Migros magazin 46 2014 f vd

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    46, 10 NOVEMBRE 2014

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    Il plonge

    avec les

    requins

    Champion dumonde

    dapne, le Canadien

    WilliamWinrammet ses

    capacits exceptionnelles

    au service dtudes

    scientifiques sur

    les squales. I 23

    Photo:AnnaPizzolante/Rezo

    MTIERS I 12

    Reportage

    avec quatre

    travailleurs

    de nuit.

    EN MAGASIN I 41

    Lavent entre

    voisins.

    ENCART DANS CE NUMRO

    Le dveloppement

    durable Migros.

    ENCART DANS CE NUMRO

    Le dveloppement

    Veuillez adresser vos demandes concernant votre abonnement et annoncer tout changement dadresse au

    Registre des cooprateurs au 058 574 66 56 du lundi au jeudi de 8 h 30 11 h 30 et de 13 h 30 17 h 00.

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    tagliatelle, sel,

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    cuire

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    goutter, les

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    jus. Effeuiller les

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    acher

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    Laisser la

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    crevettes, lestragon

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    Lorsquenous entendonsparler demdecine,cest

    la plupart du tempsde ses cots quil est question.

    Les augmentations des primes de lassurancemaladie, le

    tarif du point Tarmed, les cots des oprations superflues,

    lesmdicaments aux prix dmesurs, les quipements

    techniques difficiles rentabiliser...A croire que lamdecine

    est avant tout une question darithmtique.

    Il ny apas si longtempspourtant, lesmdecins taient

    davantage considrs commedes savants utiles que

    des facteurs de cots.La blouse blanche symbolisait la

    connaissance et lexpertise face lignorance suppose du

    patient.Depuis, la technologie, et principalement linternet,

    se sont dvelopps et ont engendr de profondesmutations.

    Aujourdhui, la plupart dentre nous se renseignent sur

    internet avant de se rendre chez le toubib ( lire en page 26).

    Cest alors fort dun ensemble de connaissances

    glanes ci et l que lon arrive en consultation.Le rle

    dumdecin nest plus de poser un diagnostic,mais de

    confirmer ou infirmer ce que lon souponne dj. Il

    ninformeplus,mais explique, complte, vulgarise.Un rle

    qui demande des adaptations dans la relation patient-

    mdecin et du temps,mais qui saccommode aussi trsmal

    de la financiarisation de la discipline.

    Comment accorder de la place la discussion alors que

    seuls les actes sont valoriss?La relation avec les patients

    est reste fige dans un rle uniquement social.Un dcalage

    qui pousse la situation absurde que plus unmdecin

    sinvestit avec ses patients,moins il est considr comme

    efficace et donc utile par le systme.On comprend ds lors

    trs bien le dsamour pour lamdecine gnrale au profit de

    spcialisations dont lutilit estmoins remise en cause.

    ENBREF

    6| Les dernires informations

    dumondeMigros.

    SOCIT

    12 | Dossier: un travail lhoraire dcal.

    18 | Reportage:mdicaments surmesure.

    23 | Portrait:WilliamWinram, apniste.

    26 | Entretien: Bertrand Kiffer, mdecin.

    34 | Environnement: des bateaux

    lectrosolaires sur nos eaux.

    INFOSMIGROS

    8 | GnrationM: prime Utz Certified.

    ENMAGASIN

    41| Nol:uncalendrierde laventtrsvivant.

    CUISINEDESAISON

    66| RogerMayou: risotto au saumon fum.

    VOTRERGION

    73 | Votre cooprative rgionale:

    les informationsdescooprativesMigros.

    AUQUOTIDIEN

    79 | Escapade: Porrentruy la mystrieuse.

    82 | Avotre service: fixer un coffre de toit.

    85| Questionslecteurs: rponsesdexperts.

    89 | Education: lcher la lolette.

    92 | Voiture: la Fiat 500 Cult.

    LEMONDEDE

    102 | VanessaPahudBenSaid, trapziste

    et directrice dune cole de cirque.

    RUBRIQUES

    10 | Cettesemaine: la dprime saisonnire.

    32 | Chronique:Marie-Thrse Porchet.

    95 | Jeux: creusez-vous les mninges!

    100 | Cumulus: les offres fidlit de Migros.

    Photo:ChristopheChammartin

    DITORIAL

    Steve Gaspoz, rdacteur en chef

    Soigner, cest

    aussi discuter

    12 | DOSSIER

    Portraits

    de quatre

    noctambules

    qui traversent

    la nuit en

    travaillant.

    [email protected]@mediasmigros.ch

    M-Infoline:

    tl. 0848 84 0848* ou +41 44 444 72 85 (depuis ltranger).

    www.migros.ch/service-clientle; www.migros.ch

    Cumulus: tl. 0848 85 0848* ou +41 44 444 88 44 (depuis ltranger).

    [email protected]; www.migros.ch/cumulus

    Adresse de la rdaction: Limmatstrasse 152, case postale 1766,

    8031 Zurich, tl. 058 577 12 12, fax 058 577 12 09

    [email protected]; www.migrosmagazine.ch

    * tarif local

    www.twitter.com/

    MigrosMagazine

    facebook.com/

    MigrosMagazine

    RETROUVEZ-NOUSSUR:

    www.google.com/

    +migrosmagazine

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    MIGROSMAGAZINE

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    46, 10 NOVEMBRE 2014

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    SOMMAIRE

  • Le groupeMigros et ses partenaires so-

    ciaux ont convenu de procder une

    hausse de la masse salariale oscillant

    entre 0,7% 1,2% au 1

    er

    janvier 2015.

    Nos collaborateurs ont contribu

    grandement au succs de Migros lan

    pass,etnousaimerions les remercier,

    a expliqu Fabrice Zumbrunnen, en

    charge des ressources humaines et

    membre la Direction gnraleMigros.

    Le salaire brutminimumpour les colla-

    borateurs sans formation profession-

    nelle sera relev 3900 francs (x 13). A

    cette mesure sera associe une adapta-

    tion des salaires minimums allous aux

    collaborateurs aubnficedune forma-

    tionprofessionnelle.Dsormais, les em-

    ploys au bnfice dune formation de

    quatre, trois oudeuxans toucheront res-

    pectivement un salaire brut moyen mi-

    Soyez cratifs

    Participez surwww.migrosmagazine.ch un grand

    concours de photos deNol et tentez de gagner un

    sjour dune semaine dans un chalet.

    NEWS

    SoireMozart Genve

    Dans le cadre de la

    deuxime tourne des

    Migros-Pour-cent-

    culturel-Classics de la

    saison, Mischa Damev,

    le directeur artistique

    de ces sries de concerts,

    a invit le chef Ton Koopman et son clbre

    Amsterdam Baroque Orchestra & Choir

    donner trois concerts en Suisse, dont un

    Genve (le 18 novembre 2014 au Victoria Hall).

    Au programme: lindmodable Mozart avec

    la symphonie n

    o

    20, la messe dite du Couron-

    nement et le requiem, soit la fois desuvres

    dun compositeur adolescent et agonisant, qui

    sinscrivent parfaitement dans la thmatique

    de la saison: Jeunesse et maturit. Comme

    dhabitude, les Migros-Pour-cent-culturel-

    Classics donneront une place auxmusiciens

    suisses. Pour ces trois concerts, cest le tnor

    Jrg Drmller, qui se produit rgulirement

    avec Ton Koopman, qui portera haut les

    couleurs de notre pays.

    Programme et billetterie:

    www.migros-pour-cent-

    culturel-classics.ch.

    Croisires originales

    Hotelplan Suisse propose de nombreuses

    ides de croisires, quelles soient culturelles,

    romantiques, aventurires oumusicales.

    Par exemple, Hotelpan invite les voyageurs

    dcouvrir le principe du slow travel. Durant

    cette croisire en Europe occidentale, les

    escales sont plus longues et les excursions se

    font en plus petits groupes. Les amateurs de

    country music partiront, eux, en croisire au

    dpart de Venise. Au programme: cours de line

    dance et jam sessions. Enfin, pour vivre ses

    rves, Globus Voyages a imagin une expdi-

    tion au Groenland pour aller observer les ba-

    leines ainsi quune croisire sur un voilier de

    luxe au large du Costa Rica, notamment.

    Infos: www.hotelplan.ch/croisieres

    et www.globusvoyages.ch/cruises.page.

    Augmentation salariale

    Prenez le large avec le Sea Cloud II.

    Photos:Fotolia,GettyImages,HeikeGrasser/Ex-Press

    EN BREF

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  • LE PRODUIT FRAIS DE LA SEMAINE

    Paysage dguster

    Vos enfants naiment pas les brocolis, ces lgumes si

    riches en vitamines et en minraux? Dressez alors une

    assiette de faon ce que cette varit de chou dessine

    un paysage le brocoli ressemblant fort un arbre

    avec ses bouquets serrs et imaginez un rcit culinaire

    qui ne donne quune envie: les croquer.

    L

    a prparation des ftes de fin dan-

    nepermetde laisser libre cours sa

    crativit, et ce, que ce soit en d-

    coration (extrieure ou intrieure) ou en

    cuisine. Cest pourquoi le site internet

    www.migrosmagazine.ch vous invite

    tlcharger les photos de vos dcors de

    Nol les plus feriques, votre calendrier

    de lavent le plus original ou vos biscuits

    les plus irrsistibles.

    Il vous est possible denvoyer votre

    clich jusquau 30 novembre 2014. En-

    suite, du 1

    er

    au 10 dcembre, les inter-

    nautes pourront voter pour leur image

    prfre.

    De nombreux prix

    gagner

    Le gagnant principal se verra offrir un

    bon Interhome de 5000 francs pour une

    semaine de vacances dans un chalet

    suisse au choix. Des forfaits journaliers

    pour des stations de ski ainsi que des

    cartes cadeaux Migros sont galement

    mis en jeu.

    Notons aussi que tous les votants

    prendront part un tirage au sort leur

    permettant de remporter lune des cin-

    quante cartes cadeaux gagner.

    Participez sur www.migrosmagazine.ch/noel.

    Nouvel abonnementM-BudgetMobile

    Ds le 11 novembre, les points de

    vente Melectronics proposeront

    un nouvel abonnement baptis

    M-Budget Mobile One. Pour la

    modique somme de Fr. 29. par

    mois, il comprend 500minutes

    de conversation sur les rseaux

    fixes et mobiles de Suisse et sur

    le rseau fixe europen ainsi que

    lenvoi de 500 SMS. De plus,

    M-Budget Mobile One offre

    toutes les communications

    entre les clients M-Budget

    Mobile qui sont au nombre

    de 600 000 en Suisse. Enfin,

    labonnement inclut 1 Go pour

    laccs rapide internet.

    Loffre nest pas lie une dure

    contractuelle minimale (dlai

    de rsiliation du contrat:

    deuxmois).

    Informations dtailles:

    www.m-budget-one.ch.

    nimum de 4300, 4100 et 4000 francs

    (x 13).En tantqueplusgrand formateur

    de Suisse, avec 3700 apprentis, Migros

    souhaite envoyer un signal fort, a pour-

    suivi Fabrice Zumbrunnen. La satisfac-

    tiondenosemploysnous tientcur.

    Depuis 2002, Migros a augment les

    salaires de son personnel de 22,25% en

    chiffres absolus, soit une hausse de

    15,25% en termes rels.

    AMigros, lamasse salariale augmentera

    entre 0,7 et 1,2%en 2015.

    Confectionnez des

    biscuits et partez

    en vacances!

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    MIGROSMAGAZINE

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    ENBREF

  • Promouvoir

    lautonomie

    Unmillion de francs pour un monde meilleur:

    des reprsentants de Chocolat Frey ont remis

    la prime Utz Certified pour la dernire anne

    de rcolte de cacao leurs fournisseurs africains.

    L

    es habitations sont de simples ca-

    banes en torchis,et certainsvillages

    ne sont accessibles que via des

    pistes troites, rendues rgulirement

    impraticables par de fortes prcipita-

    tions.Dans les rgions rurales duGhana

    et de la Cte-dIvoire, la vie na rien de

    facile, mme si ces deux pays ont pour

    linstant t pargns par le virus Ebola.

    Ici, Chocolat Frey, une entreprise de

    la M-Industrie, participe un projet

    ambitieux: depuis deux ans, quelque

    2000petitspaysansde louestduGhana

    et 500dunord-ouestde laCte-dIvoire

    produisent du cacao Utz Certified pour

    la socit suisse.

    Ce label correspond un programme

    dedurabilit qui profite auxcultivateurs

    de cacao, de caf et de th dans les pays

    en dveloppement (lire encadr). Les

    acheteursversentuneprimeauxexploi-

    tants, en plus du prix des matires pre-

    mires. Dans le cas de Chocolat Frey, la

    moiti de celle-ci est directement per-

    ue par les agriculteurs, tandis que

    lautre moiti sert financer des initia-

    tives locales bnficiant aux produc-

    teurs et la population.

    Une collaboration troite

    avec les petits paysans

    Presque tous les chocolats de Frey que

    lon retrouve dans lassortiment de Mi-

    gros sont labors partir de fves de

    cacaoUtzCertifiedghanen, ivoirienou

    latino-amricain.

    Mais lentreprise ne se contente pas

    dacheter cette matire premire certi-

    fie sur lemarch international: elle en-

    voie rgulirement des collaborateurs

    dans louest duGhana et dans le nord de

    la Cte-dIvoire au total, ces derniers

    passent environ quatre semaines par an

    sur place. Ils rencontrent les reprsen-

    tantsdes associationspaysannes locales

    et valuent les besoins des populations.

    Nousentendonspauler lesproduc-

    teurs de cacao du mieux que nous pou-

    vons dans la planification et la mise en

    uvre de projets sociaux, souligne Ni-

    cole Moret, responsable du dveloppe-

    ment durable Chocolat Frey. Nous

    avons conclu avec les associations de

    cultivateurs un partenariat sur le long

    terme, qui garantit un dbouch pour

    leur production sur plusieurs annes.

    Cette collaboration leur offre une cer-

    taine scurit conomique.

    Dernirement, loccasion du verse-

    ment de la prime Utz Certified, une d-

    lgation deChocolat Frey dontNicole

    Moret faisait partie sest nouveau

    rendueenAfriquede lOuest.Cette fois-

    ci, la sommeverse slevait environun

    million de francs.

    Unepartiedecet argent sera consacr

    la construction en Cte-dIvoire dun

    dispensaire, tandis quauGhana, elle fi-

    nanceraunprojeturgentdapprovision-

    nement en eau potable.

    Il sagit l de percer les couches ro-

    cheuses, dinstaller des pompes eau et

    de construire des puits afin de pouvoir

    utiliser les nappes souterraines, situes

    parfois trs en profondeur.

    Le projet est port par la population

    decette rgion rurale: ce sontdes locaux

    qui effectueront les travaux ncessaires

    et des habitants du village spcialement

    forms qui seront chargs de lentretien

    des puits.

    Lamlioration desmthodes de pro-

    duction joueaussi un rle central dans le

    programme Utz Certified. Grce la

    prime, il est en effet possible de mettre

    en place des formations cibles pour les

    petits paysans.Ces dernires sont axes

    sur lutilisationoptimaledes engrais, sur

    lentretien des plants de cacao et sur le

    ramassagedescabosses.Cet enseigne-

    ment a dj permis daccrotre consid-

    rablement les rendements, assure Ni-

    cole Moret. Il sagit donc l dune vri-

    table promotion de lautonomie.

    Texte:MichaelWest

    Photos: Luc Gnago,DR

    Les graines ou

    fves de cacao

    sont contenues

    dans les

    cabosses.

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    CHF 0.

    Les producteurs de cacao, de caf, de th

    ayant reu le label Utz Certified respectent des

    critres cologiques et sociaux dfinis. Par

    exemple, le travail des enfants est strictement

    interdit. Utz Certified attache une grande

    importance la formation des agriculteurs,

    lamlioration desmthodes de production

    et laccroissement des rendements. Les

    acheteurs dematires premires certifies

    versent une prime annuelle aux paysans afin

    de financer, entre autres, la formation de ces

    derniers. Le montant de cette prime, qui est

    fonction du volume demarchandises, est

    ngoci entre les producteurs et les acheteurs.

    Le respect des rgles est contrl par des

    organes indpendants.

    Une partie de

    Gnration M symbolise lengagement

    de Migros en matire de dveloppe-

    ment durable. www.generation-m.ch

    Publicit

    Le label UtzCertified en bref

    Unprogramme

    transparent

    Les paysans

    ivoiriens ont vu

    leur production et

    leur revenu crotre

    avec Utz Certified.

    Daniele Giovannucci, expert agricole italien,

    dirige le Committee on Sustainability Assessment

    (COSA). Ce rseau international rassemble des

    chercheurs qui, dans le cadre dune vaste tude,

    se sont intresss linfluence des labels de

    durabilit sur la vie des paysans dans les pays

    en dveloppement.

    Daniele Giovannucci, lun des labels pris en

    compte dans ltude du COSA sest-il distingu

    par son efficacit?

    Nous navons pas souhait comparer les labels

    entre eux, car les programmes de durabilit se

    concentrent sur des aspects du dveloppement

    totalement diffrents, ce qui rend une valuation

    globale trs difficile. Nous avons donc analys

    sparment limpact de chaque certification en

    confrontant les rsultats dun groupe de paysans

    participant un programme donn avec ceux

    dun groupe de contrle non certifi.

    En quoi une certification peut-elle aider

    les exploitants sur le plan conomique?

    Demanire gnrale, on observe que les

    agriculteurs participant un programme

    sont plus efficaces et obtiennent demeilleurs

    rendements. Dans la plupart des cas, ils se

    montrent galement plus optimistes et ont

    une vision plus positive de leur situation.

    Que pensez-vous du label Utz Certified?

    Il contribue indniablement, avec dautres,

    amliorer la vie des paysans. La transparence

    qui le caractrise est absolument remarquable:

    les responsables de cette certification cultivent

    un esprit dhonntet et encouragent

    lvaluation de leurs rsultats.

    Daniele Givannucci

    a pass les

    diffrents labels

    durables au crible.

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  • Quand lautomne

    donne le blues

    Trouble affectif saisonnier, la dprime automnale toucherait

    chaque anne une frange sensible de la population. Rien de grave,

    mais une pathologie que lon peut nanmoins prvenir.

    Quels sont les symptmeshabituelsdublues

    automnal?

    Cesont lesmmesquepourunedpres-

    sion traditionnelle: baisseouaugmenta-

    tion de lapptit, troubles du sommeil,

    hypersomnie ou insomnie, variation du

    poids et de lhumeur. Et surtout, ides

    noires, dmotivation, ralentissement,

    manquedenvie etdepeps sont lesprin-

    cipales caractristiques dune dprime

    saisonnire.

    Ce phnomne touche-t-il autant les

    hommes que les femmes?

    Le tauxdeprvalencede ladpressionen

    Suisse est de 20%pour les femmes et de

    10%pour les hommes.Les femmes sont

    doncdeux foisplus sujettes ladprime,

    sansdoutepourdes raisonshormonales.

    Et en cas de blues, comment le traiter?

    Moinsgrave toutefoisquunedpression

    endogne, la dprime saisonnire se

    traite rarement avec des antidpres-

    seurs.Maison recommandepar exemple

    aux personnes de sexposer le plus pos-

    sible la lumire du jour.Ou de faire des

    sances de photothrapie, efficace dans

    50%descas.Eneffet,cestbien le chan-

    gement de luminosit qui a un effet sur

    La dpression saisonnire touche avant tout le

    Q

    uand lesnuits sallongentetque les

    arbres sont frapps de calvitie, le

    moral des uns dgringolerait aussi

    vite quune feuille dautomne. Coup de

    fatigue, tristesse inexplique et grigno-

    tages intempestifs, autant de symp-

    tmesqui accompagnent le syndromede

    dprime saisonnire.

    Le ciel au-dessus de nos ttes aurait

    donc une influence sur nos humeurs.

    Mytheou ralit?Cestune ralit,pas

    lombre dun doute! Une tude vient de

    montrer le lien entre le soleil et la typo-

    logie des gens, leur joie de vivre, ob-

    serve Patrick Lemoine, psychiatre fran-

    ais, spcialiste de la dpression.

    En fait, cewinter blues concerne sur-

    tout les femmes, puisque 50% dentre

    elles sont victimes du syndrome de sai-

    sonnalit, avec sentiment de baisse de

    crativit et envie de sucreries. Si 12%

    des femmes consultent, seules 5% sont

    touches par une vraie dpression sai-

    sonnire, avec arrt de travail.

    Un phnomne qui sexplique donc

    par lesvariationsde la lumire.Ladimi-

    Lamditationestunantidote ladprime

    nution de celle-ci, au passage lheure

    dhiver, entranerait une baisse de pro-

    duction demlatonine et de srotonine,

    unneurotransmetteurducerveau impli-

    qu dans la rgulation des humeurs,

    stress,anxit et autre troubledpressif.

    Mais pourquoi les femmes se-

    raient-elles plus sensibles que les

    hommes? Patrick Lemoine avance une

    explication: A lpoque de Cro-Ma-

    gnon, tandis que monsieur tait actif et

    chassait toute lanne, madame restait,

    ds lautomne, dans labri soccuper

    des enfants. Somnolence et stockage de

    nourriture sont donc des adaptations

    climatiquesde la femmeenzone temp-

    re. Une stratgie qui a fonctionn

    jusquen 1960, o la division des tches

    a t remise en question. Et qui marche

    moins aujourdhui, puisque la femme

    doit rester dynamique en tout temps.

    Mais rien de grave. Puisque cette

    pertednergiedisparat grce la lumi-

    nothrapie, dans 80% des cas, et au

    printemps, tous les coups!

    Texte: Patricia Brambilla

    Yves-Alexandre

    Thalmann,

    psychologue.

    PHoto:GettyImages

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  • out les femmes.

    le moral. Ainsi mener des activits de

    plein air aide booster la mlatonine,

    qui est en lien direct avec la srotonine

    crbrale, soit lhormone du bien-tre.

    Quellesautresastucespermettentdeprve-

    nir la dprime saisonnire?

    Monter en altitude et chapper au

    brouillard aussi souvent que possible et

    faire des activits physiques sont bn-

    fiques contre les symptmes dpressifs

    et lhumeur en berne. Sans doute, les

    aliments riches en vitamines, oligol-

    ments et omga-3 sont favoriser. De

    mme, lamditation est un antidote la

    dprime saisonnire.Parcequecet outil

    permet de prendre de la distance avec le

    contenu mental: la pense, aussi nga-

    tive soit-elle, nest quune pense.Ain-

    si, la mditation permet de court-cir-

    cuiter le mental, qui alimente le mca-

    nisme dpressif.Mais il faut sentraner

    pourparvenir casser lesboucles rumi-

    natoires. Franois de Sales, ecclsias-

    tique savoyard, prconisait trente mi-

    nutes par jour, mais vingt minutes sont

    dj un bon dbut. Et puis, forme lgre

    de dpression, le blues automnal sva-

    nouit gnralement avec le printemps,

    quand la lumire augmente nouveau.

    saisonnire

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    Etes-voussujetaublues

    de lautomne?

    Rsultat du sondage en

    ligne du 3 au 6 novembre. Le

    sondage reste ouvert dans

    larticle en ligne. Vous

    pouvez encore donner votre

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  • Les travailleurs

    de lombre

    EnSuisse, une personne

    sur cinq travaille la nuit,

    rgulirement ou de

    manire temporaire.

    Rencontre avec

    quelques-uns de ces

    actifs nocturnes

    qui assument leur

    choix. Pour le plus

    grand bien de tous.

    Texte: Laurent Nicolet

    Photos: Christophe Chammartin

    Japprcie de travailler

    dans le calme

    Le nom de la chienne doit rester confidentiel,

    tout autant que celui de sa matresse, mais

    ils sont connus de la rdaction. Cest une

    berger belge de 7 ans qui accompagne dans

    ses rondes nocturnes cette agente Securitas

    Genve.

    Ce que la jeune femme apprcie surtout,

    cest le calme: Quand on part en patrouille,

    il ny a pas de circulation. En journe, cest

    une autre histoire.

    Son travail consiste surtout effectuer

    des rondes dans des btiments industriels,

    vrifier quil ny a pas de dpart de feu,

    de fuite deau, dhuile ou autre. Ou, en

    surveillance extrieure, reprer des traces

    deffraction, vrifier les issues. Le rle

    du chien sera de dtecter une prsence

    ventuelle: Il faut savoir lire son chien, sil

    commence avoir les oreilles tendues dans

    une direction, on ira voir ce qui se passe.

    Lautre utilit de lanimal sera la lgitime

    dfense.

    Quand elle a fini son travail, lagente ne va

    pas dormir tout de suite, elle prfre

    se rserver une tranche continue de sommeil

    laprs-midi avant de prendre son travail.

    Un sommeil quelle a plutt facile: Quand

    je dors, rien ne peut me rveiller. Pour la

    chienne aussi, vivre la nuit nest pas vident:

    Il faut que je la mette au calme la journe,

    dans le noir. Souvent, elle dort avec moi...

    La pnalisation sociale des horaires de

    nuit, elle la ressent surtout quand elle doit

    travailler le week-end et quil faut refuser

    des invitations. Elle apprcie cependant la

    solitude absolue dune telle activit, cest

    la garantie de ne pas tomber sur un collgue

    avec qui on ne sentend pas!

    Un duo efficace

    et attentif au

    moindre dtail

    au service

    de la scurit

    en toute discrtion.

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    SOCIT

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    DOSSIER

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  • Plus de libert

    et de temps avec

    les enfants

    Gare de Lausanne-Triage, 19 h 50. Dans sa

    locomotive,Alain Oberson attend le feu

    vert. Destination Dniken, prs dOlten.

    Le retour est prvu pour 3 h 59. Un horaire

    habituel pour ce mcanicien CFF qui a

    volontairement choisi de ne travailler que

    pour la division Cargo, assurant le transport

    des marchandises travers la Suisse: Je

    voulais des horaires dcals pour avoir plus

    de libert la journe et passer plus

    de temps avec mes deux enfants.

    Premire tape: le centre de tri postal

    de Daillens, o les wagons de la Poste

    attendent dtre convoys jusquau centre

    de Hrkingen. Entre les deux, une traverse

    sans arrt des villes dYverdon, Neuchtel,

    Bienne, et Soleure.

    Sur lordinateur de bord, la vitesse

    respecter change constamment: A cause

    des croisements ou de travaux sur la voie.

    Des vitesses que le mcanicien devra

    grer avec une certaine souplesse: Sil

    faut rouler 50 sur quelques kilomtres

    avant de pouvoir regrimper 105, et que

    juste aprs, il faudra redescendre 80, je

    ne remonterai pas 105. Les acclrations

    brusques engendrent de grosses dpenses

    de courant. Le mcanicien doit aussi tenir

    compte de la longueur du train, de son

    poids, de la dclivit du parcours... Notre

    mtier est surtout danticiper au maximum

    pour faire les bonnes manipulations aux

    bons endroits.

    Voici dj Hrkingen. La locomotive

    poursuit seule sa route, traverse la gare

    dOlten et sarrte Dniken. Cest lheure

    de la pause dans un local du personnel

    peu prs dsert. Il nest pas loin de minuit:

    Le travail de nuit, jadore, explique Alain

    Oberson enmangeant une pomme,mais il

    y a plein de piges, comme la malbouffe ou

    la tentation de la double journe.

    Cest quandmme trs solitaire, comme

    boulot, confie encore le mcanicien. Lui, la

    solitude, il la met du ct des avantages,

    ntant pas un accro de la foule. En

    cas de panne on se retrouve encore plus

    seul, mais, avec les trains marchandises, il

    ny a pas 800 personnes derrire pour se

    plaindre du retard engendr, au moins.

    3 h 59, le convoi approche de la gare de

    Lausanne-Triage, qui bruisse dune certaine

    animation: Dans un endroit de ce genre,

    il y a plus demonde 3 h dumatin qu

    3 h de laprs-midi, a correspond une

    demande, cest notre socit qui veut a.

    Grce au train de vie

    particulier dAlain

    Oberson et ses

    collgues, les

    marchandises

    sont livres sans

    tarder dans le pays.

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  • Sans hygine de vie,

    a part en sucette

    La boulangerie, cest un domaine qui

    permet un contact direct avec le produit,

    une matire vivante derrire laquelle

    on sent le savoir-faire humain. Ce qui

    serait moins le cas avec les boissons

    ou le caf. Eh non,Matthieu Bugnon

    nest pas boulanger, mais technologue

    en denres alimentaires. Jai appris ici le

    fonctionnement des diffrentes lignes de

    production, de la fabrication de la pte

    jusquau conditionnement, la connaissance

    des machines, etc. Ici? A Ecublens, chez

    Jowa, la boulangerie de Migros, o il a fait

    son apprentissage.

    Les horaires de nuit, il savait quil faudrait

    passer par l, et a ne la pas dcourag.

    Il y voit mme aujourdhui un avantage:

    Quand je travaille de nuit, si je sors

    ensuite le samedi soir, je suis toujours

    dans le bon rythme. Cette semaine,

    Matthieu travaille de 22 h 6 h dumatin.

    Il apprcie la latitude que lui offre cette

    situation pour lorganisation de sa vie

    prive: Quand jai envie de dormir, je dors,

    si jai envie davoir un rendez-vous le matin

    ou laprs-midi, cest moi qui choisis.

    Le caractre industriel de lactivit fait que

    le travail reste le mme de jour comme de

    nuit, la seule diffrence cest quon ne voit

    pas le soleil se coucher. Mieux encore: le

    sentiment de solitude nexiste pas, ici. En

    boulangerie, forcment, la nuit cest plus

    anim que le jour. Enfin, le travail exig

    reste dans lordre du ralisable: on ne finit

    pas tous les matins sur les genoux.

    Matthieu ne se sent pas coup du reste de

    la socit. Je le craignais un peu au dbut,

    mais jai remarqu quil y a un nombre

    incroyable de personnes qui ne travaillent

    pas selon des heures rgulires, on le voit

    quand on se balade en ville laprs-midi. Il y

    a toujours normment demonde.

    Exprience faite, Matthieu en est arriv

    la conclusion que pour travailler la nuit, il

    fallait quandmme avoir une certaine

    hygine de vie, sinon a peut partir en

    sucette. A une priode, je ntais pas

    bien, jai pris du poids, je mangeais mal,

    je ne faisais pas dexercice, je passais

    trop de temps sur internet, les jeux vido.

    Le travail de nuit ntait pas la cause de

    tout, explique-t-il, mais a na pas aid.

    Puis le jeune homme sest repris en main.

    Six heures dumatin. Matthieu Bugnon

    quitte la Jowa. Il ne rentrera pas chez lui.

    Direction: un fitness lausannois qui ouvre

    prcisment cette heure indue l.

    Pendant que

    dautres font

    de doux rves,

    Matthieu

    Bugnon

    met lamain

    la pte.

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  • Si javais le choix, je ne bosserais que la nuit

    Moi, je suis un oiseau de nuit. Cest lhoraire

    que je prfre. Il est 22 heures, Jacky

    Vonlanthen prend son service au centre

    de conduite du Groupe E Fribourg,

    en compagnie de son collgue Francis

    Schaller. Leur tche? Piloter distance les

    installations de production y compris les

    vannes des barrages ainsi que les lignes de

    distribution des rseaux haute et moyenne

    tension. Au rythme denttants carillons qui

    signalent, sur les grands crans muraux, la

    ncessit dune intervention ici ou l.

    Le plus difficile, cest de dcaler son horloge

    biologique quand on passe du service de nuit

    au service de jour, explique Francis Schaller.

    Le service de nuit en effet nintervient

    quune fois toutes les six semaines. Une

    situation qui dsolerait presque Jacky:

    Quand je rentre la maison 6 h 30, je

    dors sans problme jusqu 14 h. Pour le

    service dumatin, je dois me lever 4 h,mais

    jai beaume coucher 23 h, je narrive pas

    mendormir. Il pense aussi que le travail

    de nuit, il faut tre taill pour: Impossible

    de faire ce job si on narrive pas rcuprer

    pendant la journe. Et la pnalisation de la

    vie sociale? Selon Jacky, vous ne pourrez

    peut-tre pas participer des assembles,

    mais vous pourrez tranquillement skier les

    aprs-midi en semaine sans faire la queue le

    week-end. Francis nuance: Plus jeune je

    naurais pas fait ce travail. Mais aujourdhui

    ma femme trouve quelle me voit davantage

    et moi jai plus de temps pourmoi. Je me lve

    13 h et jai toute laprs-midi de libre.

    La nuit est plutt calme. Ce nest pas

    toujours le cas. Jacky voque les intempries

    des jours passs, qui ont fait tomber des

    lignes: Mme si une panne survient

    3 h dumatin, 3 h 01, il y a dj un appel

    pour demander quand a repart. Vous

    seriez tonn de tout ce qui vit la nuit: les

    industries, les hpitaux, les boulangeries...

    Philosophe, Francis conclut: Les gens

    naiment pas les coupures, nous non plus.

    Llectricit cest un service, mais il ne faut

    pas oublier que a peut tomber en panne.

    Un loir peut se glisser dans une armoire de

    commande, finir par bloquer le systme et

    empcher toute commande distance...

    Pleins dnergie,

    JackyVonlanthen

    et Francis Schaller

    veillent ce que

    les autres puissent

    en tre fournis

    sans faille...

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    Longueur de la coupelle

    fromage: environ 18 cm

    Nom/Prnom

    Rue

    NPA/Lieu

  • Dans lofficine

    dumdicament

    surmesure

    Il ny a quune petite poigne de labos rattachs une

    pharmacie certifis Swissmedic en Suisse. Lun deux se

    trouve Peseux (NE). Visite de cet espace high-tech do

    sortent quelque 800 prparations chaquemois.

    P

    our entrer dans le laboratoire de la

    pharmacie de la Grand-Rue Pe-

    seux, il faut sonner et montrer

    patte plus que blanche Le visiteur est

    pri de retirer ses souliers, puis invit

    enfiler une combinaison et des sabots.

    Ainsi fagot, il ne peut aller que du ves-

    tiaire au hall dentre. Sil souhaite ac-

    cder laire de production galnique,

    soit la partie la moins aseptise de ces

    locauxhigh-tech, il aura ensus troquer

    ses mules jaunes contre une paire du

    mme acabit,mais de couleur ivoire.

    Les dix employs ont, eux, lobliga-

    tion de se plier un crmonial encore

    plus strict. Ils se changent entirement

    (chaussettes comprises), se lavent et se

    dsinfectent lesmains et les avant-bras,

    renoncent toute coquetterie (pasdebi-

    joux ni de maquillage ni de vernis

    ongles) et squipent dune blouse, de

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  • gants, dune charlotte et dun masque

    pour travailler.

    Et cest pire encore lorsquil sagit de

    pntrer en zone strile. L, les per-

    sonnes certifies, et uniquement elles

    (nentre pas qui veut dans le Saint des

    Saints!), doivent traverser jusqu trois

    sasdiffrents et se soumettre autantde

    sancesdhabillage.anousprenden-

    viron une demi-heure, dsinfection du

    matriel comprise,prcise une opra-

    trice. Ici,onnebadinepasavec les rgles

    dhygine! On passe un audit tous les

    six mois pour sassurer que le protocole

    est correctement suivi.

    Ils ne sont que quelques-uns

    en Suisse

    En Suisse, seule une petite poigne de

    laboratoires comme lentre est aubn-

    ficeduneautorisation fdralede fabri-

    cation, dimportation et dexportation,

    relve JeanAltwegg, lepatronde laphar-

    maciede laGrand-Rue.Cestunegaran-

    tie de qualit pour nos clients, la preuve

    quenous travaillonsdemanire sre, ir-

    rprochable et selon les normes offi-

    cielles en vigueur.

    Notre interlocuteur pointe lindex en

    direction dune aligne sans fin de clas-

    seurs bleus. Voil ce que cela repr-

    sente en termes de paperasserie, cest

    vraiment le fruit dun longprocessusqui

    auradurplusduneanne.Tatillonne,

    lautorit sanitaire procde encore des

    inspections tous lesdeuxans,histoirede

    contrler que ses consignes sont tou-

    jours respectes au pied de la lettre.

    Tout a pour pouvoir composer des

    formulesmagistrales,officinalesetmai-

    son, striles ou non. Lindustrie phar-

    maceutique faitduprt--porteretnous

    du sur-mesure, image Jean Altwegg.

    Nous nous situons entre le petit labo et

    la grandepharma.Huit centsprpara-

    tions en moyenne sortent de cette offi-

    cine chaque mois. On

    espre arriver mille dici

    la fin de lanne!

    A Peseux, on ne fa-

    brique que des remdes

    cibls, composs partir

    de substances connues et

    identifies. Quelques

    mdicaments propres,

    mais surtoutdes formules

    existantes que lon adapte

    pourdespatientsparticu-

    liers. Par exemple, pour des malades

    qui ne peuvent pas les prendre par voie

    orale (transformation en liquide bu-

    vable), pour des enfants (modification

    dudosage)ouencorepourdespersonnes

    Des remdes

    lapelle

    Plus de 3000 formules

    diffrentes ont dj t

    labores dans le secret

    du laboratoire de Peseux.

    Et chaque jour, les

    pharmaciens et opra-

    teurs de cette officine en

    dveloppent de nouvelles.

    Voici un chantillon de leur

    production:

    collyres autologues

    (imitant les larmes

    naturelles)

    collyres dantibiotique

    cassettes dantibiotique

    ou analgsique

    seringues IM/IV/SC

    ou intravitrennes

    crmes/pommades/gels

    (par ex., Nifdipine)

    capsules de

    Mlatonine/DHEA

    mulsions laxatives

    de PED

    solutions laxatives

    de ED

    crme hydrophile

    gel ultrasonique

    spray nasal vitamine B12

    Lamajorit de

    mes confrres

    ont renonc

    laborerdes

    prparations

    eux-mmes

    Dans les locaux high-tech du laboratoire dirig par JeanAltwegg,

    des formules demdicaments existantes sont adaptes aux

    besoins particuliers de patients.

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    !

    *

    allergiques (changementdexcipients).

    Il arrive aussi que londoivepallierun

    manque de mdicaments lors dune

    rupture de stock passagre.

    Du sur-mesure au prix

    du prt--porter

    Les clients: une demi-douzaine dh-

    pitaux et de cliniques, des mdecins,

    quelques vtrinaires et 350 phar-

    macies.Lamajorit demes confrres

    ont renonc laborer des prpara-

    tions eux-mmes.Parceque la loi sest

    durcie et que ce nest plus assez ren-

    table. Termine lpoque o lapo-

    thicaire pouvait concocter ses solu-

    tions sur un coin du comptoir! Au-

    jourdhui, il doit disposer dun local

    spar destin cet usage, appliquer

    des principes dhygine lmentaire

    (port dumasque et des gants) et nuser

    que de principes actifs dment rper-

    toris et analyss. Les prix, eux, nont

    paspour autant pris lascenseur,mme

    pour du sur-mesure! Les tarifs sont

    rglements pour tous les mdica-

    ments qui sont rembourss par la

    caissemaladie et ils nont pas tmo-

    difis depuis 2005. Du coup, ils ne

    tiennent pas compte des nouvelles

    exigences de production et du surcot

    que celles-ci entranent ncessaire-

    ment.

    JeanAltweggmisedonc sur la quan-

    tit sans ngliger la qualit bien sr

    pourpouvoir tirer lesmarronsde son

    investissement (environdeuxmillions

    de francs rien que pour le laboratoire)

    et viter ainsi sonbanquier de se faire

    des cheveux blancs. Cet entrepreneur

    est dailleurs convaincuque lavenir lui

    donnera raison:Onvadeplus enplus

    aller vers unemdecine la carte, avec

    une prise en charge et unemdication

    des patients davantage personnali-

    ses.

    Texte: Alain Portner

    Photos:Matthieu Spohn

    Publicit

    Alimentation artificielle

    Jean Altwegg gre, outre sa

    pharmacie et son laboratoire,

    deux des huit home care de

    nutrition clinique reconnus en

    Suisse. Autrement dit, il assure

    le suivi domicile, et parfois

    aussi en EMS et en institution,

    de patients qui ont besoin

    dtre nourris artificiellement

    parce quils ne peuvent plus

    salimenter normalement par

    la voie orale.

    Pour cela, cet expert en ali-

    mentation artificielle a mis sur

    pied un rseau romand (NE,

    FR, VD, GE et peut-tre bientt

    VS) compos dassistantes en

    pharmacie, dinfirmires sp-

    cialises et de ditticiennes

    diplmes, soit une vingtaine

    de personnes en tout prtes

    intervenir mme dans

    lurgence.

    Lalimentation artificielle sert

    apporter, au moyen de sondes

    ou de perfusions intravei-

    neuse, les nutriments nces-

    saires la couverture des be-

    soins journaliers de lorga-

    nisme. Le recours cette tech-

    nique est assez frquent. Dans

    notre pays, par exemple, envi-

    ron 5500 hommes et femmes

    reoivent de tels soins domi-

    cile et en institution. Un chiffre

    qui ne comprend donc pas les

    patients hospitaliss, alors

    que la dnutrition concerne,

    selon un article paru dans la

    Revue mdicale suisse,

    jusqu 40% des malades qui

    entrent lhpital

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    Comme

    unpoisson

    dans leau

    Recordman dumonde dapne,WilliamWinram

    met ses capacits demammifre (presque)marin

    au service des requins et de ceux qui les tudient.

    Rencontre la piscine duGrand-Lancy (GE).

    W

    illiamWinramrevient tout juste

    duMozambiqueavantderepar-

    tir bientt pour le Mexique.

    Entre ces deux expditions scientifiques

    (il participe activement des tudes sur

    les requins,maisnousenreparlerons),ce

    natifdeVancouver faitunecourtehalte

    Genve, sa ville dadoption.

    Nous retrouvons donc ce champion

    dapne la piscine du Grand-Lancy, l

    o il vient sentraner lorsquilnestpas

    ltranger.Lematinavant louvertureet

    jamais seul, insiste-t-il. Cet homme-

    poisson craindrait-il de se noyer dans

    cette gouille!!? Tu risques toujours de

    faire une syncope. Et sil ny a personne

    pour taider ce moment-l, tu es

    mort!

    CeCanadiennebadinepas avec la s-

    curit. Il a t bonne cole: son pre

    tait plongeur volontaire dans une es-

    couadedepremiers secours,et cest avec

    lui quil a fait son baptme en piscine.

    Javais 3 ans, je maccrochais son cou

    et il nageait sous leau. Quand je nen

    pouvaisplus, je le lchais, je remontaiset

    mamreme cueillait la surface.

    Il se lance tardivement

    dans la comptition

    Sil a t un apniste prcoce, il ne sest

    en revanche frott la comptition que

    tardivement. Javais pass le cap des

    40ans.Trsvite, il truste lespodiums,

    alors que ses concurrents sont deux fois

    moins gs que lui. Son secret? Jai

    grandi dans leau, se marre-t-il. Et il

    pratique depuis des dcennies divers

    arts martiaux (ta-chi, qi gong) ainsi

    que le yoga.

    N sous une bonne toile de mer, ce

    stakhanoviste multiplie les exploits.

    Pour nen citer que deux: la traverse en

    apne et sans palmes de larche du Blue

    Hole en mer Rouge (ce corridor long de

    30mse situe 58mdeprofondeur), et le

    recorddumonde145m!enpoidsva-

    riable (descente laide dune gueuse

    comme dans Le Grand Bleu et remonte

    enmonopalme).

    A chaque fois, ce mammifre

    (presque) marin se glisse dans londe et

    se laisse tomber. Je ne ressens pas de

    transedanscesmoments-l. Je suis sim-

    plement relax, en tat de conscience,

    comme lorsque jemdite.Pasdivresse

    des profondeurs? Si parfois, mais je

    gre. Pas de transe? On va au fond,

    mais pas pour y rester, prcise Mi-

    chle, sa complice et compagne.

    Jamais bout de souffle, William

    Winram ne se contente pas de buller au

    milieu des flots. Il aime aussi foltrer

    avec les squales.Tout petit, cet animal

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    LesDents

    de lamer

    Lauteur du livre,

    Peter Benchley, a re-

    grett davoir crit

    Les Dents de la mer.

    Quant au film de

    Steven Spielberg, il est

    excellent, mais il donne

    malheureusement une

    trs mauvaise image

    du grand requin blanc.

    Si cet animal se

    comportait comme au

    cinma, je ne serais

    pas l en train de vous

    parler Les requins

    sont de vrais prda-

    teurs, mais pas des

    psychopathes!

    LeGrand

    Bleu

    Quand on voque ce

    long mtrage de Luc

    Besson avecWilliam

    Winram, ce dernier

    pense tout de suite

    la rplique culte de

    Jean Reno, alias Enzo

    Molinari: Roberto,

    mio palmo! Jadore

    ce film! Je lai regard

    plusieurs fois! Mme

    sil ne reflte pas la

    ralit, Le Grand

    Bleu parvient trans-

    mettre aux specta-

    teurs la passion de la

    mer, et cest cela qui

    est essentiel!

    Onne

    peut vraiment

    ctoyer

    les requins

    quen apne

    me fascinait dj. Une rencontre ino-

    pine avec un spcimen de 4 mtres

    Sans doute le seul requin tigre vgta-

    rien au monde. Ahahah! attisera

    cette passion, toujours dvorante au-

    jourdhui.

    Depuis, il multiplie les rendez-vous

    avec ces poissons la mauvaise rputa-

    tion. En plonge libre,

    sans cage ni quipement

    de protection. On ne

    peutvraiment les ctoyer

    quen apne parce quon

    est alorsdesmammifres

    etnondesaliens avecdes

    bouteilles qui font du

    bruit et des bulles.A ce

    jour, il a nag en compa-

    gnie dune vingtaine

    despces diffrentes.

    A quelques nuances

    prs, tous ont un com-

    portement similaire. Ils

    sont sensibles et intelligents, il peuvent

    tre doux et paisibles, mais a reste des

    prdateurs.

    Quil sagit dapprocher aveccircons-

    pection: onnedansepasavecdesgrands

    requins blancs en leur crasant les aile-

    rons!Commedansunbaldedbutantes,

    il faut viter toute brusquerie, trouver la

    bonne distance.

    Toutunartquecequinquaauxyeux for-

    cmentbleusmatrise merveille etmet

    au service des squales et de ceux qui les

    tudient. Avec Michle, il a mme cr

    en2011TheWatermenProject,une fon-

    dation but non lucratif enregistre

    Lancy, dont la mission est la conserva-

    tion de lcosystme marin, plus parti-

    culirement la prserva-

    tion des requins.

    Cette anne, avec les

    fonds rcolts, William

    Winram participe des

    expditions scientifiques

    aux Bahamas, au Mo-

    zambique et auMexique.

    Son rle?Marquer ses

    protgs laide de ba-

    lises afin den apprendre

    davantage sur lesmurs

    deces aussi efficacesque

    discrets prdateurs.

    Quand on sest spar, il

    sapprtait dailleurs repartir, quitter

    le Lman pour retrouver locan...

    Texte: Alain Portner

    Photos: Anna Pizzolante / Rezo

    Sites internet:

    www.williamwinram.com

    www.thewatermen.org (en anglais).

    WilliamWinram: Aquelques nuances prs, tous les requins ont un comportement similaire. Ils sont sensibles et intelligents, ils peuvent tre doux et

    paisibles,mais a reste des prdateurs.

    Keystone

  • Bio

    express

    N en 1955 Genve.

    Aprs un doctorat en

    mdecine en 1981,

    tudie la thologie

    Fribourg et Rome.

    Devient rdacteur en

    chef de lhebdoma-

    daire mdical scienti-

    fique Mdecine et

    Hygine en 1993.

    Ds 2000, il prend la

    direction de la coo-

    prative ddition du

    mme nom puis, en

    2005 lance la Revue

    mdicale suisse,

    fruit de la fusion de la

    Revuemdicale de

    la Suisse romande

    et de Mdecine et

    Hygine. Il est

    membre de la Com-

    mission nationale

    dthique dans le do-

    maine humain depuis

    2003. Avec Michael

    Balavoine, il cre le

    site de sant grand

    public planetesante.

    ch en 2012.

    En collaboration avec

    plus de cinquante or-

    ganisations romandes

    de sant publique, il

    organise mi-novem-

    bre le premier salon

    suisse de la sant:

    Plante Sant live.

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    MIGROSMAGAZINE

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  • Linformation

    est entre au cur

    de lamdecine

    A la veille du premier grand rendez-vous romand et interactif

    entre la sant et le public quil organise, Bertrand Kiefer

    interroge lvolution de ce lien.

    Quel est le but de ce premier grand salon

    suisse de la sant?

    Dorganiserunvnement tournvers la

    sant publique. Il ne sagit pas de rali-

    ser une manifestation o lon vend des

    surfaces aux pharmaciens ou aux cli-

    niques. Le but est dapporter quelque

    chose au patient que nous sommes tous

    en puissance, que chaque visiteur ap-

    prenne, dcouvre, dialogue autour de

    tout ce qui constitue sa sant.

    Lexact contre-pied dinternet, en fait?

    Mais oui. Aujourdhui, en cas de pro-

    blme, le gens cherchent des rponses

    sur le web. Cest une bascule massive,

    mais aussi assez rcente dans lhistoire

    de lamdecine.Leur savoir en sant de-

    vient la fois trs thorique et trs vir-

    tuel. Do la volont dun salon orient

    sur la rencontre et lexprience.

    Il existe aussi beaucoupde sites et autres fo-

    rumsdepatientsatteintsde telleou tellema-

    ladie. Cest plutt bien, non?

    a me parat en effet un aspect plutt

    positif. Pour la personne atteinte dune

    maladie chronique, par exemple, rece-

    voirdes astucespour soulager ladouleur

    ou vivre au quotidien aide se sentir

    moins seul et dmuni.

    La mdecine moderne na-t-elle pas un peu

    rat ce virage de la communication?

    Jai envie de rpondre: sans doute,

    comme beaucoup dautres professions.

    Nous avons compltement dpass les

    annes 1980 o rgnait encore un cer-

    tain paternalisme mdical. On a com-

    menc parler de lautonomie du pa-

    tient,puisdesoutils donnant auxgens la

    capacit defaire faceunemdecine

    de plus en plus puissante. Maintenant,

    on voque la littratie en sant.

    Cest--dire?

    Donner une vritable culture la per-

    sonne, qui va bien au-del de la simple

    information, afin quelle puisse tre

    co-responsabledesontraitementoudes

    choix quelle doit faire. Les traitements

    sont de plus en plus complexes. On ne

    peutpas sepasserde laparticipationdes

    patients. Ils doivent avoir compris cequi

    sepasse,sansquoi il nestpaspossiblede

    les soigner. Et puis, plus personne nest

    en bonne sant dsormais. Chez tout le

    monde, la mdecine dcouvre des pr-

    dispositions telle ou telle pathologie.

    Dire: Vous tes guri nest plus pos-

    sible. On peut gurir

    dune maladie parti-

    culire, mais pas des

    risquesetdesprdis-

    positions avec les-

    quels il faut ap-

    prendre vivre.

    Une perspective un peu

    anxiogne, non?

    Cest le corollaire

    dune mdecine de

    plus en plus pointue,

    deplus enplusprdictive.Tout lemonde

    se retrouve facedesperspectives long

    terme, alors quavant on vivait jusqu

    larrive dun ppin quon assumait sur

    le moment. Cette volution complique

    aussi la tchedes soignants,parcequon

    nepeutpas toutprvoir etquil faut faire

    des choix. Mais lesquels? Selon quels

    critres? Personne na vritablement de

    rponse pour linstant.

    Mais dans le dialogue du mdecin avec son

    patient, lvolution na-t-elle pas pris beau-

    coup de temps?

    Cest vrai. On est parti de loin, dune

    poque o un chirurgien ne disait pas

    Les traitements

    sont deplus enplus

    complexes.Onne

    peut pas sepasser

    de la participation

    despatients

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    mdicale de plus en plus pointue. Va-

    t-onoprer avec un robot? En endosco-

    pie? Quels sont les avantages ou les in-

    convnients? Le chirurgien ne dcide

    plus seul. Linformation entre au cur

    de la mdecine. Il ne sagit plus dun

    -ct. Cest au centre. Il y a donc cette

    information donner aux gens,mais il y

    a aussi linformation lie aux patients,

    toutes lesdonnescumules sur chacun.

    Et puis, dsormais, la notion derreur mdi-

    cale nest plus taboue

    Un peu moins, en tout cas. La situation

    amricaine, o tout devient juridique et

    affaire de gros sous, avec des assurances

    qui cotent tellementcher auxmdecins

    quils doivent doubler leurs tarifs,

    constitue mes yeux un repoussoir. En

    revanche, les erreurs doivent pouvoir

    tre dites et prises au srieux. La pre-

    mirequestionest: y a-t-il vraiment er-

    reur? Si oui, il faut voir o elle se situe

    entre lerreur invitable et la fautegrave.

    La rponsenest pas facile.Pour couter

    les gens et essayer de les conseiller, un

    espace patients est disposition au

    CHUV,uncentredemdiationauxHUG.

    Ou encore, la FMH propose laide dun

    bureaudexpertises.Dans tous les cas,ce

    qui est fondamental, cest que le mde-

    cin parle avec le patient.Mme sil a fait

    une faute.Parcequavant tout, lepatient

    a besoin dune chose: la vrit.

    Le praticien prend alors un risque

    Oui, celui quune petite minorit aille

    plus loin, sur le plan juridique. Cest

    pour cela que je trouve que pour lins-

    tant, en Suisse, la puissance judiciaire

    face auxerreursdunmdecin restebien

    dose.

    Vous parlez de drive possible vers une mar-

    chandisation de la mdecine. Quest-ce que

    cela change dans le rapport aux patients?

    La mdecine a toujours reprsent un

    vaste march. Reste que, comme dans

    bien dautres domaines, lconomie

    Une figure

    Georges Canguilhem, un philo-

    sophe franais, qui a par

    exemple beaucoup influenc la

    pense deMichel Foucault. Il a

    notamment crit Le Normal et

    le pathologique, dans lequel il

    explique que la norme, cest

    dtre capable de faire face

    lenvironnement. Il y a donc tou-

    jours possibilit de retrouver une

    normalit,mme en tantmo-

    mentanmentmalade. Jaime

    beaucoup quil sagit au fond

    dune certaine forme de libert.

    Une figure

    Le vlo

    Je fais tout vlo.

    Cest le sport que je

    peux facilement faire

    en semaine. Je mach-

    terais dailleurs volon-

    tiers un engin haut de

    gamme,mais comme je

    le laisse frquemment

    la gare de Cornavin et

    que je men suis dj

    fait voler deux, je reste

    dans le moyen de

    gamme.

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    MIGROSMAGAZINE

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    46, 10 NOVEMBRE 2014

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    ENTRETIEN

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    BERTRAND KIEFER

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  • prend de plus en plus le dessus. On ne

    parle alors plus que de chiffres, de ma-

    trise des cots. Du ct des entreprises,

    des privs, on se bat pour vendre, pour

    avoir une part du gteau, pour faire

    consommer de la sant aux gens.

    Et de temps en temps, ce sont les mdecins

    eux-mmes qui rclament un peu plus

    dargent

    Il fautdireque lemdecin,surtout le g-

    nraliste,gagnemoinsque sesprdces-

    seurs. Cest lune des raisons qui ex-

    pliquent quil y en a demoins enmoins.

    Et de plus en plus de femmes parmi eux.

    Cequi nest pas unmal en soi,mais cest

    aussi le signedunepertede statut social

    du gnraliste.

    Parceque le spcialisteconserveunesortede

    pouvoir ex nihilo, alors que le gnraliste doit

    dvelopper un dialogue permanent?

    Cest cela qui est trange. Parce que lon

    entend tout le temps que la gestion de la

    complexitmdicale par le dialogue de-

    vientprimordiale aujourdhui.Alorsque

    cette tcheestmal reconnuepar la soci-

    t qui lui prfre le mystre de la haute

    technologie et a tendance idoltrer le

    grand chirurgien et son geste sacr. A

    mon sens, il est aussi difficile dtre un

    excellent gnraliste, cest un savoir-

    faire toutaussi importantetcomplexe.A

    quand un gnraliste suisse de lanne?

    Le fonctionnementdenotreassurancemala-

    die ne pousse-t-il pas sortir dumodle dun

    mdecin de famille

    connaissant par cur

    chacun de ses patients?

    Il y a l un grand dan-

    ger. Si lon observe les

    autres systmes de

    sant,ceuxqui offrent

    la meilleure qualit

    cotmesur sont ceux

    qui mettent la m-

    decine gnrale au

    centre. Il faut donc au

    contraire la renforcer,

    dautant que cest aussi elle qui tient le

    mieux compte par exemple des patients

    les plus vulnrables. Cette pnurie de

    gnralistes reflte une socit o la

    technologie est valorise. Les gens ont

    de plus en plus besoin de rapports hu-

    mains et de comprhension, mais en

    mme temps, cest la consommation de

    petits objetshigh-techqui est valorise.

    Et le succs desmdecines alternatives?

    Pourquoipas.Cequiest intressant,cest

    quecetypedethrapeutesproposentune

    pratique justement enrobe dun certain

    mystre qui existe moins pour la mde-

    cine gnrale qui est dans lapproche

    scientifiquement valide et le dialogue.

    Mais l aussi, le fonctionnement des

    pointsTarmedquiminutentchaqueprise

    en charge rend le maintien de la dimen-

    sion humaine plus compliqu.

    On comprend donc que la plupart des jeunes

    mdecins choisissent dautres voies

    Hlas, oui. Dautant

    quen dbut de car-

    rire, les gnralistes

    sont souvent obligs

    de faire des gardes,

    contrairement aux

    spcialistes. Le chi-

    rurgien orthopdiste

    install gagne trois

    fois ce que gagne le

    gnraliste, et en plus

    il a ses soires et ses

    week-ends pour lui.

    Onpeut admettrequecela fasse rflchir

    laube dembrasser telle ou telle

    carrire.

    Autre grand enjeu, votre sens, la scurit

    des patients

    Qui passe aussi par une meilleure in-

    formation. Exemple: si une personne

    connat les statistiques dun petit ser-

    vice dun petit hpital, peut-tre choi-

    sira-t-elle daller un peu plus loin dans

    un grand centre universitaire avec de

    meilleurs taux de russite.Mais l aussi

    existe le risque dj patent aux Etats-

    Unis, celui que certains tablissements

    ou praticiens refusent les cas difficiles

    pour soigner leurs statistiques.Unautre

    exempledundangereuxglissementvers

    la sant business.

    Et le risquedemdecinedeuxvitesses,nen

    sent-on pas les prmices en dcouvrant par

    exemple que 19% des Genevois renoncent

    certains types de soins faute demoyens?

    Il ne faut pas aller dans cette direction,

    et continuer exiger une mdecine of-

    frant tout lemondedes soins efficaces.

    Cest aussi unequestiondecohsion so-

    ciale, parce que lamdecine ne se limite

    pas une science ou unbusiness.Cest

    aussi une certaine vision de lhomme.

    Lun des derniers domaines o lon re-

    garde lhomme autrement que simple-

    ment conomiquement. Cest encore le

    cas en Suisse et le monde politique

    comme la profession et la socit tout

    entire doivent se mobiliser pour que

    cettevisionperdure.Legranddanger se-

    rait une industrialisation du systme de

    soins,avecdesnotionscomme leproduit

    patient ou le produit sant, plutt que

    des rseaux de sant intelligemment

    conuscentrs sur lespatients,avecune

    mdecine de premier recours forte.

    Entretien: Pierre Lderrey

    Photos: DR

    Plante Sant Live, organis par Plante Sant,

    du 13 au 16 novembre, Swisstech Convention

    Center de lEPFL. www.planetesante.ch/salon

    Lapnurie

    de gnralistes

    reflte une socit

    o la technologie

    est valorise

    La sant est

    lun des derniers

    domaines o lon

    regarde lhomme

    autrement que

    simplement co-

    nomiquement.

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    naux qui tudie depuis plusieurs annes

    le comportementqui consiste se foutre

    de lagueuledumondeaenfin trouv son

    unit de mesure: les prestations de La

    Poste suisse. Si vous habitez ailleurs

    quau rez-de-chausse,LaPostenevous

    apportera plus ni colis ni plis recom-

    mands.Vousnaurezqu aller les cher-

    cher vous-mme la poste, qui sera

    bientt une picerie, un kiosque ou un

    pressing. Ils sont trs forts, La Poste, ils

    nous font payer de plus en plus cher des

    prestations tout en les faisant effectuer

    par les autres!

    Quant au Groupe Mutuel, il affiche

    uneprogression exemplaire.En 1993, ils

    taient 190, aujourdhui ils sont 1900!

    En vingt ans: les collaborateurs ont t

    multiplis par 10. Exactement comme

    lesprimes!Cette anne,encoreune fois,

    plein de Suisses ont essay de changer

    dassurance-maladie. La lgende ra-

    contequeparmi lesmalades,mmeceux

    qui sont en fin de vie, mme ceux qui

    sont dj dans leur cercueil de-

    mandent changer de caisse!

    Pourquoi cette croissance insolente

    des assureurs? Parce quils ont appris

    faire la diffrence parfois mme le tri!

    entre les deux types dassurs. Celui

    qui est enparfaite sant: lebon risque; et

    celui qui est malade: le casse-couilles!

    Dans le systmede laLAMAL, il y adeux

    modes de remboursement:

    - le tiers payant, quand lassurance paie

    vos factures directement,

    - le tiers garant, quand cest vous qui

    payezetque lassurancevous rembourse

    plus tard. En Valais, il y a aussi le tiers

    perdant, qui est le FC Sion!

    Mais attention: si vous voulez tre

    rembours, il faut tre attentif auxmots

    que vous employez dans votre dclara-

    tion.Par exemple,si voustiez ivremort

    lors de laccident, dites jai pris une

    cuitemonumentaleet surtoutpasjai

    pris une caisse unique!

    Enfin, lUDC a une nouvelle mascotte:

    Willy, le bouvier bernois. Evidemment,

    la po