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Les tribulations d’Alain Person à la déclaration de la guerre 39 - 45 Ou son itinéraire peu ordinaire, jusqu’à sa démobilisation et son retour à Fouesnant Alain Person est né à Fouesnant le 22 mai 1917, dans le quartier de Sainte-Anne au sein d’une famille de sept garçons. (Voir le Foën Izella N°16 octobre 2000) Il est incorporé au service militaire en 1937, au 505 ème régiment de char à Vannes. Il prépare le brevet de préparation militaire et peut ainsi choisir son régiment. Mais lors de son choix, il voulait entrer au Spahis, faute de place, il se rabat sur le 512 ème régiment de chars basé à Châlons-sur-Marne, qui fait partie du 28 ème bataillon de Chars. Il n’a pas le temps d’être démobilisé que la déclaration de la guerre arrive le 3 septembre 1939, et au lieu de rentrer en Bretagne il est dirigé vers la Meurthe-et-Moselle, à Pont-à-Mousson, toujours dans les chars. Il est dirigé ensuite sur Mamet vers Bois le Prêtre au sud de Nancy et Watémesnil toujours en Meurthe et Moselle, puis Baccarat dans les Vosges et arrive à Domptail le 5 octobre 1939. Il repart ensuite pour Rambervillier, puis les bois de Raon l’Etape où il stationne et monte la garde par des températures de moins 32°, avec 50cm de neige. Le campement, ce sont les granges où il dort sur de la paille avec une seule couverture, cela durera un mois. Au bout du mois, l’ordre est donné de rejoindre Narvick en Norvège, mais après l’ordre vient le contre ordre. Après avoir roulé en direction Cherbourg, où il devait embarquer sur un bateau, arrivé vers Melun, c’est l’ordre du retour à Domptail. Après ce nouveau campement c’est le départ pour Sommière peu avant Noël où il passera Noël et le nouvel An, toujours dans le froid, les pieds gelés, et encore l’attente. Une manœuvre est organisée à Saint-Dizier et Bitche et de nouveau retour à Sommière où aucun contact n’a lieu avec l’ennemi, durant cette période d’observation de plusieurs mois. C’est à ce moment qu’il est victime d’un accident de guerre. Son camarade pilote de char l’appelle pour venir le rejoindre dans le char. Dans sa précipitation à pénétrer dans la tourelle, il accroche la porte de la tourelle, et comme elle n’est pas verrouillée, elle s’abat sur lui. Il est assommé, tombe dans le coma. Transporté et hospitalisé à Reims au collège Saint- Joseph, transformé en hôpital, où le dortoir tient lieu de salle commune de quarante malades. Les soins étaient prodigués par les sœurs. Le résultat : nez fracturé et près trois heures d’attente pour être opéré et une hospitalisation qui va durer un mois. L’opération ne s’est pas passée aussi simplement que cela. Très agité, Alain casse les sangles qui devaient le maintenir sur la table durant l’opération. Ils durent se mettrent à cinq pour le maintenir par terre afin de l’anesthésier avec le masque à chloroforme (méthode habituelle à l’époque) et procéder à l’opération. Durant son séjour il fait la connaissance de Léo Bretonnel un parisien et, bizarrerie de la vie en ce lieu insolite, celui-ci passait ses vacances à Beg Meil et connaissait bien la région. Cela ne fit que souder un peu plus l’amitié entre nos deux compères. 1/7

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Les tribulations d’Alain Person à la déclaration de la guerre 39 - 45

Ou son itinéraire peu ordinaire, jusqu’à sa démobilisation et son retour à Fouesnant

Alain Person est né à Fouesnant le 22 mai 1917, dans le quartier de Sainte-Anne au sein d’une famille de sept garçons. (Voir le Foën Izella N°16 octobre 2000) Il est incorporé au service militaire en 1937, au 505ème régiment de char à Vannes. Il prépare le brevet de préparation militaire et peut ainsi choisir son régiment. Mais lors de son choix, il voulait entrer au Spahis, faute de place, il se rabat sur le 512ème régiment de chars basé à Châlons-sur-Marne, qui fait partie du 28ème bataillon de Chars. Il n’a pas le temps d’être démobilisé que la déclaration de la guerre arrive le 3 septembre 1939, et au lieu de rentrer en Bretagne il est dirigé vers la Meurthe-et-Moselle, à Pont-à-Mousson, toujours dans les chars. Il est dirigé ensuite sur Mamet vers Bois le Prêtre au sud de Nancy et Watémesnil toujours en Meurthe et Moselle, puis Baccarat dans les Vosges et arrive à Domptail le 5 octobre 1939. Il repart ensuite pour Rambervillier, puis les bois de Raon l’Etape où il stationne et monte la garde par des températures de moins 32°, avec 50cm de neige. Le campement, ce sont les granges où il dort sur de la paille avec une seule couverture, cela durera un mois. Au bout du mois, l’ordre est donné de rejoindre Narvick en Norvège, mais après l’ordre vient le contre ordre. Après avoir roulé en direction Cherbourg, où il devait embarquer sur un bateau, arrivé vers Melun, c’est l’ordre du retour à Domptail. Après ce nouveau campement c’est le départ pour Sommière peu avant Noël où il passera Noël et le nouvel An, toujours dans le froid, les pieds gelés, et encore l’attente. Une manœuvre est organisée à Saint-Dizier et Bitche et de nouveau retour à Sommière où aucun contact n’a lieu avec l’ennemi, durant cette période d’observation de plusieurs mois.

C’est à ce moment qu’il est victime d’un accident de guerre. Son camarade pilote de char l’appelle pour venir le rejoindre dans le char. Dans sa précipitation à pénétrer dans la tourelle, il accroche la porte de la tourelle, et comme elle n’est pas verrouillée, elle s’abat sur lui. Il est assommé, tombe dans le coma. Transporté et hospitalisé à Reims au collège Saint-Joseph, transformé en hôpital, où le dortoir tient lieu de salle commune de quarante malades. Les soins étaient prodigués par les sœurs.

Le résultat : nez fracturé et près trois heures d’attente pour être opéré et une hospitalisation qui va durer un mois. L’opération ne s’est pas passée aussi simplement que cela. Très agité, Alain casse les sangles qui devaient le maintenir sur la table durant l’opération. Ils durent se mettrent à cinq pour le maintenir par terre afin de l’anesthésier avec le masque à chloroforme (méthode habituelle à l’époque) et procéder à l’opération. Durant son séjour il fait la connaissance de Léo Bretonnel un parisien et, bizarrerie de la vie en ce lieu insolite, celui-ci passait ses vacances à Beg Meil et connaissait bien la région. Cela ne fit que souder un peu plus l’amitié entre nos deux compères.

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Comme la nourriture était plutôt restreinte, l’eau comme boisson et la température froide, malgré un état de santé encore fébrile, Léo décide avec Alain de se procurer du vin afin de réchauffer l’atmosphère. Ils avaient repéré un magasin « Familistère » à une cinquantaine de mètres de l’hôpital. Pour accompagner le fromage il fallait du vin.

Ils prirent leurs gourdes, « les planquent » sous la capote sans enfiler les manches et direction l’alimentation. La sortie fut sans encombre, l’excuse était un petit travail qui consistait à piquer la glace de l’entrée afin d’y mettre le mâchefer récupéré dans le poêle servant de chauffage au poste de garde et éviter ainsi les dérapages à l’entrée de l’établissement. Pendant que l’un d’eux allait au ravitaillement, l’autre réalisait le petit travail. Après cette escapade nos deux copains, munit du breuvage, retournaient à la chambrée. Mais le manège ne pouvait durer, ils décidèrent une autre solution. Ils avaient repéré que le meilleur moyen de se rendre au magasin, était de passer par la chapelle. Quelle ne fut pas la surprise des sœurs de voir nos deux amis très assidus aux prières du soir. Ils restent dans l’obscurité au fond de la chapelle à proximité de la porte qui donne directement sur le magasin et quand les sœurs entonnent leurs chants, s’éclipsent sans bruit. Ils reviennent avant la fin des chants, chargés du précieux breuvage, destiné à l’ensemble de la chambrée. A la fin de l’office, ils avaient droit aux félicitations de la Mère supérieure pour leur assiduité aux prières. Deux autres escapades se sont faites par le mur d’enceinte de l’hôpital en escaladant à l’aide de poiriers en espalier et d’un poteau téléphonique positionnés de part et d’autre de ce mur, ceci pour aller au café « Le Cristal », le plus important de Reims, afin d’y déguster du champagne offert gracieusement par des aviateurs anglais du camp de Courcy, qui voulaient voir des soldats Français blessés. Au bout de son mois d’hospitalisation, il obtient une convalescence de huit jours, qu’il vient passer à Fouesnant. Léo lui demande de lui ramener de Bretagne de l’andouille, du kig-sal et lambig. Mais à son retour, Léo était décédé suite à des complications pulmonaires. Il avait pour mission à son retour de convalescence de rejoindre le camp de Soin à Suippes. Durant le séjour, le camp est attaqué par deux bombardiers de l’aviation allemande, des Dormiers 17, mais la riposte anglaise, provenant du camp de Corcy, est immédiate. Le bilan est d’un avion abattu et deux aviateurs capturés.

Alain Person sur un char Patton en 1945

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Quel étonnement pour nous de voir les Allemands équipés de pistolets de fabrication française, de la marque « Manufacture française », et vêtus d’une tenue légère, veste verte sans maillot de corps, alors que nous avions une tenue kaki complète, plus une salopette et une veste de cuir par-dessus et les traditionnelles bandes molletières.

Puis c’est le départ pour la Belgique le 11 mai, pour Aix La Chapelle, de la 3ème compagnie, commandée par le Capitaine Clarac, alors qu’Alain est comme co-pilote sur le char «Casablanca ». Ils arrivent à Charleroi le 12 mai où ils stationnent jusqu’au 14 mai. Le premier jour au Vieux Campinière, alors qu’ils stationnent dans un bois, Alain qui est de garde, est étonné de voir une jeune fille qui courait dans la prairie voisine, et étendait des draps sur l’herbe de la prairie. Alain fait part à son Capitaine du manège de la jeune fille.

Le Capitaine à la tête d’une patrouille, se rend à la ferme voisine où la jeune fille s’était réfugiée. Ils constatent que la jeune fille étendait des draps blancs, coupés en forme de flèche dans un bout, et que toutes les flèches se dirigeaient vers le bois où était stationnée la compagnie. Elle pouvait ainsi indiquer à l’aviation allemande notre position.

La patrouille arrête tout le monde et les aligne le long d’un mur. Le Capitaine interroge la jeune fille « Que faites-vous ? » ; Pour toute réponse il reçoit un crachat en pleine figure. Suite à cette réponse tous les occupants de la ferme sont amenés au campement et interrogé. Quel sort a été fait à la jeune fille, je suis bien incapable de le dire, mais je ne l’ai pas revue.

Le 14 mai ils partent à Mettet et le lendemain ont lieu les terribles combats aux alentours de Oret et Florennes et à Flavion. Lors de ce combat inégal, on ne comptait pas moins de quinze chars allemands, à la tête desquels se trouvait Rommel, pour un char français. Le 16 mai, sur les trente chars du régiment il n’en reste que 7. Puis c’est le repli vers Beaumont et la forêt de Nouvion en France. Au lendemain de ces combats, les Officiers convoquent tous les Sous-Officiers et hommes de troupe, pour la remise de la citation à la vigilance que reçoit Alain pour son dévouement, il est présenté en exemple à toute la compagnie. Quelle fierté pour Alain ! Le régiment fut détruit dans un combat de char à char, alors que l’aviation allemande bombardait les camions de ravitaillement à l’arrière. Le « Casablanca » un des seuls rescapés est détruit par son équipage en y mettant le feu. Au bout d’une journée et demie il ne restait plus rien et nos survivants repartent à pied, l’effectif restant est d’environ 40% du régiment. Ils trouvent dans leur débâcle des camions pour se replier. Ils se camouflent derrière une ferme une nuit et rejoignent leur cantonnement le lendemain. Nouveau départ vers Charleroi où ils ont juste le temps de traverser le pont, qu’une patrouille met en fuite un groupe de la 5ème colonne en pleine opération de minage de ce pont. Les rescapés continuent leur fuite en arrière vers la forêt de Nouvion, à proximité du camp de Mourmelon où a lieu le regroupement. Le 18 mai, ils prennent la direction de Paris et font une halte dans les marais de Sézanne avant de rejoindre le camp de Satory à proximité de Guyancourt dans les Yvelines. Entre le 25 mai et le 2 juin a lieu la reconstitution du régiment. Ordre leur est donné de chercher de nouveaux chars à Paris. Ils y en avaient de tout neufs aux jardins du Luxembourg, bâchés et prêts au départ, mais interdiction leur est faite de les prendre. Ils se rendent à Vincennes et là quelques chars les attendent. Un régiment est reconstitué, composé de jeunes recrues encadrées par quelques anciens. Dans la 3ème compagnie reconstituée, Alain est affecté au « Murat », alors que le commandant Pinot prend la tête du 28ème bataillon de chars. Son chef de char est le lieutenant Pavillon.

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Ils repartent vers la Somme le 3 juin et la forêt d’Halatte, se regroupent dans la forêt de Champion, contre-attaquent vers Roye dans la Somme le 5 juin. Ils stationnent dans une plaine complètement à découvert, encore une ineptie des chefs.

Nouveau bombardement allemand par des Stukas, en vagues successives. Pas de possibilité de réponse aux attaques des avions allemands, nos chars n’avaient pas d’équipement anti-aérien. Le Capitaine Clarat, lors d’un bombardement allemand est grièvement blessé, veut qu’on le laisse sur place et demande à sa compagnie de poursuivre.

Mais Alain va le chercher et le ramène vers son char et lui sauve ainsi la vie.

Le 7 juin c’est de nouveau la débandade, chacun s’enéquipage, avec deux autres chars, le « Tunis » et le « KeMontigny ( Aisne) et prennent la direction de Montdidiel’Oise, suivis par l’aviation ennemie qui bombarde à chaqgarde autour de son char et permet ainsi au pilote de se rep Le 9 juin ils se dirigent vers Clermont et Nogent-su Le lendemain 10 juin, ils prennent la direction ddétruit par un obus, il n’y a qu’un seul survivant. Après ceSaint-Maxens, mais le pont qu’ils devaient traverser srégiment de Sénégalais le traversait, causant de nombreuxParis et à Verbery, ils traversent l’Oise sur un pont dont ladessous du poids du char. Notre équipage décide malgré ll’emprunter, n’ayant guère d’autres solutions. Le passageau grand soulagement de l’équipage.

Citation d’Alain Person pour son intervention , afin d’évacuer son capitaine, très grièvement blessé, et qu’il se fasse soigner à l’arrière. Celui-ci ne voulait pas que l’on s’occupe de lui et qu’on le laisse sur place, pour que la compagnie puisse continuer à se battre contre l’ennemi.

fuit comme il peut. Alain et son llerman »,s’en sortent, se replient à r et Saint-Juste-En-Chaussées dans ue arrêt. Durant la nuit il monte la oser.

r-Oise, des accrochages ont lieu. e Montdidier, le « Kellerman » est tte attaque ils se dirigent vers Pont-aute sous leurs yeux alors qu’un morts. Ils prennent la direction de

charge autorisée était nettement en-e risque d’effondrement du pont de s’effectue sans qu’il ne s’effondre

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Alain prend les commandes du char, mais au bout de trois km est obligé de s’arrêter, complètement épuisé. Le pilote durant ce parcours s’est assoupi et a pu récupérer un peu de sa fatigue et ils reprennent la route en direction de Chantilly. Le soir ils stationnent dans la lisière du bois, complètement fatigués, ils retrouvent des éléments de la 28ème compagnie complètement perdus. Ils s’endorment à même le sol près de leur char et ne se réveillent que le lendemain matin à dix heures trente.

Au réveil oh ! Surprise, plus de char. Les autres éléments de la 28ème compagnie l’ont dérobé et sont partis avec. Notre équipage fait du stop et trouve un camion de passage. Ils partent en direction de Paris et bonne surprise retrouvent leur char à Saint-Germain-des-Prés. Ils en reprennent possession et partent pour Sens.

Après une contre attaque le 12 juin, le reste du régiment se regroupe à Clayes-Souilly (Seine et Marne) dans la région de Meaux, mais lors de l’attaque d’une colonne motorisée Allemande, un char est hors d’usage. Nouveau repli dans la forêt d’Armonvilliers, dans la région de Tournant en Brie le 13 juin.

Le 14 juin, jour d’arrivée des Allemands à Paris, nouveau repli vers Montereau (Yonne), puis le 15 juin c’est le départ pour Sens et Bourges. Ils traversent la Loire. Ils se font bombarder par l’aviation italienne, qui est prise en chasse par des chasseurs canadiens, et les mettent en fuite. Ils prennent la direction de Limoges. Ils apprennent la signature de l’Armistice du 22 juin.

Arrivé à Limoges on leur fait savoir qu’ils ont une mission à Saint-Germain-des-Fossées. A leur arrivée la-bas, il n’y a rien de spécial. C’est le retour à Limoges, mais en cour de route aux alentours d’Oradour-sur-Glane les chenilles sont hors d’usage. Il faut abandonner le char sur place. Tout l’équipage repart vers le camp de Bordaret, puis de Saint-Sulpice où ils restent un mois.

Les militaires sont réquisitionnés par le gouvernement de Vichy à l’entretien des voies de chemin de fer. La démobilisation était possible dans la zone libre, à la condition d’avoir un certificat de travail.

Le radio du Murat un dénommé Florin, lui fait part qu’éventuellement, chez ses parents à Couing, dans la région de Châteauroux, il pourrait obtenir un travail et donc un certificat de travail. Ceux-ci possédaient une ferme de plus de cent hectares et la main d’œuvre manquait. La demande est faite, et il ne faut plus qu’attendre le certificat de travail.

Entre temps ils doivent aller à la gare de La Soutéraine expédier les quatre chars restants, sur les Wagons à destination de Roanne. Après la livraison des chars, c’est la fin de l’épopée du 28ème, la compagnie n’avait plus de matériel, c’est donc la dissolution.

A la réception du certificat, il se fait démobiliser à Gransbourg à côté de Guéret dans la Creuse en compagnie d’un dénommé Jeffroy originaire de Plougras dans les Cotes-du-Nord.

La prime de démobilisation en poche les voilà partis pour Saint-Sulpice pour prendre le train et direction Châteauroux et la ferme des Florin à Couing.

Au bout de quinze jours de dur labeur pour une petite paye, nos deux copains décident de partir ; ils se mettent en quête de vélos pour pouvoir se rendre en Bretagne. Un vélo de femme d’un ouvrier agricole de la région fait l’affaire, mais il n’avait plus de frein. Voilà nos deux amis en route avec les valises sur le porte-bagages. Ils prennent la direction Chinon et la ligne de démarcation.

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Arrivé à Châtillon-sur-Loire ils se font arrêter par la gendarmerie, qui les accuse de vol de vélo. Ils recherchaient un blond et un brun. Malheureusement pour eux ils correspondaient au signalement et voilà nos deux compères en prison. Malgré leurs dénégations, et leurs contestations sur le bien fondé de leur situation et après de nombreuses vérifications, ils sont libérés, non sans avoir copieusement enguirlandé nos gendarmes.

Ils se rendent au passage de Descartes pour passer la ligne de démarcation. Au poste de contrôle français, on leur dit : « il faut aller à Loches pour les militaires démobilisés, car les Allemands ne vous laisseront pas passer ». Ils insistent sous le regard goguenard de nos douaniers, trop sûrs de leur refoulement au poste de contrôle allemand. Nos deux copains partent au poste allemand et tombent sur un officier allemand parlant le français.

Celui-ci leur demande « Où allez-vous ? », « A Quimper » lui répond Alain. L’Allemand lui dit alors « Quimper ? Je connais ». Il laisse passer nos deux Bretons à la stupéfaction des militaires français qui surveillaient depuis leur poste, le dénouement de l’opération.

Après le passage de la ligne de démarcation ils prennent la direction d’Angers, et dorment dans un champ à la belle étoile. Le deuxième jour c’est la traversée d’Angers, Chateaubriand, Bain de Bretagne et dorment encore à la belle étoile dans un champ près de Guer. On leur avait recommandé de ne pas passer près des cotes, une zone infestée d’Allemands.

Le lendemain matin départ pour Josselin. Arrivés à Josselin, Jeffroy devait prendre la direction des Côtes-du-Nord et Alain le Finistère. Avant de se séparer, ils décident de s’arrêter boire un verre dans un café. Quoi de mieux que du champagne… La patronne du café est un peu ahurie de leur demande, mais arrive à retrouver une bouteille. La bouteille est dégustée entre nos deux amis et la tenancière du café. Puis c’est le départ. Un peu plus loin une procession passe à l’occasion du pardon de Notre-Dame des Ronciers en ce dimanche 15 août 1940. La route est en descente et notre Alain une fois lancé n’a que ses chaussures comme frein.

L’équipe de Football de L ‘USF en 1941, Alain Person 2ème en haut à droite

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Il lui est impossible de s’arrêter et fonce dans la procession et termine sa course folle au pied du Dais en tête du cortège, au grand étonnement des fidèles et du curé, mais aussi de son copain qui n’en pouvait plus de rire, et qui assistait à la scène assis sur les marches d’un escalier à proximité de la procession.

Après cet incident c’est la séparation, Jeffroy part pour Plougras et Alain seul vers Fouesnant.

Arrivé à Concarneau, il voulait voir son frère, douanier à Concarneau. A Douric ar zin, dans la descente, près de l’église (détruite depuis) il croise son frère qui remontait vers Lanriec.

Celui-ci fait demi-tour et lui dit «T’es le premier à rentrer, ça s’arrose ». En effet des quatre autres frères mobilisés il est le premier à rentrer. Après cette pose et trois jours de vélo il arrive à Fouesnant le 15 août 1940.

Alain va alors connaître l’occupation et le travail chez son frère Louis métayer à Bot Conan, avant de rejoindre les FFI de Fouesnant en début 1944.

Alain Person en tenue militaire dans la résistance Diplôme de la croix de guerre d’Alain Person (Renseignements recueillis par Jean René Canévet en janvier 2005)

Jean René Canévet

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