Phrase Modalisee Cours2014

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1. Phrase modalise. Notions fondamentales.

1.1. Phrase/ nonc.

Phrase: l'unit linguistique maximale (COMPTENCE).

Constitue de morphmes (lexicaux et grammaticaux), associs de manire incrmentielle les uns aux autres, selon des rgles de bonne formation syntaxique.

Niveaux danalyse pertinents: la syntaxe (rgles de formation de la phrase) et la smantique (contenu de la phrase).

Contenu de la phrase: la signification, produit de la signification des morphmes (lexicaux et grammaticaux) qui la composent (signification dite, de ce fait, compositionnelle).Enonc : l'unit pragmatique minimale (PERFORMANCE).

Constitu par une phrase (unit linguistique maximale) utilise dans un contexte prcis, dans une certaine situation dnonciation.

Niveau danalyse pertinent: la pragmatique.

Contenu de lnonc: le sens, obtenu sur la base de la signification de la phrase et des informations constituant son contexte.Noter que cette dcoupe , largement accepte en linguistique contemporaine, nallait pas de soi chez Saussure (dbut du XXme sicle), pour qui la phrase procdait, en tant que combinatoire libre de signes linguistiques, de la parole.

COMPTENCE/ PERFORMANCE (Noam Chomsky)LANGUE/ PAROLE (Ferdinand de Saussure)

Comptence: connaissance que le locuteur-auditeur (idal) a de sa langue (lexique, syntaxe, phonologie, smantique).

Phrase ( comptence

Performance: emploi effectif de la langue, par un sujet parlant donn, dans des situations concrtes.

Langue: ct social (conventionnel) du langage: trsor collectif.

Langue: entit abstraite(systme de potentialits: PURES VALEURS); code (= systme de signes : SIGNES & RELATIONS entre signes).

Langue:produit [de lusage collectif, des conventions] que lindividu enregistre passivement

Langue: dictionnaire

(relations associatives (in absentia: paradigmatiques) entre signes linguistiques

(combinatoire fige

Parole: ct individuel du langage.

Parole: entit concrte: utilisation individuelle (actualisation) du code de la langue, dans la communication.

Parole: acte individuel de volont et dintelligence

Parole:

relations combinatoires (in prsentia: syntagmatiques) entre signes linguistiques: combinatoire libre.

( !!!Phrase ( PAROLE.

( !!!Phrase unit linguistique (opposition linguistique/ langagier)

Les deux dfinitions corrles de la phrase et respectivement de lnonc reposent crucialement sur lhypothse de rapports doccurrence (ou: dactualisation) entre ces deux types d'units :

une phrase telle que Je suis arrive en retard est susceptible de nombreuses actualisations, qui influeront sur sa rfrence; prononce par Marie Dupont, le 23 mai 2008, devant le secrtariat de sa facult, elle signifiera: Marie Dupont est arrive en retard ( la fac), le jeudi 23 mai au matin, et prononce par Jeanne Dubois, le 4 novembre 2008, dans le hall de la Banque o elle travaille: Jeanne Dubois est arrive en retard (au bureau) le vendredi 4 novembre 2008, au matin; par voie de consquence, cest lnonc dune phrase assertive et non cette phrase mme ( rfrence incompltement spcifie) qui sera le lieu de lassignation dune valeur de vrit (vrai/ faux).Lhypothse de rapports doccurrence (ou: dactualisation) entre phrase et nonc se laisse prciser par lidentification de deux types de mcanismes interprtatifs lenrichissement contextuel, dune part, et le filtrage contextuel, de lautre: la signification (compositionnelle) de la phrase doit tre enrichie contextuellement pour produire le sens de l'nonc (voir problmatique de la rfrence actuelle voque tout lheure) ; corrlativement, tant donn un nonc (entendu ou lu), il nest pas toujours vident didentifier la phrase dont il est lactualisation: en cas dambigut (syntaxique: [SN Le vieux singe] [SV [SN le] [v masque]] (le vieux primate (m) empche de voir quelque chose/ [SN le vieux] [SV singe [SN le masque]](= le vieillard imite un masque); lexicale: le loup (= masque de carnaval? oubien: animal carnassier?) est gris), cest le contexte qui filtrera les interprtations inconsistantes, permettant dassocier, lnonc entendu (ou lu) la phrase correspondant lintention communicative du locuteur. Ces deux dfinitions gomment en revanche les divergences structurales censes pouvoir subsister entre nonc et phrase. Il est en effet souvent suggr, dans la littrature, que si la phrase est le rsultat de principes de composition syntaxique et smantique, l'nonc n'aurait pas tre interprt en termes des seuls principes compositionnels, ntant pas toujours construit en fonction de critres syntaxiques : Moi, tu sais, la linguistique, ouais, bf! Il y aurait donc des noncs qui ne sont pas pour autant des phrases: En franais, la phrase minimale comporte ncessairement au moins un sujet et un verbe conjugu. En revanche, l'nonc minimal peut tre constitu d'un seul lment, de nature quelconque: des squences comme Bonjour!, All? ou Zut! constituent des noncs, mais pas des phrases. Des noncs comme Moi, partir?, Quel dsastre!, Voir Venise et mourir, ou encore L, il va, je ne sais pas, moi, mais srement, enfin comment dire? srement ragir, oui, c'est a, ragir, ne sont pas descriptibles en termes de construction syntaxique canonique de phrases. L'nonc peut apparatre, tantt comme une phrase incomplte ou tronque (Moi? jamais!), tantt comme une phrase en quelque sorte surcharge et bgayante (Ma sur, elle, son concours, c'est pour bientt). Si la structure de l'nonc se diffrencie souvent de celle de la phrase, c'est parce qu'il s'agit de ralits linguistiques relevant de niveaux diffrents du point de vue thorique (Encyclopaedia Universalis, art. nonc).

Nous nous en tiendrons, ici, la dfinition fonctionnelle (vs structurale) du couple phrase/ nonc (dfinition en termes dactualisation). Les noncs syntaxiquement dviants mais parfaitement interprtables du (des) type(s) voqu(s) prcdemment se laissent galement analyser en tant quoccurrences de phrases, force dassumer, ne serait-ce quen termes oprationnels (vs thoriques), la distinction entre phrases grammaticales, phrases interprtables et phrases acceptables.

Le couple notionnel grammaticalit/ acceptabilit (notions graduelles) est dvelopp, en grammaire gnrative, en lisr de la distinction comptence/ performance:

Grammaticalit: conformit aux rgles de la grammaire. Concept appartenant ltude de la comptence.

Acceptabilit: conformit lusage (les phrases plus acceptables sont celles qui ont plus de chances dtre produites, sont plus aisment comprises, moins maladroites et, en un certain sens, plus naturelles op. cit., p. 22). Concept appartenant ltude de la performance.

Dfinitions oprationnelles.

phrase grammaticale: conforme aux rgles de la grammaire (Dincolores ides vertes dorment furieusement);

phrase interprtable: laquelle ont peut assigner un sens (mme si elle nest pas bien forme selon les rgles de la grammaire: moi, Tarzan, toi, Jane; moi, la linguistique, tu sais, bf!);

phrase acceptable: la fois grammaticale et interprtable (De jolis agneaux blancs dorment paisiblement; moi, la linguistique, je peux trs bien men passer).

1.2. Enonc/ nonciation.nonciation: acte individuel dutilisation de la langue, activit exerce par celui qui parle au moment o il parle.

nonc: produit de cet acte, qui en garde les traces (marques nonciatives= marques du locuteur; dans les termes dmile Benveniste, initiateur de la linguistique de lnonciation , en France: lhomme dans la langue, la subjectivit dans le langage).Principaux reprsentants de cette mouvance en linguistique franaise: Catherine Kerbrat-Orecchioni, Oswald Ducrot, Antoine Culioli.

1.3. Phrase/ syntagme.

Nous avons dit que la phrase tait constitue de morphmes (lexicaux et grammaticaux), associs les uns aux autres de manire incrmentielle (1.1. supra). De manire incrmentielle, cest--dire: par augmentation(s) ou ajouts successifs, par ordre croissant de complexit. Les morphmes se combinent pour former des mots, les mots se combinent pour former la phrase: Ils parlent franais couramment.

Parmi les morphmes qui se combinent pour former des mots, on distingue, selon leur contribution smantique et/ou fonctionnelle: radical, affixes et dsinences. Les morphmes libres sont des mots part entire (franais, dans lexemple prcdent). Voir note 1 supra.La distinction traditionnelle entre parties du discours (nom, verbe, adjectif, prposition, adverbe, conjonction) et fonctions syntaxiques (sujet, complment dobjet direct, complment dobjet indirect, complment circonstanciel, attribut du sujet, attribut de lobjet, pithte, complment du nom (adnominal)) postule dj des regroupements fonctionnels (=pertinents pour linterprtation) des morphmes libres constituant la phrase (= mots). De fait, except le prdicat verbal, qui concide systmatiquement, sous cet clairage, avec le verbe seul (Ltudiant va la fac, prdicat: va, sujet: ltudiant, complment de lieu: la fac), les autres (vraies) fonctions sont le plus souvent ralises par des groupes de mots. En grammaire traditionnelle dj, la phrase est donc (de manire plus ou moins explicite) envisage comme constitue non pas directement de morphmes ou de mots, mais de groupes de mots.

Mais partir de l, lanalyse traditionnelle assignera la phrase une structure plate, comme si tous les groupes de mots fonctionnellement dfinis en quoi elle consiste y taient linairement additionns les uns aux autres, lun aprs lautre : groupe sujet + verbe (=prdicat) + groupe complment.

En linguistique moderne, les grammaires de dpendance, tel le modle valences de Lucien Tesnires vont dans le mme sens: le verbe y est pos come terme principal autour duquel gravitent sujet et complments slectionns par le verbe (les actants syntaxiques), mais ces derniers sont placs au mme niveau lun par rapport lautre, et tous par rapport au verbe. Lanalyse en constituants immdiats propose par le structuralisme amricain viendra suppler ce manque. Elle comporte trois concepts opratoires: syntagme, constituant, constituant immdiat. tant donn le morphme, unit significative (et syntaxique) minimale, et la phrase, unit syntaxique maximale, un groupe de morphmes qui, un niveau danalyse quelconque, forme une unit syntaxique en se combinant entre eux sera appel syntagme. Dans la phrase Ltudiant va la fac, larticle dfini le et le nom tudiant constituent un syntagme (nominal) fonction de sujet, la+fac en constituent un autre (toujours nominal), fonction dobjet de la prposition , +la+fac constituent un syntagme prpositionnel complment (de lieu) du verbe, et va la fac, un syntagme verbal.Tout morphme ou syntagme faisant partie dun syntagme plus grand sera appel constituant.

Ainsi les constituants du syntagme va la fac sont-ils: va, , la, fac, la fac, la fac. Les constituants de nous parlons franais (la phrase mme est dsormais envisage comme un syntagme) sont: parl- (radical), -ons (dsinence personnelle), nous, franais, parlons (morphmes libres), parlons franais (syntagme).Les deux (ou plus de deux) constituants qui forment directement un syntagme seront appels constituants immdiats. Les constituants immdiats de la phrase Ltudiant va la fac sont ainsi les plus grands des constituants qui forment cette phrase rien quen se combinant entre eux: le syntagme nominal sujet ltudiant, et le syntagme verbal va la fac. Les constituants immdiats du syntagme verbal va la fac sont le verbe va et le syntagme prpositionnel la fac, les constituants immdiats du syntagme prpositionnel la fac sont la prposition et le syntagme nominal la fac, les constituants immdiats du syntagme nominal la fac sont larticle la et le nom fac, les constituants immdiats du syntagme nominal sujet ltudiant sont larticle le et le nom tudiant, les constituants immdiats du nom tudiant sont le radical (de souche verbale) tud- et le suffixe -antSi, initialement, on avait suppos quun syntagme pouvait avoir deux ou plus de deux constituants immdiats, la grammaire gnrative en est arrive, partir notamment de sa version standard tendue, limiter le nombre de constituants immdiats de tout syntagme deux. Au sens de la thorie syntagmatique de cette nouvelle syntaxe appele thorie X-barre tout syntagme est suppos instancier les relations structurales suivantes: tte X (catgorie terminale qui projette); complment de la tte (premire catgorie avec laquelle la tte fusionne formant ainsi un constituant complexe): Compl, X; une fois compose structuralement son complment, la catgorie introduite en syntaxe comme tte projettera: le constituant complexe engendr par lunion de X un autre syntagme YP (son complment) sera vue par la computation syntaxique (et linterface smantico-logique) comme catgorie du type de X (non comme catgorie du type Y - type instanci par son complment);

spcifieur de la tte (seconde catgorie (ZP) introduite dans lobjet syntaxique en train dtre gnr, auprs de X dj compos son complment YP (en fait: auprs de la premire projection de la tte X, projection note X, qui reprsente tout ce quelle domine, en loccurrence lobjet complexe X + YP dans son entier); une fois lobjet syntaxique form par X et par YP (son complment) fusionn ZP, ce sera la premire projection de X (X) qui projettera, de sorte que le nouveau constituant complexe sera toujours visible comme catgorie du type de X (=XP); notation: Spec, X.Cette analyse des syntagmes, qui ne comporte que des di-branchements, permet de rendre compte de manire immdiate de lordre dintroduction des constituants dans lobjet syntaxique, assurant une transparence maximale de la chronologie des procdures de fusion, dans la reprsentation syntaxique gnre.

Fig. 2. Structure du syntagme (thorie X-barre).

1.4. Phrase/ proposition.Distinction structurale manifeste (distinction syntaxique):

Distinction en termes de niveaux danalyse syntaxique (distinction structurale pas forcment apparente)

(proposition = constituant syntaxique de la phrase.(proposition = niveau danalyse syntaxique infrieur celui de la phrase.

phrase simple (= lmentaire)( 1 proposition

phrase complexe ( plusieurs propositions

Phrase: unit syntaxique et smantique pourvue de spcifications temporo-aspectuelles et modales (ancrage temporel au sens large: Sylvie est alle la fac).

proposition indpendante: Sylvie est alle la fac.proposition principale: Jean croit que Sylvie est alle la fac.

proposition subordonne: Jean croit que Sylvie est alle la fac.La notion de proposition indpendante est dfinie par la ngative: ni principale, ni subordonne (cest--dire: en dehors de toute relation de dpendance). Il sensuivra que les coordonnes (=chacun des conjoints (souligns dans lexemple ci-contre) dune phrase complexe du type de: Sylvie est alle la fac et Marie est reste chez soi) et les juxtaposes (=chacun des conjoints (souligns dans lexemple ci-contre) dune phrase complexe du type de: Sylvie est alle la fac, Marie est reste chez soi) seront aussi envisages comme indpendantes.

Ddoublement terminologique phrase/ proposition:

proposition indpendante= phrase simple

proposition principale= phrase matrice (= phrase racine)

Spcialisation structurale (en grammaire gnrative notamment): phrase racine (=matrice)/ proposition enchsse.

N.B. Que lon prenne le ddoublement terminologique proposition indpendante/ phrase simple pour une relation dquivalence substantive (et donc transitive: toute proposition indpendante serait une phrase simple et toute phrase simple, une proposition indpendante) ou que lon veuille distinguer minimalement propositions indpendantes et phrases simples (toute phrase simple se rduit une proposition indpendante, mais toute proposition indpendante nest pas du coup une phrase simple), sous cet clairage, il ny a pas moyen de distinguer entre (dans cet ordre-ci:) phrase simple et proposition indpendante. Il y aurait donc concidence (triviale) entre phrase (simple) et proposition (indpendante) en tant que niveaux danalyse syntaxique. Un rsultat pas trs heureux.Proposition: unit syntaxico-smantique non pourvue dancrage temporel, simple structure de prdication (structure argumentale [aller (Sylvie, la fac)], [marcher (Sylvie)] augmente ventuellement de complments optionnels [ pied [aller (Sylvie, la fac)]], [vite [marcher (Sylvie)]]).

Il sagit l, sans autre, dune dfinition de la proposition comme niveau danalyse syntaxique infrieur la phrase (donc: comme constituant syntaxique de la phrase) y compris dans le cas des phrases simples.

Rappel: une structure argumentale est constitue dun Prdicat (smantique) et des arguments slectionns par ce prdicat.

La notion dargument est emprunte la logique des prdicats (ou: logique des propositions analyses), plus exactement, la notation logique des relations de prdication (x est f not f(x) - argument dune fonction, donc), la notion de prdicat tant assimile la notion (mathmatique, logique) de fonction (MORTEL (Socrate): Socrate est mortel).

En linguistique structurale franaise (Tesnire, Lucien (1959) Elments de syntaxe structurale, Paris: Klincksieck), on dirait plutt structure actancielle(de: actant (slectionn et donc non optionnel dans lconomie de la phrase), notion syntaxique et smantique correspondant la notion dargument (davantage utilise dans lespace anglophone), et oppose la notion de circonstant (non slectionn et donc optionnel, dans lconomie de la phrase).

Sujet et complments sont, chez Tesnire, des actants qui compltent (ou: satisfont) les valences du verbe (centre de la phrase). Le sujet est le premier actant, les complments slectionns, des actants second ou tiers, les complments non slectionns, des circonstants.

Il existe des actants syntaxiques auxquels il ne correspond aucun actant smantique (les sujets expltifs: il est arriv trois tudiants), et des actants smantiques auxquels il ne correspond aucun actant syntaxique (lobjet zro de phrases elliptiques telle Cela dpend [de quoi?]).

Les notions dargument et dactant ne sont cela dit pas strictement parallles: le nom modifi par un adjectif en emploi dpithte conjointe (la belle Vnitienne) est bien largument de cet adjectif (analys, lui, comme prdicat smantique), sans pour autant en tre lactant.

Une fois la proposition apprhende comme simple structure de prdication (structure argumentale, ventuellement tendue), non soumise ancrage temporel, toute phrase simple devrait tre constitue dun syntagme (=groupe de mots) instanciant la relation de prdication smantique essentielle, enchss (en labsence de complments non slectionns (=prdications optionnelles)) sous une catgorie fonctionnelle portant les traits de temps-aspect-mode pertinents pour lancrage temporel (au sens large): voir Fig. 1 ci-aprs.

Cette catgorie fonctionnelle, note T (T de Temps) runit les traits de temps-aspect-mode du verbe (les flexions verbales pertinentes du point de vue interprtatif pour la rfrence temporelle de la phrase), ainsi que ses traits daccord (traits de personne et de nombre), redondants, eux, de traits de mmes valeurs dun argument nominal du verbe (en franais, il sagira ( de rares exceptions prs) du sujet).

Si les traits de temps-aspect-mode dun verbe smantiquement plein (=verbe substantif vs auxiliaire ou verbe postiche) seront composs, lors de linterprtation smantique de la reprsentation gnre en syntaxe, la matrice de traits smantiques purs de celui-ci, les traits daccord, qui nont aucune pertinence interprtative sur le verbe, ne le seront pas; ce sont leurs corrlats sur largument nominal sujet qui seront interprts.

On peut aussi dfinir la proposition en tant que niveau danalyse linguistique distinct de celui de la phrase:Phrase: unit syntaxico-smantique.

Exemple: Sylvie est alle la fac

Proposition: unit logico-smantique:

a) association dun sujet et dun prdicat (logiques): aller (Sylvie, la fac);

b) association dun sujet et dun prdicat, qui se voit assigner une valeur de vrit (vrai/ faux); dans cette acception-ci, certaines phrases vhiculent une proposition (les phrases assertives), dautres pas (les phrases interrogatives ou impratives par exemple): Sylvie est alle la fac [aujourdhui] sera la proposition vhicule par (une certaine occurrence de) la phrase assertive Sylvie est alle la fac (dans un certain contexte dnonciation, par exemple, en rponse la question O est Sylvie?).

On parlera alors plutt de forme propositionnelle. Les interrogatives par exemple auraient une forme moins que propositionnelle (puisque foncirement incomplte, contenant des variables, ouvrant des alternatives pistmiques).

Cette analyse (sous ses deux volets) rcupre lacception du terme de proposition en grammaires logiques:

Proposition = construction minimale porteuse dun jugement.Jugement = association dun sujet et dun prdicat

Sujet = ce dont on dit quelque chose

Prdicat = ce que lon dit de ce sujet

Sous cet clairage-ci, la proposition aurait une ralit en Forme Logique, sans vraiment en avoir une en syntaxe.

1.4. Phrase noyau/ phrase modalise. 1.4.1. Syntaxe de la phrase modalise (version gnrative-transformationnelle standard Chomsky 1965/ trad. fr.1971 (Aspects de la thorie syntaxique), dans la lecture de Dubois & Dubois-Charlier 1970).

Toute phrase (lire: sigma le terme anglais correspondant ayant linitiale S(entence)) est forme, en structure profonde (niveau de reprsentation syntaxique dont est justiciable linterprtation smantique), dun constituant de phrase (abrviation: Const), qui en dtermine la modalit, et dun noyau (abrviation: P, de phrase):

Const + P

(lire: se rcrit comme Const + P).

Le constituant est, lui, form dun lment obligatoire (soit Affir(mation), soit Inter(rogation), soit Imp(ratif)), et de constituants facultatifs (ngation, emphase et passif nots entre parenthses dans la formule ci-contre):

(Affir (

Const (Interr (+ (Ng)+ (Emph)+ (Passif)

(Imp ;(

Marqueur sous-jacent de la modalit, ce Constituant engendrera les types de phrase essentiels ou: obligatoires(= types de phrase), et (le cas chant) des types de phrase facultatifs (= formes de phrase).

Les types essentiels sont:

des constituants de phrase fondamentaux (toute phrase est assigne lun de ces types),

mutuellement exclusifs (toute phrase est assigne lun et seulement un de ces types),

import smantique fonctionnel-actionnel (acte de langage),

structure syntaxique, morphologie et intonation spcifiques.

Les types de phrase facultatifs (= formes de phrase) sont:

des constituants de phrase optionnels,

par hypothse non exclusifs des types obligatoires, ni entre eux (se combinent entre eux et/ou avec les types obligatoires);

import smantique surtout fonctionnel-communicatif (rpartition de linformation en thme-propos: passif, emphase, impersonnel), ou descriptif (=reprsentationnel: ngation)

structure syntaxique et morphologie spcifiques, mais dpourvus dintonation propre encore que non dpourvus deffet sur lintonation spcifique du type obligatoire avec lequel ils se combinent (phnomnes daccentuation).

(cf. Riegel et al. 2004 (1994): 386-387).

Lintroduction de Const ds la structure profonde permet de rendre justice au postulat selon lequel les transformations ne peuvent introduire des lments porteurs de sens (Chomsky 1971 (1965): 180-181).

Rappelons quau sens de cette modlisation de la grammaire, en syntaxe seraient gnres non pas une, mais deux reprsentations: une structure profonde, issue de linsertion lexicale des catgories, par lintermdiaire de rgles de rcritures (inscrites dans le composant de base de la grammaire), et une structure de surface, rsultat des transformations portant sur cette structure profonde. Des deux reprsentations gnres en syntaxe, seule la structure profonde fera lobjet de linterprtation smantique: Catgories /Rgles de rcriture/ Structure profonde: interprtation smantique.

Structure profonde/Transformations/ Structure superficielle: forme (ordre des mots observ).

Lanalyse des phrases-types en grammaire transformationnelle (non gnrative: Z. S. Harris) et dans la premire version de la grammaire gnrative (Chomsky 1957/trad. fr. 1969) privilgiait le type assertif neutre (phrase assertive active affirmative non emphatise) en tant que type de base, dont on drivait tous les autres types (et toutes les formes de phrase aussi).

La notion de phrase noyau concidait cet observable linguistique, et les phrases modalises en taient drives par transformations.

Cette analyse-l tait consistante avec le statut privilgi de la phrase assertive, en logique seule phrase en langue naturelle donnant lieu une proposition logique (lieu du vrai ou du faux).

Introduisant le marqueur abstrait de modalit ds la structure profonde, la nouvelle analyse de la phrase ne privilgie plus le type assertif neutre (phrase assertive active affirmative non emphatise): la notion mme de type de base perd tout contenu propre.

La phrase noyau est de fait dsormais plutt apprhende comme noyau de la phrase toute phrase susceptible dtre nonce tant, par hypothse, modalise. Ce noyau est maintenant postul en tant que niveau danalyse pertinent (analyse en constituants immdiats), mais nest plus susceptible dinstanciations per se au gr des nonciations et nest jamais, donc, directement observable.

Sous lanalyse purement transformationnelle des types de phrases/ formes de phrases, les transformations taient entendues procder de manire ordonne: passivation avant emphase, emphase avant transformation ngative, et transformation imprative/ interrogative par la suite. Comparer:

1. Une vipre a mordu la brebis. [dclarative affirmative active non emphatise]

2. La brebis a t mordue (par une vipre). [dclarative affirmative passive non emphatise]

3. Cest par une vipre que la brebis a t mordue. [dclarative affirmative passive complment dagent mis en vedette: phrase clive]

4. Ce nest pas par une vipre que la brebis a t mordue. [clive ngative dune phrase dclarative passive]

5. Nest-ce pas par une vipre que la brebis a t mordue? [clive ngative interrogative de la mme phrase passive].

Sous lanalyse non-transformationnelle, qui introduit la modalit (Const) ds la base de la grammaire (en structure profonde), on svertue rendre compte des mmes observables en termes du rapprochement des constituants optionnels et respectivement obligatoire, de la phrase, par rapport au Noyau: le constituant le plus droite dans la formule sera le premier introduit dans la base en loccurrence, le passif, puis, lemphase, puis, la ngation.

En bon franais, certaines combinatoires de types sont de fait barres:

mise en vedette de lattribut (du sujet) par le prsentatif cest que: *cest que X est;

phrase clive & impratif (mise en vedette du complment par le prsentatif cest que) et impratif: *cest que+ verbe limpratif;

dautres sont marques, restant confines des genres discursifs particuliers:

passif & impratif (Soyez remercis pour votre cadeau. Bni soit-il!).

Remarque:

La reformulation, par Dubois & Dubois-Charlier 1970, de la thse chomskyenne des marqueurs sous-jacents (seuls) responsables du sens interrogatif, impratif, ngatif (cf. Chomsky 1971 (1965): 180-181, et, pour commentaire, Ruwet, Nicolas (1967) Introduction la grammaire gnrative, Paris: Plon, p. 343) ignore un certain nombre de dtails, ayant trait notamment au passif et lemphase : nous y reviendrons plus tard.

Retenons pour le moment quau sens de Chomsky 1965, aussi bien lemphase que le passif (et, principalement, pour les mmes raisons), continuaient de fait tre analyss comme phnomnes syntaxiques sans retombes interprtatives smantico-logiques: linterprtation smantique (des structures gnres en syntaxe) tait envisage comme restreinte au reprsentationnel et lactionnel (force illocutionnaire).

Aussi les effets de sens lis lemphase, ainsi que les effets de sens communment imputs aux divergences daccentuation entre une phrase active et sa contrepartie passive, taient-ils analyss comme relevant (au mieux) des effets de surface sur linterprtation (smantique cf. Chomsky 1971 (1965): 186, note 9; 163, note 32).

1.4.2. R-analyse du marqueur abstrait de modalit: la catgorie complment(is)eur (C).Les versions plus rcentes de la GGT reformulent le marqueur sous-jacent de la modalit (Const) une catgorie fonctionnelle qui prendrait TP (le syntagme Temps) pour complment: le complment(is)eur C.Appel ainsi en rfrence notamment aux propositions subordonnes enchsses, le complment(is)eur est dabord envisag en tant que catgorie capable de convertir une phrase en complment du verbe (position typiquement voue un syntagme nominal), correspondant alors la conjonction introductive dune compltive. Toute subordonne enchsse sera donc analyse comme un CP (un syntagme complment(is)eur): Jean dit [CP queC [TP Marie est jolie]]/ Jean ignore [CP siC [TP elle est la fac]]/ Dis-lui [CP deC PRO partir].

Les complment(is)eurs que (+indicatif) et si (dubitatif) expriment, outre la slection dune proposition subordonne verbe fini (+Temps), respectivement la valeur assertive de la compltive enchsse, et la valeur interrogative de celle-ci (question rponse oui/non); le complment(is)eur de slectionne, lui, une subordonne non tense (-fini).Lanalyse sera ensuite tendue aux phrases racines (propositions indpendantes comprises), moment o de fait C se substituera pour de bon au marqueur de modalit de la version standard du modle (not Const in Dubois & Dubois-Charlier 1970). En franais, le complment(is)eur des phrases racines est typiquement non pel (=dpourvu de matrice phonologique).Catgorie syntaxique fonctionnelle (vs substantive), linstar de D (D de: dterminant; dterminant du nom: rfrence nominale) et de T (T de Temps; catgorie qui runit rappelons-le les traits de temps-aspect-mode du verbe (flexions verbales pertinentes du point de vue interprtatif pour la rfrence temporelle( ce qui en fait une sorte de dterminant du verbe), ainsi que les traits daccord (traits de personne et de nombre), interprts non sur le verbe, mais sur largument nominal (sujet)), le complment(is)eur C est cens exprimer des composants non rfrentiels de lintention informative du locuteur, ayant respectivement trait la dimension actionnelle (force) et la hirarchie informationnelle de la phrase nonce (bref, C contribuerait crucialement au codage grammatical de ce que lon pourrait appeler sans autre lancrage discursif de la phrase), tout en rappelant le caractre fini (+Temps) ou non fini (-Temps) de celle-ci voir Fig. 3 plus bas dans le texte.Dans une proposition relative (restrictive), le syntagme relatif (oprateur de relativisation) spcifiera un complment(is)eur non pel, lui (lhomme [CP dont [C C [TP tu as pous la fille]]]), ou bien sera analys comme phontiquement nul, le complment(is)eur tant, alors, pel (lhomme [CP LEQUEL [C queC [TP jaime]]]).Selon une analyse dj classique par Richard Kayne, qui dans les relatives antcdent du type de lhomme qui est arriv est en fait le complment(is)eur, accord au Nominatif avec loprateur de relativisation non pel (sans forme phontique) dans son Spec.

1.5. Mode/ modalit/ modalisation.

1.5.1. Mode/ modalit, temps/ temporalit, aspect grammatical / aspect lexical.

Temps, aspect(grammatical), mode : formes de langue (morphologie verbale: tiroirs verbaux)

Temporalit, mode daction (aspect lexical), modalit: notions smantiques.

Temporalit: notion construite autour du moment de la parole (le maintenant du locuteur, not par convention t0). Avant t0, il ya le pass, aprs, lavenir. Noter ds prsent que t0 est un moment fictif, variable en extension (une seconde, une journe, une anne, une priode quelconque). Temps extrieur au procs (Gustave Guillaume).

Mode daction (aspect lexical): temps intrieur au procs (Gustave Guillaume); caractristiques du droulement du procs; classes (aspectuelles) de verbesdfinies en termes des traits dynamique/ non dynamique (=statique), tlique/ atlique, ponctuel/ non ponctuel (=duratif) (Zeno Vendler cf. Vendler 1967):

verbes dtat ([-dynamique, -tlique, -ponctuel] situations statiques, homognes et continues, sans structure interne et sans limite temporelle inhrente): tre malade, connatre qqch, aimer qqch, croire qqch, avoir qqch, / tests distributionnels: *X est en train daimer la musique (-dynamique); OKX a cess daimer la musique (+duratif (=-ponctuel)).

verbes dactivit ([+dynamique, -tlique, -ponctuel] actions qui peuvent avoir une certaine dure et qui ont un point de terminaison arbitraire): marcher, nager, danser (sans complment dsignant la limite finale ou cible du mouvement); pleurer, rire, ; penser, crire, boire, (sans objet direct explicite)/ tests distributionnels: OKX est en train de marcher(+dynamique); *X nage en une heure (-tlique); *X met une heure nager(-tlique); OKX nagependant une heure (+duratif), OKX a cess de nager (+duratif).

verbes daccomplissement ([+dynamique, +tlique, -ponctuel] actions/ situations qui ont une certaine dure et qui comportent un point de terminaison prcis, au-del duquel laction ne peut plus continuer): fondre (intr.), scher (intr.), apprendre la posie par coeur, peindre un tableau/ tests distributionnels: OKX est en train de peindre un/ le tableau(+dynamique); OKX peint un/ le tableau en une heure (+tlique); OKX met une heure peindre un/ le tableau(+tlique)

verbes dachvement ([+dynamique, +tlique, +ponctuel] verbes dcrivant le seul point culminant (ou: dnouement) de la situation envisage, mais pas ce qui prcde, au contraire des accomplissements): (se) casser, exploser, clater, trouver une solution, apprendre la nouvelle/ tests distributionnels: *X a cess de trouver la solution (-duratif), *X est en train de trouver la solution(!!+ponctuel);OKX a trouv la solution en deux secondes/ OKX met deux secondes trouver la solution (+tlique).

Terminologie relativement floue, dans la littrature: tlique/ atlique, perfectif (terminatif)/ imperfectif (non terminatif), accompli/ inaccompli.

Modalit: expression de lattitude du locuteur par rapport au contenu propositionnel de son nonc. Paul court (nonc sans marque dattitude du locuteur par rapport au contenu propositionnel autre que le type de phrase: type assertif neutre; analys, dans la littrature non-gnrativiste, commenonc non modalis par excellence)/ Il se peut que Paul coure, Paul court peut-tre, Paul peut courir (noncs modaliss).

Une fois la modalit intgre dans la base de la grammaire (rgle de rcriture de toute phrase comme Const + noyau), le type assertif neutre se laissera envisager comme modalisateur linstar des types de phrasesmarqus (phrases interrogative, imprative, etc.), et linstar des phrases ; dautre part, la diffrence, du point de vue de la modalit, entre Il court/ Je crois quil court, Il est vrai quil court pourra tre formule non plus en termes de +modalit/ -modalit, mais en tant que diffrence de ralisation linguistique dune seule et mme valeur modale (attitude propositionnelle de croyance du locuteur la vrit de ltat de chose dcrit par son nonc).Il ny a pas de correspondance terme--terme entre tiroirs verbaux et notions smantiques (temps/ temporalit, aspect/ mode daction, mode/ modalit).

Vous fermerez cette porte sans la claquer (tiroir: futur, sens: modalit injonctive). Un pas de plus, et vous tombez dans labme (tiroir: prsent, sens: modalit implicative si vous faites un pas de plus, vous tomberez). Il mavait dit quil viendrait ce soir (tiroir modal: conditionnel, senstemporel: futur du pass).1.5.2. Modalit/ modalisation.

Modalisation: opration nonciative; prise en charge de lnonc par son nonciateur (rapports entre: nonc/ fait assert; nonciateur/ fait assert; nonciateur/ son nonc; nonciateur/ sa faon de raliser lnonciation; nonciateur/ destinataire (locuteur/ allocutaire, auditeur)).

Modalit(s): catgories conceptuelles logico-smantiques; produit de la modalisation.

1.6. Modalit/ modalisateur. Dmarche onomasiologique/ dmarche smasiologique.

Modalit: zone modale, prdicats modaux (abstraits).

Modalisateur: marqueur (perspective dinterprtation)/ ralisateur (perspective de production).

Dmarche onomasiologique(du sens vers les mots): de la zone modale (valeur modale, prdicat modal abstrait) ses incarnations linguistiques.

Dmarche smasiologique(des mots, aux sens): du marqueur modal aux valeurs modales quil exprime. Polysmie des marqueurs modaux.Les modalisateurs sont des signes linguistiques signification modale. La relation modalit/ modalisateur se laisse alors envisager comme cas particulier de la relation signifi/ signifiant.

Ferdinand de Saussure dfinit le signe linguistique en tant que catgorie relationnelle, deux facettes solidaires: le signifiant (suite de phonmes ou de graphmes) et le signifi (signification (description) lexicalement associe cette chane sonore ou graphique), le rfrent (objet du monde auquel renvoie la chane sonore ou graphique pourvue de cette signification: entit extralinguistique qui satisfait la description) restant extrieur au signe proprement parler.

Dautres auteurs proposeront une dfinition ternaire du signe linguistique, qui inclura le rfrent: signifiant (symbol (symbole)) + signifi (thought (pense)) + rfrent (referent)).

Le signe linguistique nest pas identique au mot: dune part, une lexie complexe ou un syntagme (groupe de mots) non lexicalis, une phrase (un nonc), un paragraphe, voire tout un texte peuvent tre envisags comme signes (signifiant-signifi(-rfrent)); de lautre, des parties constitutives dun mot sont des signes linguistiques (non autonomes): les prfixes ou suffixes drivationnels (impossible, improbable (qui nest pas [possible, probable]), mangeable, buvable ((qui) peut tre [mang/ bu]), mais galement les affixes flexionnels (viendra ( lavenir)).

1.7. Modus/ dictum.

Structure de la phrase modalise: modus + dictum.

Charles Bally (Linguistique gnrale et linguistique franaise (1932)) rcupre la distinction, formule dabord par la Scolastique mdivale: dictum propositionis dsigne, chez Ablard (XIIe sicle), la signification de la proposition, son contenu (contenu propositionnel, en logique moderne).

Dictum: contenu propositionnel de lnonc (prdication, reprsentation virtuelle dun tat de chose)Modus: modalit de lnonc (assertion qui actualise une telle reprsentation virtuelle).

Je crois (MODUS) que les tudiants sont partis (DICTUM).

Toute phrase a un dictum et un modus, selon Bally, mais la structure syntaxique ne soutient pas toujours aussi directement cette structuration smantique.

1.8. Modalit de re/ modalit de dicto.

Porte de la modalit (du modalisateur): interne/ externe (au dictum).

Modalit de dicto: porte extra-prdicative (externe au dictum). Je crois (MODUS) que les tudiants sont partis (DICTUM).

Modalit de re: porte intra-prdicative (interne au dictum). Les tudiants sont sans doute partis.

Termes remontant Thomas dAquin (De modalibus): propositions modales de re (quand le modus est insr dans le dictum: Socrate peut courir) / propositions modales de dicto (modus prdiqu du dictum sujet: Que Socrate coure est possible/ il est possible que Socrate coure).1.9. Classement des modalits.

Modalits dnonciation(contribution interprtative attitude du locuteur dans son rapport avec le destinataire de lnonciation: actes de langage; syntaxiquement parlant = types de phraseobligatoires): assertion (phrase assertive ou: dclarative: Paul est l),

interrogation (phrase interrogative: Paul est-il l?/ O est-il?),

injonction (phrase imprative: Fermez la fentre!),

exclamation (phrase exclamative: Paul, parti!/ Que cette fentre est sale!). Modalits de message (contribution interprtative hirarchie informationnelle; syntaxiquement parlant (types de phrase facultatifs): emphase (Paul, il est dj parti pour Paris/ Cest PAUL qui est arriv le premier. Cest PAUL que je voudrais parler. Voil TROIS JOURS quil est parti). passif (La porte fut ouverte par un tudiant); impersonnel (Il est arriv trois nouveaux tudiants/ Il a t dans toute la nuit). Modalits dnonc (contribution interprtative attitude du locuteur face au contenu propositionnel de son nonc; syntaxiquement parlant ( phrases double prdication: althiques ;

pistmiques ;

dontiques dsidratives (volitives)

apprciatives (valuatives, axiologiques) implicatives (relation causales au sens large: condition, cause, consquence, but, concession )

temporelles (logique du temps linaire(vs logique du temps arborescent: mondes possibles); sporadicit(Kleiber 1983)).Modalits (dnonciation, de message) et types de phrase: problmes de classement.Types de phrase obligatoires(= types de phrase):

constituants de phrase fondamentaux (toute phrase est assigne lun de ces types),

mutuellement exclusifs (toute phrase est assigne lun et seulement un de ces types),

import smantique fonctionnel-actionnel (acte de langage),

structure syntaxique, morphologie et intonation spcifiques.

Types de phrase facultatifs (= formes de phrase):

constituants de phrase optionnels,

par hypothse non exclusifs des types obligatoires, ni entre eux (se combinent entre eux et/ou avec les types obligatoires);

import smantique surtout fonctionnel-communicatif (rpartition de linformation en thme-propos: passif, emphase, impersonnel), ou descriptif (=reprsentationnel: ngation)

structure syntaxique et morphologie spcifiques, mais dpourvus dintonation propre encore que non dpourvus deffet sur lintonation spcifique du type obligatoire avec lequel ils se combinent (phnomnes daccentuation).

(cf. Riegel et al. 2004 (1994): 386-387).

Problmes:

1. Lexclamatif, dou dintonation particulire, mais non exclusif dautres types obligatoires (cf. interro-exclamatif: moi, partir pour Londres?!), et spcificit syntaxique douteuse (car partageant les structures des phrases dclaratives (Vous ne songez point elle!) et interrogatives (Quest-ce quelle tait belle! Est-il bte!)) peut-il tre envisag comme type obligatoire, dautant que, du moins selon certains auteurs, il nexprimerait pas dacte de langage spcifique, fond sur des rapports entre le locuteur et son destinataire?

2. Le ngatif, qui, seul, parmi les types optionnels, na pas dapport smantique essentiellement fonctionnel, non descriptif (hirarchie informationnelle, structuration du message), mais reprsentationnel, descriptif (contribution smantico-logique propositionnelle), et qui semble au moins susceptible de raliser un acte de langage spcifique (dngation, rfutation) peut-il tre envisag comme type optionnel?

La solution serait de re-classer les types de phrases obligatoires/ facultatifs en quatre catgories, quitte ce que lexclamatif soit envisag comme seul reprsentant de sa catgorie(Riegel et al. 2004 (1994): 388-390):

types nonciatifs (assertif, interrogatif, impratif);

types logiques (ngatif/ positif);

types de ragencement communicatif (passif, emphase, impersonnel);

type exclamatif (manifestant seulement la subjectivit du locuteur et ralisant la fonction expressive du langage).

Cette solution ne fait que reformuler les problmes soulevs, sans y apporter de relle explication.

Lanalyse de la ngation fait limpasse sur ce qui est appel, dans la littrature, ngation descriptive, pour tirer argument des seuls emplois illocutionnaires de la ngation.

Et la distinction allgue entre types nonciatifs et exclamatif, selon le critre pragmatique de lacte de langage spcifique, est elle-mme sujette caution, dans la mesure o:

(1) les types nonciatifs restants eux-mmes ne font pas lobjet danalyses uniformes, dans le paradigme thorique dont procde la notion distinctive invoque (Thorie des actes de langage): les types assertif et impratif correspondent aux forces primitives assertive et directive, tandis que le type interrogatif procde des forces drives (instanciant un sous-type directif: demander de rpondre);

(2) le lien entre types de phrases et acte de langage spcifique nest pas aussi direct, ni aussi naturel, que cette analyse le suppose, ne laissant pas dtre tributaire dun certain horizon thorique. En pragmatique infrentielle, par exemple, les trois types de phrases en question sont censs correspondre non pas des actes spcifiques, mais des actes gnriques dire que/ dire de/ demander (si /qu-) entendus par Sperber et Wilson comme des schmas dhypothse (ou schmas descriptifs) dans lesquels sont incorpores les formes propositionnelles pleines des noncs concerns, mais qui restent typiquement sous-dtermins quant ce quil est convenu dappeler intention (ou: but) illocutoire.

1.10. En guise de conclusions: retour sur les critres de classement des modalits.

a. Critres syntaxiques.

a.1. Critre du rapport fonction modale/ structure phrastique (modalit/ type de phrase):

modalits dnonc (phrase double prdication)/

modalits dnonciation (phrases contour non assertif: interrogatives, injonctives, exclamatives)/

modalits de message (phrases clives, topicalisations, ).

a.2. Critre de lincidence(construction de la phrase modalise):

modalit de re (incidence syntaxique intra-prdicative);

modalit de dicto (incidence syntaxique extra-prdicative).

Distinction terminologique: incidence syntaxique/ porte smantique (cf. Le Querler 2001)

b. Critres smantiques.

b.1. Critre de lnonciateur:

modalits subjectives (locutives ; rapport sujet nonciateur/ contenu propositionnel: modalits pistmiques, apprciatives (ou: valuatives, ou: axiologiques), dsidratives (ou: volitives) rflexives);

modalits intersubjectives (allocutives; rapport entre nonciateur et destinataire propos du contenu propositionnel: modalits dontiques, modalits illocutionnaires directives: ordre, requte, conseil, suggestion, modalits dsidratives (ou: volitives) translatives);

modalits objectives (dlocutives: rapport entre deux contenus propositionnels, contre effacement de lnonciateur: ontiques (ou: althiques), implicatives).

b.2. Critre du contenu:

modalits althiques (ontiques), dontiques, pistmiques, dsidratives, apprciatives, implicatives, temporelles

2. Modalits dnonciation. Smantiquement parlant, les modalits dnonciation indiquent lattitude du locuteur dans son rapport avec le destinataire de lnonciation: actes de langage; syntaxiquement parlant, ce sont l des types de phraseobligatoires modulo lhsitation au sujet de lexclamation: assertion (phrase assertive ou: dclarative),

interrogation (phrase interrogative),

injonction (phrase imprative),

exclamation (phrase exclamative).

Hors cours.La notion dacte de langage est dfinie lintrieur dun cadre thorique spcifique: la thorie des actes de langage (entendue comme cas particulier de la thorie de laction). Il sagit, pour lessentiel, de ce que lon fait (accomplit) en disant quelque chose quelquun.

Performatif vs constatifDans un premier temps (Austin J.L., Quand dire cest faire, Paris, Seuil, 1970 (tr. fr.)/ 1962 (original)) sont seulement dissocis les performatifs ou: dclarations (angl. statements) dont lnonciation revient excuter (angl. to perform) une action (exemple donn: baptiser un bateau, cest dire, dans les circonstances appropries, les mots je baptise).

Dpourvus de conditions de vrit, lencontre des noncs qui dcrivent un tat de chose ou rapportent (= constatent) un fait (noncs appels, dsormais: constatifs), mais sujets des conditions de russite, les noncs performatifs remettent en cause le postulat du caractre essentiellement descriptif du langage (lillusion descriptive, dans les termes dAustin).

Locutoire vs illocutoire vs perlocutoireLa difficult doprer des distinctions tranches entre noncs constatifs et noncs performatifs laide de critres proprement parler linguistiques tels le critre, syntaxique, du verbe performatif la premire personne du singulier, ou le critre, lexical, des mots performatifs (verbes ou autres) a eu pour consquence llaboration de lappareil thorique. La question de savoir ce que veut dire, au juste, dire, cest faire sera envisage sous un angle plus large.

Seront maintenant dfinis comme actes de langage:

1. lacte de dire quelque chose (= acte locutoire), lui-mme dcompos en plusieurs actes gnralement coextensifs lun lautre:

produire (prononcer) des sons (= acte phontique);

produire des vocables (ou: mots) qui entrent dans des constructions conformes la grammaire (=acte phatique),

et pourvus, dans lemploi, dun sens et dune rfrence dtermins (= acte rhtique);

2. laction ralise du fait mme de dire (en accomplissant un acte locutoire donc = acte illocutoire de in (dans) acte ralis dans la locution): promettre, poser une question, donner un renseignement, annoncer un verdict, donner un ordre, ;

3. lacte ou leffet provoqu par la locution (vs dans la locution), sur les sentiments, penses, agissements de lauditoire, du locuteur ou de tiers (= acte perlocutoire, de per (par)): convaincre, effrayer, faire faire, (Austin 1970/ 1962).

Le noyau dur de la thorie dfendue par Austin est sans conteste la notion dillocutoire, ne, elle, en droite ligne, dune gnralisation du concept de performatif. La spcificit de lillocutoire repose sur lexploitation conjointe de deux axes doppositions: (fonction dnotative, et respectivement ( conventionnel:

la distinction entre valeur (force) de lnonciation et signification de lnonc (assimile, elle, la dnotation (=sens + rfrence)) oppose lillocution la locution;

la distinction entre conventionnel (produit de rgles) et non conventionnel (produit des circonstances) oppose lillocutoire au perlocutoire, comme linvariant au variable.

Austin distingue cinq types fondamentaux dillocutions:

Actes verdictifs [verdictives]: nonciations qui reviennent exprimer ce que lon a constat (officiellement ou pas), partir de lvidence ou partir des raisons concernant ou bien les faits eux-mmes, ou bien leur caractre axiologique (actes judiciaires, plutt que lgislatifs ou excutifs: prononcer un diagnostic (par un expert: mdecin ou autre), acquitter, condamner, dcrter, classer, valuer, etc.).

Actes exercitifs [exercitives]: nonciations consistant donner une dcision pour ou contre une certaine faon dagir, inciter les autres se comporter de telle ou telle faon. A lencontre des verdictifs, les exercitifs comportent un jugement (une dcision) sur ce qui devra ou devrait tre, plutt que sur ce qui est: dgrader, commander, ordonner, lguer, pardonner, etc.).

Actes promissifs [commissives]: nonciations qui visent obliger le locuteur adopter une certaine faon dagir, sengager des degrs divers (ce terme ne sapplique pas aux seules promesses au sens strict: promettre, sengager formellement, faire voeu de, prter serment (jurer de), parier, etc.).

Actes comportatifs [behabitives]: nonciations qui expriment une raction la conduite ou au sort des autres, des attitudes lgard du comportement antrieur ou simplement prvu, dautrui (sexcuser, remercier, injurier, dplorer, critiquer, braver, etc.).

Actes expositifs [expositives]: nonciations qui visent exposer une manire de voir les choses, dvelopper un argument, tirer au clair lusage dun mot, ou le rfrent de celui-ci (affirmer, nier, postuler, remarquer, dcrire, tmoigner, rapporter, etc.).

Dsormais, quand nous emploierons le terme dacte de langage (ou: acte de parole), nous nous rfrerons aux seuls actes illocutoires (ou: illocutionnaires).

Contenu propositionnel vs force illocuoireLa postrit dAustin laborera davantage encore la thorie des actes de langage (= actes illocutionnaires).

Searle (1972 (1969)) sattache oprer la distinction entre proposition exprime par lnonc et acte accompli dans lnonciation non seulement en termes dactes (acte locutoire (notamment: rhtique) vs acte illocutoire), mais galement en termes de la structure syntaxique de la phrase nonce (relativement aux actes illocutionnaires mmes); ainsi discriminera-t-il deux types de marqueurs: le marqueur de contenu propositionnel et le marqueur de force illocutoire.

Cest l une distinction qui ne se laisse apprhender directement que dans le cas des performatifs explicites, o la principale correspond au marqueur de force illocutoire, et la subordonne enchsse, au marqueur de contenu propositionnel:

[F je te promets [p que je fermerai la fentre]]

soit, dans la notation de lauteur, pour lacte de force F accompli propos du contenu propositionnel p: F(p). En vertu cependant du principe dexprimabilit, tous les noncs se laisseraient rduire des performatifs explicites: Searle considre en effet quun marqueur de force illocutoire (prfixe performatif Je verbe illocutoire) sous-tend, en structure profonde, tout nonc (analyse qui correspond en tout point l hypothse performative des gnrativistes chomskyens (cf. Ross 1970)).

Conditions de succs des actes illocutionnaires la distinction actes/ marqueurs des actes il correspond, dans la thorie searlienne, la distinction rgles constitutives (des actes)/ rgles smantiques (drives des premires, et gouvernant lemploi des marqueurs dactes). Cette distinction se laisse enchsser dans une autre, dordre plus gnral: rgles constitutives (qui crent des activits dpourvues dexistence indpendante: les rgles qui gouvernent les jeux (football ou checs au mme titre), y compris les jeux de langage au sens de L. Wittgenstein) vs rgles normatives (qui ont pour objet des comportements/ actions qui existent indpendamment des normes les rgissant: linstar des rgles de politesse, la signification des phrases est justiciable de conventions). Si les conventions smantiques dpendent des langues particulires, les rgles constitutives des actes de langage seraient universelles.

Elles dfinissent autant de conditions de succs des actes illocutoires:

Condition de contenu propositionnel (proprits du contenu propositionnel de lacte: action future de linterlocuteur pour lordre, du locuteur, pour la promesse);

Condition(s) prliminaire(s) (qui doivent tre satisfaites pralablement, pour que lacte puisse tre accompli: capacit de linterlocuteur, pour lordre);

Condition de sincrit (qui dfinit ltat psychologique du locuteur: dsir pour lordre, intention pour la promesse, croyance, pour lassertion);

Condition essentielle (qui dfinit le but illocutoire: amener linterlocuteur raliser laction pour lordre, sengager la raliser soi-mme, pour la promesse, sengager sur la vrit de la proposition exprime, pour lassertion).

Ds quune rgle constitutive est enfreinte, lacte choue, mais cet chec est diffrent suivant la rgle spcifique qui aura t viole.

Classement des actes illocutionnaires

Partant de la distinction explicite entre verbes illocutoires (qui ressortissent aux langues particulires) et actes illocutoires (universaux de langage), lauteur rvalue la taxinomie dAustin, davantage un classement de verbes que dactes, et, qui pis est, ne reposant pas sur des principes/ critres de classement clairement dfinis dentre de jeu, do force chevauchements inter-catgoriels. Aussi, la contribution de Searle consistera-t-elle notamment une recherche des critres de classement pertinents et surtout mutuellement consistants. Il en isole douze, mais cinq seulement sont dcisifs dans la classification proprement parler:

Le but illocutoire (condition essentielle);

Mais pas: la force avec laquelle est prsent le but (qui varie selon le degr dexplicitation de lacte, et, si lacte est explicite, selon le verbe employ: demander de/ exiger de/ ordonner de), ni le style de laccomplissement de lacte (annonce vs confession).

La direction dajustement entre les mots et le monde (concerne le contenu propositionnel de lacte, et reprsente une sous-composante (sinon une consquence) du but illocutoire: ajustement des mots, au monde, pour une assertion, ajustement du monde, aux mots, pour une promesse ou un ordre);

Ltat psychologique exprim (lattitude du locuteur par rapport au contenu propositionnel de lacte: condition de sincrit);

Les statuts respectifs du locuteur et de linterlocuteur (condition prparatoire);

Mais pas: les relations de lnonc aux intrts du locuteur et de linterlocuteur, ni les relations de lacte au reste du discours (rponse ((question), conclusion ((argument(s))).

Le contenu propositionnel (les diffrences dans le contenu propositionnel qui sont dtermines par des mcanismes lis la force illocutionnaire: tats de choses passs, pour le rapport, tats de choses futurs, pour la prdiction).

Mais pas: les diffrences entre actes essentiellement et non essentiellement linguistiques (qui ne peuvent pas ou respectivement qui peuvent tre accomplis y compris sans le dire: poser un diagnostic vs prter serment), ni entre actes institutionnels (excommunication, dclaration de guerre), et non institutionnels, ni entre actes dont le marqueur (le verbe) est susceptible demploi performatif, et actes dont le verbe nest pas susceptible dun tel usage (cf. se vanter, menacer).

Type dactes

But illocutoire

Direction dajustement

Etat psycho-logique exprim

Statuts du locuteur et de l interlocuteur

Contenu propositionnel

REPRSENTATIFS:

Suggestion, assertion, prdiction, rapport,

Engagement du locuteur sur la vrit de la proposition exprime

Des mots, au monde.

Croyance.

DIRECTIFS:

Requte, consigne, ordre, question

Obligation de linterlocuteur accomplir certain(s) acte(s).

Du monde, aux mots.

Dsir.

Position de force du locuteur.

Action future de linterlocuteur.

PROMISSIFS:

Promesse, legs, serment

Obligation du locuteur accomplir certain(s) acte(s)

Du monde, aux mots.

Intention.

Action future du locuteur.

EXPRESSIFS:

excuse, critique, flicitation, condolances, remerciements

Exprimer ltat psycho-logique (par rapport ltat de chose spcifi dans le contenu propositionnel).

____

(croyance+ )

(vrit prsuppose)

DCLARATIFS:

Bndiction, excomunication, baptme, arbitrage dun hors-jeu de lavant-centre, pari sur un trois sans atout (annonce au bridge), verdict de culpabilit, dclaration de guerre

Provoquer la vrit de leur contenu propositionnel

Direction dajustement double.

(+institution extra-linguistique: statuts respectifs bien spcifiques)

Actes de langage indirects: procdure de drivation (Searle 1975)

Dans un acte de langage indirect, le locuteur ralise un acte illocutoire primaire, par lintermdiaire dun acte secondaire, tout en ayant lintention que ce soit son intention de raliser lacte primaire qui soit reconnue par linterlocuteur.

La demande linterlocuteur, de passer le sel (au locuteur) peut ainsi tre ralise parplusieurs types de phrases:

1. Par une phrase (surtout interrogative) concernant la capacit de linterlocuteur passer le sel: Pouvez-vous me passer le sel?2. Par une phrase concernant le dsir/ la volont du locuteur que linterlocuteur lui passe le sel: Jaimerais que vous me passsiez le sel, Je voudrais que vous me passiez le sel

3. Par une phrase (ventuellement interrogative) concernant lexcution de laction par linterlocuteur: Allez-vous (bientt) me passer le sel?, Vous me passerez le sel ,

4. Par des phrases concernant le dsir/le consentement de linterlocueur dexcuter laction: Voulez-vous me passer le sel? Cela vous drangerait-il de me passer le sel?

5. Par des phrases concernant les raisons de linterlocuteur dexcuter cette action: Vous devriez me passer le sel, pourquoi ne pas me passer ce sel? Ne vaudrait-il pas mieux que vous me passiez ce sel?

6. Par des phrases enchssant lun de ces lments dans un autre, voire par des phrases enchssant un verbe directif explicite dans lun de ces contextes: Jespre que (2) vous mobligerez en me passant le sel (3), Pourrais-je vous demander (condition prparatoire du locuteur: varit de (1) donc, o est enchss le verbe illocutoire explicite) de (bien vouloir (4)) me passer le sel?

Comment linterlocuteur recouvrira-t-il lintention illocutionnaire du locuteur, dans tous ces cas-l? la faveur d informations darrire-plan mutuelllement partages, tant linguistiques que non linguistiques, ainsi que grce ses propres capacits gnrales de rationalit et dinfrence (Searle 1975: 60-61). La thorie des actes de langage (notamment les conditions de satisfaction des actes), dune part, et le principe de la Coopration de Grice (et les maximes de rgulation conversationnelle qui en drivent), de lautre interviennent, conjointement aux informations darrire-plan, dans la modlisation searlienne de drivation de lacte primaire partir dun acte secondaire.

La procdure de drivation de la demande de passer le sel, partir dune phrase interrogeant la capacit de lauditeur accomplir cette action, comporterait ainsi dix tapes: (1) lidentification de lacte littral (acte secondaire: en loccurrence, la question de savoir si lauditeur a la capacit de passer le sel au locuteur); (2) lactualisation de lhypothse dobservation trs gnrale, dune conversation cooprative (lnonc du locuteur doit donc avoir un objet, un but); lactualisation dinformations darrire-plan conversationnel qui invalident linterprtation littrale: (3) labsence dindices dun intrt thorique (du locuteur) portant sur la capacit de linterlocuteur (le sujet interprtant) performer laction , et (4) la probabilit (trs haute) de lhypothse selon laquelle le locuteur connat dj la rponse la question littrale (rponse affirmative); (5) linfrence du caractre vraisemblablement non littral de lillocution; (6) lactualisation, titre de prmisse de raisonnement, dune proposition ressortissant au bagage cognitif des participants au dialogue, en loccurrence, lune des conditions prparatoires des actes directifs (la capacit de linterlocuteur performer laction dsire par le locuteur), et (7) lidentification de lacte littral comme question portant sur la satisfaction de cette condition; partir de (7), et de (8) (actualisation dinformations darrire-plan lies au scnario ), infrence de (9) (la question sur la satisfaction de la condition prparatoire de lacte directif reprsente une allusion la satisfaction des conditions dobissance de cet acte); (10) infrence du but illocutionnaire actuel (en labsence dautres buts plausibles), partir des tapes (5) et (9).

Dans le mme article, Searle formule quatre gnralisations censes rendre compte des relations systmatiques entre forme des phrases et type illocutoire directif de celles-ci.

Le locuteur peut faire une demande indirecte en:

En demandant si/ en affirmant quune condition prparatoire (la condition concernant la capacit de linterlocuteur daccomplir laction dsire par le locuteur) est satisfaite;

En demandant si/ en affirmant que la condition de contenu propositionnel (action future performe par linterlocuteur) est satisfaite.

En affirmant que la condition de sincrit est satisfaite.

En affirmant que/ en demandant si linterlocuteur a de bonnes raisons (ou des raisons dterminantes) dexcuter laction dsire par, soit objectives, soit subjectives (son dsir/ consentement/ bon vouloir mme).

Thorie logique de lillocutoireLa thorie des actes de langage devient une thorie de lengagement illocutoire (Searle et Vanderveken 1985), qui intgre dsormais une thorie de lnonciation et de ses effets (Vanderveken 1988). La formalisation logique de la thorie non seulement continue oprer la distinction entre proprits tant reprsentationnelles quactionnelles des illocutions: limmense majorit des actes sont en effet constitus dune force prdique dun contenu propositionnel, la premire correspondant la fonction proprement parler actionnelle de lnonc, et le second, la fonction reprsentationnelle de celui-ci mais met en vedette les relations entre les deux types de proprits/ fonctions.

Le contenu propositionnel dun acte est envisag comme une proposition qui reprsente (au sens fort du terme) les conditions de satisfaction de celui-ci: en effet, le contenu propositionnel dune demande de faire quelque chose est la proposition qui reprsente lauditeur faisant cette chose ( cause justement de la demande). Or, toute demande est satisfaite si laction saccomplit.

Quant la notion de force illocutoire, elle est explicitement pose comme notion drive, donc comme combinaison de plusieurs lments: (a) le but illocutoire, qui dtermine galement la direction dajustement de lnonciation (cinq types de buts illocutoires sont retenus, comme prcdemment(cf. taxinomie des actes in Searle 1979/ 1982) : assertif, commissif, directif, dclaratif et expressif), (b) le degr de puissance (lintensit de la force mise au service du but, qui est fonction de lengagement du locuteur, et qui est gnralement identique lintensit de lattitude exprime (degr de puissance du but = degr de puissance de la condition de sincrit voir infra (7)): une requte et un ordre diffrent, entre autres, quant leurs degrs de puissance; (c) le mode daccomplissement (prire: expression humble/ requte: option de refus ouverte linterlocuteur/ commandement: option de refus prsente comme ferme, position dautorit du locuteur invoque lors de lnonciation); (d) les conditions de contenu propositionnel (exprimes en franais par des contraintes syntaxiques sur les formes grammaticales); (e) les conditions prparatoires (prsuppositions du locuteur, distinguer des prsuppositions au sens strict, lies au contenu propositionnel de lnonciation, et indpendantes de sa force); (f) les conditions de sincrit (ltat psychologique conventionnellement associ laccomplissement dun acte (vs rellement possd par le locuteur)); (g) le degr de puissance des conditions de sincrit (marqu loral par lintonation, et lcrit, par des adverbes comme sincrement, franchement, etc.; les actes de demander et dimplorer, partagent le but directif, ainsi que la condition de sincrit (tat psychologique de dsir), mais diffrent quant au degr de puissance de cette dernire (moindre pour la demande)).

Une force illocutoire nest cela dit pas la simple addition de ses sept composantes (six selon Vanderveken 1988), car celles-ci ne sont pas indpendantes les unes des autres: le but dclaratif dtermine en effet la condition prparatoire du locuteur (autoris raliser ltat de chose reprsent par le contenu propositionnel par sa seule nonciation), etc.

Force primitive/ forces drives

Les forces assertive, commissive, directive, dclarative et expressive correspondant aux cinq types de buts reprsentent les cinq forces primitives, les plus simples possibles, pourvues uniquement de but, dun degr de puissance neutre, et des conditions prparatoires, sur le contenu propositionnel et de sincrit que ce but dtermine; toutes les autres forces illocutoires en sont drives, par des oprations dajout de conditions (sur le contenu propositionnel, prparatoires et/ou (selon le cas) de sincrit), daugmentation ou baisse de degr de puissance du but, ou encore de restriction du mode daccomplissement du but (Searle et Vanderveken 1985: 51; 60-70). Voir le graphe ci-dessous, qui relie des forces illocutoires de mme but (directif):

+mode daccomplissement spcifique (consistant donner option de refus linterlocuteur)

Force directive primitive( demande

+ condition sur le contenu propositionnel (acte de discours futur de linterlocuteur, dirig vers le locuteur original)

( question

+baisse du degr de puissance du but

( suggestion+condition prparatoire (action future bonne (ON-dsirable))

( recommandation

Rfrences minimales (en attendant le cours de pragmatique):

Austin, John Langshaw (1970) Quand dire, cest faire, Paris, Seuil.

Searle John R. (1972 /1969) Les actes de langage, Paris, Hermann,.

Searle, John R. (1982) Sens et expression, Paris, Minuit.

Searle John R. et Daniel VANDERVEKEN (1985) Foundations of Illocutionary Logic, Cambridge, Cambridge U.P., 1985.

Vanderveken, Daniel (1988) Les Actes de discours, Bruxelles, Mardaga.

Ghiglione Rodolphe & Alain Trognon (1993) O va la pragmatique? De la pragmatique la psychologie sociale, Grenoble, Presses Universitaires.

2.1. Lassertion. La phrase dclarative.

2.1.1. Syntaxe de la phrase dclarative: phrase dclarative ou phrase affirmative?

La ngation tant regroupe, en grammaire gnrative-transformationnelle standard, comme type de phrase optionnel (forme de phrase), avec le passif, limpersonnel, lemphase, le type dclaratif sera directement envisag en tant que type obligatoire affirmatif (affirmation, oppose linterrogation et limpratif: Le serpent mordit Jacques Frron). Dans cette acception donc, aussi contre-intuitif que cela puisse paratre, laffirmation nest pas oppose la ngation: les phrases ngatives peuvent fort bien pouser le contour prosodique affirmatif (Le serpent ne tua pas Jacques Frron).Nous avons fait tat prcdemment de nos rserves sur cette option mtalinguistique (1.4. supra), aussi nous bornerons-nous ici un rapport neutre de la thorie prsente.

Le constituant affirmatif se rcrit obligatoirement par le constituant Intonation affirmative (abrviation Intonaffir), distincte, par hypothse, des intonations interrogative et imprative.

Const+P

Const

Affir

Affir

Intonaffir

Intonaffir+P

P SN +SV

Intonaffir+SN +SV(structure profonde)

Le changement structurel, au passage de la structure profonde la structure de surface, dans le cas de la phrase affirmative (active non emphatique) se rduira au dplacement du constituant Intonaffir en fin de squence:

Intonaffir +SN +SV (structure profonde) SN +SV + Intonaffir (structure de surface).

TaffLa transformation affirmative ainsi formule est postule pour rendre compte de lhypothse fondamentale du modle, la distinction entre structure profonde et structure de surface, mme en labsence de diffrences directement observables en termes de contour prosodique marqu et/ou en termes de lordre des lments terminaux (mots): il ny a donc plus de rcriture directe de la phrase de base (affirmative active non emphatique).

Dautre part, le dplacement droite du constituant affirmatif (Intonaffir) rendrait compte du traitement prosodique caractris en fin de syntagme prosodique maximal, donc concernant au premier degr la fin de la squence linaire (linarise). Cette corrlation reste cependant sujette caution, dans la mesure o, bien que le contour assertif soit, en franais du moins, descendant, les donnes prosodiques concernent lensemble de la phrase, et non seulement sa fin.

2.1.2. Smantique de la phrase dclarative.Le constituant affirmatif est interprt comme une assertion dont P est le noyau (comme une assertion dont P est le contenu propositionnel, en termes de la thorie des actes de langage).

Lassertion exprime lattitude de croyance du locuteur la vrit de ltat de chose dcrit par son nonc (Thorie des actes de langage).

En termes de pragmatique infrentielle (Thorie de la Pertinence), lassertion exprime une relation descriptive entre la pense du locuteur et un tat de chose du monde ou, en termes plus toffs: la forme propositionnelle de lnonc dune phrase dclarative interprte (littralement) une pense du locuteur qui est la description dun tat de chose rel. Du point de vue de la hirarchie informationnelle, le constituant affirmatif permet linterprtation du sujet de lassertion (de) P comme topique (de cette assertion), et du syntagme verbal comme commentaire, ainsi que linterprtation des autres syntagmes nominaux (complments) comme non-topiques.Ces faits permettent de dfinir la relation entre phrase active et phrase passive: la transformation concernant le marqueur sous-jacent de modalit Affir (en bref: la transformation affirmative) a lieu aprs la transformation concernant le marqueur sous-jacent de Passif (ou: transformation passive), aussi le sujet de la phrase passive (complment de la phrase active correspondante) sera-t-il interprt comme topique de lassertion que fonde le constituant Affir (cest--dire: de lassertion qui est linterprtation smantique du Constituant Affir):

Le serpent mordit Jacques Frron [Topique: serpent, Jacques Frron ( commentaire] Jacques Frron fut mordu dun serpent [Topique: Jacques Frron, serpent ( commentaire].

Cf. Dubois et Dubois-Charlier 1970, chap. XV.

Des notions corrlatives proches mais (minimalement) distinctes.

Bien que souvent, dans la littrature, les notions de topique et de thme, et respectivement, de commentaire et de propos (ou: rhme), soient entendues comme synonymes, et comme instanciant en quelque sorte ou bien la relation sujet/ prdicat, ou bien la relation information donne/ information nouvelle, une mise au point cet gard simpose. Les critres oprationnels pour la discrimination de ces couples notionnels restent minimalement distincts. Topique (ce qui est mis en position frontale, ce qui est annonc en premier lieu par le locuteur)/ commentaire(ce qui est introduit aprs introduction du topique): distinction syntaxique (positionnelle).

Thme (objet du discours)/ propos (ce quen dit le locuteur): distinction fonctionnelle (structure fonctionnelle (= interprtative) des noncs vs structure formelle des phrases).

Sujet/ prdicat: distinction grammaticale (fonctions grammaticales) et logique (sujet: terme particulier, prdicat: terme gnral (Strawson)). Les fonctions grammaticales ne recoupent pas systmatiquement les catgories logiques correspondantes: il existe des sujets grammaticaux qui nont pas la smantique des termes particuliers (tels les noms en emploi gnrique Les castors sont des mammifres, Lhomme est mortel), et il existe des phrases dont les prdicats logiques ne sont pas analyss (du moins pas en grammaire normative scolaire) comme des prdicats grammaticaux, ntant pas raliss par des squences qui comportent des verbes, mais par des adjectifs (Lhomme est mortel: prdicat grammatical est mortel, o ladjectif mortel est analys come attribut du sujet; prdicat logique MORTEL), par des noms Anne est linguiste: prdicat grammatical est linguiste, o le nom linguiste (en usage non rfrentiel labsence darticle en tmoignant) est analys come attribut du sujet; prdicat logique LINGUISTE) ou des prpositions(Le piano est dans le bureau: prdicat grammatical est (sous analyse existentielle forte des situatifs), ou est dans le bureau (sous lanalyse copulative); prdicat logique DANS, deux arguments internes slectionns: le piano et respectivement le bureau. Information donne (ancienne)/ information nouvelle: distinction cognitive.

Cf. Moeschler & Reboul (1994) : 456-458.

Typiquement, en franais, les sujets sont des Thmes, les Thmes sont des Topiques, et Topiques et Thmes participent de linformation donne (rfrents dj introduits dans le discours), ce pourquoi ce sont (ou, pour les Topiques, ils comportent), le plus souvent, des syntagmes nominaux dfinis.

Un nonc tel Un serpent mordit Jacques Frron sera donc (toutes choses gales par ailleurs) moins acceptable que sa contrepartie sujet dfini Le serpent mordit Jacques Frron.

2.2. Linterrogation. La phrase interrogative.

Typologie syntaxique des phrases interrogatives:

Interrogation totale (=questions oui-non)/ interrogation partielle (= questions QU-)/ interrogation alternative (cas particulier: interrogation alternative polaire) = questions disjonctives nommes ainsi en raison de la prsence de la conjonction de coordination disjonctive ou).

Ces classes dfinies la fois en fonction des rponses attendues et selon leurs particularits formelles restent cela dit affaire dinterprtation (au gr des analyses linguistiques) et de degr (dans la pratique textuelle/ discursive):

analyse de linterrogation totale comme cas particulier (rduction dune) question alternative polaire

analyse des questions disjonctives (polaires ou non polaires) comme coordination de questions totales (combinatoire libre vs sous-type interrogatif),

Questions totales fonction/ interprtation de question partielle: Penses-tu quelquun de particulier?/ qui penses-tu? (une rponse oui ce type de question de forme oui/non est ressentie comme insuffisante),

etc.

Nous les tiendrons cela dit pour acquises, aux fins de la slection des exemples de phrases interrogatives et lors des analyses menes le long de ce mmoire.

Interrogation directe (phrase racine)/ interrogation indirecte (discours rapport au style indirect: phrase enchssement). Indirection syntaxique.

Cumul de types de phrases: interro-exclamatif, interro-ngatif, interrogation emphatique (interro-emphatique dans Dubois et Dubois-Charlier 1970: 209).

Typologie smantico-pragmatique des questions:

Question appel dinformation

Questions factuelles (concernent ce qui est le cas; rponse vise: phrase assertive) vs questions dlibratives (concernent ce qui doit/ peut tre fait, non ce qui est le cas; rponse vise: phrase imprative)

Question appel de confirmation[actes de langage directs]

Question-requte

Question-cho

Question rhtorique

Question-offre

Questions commissives (question-promesse, question-menace)

Question-reproche

N.B. La notion de question dclarative est entendre dans une logique de formants: ce sont les questions oui/non marques par la seule intonation (ponctuation lcrit), et, de ce fait, formellement les plus proches des phrases dclaratives correspondantes.

[actes de langage indirects: indirection pragmatique]

2.2.1. Interprtation de la phrase interrogative: question appel dinformation (valeur prototypique): le locuteur ignore la rponse. Exemples: tes-vous son pre? Qui tes-vous? question-cho(valeur marginale, non prototypique): on naura pas bien entendu, on veut se faire rpter/ prciser une partie de lnonc de linterlocuteur. Exemple:

A: Je vais fermer la fentre.

B: Tu vas faire quoi? (intonation montante sur quoi)2.2.2. Syntaxe de la phrase interrogative. Sous-types.A. Interrogation totale/ interrogation partielle Interrogation totale (sans mot interrogatif; questions fermes: alternatives pistmiques en nombre fini: rponse vise oui/ non): Est-il encore l? (Oui, il est l/ Non, il nest plus l).

Interrogation alternative ( coordination disjonctive dlments: Prfrez-vous la mer ou la montagne? (alternatives pistmiques en nombre fini dcrites (encodage conceptuel rponses vises oui/ non (choix de lune des alternatives dcrites dans la question), analyse syntaxique: question multiple (coordination de CP interrogatifs) : Je prfre la mer/ Je prfre la montagne); Me prenez-vous pour un imbcile ou le faites-vous exprs? (rponses vises(toutes choses gales par ailleurs): Je vous prends pour un imbcile/ Je le fais exprs; aucune de ces deux rponses ntant socialement admissible, cette question alternative fonctionnera pragmatiquement comme un acte, particulirement agressif, de remise en cause des faits et/ ou dires de linterlocuteur); interrogation alternative polaire(alternatives pistmiques en nombre fini rponses vises: si/ non) : Aimez-vous la mer ou ne laimez-vous pas/ ou non? / ou pas? Rponses: Si, je laime/ Non, je ne laime pas); analyse syntaxique: question multiple (coordination de CP interrogatifs), non = adverbe pro-phrase (substitut dune phrase). Interrogation partielle ( mot interrogatif (qu-); questions ouvertes: alternatives pistmiques en nombre in(d)fini): Qui est l?(Cest Paul/ Sylvie/ ).

Syntagme qu-: focalis (=foyer dinformation nouvelle), liant une variable (souligne dans les exemples ci-aprs) dont la rponse fixera la valeur, au cas par cas. Le reste des lments de la phrase interrogative ressortissent aux informations prsupposes (=dj acquises).

Qui est l?/ prsuppos: quelquun est l.

O est-elle?/ prsuppos: elle est quelque part.

Des notions corrlatives proches mais (minimalement) distinctes.

Information donne (ancienne)/ information nouvelle: distinction cognitive.

Focus (foyer dinformation nouvelle)/ prsuppos(information partage par le locuteur et linterlocuteur): distinction cognitive et nonciative.

B. Interrogation directe/ interrogation indirecte: Interrogation directe: phrase indpendante, courbe intonatoire spcifique, et se terminant, lcrit, par un point dinterrogation. Pourvue de valeur et de fonction interrogative. Est-il encore l?/ Qui est l? Interrogation indirecte(discours rapport en style indirect): subordonne compltive, enchsse sous un verbe principal qui marque conceptuellement (= descriptivement) la valeur interrogative (mais pas la fonction: suspendue, elle, la faveur de la subordination): Je me demande si Paul arrivera ce soir. Je ne sais pas qui arrivera le premier. Noter que la valeur interrogative est galement indique par llment introducteur (si: questions totales/ qu-: questions partielles).C. Interrogation comme acte de langage indirect (stratgie communicative): Je ne trouve pas ce livre (comparer cette assertion la question appel dinformation : O est ce livre?). questions ralises par le truchement de phrases dpourvues de toute marque linguistique indicative de la force ou de la valeur interrogative (indirection pragmatique vs indirection syntaxique). Quen est-il des assertives incompltes intonation suspensive (on en trouve dexcellentes illustrations dans le dialogue entre le directeur de lhtel et le personnage camp par Julia Roberts dans Pretty Woman). Faut-il y voir un cas dindirection pragmatique (acte de question ralis par le truchement dune assertion), comme le suggre la GALR (II, p. 44), ou bien plutt un patron moins typique (=marginal) de phrase interrogative? Le cas chant, faudrait-il y voir une interrogative totale ou bien une interrogative partielle? Puisque largument vide ouvre un espace dalternatives pistmiques autres que oui/non (dans lexemple ci-avant, largument vide voque un paradigme relationnel (relations de parent ou socio-amicales: sa petite amie, sa femme, sa fille, sa fiance, sa nice, etc.)).

Lintonation suspensive et le caractre incomplet de la forme propositionnelle de ces noncs (non rductible en termes dellipse) sont-ils suffisants pour les exclure du domaine des assertions (comme type de phrase)? Le cas chant, on peut choisir soit (1) dy voir des faits de performance sans incidences pertinentes sur lanalyse des faits de langue (facteur dcisif sous cette analyse: lincompltude entendue comme tant lorigine de lintonation suspensive qui vaut demande de dire), soit (2) (alternativement) de les analyser comme instances dune varit de phrases interrogatives marques par la seule intonation (des interrogatives dclaratives incompltes: incompltude greffe sur une phrase dpart interrogatif.2.2.3. Syntaxe de la phrase interrogative. Ralisateurs (marqueurs).

2.2.3.1. Interrogation totale.2.2.3.1.1. Interrogation totale directe. Intonation ascendante suspensive (sans modification aucune dans lordre des mots): Il est toujours l, votre mari? (comparer : Il est toujours l, votre mari intonation dclarative descendante).

Et inversion du sujet:

Inversion simpledu sujet clitique: (trait dunion oblig: Es-tu encore l?; insertion dun -t- euphonique aprs un verbe finissant en voyelle: A-t-il compris? Parle-t-elle toujours aussi fort?); inversion de je: systmatique au futur et au conditionnel (dirai-je, pourrais-je, ); rare aprs le prsent de lindicatif (liste ferme: ai-je, suis-je, sais-je, fais-je, dis-je, dois-je, puis-je, vais-je, veux-je, vois-je; viter aprs dautres monosyllabes: *cours-je, *mens-je, *pars-je, *sors-je, ).

Inversion complexe: (trait dunion oblig entre verbe et clitique sujet, comme il en va de linversion simple; pas de pause-virgule aprs le sujet non clitique en tte de la phrase: Paul est-il encore l? [sujet: syntagme nominal qui consiste en un nom propre], Le plombier est-il encore l? [sujet: syntagme nominal dfini (DP dont la tte est larticle dfini leD) nom substantif (plombierN (= NP)), introduit en syntaxe comme complment (=sur) de larticle dfini tte du syntagme DP)], Celui-l tait-il dj parti? [sujet: pronom dmonstratif non clitique]; Quelquun a-t-il une question poser? [sujet: pronom indfini]; noter que cette dernire question est lquivalent fonctionnel dune question partielle sur le sujet: Qui a une question poser?). Et Est-ce que (version interrogative du prsentatif cest que+ structure phrastique): Est-ce que Paul est l?

2.2.3.1.2. Interrogation totale indirecte.

Aprs si: Je ne sais si le docteur viendra

Inversion du sujet clitique bloque (inversion simple ou complexe): *Je ne sais si viendra-t-il, *Je ne sais si le docteur viendra-t-il Inversion (simple) du sujet non clitique bloque: *Je ne sais si viendra le docteur.

Les questions caches (savoir si...) sont un argument de choix lanalyse selon laquelle le complmentiseur peut exprimer (indiquer) lui seul la valeur interrogative de la subordonne (marqueur indicatif vs descriptif): Je sais sil est venu (mais je ne veux pas vous le dire)2.2.3.2. Interrogation partielle.

2.2.3.2. 1. Interrogation partielle directe.

Intonation ascendante suspensive optionnelle. Le plus souvent: intonation descendante ( linstar des phrases dclaratives correspondantes), aprs une monte sur le mot interrogatif (porteur de laccent focal). Dans ce second cas de figure, selon lanalyse gnrative-transformationnelle standard, lintonation ne serait plus gure un marqueur actuel de linterrogation.

Mot interrogatif & inversion du sujet:

Inversion simpledu sujet clitique (trait dunion oblig: Que disait-il? Qui cherchez-vous? Qui est-ce?), Inversion simple du sujet non clitique (pronominal ou nominal) sans trait dunion: Que disait celui-l? Que disait cet homme? Quand est parti Jean (pour Londres)?).

Inversion complexe: Quand Paul repartira-t-il?

Mot interrogatif & est-ce que: Quand est-ce que Paul repartira?+humain-humain+sujet-sujet

Qui (est-ce)Qu(est-ce)quique

Qui [+humain] est-ce que [-sujet] tu as rencontr? Qu [-humain] est-ce que [-sujet] tu racontes?

Qui [+humain] est-ce qui [+sujet] veut encore partir? Qu[-humain] est-ce qui [+sujet] arrive?

Inversion (simple) du sujet clitique/ inversion (simple) du sujet non clitique: distributions distinctes ((structures syntaxiques bien diffrentes!)

Inversion simple du sujet clitiqueInversion simple du sujet non clitique

() Verbe +TEMPS - clitique sujet ()

Formes complexes: auxiliaire verbe +TRAITS SMANTIQUES PURS sujet non clitique ()

Formes complexes: participe pass, infinitif

2.2.3.2.1.1. Cas particuliers.2.2.3.2.1.1.1. Inversion exclue: mot qu- sujet (qui: Qui la dit?).

{Pas dinversion: variante prfre/ inversion complexe: variante permise}: mot qu- ( sujet (combien de, quel, lequel de(s)).

Combien de gens lont vu? Quel tmoin a vu laccus? Quelle folie avait pris Clmence? Lequel de ces enfants a vu laccus? Lequel de ses romans vous parat le meilleur? [variantes prfres exemples (et sanction normative) emprunts Hanse 1991 : 526]

Combien dentre vous lont fait (+ lont-ils fait),

Quelle rage de vivre et de dominer lavait-elle soutenue? (Druon),

Laquelle de ces deux Mathilde () emporte-t-elle la sympathie dAlinor? (Pernoud) [variantes permises exemples (et sanction normative) emprunts Hanse 1991 : 526-527]

2.2.3.2.1.1.2. Inversion simple oblige:

Mot qu- attribut (Qui tes-vous?, Qui est cet homme? Quelle sera votre dcision?) ou ( attribut (Quelles gens tes-vous? Quelles gens sont les Dupont?)

Sujet= SN [+humain]Attributs du sujet en variation libre:

Qui / QuelQui est cette femme?Quelle est cette femme?

Sujet= pronom personnel [+personne, (locuteur]Attribut du sujet choix contraint:

Qui/ *Quel(le,s):Qui suis-je?

Qui sommes-nous?

Qui es-tu?

Qui tes-vous? *Quel suis-je?

*Quels sommes-nous?

*Quel es-tu?

*Quels tes-vous?

Sujet= SN [-humain]Attribut du sujet choix contraint:

*Qui/ Quel*Qui est cette voiture?Quelle est cette voiture?

Attribut du sujet +qu

Interroger sur la qualit

Que suis-je?

Que devient-elle?

Interroger sur lidentit

Qui suis-je?

Qui est-elle? Qui est cette femme?

QueCOD (Que disent-ils? Que veulent ces gens? Que vont dire ces gens?)

O est + SN (O est votre guitare? O avait t votre guitare?)

2.2.3.2.1.1.3. Inversion complexe oblige:

Ngation excluant linversion simpledu sujet non clitique: Depuis quand votre ami ne dort-il plus?/ *Depuis quand ne dort plus votre ami? Comparer : Depuis quand votre ami dort-il? OKDepuis quand dort votre ami? Depuis quand sest endormi votre ami? Ngation & mot qu- ( sujet(ngation excluant labsence dinversion): Combien de ne pas (Combien dentre vous ne lont-ils pas fait?), Quel ne pas (Quels tudiants nont-ils pas compris lexplication?).

Pourquoi, En quel sens excluant linversion simple du sujet non clitique: *Pourquoi rient les enfants?/ OKPourquoi les enfants rient-ils? *En q