retrait de la France du commandement intégré de l’Otan ! Surtout, François Fillon a eu beau jeu de souligner que le Parti socia­liste avait soutenu l’envoi de soldats en Afghanistan sous le gouvernement Jospin, de même qu’il avait approuvé la guerre menée en 1999 contre la Yougoslavie sous l’égide de l’Otan.

Puis le Premier mi nistre, assuré du soutien de la majo­rité des députés, a énuméré les principales affirmations destinées à justifier le tour­nant décidé par Nicolas Sar ­kozy : la France est « alliée mais pas vassale » des États­Unis, elle « peut faire entendre une voix singulière » et « une Otan rénovée est compatible

avec une Europe de la défense renforcée ». Quant à l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan, il ne devait pas être compris comme un gage donné aux Américains mais comme la volonté de ne pas laisser abandonner les Afghans.

Pour sa part, François Hol lande a insisté sur le risque d’ « enlisement » et d’ « engre­nage » en Afghanistan et fustigé le retour complet dans l’Otan : selon lui, « nous allons y perdre en indépendance ce

que nous ne gagnerons pas en sécurité ».

La plupart des députés de l’UMP ont approuvé le chef du gouvernement, par conviction ou par discipline. Nul n’ignore cependant que plusieurs élus sont gênés par les décisions du président de la République. Demeurés

silencieux, ils ont trouvé un porte­parole en la personne de Lionel Lucca, député des Alpes­Maritimes qui s’est exprimé au nom des « téta­nisés » : « Si ce n’était pas le PS qui déposait cette motion de censure, je serais tenté de la voter», et d’ajouter : « C’est extraordinaire de dire que quarante ans après la sortie de la France de l’Otan, on va la réintégrer. Je m’étonne que ce retournement spectaculaire de diplomatie passe comme une lettre à la poste. Pour ma

part, je le conteste». Le député Nicolas Dupont­Aignan, qui siège parmi les non inscrits, a quant à lui voté la censure au nom de l'orthodoxie gaulliste dont il se targue.

Hors du Parlement, un « front du refus » se dessine encore modestement. Il est animé, notamment, par trois

anciens ministres des Affaires étrangères.

Dans un entretien accordé à France-Soir le 3 avril, Roland Dumas dénonce un change­ment radical d’orientation qui interdira l’autonomie de décision : alors que c’est François Mitterrand « lui­même qui a donné l’ordre aux soldats français d’attaquer au Koweït », la France devra se plier aux missions assignées par l’Otan. Et de rappeler que le président de gauche avait respecté le principe fixé par le général de Gaulle : « La France ne doit pas se laisser entraî­ner dans un conflit qui ne la concerne pas ».

Les mêmes arguments sont avancés, depuis plusieurs

mois, par l'ancien ministre des Affaires étrangè­res Hubert Védrine, qui a été consulté par

l’Élysée sur la question de l’Otan et qui demande avant

toute décision française que le rôle de l’Otan soit précisé. De fait, il y a, actuellement en Afghanistan, confusion entre la lutte antiterroriste

par les moyens mili­taires et la recons­truction d’un État – tâche qui n’est pas

du domaine de l’Otan.Autre ancien ministre des

Affaires étrangères, mais de Jacques Chirac, et ancien Premier ministre, Dominique de Villepin ajoute : « Non seulement le retour de la France dans l'Otan ne corres­pond pas aux intérêts de notre pays, mais je crois aussi que c'est dangereux ».

Le débat va durer un an. Il n’est pas impossible qu’il se durcisse. n

Fracture à droite

ACTUALITÉOTAN

« Une Otan rénovée est compatible avec une Europe de la défense renforcée »

4 FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008

par Alice TULLE

(

Dans le débat sur la réintégration dans l’Otan et sur l’envoi de nouvelles troupes en Afghanistan, les socialistes sont embarrassés et la droite est elle-même divisée.

Le d é p l a c e m e n t de Be noît XVI, Benedict en anglais, ne devrait pas exercer d'influence spéciale sur le vote des

électeurs américains. Il est peu vraisemblable qu'il puisse être instrumentalisé par l'un ou l'autre candidat dans la mesure où aucun catholique n'est en lice et où les catholiques, qui représentent environ le quart de la population, se répartissent à peu près également entre répu­blicains et démocrates.

D'une manière générale, la religion ne devrait pas jouer un rôle important dans l'élection de 2008. Le poids de ce que l'on a appelé « la droite religieuse », considérable au temps de Reagan et qui a fait la victoire de George W. Bush, ne semble plus s'exercer que dans les élections locales. Le sentiment général est que ce courant a excédé ses limites et que, de surcroît, il n'a rien obtenu de substantiel en termes pratiques. En même temps, il imprègne désormais toute la vie politique. Tout le monde est aujourd'hui plus ou moins « évangélique », dans son comportement exté­rieur à tout le moins, mais du coup l'évangélisme militant n'est plus une force.

Aucun des candidats , depuis l'élimination de leur porte­parole, Mike Huckabee, n'est apprécié des « religieux ». Le plus éloigné de leurs thèses est paradoxalement le candi­dat républicain John McCain. Le plus naturellement « reli­gieux » serait Barack Obama, qui a conté avec conviction son retour à la pratique religieuse

dans une église noire du sud de Chicago. Le procès qui lui a été fait ne portait pas sur sa foi mais sur le discours racial de son pasteur (FC n°3113 du 4 avril). Obama se soucie de dépasser les clivages entre les deux camps de la guerre culturelle qui oppose, depuis 1968 et surtout 1973 (légalisation de l'avortement par la Cour Suprême), partisans et adversaires de l'avortement, et plus récemment des unions homosexuelles.

La visite du Souverain Pon tife intervient donc dans un climat relativement consen­suel au plan religieux et moral. Ce n'est pas un hasard si cinq des neuf membres de la Cour Suprême, sont depuis peu des catholiques. Quant à l'autre sujet de division, la guerre en Irak, celle­ci ne mobilise plus les foules. Il ne devrait pas ternir la relation entre l'homme en blanc et le locataire de la Maison Blanche.

Deux thèmes sont néan­moins encore sensibles pour les Américains: l'islam d'une part, l'unité des chrétiens de l'autre. Benoît XVI, outre­Atlantique, est une figure ambivalente. Au tant l'homme du discours de Ratisbonne est encensé ; autant le cardinal Ratzinger a été ac cusé de porter un coup d'ar­rêt au dialogue œcuménique. Les faiseurs d'opinion ont été louangeurs du premier, souvent pour de mauvaises raisons, et sont profondément critiques du second, pour des raisons qui

ne sont pas meilleures. Ils ne comprennent pas pourquoi le Pape qui s'en est pris à l'islam comme contraire à la Raison insiste tant, spécialement sur le continent américain, au Nord et au Sud, sur l'identité catho­lique romaine et rechignerait à inclure les catholiques dans une sorte de « Sainte Alliance » avec les évangéliques.

Dans une culture protes­tante fondamentaliste, telle qu'elle est vécue aux États­Unis, la relation entre foi et raison est en effet fondamentale. Le christianisme est d'emblée une religion rationnelle, l'is­lam ne l'est pas ou plus. Selon le commentateur catholique George Weigel, le divorce entre la foi et la raison est au cœur du « djihadisme ». Mais pour bon nombre de ses amis protestants, l'aboutissement le plus achevé du christianisme est de ce point de vue le calvinisme dans sa forme ultime popularisée au XIXe et XXe siècle aux États­Unis et autour duquel s'ordonne une sorte de panchristianisme trans­dénominationnel. Les mises en garde ou les rappels canoniques émanant à la fois de Rome et de la hiérarchie américaine sont regardés comme autant de freins à la solidarité dans le combat mondial des démocra­ties contre l'ennemi. Dans ce rôle, l'islamisme a évidemment succédé au communisme et Al Qaeda à Staline.

En cette période d'élargis­sement de l'OTAN, il n'est pas

inutile de se souvenir des efforts entrepris par l'ambassadeur de Roosevelt puis de Truman entre 1944 et 1952, Myron Taylor, auprès des confessions chré­tiennes européennes pour les regrouper dans la lutte contre l'Axe du Mal de l'époque. Il s'agissait notamment d'obte­nir la bénédiction de l'Alliance Atlantique par Pie XII, alors que le Saint­Siège s'efforçait aussi longtemps qu'il l'a pu d'éviter la coupure des deux blocs, la guerre froide et la relégation de l'Église du silence. Le contexte n'est plus le même, mais George W. Bush et quelques­uns de ses proches, dont certains éminents commentateurs catholiques, actifs dans les milieux néo­conservateurs, ne sont pas très éloignés de cet état d'esprit.

Le Saint­Père s'efforce de faire passer une ligne qui soit en tout temps au plus proche de la vérité. (1) Elle n'est pas suscep­tible de simplifications abu sives et accentue le devoir de discer­nement. Une présidence améri­caine moins idéologique, qu'elle soit plus laïco­réaliste avec McCain ou plus compréhensive avec Obama, devrait prendre le recul nécessaire vis­à­vis de la religion. Le rôle des Nations­Unies pour promouvoir la paix pourrait en être renforcé. n

ACTUALITÉpar Marie-Jo YORK

Pope Benedict XVIÉTATS-UNIS

FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008 5

)Le cardinal Ratzinger a été accusé de porter un coup au dialogue œcuménique

La visite du Saint Père aux États-Unis intervient à un moment décisif dans la campagne pour les élections présidentielles.

(1) On recommandera : Benoît XVI et l'Islam, de Vincent Aucante, Parole et Silence, 2008, qui défi-nit bien à partir des textes la subtilité et la force du raisonne-ment du Saint-Père, dans la ligne de ce qu'il écrivait déjà comme cardinal Ratzinger, sur le lien entre Foi et Raison, Islam, paix et démocratie.

Le torchon, s’est en- f l a m m é p e n d a n t quelques jours entre les familles et le gou vernement. En

annonçant le désengage-ment de l’État de la carte Famille nombreuse, soudain ravalée au rang de « produit commercial », Nadine Morano, secrétaire d’État à la Famille a déclenché une tempête médiatique, sans préavis : même la SNCF n’était pas au courant. Du côté des associa-tions familiales et des syndi-cats, la levée de boucliers fut unanime, au nom des 3 millions de bénéficiaires des tarifs réduits. Il faut dire que c’est une véné rable grand-mère qu’on voulait assassiner : la carte Famille nombreuse, spécificité française, aura 90 ans en 2011.

Au-delà des 70 millions d’euros d’économie que la suppression de cette subven-tion était censée rapporter, c’est le principe d’une poli-tique de la famille « universa-liste » qu’on allait sacrifier. Les spécialistes du sujet comme Christine Boutin, actuelle ministre du Logement, n’ont eu de cesse de distinguer la véritable politique familiale de la politique sociale de la famille. La première est pour tous, tandis que la seconde est réservée aux familles en

difficulté. La première vise à compenser une part de l’investissement éducatif consenti par les parents ; elle reconnaît le rôle économique des nouvelles générations. La seconde n’est que « curative » voire « palliative ».

Pour confirmer l’intérêt de la politique familiale, il suffit de voir la situation démo-graphique des pays euro-péens n’en ayant pas. Plus de ribambelle de bambini dans les rues italiennes : avec un taux de fécondité de 1,24 enfant par femme contre 1,90 pour la France, la pénin-sule subit un véritable suicide démogra phique. Quand aux Allemandes, 40% ne veulent plus avoir le moindre enfant. L’ancien président allemand Roman Herzog dit même craindre que son pays ne soit en passe de devenir une « démocratie de retraités » au détriment des jeunes généra-tions. « A la fin, il se pourrait que les plus âgés pillent les plus jeunes », a-t-il prévenu.

C’est au moment où ses voisins lorgnent sur sa politique familiale que la France envisage de la lais-ser se désagréger : suppres-sion de la Conférence de la famille ; réforme des alloca-tions familiales retirant 138 millions d’euros aux familles ; proposition du rapport Attali

– écartée pour le moment par le Premier ministre – de mettre ces allocations sous conditions de ressources… Et c’est bien cela qui se profilait pour un éventuel succédané de carte familiale, dans un « grand cafouillage » gouver-nemental, selon l’expression d’un Jean-François Copé, chef des députés UMP, particuliè-rement remonté. Dominique Bussereau, le ministre des Transports avait même invo-lontairement fait monter la pression en soufflant, dans la même interview, le chaud et le froid, annonçant d’abord que la carte allait « certaine-ment disparaître » pour être remplacée par un « instru-ment comparable » avant de préciser que « les réductions pour les familles nombreuses ne disparaîtront pas » mais que la carte elle-même allait « évoluer », évoquant alors des réductions conditionnées au voyage de la famille entière... Immédiatement les parents ont songé aux nombreux dé placements estivaux des adolescents seuls.

L’intention de soumettre la carte à des conditions de ressources a inquiété au-delà des personnes immédiatement concernées. Qui peut se dire à l’abri d’une modification de barème ou d’un changement de tranche de revenu ? De

plus, ce ne sont pas seule-ment les familles nom breuses existantes qui seraient péna-lisées mais aussi celles qui pourraient un jour accéder au troisième enfant, celui qui ouvre droit à 30% de réduc-tion dans les trains pour toute sa famille. Or, on reconnaît que c’est cet enfant-là qui occasionne immédiatement une nette baisse du niveau de vie, en faisant exploser les frais de garde, de loge-ment (déménagement) et de transports (changement de voiture), sans oublier, plus tard, les chères études (car, désormais, l’éducation dure vingt ans, ou plus).

Le mouvement familial note par ailleurs que les excé-dents de la branche famille sont régulièrement utilisés pour combler les déficits des autres branches (retraites, santé, dépendance).

Partagé entre l’hostilité au gouvernement, la défense des acquis sociaux et des relents d’idéologie antifamiliale, la gauche réagit en désordre, à l’image de la députée socia-liste Marisol Touraine, s’ex-primant dans La Croix. Après avoir affirmé que la démogra-phie était « un des atouts de la France » et reconnu la néces-sité d’ « une politique volon-tariste de soutien aux familles nombreuses » elle avouait : « S’agissant de la carte Famille nombreuse, cela ne me gêne pas que l’État retire son fi -nancement ». Mais les Verts trouvaient à la suppression de la carte un inconvénient spécifique par la voix de leur porte-parole, Anne Sourys : « On voudrait inciter les gens à prendre leur voiture plutôt

Un piteux déraillement

ACTUALITéfAmILLE

C'est le principe d'une politique de la famille universaliste qu'on allait sacrifier

6 FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008

par Tugdual DERVILLE

(

Le gouvernement entendait supprimer son engagement dans la carte Famille nombreuse SNCF, mais Nicolas Sarkozy en a finalement annoncé son maintien et élargissement, sans dissiper le malaise sur sa politique familiale.

Un piteux déraillementque le train qu’on ne s’y pren-drait pas autrement ».

L’imbroglio est d’autant plus malvenu que le gouver-nement Villepin avait lancé l’extension de la carte Famille à une cinquantaine de parte-naires commerciaux. En quoi une « politique commerciale » d’entreprise pourrait-elle remplacer la politique fami-liale et assumer durablement la mission des pouvoirs publics ? Le risque est de soumettre la carte à des logiques d’intérêts à court terme ignorant la vraie justification économique de ses avantages.

Nicolas Sarkozy a donc réendossé sa panoplie de sau veur. A l’issue d’une réu– nion de crise, il annonçait l’ex tension des avantages de la carte à certaines familles monoparentales, et même aux familles de moins de trois enfants « défa vorisées ». Peu importe que la nouvelle entorse au principe d’univer-salité de la politique fami-liale implique un surcroît de dépenses publiques, alors qu’on voulait initialement les diminuer. Pour une Nadine Morano piteuse, le déraille-ment relève d’un « malen-tendu ». Et dire que pareille tempête s’est déchaînée pour 70 millions d’euros alors que l’Etat en injecte annuellement 2,9 milliards pour sauver le régime de retraite des agents du rail ! n

édUCATIon : Pour la cinquième fois en quinze jours, les lycéens ont manifesté le 10 avril contre les suppressions de postes d’enseignants prévues pour la rentrée ; ils ont été reçus le 11 par le ministre de l’Éducation, Xavier Darcos. JUSTICE : Le propriétaire d'une maison de St-Brieuc doit passer au tribunal d'instance de sa ville cette semaine à la suite d'une plainte contre le « boîtier anti-jeunes » qu'il avait installé sur sa fa çade. Ce boîtier émet des ultrasons, qui ne seraient audibles que par les plus jeunes. Il est censé éloigner les adolescents de certains endroits comme les halls d'immeuble ou les centres commerciaux. Le boîtier est utilisé en Grande Bretagne, par la police, lors de manisfestations, et dans des écoles en Hollande afin de vider plus vite la cour de récréation.

FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008 7

ACTUALITéoLympISmE : Après des étapes chao tiques à Londres, Paris et San Francisco la flamme olympique a été accueillie sans incidents majeurs à Buenos-Aires, le 12 avril, puis à Dar es Salaam, en Tanzanie, le 13 avril, le 14 à Mascate (Sultanat d'Oman) et le 15 à Islamabad au Pakistan...

En 1983, au lendemain d’une époque où les séminaires fermaient les uns après les autres, soit par manque d’effectifs, soit par démagogie post-68 interne à l’Église, Mgr Joseph Madec, l'évêque de Fréjus-Toulon de l’époque, a posé un acte

de foi doublé d’un véritable défi à lui-même. « Je crois en l’avenir des vocations sacerdotales et reli­gieuses, écrivait­il à ses diocésains dans une lettre pastorale. Cette conviction n’est partagée ni par l’ensemble de nos contemporains ou des fidèles de notre Église, ni par tous les prêtres et religieux. Mais les douteurs ont tort. Je crois en l’avenir des vocations sacerdotales et religieuses, parce que je crois en l’Église et au Seigneur de l’Église ».

Mgr Joseph Madec prenait au sérieux la solli-citude de Dieu en faveur de son Église et le désir de jeunes gens à servir le Christ par le don total d’eux-mêmes. Vingt-cinq ans plus tard, en 2008,

Matthieu (qui n’était pas en-core né lorsque Mgr Madec publiait sa lettre), té moigne : « On n’entre pas au séminaire parce que c’est notre volonté propre mais pour une raison beaucoup plus forte ». Cer-titude que partage Joseph : « Il y a de multiples raisons pour lesquelles je suis entré au séminaire. La principale c’est que le Seigneur m’a ap­pelé ».

Le séminaire de La Cas-tille se situe à une dizaine de kilomètres à l’est de Toulon. Au milieu des vignes, au pied de collines qui surplombent la mer, le lieu a attiré assez

vite des jeunes de toute la France. Non en raison de son cadre géographique, qui certes ne gâte rien, mais d’une grande fidélité au Magistère et d'une formation spirituelle qui ne faisait pas des séminaristes des étudiants comme les autres. « Petit à petit, précise le Père Arnaud Adrien, ac-tuel supérieur du séminaire, un autre point s’est ajouté qui s’est beaucoup accentué à l’arrivée

DOSSIER

Célébrée le 4e dimanche de Pâques, la journée de prière pour les vocations a rappelé l’importance du ministère sacerdotal et de la vie consacrée dans l’Église et dans le monde. Dans une société profondément marquée par des comportements individualistes, consuméristes et laïcistes où règne un athéisme diffus, les vocations sacerdotales et religieuses restent un don de Dieu. Suivre le Christ demeure un projet fascinant à proposer joyeusement à la nouvelle génération. Si pénurie des vocations il y a, cette situation n’a pas de solution immédiate. Elle demande patiente réflexion. Celle que mène par exemple le séminaire de La Castille, dans le Var. Ce qui s’y passe depuis plus de vingt ans avec Mgr Joseph Madec et maintenant Mgr Dominique Rey, prouve que l’étroite collaboration entre les différents charismes issus de Vatican II peut renouveler la mission et réamorcer cette pompe que l’Église a parfois désamorcée elle-même en alignant la formation cléricale sur celle du monde. Les 63 séminaristes de La Castille représentent probablement la ligne d'une nouvelle génération de prêtres et de consacrés dans le monde.

par le Père Ludovic LÉCuru

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Que Dieu soi t avec eux !

À quoi aspire la jeunessecatholique ?

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Une vie conforméeau Christ

de Mgr rey, à savoir la dimension missionnaire. Si cette insistance sur la dimension missionnaire n’avait pas été mise en première ligne, le séminaire de La Castille n’existerait plus aujourd’hui ».

il faut dire qu’en 2008, l’inscription diocésaine d’origine n’est plus aussi évidente que par le passé. « L’Église locale n’a pas toujours de sens précis pour les nouvelles générations, analyse le Père Thierry-Dominique Humbrecht dans son ouvrage ‘L’avenir des vocations’. Leur jeunesse a été marquée par la mobilité professionnelle de leurs parents et par leurs propres études et premiers emplois ». De ce fait, il n’est pas rare qu’un jeune qui rencontre et partage l’apostolat de tel ou tel mouvement y progresse et finisse par entrer dans une com-munauté ou un séminaire dont la spiritualité lui semble caractéristique. À cette délocalisation s’ajoute, pour le Père Didier Proton, père spiri-tuel à La Castille, la soixantaine, des conversions étonnantes au cœur de la sécularisation actuelle : « Ce qu’on remarque, confie-t-il, c’est que beau­coup de séminaristes sont des convertis. Il y a chez eux une connaissance du Dieu de Jésus­Christ, une connaissance de l’Esprit qu’il n’y avait pas de mon temps. Nous, nous étions sur une lancée : la famille

chrétienne, le moment de ferveur qui allait déclen­cher l’entrée au séminaire avec un sentiment d’at­trait pour le sacerdoce. Tandis qu’aujourd’hui, pour beaucoup, c’est plus profond que de notre temps. Il y a vraiment une conversion qui s’est faite dans un lieu de pèlerinage ou à travers des événements. Il est merveilleux de voir que le christianisme parle toujours au cœur des jeunes. Comme on dit, le bras de Dieu ne s’est pas raccourci. Il appelle de façon plus prégnante et quelquefois plus forte que de notre temps ».

De telles conversions ne sont pas de surface. Elles vont de pair avec un réel désir de se for-mer humainement et spirituellement. « Les sé­minaristes d’aujourd’hui refusent le relativisme, constate le Père Adrien. Alors que la société a peur de l’engagement, eux veulent s’engager ». un engagement qui ne fait pas dans la demi-mesure. Ludovic, originaire de Versailles, a vécu une vie professionnelle plutôt réussie avant d’entrer au séminaire de La Castille. il a travaillé dans le sport automobile comme ingénieur de piste, puis dans la photo à un niveau professionnel avant de pas-ser dans la grande industrie chez renault et enfin de fonder une entreprise de conseil en technolo-gie « qui a bien marché ». « Je me suis aperçu que ni l’argent, ni la réussite, ni le pouvoir, ni les sé­ductions de ce monde ne pouvaient combler mon cœur et que seul le don total et radical de ma vie donnerait un réel sens à mon existence ».

Autant de promesses qui réjouissent Mgr Dominique rey qui a succédé à Mgr Madec en 2001. Les chiffres ne l’intéressent guère, même si le séminaire de La Castille compte cette année 63 candidats au sacerdoce. Pour l’évêque issu de la communauté de l'Emmanuel, l’urgence est de renouer avec la réalité de l’identité du prêtre : « une vocation sacerdotale ne peut vraiment se déployer qu’à partir du moment où la base bap­tismale est bien assurée. Le temps du séminaire n’est pas simplement une qualification intellec­tuelle, une spécialisation pastorale, c’est d’abord de se laisser saisir par le Christ ». reste à savoir comment lier cette amitié avec le Christ et la vie au cœur d’un monde sécularisé où la mission du prêtre ne fait l’objet d’aucune valorisation. « Ce que j’attends du séminariste, répond Dominique rey, c’est que l’enseignement qu’il reçoit lui per­mette de découvrir vraiment et profondément le mystère de l’Église dont il va être le témoin et le ministre. J’attends aussi des séminaristes que pendant le temps de leur formation, ils puissent découvrir cette vie ecclésiale à partir de ce qu’ils vivent au séminaire, c'est­à­dire une expérience de vie communautaire. Le grand défi de l’Église universelle et diocésaine, c’est le renouveau des communautés chrétiennes ».

Évangélisation et vie communautaire sont de fait les rails du séminaire de La Castille. L’évangé-

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lisation d’abord. Pour Mgr rey, « ce qui fait l’ori­ginalité du séminaire de La Castille, c’est le souci missionnaire de notre diocèse. Nous essayons de préparer les prêtres pour qu’ils soient des mis­sionnaires compte tenu du contexte dans lequel ils vont se trouver ».

L’évêque de Fréjus-Toulon ne fait que miser sur un phénomène ecclésial qui se confirme ici ou là. Partout en France où des communautés chrétiennes vivantes sont impliquées dans les paroisses, la pratique religieuse y est plus impor-tante. Le résultat le plus net s’observe précisé-ment dans le Var. La pastorale qui y est déve-loppée dès le séminaire porte des fruits qui se révèlent déjà dans les chiffres. Ce département

situé dans une région largement déchristianisée comporte une proportion de catholiques plus forte que la moyenne française.

une telle évangélisation oblige le sémina-riste à connaître le monde dans lequel il sera envoyé sans se dénaturer à son contact. C’est du moins ce à quoi s’emploie le Père Laurent Sen-tis, respon sable des études à La Castille : « Mon objectif, c’est de transmettre aux séminaristes les principes fondamentaux, c'est­à­dire les bases en philosophie, en théologie, en Écriture sainte, pour leur fournir un équipement intellectuel, un savoir­écouter, un savoir­discerner qui leur per­mettent d'évaluer la complexité d’une situation ». Quant au célibat sacerdotal, il demeure aux yeux

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de ces jeunes gens le signe de l’Évangile qui mé-rite toutes les capacités d’aimer présentes en eux. « Quand on fait de l’évangélisation, constate Ludovic, surtout auprès des jeunes, le célibat est quelque chose qui les interpelle. Pour moi, le célibat est un témoignage concret que le Christ nous comble totalement dès cette vie ». La reven­dication du mariage des prêtres par ceux qui ne le sont pas tient­elle encore dans une société où l’on compte un divorce pour deux mariages dans les grandes villes ? »

Quoi qu’il en soit, l’impulsion de l’évangélisa-tion est donnée et appuyée par l’évêque lui-même. il affirmait dans le magazine Le Point du 15 no-vembre dernier : « Je souhaite que la présence de l'Église dans mon diocèse ne se limite pas aux lieux de culte. Pour plus de visibilité et de proxi­mité, nous investissons des commerces. On a, par exemple, transformé une ancienne aumônerie en sandwicherie […] On peut y venir simplement pour manger ou, pour ceux qui le désirent, parler religion. Cela nous permet de rencontrer des non­croyants ­ des passants, des badauds ­ qui ne ren­treraient pas forcément dans une église. »

Vie de communauté maintenant. Le prêtre diocésain, tout en restant profondément inscrit et attaché au service d’un diocèse, doit aussi as-

sumer les besoins spécifiques liés au ministère ordonné aujourd’hui. En particulier, parmi ces besoins et ces nécessités du ministère, se trouve la vie commune. « Il y a 63 séminaristes pour l’en­semble du diocèse, compte le Père Adrien. Plu­sieurs communautés y sont présentes. Le Chemin néo­catéchuménal qui accueille 14 séminaristes ; les Petits frères de l’Eucharistie qui sont appelés à être ermites et à accueillir aussi des personnes en direction spirituelle ; la communauté Shalom, Point­Cœur ; les Missionnaires de la divine Misé­ricorde et la Fraternité missionnaire que Mgr rey a fondée ». Cette Fraternité, ou « Notre-Dame de la Mission » réside à la Garréjade, à deux pas du séminaire. Là, un prêtre et six séminaristes par-tagent leur temps entre vie de prière, vie commu-nautaire, formation et mission, que ce soit auprès des jeunes ou au sein de groupes de prière.

Cette multidiversité laisse-t-elle entendre que le diocèse de Fréjus-Toulon a compris avec un peu d’avance, par rapport à d’autres diocè-ses, qu’aucun presbyterium ne peut prétendre se suffire à lui-même ? « La seule raison qui permet non seulement la coexistence de ces communau­tés mais l’articulation de leurs différences, souli-gne Mgr rey, est qu’elles sont portées par le désir de la mission. Sinon, ce serait autant de bastions juxtaposés les uns à côté des autres. Or, il s’agit de réaliser une œuvre commune, j’allais dire un ‘bou­quet’ à partir des couleurs et des harmoniques de chacun. C’est cette recherche commune de sain­teté pour la mission, pour l’évangélisation qui rend notre communion féconde ». Cette diversité de charismes n’est pas recherchée pour elle-même. Elle est un fruit du Concile accueilli au service de la mission diocésaine. « J’ai été heureux, confie le Père Adrien, quand un jeune prêtre qui venait tout juste d’être ordonné, a quitté le séminaire en révélant ce qu’il avait reçu d’une communauté dont les membres sont formés ici et dont la spiri­tualité n’était pas du tout la sienne. Cela veut bien dire que chacun accueille l’autre pour ce qu’il est. Il y a une véritable volonté de communion et un véritable échange de dons au service de la mission de l’Église d’annoncer le Seigneur ».

« Le pire ennemi des vocations c’est notre doute, nos bras baissés, poursuivait Mgr Joseph Madec dans sa lettre pastorale de 1983. Pierre aussi était découragé. Il s’est repris : ‘Sur ta pa­role, Seigneur je vais jeter les filets’. Acte de foi irrationnel que tout ceci ? Je ne le pense pas. Je suis disciple de celui qui a proclamé la veille de sa mort : ‘Courage ! J’ai vaincu le monde’. » Ce n’est pas parce que l’on nous ressasse que le nombre de prêtres dans les proches années va diminuer, qu’il faut en prendre son parti. Des évêques, des formateurs, de jeunes séminaristes, confiants et optimistes, croient en l’avenir. Qui s’en plain-drait ? n

Aucunpresbyterium

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En mémoire des jours

Un Samedi Saint au tom beau. L'Église est en deuil. Elle l'est

de manière plus précise encore au pays de Sion en Suisse. Un homme en effet est mort en ces heures, où même le glas fait silence.

L'homme qui vient de mourir était un prêtre, dont le rayonnement avait quelque chose d'unique, et qui aura marqué les géné-rations qui eurent la grâce de le connaître. Tout était à l'image de sa foi chez cet homme qui avait, au sur-plus, la grâce des engen-drements intérieurs. C'était un être de vraie culture, ce qu'on aurait volontiers appelé autrefois un "let-tré". Il le fut effectivement, mais d'une manière propre qui rapportait tout à son Maître et Seigneur.

La jeunesse était l'objet de ses attentions de prédi-lection. Durant ses études, une rencontre avait pro-fondément marqué Michel Maret, tel était son nom. Il avait eu la grâce de connaî-tre celui qui allait devenir le cardinal Journet, une fi- gure de la foi. Le père Maret était lui-même en charge d'institutions éduca-

tives, dont certaines avaient la dimension de maisons de retraite. L'une d'entre elles s'appelait Notre-Dame du Silence. Un titre qui défi-nissait à la lettre le projet de Michel Maret, qui faisait de lui un écoutant en Dieu. Que fit-il d'autre, pour finir, tout au long de sa vie, qui ne fut pas trop longue, mais d'une fécondité qui ne s'est jamais démentie ? Pourraient en témoigner ses innombrables amis. Il y en eut parmi eux de tous les âges et classes.

Ses dons multiples lui permirent un apostolat à sa mesure. Ses talents d'écri-ture l'avaient révélé avec éclat ces dernières années. Et l'on pouvait s'attendre à des suites prometteuses. Il y avait chez lui un souci du vrai. Il s'effaçait devant les thèmes qu'il traitait. Il lui importait par-dessus tout le service du vrai qui n'a pas attendu notre généra-tion pour se dire.

Sa santé n'était pas égale à ses capacités. Il dut composer avec des forces qui se montraient plutôt indociles. Il en aurait fallu plus pour le décourager. La veille de sa mort, il faisait encore des projets, et l'on peut espérer que quelques-uns d'entre eux aboutiront. En tout cela, Michel Maret n'eut d'autre souci que d'être un témoin. Il le fut effectivement à sa manière qui était celle d'un prêtre. Et c'en était assez à ses yeux.

Ses obsèques furent un moment à la hauteur de son destin. Chacun avait le sen-timent de vivre un moment

de sa propre histoire. « Jour de profond étonnement : Dieu, en son Fils, est mort », disait à cette occasion le curé doyen de la cathédrale de Sion…

« Le Samedi saint , Michel aurait pu méditer Claudel, le passage sur-tout où il écrit : Quand les nuages se sont accumulés, tout est prêt pour l'arc-en-ciel. L'arc-en-ciel ? C'est le grand jour de la Résurrection. Toute l'émo-tion qu'éprouve Jésus, ce remuement des entrailles, ces pleurs, nous les par-tageons avec Michel… Il a cru, et il est dans la gloire de Dieu. Il a prononcé son dernier Amen…

« Quand Dieu voudra, je voudrai aussi », aurait dit Mozart. Ce mot de conclusion, c'est à Michel qu'on le doit, et il signifie le plein consentement de celui qui le prononce. Le Christ est le témoin fidèle du Père, l'Amen, le Oui de Jésus-Christ est au cœur du monde, selon Maurice Zundel : « Désormais, il y a au cœur de l'histoire un Oui parfait qui est le Oui de Jésus-Christ, le Oui pronon-cé au matin de toute créa-ture, au nom de l'univers. »

Comment n'aurait-il pas cité aussi cet extrait de Thomas Merton, que d'ailleurs le père Maret avait repris dans Paroles et paraboles de sagesse ? à la question : Qui suis-je? Thomas Merton répond : « La découverte la plus profonde de ce que je suis se formule de manière très simple : Je suis quelqu'un que le Christ aime ».

« Michel Maret, souli-gnait encore le curé de la cathédrale, s'est efforcé de rentrer dans le jeu de la grâce. Il reçoit maintenant la récompense promise par Jésus : la tendresse infinie du Dieu Père qui est aussi le Dieu Mère. »

I l a u r a i t m a n q u é quelque chose à la vérité de cette cérémonie, s'il n'y avait eu la voix d'un enfant, qui soudain s'est élevée dans un silence impression-nant. L'aînée de trois sœurs parla avec cette assurance de l'enfance, dont Dieu a fait la porte d'accès à son Royaume : « Au moment de notre vie où nous nous posions des questions sur le monde dans lequel nous vivons, et sur la présence de Dieu dans nos cœurs, nous avions eu la chance de vous rencontrer… Le plus beau cadeau que vous nous avez fait, c'est d'avoir su nous écouter sans nous juger… Nous garderons à jamais le souvenir de votre présen-ce attentionnée. Merci ! » Signé Sandra, Anna et Clara; 11, 8 et 6 ans.

Au chevet du Père, il y eut aussi la douce pré sence d'une assistante du nom de Heidi qui sut l'accompagner jusqu'au bout.

Un dernier mot encore : le père Maret était un lec-teur exigeant des ou vrages en cours de parution. Sa dernière contr ibu-tion concernait un titre à paraître : En ces matins du monde. Le moins que je puisse dire, moi aussi, au père Maret, c'est merci. Ce mot qui vient de loin pour nous dire la route. n

En hommage

ParRobert Masson

ESPRIT

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ESPRIT

Pas faciles à entendre, ces mots de l’Apôtre Pierre, le mot « race » a des relents désagréables, mais en plus : « choisie » ! Comme si Dieu

avait ses préférés ! Pour le premier Pape de l’histoire, c’était déjà une drôle de façon d’interpeller les premiers chrétiens, pour la plupart issus du paganisme, que de transférer sur eux une appellation qui désignait le Peuple élu, c’est-à-dire Israël.

Il est étrange à nos oreilles égalitaires d’entendre dire que Dieu a choisi quelqu’un, apôtre, roi ou prêtre, de préférence à d’autres, pour lui confier une mission particulière. Et pourtant, c’est bien ainsi que la Bible nous présente le Dieu qui n’a pas peur de s’appeler lui-même « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob » (Exode 3,6). Son universalité n’est pas en cause : « en toi seront bénies toutes les races de la terre » (Genèse 12,3), mais cela veut dire que Dieu rejoint l’histoire des hommes à partir d’un point particulier, d’où il rayonne sur l’ensemble de l’humanité. C’est cette alliance particulière, relation privilégiée et personnelle, qu’il étend ensuite à d’autres, de proche en proche. Pour celui qui est ainsi « élu », l’honneur de devenir l’instrument de Dieu se double d’une terrible responsabilité, la charge de laisser transparaître dans sa pauvre vie l’exigence de l’Eternel. Ce qui est vrai d’un individu peut l’être d’un peuple : Dieu a choisi réellement Israël à travers Abraham et ce peuple est à jamais marqué de ce choix, pour le meilleur comme pour le pire. A jamais Dieu a voulu se lier avec le destin d’un groupe humain qui traverse l’histoire porteuse de traits distinctifs, la marque brûlante de l’Unique.

On comprend que la philosophie de ce monde, surtout avec ce qu’on appelle les

Lumières, ait rejeté l’élection d’un peuple, qu’elle jugeait comme une prétention insupportable. La raison est égale pour tous et l’être Suprême ne fait pas de différence, car il est cantonné dans son ciel et nous laisse gérer les affaires de la terre. Le refus du mystère d’Israël a abouti à la forme pathologique d’une volonté d’élimination avec le nazisme. Mais il connaît aujourd’hui d’autres résurgences notamment à travers un islam, qui, niant toute possibilité pour Dieu de se lier à l’histoire concrète des hommes, conteste

violemment la particularité définitive d’Israël et lui interdit toute visibilité.

Or cette référence à l’« élection » est passée au christianisme, pas moyen de le nier : saint Pierre veut nous dire que les promesses de Dieu en direction de tout homme se réalisent aujourd’hui à travers un Peuple concret, l’Église catholique, repérable elle aussi dans l’histoire et

dont les circonstances actuelles nous font mieux mesurer le visage à la fois charismatique et institutionnel. Bien sûr, il y a une différence de taille avec Israël, c’est que l’Église a vocation missionnaire, son rôle n’est pas seulement d’attestation (de l’unicité divine, de la dignité de l’homme créé à l’image de Dieu, etc.), mais c’est une tâche de diffusion de la foi en la Bonne Nouvelle. Cette tâche la définit complètement ; à vrai dire, elle n’existe même que pour cela, faire connaître le salut et le faire advenir par

la conversion des cœurs, le baptême et la vie chrétienne. Car le salut de l’homme n’est pas tant son admission ultime dans le bonheur éternel où Dieu l’attend (et dont on peut imaginer qu’elle doit être généreusement ac-cordée aux hommes de bonne vo-

lonté), c’est bien plutôt la rencontre ici et maintenant de Jésus Ressuscité. Là s’accomplit le salut, lorsqu’en réponse à l’initiative de Dieu, se lève un acte de liberté, la réponse de foi à l’annonce de l’Evangile (cf. Romains 10,8-18).

Nous sommes donc investis de la plus haute responsabilité. Le privilège, si c’en est un, se double là encore d’une exigence redoutable. Nation sainte, race choisie, sacerdoce royal, derrière ces mots magnifiques, se cache l’appel à la fidélité jusqu’au bout à ce qui nous a été transmis, même si c’est en contradiction avec ce monde. Et surtout nous sommes comptables de la lumière qui nous a été confiée sans mérite aucun de notre part. Nous ne la garderons, nous n’en serons nous-mêmes illuminés, qu’à condition de la transmettre. Sinon la lumière ira plus loin, mais sans nous. Dieu peut en effet, « avec les pierres du chemin faire naître des enfants à Abraham » (Matthieu 3,9). n

Première lecture : Actes des Apôtres (6, 1-7) - Psaume 32 - Deuxième lecture : Première lettre de saint Pierre Apôtre (2, 4-9) - Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (14, 1-12)

Vous êtesla race choisie par le Père

Michel GITTON

5e dImanchE dE PÂquES (annéE a)

Retrouvez chaque jour, sur internet, les points d'oraison du Père Michel Gitton, et les commentaires des Pères Louis et Bernard Hurault, à partir des lectures du jour :

www.france-catholique.fr

Retrouvezle Père Gitton chaque semaine

sur Radio EspéranceTél. 04.77.49.59.69

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Dieu a choisi réellement Israël et cepeuple est à jamais marqué de ce choix(

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FAMILLES Au moment où l’État envisage de sup primer la carte famille nombreuse, il importe de rappeler que la politique fami liale de l’État doit soutenir la famille, structure essentielle de notre société. La démographie est une des chances de la France. Le soutien des familles nom­breuses n’est pas seulement une forme normale de solidarité nationale envers ceux qui prennent le risque d’avoir des enfants et de les élever. C’est aussi un acte politique de pré­paration de l’avenir. Dans cette perspective, la suppres sion du financement public de la carte de famille nombreuse serait incom préhensible. Nous souhaitons que l’État maintienne une politique sérieuse d’engagement à l’égard de la famille et ne la déstabilise pas davantage.

+ Mgr Jean-Charles DescubesArchevêque de Rouen

Président du Conseil pour les questions familialeset sociales de la Conférence des évêques de France.

ZIMBABWE La crise au Zimbabwe s’est aggravée le week­end dernier. Le président Mugabe veut imposer un deuxième tour et interdit tout rassemblement public, alors que l'op position estime avoir remporté la victoire dès le premier tour du 29 mars. Morgan Tsvangirai, le leader du principal parti de l’opposition (Mouvement pour le Changement démocratique­MDC), a accusé le président Mugabe de réaliser “un coup d’état militaire de fait”, avec le déploiement de l’armée dans tout le pays. Les représentants de 14 pays voisins se sont réunis à Lusaka pour essayer de déterminer une position commune. La Conférence épiscopale d’Afrique australe a lancé, le 10 avril, un appel à une média tion internationale. Le même jour, la Caritas international a publié un communiqué affirmant que rien ne justifiait la non publication des résultats des élections du 29 mars.

(LM) (Agence Fides 12/4/2008)

OUGANDA De très nombreuses personnalités étaient at tendues à la cérémonie de

Sous le signe des martyrs

L e 6 avril après­midi, Benoît XVI s'est rendu sur l'île du Tibre à l'occasion du 40e anniversaire de la Communauté de Sant'Egidio. Il a présidé en l'église St­Barthélémy une célébration de la Parole en mémoire des té­

moins de la foi des XXe et XXIe siècles.En ce lieu, a dit le Pape, on se demande "pourquoi nos frères martyrs n'ont

pas cherché à tout prix à sauver le précieux bien qu'est la vie ? Pourquoi ont­ils continué à servir l'Église malgré menaces et intimidations ? Ici on entend réson­ner l'éloquent témoignage de ceux qui, au long du siècle passé, comme aux débuts de l’Église, ont vécu l'amour et offert leur vie au Christ par le martyre… Ils ont lavé et blanchi leur tunique au sang de l'Agneau". C'est une référence à saint Jean qui parle de la blanche flamme de l'amour "qui a poussé le Christ à verser son sang pour nous, ce sang qui nous a purifiés. C'est soutenus par cette flamme que les martyrs ont eux aussi versé leur sang et se sont purifiés dans l'amour".

Puis Benoît XVI a rappelé qu'il "n'existe pas de plus grand amour qu'offrir sa vie pour les amis", phrase de Jésus qui indique que "chaque témoin de la foi vit cet amour plus grand à l'exemple du divin Maître, qu'il est prêt à sacrifier sa vie pour le Royaume. Par cela, il devient ami du Christ et se conforme à lui en ac­ceptant le sacrifice ultime, sans limiter l'amour donné ou le service de la foi".

"Devant chacun des six autels qui rappellent les chrétiens victimes de la violence totalitaire du communisme et du nazisme, ceux tombés en Amérique, en Asie et en Océanie, en Espagne, au Mexique ou en Afrique a alors dit le Saint­Père, nous revoyons les drames du siècle dernier. Beaucoup sont tombés dans le cadre de l'évangélisation, et leur sang se mêle à celui des autochtones qui avaient reçu la foi".

"D'autres, souvent minoritaires, ont été tués en haine de la foi, d'autres en­core se sont sacrifiés pour ne pas abandonner ceux qui avaient besoin d'eux, ou leurs ouailles, au mépris du danger… Ces sœurs et frères dans la foi forment comme un grand tableau de l'humanité chrétienne du XXe siècle, une vision des Béatitudes vécues jusqu'à l'effusion… On pourrait croire que la violence, le totalitarisme, la persécution et la brutalité sont les plus forts puisqu'ils font taire la voix des témoins de la foi, lesquels peuvent apparaître comme des vaincus de l'histoire. Mais le Ressuscité illumine leur témoignage en donnant sens à leur martyre… Le sang des martyrs est la semence des nouveaux chrétiens et, dans la défaite et l'humiliation de qui souffre au nom de l'Évangile, agit une force inconnue du monde…, la force de l'amour vainqueur même lorsqu'il paraît vaincu. Cette force défie et vainc la mort".

Mais notre siècle s'est également ouvert sous le signe du martyre, a ajouté le Saint­Père. "Lorsque les chrétiens sont vraiment le levain, la lumière et le sel de la terre, ils sont persécutés à l'instar de Jésus… Ils deviennent comme lui signes de contradiction. La fraternité, la foi et le service des faibles et des pau­vres… provoquent parfois de violentes aversions. Il faut alors se tourner vers le lumineux témoignage de qui nous a précédé dans une fidélité capable d'aller jusqu'au martyre".

Après la cérémonie, le Pape a salué la foule restée dehors et salué la Com­munauté de Sant'Egidio : "La Parole de Dieu, l'amour de l’Église, l'attachement premier aux pauvres, la propagation de l'Évangile sont les étoiles qui ont guidé" partout ses membres en fidélité au message du Christ. Il a salué la Commu­nauté pour l'attachement envers les humbles et la recherche de la paix qui la caractérisent : "Ne craignez donc pas les difficultés et les souffrances que comporte votre mission, et entrez dans la logique d'un effectif témoignage de l'amour du Christ". n VIS 080408 (670)

signature de l’accord défi nitif de paix entre le gouvernement ougandais et les guérilleros de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), le 15 avril à Juba, ca pi­tale du Sud Soudan, en pré sence du pré­sident ougandais Yoweri Museveni.

(LM) (Agence Fides 12/4/2008)

IRAK Le 5 avril, un prêtre de l'Église or ­thodoxe sy rienne, Adel Youssif, a été as sassiné par des inconnus, près de son domicile dans le quartier résidentiel de Karrada, à Bagdad. Le 11 avril, Riyad Al­Nouri, 37 ans, religieux chiite, et beau­frère de Moqtada Sadr, chef de l'armée du Mahdi, a été as sassiné près de son domicile à Najaf.

TIBET Le Dalaï­Lama a entamé, le 11 avril, une tournée de conférences aux États­Unis qui, durant 13 jours, le conduira de l'Université de Washington à l'Université du Michigan, à Ann Harbor, puis à l'Uni­versité Colgate, à Hamilton, dans l'État de New York. Les déclarations du chef religieux bouddhiste se caractérisent par leur rare mesure au moment où la répression chinoise sévit dans son pays.

NÉPAL D'après les premiers résultats publiés des élections du jeudi 10 avril, les com­munistes « maoïstes » (dont l'emblème est la faucille et le marteau) seront en position de force à l'Assemblée constituante de 601 membres qui doit établir une constitu tion républicaine. Environ 60% des 17,6 millions d'électeurs ont par­ticipé à ce scrutin, le premier organisé de puis dix ans. De façon symbolique, un nouveau parti, le Parti de la famille du Népal, avait pré senté la candidature d'une catholique : Eliza Pradhan.

ÉQUATEUR Des représentants de la Conférence épiscopale équatorienne et quelques présidents de corporations, confédéra­tions et Conseils pour l’éducation, ont fait, le 7 avril, une visite au président de l’Assemblée Constituante, Alberto Acosta, avec des propositions à propos de la liberté éducative, la liberté religieuse, la justice sociale, le respect de la vie, de la famille et du mariage.

(RG) (Agence Fides 10/4/2008)

GUINÉE Le frère Joseph Douet, 62 ans, a été assassiné, probablement par des voleurs, le 8 avril à Kataco, en Guinée (Afrique de l'Ouest). Il était originaire du Pin­en­Mauges, dans le Maine­et­Loire, et était membre de la communauté de St­Gabriel qui compte 1 200 frères et une cinquantaine de missionnaires à travers le monde.

ITALIE Le pape a cité dans son homélie du 9 avril, la sœur Maria Laura Mainetti, as sas sinée le 6 juin 2000 au couteau, à Chiavenna en Lombardie, par trois jeunes femmes affirmant agir sous emprise sa tanique : « Fidèle au don total d'elle­même, elle a sacrifié sa vie en priant pour qui la frappait ». Membre des Filles de la Croix, sœur Maria Laura devrait être prochainement béatifiée.

AUSTRALIE L'Église anglicane d'Australie, qui ordonne des femmes prêtres depuis 16 ans, a nommé sa première femme évêque le 11 avril : Kay Goldsworthy, qui était archidiacre de Perth et a 51 ans.

AUSTRALIE Environ 125.000 jeunes de plus de 170 pays sont attendus pour les JMJ de Sidney (15 au 20 juillet). Ils seront accompagnés par 500 évêques. La plus grosse délégation sera celle des Italiens avec 15 000 personnes annoncées. Mais l'Australie n'a encore émis que 10 000 visas pour l'événement. Chris Evans, ministre australien de l'immigration et de la citoyenneté, a mis en garde, le 12 avril : "les gens doivent maintenant comprendre que le département de l'immigration ne peut pas garantir que les demandes faites après le 1er juin seront traitées à temps pour que les pèlerins puissent voyager en Australie en juillet". Son gouvernement exonère les pèle­rins des droits de visas, à condi tion que la demande passe par les évêchés. Ces 23e JMJ seront le plus grand événement jamais organisé en Australie. Elles atti­reront plus de visiteurs étrangers que les Jeux Olympiques de 2000. On espère aussi la participation de 100 000 Australiens. Les jeunes des îles de la région (Nouvelle­Calédonie,

Wallis et Futuna, Vanuatu…) seront peu nombreux en raison des coûts d'un tel voyage. Ainsi aux Fidjis, l'Église a­t­elle estimé, le 13 avril, à quelque 600 le nombre de catholiques qui auront les moyens de faire le voyage, sur les 2 000 qui avaient manifesté leur désir de partir.

ÉTATS-UNIS Le FBI a fait une perquisition le 4 avril dans le "ranch du désir de Sion" à Eldo rado au Texas, propriété d'une secte mormone qui pratique la polygamie et le mariage forcé des jeunes femmes de la communauté. En général, ce genre d'épreuve de force policière tourne à la confusion de la justice, le droit américain privilégiant la liberté religieuse avant tout. Mais le dirigeant de cette secte, Warren Jeffs, a été condamné pour complicité de viol sur mineure en septembre 2007.

ALLEMAGNE Dans un rapport de 700 pages, rendu public le 8 avril, l’Église catholique allemande a fait un point historique sur le travail gratuit de 6 000 prisonniers, polonais et soviétiques, mis par le régime nazi à la disposition d'institutions catholiques : hôpitaux ou fermes de mo ­nastères. Le cardinal Karl Lehmann a estimé que cette page de l’histoire était "un fardeau historique, qui entraîne pour notre Église une obligation pour l'avenir".

NANTERRE Le Père Nicolas Brouwet, né en 1962, a été nommé évêque auxilaire de Nanterre où il a été ordonné prêtre en 1992.

LUçON Le pape Benoit XVI a nomme évêque de Luçon – siège vacant à la suite du transfert de Mgr Michel Santier à l’évêché de Créteil – le père Alain Castet, né en 1950 à Floirac en Gironde et ordonné prêtre en 1975 pour le diocèse de Paris.

PÉDÉRASTIE Un surveillant et chef de la chorale du lycée catholique Saint­Jean­de­Passy (Paris XVIe) a été inculpé pour des agressions sexuelles qu'il aurait commises entre 1987 et 2007 sur quatre garçons dont les familles ont récemment porté plainte.

16 FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008

ÉGLISE

La Bosnie-Herzégovine est diffici-lement gouvernable parce que divisée en deux entités : les musul-mans (43% de la population) et les catholiques (11%) forment une

Fédération croato-musulmane qui rêve d'in-tégration européenne, mais la République Srpska (Serbes orthodoxes = 31%) aspire d'abord, malgré la ferme réprobation des instances internationales, à se fédérer avec la Serbie voisine.

« Évoquant la situation de la minorité catholique, Mgr Ivo Tomasevic, se crétaire général de la Conférence des évêques catholiques de Bosnie, estime que leur situation ne s’est guère améliorée depuis la fin de la guerre. Les chiffres sont éloquents : hier 800 000 en Bosnie Herzégovine, ils ne sont plus aujourd’hui que 460 000. Sur le territoire de la République serbe, ils sont passés de 200 000 à 6 000. Il s'agit bien d'une épuration réussie.

Alors que les accords de Dayton datent de plus de dix ans, Mgr Ivo déplore la conti-nuation d'une certaine forme d’épuration ethnique qui s’exerce par des moyens ad ministratifs, à l'encontre des catho-liques qui souhaiteraient revenir dans leurs villes d'origine désormais serbes : « nous connaissons le cas de gens qui sont rentrés et qui ont dû at tendre trois voire quatre ans pour recevoir l’électricité. C’est une tac tique pour que les gens ne reviennent pas. [Dans les mêmes régions] nous devons demander et payer des auto-risations pour reconstruire une église que les Serbes ont eux-mêmes incendiée, sans même qu’il y ait eu des opérations de guerre dans ces zones ! »

Dans le diocèse de Banja Luka, désor-mais capitale de l'entité serbe, 90 % des églises catholiques ont été détruites… Six prêtres ont été tués, en dehors de toute action de guerre, sans qu’un seul respon-sable de ces assassinats n’ait été amené devant les tribunaux jusqu’à aujourd’hui.

Mais les milieux serbes ne sont pas moins inquiets. L'agression subie par l'évê-que orthodoxe, Chry sostome Jevic a ravivé bien des craintes. Cela s’est déroulé le 15 juillet dernier, chez lui à Bihac, ville située à 200 kilomètres à l'ouest de la capi-tale Sarajevo, dans la Fédération croato-musulmane. L'évêque, âgé de 65 ans, a été ligoté et blessé à la tête et sur tout le corps. Les agresseurs lui ont réclamé de l'argent et l'ont battu. Il s'agit, selon un porte-parole de l'Église orthodoxe, de l'agression la plus grave commise dans la région contre un représentant de l'Église orthodoxe depuis la fin de la guerre de 1992-1995.

L’Église orthodoxe poursuit cependant son travail de reconstruction des églises détruites pendant la guerre, par exemple l’église Saint-Nicolas à Gostovici, récem-ment reconstruite et consacrée après avoir été incendiée en 1992.

Côté musulman, l’influence des pays arabes, et leur soutien financier, se fait sentir, et cela amène une certaine radicali-sation de petits groupes qui in quiètent les tenants d'un islam sunnite réputé modéré et tous ceux qui se voudraient simplement laïcs à l'occidentale.

Malgré tout, l’Église catholique ren force son engagement dans les domaines de l’éducation et des activités sociales et cari-tatives. Sa contribution pour favoriser la coexistence pacifique entre les diffé-rents groupes du pays est reconnue. Le 25 oc tobre dernier était ratifié au Vatican l’Accord fondamental entre le Saint-Siège et la Bosnie-Herzégovine qui régule la position juridique de l’Église catholique dans le pays. « Une journée historique » a estimé le cardinal Bertone, Secrétaire d’État du Vatican. ■

Alors que la communauté catholique a fondu presque de moitié depuis la guerre, les réfugiés tardent à rentrer au pays devant la fragilité de la paix et la discrimination qui les attend.

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Bosnie :un avenir incertain

Favoriser la coexistence pacifique entre les différents groupes

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Écoutez la chronique de Marc Fromager, chaque semaine sur :

par Marc FROMAGER

ÉGLISE EN DÉtrESSE

FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008 17

Cimetière pour victimes de la guerre civile à Travnik (ancienne capitale de la Bosnie ottomane)

Mgr Brizard, avant d’aborder les enjeux ■de la présence chrétienne, pouvez vous définir les contours de ce qu’on entend par Terre Sainte ?

Philippe Brizard : Par le terme Terre Sainte, on désigne pudiquement Israël et Palestine en se refusant, au moins dans un premier temps, à se position-ner par rapport à ce qui est un État, Israël, et ce qui ne l’est pas encore tout à fait, la Pa-lestine. Cette ex-pression commode désigne le pays où Jésus a vécu, où il a proclamé la bonne nouvelle du salut et où se sont produits les événe-ments de notre ré-demption. Pour les chrétiens, ce pays est le lieu de nais-sance de l’Église. C’est depuis l’Égli-se-Mère de Jérusalem que des millions de croyants reçurent l’Évangile et la foi en Jésus-Christ. On peut cepen-dant élargir la définition précédente car, si on entend par Terre Sainte les pays où Dieu s’est révélé, il faut inclure l’actuelle Syrie et le pauvre Irak, car c’est à Ur de Chaldée que tout a com-mencé quand Abraham reçut l’ordre de partir et d’aller au pays que Dieu lui indiquerait, pays des Patriarches et des prophètes.

Historiquement, comment sont nées les ■églises chrétiennes dans cette région ?

Née à la Pentecôte à Jérusalem, l’Église a d’abord été gouvernée par le Collège des Apôtres sous la houlette de Saint Pierre ; Saint Jacques fut le pre-mier évêque de Jérusalem. Les chrétiens étaient perçus comme une secte juive par les Juifs eux-mêmes jusqu’à la des-

truction du Temple. Cette catastrophe a obligé le judaïsme à se repenser. La greffe judéo-chrétienne n’a pas pris. La tourmente d’Hadrien a bouleversé la ré-gion. L’Église s’est refaite et a profité de la paix constantinienne. Si le concile de Chalcédoine (451) a reconnu l’Église de Jérusalem comme patriarcat, il a aussi induit des divisions. Les orthodoxes (grecs) se séparèrent des Églises orientales anciennes : coptes, ar-méniens et syriens dits monophysites.

Les chrétiens rencontrèrent l’islam en état de faiblesse parce qu’ils étaient divisés religieusement et aussi politi-quement. Après l’invasion perse de 614, qu’on oublie toujours, arrivèrent les Ara-bo-musulmans.

Comment se caractérisent les chrétiens ■de Terre Sainte aujourd’hui ?

Il faut bien comprendre que les chrétiens d’aujourd’hui en Terre Sainte sont les descendants des chrétiens qui se trouvaient là lorsque les arabo-mu-sulmans arrivèrent. Ils en épousèrent la langue, contribuèrent à la civilisation arabe. On peut dire en toute vérité que ce sont des Églises arabes, non par la tradition mais par la culture et la langue

pratiquées par les chrétiens. Au jourd’hui, il existe 13 Églises en Terre Sainte : 6 catholiques : les latins, les grecs catholiques, les maronites, les syriens, les arméniens catholiques et les chaldéens. 5 dites ortho doxes : les grecs qui le sont véritable-ment comme les syriens, les ar méniens, les coptes et les éthiopiens.Il faut ajouter deux Églises protestantes, anglicane et lu-thérienne. C’est bien à cause de l’arrivée des luthériens et des anglicans vers le milieu du XIXe siècle, que le Bienheureux

pape Pie IX refonda le patriarcat latin de Jérusalem en 1847 [et donna à l’Ordre des chevaliers du Saint Sépulcre comme mission de le soutenir].

Dans l’histoire contemporaine, les chré- ■tiens de la région ont-ils joué un rôle politique important ?

Après la seconde Guerre mondiale, une occasion allait se présenter où les

ORIENT

Mgr Philippe Brizard, directeur de l'Œuvre d’Orient a été l’invité des chevaliers du Saint Sépulcre de Jérusalem et de l’Université catholique de Lyon le mois dernier pour exposer la situation du christianisme en Terre Sainte. Il a répondu à nos questions.

Chrétiens en Terre Sainte

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ENTRETIEN AVEC MGR PHILIPPE BRIZARD

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Le parvis duSant-Sépulcre

chrétiens jouèrent un rôle leader : un fort courant existait alors pour faire accéder les États nouvellement indé-pendants de la Nation arabe à la vraie modernité, celle où la citoyenneté ne serait plus définie par l’appartenance religieuse mais seulement par l’appar-tenance à la nation. Deux grecs ortho-doxes sont à l’origine de ce courant. An-toun Saase, du Parti national syrien et Michel Aflak, du parti Baas en Egypte. Portés par de nombreux intellectuels chrétiens, ils ambitionnent d’associer toutes les communautés religieuses au même mouvement d’émancipation na-tionale. Pour cela, l´État doit être neutre

religieusement parlant, pour qu’il n’y ait plus de clivages entre citoyens du fait de la religion. Malheureusement, ce cou-rant sera détourné. La guerre froide se fera sentir au Proche-Orient à partir de l’affaire de Suez. Les chrétiens n’adhé-rant pas ou peu aux idées socialistes, qui ruinent des pays comme l’Égypte et la Syrie, seront écartés.

Quels ont été les effets de la création de ■l’État d’Israël ?

La création de l’État d’Israël cause une blessure profonde au flanc du monde arabe. Vous savez que cette création ne s’est pas faite du jour au lendemain. Tou-jours est-il que le monde arabe ressent cet événement comme une injustice que lui inflige l’ONU dominée par les Occi-dentaux.

Ce sera une rupture irrémédiable. L’équilibre arabe est rompu. Après un temps d’étonnement puis de surprise avec la victoire israélienne sur les Arabes en

Propos recueillis par le Pr. Peter Wirtz, OESSJ

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Chrétiens en Terre Sainte ORIENT

Les guerres arabo-israéliennes ne feront qu'accroître les humiliations )

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La "Mosquée d'Omar"

1948, la nation arabe est humiliée. Vous connaissez les conséquences, toutes tra-giques. Bien que la résolution de l’ONU ait prévu la création d’un État palestinien, quantité de Palestiniens se re trouvent en camps, même dans leur propre pays. Les guerres arabo-israéliennes ne feront qu’accroître les humiliations et rendre la résolution du conflit plus compliquée même si l’opinion internationale a ten-dance à être maintenant plus nuancée vis-à-vis d’Israël et des Arabes.

Et les chrétiens dans tout cela ? ■

Sur 100 habitants actuels en Terre sainte, 50 sont juifs, 49 sont musulmans et 1 seul est chrétien. Cependant on aurait tort de mesurer l’influence chré-tienne à sa seule importance numérique. La visibilité chrétienne est assurée par les monastères, la grande majorité catholi-ques mais il en existe des orthodoxes. Les congrégations actives, 20 masculines et 60 féminines, tiennent quantité d’institu-tions, certaines prestigieuses. Les écoles et les hôpitaux sont des moyens extra-ordinaires de contact avec l’ensemble de la population. L’éducation de la jeunesse assure l’avenir du pays en préparant les jeunes à leurs responsabilités de demain. Il existe donc des moyens sans compa-raison avec l’importance numérique dont une Eglise minoritaire doit savoir se servir pour servir le pays. Il est clair qu’une annonce directe de la foi n’est guère possible tant vis-à-vis des musulmans que des juifs. Cepen-dant des ponts sont établis. D’une cer-taine manière, les chrétiens orientaux, à travers leurs hiérarques, se présentent comme des ponts et des passeurs entre les croyants des diverses religions qui, toutes, confessent leur foi en un Dieu unique.

Les chrétiens parviennent-ils réellement ■à instaurer un dialogue au service de la paix ?

Le conflit politique qui s’éternise et qui se complique par l’apparition d’idéo-logies qui méconnaissent la distinction du politique et du religieux ne facilite pas le

dialogue. Cependant, l’effort continue. Pensons au travail du Père Choufani curé grec melkite catholique de Nazareth, à celui du Père Chacour fondateur de l’uni-versité d’Abiline, devenu évêque de Gali-lée pour les grecs melkites catholiques : de manière différente ils essaient de faire se rencontrer des jeunes juifs, arabes, chrétiens et musulmans.

Qui écoute les chrétiens orientaux ? ■

Les Arabes chrétiens ont bien du mal à faire entendre leur voix, souvent igno-rés des Occidentaux. Ils sont pris entre les musulmans dont ils partagent l'arabité et les Occidentaux dont ils partagent bien des aspects de la culture. Pour les musul-mans, chrétiens et Occidentaux sont de la même religion. Le tout est porté par un immense malentendu qui mélange les effets inévitables de la mondialisation, laquelle génère dans le monde arabe un sentiment très net de frustration, les in-térêts économiques et surtout pétroliers des puissances occidentales et les retom-bées des actions militaires pas toujours bien gérées, c'est le moins qu'on puisse dire. Force est de constater la montée de l'intolérance dans certains milieux mu-sulmans dans leurs relations avec les chrétiens. Ces derniers, de plus en plus suspectés de sympathie pour l'Occident « chrétien » et pour Israël, sont mis en de meure de donner des gages de natio-nalisme et sommés de renoncer à leur identité propre. Pourtant, Israël n'est pas porté à considérer les chrétiens comme des al-liés. Les relations avec le Saint- Siège sont difficiles. L'accord de 1993 n'est toujours pas ratifié par la Knesset, rendant pré-caire le statut de l'Église et des chrétiens en Israël. Pourtant, la position chrétienne est claire tant du côté du Saint-Siège que des autorités religieuses locales. Le Patriarche latin dans sa lettre La paix sur Jérusalem rappelait : « la vio-lence ne sera jamais parmi nos directives ou conseils. Dans la présence de l'Église en Terre Sainte, il ajoute : « le terrorisme est illogique, irrationnel et inacceptable comme moyen de résoudre un conflit ». Le 10 août 2002, il a conduit une délé-

gation auprès du cheikh Ahmed Yassine, guide spirituel du Hamas, assassiné de-puis, pour lui demander de mettre fin aux attentats-suicides contre les Israéliens, ce que son interlocuteur a refusé.

La présence chrétienne en Terre Sainte ■a-t-elle encore un sens aujourd’hui ?

Pour des raisons historiques, ils ont leur place dans la région. Ils n'en sont d'aucune manière étrangers. Pour des raisons confessionnelles compréhensi-bles, ils ont un rôle et une mission vis-à-vis de l'ensemble des chrétiens. Ils forment l'Église-Mère de laquelle sont nées toutes les autres Églises. Ils ont tou-jours leur place actuellement : ils ne ré-clament pas la tolérance que voudraient leur octroyer les musulmans qui ne sont pas fondamentalistes mais ils témoignent de l'amour, ciment de toute fraternité. Depuis des siècles, ils sont au contact et sont membres de peuples qui forment la mosaïque du Proche-Orient. Ils savent à quoi ça engage de vivre avec les musul-mans : ils sont des passeurs, capables de vivre avec les sunnites ou les Druzes (qui n'aiment pas qu'on les assimile aux mu-sulmans) et capables d'établir des ponts.

Pensez-vous que, dans cette région, ■un vrai dialogue entre les trois grands monothéismes est possible ?

Dans l'empilage des religions, les croyants de la religion dernière-née croient comprendre les religions histo-riquement antérieures. Ainsi les musul-mans croient comprendre les chrétiens et les juifs qu'ils affublent du nom de religions du Livre. Les chrétiens croient comprendre les juifs. On sait qu'il n'en est rien. Le dialogue est nécessaire. Il peut être théologique entre chrétiens et juifs. Il n'en est rien entre chrétiens et musul-mans. Il est surtout culturel. Culturelle-ment, chrétiens et musulmans ont bien des choses à partager. Les chrétiens doivent garder le contact avec les mu-sulmans pour éviter l'enfermement dans l'intégrisme qui serait une régression cer-taine de la civilisation arabe et même de l'Islam. Autrefois juifs, arabes et musul-mans avaient la même chance. Est-elle impossible à retrouver ? ■

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Il est clair qu'une annonce directe de la foi n'est guère possible(

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courrierMALADIE INCURABLE

Votre article "Le bras de fer" paru dans France Catholique n°3111 m'a beau-coup intéressée. L'histoire de Mme Sébire me rappelle ce que nous avons vécu, ma mère, mes deux frères, ma sœur et moi-même.

En 1957 mourait notre père d'un cancer de la face. Vingt-neuf mois aupa-ravant, l'apparition d'un bouton à l'in-térieur de la joue droite nécessita une consultation chez un dermatologue. Pré-lèvements, analyse, le verdict tomba : tumeur cancéreuse. Et commençait pour mon père un long calvaire alors que le spé cialiste lui donnait trois mois de sur-vie ! Mais ceci est une autre histoire.

Mon propos est de vous rapporter la façon dont nous avons tous vécu ces an-nées doulou reuses. La tumeur grossissait à l'intérieur de la joue et provoquait une enflure. Le mal rongeait le maxillaire. Un trou s'ouvrit dans la joue, produisant une suppuration nauséabonde. Notre mère fai sait elle-même les pansements ; nous habitions la campagne et les infirmières étaient rares. Papa était toujours propre et net ; le mal étant caché par un panse-ment habilement placé.

La face de notre malade se défor-mait de plus en plus. La souffrance était présente. Au début, quelques cachets le soulageaient un peu. Puis il fallut en ve-nir à la morphine, en doses de plus en plus conséquentes. Comme il était triste de voir ce visage s'enlaidir et d'être im-puissants devant ce mal destructeur. Au moment des pansements, Maman nous éloignait discrètement.

Vous dire que nous n'avons jamais im-ploré le ciel de hâter la fin de Papa se rait mentir. Cependant nous avons continué à vivre normalement. Jamais Papa ne s'est plaint. Au contraire, il ai mait profiter de petits bonheurs. Quelle joie quand ses petits enfants venaient le voir. Un sou-rire éclairait son visage ravagé. Quand il faisait beau, assis devant la maison, il regardait avec plaisir son jardin que nous entretenions comme lui le faisait.

Nous ne parlions pas de la maladie. Nous savions ce qu'il en était et lui avait deviné sans grand discours. Une seule fois, cependant, alors que Maman et moi étions près de lui, il s'est exprimé : la mort, sa mort, sa maladie, réclamaient un prêtre. C'était le jour de mardi-gras 1957 et il mourrait le Samedi saint de la même année, après cinq jours de coma,

sa gorge laissant échapper un râle lan-cinant.

Jamais, pendant ces 29 mois, Papa n'a réclamé qu'on hâte l'heure de sa mort. Jamais, il n'a fait allusion à la laideur de Son visage. Jamais, nous, sa famille, n'avons émis le moindre souhait d'abré-ger volontairement sa vie, si douloureuse fût-elle.

Je peux vous affirmer que nous avons vécu dignement cette épreuve, telle que Dieu nous l'envoyait, bien que - humai-nement - cette situation nous était in-supportable.

Et pourtant j'ai alors appris - j'avais à peine 30 ans - combien une grande douleur pouvait être enrichissante. Dieu seul sait ce qu'il fait. Veuillez m'excuser d'avoir été si longue mais j'aimerais tant faire comprendre à mes frères humains que si Dieu nous envoie des épreuves, il nous dispense ses grâces pour les assu-mer.

Mlle Jeanne CHEVEU D'OR

SOLIDARITÉÀ ma grande surprise, je m'aperçois

que votre hebdomadaire m'arrive cha-que semaine et j'en conclus que vous m'y avez abonnée. Je viens donc vous remer-cier très chaleureusement. J'ai beaucoup de joie à vous lire, à constater votre fi-délité et vos progrès depuis les temps où j'étais abonnée par M. Jean de Fa brègues. Malgré mes 88 ans, je vous lis du début jusqu'à la fin et ma communauté en pro-fite aussi.

Sœur Marie-Louise DAMOISEAU(missionnaires N.-D. d'Afrique)

[Tous les abonnements de solidarité que nous avions craint de devoir inter-rompre faute d'argent, ont pu être re-pris grâce à la mobilisation de quelques généreux donateurs. Nous avons même quelques abonnements d'avance pour cette caisse de solidarité qui concerne essentiellement des reli gieuses que leur retraite prive du moyen de continuer leur abonnement. Certains de nos amis ont par ailleurs proposé de faire suivre leur propre abonnement, après première lec-ture, aux personnes nécessiteuses. Nous les remercions de leur proposition, mais nous devons dire que c'est une idée qui n'a plus de pertinence aujourd'hui. La Poste ne propose plus en effet de bandes de réexpédition permettant d'envoyer un journal au tarif de la presse pour un parti-

culier. Seuls les envois faits par un routeur professionnel bénéficient de ce tarif à des conditions dras tiques. Envoyer un journal à l'unité par la poste du coin de sa rue est économiquement indéfen dable. C'est France Catholique qui a besoin d'être subventionné par les catholiques, pas la Poste ! Ajoutons que, vu les délais d'ache-minement de ce genre de courrier, le plai-sir de la personne qui recevrait le journal serait mince. Un hebdomadaire n'est pas fait pour être lu avec 10 ou 15 jours de re tard. Malheureusement, le fait de réuti-liser un journal et ainsi de "l'économiser" ne constitue pas une action raisonnable pour la survie de l'entreprise France Ca-tholique. Il en est autrement pour les journaux remis de la main à la main ou judicieusement déposés sur une table de presse d'Église ou dans une salle d'attente quelconque...]

ROMANS SCOUTSDans les romans scouts vantés par le

Père Verdin dans FC n° 3114 (Le Deuxième Jeu et Iaume le Preux), la dimension spi-rituelle me semble à peine effleurée. Elle tombe comme un cheveu sur la soupe. Iaume, le héros principal, rencontre une statue du Sacré Cœur. Et plus rien. Rien dans sa vie, rien dans sa relation à ses garçons, rien au niveau de sa responsa-bilité. Il a vu une statue. Point.

On nous donne à voir une troupe où les adultes, chefs et aumônier, sont ab-sents. Or, dans les troupes, en général, on procure un accompagnement spirituel certain.

Alors, quid du soit disant royaume ? Après avoir exposé des garçons qui se battent, se disputent violemment, et s'en fuient dans la solitude (avec parfois une once de contemplation et de rêve). Pas exaltant. Ce "royaume" mentionné par l'auteur me fait penser au Cercle des Poètes Disparus. Le titre embrase l'ima-gination... le résultat : on se cache (dans ce film que je n'ai pas aimé) pour fumer et mater des images de pin-up même pas nues. Dérisoire.

Ces deux livres que vous mettez en avant ne sont finalement pas construc-tifs, au contraire. Ils donnent à voir des garçons assez paumés qui ne progressent pas, un angle de vue sur le scoutisme très étroit et déformant. Peut-on encore par-ler de scoutisme ? De roman scout ?

Éric MORTREUIL

Christian Poirier, pourquoi avoir fait un ■ouvrage sur le combat spirituel alors que tant d’auteurs en ont parlé ?

Certes, mon travail en cite d'ailleurs beaucoup car j’ai voulu donner au lec-teur le sens d’appartenir à une grande famille, d’avoir des racines. Dans ce li-vre, j’ai entre autres voulu mettre en garde contre deux façons excessives de considérer le combat spirituel : soit le « psychologiser » à outrance – en niant l’influence possible du Mauvais –, soit spiritualiser entièrement les difficultés auxquelles on peut être confronté. Or le combat spirituel nous invite à pren-dre en compte la complexité de la pâte humaine, les conditions de vie, la réalité des suggestions du Mauvais, mais aussi des permissions di vines ! Psychologiser ou spiritualiser à outrance conduisent à des dégâts, parce qu’on passe à côté des véritables causes de ses difficultés, et que l’on ne fait pas le choix des moyens et des armes adéquats.

Comment avez-vous é laboré ce t ■ou vrage ?

Ce livre est très lié à mon parcours personnel. J’ai vécu des événements tra-giques durant mon enfance, où j’ai été confronté à des questions sans réponse. J’ai perdu la vue à l’âge de 18 ans. Cela a été difficile à assumer. À 19 ans, je me suis converti suite à une expérience spirituelle, et j’ai entamé un chemin de libération par rapport à des pratiques oc cultes. J’écris à partir de cette expé-

rience vécue, mais aussi des souf frances des personnes que je suis amené à écou-ter dans mon ministère.

Beaucoup de gens viennent se confier à moi, peut-être du fait de ma cécité. Le fait d’être aveugle me donne une écoute qui va au-delà de la perception première. Certains viennent se confier parce que je ne les vois pas. Ils ne se sentent pas jugés. Cet ouvrage est aussi le fruit de toute une réflexion en vue de l’enseigne-ment, notamment auprès de jeunes.

Qu’est-ce que le combat spirituel ? ■ Le combat spirituel est complexe comme l’est notre pâte humaine. C’est à la fois une lutte, une détermination à vivre selon le Bien, à choisir le Bien plutôt que le Mauvais. Et en même temps, ce sont aussi les luttes contre les résistan-ces en notre nature à l’œuvre de la grâce qui opère en nous des transformations, grâce qui vient nous « christifier ». En d’autres termes, ce sont toutes nos ré-sistances intérieures opposées à l’action divine. Saint Paul l’a traduit par : « Je ne fais pas le bien que je voudrais, et je fais le mal que je ne voudrais pas ». Nous avons, depuis le péché originel, des inclinations contraires à l’œuvre de la grâce. Mais c’est aussi une chance : je peux manifester à Dieu ma volonté de rester dans la voie du Bien, malgré mes attirances contraires. Le combat spiri-tuel est un lieu privilégié d’exercice de ma liberté. C’est le lieu où l’on apprend à choisir le Bien et à lutter contre ce qui peut dégrader notre relation à Dieu.

Pouvez-vous nous citer une scène ■bi blique qui figure un combat spirituel ?

Saint Paul sur le chemin de Damas : il menait une lutte sans merci, qui pro-voquait un endurcissement au plus pro-fond de lui-même. Il persécutait le Christ en la personne des chrétiens, mais une fois terrassé par le Christ, par la grâce progressivement accueillie, il perd ses œil lères. Pour lui, le combat spirituel de-vient le lieu du passage des ténèbres à la lumière. Saint Paul est à l’image de ce que le Seigneur dénonce au sujet de son peuple errant dans le désert : ce « peuple a la nuque raide ». En saint Paul s’opèrent à la fois un changement de mentalité et une conversion du cœur.

Le combat spirituel est-il lié à la conver- ■sion ?

Oui, et cela à des degrés divers. Dans le combat spirituel, l’épreuve oblige sou-vent à accueillir quelqu’un de plus grand que soi pour être victorieux. En ce sens-là, il est toujours question de conversion, de « retournement vers ». Le combat spi-rituel est occasion d’exercer notre liberté, et ainsi de vivre des étapes de purifica-tion. La liberté n’est jamais autant elle-même que lorsqu’elle est tout ordonnée au Bien. Un autre exemple de personnage bi-blique confronté au combat spirituel est celui de Jacob, qui lutte avec l’Ange. Il il-lustre la résistance de l’homme dans l’ac-cueil de la grâce. Jacob doit d’abord se décentrer de lui-même pour recevoir le don du droit d’aînesse dans sa plé nitude.

Est-ce qu’aujourd’hui les caractéristiques ■du combat spirituel ont changé ?

Les caractéristiques sont toujours les mêmes, mais nous sommes confrontés à des formes et intensité différentes de

LIVRES

Diacre permanent du diocèse de Fréjus-Toulon, intervenant à l’école d’évangélisation Jeunesse-Lumière, prédicateur, conseiller conjugal, Christian Poirier (45 ans) vient de publier un véritable guide pratique du combat spirituel…

Le combat spirituel

22 FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008

ENTRETIEN AVEC CHRISTIAN POIRIER

combat spirituel, selon les époques. Nous avons tous en commun une nature bles-sée avec des inclinations, des fragilités. Aujourd’hui, ces fragilités peuvent être sollicitées par le consumérisme, le ma-térialisme, le relativisme, la pollution par les images, elles peuvent être exacerbées par les médias… Dans nos sociétés occidentales, nous avons moins de volonté, nous sommes moins forts. Car il y a un déficit au niveau de l’éducation, elle ne donne pas toujours le sens du bien, des limites : on prétend parfois que l’enfant peut « se faire », se construire tout seul, qu’il apprendra par ses expériences. Il est alors victime de manque de repères pour sa croissance. Cela le fragilise. Notre époque fait penser à ce que prophétisait Isaïe : « On appel-lera mal ce qui est bien, et bien ce qui est mal ».

Quel peut être le rempart contre les ten- ■tations ?

Les vertus humaines sont le premier rempart dans le combat spirituel. Ces vertus nous donnent le sens de la me-sure. Or, dans les tentations, nous som-mes souvent confrontés à l’excès dans les pensées, les paroles, les actions. Il peut aussi y avoir des omissions. En ac-quérant les vertus par le sens du bien et des finalités humaines, nous acquérons une certaine stabilité intérieure. Mais au cœur du combat spirituel, il existe bien d’autres armes, telles que les vertus théologales qui sont don de Dieu. Elles nous rendent capables de nous mettre en

présence de Dieu. En nous recentrant sur la finalité de l’existence, elles nous per-mettent d’aller beaucoup plus loin dans le combat spirituel, d’assumer l’épreuve, d’être victorieux et de le vivre comme un chemin de croissance.

Comment sait-on que l’on est confronté ■au combat spirituel ?

Celui qui a un enracinement dans la vie spirituelle se rend facilement compte des mouvements intérieurs qui ne sont pas dans le sens du Bien. Alors que ce-lui dont la conscience est émoussée est moins vigilant aux tentations et a ten-dance à les relativiser. Dans mon chapitre sur les vertus, je reprends chacune des maladies de l’âme. Je mets en lumière des vertus humaines nécessaires pour les combattre. La vertu de prudence et la conscience éclairée par le don de l’Esprit permettent de discerner la tentation et les écueils dans le combat spirituel.

Quelle est l’idée de votre ouvrage à ne ■pas manquer ?

On peut sortir de la tentation ! Mon livre donne les moyens pour cela, et ex-plique comment résister, de manière pra-tique, aux différentes inclinations qui nous éloignent de Dieu. Nous pouvons retrouver et intensifier ce qui en nous est à l’image de Dieu. Il ne faut jamais déses-pérer, nous avons les armes nécessaires au combat et pour la victoire ! En outre, notre combat spirituel n’est pas seulement le nôtre. Il est celui de toute l’Église et de toute l’humanité en chemin. ■

propos recueillis parAnne KURIAN

FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008 23

Le combat spirituel

Le combat spirituel est lieu privilégié d'exercice de ma liberté )

D.R.

Christian Poirier, Le combat spirituel, éditions Salvator, 346 pages, 20 e

Détail de "La vision après

le sermon" de Paul Gauguin.

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IDÉESLE JOURNAL DE GÉRARD LECLERC

29 janvier

La vie fait souvent bien les choses, en nous réservant des rencontres sur-prenantes. Quand j'ai fait la connais-sance du père Philippe Barbarin, il était encore dans les premières années de son sacerdoce, et mon destin familial m'avait amené sur les bords de Marne où résidait sa propre famille. J'ai un souvenir très précis de la première fois où je le rencontrais. C'était chez ses pa-rents où il donnait une conférence avec projection de diapositive sur son récent pèlerinage en Pologne avec les lycéens de Saint Maur dont il était l'aumônier. Je ne me souviens pas en revanche lui avoir adressé la parole ce soir-là, mais sa façon si particulière de s'adresser à un public s'est imprimée en moi et elle ne m'a jamais quitté, si bien que je retrouve toujours le même rythme, le même souf-fle dans la parole du cardinal-archevê-que de Lyon, primat des Gaules. Parfois, j'ai fait implicitement la prière qu'il ne change pas, surtout qu'il ne change pas, que les charges très lourdes qu'il assume désormais ne le privent pas de sa belle spontanéité, de cette liberté de dire qui correspond si bien à sa conviction inté-rieure, au cheminement de sa pensée et de sa prière.

Bien sûr, il a forcément changé au sens où l'on ne peut rester indemne de ce qui vous tombe sur le dos, la respon-sabilité si particulière de l'épiscopat puis du cardinalat qui vous hisse au som-met, tout près du Pape. Il y a chez lui une sorte d'harmonie préétablie entre la nécessaire autorité et la transpa rence évangélique. « Nous ne sommes pas fiers ! » J'entends sa voix au téléphone depuis Rome, la veille du conclave où il s'agissait de désigner un successeur à Jean-Paul II. Un peu surpris et ému qu'il m'interroge en une circonstance si grave, je lui avais dit : « Pour succéder à un pape de cette dimension, il faudra être héroïque. Et vous-même êtes inves-tis d'une responsabilité hé roïque. » Je le savais disposé aux décisions suprêmes. Je discerne l'ombre du colonel Barbarin,

son père que j'ai un peu connu, dans le cardinal. Le côté primesautier de son ca-ractère - le père Jean-Miguel Garrigues qui l'avait connu au groupe Résurrection de Montmartre parle à son propos de « notre facétieux benjamin » - ne doit pas tromper quant à sa gravité de fond, son sens de l'autorité et aussi sa maîtrise intellectuelle de théologien à ne pas sé-parer de sa paternité spirituelle. L'admi-rable, c'est qu'il a su garder sa fraîcheur native, son humour, ses clins d'œil à Tin-tin, en faisant le cardinal. De Jean-Marie Lustiger, lors de sa nomination à l'arche-vêché de Paris, Jean-Luc Marion m'avait dit : « Il fera l'archevêque comme Jean-Paul II fait le pape. » Il en va de même pour le successeur de Saint Irénée.

Mais si je rassemble ainsi quelques unes de mes impressions sur Philippe Barbarin, c'est que je viens de lire son dialogue avec Gilles Bernheim, rabbin de la synagogue de La Victoire à Paris (Le rabbin et le cardinal, Stock). Je l'ai retrouvé tel que je le connais, en dé-couvrant la personnalité tout à fait in-téressante de son vis-à-vis. Pour beau-coup ce sera une nouvelle surprise, ça l'a d'ailleurs été un peu pour moi, même si, de Philippe Barbarin, il faut toujours attendre l'inattendu. Avec tout ce qu'il représentait comme juif baptisé, c'est du cardinal Lustiger qu'on aurait présumé d'abord un tel dialogue. Et d'ailleurs on pourrait retrouver et regrouper des tex-tes essentiels de lui sur le sujet. Mais

Même si, de Philippe Barbarin,il faut toujours attendre l'inattendu

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le voilà nanti d'un successeur imprévu. Imprévu sûrement pas pour Jean-Marie Lustiger mais pour l'opinion. Il faut ima-giner l'archevêque de Lyon fréquentant les synagogues de sa ville et commen-tant de concert avec les rabbins des textes de la Torah. Il est vrai que de ce point de vue, le cardinal Albert Decour-tray avait été aussi un initiateur et un constructeur de ponts. Mais il a trouvé avec son successeur un continuateur particulièrement pénétré de l'impor-tance du dialogue judéo-chrétien.

Que dire du dialogue entre le juif et le chrétien ? Tout d'abord qu'il faut aimer le dialogue pour ses vertus imparables de rigueur et de respect. Il est vrai qu'il est arrivé que le mot soit dévalué jusqu'à être pris à la plus faible acception possi-ble de lui-même. Dialoguer revenait ainsi à bavarder pour créer un climat convivial au prix de l'effacement de tout ce qui risquait de fâcher. Ainsi les traditiona-listes - péjorativement traités d'intégris-tes - ont toujours fait valoir que l'œu-cuménisme et l'inter-religieux, érigés en exigence suprême, ne pouvaient aboutir qu'à un affadissement sinon à une dis-parition de la foi au seul avantage d'un illusoire forum pan-religieux. On aurait tort d'ailleurs de rejeter avec dédain cet-te objection. Le cardinal de Lubac avait discerné dès le Concile une tendance à imaginer un au-delà du christianisme qui aurait abouti à un religieux soit disant universel et dépourvu, en fait, de tout contenu sérieux. Le syncrétisme et le relativisme ne sont pas des dangers né-gligeables. À l’inverse, le refus de toute confrontation "en esprit et en vérité" peut constituer un danger symétrique, en favorisant l'à-peu-près des convictions, l'habitude au sens stigmatisé par Charles Péguy, celle des "âmes habituées", c’est-à-dire satisfaites de leur conformisme sans exigence forte et de leur ensom-meillement douillet. Il est vrai qu'on op-posera à cette pente appauvrissante la polémique vivifiante qui fait ressortir les arêtes de la vérité pure et émerger les énergies de la conviction. Mais si cette attitude de combat blesse l'éthique du savoir et la déontologie du débat, on doit craindre qu'elle soit dommageable à la rectitude de la raison et de la foi.

C'est pourquoi il ne faut pas crain-dre, dans l'esprit véritable de Vatican II, une saine confrontation qui servira plus la cause de l'approfondissement que celle de l'affadissement. De ce point de vue, la libre discussion entre le rab-bin et le cardinal constitue un modèle du genre, et il faut la conseiller à tous ceux, quels qu'ils soient qui conçoivent doutes ou craintes sur le bien fondé du rapprochement judéo-chrétien. Oui, une étape décisive a été franchie, qui, rom-pant avec ce que Jules Isaac appelait "la culture du mépris" nous fait déboucher sur une perspective ouverte mais aussi hautement problématique. Extrêmement proche l'un de l'autre, Gilles Bernheim et Philippe Barbarin n'en demeurent pas moins séparés par une différence es-sentielle, qui, au terme de leur fraternel échange, se détache avec la plus irrécu-sable netteté.

Pourtant, Gilles Bernheim va très loin dans son empathie pour le message de Jésus, pour sa vie donnée en rançon et même pour sa Résurrection. Mais, par-venu à ce point ultime il n'en formule pas moins une objection qui barre la route à toute entente décisive : "Le nœud de la controverse réside dans le fait d'avoir présenté la Résurrection comme l'acte décisif, eschatologique de Dieu, comme l'événement inaugural de l'établissement de l'ordre nouveau du royaume de Dieu (Romains XIV, 7). Dans une telle perspec-tive, sommes-nous encore dans le temps de l'histoire ?" A quoi Philippe Barbarin répond que la Résurrection est décisive, car "elle est la préfiguration du jour de Dieu, qui marque la fin du temps, trans-cende l'histoire et nous fait entrer dans l'éternel." Le temps de l'histoire continue aussi après la Résurrection. Il n'en est pas moins définitivement marqué par le dynamisme de l'espérance qui a vaincu à Pâques.

Mais là-dessus encore Gilles Bernheim exprime sa crainte que l'éblouissement de la Rédemption et de la Résurrection n'ait obnubilé chez les chrétiens le sens du réel historique. N'y a-t-il pas eu une propension chez beaucoup à ramener la Shoah à un moindre scandale puisque la Rédemption était déjà intervenue ? Il ne faudrait pas "noyer les ténèbres et le mal"

qui demeurent dans le monde. L'autre dif-ficulté majeure, c'est l'idée que l'Alliance entre Dieu et son peuple aurait pris fin avec ce nouveau Moïse que serait Jésus. Et puis, il y a opposition totale d'exé-gèse sur un texte aussi essentiel que le chapitre 53 d'Isaïe. Là où l'Église a tou-jours reconnu la figure du Christ allant vers sa croix, Israël vit et comprend ces pages conformément à son histoire, sa condition métaphysique. « Les prophètes bibliques revendiquent pour leur petit peuple une place élevée ; mais ils savent aussi qu'elle ne sera conquise qu'au prix de terribles souffrances. Et ils savent encore que ces épreuves ne seront pas endurées pour le seul salut d'Israël, mais pour la Rédemption de toute l'humanité, de l'univers entier. »

On retrouve donc toujours la discus-sion qui a commencé avec Saint Paul. Même si l'apôtre affirme que, les dons de Dieu étant sans repentance, la pre-mière Alliance subsiste, il n'en affirme pas moins qu'une autre temporalité commence avec le Christ qui ouvre l'Al-liance à toutes les nations. Du coup, il est suspect aux yeux d'Israël de rendre caduque l'histoire du peuple choisi, en esquissant la doctrine d'une substitution où l'Église prend définitivement la place d'Israël. Certes, l'Église catholique n'ad-met plus aujourd'hui cette théorie de la substitution. Mais le nouvel âge inaugu-ré par le Christ n'en subsiste pas moins pour les fidèles de la première Alliance en un redoutable face à face.

Il n'empêche que grâce à Gilles Ber-nheim et à Philippe Barbarin nous me-surons le chemin parcouru en quelques dizaines d'années. L'estime et l'amitié sont possibles ainsi qu'un vrai débat théologique qui a pour champ d'inves-tigation toute la bible hébraïque. C'est considérable. J'ajoute que notre "chance" est que la position de Gilles Berheim soit aujourd'hui privilégiée dans le monde du judaïsme. car il y a d'autres voies que la sienne, certaines impliquant une totale fermeture. J'y reviendrais peut-être avec la pensée d'un Yeshayahou Leibowitz auquel Jean-Marc Joubert vient de consacrer une étude exhaustive (CNRS éditions). Redoutable perspective que celle d'un néo-marcionisme qui serait conforté par le judaïsme, à l'heure où le christianisme s'est enfin reconnu dans le peuple dont il a reçu toute sa foi dans le Dieu vivant et vrai. n

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On retrouve donc toujours la discussion qui a commencé avec saint Paul

IDÉES

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La vie de Jacques Sevinsac au dos sans trêve...

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© Editions Viltis, Albéric de Palmaert, 12 rue Botzaris, 75019 Paris, tél. 01.42.41.37.75

Texte de A. de PalmaertDessins de Palmar

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L’exposition présentée par la Galerie des Gobelins, « Pierre Paulin, le design au pouvoir », rend hommage à l’un des grands créateurs français du XXe siècle. À travers une sélection de plus de

80 pièces, mises en scène sur les deux niveaux de la Galerie, les Gobelins retracent la carrière du designer, 40 ans de collaboration avec le Mobilier national, et ses créations emblématiques pour l’Élysée des présidents Pompidou et Mitterrand. Pierre Paulin est né à Paris, en 1927. Il suit les cours de l’école Camondo de 1950 à 1953. C’est au cours de ces années cinquante que le créa-teur commence une carrière nationale et inter-

nationale qui se poursuit encore aujourd’hui. Il collabore avec dif-férentes sociétés (Thonet, Artifort) qui éditent du mobilier. Jean Coural fait appel à lui dès les premières années de l’Atelier de Recherche et de Création* du Mobilier natio-nal. Pierre Paulin va ainsi travailler pour le Louvre, le pavillon français de l’exposition universelle d’Osaka (1970) et, à deux reprises, pour l’Ély-sée. Sous la présidence de Georges Pompidou d’abord ( 1969-73 – salon des tableaux, fumoir, salle à man-ger…), puis sous celle de François

Mitterrand (bureau du président).Au rez-de-chaussée de la Galerie, un plafond

de verre renvoie avec bonheur l’image des piè-ces disposées sous un éclairage étudié. Les pre-mières années de la carrière de Pierre Paulin sont évoquées d’emblée. Son attirance pour les pays scandinaves, où il se rend en 1951, va être déter-minante : il s’engage en direction d’un mobilier en bois clair, aux lignes franches, conçu pour des revenus modestes (utilisation de structures en acier, de bois en contreplaqué…). Le créateur ne dédaigne pas le mobilier de type « administra-tif » : on verrait bien son bureau « CM 141 » dans un immeuble de Le Corbusier, à la modernité duquel il se rattache. Pourtant, des éléments plus « raffinés » apparaissent, comme la « table cathé-drale » (1980), un bureau d’homme en hêtre, amarante et cuir… En contrepoint, le parcours est jalonné d’une sélection de pièces histori-ques des collections du Mobilier national : tapis, tapisseries, voire le mobilier de campagne de Napoléon dont la présence n’est pas incongrue. Fonctionnel, modulable, pliant, mais élégant, il inspire ce commentaire à Pierre Paulin : « Quand j’ai vu dans les réserves du Mobilier national le mobilier de campagne de Napoléon, j’ai été fas-ciné… Des chaises pliantes comme on en trouve deux siècles plus tard dans les grands maga-sins !... c’est d’une modernité ! »

Ornée de sièges de toutes époques, suspendus le long des parois, la cage d’escalier menant au premier étage relève du même type de confron-tation. « Utiliser des techniques nouvelles pour

La Galerie des Gobelins évoque quarante ans de créationsd’un des plus grands designers français : Pierre Paulin.Ses travaux pour l’Élysée constituent le point d’orguede l’exposition.

GaLerie des GobeLins

expositions

Pierre Paulin à l’Atelierde Recherche et de Création, au Mobiliernational, 2007.

pierre paulin,le design au pouvoir

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Le parcoursest jalonnéd'une sélectionde pièceshistoriquesdes collections du Mobilier national

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Chaise de prestigeversion claire1980Hêtre teinté, traverse verticalede dossier en marqueterie d’acajou, cannage.Mobilier national.

« The Tongue », chauffeuse, F5771963 - Structure

tubulaire métallique,garniture mousse,

tissu extensibleEd. Artifort,

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obtenir des résultats esthétiques nouveaux », tel est le mot d’ordre qui attend le visiteur avec quelques sièges emblématiques de Pierre Paulin : le « Ribbon Chair » (1966), le « Groovy » (1968/73), ou « The Tongue » (1963), formes flui-des dont la structure porteuse est dissimulée par du tissu élastique. Ici, la présence d’un magni-fique tapis de la Savonnerie – d’après un modèle attribué à Charles Le brun - étonne un peu. Une maquette présente le projet des appartements de Georges Pompidou à l’Élysée. « Les Français ont besoin de modernité. Il faut leur donner l’exem-ple », avait dit le président au créateur ; ajoutant : « Je ne veux pas entendre un coup de marteau ». Il fallait en effet que les nouveaux aménage-ments fussent réversibles. « J’ai donc rechemisé… J’ai fait des pièces dans les pièces », déclara

Pierre Paulin à propos de son travail. S’inspirant des techniques de chemisage des boiseries du XVIIIe siècle, le designer imagine une succession de structures-enveloppes qui viendront s’insérer dans les pièces concernées. bien entendu, il crée aussi un mobilier très contemporain (1971) que l’on peut découvrir : fauteuils et canapé du salon des tableaux, banquette et chauffeuse du fumoir, tabourets et table de la salle à manger… Ces pièces précèdent une borne, siège collectif à 10 places conçu pour la Grande Galerie du Louvre, ou la longue banquette ondulante « Amphis, bleu-blanc-rouge », créée pour le pavillon fran-çais de l’exposition universelle d’Osaka.

Dans la Grande Galerie des Gobelins, lieu emblématique du pouvoir qui fut garde-meuble royal, la modernité des créations de Pierre Paulin s’inscrit dans une continuité. « J’étais à l’heure, donc j’étais de mon temps », dira le cé lèbre concepteur. ■

expositions

* L’Atelier de Recherche et de Création est créé en 1964 par Jean Coural à la demande d’André Malraux. L’ARC est un bureau d’études, char-gé de la création de meubles et d’ensembles mobiliers, d’après des dessins et modèles de concepteurs contemporains. Ses créations enri-chissent les collections du Mobilier national.

« Pierre Paulin, le design au pouvoir », jusqu’au 27 juillet, à la Galerie des Gobelins, 42 av. des Gobelins, 75013 Paris, tél. 01.44.08.53.49, tous les jours, sauf le lundi (fermé le 1er mai) (12h30 à 18h30).

pierre paulin,le design au pouvoir

par Alain SolAri

« Utiliser des techniques nouvelles pour obtenir des résultats esthétiques nouveaux »

FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008 29

Table basse lumineusedu Fumoir - 1971

Altuglas,verre fumé.

Bureau d’homme - 1982Hêtre laqué bleu, amarante, cuir.

Chaise de la chaumièredes coquillages de Rambouillet.Pour la princesse de Lamballe.

Hêtre et noyer polychromes,lampas de soie.

Vers 1781.François Folliot (vers 1720-1761).

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Quel est votre parcours en France ? ■ Après mon service militaire, j’ai tra-vaillé à la F.E.M.E (Fédération enfants musique d’ensemble) à Paris. Après la fermeture de celle-ci je me suis retrouvé à la rue. Grâce à une amie, j’ai rencon-tré la fraternité mariale de Bois-le-Roi, Marie Reine Immaculée. En vivant sept mois avec les membres de la Fraternité, j’ai redécouvert ma foi, et le sens de la prière.

ê ■ tes-vous d’une famille catholique ?

Mon père était très croyant. Nous faisions des kilomètres chaque diman-che pour aller à la messe.

C’est à partir de cette conversion que ■vous avez commencé à composer de la musique pour Dieu ?

Mon histoire est plus compliquée. En fait je suis d’une famille de musi-ciens, mes frères sont tous guitaristes, je chante depuis mon enfance. Cepen-dant ma conversion ne s’est pas faite en un tour de main. Après la communauté Marie Reine Immaculée, j’ai vécu un an avec les moines d’Ourscamp, les Servi-teurs de Jésus et Marie. Je pensais à de-venir prêtre, ou moine, mais le Seigneur m’attendait ailleurs… Nous vivions au rythme des offices monastiques. Un groupe de prière existait au monastère les vendredis soirs, on m’a proposé de venir voir. Il y avait des chants très vi-vants avec de la guitare. Ce style m’a beaucoup interpellé.

Dans quel sens ? ■ J’ai vu que l’on pouvait prier et louer avec des rythmes jeunes, des mélodies entraînantes. Ce groupe de prière pro-posait un rassemblement à Ars avec les communautés des Béatitudes, du Chemin Neuf, de l’Emmanuel. Il y avait des veillées très fortes avec des témoi-gnages poignants. J’y suis aussi allé un peu à dessein, car d’après le programme, le Père Emiliano Tardif allait y interve-nir. Je souffrais à l’époque d’une petite maladie dont personne n’était au cou-rant, à part mon père spirituel et le père supérieur du monastère, et je comptais secrètement en être guéri à Ars. Mon désir n’a pas été exaucé, cependant j’ai vu de mes yeux quantité de malades guéris. Ces témoignages m’ont encoura-gé à davantage prier dans ma chambre. En revenant d’Ars, j’ai eu le désir d’aller aux Béatitudes, pour voir comment vit la communauté.

Votre expérience y a-t-elle été fruc- ■tueuse ?

Lorsque je suis arrivé, un jeudi, dans une espèce de ruine où venait d’em-ménager la communauté, à Saint-Bro-ladre en Bretagne, j’ai été décontenancé par l’accueil. Personne ne me souriait, personne ne venait me voir. Déçu, je décidais de repartir le lendemain. Le ven dredi, un frère a insisté pour que je reste au Shabbat du soir, où je pourrais participer aux danses, aux chants. Je me suis laissé convaincre et retardais mon départ d’un jour. Il y avait certes une bonne ambiance, cependant j’étais seul à ma table, et personne ne m’adressait

la parole. Le samedi, j’étais prêt avec mon sac sur le dos, lorsqu’une femme dans la cour m’a demandé de garder les enfants pour l’office du matin. J’ai ac-cepté. Puis un autre frère est venu me parler. Je lui ai vidé mon sac de dépit et de souffrance. Il m’a écouté comme personne ne m’avait écouté depuis le début de mon séjour. Il a compris ma détresse intérieure, et me prenant par le bras, m’a entraîné : « Ne t’en fais pas, viens à l’office ». À vrai dire l’office ne présentait pas le moindre intérêt pour moi à ce moment-là, mais je l’ai suivi car il avait été bon avec moi. C’était en fait un office de guérison. La communauté a commencé par la louange suivie d’un grand chant en langue. Puis le célébrant a prié et prononcé les mots suivants : « Dans cette assemblée, le Seigneur va guérir un jeune en souffrance. »

C’était vous ? ■

J’étais au plus mal, à genoux, pros-tré, en larmes au fond de cette grande chapelle. Ce mot « guérir » résonna dans tout mon corps. Je l’ai vécu pour moi. Ce jour-là, j’ai vraiment reçu quelque chose, une grande paix m’a envahi, et j’ai reçu la Parole suivante : « Quand tu pries, re-tire-toi dans ta chambre, ferme ta porte, ton Père voit dans le secret », qui était la confirmation de toutes mes prières seul dans ma chambre. Je n’ai pas la grâce de parler de tout ce parcours dans mes concerts et autour de moi. Pourtant c’est depuis cette guérison que j’ai com-mencé à chanter pour Dieu : Il guérit au moment inattendu. Quand des jeunes me disent que Dieu n’existe pas, je les mets en garde : « Attention, pour moi Il s’est découvert par surprise ! »

Votre vie a-t-elle changé ? ■

Aujourd’hui je suis marié, père de trois enfants. J’ai d’abord créé un groupe de

CHANSON

Jean-Bernard Calixte est un créole de l’île de la Réunion. Il compose et interprète des chansons à la gloire de Dieu, pétries d’Évangile, sur des rythmes variés, du rock au reggae. Il vient de sortir un nouvel album très réussi.

Chanter pour Dieu

30 FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008

ENTRETIEN AVEC JEAN-BERNARD CALIXTE

musique, « Nouvelle Alliance », à Lyon, avec des jeunes de la communauté de l’Emmanuel, et puis j’ai créé un specta-cle « Sur les pas de Sainte Thérèse de Lisieux » en 1997. Puis ce fut la création du groupe « Espérance » avec la pre mière expérience en formation des trois frères Pouzin, Aurélien, Benjamin, Thomas qui ensuite ont lancé Glorious. À nouveau cette année je repars en solo, avec des jeunes musiciens de Lyon qui m’accom-pagnent dans mes tournées.

êtes-vous fier de votre succès ? ■

Je ne chante ni pour le succès ni pour l’argent. Je travaille à côté. Je ne vis pas de mon chant et je ne veux pas en vivre. Chanter c’est une dette et en même temps une grâce. C’est un apostolat, une mission. Je ne veux pas

mélanger Dieu et l’argent. Aujourd’hui, être artiste chrétien demande beaucoup d’humilité. Ce n’est pas la célébrité qui est importante, c’est l’évangélisation. Je demande tous les jours à la Sainte Vier-ge d’avoir la force de ne pas me mettre en avant. L’artiste chrétien peut tomber dans ce cercle vicieux qu'est une relative célébrité, et qui nous éloigne de Dieu, de la prière, etc. L’humilité et la simplicité doivent être l’âme de ce que vit l’artiste chrétien, aimer Dieu et le servir en toute humilité. Nous ne sommes que des ins-truments aux yeux de Dieu.

Quelle est la chanson que vous inter- ■prétez avec le plus d’émotion ?

Toutes ! Mes chansons parlent du dialogue avec Dieu. Mon dernier album « Je n’avais rien à te dire » met en scène quelqu’un qui s’est éloigné de la foi et entre dans une église. J’aime spéciale-ment la chanson du jeune homme riche. Les personnages bibliques me touchent beaucoup en général. Nous sommes, chacun, même les plus pauvres, concer-nés par ce riche, car nous vivons la même interrogation au fond du cœur : « Je le suis ou pas ? ». C’est nous : on va à la Messe, on pra tique… mais sommes-nous vraiment prêts à Le suivre ? ■

CHANSON

propos recueillis parAnne KURIAN

FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008 31

Chanter pour Dieu

Ce n'est pas la célébrité qui est importante, c'est l'évangélisation )

D.R.

Jean-Bernard Calixte, album « Je n’avais rien à te dire », production Rejoyce.Site internet : www.jeanbernard-c.fr

Franz von Suppé (1819-1895) – Requiem en ré mineur (1855) – Chœur et Orchestre de Chambre de Zürich – Edmond de Stoutz – Novalis – 150 112-2 – 2 CD – réédition de 1994 –

Ne s’installant en Autriche, avec sa mère, qu’à partir de 1835, l’Italien Suppé avait rencontré et

apprécié ses modèles Donizetti et Verdi. Relativement méconnu, Suppé ne se mit à l’écriture musicale, celle d’arrangeur, que vers 30 ans. Surtout cantonné dans le genre théâtral et celui de l’opérette, après sa rencontre avec Offenbach, il dé­veloppait cependant une attirance toute particulière pour la musique religieuse. Ce Requiem en ré mineur constitue pro­bablement sa meilleure production, même s’il n’est pas dénué de maladresses.

La partition a été retrouvée au début des années 1990. Proche d’une certaine théâtralisation avec des effectifs qui évoquent l’opéra, son œuvre dégage une réelle intensité et témoigne de sentiments profonds, souvent sombres, dans le respect total du texte ecclésiastique, beaucoup plus que celui de Verdi par exemple. Si l’art du Bel Canto est bien son univers, il n’est cependant pas exagéré et se marie

bien à l’ambiance générale de l’œuvre. L’interpré tation est assez décevante car très appuyée dans le phrasé. Les choeurs sont souvent peu précis, lointains et les solistes semblent forcer tout du long. La rareté de ce pro gramme laissait espérer une approche plus en finesse.

Gaetano Donizetti (1797-1848) – Messa da Requiem – Virtuosi di Praga & Prague Chamber Choir – Alexander Rahbari – Profil – Hänssler – PH08026 - réédition de 1997 –

Donizetti était productif : son cata­logue ne contient pas moins de 611 numéros d’opus dont certains sont

de vrais chefs­d’œuvre. En 1835, alors que son opéra Lucia de Lammermoor connaît à Naples un incroyable succès, son éditeur le prie de composer une œuvre en hommage à Bellini qui vient de mourir. Il commence par cette Messa da Requiem et la complète par une Symphonie c o m m é m o r a t i v e sur des thèmes de Bellini. La Messe des Morts est cependant incomplète puisqu'y manquent le Sanctus et l’Agnus. L’œuvre ne fut jouée, la première fois, qu'en 1870, à Bergame, 22 ans après sa mort.

Ce n’est que dans la deuxième moitié du XXe siècle que l’on redécouvrit l’importance de cette partition, son infinie élégance, sa justesse de ton. Même si Donizetti ne renonce en rien au côté théâtral de l’homme d’opéra qu’il est ­ pour preuve le très démonstratif Dies irae ­ il semble intégrer la puissance et la majesté du texte sans se départir d’une véritable paix intérieure et de sa grande foi dans la vie éternelle. Les musiciens de Prague réunis pour cet enregistrement l’abordent avec intelligence sous la

conduite éner gique de leur chef. Tout est d’une précision remarquable, sans le moindre défaut. Pour tant, on lui préfére la version avec Pavarotti et l’orchestre de Vérone, qui, si elle est moins propre, semble plus habitée.

Giuseppe Verdi (1813-1901) – Messa da Requiem – Rundfunk Chor und Sinfonie-Orchester Leipzig – Giuseppe Patané – Berlin Classics – 0184222BC – 2 CD - rééd. de 1977 –

Composée en 1874, la célèbre Messa da Requiem de Verdi devait marquer le couronnement de son œuvre.

Dédiée au défunt compatriote et célèbre écrivain Manzoni, qui avait participé avec Verdi au mouvement de l’unité italienne, elle fut offerte à la ville de Milan sous le titre Requiem de Manzoni. Elle connut immédiatement le succès et se diffusa rapidement dans toute l’Europe.

Du texte original, Verdi n’a pas gardé le Graduel et le Trait mais y a ajouté le répons Libera me. L’œuvre est imposante, tant dans la durée, que dans les effectifs qu’elle réclame, soit environ une centaine d’exécutants. Au sommet de son art, Verdi, cherche à émouvoir avec des contrastes vio­lents plutôt qu'à témoigner d'une foi religieuse.

Nombreuses sont les excellentes versions en­registrées de ce Requiem. Celle de l’or chestre et des chœurs de Leipzig est peut­être moins connue mais elle mérite le détour malgré son ancienneté. Elle n’atteint certes pas la version d’anthologie que constitue celle de Carlo Maria Giulini avec Elisabeth Schwarzkopf, ou encore celle, récente, de Ricardo Chailly, mais elle s’en approche. On n’hésitera donc pas à compléter sa discothèque avec cette réédition plutôt opportune, qui, en plus, témoigne d’un véritable travail dans la qualité de restitution sonore et de spatialisation dynamique. n

32 FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008

MESSE DES MORTSpar François-Xavier LACROUX

Donizetti ne renonce en rien au côté théâtral de l'homme d'opéra

S’il est bien un genre qui a connu un engouement musical constant depuis le XVe siècle, c’est bien celui de la « Messe des Morts ».Les romantiques, particulièrement, s'en sont donné à "cœur joie"...

(

MUSIQUE

Requiem romantique

cinéma

On peut ne pas aimer le genre fan­tas tique et les créatures mons­trueuses qu’il met en scène (bien

présentes dans ce film), mais force est de constater qu’il occupe une place de choix dans la littérature pour la jeu­nesse et dans le cinéma actuel. Il com­porte sou vent une dimension biblique en of frant à des préoccupations spiri­tuelles un moyen d’expression imagé.

Après la séparation de ses parents, Jared se retrouve avec sa mère, son frère jumeau et sa sœur aînée dans la demeure fa miliale qui avait appartenu à son arrière grand­oncle, l’éminent naturaliste Arthur Spiderwick. Il dé couvre dans le grenier un ouvrage écrit par son ancêtre avec une note dessus a vertissant que celui qui l’ou­vrira s’exposera à de grands dangers…

Cette adaptation d’une série de romans illustrés, cosignés par l’é­cri vain­dessinateur Toni DiTerlizzi et la ro mancière Holly Black, constitue un divertissement familial de bonne facture, et mélange habilement a ventures, humour et émotion. Le scé nario propose un bel équilibre entre le monde réel du jeune héros dans son cadre familial, donnant lieu à des scè nes drôles et attachantes, et le monde fantastique, laissant place à l’action et au suspens. Le jeune Freddie High more est toujours excellent.

L’histoire met en scène un monde invisible, peuplé de créatures bienveillantes et d'autres malveillantes que nous ne voyons pas plus les unes que les autres, mais qui exis tent pourtant bel et bien. Elle comporte aussi une dimension hu maine, avec les souf frances du héros liées à la sé pa ra tion de ses pa rents. Certaines cré atu res mons trueuses sont im pres­sion nantes pour un jeune public. ■

Les chroniques de Spiderwick. Film fantastique américain (2007) de Mark Waters, avec Freddie Highmore (Jared/Simon), Mary-Louise Parker (Helen), Sarah Bolger (Mallory) (1h36). (Adolescents) Sortie le 16 avril 2008.

Sans arme, ni haine, ni violenceEn 1982, Albert Spaggiari est en cavale dans un pays de l’Amérique du Sud. Cinq ans auparavant, avec l’aide de quelques complices, il avait réussi à pénétrer dans la chambre forte de la Société Générale, à Nice, et à dérober près de 50 millions de francs… La réalité dépasse souvent la fiction, et Jean-Paul Rouve s’est emparé de cette surprenante histoire pour en faire le sujet de son premier long métrage. Il s’est surtout intéressé à la personnalité de ce singulier braqueur, davantage motivé par un désir de notoriété que par l’appât du gain. Le cinéaste nous livre aussi un étonnant jeu d’acteur. Le récit est bien ficelé et la mise en scène enlevée et efficace. Certes, l’audace et l’excentricité du héros ont tendance à éclipser ses méfaits. Mais le film s’attache aussi à dépeindre les zones plus complexes et parfois peu reluisantes de sa personnalité. Quelques scènes sensuelles. M.-L. R.

Film policier français (2008) de Jean-Paul Rouve, avec Jean-Paul Rouve (Albert Spaggiari), Alice Taglioni (Julia), Gilles Lellouche (Vincent Goumard), Patrick Bosso (le truand 1), Maxime Leroux (1h28). (Grands ado-lescents). Sortie le 16 avril 2008.

Shine a LightLe 1er novembre 2006, les Rolling Stones donnent un concert à New York. Grâce à un important dispositif technique qui permet de filmer ce concert sous de multiples angles, Martin Scorsese parvient à capter l’incroyable énergie des musiciens sur scènes. L’ensemble est brillant, même s’il paraîtra sans doute un peu long à certains. Le talent et la passion pour la musique animent les membres de ce groupe.

M.-L. R.Documentaire américain (2008) de Martin Scorsese, avec Mick Jagger, Keith Richards, Ronnie Wood, Charlie Watts, Buddy Guy, Jack White III, Christina Aguilera (2h02). (Adolescents) Sortie le 16 avril 2008.

Passe-passeUn magicien traversant une mauvaise passe rencontre par hasard la maîtresse du ministre de l’Environnement... Toni Marshall s’est indéniablement fait plaisir en réalisant cette comédie loufoque et inclassable, aux multiples situations cocasses et rocambolesques. Le potentiel comique de l’intrigue repose sur le couple mal assorti formé par

Édouard Baer et Nathalie Baye, au mieux de leur forme. Tous deux nous offrent un agréable moment en leur compagnie, même si l’ensemble apparaît parfois un peu creux et superficiel. Cette comédie joue souvent sur le registre du vaudeville, avec les légèretés que cela implique.

Marie-Lorraine RousseLComédie française (2007) de Toni Marshall, avec Nathalie Baye (Irène Montier Duval), Édouard Baer (Darry Marzouki), Guy Marchand (Pierre Delage), Mélanie Bernier (Sonia Yacolvev), Joey Starr (Max), Maurice Bénichou (Serge), Bulle Ogier (Madeleine), Sandrine Le Berre (Carine). Michel Wuillermoz (Sacha Lombard) (1h33). (Grands adolescents) Sortie le 16 avril 2008.

Certains thèmes abordés, comme la famille éclatée et l’absence du père, rappellent les films de steven spielberg.

Un monde invisibleLeS chrOniqUeS de SPiderwick par Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

La photographie très soignée apporte une touche esthétiqueintéressante au film

(

FRANCECatholique n°3015 18 avril 2008 33

"Jean Harlow contre Billy tHe Kid" (1) est une pièce spéciale pour un lieu par ticulier. Les anciens studios de cinéma Pathé à Mont reuil sont un hangar froid, mais où la salle de spectacle est tout à fait

confortable. Sur scène, un écran, deux chaises, un homme et une femme. Le sujet de la pièce est le désir et sa progression. L’homme est machiste, la femme bécasse, ils se parlent dans le langage de Dubillard, familier, grossier parfois, censé ren-dre celui du poète américain Michaël Mac Clure.

La progression se fait à travers le fait de reprendre un dialogue déjà entamé à son début, mais en le complétant régulièrement par de nouveaux développements. Le côté caricatural des personnalités révèle d’autant plus une vérité que par moments les personnages intervertissent leurs répliques, voire leurs vêtements.

Le caractère de chacun est nettement posé dès l’abord : « Avant de pouvoir surprendre un

seul des secrets de mon moi, faudra d’abord trouver lequel de mes mois est le vrai. Tu t’intéresses auquel ? » énonce la femme. Alors l’homme entame ce qui sera son refrain de plus en plus lourd : « Viens ici t’asseoir sur mes genoux, et je te laisserai toucher mes bottes… »

La progression de l’envie de l’autre est lente, logique, impatiente pour

l’homme, maîtrisée pour la femme et laisse apparaître une conception intéressante de l’être humain. La seule chose qui rassemble l’homme et la femme est leur fierté, que chacun exprime dif-féremment ; quant au reste, chacun fonc tionne dans son monde, un monde qui nie celui de l’autre ou voudrait le tordre, un monde qui per-met toutes les contradictions verbales et interdit les aveux trop intimes. « Il n’y a personne, per-sonne ne nous regarde » est une des formules qui revient pour inciter l’autre à faire un pas de plus. En même temps que les mêmes prétendent qu’ils sont « des dieux » et que « quand on ne fait pas ce qu’on veut, on n’est pas divin ». De quelle divinité s’agit-il ? De celle de « sacs de viande qui tourbillonnent dans l’éternité » ! Cette façon de relier le divin au physique, si elle peut cho-quer, n’est cependant pas éloignée de l’hébreu biblique, qui loin des abstractions employait des mots très concrets, crus.

Jeu, mise en scène, musique et effets visuels sont parfaitement harmonisés. Il y a dans cette pièce une unité remarquable entre les différents modes d’expression, qui tous concourent à mon-trer ce que sont un homme et une femme qui entreprennent de se séduire, au tréfonds d’eux-mêmes, sans fioriture mais sans amputation non plus. La justesse du propos engendre une forme de finesse et de poésie, au-delà de sa crudité. À conseiller à nos lecteurs ? Peut-être pas, sauf s'ils sont vraiment passionnés de culture contempo-raine et de technique théâtrale. Car de ce dernier point de vue, la réussite est totale... n

théâtre

34 FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008

(1) "Jean Harlow contre Billy the Kid", de Michaël Mac Clure. Adaptation française : Roland Dubillard. Du vendredi au lundi (20h30) au Studio Théâtre de Montreuil, 52 rue du Sergent Bobillot, 93100 Montreuil. Places à 12 et 8 e. Tél. 09.52.43.89.20.

L’attrait de la nouveauté« La main passe » (1) est une pièce connue de Feydeau, ici adaptée à notre société contemporaine : lors de la scène d’ex-position le mari est en train de s’enregistrer sur une bande vidéo. C’est que, explique Mitch Hooper, metteur en scène, les personnages sont incroyablement modernes une fois débarrassés de leurs costumes de la Belle Époque. Le propos est simple : les bons amants ne font pas de bons maris et on ferait mieux de laisser les femmes avoir quelques aven-tures pour les voir rester au foyer.Les saillies sont nombreuses dans cette pièce où l’un des personnages s’appelle Hallidet (« non, aucun rapport, ça s’écrit avec "et" à la fin », précise l’intéressé) et où on se découvre trompé grâce à la télévision. « Quel dommage qu’on ne puisse pas prendre un amant sans tromper son mari », soupire la femme infidèle, « ça gâche la moitié du plaisir ». Cependant, c’est à partir du moment où cette romantique devient la femme légitime de son amant qu’on rit le plus. On remarque au passage combien les rôles dits mineurs sont joués par moment de façon plus crédible que les principaux. On pense ici à celui du commissaire ou du passant qui a trouvé les effets de l’amant dans la rue. Car, comme d’habitude dans ce genre de pièce, s’il y a une véracité dans la pensée, les pro-pos et la conduite, il n’y en a évidemment aucune dans les péripéties. ■

(1) "La main passe", du mardi au samedi (20h45), samedi (16h) et dimanche (15h) au Théâtre Michel, 38, rue des Mathurins, 75008 Paris. Tél. 01.42.65.35.02.

Dans un langage très peu châtié sont dites des réalités très humaines, d’une façon si juste qu’elle fait passer les vulgarités objectives du propos.

"Jean harlow contre Billy the Kid"

par Pierre François

Pauvretés du désir

Montrer ce que sont un homme et une femme qui entreprennent de se séduire

D.R.

S’il est un sujet qui suscita beaucoup de polémiques, c’est bien la pré sence de François Mitterrand à Vichy.

Blessé en 1940, le jeune Mitterrand est fait prisonnier. Il s’évade 18 mois plus tard et trouve un emploi à la Légion des combattants et des volontaires de la Révolution nationale, à Vichy. Librement inspiré du livre de Pierre Péan, « Une jeunesse française », ce documentaire-fiction retrace le parcours du futur président de la République de puis son évasion jusqu’à la Libération. Sur le plan artistique, c’est assez bien fait, malgré quelques maladresses (l’acteur jouant Pétain n’est guère ressemblant, celui qui joue Mitterrand l’est davantage, mais ne

convainc guère, etc.), et cette œuvre permet de mieux comprendre la personna-lité de François Mitterrand, à un moment crucial de sa vie. Sa personnalité comple-xe, pour ne pas dire trouble, son opportu-nisme, mais aussi son charisme, son intel-ligence et son courage, sont bien mis en valeur. Surtout, cette adaptation donne une vision nuancée du régime de Vichy, montrant bien qu’il y eut beaucoup de « vichysto-résistants », à côté des collabo-rateurs. Une vérité souvent occultée et difficile à croire à notre époque, et qui explique la réaction très vive de Danielle Mitterrand à la vision de ce téléfilm.

Le documentaire qui suit est encore plus intéressant, avec des interven-tions d’historiens qui resituent bien le contexte de l’époque. Mais les donneurs de leçons (Edwy Plenel, Lau rent Joffrin, etc.) sont bien agaçants. ■

Mitterrand à Vichy. Documentaire-fiction français (2007) de Serge Moati, librement inspiré du livre de Pierre Péan, avec Mathieu Bisson (François Mitterrand), Bernard Verley (le père de François Mitterrand), Arnaud Giovaninetti. Commentaire dit par Pierre Arditi (1h30). Suivi d’un documentaire de Hugues Nancy. Diffusion le mardi 22 avril, sur France 2, à partir de 20h50.

Nos voisins les hommes

Cela fait maintenant dix ans que les films d'animation en 3D ont pris leur essor (« Toy Story », le premier dessin animé entièrement en images de synthèse, date de 1995). Histoires séduisantes autour d'ob-jets ou d'animaux (la représentation des hommes reste encore très imparfaite), soin particulier accordé aux détails et aux person-nages secondaires, clins d'œil au cinéma actuel sont quelques-unes des recettes qui ont fait leur preuve. Si « Nos voisins les hommes » n'est pas vraiment innovant, il reste, malgré tout, un bel ouvrage.Riton, le raton laveur, est un incorrigible gourmand. Si bien qu'il ne résiste pas à l'en-vie de voler les provisions qu'un ours avait soigneusement collectées. Lorsque celui-ci s'en aperçoit, il donne une semaine à Riton pour lui rendre ses biens. Pendant ce temps-là, la tortue Verne et ses amis se réveillent d'une longue hibernation. Le nouveau film d’animation des studios DreamWorks («Shrek » et « Madagascar ») est l’adaptation d’une bande dessinée à succès de Michael Fry et T. Lewis qui a fait le bonheur de millions de lecteurs. Celle-ci nous invite à nous mettre à la place de ces petits animaux, observateurs privilégiés d'étranges comportements humains. Le graphisme des animaux est particulièrement réussi, tout comme celui du décor et des objets de consommation, d'un réalisme frap-pant. Le récit, truffé d'humour, est mené tambour battant et ne laisse pas une seconde de répit. Difficile de résister à la drôlerie de certains personnages (l'écureuil Zamy est hilarant) et de certaines situations. Dotée d'une fable morale sur l'amitié, l'histoire dénonce aussi avec légèreté et humour notre société de consommation.

Film d'animation américain (2006) de Tim Johnson et Karey Kirkpatrick, avec les voix françaises de Clovis Cornillac (Riton), Jérôme Pauwels (Zamy), Laurent Gerra (Verne), Marie-Christine Darah (Stella, Jean-Pierre Moulin (Ozzie) (1h20). Diffusion le samedi 19 avril, sur Canal +, à 20h50.

TÉLÉVISION

Je préfère qu’on reste amis...Dans les réceptions de mariage, Claude est toujours celui qui reste seul dans son coin. Serge, lui, est plutôt du genre boute-en-train, ne ratant jamais une danse avec une jolie femme. Lorsqu'ils se rencontrent au mariage du meilleur ami de Claude, on ne peut pas dire que le courant passe vraiment entre les deux hommes, qui ont tous deux des personnalités très

différentes. Pourtant, ils deviennent, peu à peu, les meilleurs amis du monde. Car ils ont une chose en commun : une solitude mal vécue qui les pousse à rechercher la femme de leur vie. Une réjouissante comédie, servie par deux comédiens en grande forme. Le drame des gens seuls en mal d'amour est croqué avec beaucoup de justesse et de drôlerie, et l'amitié sans équivoque entre deux hommes bien décrite. Une réussite ! Trouver un amour authentique dans un monde déboussolé n'est pas chose aisée, semble dire cette jolie histoire, qui parle d'amitié avec des mots justes.Comédie (2005) d’Éric Toledano et Olivier Nakache, avec Jean-Paul Rouve, Gérard Depardieu, Annie Girardot (Mme Mendelbaum), Lionel Abelanski (Daniel), Isabelle Renauld (Sophie), Yves Jacques, Élisabeth Vitali (1h37). Diffusion le mardi 22 avril, sur France 3, à 20h50.

Une soirée très intéressante qui revient, avec nuance, sur le passé vichyste de l’ancien président de la République.

Mitterrand à Vichypar Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

Un téléfilm de bonne facture et undocumentaire intéressant composent cette soirée

(

FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008 35

TF120.50 Génération duos. Divertissement présenté par Flavie Flament, avec Zazie, Christophe Willem, Johnny Hallyday, Christophe Maé, Pascal Obispo, Emmanuel Moire, Craig David, Yelle, Lorie, etc.23.10 New York, section crimi-nelle. Série avec Vincent D’Onofrio, Kathryn Erbe 3.01.05 New York, police judi-ciaire. Série avec J. L. Martin 3.France 220.50 Les femmes en chan-sons. Divertissement présenté par O. Minne et V. Guilhaume, avec Johnny Hallyday, Calogero, Francis Cabrel, Raphaël, Dany Brillant, Michel Del­pech, Stanislas, Garou, etc.23.10 On n’est pas couché. Magazine de L. Ruquier.France 320.50 Adresse inconnue : «Le langage des fleurs», «Rien ne sert de courir» A. Téléfilm avec David Brécourt. Une nouvelle série poli­cière décevante, avec un pre­mier épisode très malsain.23.20 Passé sous silence U 864, le dernier secret de Hitler. Documentaire.Arte21.00 L’aventure humaine «Sur les traces du Bouddha au Pakistan». Documentaire.

21.50 L’aventure humaine «Afghanistan, trésors en dan­ger : La vallée des bouddhas» J. Pas mal, mais sans plus.22.45 Sous les bombes A/Ø. Téléfilm avec Nada Abou, Georges Khabbaz (1h35). Poignant, mais des images peu discrètes.M620.50 Kyle XY : «L’esprit d’équipe», «Jeu de piste». Série avec Matt Dallas.22.30 Les 4400. Série avec Jacqueline McKenzie 2.Canal +20.50 Nos voisins les hommes T. Film d’animation (2006) de T. Johnson et K. Kirkpatrick (1h20). (Voir notre analyse page 35)KTO11.00 Messe de clôture du Frat.20.50 VIP «Philip Plisson». Rencon­tre avec le photographe de la mer.22.00 Cantiones Sacrae, de Jan Pieterszon Sweelinck. Concert.

télévision

36 FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008

TF1

20.50 Taxi 2 J. Comédie (1999) de G. Krawczyk, avec Samy Na céri, Frédéric Diefenthal (1h30). Une suite très amusante.22.30 Esprits criminels. Série 3.01.50 Le grand bazar J. Comédie (1973) de Claude Zidi, avec Les Charlots (1h25). Sympathique et amusant.

France 220.55 Je reste ! A/Ø. Comédie (2003) de D. Kurys, avec Sophie Marceau, Vincent Pérez (1h38). Un vaudeville assez amusant, mais la fin est ratée et les images complaisantes.23.05 Jackie Brown A/Ø. Policier (1997) de Quentin Tarantino, avec Pam Grier (2h28) 2. Excellent, mais violent et érotique.France 320.55 Inspecteur Barnaby «La mort en chantant» GA. Téléfilm avec John Nettles 2. Un excellent suspense.23.10 Strip-tease «Le flic, la juge et l’assassin» 2.00.50 Justin de Marseille (1934) de Maurice Tourneur, avec Berval (1h35).ArteL’assassin qui venait du Nord20.45 La lionne blanche GA. Policier (1996) de Pelle Berglund, avec Rolf Lassgard (1h39). Lourd et long.22.25 Journal d’un crime. M620.50 Zone interdite «Disci ­pli ne, travail, respect : Ils ont six mois pour tout réapprendre». 22.50 Enquête exclusive «Gangs et favelas à Rio, l’autre visage du carnaval». Magazine 2.Canal +20.55 Football «Marseille/Lille».KTO09.30 Ordinations sacerdotales pour le diocèse de Rome.20.50 La foi prise au mot «Dieu est amour», avec les pères J.­M. Petitclerc et G. Kerhuel. 21.45 Un jour, une foi «La vie des diocèses».

TF120.50 Joséphine, ange gardien «Le secret des templiers» GA. Téléfilm avec Mimie Matthy. Lourd et peu crédible.22.30 Jardins secrets : «Mère exemplaire», «L’argent fait le bonheur des autres», «L’heure du fisc». Série avec Linda de Mol 2.01.10 Vol de nuit. Magazine de P. Poivre d’Arvor, avec Marina Dédéyan, François Cérésa, Jean­Marie Rouart, Guillaume Musso, Jean­Pierre Otte, T. Benacquista, Philippe Geluck, Frédéric Vitoux.France 220.50 FBI, portés disparus : «Compte de Noël», «Trophées de

chasse», «Confidences». Série avec Anthony LaPaglia.23.10 Complément d’en-quête «J ­100 : Des Jeux Olympiques qui dérangent». Magazine de B. Duquesne.France 3

20.50 Quand les vedettes font la une ! Divertissement présenté par Christophe Hondelatte.22.55 Ce soir (ou jamais) (et à 23h25). Magazine.00.45 NYPD blue. Série 2.Arte21.00 La petite voleuse A/Ø. Comédie dramatique (1988) de C. Miller, avec Charlotte Gains­bourg (1h44). Une histoire pleine de charme, mais les images ne sont pas discrètes et la morale est bien oubliée.22.45 Musica «Sophia : Concerto pour violon pour Anne­Sophie Mutter». Concert.23.40 Le dernier jour A/Ø. Drame (2004) de Rodolphe Marconi, avec Nicole Garcia (1h45). Sensible, mais superficiel et déplaisant.M620.50 D & CO, une semaine pour tout changer. Magazine.22.25 Nouveau look pour nou-velle vie. Magazine.Canal +20.50 Les Tudors : (9 et 10/10) «À bout de patience», «La rup­ture» A/Ø. Série 3. Superbe, mais érotique.KTO20.50 L’Œuvre. Une enquête sur l’association qui gère la cathédra­le de Strasbourg.21.45 Un jour, une foi «Chemins de vie».22.15 KTO magazine «Les ados et l’Église : Quelle rencontre ?».

TF120.50 Docteur House : «Le petit con», «Dernier espoir», «L’histoire d’une vie» GA. Série avec Hugh Laurie 2. Aussi cocasse qu’émouvant.22.50 Confessions intimes. Magazine de Isabelle Brès.France 220.50 Mitterrand à Vichy J. Documentaire fiction de Serge Moati, avec Mathieu Bisson, Bernard Verley (1h27). (Voir notre analyse page 35)22.25 Mitterrand à Vichy «Le choc d’une révélation» J. Documentaire avec Pierre Péan, Edwy Plenel, etc. (Voir notre analyse page 35)23.20 Faites entrer l’accusé «Albert Spaggiari, le casse du siècle» GA. Magazine présenté par Christophe Hondelatte. Très bien fait.France 320.50 Je préfère qu’on reste amis… GA. Comédie (2005) de Éric Toledano et Olivier Nakache, avec Jean­Paul Rouve, Gérard Depardieu (1h37). (Voir notre analyse page 35)22.35 Ce soir (ou jamais) (et à 23h25). Magazine.00.45 NYPD blue. Série.Arte21.00 Le cauchemar de Darwin J. Documentaire (2004) de H. Sauper (1h45). Un réqui­sitoire intéressant, mais très engagé contre le capitalisme.Inde 2025

22.45 Inde 2025 GA. Très intéressant.M620.50 66 minutes. Magazine présenté par Aïda Touihri.21.55 66 minutes, l’enquête «Enfants esclaves, patrons mafieux : La face cachée de la Chine». Magazine.22.35 T’empêches tout le monde de dormir. Magazine de Marc­Olivier Fogiel.Canal +20.45 Football «La grande soirée de Champions League : Liverpool/Chelsea».KTO20.50 Le porteur d’eau. Les pro­blèmes de l’eau, à Madagascar.21.45 Un jour, une foi «Église du monde».22.15 La foi prise au mot. «Dieu est amour».

samedi 19 avril Dimanche 20 avril lundi 21 avril Mardi 22 avril

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DRémissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses bouddhistes», «Islam», «À Bible ouverte», «Chrétiens orientaux», «Présence protestante» - 10h30 Le jour du Seigneur «Mgr Teissier, une vie pour l'Algérie» - 11h00 Messe en l’église Saint­Jean de Montmartre, à Paris.

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télévision

FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008 37

sur ArteMercredi 23 avril, à 23h15Les amants réguliers GAEn 1969, un groupe de jeunes bourgeois repense avec nostalgie et une certaine amertume aux événements de mai 68. La reconstitution de l'atmosphère de cette époque n'est pas dénuée d'un certain charme qui rappelle le cinéma de la nouvelle vague. Les images en noir et blanc de Paris sont su perbes. Mais l'ensemble est, tout de même trop long. Le portrait de cette jeu­nesse désenchantée (qui échappe à sa désillusion par l'opium) est à la fois touchante et triste.

TF120.35 Football «Ligue des Champions (1/2 finale aller)».22.45 New York unité spéciale. Série avec Christopher Meloni 3.France 220.55 La cour des grands : «Muriel», «Arnaud» A/Ø. Téléfilm avec Marie Bunel, Thierry Desroses (1h53) 2. De plus en plus décevant et mal­sain, avec une scène érotique.23.00 Les derniers jours d’Édith Piaf GA. Documentaire de Philippe Pichon. Superbe et très émouvant.France 3

20.50 Des racines et des ailes «La magie des lacs : “Léman, le pays des trois soleils“, “Lac Nasser : Des temples sauvés des eaux“, “Lac Powell, le rêve amé­ricain“». Magazine présenté par Louis Laforge.22.55 Ce soir (ou jamais) (et à 23h25). Magazine présenté par Frédéric Taddéï.00.45 NYPD blue. Série avec Dennis Franz.Arte21.00 Les mercredis de l’his-toire «68 : Faites l’amour et recommencez !». Documentaire.22.30 Les mercredis de l’his-toire «L’État policier et ses hôtes» GA. Ennuyeux et peu objectif.23.15 Les amants réguliers GA. Drame en NB (2005) de Philippe Garrel, avec Louis Garrel, Clotilde Hesme (2h58). (Voir notre analyse ci­contre)M620.50 Nouvelle star. Divertissement.23.25 Secrets d’actualité «Pierre Bérégovoy : Mystères autour d’un suicide». Magazine.Canal +20.50 Le candidat A/Ø. Comédie dramatique (2007) de et avec Niels Arestrup, et avec Yvan Attal (1h31). Une fable politique réussie, mais une scène érotique.KTO20.50 Fragile main d’œuvre. Les difficultés des CAT qui emploient des handicapés.21.50 Un jour, une foi «La famille en questions».22.20 VIP «Philippe Labro».

TF120.50 La soirée de l’étrange. Divertissement présenté par Christophe Dechavanne et Patrice Carmouze.23.20 Sans aucun doute. Magazine présenté par Julien Courbet.France 220.55 Le silence de l’épervier (3 et 4/8) GA. Téléfilm avec Line Renaud, Florence Thomassin, Michaël Lonsdale (1h45). Bien que prenante, l’histoire devient inutilement dramatique. Quant à la réalisation, elle est bien lourde.22.50 Taratata. Chansons, pré­senté par Nagui.France 320.55 Thalassa «Sur le dos des baleines». Magazine présenté par Georges Pernoud.23.20 Clavel, l’enfant du n°13. Documentaire.Arte21.00 Le porteur de cartable GA. Téléfilm avec Julie Depardieu, Yannis Belal, Pablo Valero, Alika Del Sol, Hammou Graïa (1h36). Une jolie histoire d'amitié entre un petit pied­noir et un petit Algérien, au moment de l'indépendance. Mais c'est parfois outrancier.22.35 Tracks.M620.50 Bones : «L’ombre d’un doute», «Jeux dangereux», «Joyeux Noël !». Série avec Emily Deschanel, David Boréanaz 2.23.15 Californication. Série avec David Duchovny, Natascha McElhone 3.Canal +

20.50 Les fils de l’homme GA. Science­fiction (2005) de Alfonso Cuaron, avec Clive Owen, Julianne Moore (1h45) 3. Bien fait et prenant, mais manquant d’explications.KTO20.50 KTO magazine «France : Pays chrétien ?», avec Jean­Pierre Denis, le père Hugues Deryckeel, le père Matthieu Rougé et Thierry Boutet.21.50 Un jour, une foi «La vie des diocèses».22.20 L’Amérique des amish.23.15 La foi prise au mot «Droit canonique».

TF120.50 Alice Nevers, le juge est une femme «Une vie dans l’ombre», «À cœur et à sang» A. Série avec Marine Delterme, Jean­Michel Tinivelli, Manuel Gélin. Assez pre­nant. Mais le second épisode est un plaidoyer pour l’adoption d’enfants par des homosexuels.22.40 La méthode Cauet. Divertissement.France 220.55 Envoyé spécial : «Comme un poisson dans l’eau», «Cop­watch : Un œil sur la police». 23.05 Infrarouge : «Les mys tères sanglants de l’OTS», «Prisonnière à Lhassa» 2.France 3

20.55 Louis la brocante «Louis, Lola et le crocodile» J. Téléfilm avec Victor Lanoux, Évelyne Buyle. Sympathique, mais peu crédible.22.35 Ce soir (ou jamais) (et à 23h25). Magazine présenté par Frédéric Taddéï.00.45 NYPD blue. Série avec Dennis Franz.01.35 Espace francophone «Francophonies sur scènes».Arte21.00 Tous ensemble A/Ø. Drame (2000) de Lukas Moodysson, avec Lisa Lindgren, Michael Nyqvist (1h41). Une satire réussie des idéaux de mai 68, mais des images peu discrètes.22.40 Génération 68. Documentaire.23.35 Paris-Berlin, le débat «Spécial Mai­68». Débat avec Serge July, Raphaël Glucksmann et Katharina von Bülow.M620.50 NCIS, enquête spéciale : «Le dernier saut», «Alibi», «Faux­ semblant». Série avec Mark Harmon, Sasha Alexander.Canal +20.50 Cold case : «Sauver Sammy», «Scarlet rose». Série avec Kathryn Morris 2.KTO18.30 Messe de l’Ascension, en direct de Notre­Dame de Paris. 20.50 Grands entretiens «Roger Etchegaray : Un cardinal sans devise».21.45 Art et culture.22.15 Cantiones Sacrae.

Mercredi 23 avril Jeudi 24 avril vendredi 25 avril

T : Tout publicJ : AdolescentsGA : Grands adolescentsA : AdultesØ : Œuvre (ou scène) nocive : Elément positif : Elément négatif

Repères

RaDiosRCFSamedi 19 avril15h30 Couleur Nature "La maison paternelle d'Anne-Marie Javouhay à Chamblanc"19h30 "Peut-on se passer de reli-gion ?", avec Jean-Noël Dumont (agrégé de philosophie).22h Dialogue "Croyants et athées sont-ils étrangers les uns aux autres ?", avec François Gachoud (philosophe) (Rediffusion dimanche à 17h)Lundi 21 avril10h A votre service "Vices et ver-tus du café".14h Musiphonie "La musique et la danse - De la Renaissance à nos jours" (1/5, tous les jours à 14h)16h Magazine œcuménique "Por-trait de Marie-Noëlle Rambaud (iconographe à l'atelier St Jean Damas-cène)" (Rediffusion mardi 13h) 17h Contre-courant "24 heures avec un évêque, Mgr Yves Patenôtre (évêque de Sens Auxerre)"00h00 Perspectives "Les 200es anni- versaires de la Fondation des Sœurs de St Joseph de Lyon", avec Sr Anne-Françoise Trapeaux (Re- diffusion mardi 22h, et mercredi 16h)Mardi 22 avril13h30 Dialogue "Le rôle des moi-nes dans la construction de l'Europe occidentale".Mercredi 23 avril13h30 Témoin "Le Père Florent, ori-ginaire de la République Démocra-tique du Congo, missionnaire dans un quartier très pauvre de Nairobi au Kenya" (Rediffusion jeudi à 22h)Jeudi 24 avril10h A votre service "Personnes âgées : comment faire face aux agressions par ruse ?"Vendredi 25 avril10h A votre service "Que faire au jardin fin Avril ?".France CultureDimanche 20 avril10h Messe, depuis la paroisse Sainte-Elisabeth du Temple, 195 rue du Temple, 75003 Paris, com-mentée par Frère Eric Macé. Prédicateur : Père Xavier Snoeck.

Marie BizieN

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Paris✔ A la basilique de Notre-Dame des Victoires, 6 rue Notre-Dame des Victoires, 75002 Paris, ✆ 01. 42.60.90.47, le Jubilé pour le 125e anniversaire de la guéri son de sainte Thérèse, enfant, par l'in-tercession de Notre-Dame des Victoires, aura lieu du 1er au 13 mai, en présence des reliques de sainte Thérèse de Lisieux. Accueil, exposition, messes, neuvaine pour les malades, pèlerinage des étu-diants, temps de prière, confes-sions, conférences, soirées… avec Mgr Poulain (évêque émérite de Périgueux et Sarlat), le Père Lemoine (chapelain du sanctuaire de Lisieux), Jean Vanier... Courriel : pelerinage @notredamedesvictoires.com www.notredamedesvictoires.com✔ Organisée par le Père Matthieu Rougé (Paroisse Sainte-Clotilde), une conférence-débat sur le thème "Quel avenir pour le christianisme en France ?" aura lieu le 6 mai (20h30), avec le cardinal Philippe Barbarin (archevêque de Lyon) et Luc Ferry (ancien ministre, philo-

sophe), animée par Jean-Marie Guénois (chef du service information religieuse de La Croix), à basilique Sainte Clotilde, 23 bis rue Las Cases, 75007 Paris.✔ Le monde des médias a besoin d'apôtres, qui soient des "hom-mes courageux et d'authenti-ques témoins de la vérité" ! Pour répondre à l'appel de Benoit XVI, dans son message pour la Journée mondiale des communications sociales (4 mai), participez à une marche-pèlerinage dans Paris, le samedi 17 mai. L'idée est de ras-sembler communicateurs et jour-nalistes autour d'une démarche de foi. Départ à 8h30, au monastère de la Visitation, 68 av Denfert-Rochereau, 75014 Paris, pour un office et une conférence du Père Matthieu Rougé (curé de Ste-Clotilde et aumônier des parlementai-res) ; puis marche méditée jusqu'à la paroisse St-François de Sales, 75017 Paris, pour une conféren-ce de Mgr Patrick Descourtieux (ancien recteur de la Trinité des Monts à Rome) ; et marche vers le Sacré-

Cœur pour la messe célébrée par le Père Gabriel Grimaud (aumô-nier de la Maison d'éducation de la Légion d'Honneur). Fin prévue pour 16h. Les conférences tourneront autour des thèmes de la vérité et de la mission.Calvados✔ Au Sanctuaire de Lisieux, du 30 avril au 4 mai, un colloque thérésien sur la "Famille" est prévu, à l'occasion du 150e anni-versaire de mariage des véné- rables Louis et Zélie Martin. Avec des conférenciers : Mgr Guy Gaucher (évêque émérite de Bayeux-Lisieux), Mgr Jean-Charles Descubes (archevêque de Rouen), le Père Alain Mattheeuws, Mgr Jean Laffitte, le Père Philippe Bordeyne, Sr Christiane Hourticq, Mme Walch. Ouvert à tout public. Rens. : Service Colloque 2008, BP 62095, 31 rue du Carmel, 14102 Lisieux cedex, ✆ 06. 11.12.46.73 / 02.31.48.55.08, [email protected] www.therese-de-lisieux.com✔ Au Sanctuaire de Lisieux, 33 rue du Carmel, BP 62095, 14102 Lisieux, ✆ 02.31.48.55.08, fax 02. 31.48.55.26, une session spiri-tuelle, pour tous, est prévue les 25 et 26 avril «Thérèse et la paro-le de Dieu» (sur base de l’ico-nographie des mosaïques de la Basilique, initiation à la lec ture

spirituelle de textes bibliques), avec Mgr Bernard Lagoutte et le Père Philippe Hugelé (ocd). éga-lement, du 30 avril au 4 mai, un colloque «Thérèse et la famille» est proposé avec conférences, ateliers, offices liturgiques, soi-rées spirituelles... rens. ✆ 02.31. 48.55.30 / 06.11.12.46.73, fax 02.31.48.55.25. Courriel : [email protected]✔ Du 26 (14h) au 27 avril (14h), un temps fort ignatien, avec le père Ferdinand Lambert, s.j. est proposé «Saint Matthieu, évangéliste de l’année litur-gique A (2008)» : le discours sur la montagne (La confiance filiale et fraternelle, ch.7). Rens. Notre-Dame de Fidélité, Espace Khaïré, 40 rue du Bout Varin, 14440 Douvres-la-Délivrande, ✆ 02.31.37.26.88 / [email protected]✔ à la maison Saint-André, 2 rue Saint-André, 57245 Peltre, ✆ 03.87.76.00.09, une retraite «Répondre à l’appel à la sainteté à l’Ecole de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus» sera animée, du 26 avril (17h) au 1er juin (13h), par le Père Descouvemont (du diocèse de Cambrai).Var✔ Une relecture d’une œuvre significative de Maurice Zundel

BLOC-NOTES

Pour la journée chrétienne de la Communication sociale (4 mai), nous tenons à la disposition des paroisses

qui le souhaiteraient des anciens numéros de France Catholique à distribuer aux paroissiens.

Fax 01.46.30.04.64.Courriel : [email protected]

38 FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008

«Morale et Mystique». Une mo rale éclairée par une mys-tique. Une mystique qui inspire des attitudes de désappropriation et de liberté,dans la vérité. Les 9, 10 et 11 mai, avec la partici-pation du Père Jean Palsterman (Conseiller théologique de l’associa-tion Maurice Zundel en Belgique et professeur émérite de la faculté de théologie de l’université catholique de Louvain). Part./frais : aux confé-rences 30 e, en pension com-plète 100 e, seulement les repas 70 e. Rens./insc. : Association des Pèlerins de Notre-Dame de Grâces, 83570 Cotignac, ✆ 04 .94 .69 .64 .90 , f ax : 04.94.69.64.91/[email protected]ée✔ Au Foyer de Charité, 73260 Naves, ✆ 04.79.22.91.02, des retraites sont proposées : du 21 au 27 avril "Je suis le che-min, la vérité et la vie", par le père Thierry des Rochettes ; du 28 avril au 4 mai "Il vit et il crut", par le père Jean-Claude Cousseau ; du 12 au 18 mai "En marche vers notre vraie gran-deur : selon Maurice Zundel", avec le père Jean-Marie Bonniez.Les servantes de la Parole✔ Un temps fort de 7 mois pour jeunes filles (à partir de 18 ans), du 30 novembre 2008 au 29 juin 2009 : étude de la Bible à la lumière des rabbins et des Pères ; Parcours catéchétique sur les grandes vérités de la foi ; Initiation à l'hébreu ; Vie de prière (offices et messe quoti- dienne) et vie fraternelle ; Pos s ibi l i té d'une aide au dis cernement d'une vocation. Inscriptions et renseignements : site : www.servante-parole.net, Sr Claire Patier ✆ 01.64.58.42.09Retraites «Icônes»✔ Prochains stages de peinture d’icônes animés par Jacques Bihin et Vincent Minet (Voir FC 3111, du 21 mars 2008, pages 22 à 24) : à l’île de Lérins, en face de Cannes, du 18 au 24 mai (440 e en pension complète), à Leffe en Belgique, du 17 au 23 août (420 e en pension complète), à Fribourg, du 14 au 20 septembre, à Chevetogne, à Wavre… Rens. : Association Icône Contemporaine, 67 ch de Bruxel les , B-1300 Wavre, Belgique ✆ 00.32 ( 0 ) 1 0 . 4 1 . 5 0 . 4 0 . h t t p : / /iconecontemporaine.catho.be/Pèlerinage✔ Un pèlerinage en Égypte est organisé par le frère Alain de la Croix et le Père Drago (Cté-St-Jean) du 8 au 15 novembre. Navigation sur le Nil et randon-

née sur ses rives, sur le thème «Découvrir Dieu en sa pater-nité; Jésus en tant que Fils bien aimé du Père ; l’Esprit-Saint en tant qu’unité d’amour entre le Père et le Fils». Visites : Louxor, Karnak, Assouan, Descente silencieuse du Nil, Villages du Nil, Edfou, Thèbes. Prix 1060 e, taxes d’aéroport et visa inclus. Possibilité d’extension au Désert Blanc : randonnée du 15 au 22 no vembre, avec un supplément de 525 e. Programme détaillé sur http://maisonsaintjean.com/ Rens. auprès de Frère Alain de la Croix, ✆ 02.47.92.26.07, [email protected]✔ Une découverte artistique et spirituelle de l'Andalousie est proposée avec le Mouvement Résurrection et les Jeunes de St-Christophe de Javel. Séville, Grenade, Cordoue. Étapes à Lourdes, Burgos, Ségovie, pour les jeunes gens de 11 à 30 ans, du 26 avril au 4 mai, par car. Pour les moins de 18 ans : 450 e, au-delà : 480 e. Rens. et insc. : Secrétariat Andalousie, 28 rue de la Convention, 75015 Paris. ✆ 01. 45.78.33.77. [email protected] de contes✔ François Desnuelles, conteur chrétien engagé, organise deux stages sur "Comment créer et raconter une histoire en parabole devant un public". Le premier a lieu du 2 au 7 juin au monastère des Dominicaines d’Orbey (68370) et le second du 14 au 20 juillet à l’abbaye d’En Calcat à Dourgne (81110). Rens. François Desnuelles, "La Lézardière", Route de Pex iora , 11400 Castelnaudary, ✆ 04.68.60.08.79, [email protected]é Saint-Pierre✔ Du 18 au 24 juin 2008, un voyage au Québec est prévu avec la Fraternité Saint-Pierre, à l'oc-casion du Congrès Eucharistique mondial et du 4e centenaire de la présence française à Québec. Participation aux manifestations religieuses de Québec : grande procession du Saint-Sacrement dans les rues de la ville ; échan-ges avec une paroisse tradition-nelle. Découverte des richesses du Canada français : Québec, Montreal, le fleuve Saint-Laurent. Accompagnement : M. l'Abbé François Pozzetto. Rens. ✆ 01.44. 09.48.68.

Pour passer un communiqué,contactez : [email protected]

fax : 01.46.30.04.64ou inscrivez-le directement sur :

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BLOC-NOTES

FRANCECatholique n°3115 18 avril 2008 39

FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

CNIL : 677840560, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-RobinsonTéléphone : 09.75.69.14.92 - 01.46.30.79.06 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64

Courriel : [email protected] - CCP La Source 43 553 55 Xédité par la Société de Presse France Catholique,

s.a. au capital de 427.392 euros. - 41838214900015 R.C.S. Nanterre - APE 5814ZPrésident : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆-06. 08.77.55.08) - Conseiller-de la direction : Robert Masson - Editorialiste- : Gérard Le clerc - Rédaction : Anne Kurian - Tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven

Imprimé par iPPAC-imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 LangresLes documents envoyés spontanément ne sont pas retournés.

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