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Déglutition et Troubles d’Inhalation Traitement masso - kinésithérapeutique François Debsi Masseur – kinésithérapeute CH Le Mans

Déglutition et Troubles d’Inhalation

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Page 1: Déglutition et Troubles d’Inhalation

Déglutition et Troubles d’Inhalation

Traitement masso - kinésithérapeutique François Debsi Masseur – kinésithérapeute CH Le Mans

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Pneumopathies d’inhalation

La Présentation 3 * La définition * L’anatomie * La physiologie * La pathologie 4

Les Voies Fonctionnelles d’inhalation 4 * Les deux voies de passage * La voie de passage pour la ventilation 5 * La voie de passage pour la déglutition * La problématique 7

La Dysphagie 7 * La définition * L’évaluation * Les bilans pour le kinésithérapeute 9

Rééducation masso - kinésithérapeutique 10 Les exercices analytiques * Le contrôle respiratoire et laryngé * Le contrôle postural de la tête et du cou * La mobilité de la langue et du voile du palais 11 * L'ouverture et la fermeture de la bouche (articulation temporo-mandibulaire) * La mobilité de l’os hyoïde 13 * L'élévation du larynx 15

Les exercices fonctionnels 16 * La manœuvre de protection * La manœuvre de vidange

Les protocoles

Les postures 17 * La flexion cervicale antérieure * La rotation de tête * L’inclinaison latérale cervicale

Les situations cliniques 18 * La difficulté d’ouverture buccale * La paralysie faciale * L’atteinte de la fonction linguale * La déficience du sphincter buccal postérieur * Le réflexe de déglutition ralenti ou absent * Le trouble du péristaltisme pharyngé * La stase dans les vallécules épiglottiques * Le trouble de l’étanchéité du vestibule laryngé * Le déficit d’ouverture du sphincter supérieur de l’œsophage

Les précautions 19 * L’aspiration * La manœuvre de Heimlich

Conclusion

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Déglutition et Troubles d’Inhalation La Présentation * La définition

La déglutition est le mécanisme qui permet la préhension des aliments, leur préparation dans la bouche, puis leur propulsion de la bouche vers l’estomac. La déglutition, physiologiquement, assure la protection des voies respiratoires en évitant toute stagnation de corps étrangers dans le pharynx (résidus alimentaires pendant ou en dehors des repas, sécrétions nasales, salive, mucus bronchique, régurgitations, reflux gastro-oesophagien - RGO -, vomissement, mérycisme psychiatrique). (1) * L’anatomie

1. bouche 2. palais dur 3. oro-pharynx 4. larynx 5. langue 6. naso-pharynx 7. épiglotte 8. laryngo-pharynx

* La physiologie

La déglutition est une activité sensori-motrice physiologique, produite en permanence . pour gérer la salive, en dehors du repas (1500 à 2000 déglutitions par jour) . pour assurer la nutrition et l’hydratation des dizaines de fois pendant un repas. Elle se déroule en quatre temps A. Fermeture antérieure de la cavité buccale B. Fermeture postérieure de la cavité buccale C. Fermeture vélo - pharyngée D. Fermeture laryngée et mécanisme d’expulsion

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* La pathologie

Un trouble de la déglutition est une difficulté du transfert de la nourriture de la bouche vers l’estomac en passant par le pharynx et l’œsophage. Cette difficulté à avaler a pour conséquence la « fausse route ».

Les Voies Fonctionnelles d’inhalation * Les deux voies de passage

Les passages de l’air et des aliments se font par des voies très proches ou parfois communes. Le pharynx est une zone anatomique commune aux passages qui communique avec la bouche (oro - larynx), avec le nez (naso - pharynx), avec le larynx (laryngo - pharynx). La bouche est une zone où l’air ne passe normalement pas au repos mais qui permet le passage en cas de besoin (effort physique ou récupération ; phonation).

Conséquences de la « fausse route » :

- étouffement - infections des voies aériennes

La destination idoine de l’air est le poumon. La destination obligée de l’aliment est l’estomac.

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L’épiglotte ouvre le passage vers la trachée, l'air s'engage dans le larynx situé au niveau de la gorge, et se dirige vers les poumons. Le larynx s'élève et le tampon graisseux pharyngien pousse passivement sur l'épiglotte, ce qui ferme le conduit aérien qu'est la trachée. L'épiglotte fermée, la nourriture (solide ou liquide) s'engage au niveau du pharynx, et déclenche le réflexe de déglutition. La nourriture se dirige vers l'œsophage * La voie de passage pour la ventilation

La ventilation est l’action qui permet le passage de l’air des voies aériennes supérieures (nasales, laryngée, trachéale) jusqu’aux alvéoles du poumon.

Physiologiquement elle est un instant contrôlée pendant la déglutition. La ventilation est arrêtée pendant la déglutition par : . une apnée réflexe (inhibition activée aux centres pneumotaxique et apneustique du tronc cérébral) . une fermeture du larynx (descente de l’épiglotte).

En cas de perte de performance ou d’incident (« avaler de travers »), une toux de défense peut réorienter l’aliment à déglutir vers l’œsophage. Le réflexe de la toux est semblable à celui de l'éternuement, sauf qu'il est initié par l'irritation du larynx ou des bronches (information transmise à la médulla par le nerf vague - dixième nerf crânien). Les bronches se contractent fortement pour que l'expulsion de l'air les nettoie au mieux. Le voile du palais n'est alors pas rabaissé pour que l'air soit principalement expulsé par la bouche.

Cette toux pour être efficace doit atteindre un débit de pointe supérieur à 160 litres par seconde (vitesse de 150 à 400 km/heure). * La voie de passage pour la déglutition

La déglutition est l'acte qui permet aux aliments liquides ou solides mâchés et imbibés de salive, d’être portés de la bouche, à travers le pharynx, dans l’œsophage. Le passage par ces différentes zones se fait en trois phases (nerf sensitivo – moteur glosso-pharyngien IX, hypoglosse XII et nerf pneumogastrique X pour la mobilité du larynx).

1/ la phase orale (volontaire) Les aliments entrent dans la bouche où ils sont préparés (mastication, salivation). Ils sont rassemblés par les parties molles sur le dos de la langue, qui les fait glisser entre elle et le palais vers l'orifice du gosier. Le bol alimentaire, en touchant le voile du palais provoque un mouvement qui porte toute la partie inférieure du gosier vers la bouche.

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En même temps, le voile du palais se porte en arrière au - devant du pharynx, qui s'avance vers lui. Ce mouvement ferme tout accès dans les fosses nasales et empêche la moindre parcelle du bol d'y pénétrer.

2/ la phase pharyngée (automatico - réflexe) Le voile du palais, en reculant, ouvre l'orifice postérieur de la bouche. La partie inférieure du pharynx se présente à cet orifice et vient former une sorte d'entonnoir béant dans lequel le bol alimentaire glisse de la cavité buccale. Le larynx remonte vers la bouche, la glotte est passée sous la base de la langue. Ce mouvement rabat l'épiglotte comme une soupape pour fermer le canal aérien. Le pharynx s'abaisse après le passage du bol alimentaire. Le larynx redescend, la glotte se relâche, l'épiglotte se relève. La voie aérienne redevient opérationnelle. L'acte de la déglutition est achevé. Il aura duré autour d’une seconde (phase pharyngée ≤ 1 seconde).

3/ la phase œsophagienne (réflexe) Cette étape réflexe débute à l’ouverture du sphincter oesophagien et se poursuit par péristaltismes.

Phase orale : - apport des aliments à la bouche - préparation du bol alimentaire - propulsion du bol alimentaire

Réflexe de déglutition : - élévation du voile du palais - apnée, recul de la langue - péristaltisme pharyngé - abaissement de l’épiglotte - fermeture et ascension du larynx

Phase oesophagienne : - migration du bolus vers l’œsophage - ouverture du larynx

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* La problématique

Les deux voies fonctionnelles se croisent au niveau de l’oro - pharynx. Une déglutition sans troubles nécessite : - une musculature efficace (langue, muscles péri-hyoïdiens et temporo-mandibulaires)

- un bon fonctionnement des organes connexes à la langue et au pharynx - une coordination motrice correcte entre tous les éléments.

La Dysphagie * La définition

La dysphagie est un trouble de la déglutition lié à la difficulté du passage des aliments de la bouche vers l'estomac (difficulté à manger occasionnée par une gêne au cours de la déglutition ; dysphagie œsophagienne, dysphagie oropharyngée…). Les causes sont multiples : - étiologie mécanique (tumeur, ulcère, sténose, achalasie ou absence de relâchement du sphincter oesophagien) - étiologie neurologique et neuro - vasculaire (SLA, maladie de Parkinson, paralysie des nerfs crâniens, infirmité motrice cérébrale; AVC, traumatisme crânien) - étiologie iatrogène (intubation en réanimation - « effet punaise »). - dégénérescence et presbyphagie. * L’évaluation

1/ les facteurs favorisants Ils se retrouvent dans nombre de pathologies qui apportent : . des troubles de la vigilance (somnolence, fatigue) . des troubles praxiques (difficulté pour se servir, manger, mâcher ou avaler) . des troubles de la posture (hyperextension de la nuque, position allongée…) . un reflux gastro-oesophagien (premier ou favorisé par une sonde nasogastrique en place) . une mycose oro-pharyngée (douleur et hyposensibilité endo-buccale), . un mauvais état bucco-dentaire et avec des troubles masticatoires . une dyspnée sévère (temps d’apnée raccourci).

Air et aliments empruntent la même voie mais à des moments différents.

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Ils apparaissent suite à des traitements médicamenteux lors de : . une hyposensibilité endo - buccale (stomatite toxique, soins de bouche à la xylocaïne) . une sècheresse de la muqueuse (oxygénothérapie, antidépresseurs, anticholinergiques, morphiniques…) . une diminution du niveau de conscience (benzodiazépines, neuroleptiques, antiémétiques, antihistaminiques).

2/ le vieillissement physiologique La presbyphagie altère le fonctionnement de la déglutition. Lors de la phase orale, . le temps bucco - labial est ralenti (tendance à suçoter) . la force et la dynamique musculaires (langue et muscles masticateurs) sont amoindries . le mauvais état dentaire réduit l’efficacité de la mastication . les récepteurs gustatifs sont altérés (saveurs moins bien perçues).

Lors de la phase pharyngée, . le vieillissement de la musculature pharyngée perturbe la propulsion et la protection des voies aériennes supérieures.

3/ les signes d’alerte Pendant la déglutition : . fausse-route avec toux, suffocation, apnée (risque de décès) . reflux par le nez . modification de couleur des lèvres, du visage.

Après la déglutition, les signes sont plus discrets : . raclements de gorge fréquents . modification de la voix . larmoiement, rhinorrhée.

En dehors des repas : . résidus alimentaires en bouche (difficulté de prise des médicaments) . bavage, haleine fétide . retentissement respiratoire ce qui est un signe de gravité avec encombrement bronchique, pneumopathies à répétition, pics fébriles inexpliqués.

S’il y a retentissement nutritionnel, le patient perd du poids et se déshydrate.

Types ou signes de « fausses routes »

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* Les bilans pour le kinésithérapeute

1/ le test à l’eau Il permet une évaluation initiale pour le type de nutrition sur : . le risque de fausse route . l’engagement du risque vital. Au départ, demander au patient de tousser, d’ouvrir la bouche, de tirer la langue et en tirer les premières conclusions. Ensuite effectuer le test à l’eau. Enfin, donner les conclusions au médecin qui conduira les stratégies de prise en charge rééducatives.

2/ les bilans ciblés . Bilan de la sphère orale (langue, articulation temporo - mandibulaire) . Bilan de la pyramide cervicale (os hyoïde, muscles du cou, larynx, aponévroses cervicales, courbure rachidienne)

Les examens des bilans correspondent aux exercices rééducatifs.

La zone de passage entre le cou et le thorax présente de nombreux éléments anatomiques impliqués dans la déglutition.

Verre à découpe nasal

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Rééducation masso - kinésithérapeutique

Les exercices analytiques (2) L’objectif premier est le contrôle maximal de la sphère oro - bucco - faciale. L’objectif second est d’éviter, de limiter les fausses routes (contrôle partiel car le temps pharyngé est aussi réflexe). * Le contrôle respiratoire et laryngé

- les massages La manœuvre à adopter est : . la pression glissée le long des muscles superficiels de la pyramide cervicales du cou (sterno - cléïdo - mastoïdien, trapèze) . la pression statique sur la vallécule à la base de la langue, sur les masséters. . l’effleurage des muscles du visage.

- la toux : C’est un geste de défense. Il faut prendre conscience . du hemmage ou toux soufflée . de la participation abdominale pour un effort efficace et non répété.

- le temps inspiratoire L'apnée assure une protection volontaire des voies aériennes. La respiration nasale est enseignée pour prendre conscience de la participation de l’inspiration comme séquence de la déglutition. Apprendre le blocage respiratoire après une inspiration (apnée télé-inspiratoire). Maintenir la bouche fermée. . Pincer le nez et relâcher pour obtenir une ouverture réflexe des ailes du nez. . Bloquer une aile nasale, ouvrir l’autre et inspirer expirer profondément par cette voie suivie d’un blocage glottique. . Ouvrir une aile nasale pour inspirer, la refermer et expirer en ouvrant l’autre aile nasale puis inverser le mouvement. . Humer différents parfums comme on sent une fleur. - la déglutition supra - glottique Cette manœuvre va permettre une fermeture précoce et volontaire des cordes vocales, avant et pendant la déglutition. La toux finale élimine une éventuelle pénétration laryngée. Inspirer. Bloquer la respiration. Avaler. Tousser à la fin de la déglutition. * Le contrôle postural de la tête et du cou La posture cherche à diminuer les risques d'inhalation. L'objectif est de protéger au mieux l'entrée des voies respiratoires en avant, et de faciliter l'ouverture du sphincter supérieur de l'œsophage en arrière. La posture la plus adaptée place le patient assis, rachis cervical délordosé, ce qui va détendre le plancher buccal et remonter le larynx vers le pharynx.

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* La mobilité de la langue et du voile du palais

La langue est un organe composé de dix-sept muscles différents.

Action des Muscles Externes de la Langue La langue utilise le voile du palais et les dents comme points de compression pour favoriser son action. Ses rapports avec tous les éléments de la zone cervicale en font un « diaphragme pharyngé » dont le rôle est important.

L’extension de la tête (hyperlordose cervicale) rétrécit la lumière œsophagienne et rend béantes les voies aériennes d'où un risque majeur de fausse route. La flexion de la tête (délordose cervicale) reste une posture sécuritaire et facilitatrice, qui offre une meilleure protection laryngée et favorise le passage du bol alimentaire dans l'œsophage.

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Exercices linguaux : - « les points cardinaux » : pointer la langue en avant, en arrière, à droite, à gauche

- « le trot », « le galop du cheval » (lent et bruyant, « grand cheval » ; tonique, « petit cheval »)

- « le caméléon » : avancée de la langue vers le nez et retour rapide en refermant la bouche

- la pression sur le palais dur

- la goutte d’eau : dents fermées, pointe de la langue fixée en haut, régurgiter

- le léchage du plancher buccal : bouche ouverte, recul de la langue

- la stimulation phoniatrique : « Toto note le loto » (sans toucher les dents), « No », « Ni », « Nu », « Le », « Li », « Lu », « Te », « Ti », « Tu », « Titi tond ta tête ».

* L'ouverture et la fermeture de la bouche (articulation temporo - mandibulaire) L’intention de porter un aliment à la bouche anticipe le geste alimentaire et la propulsion de l’aliment. Elle nécessite une ouverture aisée de la bouche (contraction des muscles agonistes de l’ATM ; relâchement des antagonistes). L’ouverture physiologique médiane est de 2,5 cm. - Amélioration de la ventilation Reculer la mâchoire inférieure. Inspirer à fond et suivre le mouvement ventilatoire. Avancer la mâchoire inférieure. Inspirer à fond et suivre le mouvement ventilatoire. Le travail des muscles et aponévroses du cou (reliant la mâchoire inférieure à l'orifice supérieur du thorax) va sensiblement améliorer l’amplitude ventilatoire grâce aux appuis sur les os du crâne, la mâchoire inférieure, la colonne vertébrale, les clavicules et le sternum.

Ne pas forcer sur les articulations de la mâchoire Ne pas grimacer mouvements joues et lèvres

Les exercices peuvent se faire contre résistance

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- Mobilisation active, sans ou contre résistance

Mouvements de latéralité Mouvement d’ouverture Ces exercices seront plus efficaces effectués . la langue au repos (appuyée aux incisives du maxillaire inférieur). . la région cervicale en extension axiale, épaules relâchées . la respiration par le diaphragme. Mobilisation passive

* La mobilité de l’os hyoïde

- La pièce essentielle du squelette humain La mandibule, l’os hyoïde et la langue forment un ensemble fonctionnel indissociable, essentiel à l’équilibre du corps et à toutes les fonctions vitales de l’individu. L’os hyoïde présente une analogie de morphologie et de situation étonnante avec la mandibule sous laquelle il est situé. C’est une pièce maîtresse du carrefour tendino - musculaire de l’arbre laryngo - trachéo -bronchique grâce à ses relations musculaires et fasciales avec la base du crâne, la mandibule, le massif lingual, le larynx et la ceinture scapulaire.

- Les actions L’os hyoïde agit comme un gyroscope pour le corps humain. Il « encaisse » tous les mouvements de rotations et retransmet tous les moments angulaires assurant l’équilibre des forces musculaires (seul os chez l'homme qui ne soit connecté à aucun autre). Sur cet os de faible format s'insèrent 26 chefs musculaires, le septum lingual (hyoïde, « os de la langue »), 10 membranes, 4 ligaments.

En équilibrant les différentes contraintes du couloir pharyngé, il contribue à maintenir sa perméabilité tout en rendant toujours possible la ventilation.

- Le rôle Il permet : . le soutien souple et mobile de la langue, du pharynx et du larynx . la déglutition, la mastication, la ventilation . la phonation puisque le larynx lui est suspendu inférieurement (action secondaire) . la stabilité posturale (importante participation dans l’évolution ontogénique verticale).

Réharmonisation de l’articulation temporo -mandibulaire gauche

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Cas de figures - L’os hyoïde monte et ne descend pas suffisamment en bilatéral (cas le plus fréquent). Les muscles sus hyoïdiens sont rétractés ; la tension peut être aussi d’origine céphalique. Faire tirer la langue entre les dents pendant un maintien de l’os hyoïde vers le bas. Demander une inspiration thoracique. Déglutir à la fin de cette inspiration avec la langue maintenue pincée entre les dents.

- L'os hyoïde ne monte que d'un coté. Faire tirer la langue du côté opposé. Serrer les dents et déglutir. Accompagner l’os hyoïde dans sa correction.

- L’os hyoïde reste en bas. Les muscles sous hyoïdiens sont rétractés ; la tension est peut être d’origine viscérale des régions pelvienne ou thyroïdienne ou thoracique.

Étirer les muscles hyoïdiens.

muscle omo hyoidien muscle sterno - hyoidien muscle mylo- hyoidien

L'os hyoïde adapte son orientation aux sollicitations physiologiques de la déglutition provoquées par une obstruction pharyngée et une ventilation buccale.

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* L'élévation du larynx Le larynx est un organe dont la structure est entièrement cartilagineuse.

Le larynx se situe . juste au dessus de la trachée . en avant du pharynx avec lequel il est en communication . sous l’os hyoïde et la base de la langue (relation avec la base du crâne due à la membrane thyro - hyoïdienne).

Le larynx est un élément du conduit vocal, il participe au timbre et à la puissance des sons émis (mais pas à l'articulation du langage). Le larynx doit rester un organe mobile. Il doit monter librement de 2 à 3 cm, sans subir de contraintes, ni de tensions restrictives.

- Mobilisation passive (remontée du larynx) - Stimulation phoniatrique (Gueu, Ga, Go…)

L’épiglotte en forme de clapet est l’élément fondamental dans l’action de la ventilation - déglutition (protection des voies aériennes contre la pénétration d’éléments étrangers).

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Les exercices fonctionnels La rééducation de la déglutition passe par l’utilisation de la fonction (une fonction se perd ou s’entretient). Cette phase de rééducation de la déglutition avec ou sans prise alimentaire nécessite d’obtenir une coopération et une attention soutenue du patient. Pour cela, il faut un environnement calme et éviter les distractions visuelle et auditive (faciliter la concentration nécessaire au contrôle de la déglutition).

* La manœuvre de protection

Elle demande la fermeture des voies aériennes avant et pendant la déglutition. - Déglutition supra - glottique Inspirer. Bloquer la glotte avant de déglutir. Avaler respiration bloquée. Tousser.

- Déglutition super-supra - glottique Inspirer. Bloquer la glotte avec effort avant de déglutir. Déglutir et forcer une expiration. Tousser après la déglutition.

* La manœuvre de vidange Elle favorise le vidage vallécullaire. - Déglutition forcée Avaler le plus fort possible afin d’obtenir un recrutement musculaire maximal avec une remontée active du larynx. Accompagner et compléter si nécessaire le mouvement naturel de remontée du larynx. - Déglutition répétée - Déglutition associée Une position de la tête est ajoutée. Les protocoles La synthèse des manœuvres fonctionnelles sont décrites ci-dessous.

Déglutition supra-glottique Déglutition super-supra-glottique Mendelsohn

Description

Inspiration volontaire

Blocage glottique pré-déglutition

Déglutition

Toux post-déglutition

Inspiration volontaire

Blocage glottique pré-déglutition

Expiration forcée glotte fermée per-déglutition

Toux post-déglutition

Prolongation volontaire de l’ascension laryngée au moment de la déglutition

Objectif Amélioration du contrôle respiratoire Amélioration de la fermeture glottique (par

adduction des cordes vocales)

Ouverture de la bouche œsophagienne

Augmentation de la durée d’élévation pharyngée

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Pour le kinésithérapeute, les manœuvres se font sans aliments. Techniques de facilitations du réflexe de déglutition : Technique de Logemann Stimulation phoniatrique Déglutition contre résistance frontale

Description

Stimulation des piliers antérieurs du voile par miroir laryngé, puis déglutition volontaire

le miroir laryngé peut être refroidi pour augmenter son pouvoir réflexogène

« K » poussé Pression sur la main du thérapeute (posée

sur le front) durant la déglutition

Objectif Facilitation du réflexe de déglutition Augmentation de l’activité du constricteur

supérieur du pharynx

Contraction induite des muscles supra-hyoïdiens par synergie musculaire

Favorise l’élévation laryngée

Des techniques restauratrices par stimulation corticale magnétique ou pharyngée électrique sont en cours d’études avec des résultats prometteurs. Les postures En progression des protocoles, la position de la tête aura une importance pour l’avancée du bol alimentaire avec diminution du risque de fausse route. Les postures ont pour objectif de faire avancer le bolus de manière sécurisée et de faciliter l’alimentation. * La flexion cervicale antérieure La flexion cervicale . réduit la taille du pharynx . élargit les vallécules . améliore le recul passif de la langue et la protection laryngée. * La rotation de tête La rotation de la tête permet de fermer l’hémi-pharynx homolatéral du côté de la rotation et dirige donc le bol alimentaire vers l’hémi - pharynx contro-latéral. * L’inclinaison latérale cervicale L’inclinaison latérale dirige préférentiellement le bolus du coté de l’inclinaison.

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S’il doit y avoir une différenciation schématique, - durant le temps oral : tête en arrière, inclinaison côté sain - durant le temps pharyngé : flexion antérieure de la tête, rotation côté lésé, inclinaison côté sain. Les situations cliniques (3)

* La difficulté d’ouverture buccale - Relâcher les muscles masticateurs par massages, étirements doux ou prise de conscience de la décontraction - Posturer.

* La paralysie faciale - Travailler les mimiques - Stimuler par électrothérapie.

* L’atteinte de la fonction linguale - Stimuler en proprioceptivité et extéroceptivité - Rechercher une mobilité linguale maximale et dans tous les plans - Dissocier les mouvements de la mandibule et de la langue.

* La déficience du sphincter buccal postérieur (incompétence du voile du palais et du recul lingual) - Travailler le souffle - Fléchir la tête sur le sternum.

* Le réflexe de déglutition ralenti ou absent - Fléchir la tête sur sternum - Stimuler selon la technique de Logemann (boissons épaissies, goût renforcé, température adaptée).

* Le trouble du péristaltisme pharyngé (synergie entre constricteurs du pharynx et supra-hyoïdiens) - Ouvrir la bouche contre résistance manuelle - Proposer les techniques de déglutition forcée - Améliorer la propulsion linguale pour une poussée efficace.

* La stase dans les vallécules épiglottiques - Mobiliser la langue en antépulsion et en retrait lingual - Masser les vallécules - Vidanger (flexion antérieure de la tête, rotation côté lésé, inclinaison côté sain).

* Le trouble de l’étanchéité du vestibule laryngé - Positionner la tête - Travailler la remontée du larynx et le recul lingual.

* Le déficit d’ouverture du sphincter supérieur de l’œsophage - Travailler la remontée du larynx par appui frontal - Ouvrir la bouche contre une résistance manuelle du thérapeute au niveau de la mandibule (augmentation de l’ouverture du sphincter supérieur de l’œsophage) - Apporter des vibrations latérales en basses fréquences sur le cartilage thyroïde.

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Les précautions En cas d’incident procéder à deux techniques. * L’aspiration * La manœuvre de Heimlich

Placer la sonde dans une narine Fortes compressions abdominales Légère extension de la tête Tronc penché en avant Couder la sonde à l’apparition d’une résistance Conclusion

Les troubles de la déglutition et la dysphagie atteignent une prévalence de l’ordre de 40 % pour les plus de 60 ans. Ils participent largement à la dénutrition, aux pneumopathies et à la déshydratation chez les sujets âgés. Les troubles de la déglutition et la dysphagie sont aussi particulièrement fréquents chez les patients aux antécédents d’accidents vasculaires cérébraux ou de maladie de Parkinson. Leur mortalité due aux pneumopathies de déglutition est ainsi significativement accrue par rapport aux patients sans trouble de la déglutition. Une diminution du volume du muscle lingual strié associée à une sarcopénie (dans les cas d’insuffisance cardiaque, de diabète…) augmente le risque d’inhalation. (4)

Ces trois rapports montrent l’importance de la rééducation kinésithérapeutique dans le cadre d’une prise en charge pluridisciplinaire globale. Le test de la déglutition permet d’entreprendre une rééducation. La rééducation de la déglutition se traduit par une diminution significative du risque de troubles d’inhalation et oriente le patient vers le type de prise en charge par l’orthophoniste ou un(e) diététicien(ne). Références

(1) . Troubles de déglutition en neurologie http://www.cofemer.fr/UserFiles/File/TROUBLES%20DEGLUTITION%20EN%20NEUROLOGIE%2017_12_10.pdf (2) . http://spiralconnect.univ-lyon1.fr/webapp/wiki/wiki.html?id=2269785 (3) . Woisard V, « Peut-on prévenir les pneumopathies d’inhalation en EHPAD ? » http://www.orsmip.org/enquetes/rehpa/modules/partie/congres2012/telec/13_PEUT-ON_PREVENIR_LES_PNEUMOPATHIES_D'INHALATION_EN_EHPAD_(DR_V._WOISARD).pdf (4) . Robbins J, Gangnon RE, Theis SM, Kays SA, Hewitt AL, Hind JA. « The effects of lingual exercise on swallowing in older adults ». J Am Geriatr Soc 2005; 53: 1483 -1489.